Nirupana 42 – Conscience

Ne rentrez en compétition avec personne dans le monde. Mettez de côté de telles choses. Votre dévotion à la parole du Guru doit être infaillible. Une telle dévotion n’est pas duelle. Dans cette dévotion, il n’y a pas de peur ou de mendicité. Vous ne trouverez jamais la paix dans une association avec les objets du monde. Une fois le Soi réalisé, cela ne peut plus être perdu. Débarrassez-vous de votre conscience identifiée, de la sensation « Je suis un homme » ou « Je suis une femme ». Cela qui est sans couleur, sans apparence, n’a pas d’attentes. Si vous comprenez complètement vos points faibles, ils deviendront vos points forts. Jusqu’à la quarantaine, continuez d’apprendre quelque chose. À travers cela, vous recevrez des encouragements et quelques qualités pour vivre. Finalement, vous serez fier de dire : « Je ne sais rien. »

Le fait de pouvoir mentionner le mot nirguna (non manifesté) fait appel à la relativité. Nirguna ne peut être reconnu que par la présence de guna. Que se passe-t-il quand il n’y a pas de guna ? Guna veut dire la connaissance survenue à travers la sensation « Je suis », sans avoir été demandée. C’est la conscience qui est en train d’écouter. Quand il n’y a plus la sensation « Je suis », c’est appelé nirguna. Quand un être devient un avec sa conscience et s’oublie lui-même, il atteint la réalisation du Soi. La même conscience se trouve sous la forme des cinq éléments. Elle est sous la forme de notre être. Celui qui connaît la conscience est sans caractéristiques (gunas). Quand la conscience devient illuminée, vous sentez « Je suis ». Mais elle est identifiée au corps. Le seul moyen d’éliminer la conscience identifiée est de se tenir à la parole du Guru.

Celui qui s’est imprégné de mes mots sera sans complainte. Pour s’imprégner de mes mots, il convient de méditer sur la conscience dans la solitude. Quand la conscience est purifiée, elle se résorbe dans l’état non manifesté ; une paix sans fin prend place alors. Vous avez été charmé par la conscience, et vous vous êtes identifié à votre corps. Il est très difficile de rompre cette habitude. Après avoir entendu tout ceci, vous pouvez continuer de vivre votre vie comme bon vous semble. Il n’y a pas besoin de rituels. Il n’y a pas de séparation entre nous. Je vous vois sans forme, même si vous vous prenez pour un corps.

À partir du nirguna, de nombreuses caractéristiques (formes manifestées) sont créées. Ceci doit être saisi pendant que la conscience (sattva guna) est encore dans le corps. Sinon, ce sera encore le temps d’une naissance, puis d’une autre. Vénérez-la avec un amour dévotionnel. Elle sera purifiée. La compréhension claire des trois gunas se fera. Vous en viendrez à voir que vous n’êtes pas l’acteur et il y aura une paix infinie. La manifestation de votre conscience est appelée naissance. On l’appelle aussi le corps subtil.

En dépit d’intenses efforts, l’habitude de la conscience identifiée au corps ne s’arrête pas. C’est rendu possible à celui qui, sans faille, s’en re- met à la parole du Guru. En récitant le mantra « Je suis pur Brahman », vous deviendrez sans limite. Il doit il y avoir une foi inébranlable dans le Guru. Sa parole devient une avec votre souffle. Elle devient la joie de votre sensation « Je suis ». Elle modifiera le corps subtil.

Celui qui n’a pas de corps, n’a ni souvenirs, ni oublis. Restez avec cela intérieurement : « La parole du Guru est ma vraie nature », sur chaque respiration. Le fait que notre véritable nature soit nirguna n’a jamais été oublié, aussi n’y a-t-il pas à se le rappeler. Le dévot de la parole du Guru, est le dévot de sa véritable et propre nature. Le Soi est, il est sans changement. Ne vous efforcez pas de le modifier avec votre intellect. Avec la dévotion portée au Guru dans votre cœur, vous ne res- sentirez plus de sensation de dualité. L’état suprême, tel que décrit par le Guru est naturellement présent. Aucun remède n’est requis.

Pour amener la dévotion dans votre conscience, votre confiance dans le Guru doit être absolue. C’est le trésor précieux de la force vitale. Brahman est le Seigneur des mots, et il contient l’univers. Un grand miracle est caché dans la graine. Quel grand arbre en jaillit ! Le guna était latent dans le nirguna. Tout ce qui était caché dans la matrice d’or est sorti, et ainsi le monde est devenu visible.

Vous n’accéderez jamais à la réalisation du Soi, si vous surajoutez votre conscience identifiée sur celle du Guru. Quand vous vivrez avec la ferme conviction que votre conscience et le Guru sont la même chose, vous accéderez à la réalisation du Soi.

Un si grand monde est contenu dans la conscience microscopique ! Une telle conviction vient avec la parole du Guru. Lire un nombre incalculable de livres est inutile. Cela apportera de la fierté et le désir de supériorité sur les autres. Tous les soucis s’en iront, si vous devenez vous-même la parole du Guru. N’oubliez jamais ces mots du Guru : « Brahman est éternel. »

La conscience se déploiera et, à la fin, s’éteindra. « Je suis avant le corps » se manifestera sans mots. Il n’y aura plus à se mettre en recherche. C’est simple, direct et naturel. L’habitude de se prendre pour la conscience identifiée au corps est le seul obstacle.

Dans l’intention d’être convaincu que vous n’êtes jamais né, il convient de connaître ce qui est né et de quoi est-ce né ? Tout comme il y a un arbre dans une graine, la conscience (universelle) est latente en vous. Le Guru la fait sortir, et elle se déploie en tout. Quelqu’un a-t-il observé la fin de l’espace ? Pourquoi est-ce ainsi ? Parce que l’espace est constitué de l’expansion de votre propre lumière. Cela rend les efforts spirituels sans réelle et véritable nécessité. Sa Majesté, le Guru, tue votre individualité. L’arbre tout entier, avec ses fruits, ses fleurs et ses branches, retourne à la graine à nouveau.

Le Guru a dit que vous étiez partout. Vous devez y croire totalement. La réalisation du Soi est libération. Alors, il n’y a plus de nécessité d’aller au ciel. Vous êtes ce que le Guru a décrit. Ne vous perdez pas dans autre chose. La vérité spirituelle n’a rien à voir avec le corps. Cela n’a aucune importance que vous soyez un homme ou une femme. Souvenez- vous de ceci.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 9 juillet 1978

Extrait de Nirupana 42 de “Méditations avec sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

3 réponses sur “Nirupana 42 – Conscience”

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