Nirupana 129 – vous êtes antérieur à l’espace

L’expérience du monde est venue à vous sans être invitée. Nos échanges apparaissent dans la conscience. Celui qui en a connaissance est au-delà de ce phénomène. Il est au-delà de la conscience individuelle. Le monde prend place dans l’espace, mais vous êtes antérieur à l’espace. Sans que vous le sachiez, la source de votre existence est l’essence de nourriture (en tant que pure conscience, vous êtes l’expression de l’énergie vitale du corps, qui est entretenue par la nourriture). Vous apprécierez d’entendre ce genre de propos, seulement si vous avez développé les qualités requises pour cela antérieurement. Autrement, cela vous rendra fou. Cela peut procurer une grande peur parce que cela tuera votre individualité. C’est un signe de grande fortune d’apprécier l’écoute de telles paroles.

Un arbre est aussi Brahman. Il ne parle pas. Il est conscient mais ne possède pas de sens d’individualité (la conscience identifiée au corps).

Brahman agit au travers des cinq éléments. Vous êtes conscient de cela par la sensation « Je suis ». Aussi, méditez uniquement sur votre Conscience. Elle est universelle. Qui en est le témoin ? Conscience signifie amour. L’amour signifie attente. Celui qui a connaissance observe au moyen de la conscience. Le fait d’être témoin par la conscience génère l’attente. C’est la nature intime de la Conscience. (Sans la Conscience, celui qui a connaissance ne peut être mentionné. Une fois que la Conscience apparaît, elle veut perdurer. C’est dans sa nature).

Je ne serai jamais fâché de ce que vous me dites, parce que j’ai connaissance (et vous pas) qu’il s’agit d’une cassette enregistrée qui se déroule. Est-ce que cela possède une intelligence ? Cette cassette est la maya- racine. Je ne prends pas part à son fonctionnement. Il y a un sens d’individualité dans votre conscience. Ma Conscience imprègne tout. Les trois mondes sont contenus en elle.

La Conscience est l’essence des cinq éléments. En premier la nourriture est absorbée, ensuite la Conscience apparaît. C’est de l’ordre de l’amour. C’est à la fois le besoin d’être et tout ce qui est nécessaire pour satisfaire ce besoin d’être. C’est comme le goût du sucré. Qu’arrive-t-il à la Conscience au final ? Ira-t-elle au paradis ou quelque chose du même genre ? Les ignorants renaissent conformément à leurs concepts. Le jnani a connaissance que lorsque le prana quitte le corps, la Conscience disparaît. Personne n’est venu, personne n’est parti. Il a connaissance de cela. Celui qui est fondamentalement non connu retourne au non connu.

Celui qui a connaissance qu’il est n’a ni nom ni forme. La Conscience et la sensation « Je suis » ne sont pas différentes. Pour quoi vous prenez-vous ? Vous êtes la conscience, uniquement. Parce qu’elle est dans le corps, vous vous prenez pour celui-ci. Autrement elle est universelle. Vous remplissez un récipient avec de l’eau de l’océan et dites que c’est la vôtre !

Ce qui est connu n’est pas vrai, et ce qui n’est pas connu est la Vérité. De quelle sorte d’explication avez-vous besoin ? C’est uniquement quand vous avez connaissance de ce que vous êtes que le travail est accompli. Un pauvre serviteur trouve la mallette d’un homme riche. Cela représente pour lui une grande chance ; il en aura assez pour toute sa vie. Pour l’homme riche, il s’agit juste de l’argent qu’il dépense sur la semaine. De la même manière, un simple instant de la maya-racine correspond à des cycles infinis de manifestations cosmiques. Une fois que la maya est réalisée, allez-vous rester accroché à elle ? Ne faites rien. Ayez-en juste la compréhension. Maya est le nom que vous avez donné à la manifestation. Quand un enfant naît, vous pouvez lui donner le nom que vous aimez. En réalité, il n’a pas de nom. Toutes les expériences sont passagères. Personne ne peut expérimenter la Vérité. Pouvez- vous devenir la Vérité ? Quelqu’un peut-il poser un acte de Vérité ?

Nous n’avions pas conscience auparavant. Elle s’est éclairée en nous. Tout comme pour Sri Krishna. Il nous dit comment et pourquoi nous faisons l’expérience de nous-mêmes. Écoutez seulement. N’interférez pas mentalement. Ne faites rien d’autre. Ne perdez pas de vue les pieds du Guru (« Les pieds du Guru » signifie votre Conscience.). Ce sont des pieds sans forme. C’est la conscience manifestée, qui est mouvement en elle-même. Quand vous êtes arrivé à l’état de conscience identifiée au corps, y êtes-vous parvenu en marchant ? Quand il n’y a pas de déplacement, comment indiquer un chemin ? Pour cela, il n’y aucune voie que je puisse vous indiquer.

Maya signifie un flot d’expériences dans un état d’expérimentation. Celui qui a connaissance est l’Absolu. Ce n’est pas un individu. Maya est la Conscience, le fait de se connaître. Elle est présente en chaque être. Votre véritable nature et votre conscience ne sont pas pareilles. Vous agissez pendant l’état de veille, comme vous agissez dans l’état de rêve. Cette expérience est appelée maya. Maya traite l’ignorant jiva comme un esclave. La Conscience n’est jamais au repos. Elle est paisible uniquement quand elle s’oublie. Malgré leur apparence grossière, les expériences du monde sont subtiles. Le mental peut paraître subtil, mais en fait il est grossier. Quelqu’un peut comprendre qu’il a connaissance. Mais peut-il démontrer cette connaissance ? C’est très subtil. Chaque être goûte au comportement des cinq éléments. Le plus grand des cou- rages est d’admettre que vous n’êtes pas le corps. Saisissez les pieds de votre conscience, et ensuite agissez.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 9 septembre 1979

Extrait de “Méditations avec sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

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