Nirupana 133 – Silence

Est-ce que quelque chose peut être connu sans le mental ? Où il y a la conscience, le mental doit aussi être là. Il est le langage de la conscience. Cependant, la compréhension que « Je ne suis pas le corps » est inhérente à la Conscience. Elle est antérieure au mental. La sensation « Je suis » est appelée la Conscience. Fixez-vous à cela. Le mental ne s’en ira pas. Conten- tez-vous d’observer ce que vous êtes. Ne vous référez pas au mental. Le mental continue, laissez-le. Vous avez à vous convaincre que vous n’êtes pas le mental. Vous dites que vous êtes emmené par le courant du mental, mais avez-vous déjà vu la Conscience être emportée par quoi que ce soit ?

Lors d’une épreuve, si la récitation du mantra du Guru est répétée, la difficulté s’en ira. Pour cela, la conviction que le Soi est mon meilleur ami, mon Guru, doit être présente. Engagez votre mental dans la dévotion au Soi. Invitez-le à entrer en amitié avec le Soi. Le mental court d’un endroit à l’autre. Pour le diriger vers le Soi, la récitation du mantra est conseillée. C’est seulement quand le mental et le Soi ne font plus qu’un, que l’état de Samâdhi se déploie.

Le mental est le langage des affaires du monde. Le mental est action. Plus nous sommes en recherche du Soi, plus le mental se purifie. Il convient d’oublier la conscience identifiée au corps et d’occuper le mental avec la récitation du mantra. Portez toute l’attention sur votre véritable nature. Tant que le mental vous considère comme le corps, il ne sera pas contrôlé.

Votre sensation « Je suis » est votre propre Soi. Qui dit au mental ce qu’il doit faire ? Est-ce le Soi ? Progressivement vous réaliserez que vous n’avez ni forme, ni aspect. Alors seulement là, le mental sera sous contrôle. Pendant la méditation, une lumière blanche étincelante comme un diamant peut être vue. Dans les écritures, elle est appelée le corps subtil. Seuls les plus fortunés peuvent la voir. C’est un signe de réalisation du Soi. C’est par la puissance de cette lumière que le corps fonctionne. La plus grande fortune est de rester sans conscience identifiée au corps. Si vous ne dormez pas, tant que vous n’avez pas de pensées, vous bénéficierez du même repos que si vous dormiez. La contemplation du Soi exclut toute autre activité. Vous ne pouvez pas être absorbé dans la contemplation du Soi alors que vous menez vos affaires. Quand vous travaillez, soyez attentif à votre travail. Dès que vous avez un moment disponible, embrassez le Soi. Quand vous êtes paisible, ne portez pas l’attention sur les pensées, uniquement sur le Soi. La conscience doit se focaliser sur la conscience. Alors que vous méditez, si vous venez à avoir des informations sur le passé, le présent ou le futur d’une personne, n’en parlez pas. Quand la connaissance du Soi est établie, la manière de Se conduire dans le monde est connue de Lui.

On doit prendre soin de la réalisation du Soi comme on peut le faire de sa femme, de ses enfants, de ses occupations. Le chercheur du Soi ne connaît pas de règles ou de lois. Les règles sont faites pour ceux qui ont pour préoccupation les plaisirs mondains. Le mental est difficile à contrôler. Pour cela, ne portez pas votre attention sur le mental. Portez l’attention sur votre véritable nature.

Laissez de côté le nom que vous ont donné vos parents. Et maintenant, dites-moi votre nom ! Pouvez-vous dire quelque chose main- tenant au sujet de votre propre Soi ? Il n’y a pas de réponse à cette question. Il n’y a que Silence. Cet état est antérieur à la conscience. Pendant la méditation, ne projetez aucune forme ou aucune idole. Ne prenez aucune image pour support.

Si vous observez votre corps, vous verrez qu’il s’agit d’une machine à produire des déchets. Cependant les sages disent : « Le corps humain est le meilleur de tous. Sans un corps humain, personne n’a atteint l’état de Parabrahman, mais il peut aussi ne pas l’être. » Par l’oubli du Dieu qui s’éclaire de sa propre lumière, vous dites « Je suis tel le corps ». Ainsi vous êtes marqué du sceau de la mort. Menez à bien vos différentes activités, mais n’oubliez pas votre véritable nature. La conscience identifiée au corps ne libère aucun temps pour la récitation du mantra ou la méditation. Alors que vous oubliez le bien-aimé Paramatman, vous êtes totalement occupé à vous divertir. Mais quoi que vous fassiez cela s’en va. Lâchez l’identification au corps. Alors, assurément, vous verrez que vous êtes Paramatman. Parmi des millions d’êtres, combien ont l’ardeur de trouver la Vérité ?

Être présent au Soi sans les mots, s’est unir le soi au Soi. Seule suffit la conviction que vous n’êtes pas le corps. La conscience identifiée au corps (l’ego) s’en ira. Le Soi, qui opère au travers de la force vitale des cinq éléments, peut-il être détruit ? La puissance de la réalisation du Soi est telle que des millions d’êtres se prosternent aux pieds d’un Jnani.

Autant que possible, n’envisagez pas le suicide. La pleine Conscience dans le corps humain est difficile à obtenir ; en fait, extrêmement rare. Il n’y a plus de connaissance dans l’état du Soi non manifesté. Celui qui atteint cela, est pour toujours présent au fait que « Je ne suis pas le corps, J’ai l’apparence de la lumière ». Si cela est reconnu, votre conscience identifiée au corps se transforme en celle de Brahman. Votre conviction doit être celle d’atteindre votre véritable nature. Il n’y a que le Soi. Parce qu’Il est, nous sommes lumière rayonnante. Une fois le Soi réalisé, il ne restera même pas la moindre idée de la mort. Soyez conscient de ceci avant que le corps ne s’en aille.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 30 septembre 1979

Extrait de ” Méditation avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *