Nirupana 65 – Dieu se vénère Lui-même

Vous êtes habitué à la forme corporelle. Aussi, quand vous expérimentez le sans forme pendant la méditation, cela vous fait peur.

Le corps subtil est créé spontanément. Vous faites l’expérience d’être, à travers lui. Cinq moyens de connaissance (le toucher, l’ouïe, la vue, le goût, l’odorat) sont créés de la même façon. Le petit enfant grandit et, s’il est inspiré, atteint la condition divine. Pour disposer des qualités requises, un terrain propice doit être mis en place intérieurement. Les écritures ont prescrit des pratiques dans ce but.

En récitant le mantra, vous accédez au corps subtil. L’espace est créé au travers du corps subtil. La suite des décors arrive alors. Il n’y a pas d’espace avant votre naissance. L’espace contient le monde. L’Absolu est antérieur à l’espace.
La caractéristique du corps subtil est la conscience pure, votre présence. Vous devez vous y tenir.

L’adoration signifie satisfaire votre vraie nature. Cela ôte les impuretés. À travers cela, Dieu rencontre le dévot. Ce dernier réalise alors qu’il n’est pas le corps. Tout comme il y a le sucré dans le sucre, le salé dans la mer, il y a l’amour du Soi dans le corps. Le panorama du monde est contenu dans votre corps subtil.

La croyance que Dieu est plus grand que le Guru est une erreur. Le regard béni des sages est de bien plus grande valeur que les idoles que vous contemplez dans un temple. Béni est celui qui est baigné de dévotion.

Celui qui va au-delà de la conscience identifiée au corps et devient un avec le Soi, est un sage.

La parole est l’instrument de base que nous avons. Le nom de Dieu, le mot lui-même, devient de nature divine. Le nom d’un lieu saint, lui- même, devient de nature identique à ce lieu saint. Votre parole est de nature divine. Votre discours germera par la répétition du mantra et votre parole deviendra la parole de Dieu. La parole du Guru est aboutie. Elle ne change pas. Ceci doit être une conviction pour vous. Il faut s’en rappeler sans cesse. Alors que votre comportement s’adapte à votre pa- role, il donne de la valeur à votre parole. Votre parole devient la parole de Dieu. Ne l’utilisez jamais pour blesser quelqu’un. Alors que vos mots deviennent purs, la connaissance coulera au travers d’eux. Les mots s’écoulent de votre mental conformément à votre qualité. Quand vous récitez le mantra, la force vitale modèle sa forme sur la signification du mantra. Des visions sont créées. La parole pure coule comme le Gange, lavant les misères des autres.

Transmettre à un jiva mortel la compréhension qu’il est immortel, est comme transmuter de l’argile en or. Ceci est le propos de la sadhana. Il convient d’être présent et vigilant. Vivre en accord avec les conseils validés est signe d’une présence éveillée. Vous continuerez d’agir, mais sans vous comporter d’une manière qui n’aurait pas de valeur. Ne vous identifiez pas au corps. Identifiez-vous au sans forme et remettez-vous- en à lui.

Offrez votre nourriture à Dieu et mangez-la comme le cadeau qu’Il vous fait. Vous serez béni. Où il n’y a pas de nourriture, il n’y a pas de force vitale (prana), pas de mental, pas d’intellect, pas de conscience. Vous pouvez parler uniquement s’il y a du prana. Sans prana, comment est l’Atman ? Atman est celui qui a connaissance de l’instant où le prana quitte le corps.

Celui qui vit en accord avec la parole du Guru n’expérimente pas la mort. Seul le prana va et vient. Celui qui pratique la dévotion, devient de la nature d’Atman. Il ne va ni ne vient. Atman a empli l’espace. Si Atman n’est pas présent, qui a conscience de l’espace ? Rare est celui qui voit les choses ainsi. Si vous prenez l’avis de quelqu’un, vous devez le suivre correctement. Quand Atman, Lui-même, est vu comme tout ceci, pourquoi espérer encore du fruit de vos actions ? Dieu se vénère Lui-même. Une fois que votre parole est purifiée, ne l’utilisez jamais pour blesser quelqu’un car elle aura d’autant plus de puissance. Psalmodiez le mantra continuellement, sans désir. Vous comprendrez que tout arrive spontanément. Ainsi, il n’y a aucune raison d’éprouver de la fierté pour ce qui est naturellement là.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 12 octobre 1978

Extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éd. Aluna

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