L’ultime Accomplissement

Recueil d’enseignements de Shri Siddharameswhar Maharaj

Publié aux éditions Éolienne

Siddharameshwar Maharaj était le maître de Ranjit Maharaj et de Nisargadatta Maharaj . Son habileté à guider le chercheur de vérité vers son but était tout à fait extraordinaire . Lors de ses satsangs, il commentait surtout le texte sacré du Dasbodh de Swami Ramdas qui était écrit en vers, mais aussi d’autres Écritures de philosophie de la non dualité comme le Yoga Vasishtha. Ses sermons étaient clairs et incisifs, et ce qui est d’une importance capitale, ils témoignaient de l’expérience de Soi .

Siddharameshwar Maharaj enseignait le chemin de la connaissance . Il disait que de voir derrière les pensées était la véritable méditation . Pour ce faire, il serait bien plus facile de comprendre le mental en premier lieu, comprendre comment il fonctionne et aussi pourquoi parfois il s’arrête, nous laissant dans une totale béatitude . Plutôt que de forcer le mental à être tranquille, si les raisons de son intranquillité étaient exposées, il s’arrêterait de lui-même .

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Extrait choisi :

Bien que le Soi suprême soit présent quand apparaît ce pur sattwa guna, il reste détaché de cet attribut, car il n’y a pas de triade en lui . C’est à cause de l’apparition du sat-chid-ananda (aussi appelé asti-bhati-priya) qu’il as- sume le rôle du témoin que l’on appelle alors Atma, Brah- man ou Ishwara . Mais quand il est en lui-même, le Soi n’a pas connaissance de lui-même . À moins qu’il ne se souvienne de lui-même, rien de différent de lui ne peut apparaître . Sans imaginer un autre objet, différent de lui- même, il ne pourrait pas y avoir un objet de méditation et cette triade ne pourrait pas se manifester .

Puis, quand le Soi témoin s’épanche un peu plus dans la manifestation, le sentiment d’être un individu s’élève . Alors, la pensée originelle immanente au Soi témoin de- vient le mental et ce mental, au lieu de conserver en lui cette pensée originelle “je suis Brahman” pense: “je suis la terre, le feu, le vent, l’eau, le corps, le mental, la pensée, l’ego, l’intellect etc” . Une multitude de pensées s’élèvent à la suite de cette pensée première “je suis” et le monde des formes diverses est créé .

Pour résumer, si nous devions décrire le Soi suprême (Parameshwara), le Soi du “je suis” (Ishwara) et le Soi limité de l’individu (jiva), nous pourrions dire que le premier n’a ni souvenir ni oubli . Le second (Ishwara) se souvient de lui-même (c’est la pensée originelle) . Le troisième est l’individu limité ou le mental qui imagine quelqu’un d’autre que lui-même . Ici le mental signifie les pensées multiples, il n’est pas la pensée primordiale du “je suis” .

Il importe aussi de bien comprendre ce qu’est le “non-mental” (unmana) . Ce n’est pas simplement l’arrêt des pensées multiples et contradictoires du mental . Le “non-mental” est à l’intérieur et en même temps au-de- là de la pensée originelle “je suis Brahman” qui apparaît quand on a dépassé les pensées contradictoires du men-

tal . Il s’agit du “sans pensée” (umana) et non pas de la pensée “je suis” non manifestée, immanente à chaque être et qui est le “connaître” . C’est cet inexprimable qui de- meure une fois que la pensée originelle du “je suis” est transcendée ; c’est l’état suprême !

Ainsi, la pensée originelle du “je suis” et “connaître” est le domaine d’Ishwara et le mental saturé de pensées contradictoires est le domaine de l’individu limité (jiva) . Aller au-delà de cette impulsion originelle du “connaître” est le Soi “sans pensée”, le domaine du Soi suprême (Pa- rameshwar) .

Pour dissiper toute confusion dans son esprit, le dis- ciple doit comprendre clairement qui est l’individu limité, qui est le Soi témoin et qui est le Soi suprême . Il doit bien discerner ce qu’est le “connaître”, le mental et le non mental (unmani) .

Le monde entier est créé, maintenu et détruit dans et par le mental . L’annihilation de ce mental est le retour à la pensée originelle “je suis” . Mais le support de cette pensée originelle de la connaissance est le Soi suprême et c’est devant lui que je me prosterne .