Nisargadatta Maharaj:
“Tôt le matin, immédiatement après le réveil, le sentiment “Je suis” se fait sentir , autrement dit, l’être se produit, et ensuite le témoignage de tout le reste se fait. Le premier témoignage est celui du “Je suis”. Ce premier témoignage est la condition préalable à tout témoignage ultérieur. Mais à qui s’adresse le témoignage ? C’est à Celui qui est toujours, même sans s’éveiller, à ce substrat toujours présent, que le constat de l’état d’éveil se produit. Le mystère de l’expérience du monde se situe ici. La connaissance ésotérique de la graine de Conscience se dévoile ici. Maintenant que vous vous êtes ‘réveillé’, vous êtes témoin du réveil. Le premier témoignage est celui ma propre présence, de mon existence. Ce réveil, ou le sens de l’existence, est un état temporaire, étant l’un des trois états que sont le sommeil profond, de veille qui, ensemble, constituent l’être.” ( extrait de ‘ the nectar of immortality’, ed. North Atlantic book)
Il n’y a pas de Conscience sans Absolu, mais il peut y avoir Absolu sans Conscience. L’Absolu ne se déploie pas comme la Conscience le fait. C’est ce qui reste inchangé, que votre Conscience soit identifié ou non. La seule façon de connaître l’Absolu, c’est à travers un état d’inconscience. Cela se sait en s’ignorant. Le Soi ne peut se voir, mais il voit tout et tout prend place en Lui. Toute expérience repose sur le changement , mais tout ce changement est connu par l’immuable. L’immuable est ce qui connaît le changement.
Il est facile de penser que le “Je suis” est la réalisation ultime. En effet, Il est plus facile pour la Conscience toujours prête à s’ identifier de continuer de se ‘cacher’ derrière ‘ Je suis’. En réalité ce n’est que le début du commencement. La porte toujours ouverte entre le temporel et l’intemporel, entre le connu et le non connu, entre la forme et le sans forme, entre les concepts et la non conceptualisation. En réalité, vous êtes l’infinité absolue dans laquelle cette révélation se produit. Le conceptualiser est une chose, le vivre, le réaliser en est une autre.
Nisargadatta Maharaj a toujours souligné la nécessité d’une sādhanā (pratique) afin de réaliser notre véritable nature. À travers ses dialogues il nous a donné des instructions très claires sur comment pratiquer notre sādhanā à partir de son propre cheminement.
Nisargadatta propose deux étapes pédagogiques .
Tout d’abord s’installer dans le “Je Suis”.
Puis Transcender le “Je Suis”.
De l’identité limitée, identifiée au corps, au émotions, aux concepts, revenir tout d’abord au ‘ Je suis’, sans qualificatif, sans appropriations.
Puis ensuite et seulement là , laisser se faire la ‘ suite’, celui qui avait commencé le cheminement, n’étant plus là pour en revendiquer la réalisation.
Ce n’est que pour aider la compréhension que cette division fut créée. En réalité, une fois réalisé, il n’y plus aucune séparation. Il est cependant important de ne pas, s’illusionner en croyant avoir franchi certaines de ces étapes que conceptuellement.
Citations de Nisargadatta Maharaj, compilées par Pradeep Apte,( disciple indien de Nisargadatta Maharaj), avec nos remerciements)
Vous devez accéder à votre “sens d’Être”, de “Je Suis” que vous pouvez aussi appeler Conscience, dans sa pureté absolue. La meilleure façon de faire cela, est de reculer dans le temps et d’essayer de vous souvenir où pour la première fois vous avez réalisé que “vous êtes” ou “Je Suis”, qui est habituellement autour de l’âge de trois ans.
Pourquoi vous en souvenir? Parce que lorsque le sentiment “Je Suis” est apparu pour la première fois, il était dans sa pureté absolue, dépourvu de mots et ne possédait aucun ajout (ou identification) quel qu’il soit.
Cette phase de vivre avec le sens pur de “seulement être” ou du “Je Suis” sans mot se poursuit naturellement pour quelque temps, puis graduellement la contamination ( identification) commence. Ceci entraîne le processus que nous appelons “conditionnement” qui vous sculpte en un individu vivant dans le monde et sous certaines circonstances.
En devenant adulte le fardeau de toutes ces additions, ou contaminations sur le “Je Suis” devient tellement lourd que le “Je Suis” d’origine est complètement oublié et enseveli en dessous. Le “Je Suis” dans sa pureté absolue est pourtant encore là, même maintenant, sauf que vous êtes incapable de le remarquer ou de l’attraper.
Si vous êtes incapable de vous souvenir du moment où pour la première fois vous avez réalisé que “vous êtes” ou “Je Suis”, alors vous pouvez essayer de l’observer au moment ou vous vous éveillez le matin. Ceci va requérir de l’effort, car lorsque vous vous éveillez, le mouvement “je suis ce corps qui s’appelle untel dans le monde, et aujourd’hui, tel jour jedois faire ceci ou cela…” est tellement rapide que vous êtes incapable de prêter attention au pur “Je Suis”. (Avec la persévérance cependant cela devient de plus en plus aisé et durable).
Le premier pourrait être appelé l’approche du “souvenir d’enfance”, alors que le deuxième pourrait être appelé l’approche du “réveil”. Utilisez celui qui vous convient le mieux, l’idée est d’approcher le “Je Suis” dans sa pureté absolu.
Quand pour la première fois avez-vous su que “vous êtes” ? Ou : Peut-il y avoir un sens du “Je” sans être quelqu’un ou l’autre ? Les deux vous entraînent vers le “Je Suis” dans sa pureté absolue.
Observez que le sens du “Je Suis” est toujours avec vous, mais vous y avez surimposé des choses (contaminations) – le corps, des sentiments, des pensées, des idées, des possessions ainsi de suite. Toutes ces identifications surajoutées sont trompeuses. À cause d’elles, vous vous prenez pour ce que vous n’êtes pas.
Nisargadatta nous recommande constamment de demeurer dans le “Je Suis” , le sens “d’Être”. Demandez-vous d’où il vient ou, observez-le silencieusement. Lorsque le mental demeure dans le “Je Suis”, sans bouger, vous entrez dans un état qui ne peut plus être verbalisé mais qui peut être expérimenté. Tout ce que vous devez faire est d’essayer et d’essayer encore.( sans contraction, mais comme seul et dernier désir).
Soyez convaincu que tout ce que vous pouvez dire à propos de vous-même est, “Je Suis”. Regardez-le bien car toutes les définitions s’appliquent seulement à votre corps et ses expressions. Par la seule conviction que “Je Suis”, votre focalisation sur le corps et toutes les sensations et perceptions qui y sont liées disparaîtrons. La conviction que l’unique affirmation vraie à propos de vous est “Je Suis”, arrivera en cherchant, enquêtant, questionnant quotidiennement et à toutes les heures. Voyez toutes les pensées comme fausses sauf une: “Je Suis”. Le mental se rebellera au début mais avec la pratique, la patience et la persévérance, il cèdera et deviendra de plus en plus silencieux. Lorsque vous serez tranquille, des choses commenceront à survenir spontanément et très naturellement, sans aucune interférence de votre part. Réaliser toute l’importance de la seule affirmation vraie que vous pouvez faire : “Je Suis”. Seulement “Je Suis”, c’est tout ! (Pas d’ajouts, pas d’ornements.)
Gardez simplement à l’esprit le sentiment “Je Suis”, immergez-vous en lui jusqu’au moment où votre esprit et votre sentiment deviennent un. Avec des essais répétés vous arriverez au bon équilibre entre votre attention et votre ressenti, et vous serez fermement établi dans la tentation “Je Suis”. Ne vous préoccupez pas de quoi que ce soit; ce que vous voulez, ce que vous pensez ou faites, restez simplement dans l’expérience directe “Je Suis”. Dès que vous déviez, rappelez-vous : tout ce qui est perceptible et concevable est transitoire et seul le “Je Suis” perdure.
Nisargadatta nous apporte son témoignage direct: “J’avais confiance en mon Guru, il m’a dit de me concentrer sur le “Je Suis” – Je l’ai fait ! Il m’a dit que je suis au-delà de tout ce qui est perceptible et concevable – Je l’ai cru ! Même si je devais travailler pour permettre à ma famille de vivre, j’ai donné mon entière attention, et la totalité de mon temps libre à ma Sadhana ( pratique).”
Il nous dit encore :”Établissez-vous fermement dans la conscience du “Je Suis”. C’est le début et également la fin de toutes les démarches. Vous pouvez choisir n’importe quelle voie qui vous convient, mais ultimement c’est votre sérieux et votre sincérité qui détermine le rythme de la progression. À cause de ma foi et de mon sérieux j’ai réalisé mon Swarupa (Soi) en moins de trois ans.”
Afin de connaître ce que vous êtes, vous devez d’abord chercher ce que vous n’êtes pas, et pour cela vous devez vous observer soigneusement, rejetant tout ce qui ne va pas nécessairement avec le “Je Suis”. L’idée : je suis né à un certain endroit et à un certain moment, de mes parents et maintenant je suis untel, vivant là, époux ou épouse de, père ou mère de, embauché par, et ainsi de suite. Tout cela n’est pas inhérent au sens du “Je Suis”. Notre attitude habituelle est “Je suis ceci ou cela”. Séparez systématiquement et avec persévérance le “Je Suis” de “ceci” ou “cela” et essayez de ressentir ce que cela signifie de simplement être, seulement être, sans être “ceci” ou “cela”. Plus vous comprendrez clairement qu’au niveau du mental vous ne pouvez qu’être décrit en des termes négatifs ( Neti-Neti) seulement, plus rapidement arriverez-vous à la fin de votre quête et vous réaliserez votre Être Illimité.
Comprenez bien, que sans le “Je Suis” il n’y a rien. Toute connaissance est à propos du “Je Suis”. Les fausses idées concernant le “Je Suis” mènent à l’esclavage, la véritable connaissance mène à la liberté et au bonheur. Le sens du “Je Suis” est vous-même. Vous ne pouvez pas vous en séparer, mais vous pouvez l’associer à n’importe quoi, comme en disant, je suis jeune, je suis riche et ainsi de suite. Mais rappelez-vous toujours, toutes ces auto-identifications sont manifestement fausses et la cause de l’esclavage.
Abandonnez toutes les questions sauf: “Qui suis-je ?”. Cette question n’attend pas de réponse dans le sens habituel où nous l’entendons, c’est-à-dire une réponse mentale, conceptuelle. Après tout, le seul fait dont vous êtes sûr est que “vous êtes”. Le “Je Suis” est certain, le “Je Suis ceci” ne l’est pas. Luttez pour trouver ce que vous êtes en réalité. C’est le “Je Suis” que vous aimez présentement, et, que vous aimez le plus. Donnez votre cœur et vos pensées au “Je Suis”, ne pensez à rien d’autre. Pratiquer cela, sans effort et naturellement est l’état le plus grand. En Lui, se trouve l’amour lui-même, l’amoureux et le bien-aimé réuni en Un.
Plongez profondément à l’intérieur de vous et accrochez-vous au “Je Suis”. En focalisant le mental jusqu’à sa dissolution sur le “Je Suis”, le sens “d’Être”, le “Je suis untel” se dissout. “Je suis uniquement un témoin demeure et cela également est submergé dans le “Je suis tout”. Puis le tout devient “Un”, l’Indivisible, l’Éternel.
Tournez-vous, agrippez-vous au “Je Suis” et laissez tomber tout le reste – ceci est la pratique du Nisargadatta Yoga. La concentration sur le “Je Suis” est une forme de méditation. Donnez votre entière attention individuelle sur la chose la plus importante dans votre vie – vous-même, dans sa dimension véritable.
Le Nisargadatta Yoga, ou Yoga de la connaissance et tel qu’enseigné par Nisargadatta Maharaj). consiste à se rappeler avec force de notre pur “sens d’Être”, de n’être rien en particulier, pas une somme de particularités, même pas la totalité de toutes les particularités, qui forment un univers. Il est juste de dire “Je Suis” mais non de dire “Je suis ceci”, “Je suis cela” est un signe de non-investigation, de non-examen, de faiblesse mentale, de léthargie ou d’auto hypnose.
Restez avec le “Je Suis” et rejetez tout le reste. Soyez content avec ce dont vous êtes certain, et la seule chose dont vous pouvez être certain c’est “Je Suis”.
Le “Je suis” est encore perceptible, alors que Le Soi ne l’est pas.
La Conscience est un attribut tandis que le Soi ne l’est pas, on peut être conscient d’être conscient, mais pas conscient du Soi.
Dieu est la totalité de la Conscience, (La Manifestation, La Vie , l’Univers) mais Le Soi est au-delà de tout – être aussi bien que ne pas être.”
Ceci est le Jñāna Yoga.