Nirupana 41 – Identification

La différence entre « Lui » (Dieu) et « Je » (Le Soi) est partie, et n’existe réellement pas. Le sens de l’individualité s’est éteint. Le sens de l’universalité se déploie. Ni la dualité « Lui » et « moi », ni leur unité ne sont là. S’il y a un, en relation, l’autre doit être là. Mais s’il n’y a pas de un, comment l’autre peut-il être ?

Plaisir et souffrance, tous deux s’en vont. Quand une chose est utile, elle apporte de la joie. Tant que l’individualité est là, il y a joie et peine. Vous êtes torturé par les misères et exalté par la joie. D’où proviennent de telles expériences ? Elles proviennent de votre conscience. Quelle est l’évidence qu’un être est réalisé ? L’individualité est complètement déracinée. Il y a absence de joie et de peine. Votre conscience réalise qu’elle est universelle. Quand cette connaissance vous vient réellement, il n’y a plus d’identité individuelle.

La source de joie et de peine est votre sens « Je suis ». Ce qui cause aussi la plus grande souffrance, ce sont les moyens mis en œuvre pour une joie éternelle. Une fois que vous connaissez votre conscience, l’individualité ne peut plus être là. Mais qui observe ceci ? Le Sadguru, Celui qui est sans changement. Ayez cette conviction. Il est Le même dans le sommeil profond, à l’état de veille et en samâdhi. Il n’y a rien d’autre que Cela.
La totalité de l’expérience qui vient à vous est-elle différente de la conscience ? Votre virement bancaire est arrivé, mais vous n’avez pas encore retiré la somme. La connaissance vous est arrivée, mais vous n’en avez pas encore pris livraison.

Aussi grande soit une chose du monde, cela reste une quantité d’in- formation. Si la conscience n’est pas là, quelle en sera l’utilité ? À part Dieu, qui peut avoir cette conviction ? Quand la conscience n’était pas là, est-ce que Dieu était vrai ou faux pour vous ? Cette connaissance est la vôtre. Ne perdez jamais de vue la sainte conscience qui écoute ceci. Il y a des millions de chercheurs ; combien ont réalisé le Soi ?

Les états miséreux abondent parce que nous nous identifions au corps.

C’est dans la nature du corps-mental d’expérimenter joies et peines. Si vous réalisez que vous n’êtes pas le corps, il n’y a pas de souffrance. Pendant le sommeil profond, il n’y a pas d’ identification au corps, masculin ou féminin. Aussi n’y a-t-il pas d’expérience de joie ou de peine. Et le mental continue son activité, se prenant pour le corps. C’est faux.

S’il n’y a pas de mental, rien ne peut être observé. Vous devez accepter que « les pieds bénis du Guru »  stoppent le mental.

Vous n’avez pas de connaissance de votre naissance, vous en avez seulement entendu parler. Le passé et le futur, tels que projetés par le mental, ne vous appartiennent pas. Le mental détermine le passé, le présent et le futur, et vous fait agir en fonction de cela. Le mental vous dit que vous avez eu des millions de naissances, mais vous n’avez pas la connaissance d’une seule. Avez-vous seulement la connaissance de votre naissance actuelle ? Toutes vos expériences sont fausses. Avec la conviction que vous n’êtes ni le corps, ni le mental, vous comprendrez cette fraude.

Les religions ont découlé des traditions. Existe-il une religion sans dogme ? Même un Jnani doit suivre les traditions jusqu’à ce qu’un certain stade soit franchi.

Discriminez. Il ne peut pas il y avoir de véritable compréhension sans discrimination. Jusque-là, il n’y a pas de paix. Celui qui connaît est avant le corps-mental. Quand vous réalisez que vous n’êtes pas ce que votre mental vous dit, vous comprenez pourquoi Atman est non né. Rare est celui qui se tourne intérieurement sans écouter ce qui vient des autres. Progressivement, apprenez à discriminer. La présence de la parole du Guru vous permettra de le faire.

Quand la connexion au mental sera sevrée, vous accéderez au vide. Pour purifier le mental, il faut se remémorer le mantra tout au long des heures de veille. Alors le mental sera sous votre contrôle. Quand vous portez l’attention sur votre vraie nature, le mental disparaît emportant tout avec lui.

Dans l’état parfait, il n’y a pas d’expérience de félicité. Il est impossible d’en témoigner. Pouvez-vous témoigner de quoi que ce soit avant votre naissance ? Il existe des êtres instruits de grande renommée, mais est-ce qu’un seul d’entre eux peut s’extraire du mental ? Où qu’il y ait mental, il y a prana (force vitale.) Où il y a prana, il y a conscience. Une fois réalisée la nature du mental, la force vitale est dissoute. Le délice et la félicité de ce moment sont uniques. Cela arrive à celui qui connaît le Soi. Tout comme le fait que quelqu’un soit né est un concept, la peur de la mort est aussi un concept. Le mental s’en remettra à vous si vous récitez le mantra continuellement. Je vous dis ce que vous avez besoin de connaître.

Quand le prana quitte le corps, y a-t-il la moindre douleur ? Le prana sous-tend toutes les activités du monde, mais vous dites que vous êtes l’acteur. Quand il n’y a pas de prana, y a-t-il un mental ? Quand il n’y a pas de mental, il n’y a pas de douleur. Ceci veut dire que le mental a pris la forme du corps. Quand le prana s’en va et que le corps tombe, où va l’Atman ? La réponse vient à celui qui est clair avec le Soi. Pour cela, en accord avec les sages, le mantra doit être récité.

Sans prana, quelle est votre identité ? Sans lui, qui est un homme ou une femme ? La conscience identifiée au corps apporte joies, misères et, par- dessus tout, la peur de la mort. Tout cela est le jeu des concepts. Quand vous écartez les concepts, il se produit une célébration de libération, ici dans ce corps. Ceux qui lâchent l’addiction au mental, et reconnaissent le Soi, recevront ce qui leur est nécessaire. Rappelez-vous sans cesse le Guru, vous lâcherez le mental et serez libre. Poursuivez la récitation continue du mantra : « Ma véritable nature est indestructible et éternelle. » Le mental disparaîtra ; restera Brahman manifesté lui- même. (Les pensées disparaissent, la conscience pure rayonne.)

Nisargadatta Maharaj

jeudi 6 juillet 1978

Extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd.Aluna

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