Nirupana 19 – Maya

« Je suis sans corps, tout est perçu dans ma propre lumière ». Ceci doit être solidement établi. Vous dites que vous ne pouvez pas voir votre propre lumière. Comment pourriez-vous voir ce par quoi tout est vu ? Pendant la méditation, soyez conscient que le méditant est sans forme. Quand vous allez dormir, gardez à l’esprit que vous n’êtes pas le corps. Celui qui n’a pas de corps n’appartient pas à une caste, n’a ni qualité, ni défaut et n’appartient pas au temps. Le ciel ne peut pas se tacher, et vous êtes plus pur que le ciel.

Ananda est subjective, mais le Soi ne l’est pas. À moins que tout soit oublié, il n’y a pas de félicité. Au fur et à mesure que la foi en vous-même (véritable) grandit, le mental individuel dépérit et vous vous révélez.

Jusqu’à un certain niveau, les déités sont présentes. Quand ce niveau est dépassé, les déités ne sont plus là (jusqu’à un certain niveau de méditation, le chercheur reçoit la puissance des déités, ensuite il n’y a plus que Brahman). Vous ne comprenez pas qui vous êtes, comment les autres le pourraient-ils ? Les Écritures sont pour les ignorants, pas pour celui qui a la connaissance. Quoi qu’il puisse être dit avec des mots, cela sera impermanent. Cela peut être comparé au contenu d’un rêve.

Lâchez définitivement cette habitude profondément enracinée d’identification corporelle.

En tant que quoi vous considérez-vous ? Attardez-vous sur cela. Votre corps est de la nourriture. C’est la nourriture de la conscience, la force vitale. La conscience et le monde sont une seule et même chose. Ils apparaissent simultanément. Le monde est une illusion. Toutefois, vous êtes celui qui a connaissance de cette illusion due au jeu des trois guna-s. Ce puzzle sera solutionné seulement par la discrimination et non pas par les rituels. Dans cette dynamique, offrez-vous en offrande aux pieds du Guru. Ceci, en soi, est la grâce du Guru. Vous demandez de quelle utilité peut vous être Paramatman. Quand Paramatman n’a pas d’utilité pour lui-même, comment en aurait-il pour vous ?

Pourquoi nous questionner au sujet de ce qui n’est jamais venu à l’existence ? Du point de vue du jnani, rien ne s’est jamais passé. Com- ment peut-on se remémorer ce qui n’a jamais été oublié ? Ce qui est souvenir, sera assurément oublié. Après avoir dit ça, le Guru Ramadas faisait encore chanter la prière du Seigneur et faire des statues de Maruti en bouse de vache. Était-il fou pour autant ?

Maya signifie : l’illusion qui apparaît soudainement. Il s’agit de l’illusion d’avoir une dimension et une forme. Cela s’est produit par l’oubli de votre véritable nature. Voyez comment et quand vous avez acquis le concept d’exister. Celui qui connaît le Soi n’a pas de problème avec ce qui est bien ou mal. Avoir un quelconque souhait est de la mendicité. Restez tranquille. Peu à peu, vous saurez ce qui se passe réellement et pourquoi. En fait, même quand il n’y a rien de néfaste, le jiva a le sentiment qu’une grande calamité se produit, et il part au combat jusqu’à en mourir vainement. Dans l’état d’identification au corps-mental, tous sont des mendiants. Chacun demande une chose ou une autre. Jusqu’à ce que l’ignorance disparaisse, le concept « Je veux aller au-delà » persistera.

Il n’y a que maha-maya (la grande illusion.) Elle doit être démasquée, après avoir été vénérée en tant que Dieu ou Brahman. C’est alors, en même temps, le Divin qui est détrôné. Rare est celui qui vous évoquera cette connaissance la plus secrète. Une fois passé le temps de vénérer le Soi en tant que Dieu, l’ignorance est révélée. Alors, aucune connaissance ne peut subsister.

Tel qu’il est dit dans les Vedas, il est possible de dépasser le karma, pour celui qui a réalisé totalement Brahman. Celui qui a la vraie connaissance et qui ne proclame pas la posséder se fait rare. Qui est le connaisseur ? Le jnani ? Il sait juste que tout est ignorance.

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L’union de « vous qui avez connaissance de votre existence » et de « vous qui n’a pas connaissance de son existence » est maha-yoga, la grande union. Celui qui pratique ce grand yoga a transcendé la connaissance de l’existence. Le Soi est lumière. Quand du jiva émane cette lumière, il voit le monde. Le reflet du monde apparaît dans votre connaissance. S’il y a une expérience de bonheur, il y aura aussi une expérience de peine. Rappelez-vous ce que vous avez entendu, et mettez- le directement en pratique.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 30 mars 1978

Nirupana 19 de “méditations avec Sri Nisargadatta” aux éd.Aluna

Une réponse sur “Nirupana 19 – Maya”

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