Premiers discours 32 – Confiance

Il est extrêmement difficile de décrire le Sadguru (en tant que manifestation du pur Soi), car Il est indescriptible. Toute tentative de le faire par les quatre types de discours – paravani, pashyanti, madhyama et vaikhari ( les quatres étapes de la parole et de l’évocation mentale)– est un échec. Même la tentative de le décrire par le discours le plus subtil, appelé paravani, conduit à Le perdre. Celui qui essaie de Le décrire perd la conscience du Soi. Jusqu’à présent, personne n’a été en mesure de décrire le Sadguru. ( la description demande une mise à distance, donc une séparation.)

L’intellect prend appui sur le subtil. Quand le support devient très subtil, l’intellect se dissout. C’est comme de faire fondre un morceau de beurre clarifié froid. Quand vous méditez sur le Sadguru et que vous êtes totalement absorbé en Lui, l’intellect se perd et n’est plus qu’une ombre du Soi. Vous devez réaliser le Soi en l’absence d’intellect. Vous reconnaîtrez le changement de votre propre expérience. Pour savoir quoi que ce soit, l’intellect prend spontanément des photos instantanées du toucher, de la forme, du goût, de l’odeur et du son. Mais il est incapable de photographier le Sadguru.

La Conscience dispose de cinq types de compétences (sens) et de trois pouvoirs (Guna). C’est ainsi qu’elle fonctionne. Notre intellect est le résultat de la transformation des aliments, mais cela ne s’applique pas au Soi.

Qui peut vraiment se prosterner devant le Sadguru ? Seul celui qui est sans nom et sans forme et avec une existence réduite à sa plus simple expression peut le faire. Une telle personne accepte l’incapacité de l’intellect à voir le Sadguru. L’intellect n’a pas la patience d’attendre indéfiniment de voir le Sadguru. Celui qui abandonne la fierté d’être un intellectuel, ainsi que l’identification au corps, peut vraiment saluer le Sadguru. Les autres font seulement semblant de le faire.

Voir l’essence du Sadguru, c’est vraiment voir notre propre Soi. Alors, nous connaissons notre véritable être sans moi ni toi. En laissant de côté le connu, nous nous abandonnons à Lui.

Comment sommes-nous emprisonnés? Vous êtes fier de votre intellect, mais s’il disparaît, où est votre orgueil ? Celui qui s’aban- donne au Sadguru est respecté en tous lieux. Les jugements portés au moyen de l’intellect sont faux puisqu’ils font confiance à Maya. Notre corps n’est que notre imagination. En regardant la forme corporelle, vous dites que vous êtes un être humain. En utilisant votre intellect, vous vous trompez vous-même et vous vous séparez des autres. Celui qui a les mains sales devrait les nettoyer en faisant preuve de bienveillance envers les autres.

Ne vous immiscez pas dans les affaires des autres. En nous purifiant, nous pourrions être pacifiques et heureux. Notre existence repose dans le Soi, pour accéder au bonheur véritable, notre confiance ne devrait pas être mise en Maya. Pour la réalisation du Soi, nous ne devrions nous fier qu’à Lui (Atman). Celui qui a la conviction de l’inutilité de l’intellect se fondera dans le pur Soi (Sadguru).

«Ô mon Dieu, maintenant j’ai l’intime conviction de comment et qui je suis. Je n’ai pas de forme et je ne suis rien qui vaille la peine d’être cru. On dit que je suis un jnani, un grand érudit, un expert ou un poète, mais je suis sûr de n’être personne. Je n’ai nulle demeure où m’abriter. Ô Sadguru ! Je suis devenu si pauvre que je n’ai plus rien à moi que je puisse vous offrir.» Celui qui est convaincu qu’il n’y a pas d’autre sauveur que Dieu reçoit toute aide de Lui. Alors, Maya a honte d’entretenir son illusion. Avec la perte du nom et de la forme, que puis-je encore prétendre être ?

Quelle est l’importance de la dévotion du manifesté? Rien ne peut toucher Paramatman, même au moyen de para. Malgré cela, le dévot ne peut s’empêcher d’imaginer une forme devant lui et de l’adorer. Ce processus l’aide à développer plus d’amour et de dévotion, et à se libérer de la fausseté de l’orgueil. La dévotion a un

pouvoir d’éveil intérieur certain. Le dévot devrait avoir pleine confiance dans la réalisation de Dieu par la connaissance de Sa vraie nature. Cette dévotion l’affine et le purifie de plus en plus.

Le terme Atman est utilisé pour une expérience du Soi d’une courte durée et Paramatman signifie « réaliser l’existence éternelle ». Toutes ces paroles sont le résultat de Sa grâce. Le sage Tukaram nous dit : « Tout ce que je prononce l’est grâce à Vitthala. Lui seul existe, pas moi.» Il avait réalisé le Seigneur Panduranga et ses paroles étaient les bénédictions de Dieu.

Par la grâce du Guru, notre nature malhonnête devient fiable. Celui qui se souvient encore et encore du Guru s’élève au-dessus des castes et des croyances, et Il occupe l’univers entier. Maya ne peut pas toucher celui qui a abandonné toute malhonnêteté. Il est pleinement conscient de sa vraie nature, qui est toute-puissante et n’a pas besoin d’aide. En reconnaissance de la grâce du Guru, il s’exclame: «Jaya-Guru, gloire au Maître.» La connaissance intellectuelle du Soi ne se limite qu’au domaine de Maya et n’a rien à voir avec la réalisation du Soi. Par contre, rester en contact avec le Sadguru sans faire appel à son intellect, c’est recevoir l’assurance de sa protection. Alors, il n’y a même plus de place pour l’illusion de la naissance et de la mort. être hors de toute illusion se fait par une vraie reddition au Sadguru. Faites tout ce que vous pouvez à l’or – comme le marteler ou le brûler –, vous ne pourrez pas le convertir en fer. De même, celui qui atteint l’état de Sadguru ne peut être limité à un corps et devient l’existence entière. Comment Maya peut-elle l’affecter? Toutes vos connaissances et capacités dépendent de la force de votre intellect.

Le bon usage de l’intellect est de savoir qu’il n’y a pas de vérité en lui.

Le véritable enfant d’un Maître (le disciple qui réalise le Soi) est indescriptible et la terre devient sainte sous ses pieds. La poussière sous ses pieds acquiert le pouvoir de guérir les maladies. Sa renommée ne peut être décrite et les gens viennent le voir de loin. Sa vision enlève toutes les mauvaises pensées. Gurulingajangam, Bhausaheb Maharaj, et Siddharameshwar Maharaj étaient de si grands sages qu’ils étaient visités par des gens venus de loin. Celui qui a eu la vision du Sadguru bénéficie de la Conscience universelle et on peut dire que sa dévotion au Guru est réelle.

Aujourd’hui est le jour du Mahasamadhi de notre Guru Shri Siddharameshwar Maharaj. Aujourd’hui, personne ne peut décrire ce Guru, qui est sans forme. Même les Veda ont échoué dans leur tentative de description. Un mot comme Ishwara ne donne qu’une indication. Même Ishwara ne pourrait pas évoquer ce qu’est un sadhu ou un sage. Même les paroles des sages et des experts ne sauraient décrire un Sadguru. Les concepts utilisés pour les tentatives de description changent les formes selon le sens des mots utilisés, mais ne parviennent pas à Le décrire. En termes simples, comment les concepts peuvent-ils décrire ce qui les dépasse ?

Un concept signifie Maya. Qu’est-ce que l’ignorance? Nous n’avons pas nos propres connaissances, c’est-à-dire l’ignorance. C’est aussi de l’ignorance que d’essayer de dire positivement et exactement ce que nous sommes. Maya est une pure ignorance, parce que c’est à travers elle que toutes les activités se produisent. Vous êtes conscient de votre existence, mais il n’est pas possible de la décrire.

Si nous devenons complètement libérés de toute la fierté de celui ou celle qui a la connaissance, cela signifie que nous avons une véritable vision du Sadguru.

Nous avons commencé à dire «Je suis» quelques années seulement après notre prétendue naissance. Tout être humain affirme son existence par « Je suis ». En l’absence de ces mots dans le corps, il n’y a rien. Quand ces paroles s’arrêtent, les gens appellent cela la mort, mais le défunt n’en est pas conscient. Quand les mots s’arrêtent, il n’y a aucune connaissance de l’être ou du non-être. Le sens de «Veda» pourrait être des mots qui disent que toute exis- tence prend place dans l’ignorance. Dans ce monde, c’est ce qu’on appelle un grand savoir. Ceux qui vénèrent le Sadguru voient tout, comme l’ignorance. Cette ignorance est l’expérience directe de tous les sages.

Il n’est pas possible de décrire Dieu par l’intellect, mais ce n’est pas une déception. Il y a un signe, qui est une preuve de l’existence de la Vérité. À quoi ressemble-t-il? Qui les sages et les rishi vénèrent-ils? Ce signe est votre Conscience. Où que vous alliez, Elle sera toujours avec vous.

Le discours sur la Vérité est amer à écouter et la contrevérité peut sembler plus encourageante. Cependant, il y a une fin pour la contrevérité, tandis que la Vérité est immortelle. Ce qui semble être le plus difficile est en réalité très facile.

N’ayez pas peur parce que vous ne savez pas où La trouver. Vous disposez de votre Conscience, le son de l’existence, Elle contient le monde entier. Ceux qui sont des jnani sont libres de toute action. Mais les fraudeurs, qui courent après l’argent, sont très actifs. La pure Conscience est le signe de l’existence du Sadguru. Souvenez-vous de Lui, adorez-Le, ainsi vous n’aurez pas peur de la mort.

Un enfant a reçu des bonbons avec amour, il les a mangés et les bonbons sont allés dans son ventre. L’amour du donneur reste alors dans le ventre. De même, votre Conscience est dans le ventre du Sadguru. Plus précisément, votre Conscience est en vous et vous êtes dans le ventre du Sadguru. Maintenant, qui a cette connaissance ? Celui qui a cette connaissance n’a pas peur de la mort. Il est incorrect de croire que Yama, le Dieu de la mort, enlève la vie. Votre Sadguru est votre fondation et Son existence accompagne toujours la vôtre. Les deux ne font qu’un.

Quand vous chantez le bhajan dédié au Sadguru, une relation très intime se forme avec Lui. Il n’y a pas d’ami ou de parent plus proche que le Sadguru. Par conséquent, Il est au-delà de toute description.

Faites connaître à votre Conscience son importance et ayez pleinement confiance en Elle. La confiance ne peut être instaurée par aucune science ou méthode. Votre Conscience est aussi nécessaire que votre respiration. Une meilleure conscience de la Conscience améliore le contrôle de l’existence. Qu’est-ce que le temps? Nous en avons conscience tant que nous sommes conscients. En l’absence de Conscience, il n’y a pas de temps. Ce qui ne peut être décrit, c’est notre Soi. L’existence d’un organisme est limitée dans le temps. Le mot marathi pour « le temps » est kal, qui a deux significations. La première est « le temps » et la seconde est «la mort». C’est pourquoi le mot kal suscite la peur. Le mot mort signifie fin, mais notre vraie nature est immortelle. Si quelqu’un est déclaré mort, nous devrions pour le vérifier devenir comme lui. Sa mort est notre expérience, pas la sienne. Ce kal, ou la mort, se retrouve dans l’estomac d’un Sadguru, tout comme Parabrahman est intemporel et sans mort. Qui dois-je vénérer ? Je vénère Paramatman Lui-même, qui est notre vraie nature ultime. Pour un sage, la mort est une expérience inoubliable, comme manger un bonbon savoureux est rare. Ceci ne s’applique pas à une âme individuelle, qui devrait auparavant développer la conviction de ne pas être le corps. La confiance dans le Sadguru augmente la force – cette force qui est la force de l’Atman. Le disciple sincère se souvient toujours des paroles du Sadguru, tandis que la répétition du Mantra se fait intérieurement. Le disciple est vraiment affecté par les mots du Sadguru comme un projectile qui va au plus profond de lui-même, il est transformé en sa propre et véritable nature. Les Veda et autres écritures n’ont pas ce pouvoir de transformation. Donner des conférences spirituelles n’est pas une preuve que l’on est un sadhu. Ce qui convient, c’est la confiance dans le Sadguru. Sans elle, il est insensé de suivre un Guru. En l’absence de cette confiance, la visite des lieux de pèlerinage ne donnera aucune satisfaction.

Le Sadguru indique clairement au disciple qu’une compréhension claire des faits est son travail. Le disciple est le bienvenu chez le Guru quand la rencontre doit se faire. Tout comme une mère fait preuve d’affection attentive pour son enfant, il en va de même pour la relation entre Guru et disciple. Si vous avez une confiance totale dans le Guru, il suffit de regarder la conscience comme un jouet à votre disposition. Méditez sur votre Conscience ou sur le «J’aime» sans lequel il n’y a aucune chance de satisfaction, même la plus petite.

N’allez voir votre Guru que si vous ne pouvez pas faire autrement. Sinon, restez où vous êtes, en toute confiance dans le Guru et ses paroles.

Nisargadatta Maharaj

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