Conscience et Absolu – Puja

Visiteur : En suivant la voie de Maharaj, on pourrait exhiber un comportement en dehors des normes sociales.

Nisargadatta Maharaj : Le  comportement de qui?

Et considéré en dehors par qui ?

Tout ce qui est est l’essence es 5éléments. Cette essence ne va pas changer à cause de la perception consciente. L’essence des cinq éléments est ce sens momentané de la présence, en face de l’éternité.

Vous venez ici avec un sentiment d’amour et de respect pour moi; cela vous sera utile dans la mesure où vous pouvez me percevoir. Si vous continuez à me considérer (seulement) comme un individu, l’utilité s’arrête là, mais si vous me voyez comme je me vois et comme je vous vois, vous en bénéficierez d’autant plus. L’état véritable est ce qui existait avant l’arrivée de la conscience. Très peu atteindront cet état. La plupart d’entre vous ne veulent pas aller au delà de l’identification avec une entité, avec un corps.

Cette identification, changeante depuis l’enfance jusqu’à maintenant, et qui continuera de changer avec le temps qui passe, est purement saisonnière.

Vous vous identifiez à votre corps sur la base d’un ouï-dire. Vos parents vous ont dit que vous étiez né à une certaine date, et que ce corps, c’est vous. Sur la base de cet ouïe-dire vous avez donné à votre identité une certaine image. Vous pouvez penser que maintenant vous êtes des jñani-s et que vous êtes bien conscients de votre identité, mais le plus souvent ça n’est qu’une tromperie des sens. toute image que vous pouvez avoir de vous n’est rien qu’un concept.

Vous n’avez qu’à comprendre ce que vous êtes, et à continuer votre vie de tous les jours du mieux que vous pouvez.

Visiteur: Est-ce qu’on pratique les cérémonie d’offrandes, ( Puja). ici?

Nisargadatta Maharaj : Oui. Sauf que ici, le pratiquant est la conscience, et l’objet du culte est aussi la conscience.

Nisargadatta Maharaj

Le 7 mars 1981

Extrait de “Conscience et Absolu” aux éditions des deux Océans.

Conscience et Absolu – Darshan

Darshan Nisargadatta Maharraj

Nisargadatta Maharaj : Tout arrive dans la conscience basée sur le corps, et là seulement. Les personnes  ( les entités séparées) n’existent que dans la conscience basée sur le corps. La connaissance habituelle ne s’occupe que des choses en relation avec cette image du corps. Vous n’êtes pas le corps, vous êtes la conscience. Il n’y a pas la marque d’une personne, il y a seulement la conscience manifestée qui fonctionne. Cette conscience manifestée, dynamique n’a aucune conception que ce qui lui arrive est bon ou mauvais; quelque chose arrive, c’est tout. Personne n’est l’agent.

Le message “Je suis” est là. Le flot du mental est là aussi; il ne représente pas une personne, seulement la conscience. L’idée même que vous êtes le corps ( l’entité corps-esprit) est ridicule; il n’y a que la conscience qui fait l’expérience de sa manifestation ( qui est consciente d’elle-même à travers sa manifestation). Rares sont ceux qui vont saisir ce fait. pour un Jnãni, la vie dans le monde signifie le fonctionnement total de la conscience. Normalement, quelqu’un qui pense toujours que les autres sont des personnes ne va pas les concevoir simplement comme une expression, un fonctionnement de la conscience. Le jeu total de la conscience ne va pas descendre au niveau individuel ( et ne peut pas être saisi à ce niveau). Au niveau de la totalité,, c’est tout à fait différent, l’individu est seulement une manifestation de la conscience.

N’êtes vous pas le disciple d’un grand Sage? Il y a longtemps que vous allez le voir?

Visiteur : Sept ou huit ans.

N.M : Alors pourquoi venir ici?

V : Je voulais recevoir votre darshan, je voulais vous rencontrer.

N.M: Quand vous êtes ancré dans votre propre Soi, l’autre n’existe pas ( pas de dualité ou de séparation), vous êtes le tout. Si vous demeurez dans votre Soi vous êtes semblable à l’espace et il n’y a plus de dualité. Vous êtes aussi vaste et aussi subtil que l’espace, et  ça c’est la libération. Aucun nom, aucune forme ne  vous conditionnent. SI vous êtes semblable à l’espace, pourquoi aller quelques part? L’espace qui est ici est aussi partout ailleurs. la spiritualité n’est pas un jeu d’enfant. Mes paroles vont tailler en pièces les doutes de quiconque les entend.

Avant tout, demeurez dans votre Soi et allez au-delà, et en le transcendant vous réaliserez l’Ultime. les mots qui viennent d’ici ne sont pas une connaissance empruntée, celle qu’on trouve dans les écritures et autres livres; c’est de l’expérience directe, Nirupana. La pratique habituelle de ces gens qui font une profession de la spiritualité, c’est qu’ils répètent tels ou tels livres.

Vous devez comprendre absolument ce que vous êtes, ou ce que vous pourriez être quand il n’y a rien. Quand il n’y a rien, vous êtes toujours. Qu’est-ce que ce vous? ( Examinons les deux cas / Tout est un, et quand tout est, vous êtes aussi; ça se comprend; mais quand rien n’est, comment puis-je être? ( Si ce n’est  que en temps qu’Absolu: quand les qualités ne sont plus, il ne reste que l’être sans qualités, l’Absolu).

Nisargadatta Maharaj

le 19 juin 1981

Extrait de “Conscience et Absolu” aux éditions des deux Océans

Conscience et Absolu – disciplines spirituelles et illusion

illusion Nisargadatta Maharaj

Visiteur : Est-ce que l’on ne devrait pas se débarrasser de toute connaissance?

Nisargadatta Maharaj : Il faut d’abord être allé au bout de la conscience, la connaître dans sa totalité; alors on voit qu’elle n’est pas la réalité, et elle devrait se dissiper. Vous avez assisté à ces entretiens; maintenant, asseyez-vous et méditez: ” Ce que je viens d’entendre, est-ce vrai oui ou non?”. Alors vous arriverez à la réalisation que ça aussi il faut s’en débarrasser.

le principe qui est à même de décider si le monde est ou n’est pas, ce principe doit forcément être avant le monde. Ce principe qui décide de tout, si le monde est ou n’est pas, – qui le conçoit?

Quand je dis :”Parabrahman ( le suprême Absolu), vous dites que vous saisissez. Mais les mots ne sont rien qu’un outil pour communiquer. Est-ce que je me fais comprendre?

V : Le Jnãni sait que tout cela n’est qu’illusion, et qu’il n’y a pas de voie; mais si, dans l’illusion, on est convaincu qu’il y a une voie, qu’il ya une terre promise quelque part, alors est-ce qu’il est valable d’utiliser des techniques qui mènent à encore plus d’ illusion ?

N.M : Illusion, c’est un mot ou qu’est-ce que c’est?

V: C’est un mot qui représente un concept.

N.M : Et ça c’est aussi un mot , non?

V: Oui.

N.M: Alors  jusqu’à quand va-t-on chercher d’autres mots- illusion ???

 

Nisargadatta Maharaj

Le 18 novembre 1980

Extrait de “Conscience et Absolu” aux éditions des deux Océans

Conscience et Absolu – Individu et universel

Nisargadatta Maharaj conscience et Absolu

Visiteur : Pourquoi se fait-il qu’on se pense tout naturellement comme individus séparés ?

Nisargadatta Maharaj : Vos pensées sur l’individualité ne vous appartiennent pas en propre; elles sont collectives. Vous opinez que c’est vous l’individu qui a ces pensées; en fait, elles viennent de la conscience.

Quand notre spiritualité se développe, notre identification à l’individualité corps-esprit diminue, et notre conscience atteint la conscience universelle.La force vitale continue, mais ses pensées et ses actions ne sont plus limitées à un individu. Elles deviennent une expression du tout. C’est comme le vent : il ne souffle pour personne en particulier.

V: En tant qu’individu, puis-je retourner à la source?

N.M : Pas en tant qu’individu; la connaissance “Je suis” doit retourner à la source.

La conscience s’est identifiée et déterminée dans une forme particulière. En suite, elle réalise qu’elle n’est pas cette forme, et elle progresse. Dans certain cas, elle peut atteindre l’espace, et très souvent elle s’arrête là. Très rarement, elle remonte à sa vraie source, au delà de tout conditionnement.

Il est difficile de ne pas se laisser aller à cette tendance à ramener le Soi ( universel) au corps-esprit individuel. Quand je vous parle, je ne parle pas à un individu; je parle à la conscience. C’est elle qui doit remonter à sa source.

Au début, il y a le non-être. Puis, l’être en sort, aussi doucement que vient le crépuscule, avec juste une sensation de ” Je suis”, et soudain l’espace est là. L’espace permet le mouvement, qui se manifeste  par l’air, le feu, l’eau et la terre. Ces cinq éléments sont vous. C’est votre conscience qui a tout fait. Il n’y a pas d’individu, il a vous, c’est-à- dire le fonctionnement du tout, la conscience en acte.

Vous êtes cette conscience, tous les attributs de la Divinité sont aussi les vôtres, mais vous vous cramponnez au corps-esprit, et ce faisant vous vous laissez aller au temps et à la mort – vous vous l’imposez à vous-mêmes.

je suis l’univers tout entier. Je n’ai besoin de rien, puisque jesuis tout. Mais je me suis niché dans du tout petit, dans un corps; je me suis limité à un fragment, et maintenant j’éprouve le manque, un corps a besoin de tant de choses.

Sans le corps, est-ce que vous existez, est-ce que vous avez existé? Sans le corps, est-ce qu’il y a, est-ce qu’il y a eu quelque chose? Retournez à cet état d’avant le corps.Votre véritable nature est présente, elle est libre, mais vous la cachez, en vous imaginant toutes sorte de choses.

Nisargadatta Maharaj

Le 8 novembre 1980

Extrait de “Conscience et Absolu” aux éditions des deux Océans

 

 

Ni Ceci Ni Cela – Maha-Vakya

Nisargadatta Maharaj Maha-Vakya

Nisargadatta Maharaj : Je ne suis pas intéressé par les miracles s produisant à l’extérieur, seulement par ceux qui se produisent en moi.

Dans mon état originel de non-savoir j’ignorais l’être, et tout d’un coup ce sentiment d’être  a spontanément été ressenti. C’est le premier miracle. Puis, en un éclair, j’ai découvert cet immense univers manifesté et aussi mon corps, plus tard j’ai compris que cet univers s’et uniquement manifesté dans cette trace d’être initiale.

Pourquoi n’êtes-vous pas attirés par ces miracles? Beaucoup de miracles se produisent, plus étonnant les uns que les autres, mais que pensez-vous de ceux-ci? Jerépète: au début il n’y avait pas de message “Je suis” et il n’y avait pas non plus de monde. Instantanément le message “Je suis” et ce monde vaste et magnifique se sont manifestés à partir du vide, du rien! N’est-ce pas stupéfiant?

Ce message” Je suis” n’est autre que la Vérité éternelle dressant un  panneau publicitaire ( d’elle-même). Il en est de même pour les noms, les titres et la forme des prophètes, sages ou Mahatma-s, ils ne sont qu’annonces et portes-paroles proclamant le m^me principe. C’est comme lorsque vous  préparez un grand nombre de plats: galettes, beignets, quenelles. Chacun possède un aspect et un nom différent mais le blé seul est leur base commune.

Pour me stabiliser dans ce principe éternel mon Guru m’a initié en prononçant les mots sacrés “Tat Tvam Asi”, qui signifient ” Je suis Cela”. À partir de cet instant j’ai définitivement perdu tout intérêt envers les affaires du monde. Ces mots sacrés sont appelés Maha-Vakya, il s’agit d’une profonde affirmation chargée d’une signification sublime.

Visiteur: Que veut dire “Je Suis Cela”?

Nisargadatta Maharaj: le mot ‘cela’ se réfère à l’ensemble de la totalité.

Visiteur: Est-ce possible d’avoir un semblant de connaissance de cet état au travers  des expériences effectuées dans le monde grâce au corps?

Nisargadatta Maharaj:  Certainement pas, je parle d’un état sans expériences effectuées dans le monde grâce au corps?

Nisargadatta Maharaj: Certainement pas, je parle d’un état sans expérience. Avant les expériences quel était mon état? Qui à ce niveau étai susceptible de répondre? Ce point doit être intégralemment compris.

Dans cet état éternel primordial je ne possédais aucune information sur moi-même. A présent une forme associée à cette information” Je suis m’est imposée et vous  voulez des détails sur cet état et un nom à lui donner…! S’il le faut appelez-le Para-Brahma ou Para-Atma, mais à qui ce nom est-il accordé? A ce Moi sans forme et ne disposant d’aucune information le concernant!

Vous vous prenez pour quelqu’un de sage, de spirituel, mais vous posez-vous la question du comment et pourquoi vous vous trouvez dans cet état relevant de l’expérience?

Attardez-vous là dessus, investiguez!

Nisargadatta Maharaj

16 Janvier 1980

Extrait de “Ni Ceci Ni Cela” aux éditions des Deux Océans

Ni Ceci Ni Cela – un diamant

diamant nisargadatta Maharaj

Nisargadatta Maharaj:

En transcendant cet état “Je suis” l’absolu prédomine et il est alors appelé Para-Brahman, tandis que la connaissance “Je suis” porte le nom de Brahman. Ce savoir “Je suis”, cet être, est Brahman et il s’agit d’un état illusoire. Il en découle que lorsque Brahman est transcendé seul le Para-Brahman subsiste, para-Brahman dans lequel il n’y a pas trace de la condition “Je suis”, c’est-à- dire de l’être.

Lorsque ces trois états, sommeil profond, éveil et connaissance ne sont plus, l’être peut-il subsister? Non. Pourquoi…? Y a-t-il un besoin quelconque d’êtreté dans l’état Para-Brahman? Pourriez-vous tirer un bénéfice quelconque du soleil, de la lune ou de étoiles? L’être est le manteau de l’illusion étendu sur l’Absolu. Autrement dit, l’être – qui est le concept premier, primordial,” Je suis” – est en lui-même  le principe d’illusion. Cette touche de ” Je suis” elle-même est illusion  bien que vaste et innombrable.

Ce monde manifesté est le jeu dynamique des cinq éléments entre eux. Au sein de cette immensité, il n’y a pas place pour un individu. Un diamant rayonne la lumière tout autour de lui, il est pur rayonnement.

Dans la méditation profonde vous pourrez constater cela. Tout comme l’éclat du diamant rayonne dans toutes le directions, le monde manifesté irradie à partir de Vous, il est votre propre splendeur.

Nisargadatta Maharaj

15 Janvier 1980

Extrait de “Ni Ceci Ni Cela “ aux éditions des deux Océans

Ni Ceci Ni Cela – la connaissance ultime

Nisargadatta connaissance ultime

Nisargadatta Maharaj: Vous êtes venu ici souhaitant entendre confirmer vos convictions personnelles. beaucoup de ceux qui viennent ici présument posséder de hautes connaissances et pourtant, d’emblée, je sais qu’ils ne savent rien. Je leur demande de s’asseoir tranquillement et d’écouter ce qui est dit. Spontanément, automatiquement tous leurs doutes seront dissipés.

Beaucoup aussi viennent ici en m’apportant des cadeaux, c’est une vraie maladie! Je suis totalement en dehors de tout cela, comme également de toutes ces disciplines physiques et spirituelles, des rituels que l’on vous a recommandés. Je me suis toujours tenu à l’écart des conditionnements.

Quelqu’un m’a apporté ce tapis de Chine qui vaut plus de quatre mille roupies. il ne représente rien pour moi, je l’utilise , c’est tout. De même je ne suis nullement concerné par cette soi-disant naissance qui m’a été imposée. L’être est expérimenté ou utilisé mais je ne suis pas plus cet être que je ne suis ce tapis. Les personnes visitant cet endroit se jettent à mes pieds par respect, mais ce respect honore cette qualité d’être, moi ( en tant qu’Absolu) suis inapprochable. Celui qui observe l’apprition et la disparition de l’être la perçoit sans yeux et ce simple témoin n’est aucunement relié à ce royaume de l’être.

Toutes ces connaissances spirituelles tellement recherchées relèvent du royaume de l’être et un jour s’en iront comme un invité fatigué. La question qui se pose est où, quand et comment obtiendrez-vous la connaissance ultime?

Visiteur : Mais qui possède la connaissance ultime?

Nisargadatta Maharaj : Personne ne la possède. La connaissance”Je suis” n’est pas l’état Absolu. Cet être comprenat les trois Gunas reçoit les titres divins de Brahma, Vischnu et Mahesh (Shiva), la combinaison de ces trois dieux est adorée et louée par des rites et des hymnes. Mais malgré leur préséance ces trois grands dieux s’effacent et se résorbent au coeur d’un sage appelé Jnani, c’est à dire ayant atteint l’ultime. L’état de Jnani transcende le temps et les plus sublimes extases. Cet état a reçu le titre de Para-Brahman, Para -Atman. ( au-delà de Brahman, d’Atman; qui ‘transcende’ Brahman ,Atman).

Après avoir lu de nombreux livres traitant de spiritualité les gens se disputent, à quoi cette lecture leur a-t-ell servi? Toutes ces discussions et contradictions se déroulent au niveau de l’être et Vous, l’ultime, n’êtes pas l’être.

Nisargadatta Maharaj

15janvier 1980

Extrait de “Ni Ceci, Ni Cela” aux éditions de deux Océans.

Ni Ceci Ni Cela – Peur de la mort

peur de la mort Nisargadatta maharaj

Nisargadatta Maharaj :  Je n’accuse personne d’être un individu, c’est vous-même qui vous  identifiez à cette individualité. la peur de la mort vous empêche de vous transcender au sein de l’être.

Visiteur: Le faux seul souhaite persévérer dans la fausseté.

Nisargadatta Maharaj: “Je”, en tant qu’Absolu, n’a rien a voir  avec le “je” personnel. Le “je” personnel ne peut donc pas tolérer cet état d’être impersonnel, il a trop peur de mourir. Cet immuable, éternel” Je”, l’Absolu, n’a aucune peur de la mort.

Ce que vous voulez soutenir, nourrir et prolonger grâce à cinq matières élémentaires n’est pas vous. C’est parce que vous vous identifiez à quelque chose d’irréel qu’existe la peur de la mort. Vous, Absolu, n’êtes pas le “vous” personnel. Comprenez-le une fois pour toute. Vingt-quatre heures par jour l’entité personnelle” vous” est nourrie, observée, protégée de manière à ce qu’elle dure et se prolonge. Autrement dit vous regardez, nourrissez, conservez, protégez ce qu’en fait vous n’êtes pas.

Visiteur: Quand vous vous trouvez face à fce vec un lion il n’y que deux alternatives : vous échapper ou accepter de vous laisser manger.

Nisargadatta Maharaj: Il y a une troisième alternative: faire peur au lion! Puisque de toute façon dans les deux premiers cas le lion vous sautera dessus et vous tuera, pourquoi mourir de peur comme un lâche? Attaquez courageusement le lion et brisez-lui quelques dents !

Celui qui a peur du temps devient la proie du temps, mais c’est le temps qui devient la proie de celui qui ne le craint pas. Celui qui transcende le temps, l’être et ses attributs, se dissout dans l’Absolu. Un Jnani est au de là du temps, des éléments et des émotions.

Visiteur: Il nous faut être très prudent et ne pas nous représenter comme vrai tout ce qui demeure lié au temps.

Nisargadatta Maharaj: Vous vous considérer comme un Jnani, pourtant vou êtes bourré de convictions et de complications. la peur du temps est semblable à la peur d’un enfant qui n’est pas né!

Visiteur: Je n’ai jamais prétendu me considérer comme un Jnani!

Nisargadatta Maharaj: Le temps est l’enfant d’une femme stérile. (Maharaj désigne alors le visiteur et son voisin). Vous êtes tous deux d’éminentes personnalités ayant une réputation de spiritualité et vous êtes venus ici bien armés pour m’attaquer. Mais je vous le dis, vous n’arriverez pas à me trouver !

Pourquoi n’ai-je pas peur du temps? Parce que même la dissolution de cet univers, le Brahman, ne peut pas me détruire. Avant, pendant et après la dissolution, moi l’Absolu prévaudrait toujours, intact, intangible et immuable. En mourant quelle sera votre identité? Si vous considérez votre mort comme certaine pourquoi endurer une mort dégradante plongée dans la peur? Mourez noblement, honorablement et avant cette mort devenez le plus haut , l’infini!

Nisargadatta Maharaj

Le 14 janvier 1980

Extrait de “Ni Ceci Ni Cela” aux éditions des Deux Océans

Ni Ceci Ni Cela – Mul-Maya

mul-Maya Nisargadatta maharaj

Nisargadatta Maharaj : Si vous voulez absorber l’essence de ce qui est dit dans le recueil “Je suis”, plongez-vous dans une profonde méditation et vous, en tant qu’état manifesté, abîmez-vous dans le non-manifesté. Là se trouve sa signification ultime.

Quelle que soit l’expérience que je peux avoir du monde et de Dieu, elle n’est aucunement liée à une faveur ou une grâce spéciale de Dieu envers moi. L’expérience ne relève que de moi-même, elle est due à l’état où je me trouve. Si je n’ “était” pas, je n’aurais jamais eu cette expérience. Je prédomine, je prévaudrai toujours. C’est par mon être que je fais l’expérience du monde. Je perçois clairement l’unité de l’enseignement de trois grands sages (Acharyas) que sont Shankara, Madhava et Ramajuna.

L’ensemble de la création s’exhale de Mul-Maya, l’illusion primordiale, et de son chant secret. Toutes les paroles, tous les mots, tous les qualificatifs se rapportent à cette émanation. De même toutes ces images ne sont que l’expression, le bavardage de quelqu’un . Ces images sont issues de la conjugaison, de la relation amoureuses de deux êtres.

Cette êtreté est nommée Dieu. L’état divin est la dualité. C’est la manifestation toute entière, c’est mon état lorsque je fais l’expérience de quoi que ce soit. Mais mon état non-manifesté, lui, n’est pas duel, au sein de cet état non-manifesté, lui, n’est pas duel, au sein de cet état il n’y a  ni expérience, ni manifestation. Moi, Absolu, ne suis pas l’état “être”.

Malgré tout votre savoir spirituel vous n’êtes pas enclin à abandonner les expériences du corps et de l’intellect. Il suffit pourtant de ne plus vous identifier à ce niveau pour transcender votre état actuel et il ne subsistera plus que l’être. Ensuite vous transcenderez également l’être pour demeurer au pinacle, au plus haut. mais vous espérez vous plonger dans l’être et ensuite dans le non-être tout en conservant cette personnalité soumise au corps-intellect … c’est une impossibilité!

Nisargadatta Maharaj

14 janvier 1980

Extrait de “Ni Ceci Ni Cela “ aux éditions des deux Océans

Ni Ceci Ni Cela – Jnana Yoga

Jnana Yoga Nisargadatta

Visiteur : je m’efforçais de suivre un chemin permettant à l’être d’expérimenter le non-être, au manifesté d’absorber le non-manifesté. Je vos maintenant que la première étape est de bien comprendre qu’il s’agit d’une impossibilité.

Nisargadatta Maharaj : C’est ce que je suis entrain de vous dire! Il vous faut pratiquer de profondes méditations. L’être doit s’immerger  totalement dans le non-être. Chaque jour vous vous débarrassez de vos inquiétudes, de vos tensions et vous vous oubliez vous-même, vous tombez dans le non savoir, dans une détente totale. C’est ainsi que l’être doit se perdre dans le non-être.

Quand le Jnana Yoga est suivi correctement l’être se dissout graduellement et devient  non-être. Dans le sommeil profond, spontanément l’être commence à se mouvoir : un rêve se déroule. Dans la méditation profonde il en est de même, toute la sagesse dont vous aurez besoin vous sera spontanément révélée. Bine qu’ayant compris tout cela et pris conscience de l’irréalité du monde manifesté vous conservez malgré tout vote individualité. L’état “être” est l’état de l’ensemble de la manifestation, il n’est pas individuel. Il est composé de cinq éléments, trois Gunas et Prakriti – Purusha, le principe  masculin et féminin. Puis  cet état d’être  se dissout dans le non-être.

Voilà pourquoi j’appelle le processus que je préconise le Jnana Yoga ou Atma Yoga, qui consiste à demeurer en Soi, à se stabiliser dans sa véritable nature. Vous pouvez parler de Hatha Yoga ou de tout ce que vous voudrez, quand le non-être devient l’état “être”, l’univers (incluant tout ce qui  existe) vient au monde. En ce qui me concerne je suis devenu un avec l’être en suivant les directives de mon Guru, ce qui signifie avoir la juste vision de n’être rien d’autre que l’ensemble de cet univers dynamique. Lorsque la personne est transcendée il reste uniquement l’être manifesté et alors le non-manifesté se révèle.

Nisargadatta Maharaj

14 janvier 1980

Extrait de “Ni Ceci Ni Cela” aux éditions des deux Océans