Nirupana 7 – intime conviction

Le mouvement du prana et le mouvement de Dieu ne sont pas différents. Observez votre respiration. Sans la force vitale, la sensation « Je suis » ne serait pas là. La conscience dans le corps est le guna qui témoigne du prana (ils ne sont pas différents). Une fois que vous avez réalisé le Soi, aucune attitude particulière n’est nécessaire. Ce serait un signe d’ignorance. Se tailler la barbe, vouloir impressionner par son apparence, etc., sont des comportements liés à l’identification au corps. Ils ne sont pas propres au Soi. Les concepts que vous choisissez pour méditer se réalisent et vous avez les visions en rapport. Le tout est irréel. Il n’y a rien de comparable à l’écoute de tels enseignements. À partir du moment où vous écoutez ceci, la libération est à portée de main.

Le principe de manifestation est mouvement, le non manifesté ne l’est pas. Il est sans qualités.

Quand on avance en âge, l’enfance et la jeunesse s’en vont naturellement. Il n’est pas nécessaire de vouloir y renoncer. De la même manière, votre ego s’en ira naturellement. Aucune expérience ne dure. Il n’y a pas de créateur du monde, pas plus qu’il n’y a de mainteneur ou de destructeur. Tout apparaît spontanément. Ce que nous savons devient source de joie ou de peine. Ce que nous ne connaissons pas ne peut pas être source de joie ou de peine. Le mental est le concept, et le concept est le mental. Le concept donne naissance à tout ce qu’il aime. Ainsi va le royaume du mental. Le Soi n’est associé à rien. Celui qui comprend ce qu’est un concept, comprend en même temps Cela qui est sans concept. Ceci est possible en écoutant ce qui est dit ici. Ce que vous avez appris depuis l’enfance est devenu votre réalité du monde. Jiva, jagat et Brahman sont des concepts. Tout concept crée ses propres significations en rapport avec les trois gunas. La conscience manifestée est la racine. Quand la conscience se met en mouvement, le mental apparaît. La conscience manifestée est le support dans lequel flotte le mental.

Quand nous sortons tout juste du sommeil, à ce moment, avant les mots, nous sentons « Je suis ». C’est la pensée première. Comment ce monde vient-il à exister ? C’est comme un rêveur qui crée un monde rêvé sans rien faire. Nous avons la sensation que le monde est réel, parce que nous percevons notre corps comme réel, et vice-versa. Bien que le monde soit immense, il n’y a pas la moindre vérité en lui. Le non manifesté s’est manifesté et a créé le mental. Le mental crée le monde qui apparaît réel. Celui qui quitte le manifesté pour rester dans le non manifesté, ne peut plus dire : « À cet instant, je ne me connais pas. » En premier est la conscience, ensuite le mental est créé à travers elle, suivi par toutes les activités. En l’absence de la conscience, est-il possible de faire quoi que ce soit ? La sensation « Je suis » est un concept spontané. Ce concept n’est jamais satisfait. Quand vous essayez d’être un avec la conscience, le mental se met au travers. Persévérez. Tournez l’attention à la Source d’apparition de la conscience. Cette conscience n’est pas vraie.

Celui qui écoute cela devrait regarder en lui plutôt que de s’occuper des affaires d’autrui. Il devrait saisir l’opportunité de regarder et connaître qui il est. Une fois saisi le sens du concept, vous savez que le monde est une blague. « Absolument rien ne s’est jamais passé. Je n’ai jamais vu personne et personne ne m’a jamais vu » est alors votre intime conviction.

Quel que soit le désir que vous preniez pour pénitence, il se projette sur votre mental et tout apparaît en s’accordant à lui. La force vitale prend forme et alors les visions apparaissent. Si vous agissez en tant que conscience identifiée (au corps), les concepts abondent. Si vous rentrez en sympathie avec votre conscience pure, elle révélera sa vraie nature. Quand la conscience accède à cette connaissance, tout se dissout, et reste alors vijnana, la véritable connaissance directe qui n’a pas de nom.

Si vous vous accordez à cela, tôt ou tard vous réaliserez que vous n’avez jamais eu une quelconque expérience du monde. Dans ces circons- tances, que devient votre implication dans un tel monde ? Jusqu’à ce que vous ayez cette connaissance directe, continuez vos occupations comme vous aimez le faire. Prenez soin du quotidien. Ne le fuyez pas.

Avant que vous commenciez à comprendre les mots, quand vous êtes né, vous étiez dans votre état naturel. Une fois que vous avez pris pour vrai ce que vous avez entendu, vous êtes arrivé à votre état actuel. Ce qui a imprégné votre mental si profondément agit de multiples fa- çons. Le plus grand effort est requis pour se comprendre. C’est ce que vous devez réaliser. Alors viendra la compréhension du secret du monde. Quand vous réalisez votre nature, vous réalisez celle du monde en même temps. Vous saurez qui « vous » êtes. Ayez la ferme conviction d’être ce que le Guru dit. Dans les activités quotidiennes, vous pouvez utiliser votre identité d’homme ou de femme. Mais ne la conservez pas.

Tout dépend en tant que qui vous allez mourir. La mort n’est qu’un mot. Ce n’est jamais une expérience. Qu’est-ce que vous pourriez expérimenter d’autre que Brahman quand il n’y a que Brahman ?

Vous êtes le disciple du mental. Le mental vous modèle. Le mental ne connaît pas son origine. Votre conviction doit reposer dans les mots du Guru. « Le Guru m’a initié » signifie qu’il m’a initié à ma vraie nature. En toute confiance, agissant dans cette conviction, la Vérité est révélée. Du point de vue de ceux qui l’entourent, un homme est mort. Du point de vue du jnani, il est devenu libre de ses illusions. L’illusion, la voici : « Je suis comme ceci, comme cela, je suis un homme, je suis une femme. »

En premier lieu, les ingrédients sont préparés, alors jiva prend naissance à travers cette nourriture. La nature de la nourriture est la même que celle de jiva. Le corps est juste de la nourriture transformée. Il est nourriture pour la conscience. Aussi longtemps qu’il y a conscience, il y a faim et soif. Soit vous trouvez la détermination à travers les mots du Guru, soit vous continuez de trébucher en vain. Cette expérience qui vous fascine aujourd’hui, est fausse. Elle ne durera pas. Vous pourriez prendre la meilleure nourriture et vouloir rester fort, quand la vieillesse arrive mains et pieds se mettent à trembler. Pensez à cela, abandonnez-vous à la conscience qui dit : « Jaï Guru, Jaï Guru. » Parce que vous croyez être le corps, des concepts tel que « Je suis un enfant, je suis un jeune, je suis un vieux » se présentent à vous. La discrimination fera dire : « Le corps se transforme, je suis et serai toujours ici. »

Nisargadatta Maharaj 

dimanche 15 janvier 1978

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions des deux Océans

 

 

 

2 réponses sur “Nirupana 7 – intime conviction”

  1. Nisargadatta ne nous demande de croire quoique ce soit , mais d’observer et de décrire ce qui est observé, comme il le fait.

    Au travers de chaque être humain, ce processus peut se faire.

    De façon spontanée, en méditation, à certain moment plus favorable de transition entre les différents états de veille, sommeil, rêve,.. qui sont alors vus comme un défilement d’images, de films au sein de ce qui Ici ne bouge pas.

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