Graines de Conscience – les trois miracles

nisarrgadatta graines de conscience

La connaissance de l’être est apparue et elle disparaîtra. Celui qui observe cette apparition et cette disparition de l’être le fait sans le recours de l’oeil physique, et ce témoin est sans rapport avec le royaume du “je suis” ou l’être.

Le monde en sa totalité est le corps de l’être, le jeu de l’être. Prenez pour exemple l’écran de télévision où vous pouvez observer divers paysages. Que vous y voyez des rochers, des arbres, ou l’océan, ce n’est jamais que le jeu de la lumière. Le monde manifesté est de la même manière le jeu de l’être. Qui, à l’écran, joue le rôle d’être humain, de rocher, de montagne, et ainsi de suite? La lumière uniquement. Une fois que vous aurez compris cela, quand vous entrerez dans la quiétude, vous comprendrez que de multiples univers  s’amusent dans la petite cellule de l’être.

…/…

Je ne m’occupe d’aucun miracle en dehors des trois qui sont en moi. Le premier est que j’ai la faculté de voir le monde; le second est que le monde est contenu dans cette minuscule graine de conscience que je suis; le troisième est l’apparition de l’être à partir du non-être. Réfléchissez à ces trois miracles.

“Tout ce qui est ,est vous.”Ce sont les paroles qui m’ont été donné par mon Guru. Depuis ce jour-là, j’ai dirigé toutes mes recherches vers l’intérieure de moi-même. Il est certain que moi, qui fait l’expérience du monde, je suis antérieur à celui-ci. Quand j’aperçois une chose et dis que je la comprends, ce que je fus avant de revêtir ma forme actuelle doit être là pour me permettre de la comprendre. S’il vous faut le nommer, appelez-le Dieu, Ishwara – les noms importent peu. Qui a donné ces noms? moi.

Nisargadatta Maharaj

14 janvier 1980

Extrait de “graines de Conscience” aux éditions des deux Océans

Graines de Conscience – Māyā originelle

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Nisargadatta Maharaj : De la perspective d’où je vous regarde vous n’êtes rien, vous n’avez pas d’identité. Maintenant, si vous pensez avoir une identité, vous pouvez repartir dans le monde, emportant avec vous la connaissance que je vous ai donnée jusqu’ici.

L’illusion originelle, qui est avant l e verbe, ne s’arrêtera pas d’agir. Vous ne pouvez pas la faire disparaître – elle doit se perpétuer. Ce que vous pouvez faire disparaître sont les illusions qui en découlent, non pas l’illusion originelle.

L’illusion originelle se maintiendra. Vous verrez l’herbe pousser, l’eau couler dans les rivières, les vagues agiter l’océan et ainsi de suite. C’est la Māyā originelle, et vous ne pouvez pas l’arrêter, elle continue la nature même de l’illusion. La Māyā originelle n’a ni couleur, ni forme, ni quoi que ce soit. Vous ne pouvez pas l’imaginer.

Cette connaissance vous est-elle de quelque utilité? Grâce à. elle vous pourriez devenir considérablement riche, mais qui en bénéficierait? Après votre mort, votre fortune se partager entre vos enfants et le percepteur. Toute chose est d’ordre public, non personnelle. Votre connaissance ne restera pas personnelle, elle est destinée aux autres. Si à votre mort vous comprenez ce que vous êtes, que vous n’avez jamais été un individu, c’est suffisant. N’ayez pas le sentiment d’être un individu, et ne croyez pas que vous pouvez faire quoi que ce soit par vous-même. Il n’y a pas d’individualité.

Quoi que vous acquériez, vous voudrez le préserver, mais cela ne vous sera d’aucun réconfort. Vous n’allez plus jamais revoir le monde, ainsi vos acquisitions seront utilisées par d’autres, non par vous. Essayez en cet instant même, de saisir ce qu’est la conscience.

Votre survie dépend de la force que  retire votre corps de la nourriture qu’il absorbe, et l’essence de cette nourriture et du corps de nourriture (physique) lui-même est la conscience “Je suis”.

Nisargadatta Maharaj

11 janvier 1980

Extrait de “Graines de Conscience” aux éditions Aluna

Graines de Conscience – Samadhi

Sahaja samadhi Nisarrgadatta

Visiteur: Quand je médite, mon activité mentale est insignifiante; il n’y a que conscience, un état de calme profond. Cet état présente-t-il un lien avec la progression versle “Je suis”, ou n’est-ce simplement qu’un autre état de conscience?

Nisargadatta Maharaj: Ce calme existe quand votre être est au repos. Tout comme vous êtes venu en Inde sans oublier que vous êtiez australien, ainsi vous ne devez pas oublier que vous êtes. Êtes-vous convaincu d’ëtre?

Visiteur: Intellectuellement , oui.

Nisargadatta Maharaj: Laissez de coté l’intellect. Je vous demande si vous en avez la conviction. Vous savez que vous n’êtes pas le corrps, pas l’esprit,et pas  le nom qui vous a été donné. Vous êtes la conscience et elle est sans forme. Vous êtes un homme à cause de votre identification au corps. Lorsque vous ne vous identifiez pas au corps, à quel sexe appartenez-vous? Après avoir quitté le corps, le souffle vital et le “Je suis” se fondent l’un et l’autre dans le substrat sous -jacent. À ce moment là, où est l’homme, où est la femme?

Visiteur: Devrions-nous méditer là-dessus?

N.M : La méditation est indispensable. Pendant la méditation, entretenez sans cess ce concept : je ne suis pas le corps-mental, je ne suis que la connaissance rayonnant du Soi.

V: Qu’est-ce que le samadhi?

N.M : La satisfaction, quand vous atteignez un objectif, vous avez un sentiment de satisfaction. Vous cherchez un profit et quand vous l’obtenez vous êtes satisfait.

V: Le samadhi n’est d’aucune aide pour la compréhension du Soi?

N.M: L’état de satisfaction dans le samadhi et le Soi sont une et m^me chose. Quand vous étiez sans corps, il y avait pleine satisfaction.

V: La satisfaction éprouvée dans le samadhi est-elle une pleine et entière satisfaction?

N.M: Elle signifie que vous êtes objectivement content  que la qualité de l’essence de nourriture existe. La connaissance qui est une des qualité de l’essence de nourriture, a cédé la place à la satisfaction.

Tous les sages vous disent d’adorer votre propre Soi, mais cela est souvent mal compris. les gens adorent Rama ou Khrisna, ou quelque autre dieu. Cependant, c’est l’adoration de ces dieux qui permet à votre Soi de germer.

Après avoir entendu les paroles des sages, le chercheur concentrera son attention sur le Soi. Il fera face à ses obligations courantes, mais son attention sera dirigée sur le Soi. Il ne sera prisonnier d’aucune d’elles. Grâce à ce processus, il s’approchera peu à peu du Suprême, de l’Absolu. Profitez pleinement de la présence du Jnãni, du Guru ou du Sage que vous rencontrez, mais comprenez aussi ce que vous êtes. Affermissez-vous dans le Soi.

Du fait de mon ignorance, j’ai dépendu du mental pendant longtemps. Le mental était mon Guru, il me dirigeait et me guidait. Aujourd’hui, je comprends que le mental n’est pas moi, qu’il est séparé de moi ; dans ce processus je suis différent du corps-mental. Si demain mon corps m quitte, il ne m’arrivera rien.

V: En écoutant parler le Guru, quel doit être notre attitude?`

N.M : Il convient d’être extrêmement réceptif, aimant, humble et s’abandonner entièrement à lui.

V: Combien de temps doit-on rester avec le Guru?

N.M :Vous devez restez avant tout avec votre Soi, le Soi est le Guru. La foi dans les paroles du Guru doit être une foi vivante; les pensées peuvent aller et venir, mais la foi doit rester intacte. Demeurez dans le “Je suis”; le faisant, vous serez un avec le Guru Manifesté. Le Sat Guru est celui qui est témoin de l’apparition et de la disparition du Guru qu’est le “Je suis”. Sat Guru veut dire qui a sa demeure dans l’Absolu. Au départ, vous avez besoin de quelqu’un qui soit un Sat Guru. Ceux à qui il tarde de découvrir la Vérité rencontrerons obligatoirement un Sat Guru sur leur chemin.

Dans mon état originel, je n’ai ni forme, ni pensée. Je ne sais pas que je suis, puis soudain apparaît en moi un autre état où j’ai la forme et la pensée ” je suis”. Comment cet état est-il apparu? Celui qui peut expliquer ces manifestations est le Sat Guru.

:Nisargadatta Maharaj

Le 9 octobre 1979

Extrait de ” Graines de Conscience” aux éditions des deux Océans.

Graines de Conscience – la Maya primordiale

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Nisargadatta Maharaj : Qui est l’auteur des inventions merveilleuses du monde contemporain dans les domaines mécanique et technique ? L’enfant avait en lui la potentialité de toutes ces connaissances; la matière dont il a eu besoin lui a entièrement été fournie par les cinq éléments, mais ce qu’il a réalisé grâce à cette matière est tel que vous le voyez aujourd’hui dans le monde. L’ignorance qui est née de la matrice maternelle  donne naissance a tellement de connaissances.

Où Arjuna a-t-il vu la grande forme universelle que le Seigneur Krishna lui a montré? Dans la conscience atomique contenue dans son Coeur. Quiconque a agi comme Krishna et Arjuna, vous l’êtes.`

Visiteur: Cela me plaît.

N.M : Ëtes-vous prêt à accepter ce que je viens de dire?

V : Oui.

N.M: Il n’existe pas de Dieu séparé qu’il s’agit de se concilier en sorte qu’>Il fass les choses selon notre volonté. La connaissance “Je suis” vous est donnée sans que vous ayez à faire quoi que ce soit. Courage, bravoure, conviction d’être illimités, voilà ce qu’est Ishvara, ce que vous êtes. Je vous donne des indications sur votre être qui est sans commencement, mais vous préférez rester dans votre enveloppe simiesque. Vous n’êtes pas disposé à la quitter.

Quel objectif, quel dessein est le vôtre? Celui de préserver votre individualité, votre personnalité, de satisfaire vos besoins.

Cette femme est venue me voir pour qu’elle et toute sa famille puissent jouir d’une bonne santé. C’est là tout ce qui l’interesse, la connaissance du Soi n’est pas son objectif. La famille obtiendra ce résultat mineur, mais l’Ultime, le résultat. capital ne sera pas obtenu.

Dans ce monde, aucun être ne naît, ne vit ni ne meurt. Il n’y a rien de la sorte; tout n’est que jeu se passant dans la Conscience.

V: Ceux qui croient en Dieu, que leur arrive-t-il après la mort?

N.M : Ils meurent paisiblement. Ils voient Dieu venir vers eux puis  s’éteignent.

V: Que pensez-vous des concepts du ciel et de l’enfer?

N.M: Tous les concepts que l’on entretient prennent forme.

V: Comment les concepts peuvent-ils se perpétuer en l’absence du corps de nourriture?

N.M: Le “Je suis” ne s’éteint pas tout de suite; il subsiste un certain temps sous la forme du corps subtil. La forme physique n’est plus, mais les désirs logés dans le corps subtil ne sont pas encore dissous. La conscience demeure jusqu’à l’extinction de la dernière particule d’essence de nourriture. Le Seigneur Krishna a dit:” J’ai hissé les multiples êtres au sommet de la machine de l’illusion; c’est la force mécanique qui les fait tourner.” Cette force motrice , c’est Maya ( “Je suis” ou  encore “J’aime”).

La nature de cet amour est l’avidité, l’intense désir d’être, la force puissante d’attirance pour être. Nous sommes si passionnément épris de la vie.”J’aime être” est la Maya primordiale.`Que ce principe ait revêtu cet aspect-là, est le miracle suprême; seulement vous, vous l’aimez et le prenez pour vous, et vous le limitez au corps.

Maintenant il est temps d découvrir l’identité du principe qui a revêtu la forme.

 

Nisargadatta Maharaj

22 octobre 1979

Extrait de “Graines de Conscience “aux éditions des deux Océans.

Graines de conscience – vos idées vous enchaînent

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Nisargadatta Maharaj : Toutes vos idées vous enchaînent. Une fois que vous aurez compris que la connaissance n’existe pas, qu’elle n’est qu’ignorance, vous serez au niveau qui convient.

Vous pensez que je détiens la connaissance, mais ce n’est là qu’une idée. Pour parler franchement, je n’ai de connaissance d’aucune sorte. Cela est au delà de votre imagination, Cela n’a pas d’attributs. Cela n’est absolument pas imaginable.

Sans la connaissance, je suis vraiment très heureux. Quand est entretenue l’idée “J’ai toute la connaissance”, celle-ci croît de jour en jour, mais cette connaissance ne donne ni paix, ni plaisir d’aucune sorte. la connaissance tournoie violemment autour de moi avec nombre de ses attributs, mais je ne suis pas la connaissance. Il est communément  dit à l’homme qu’il est de son devoir d’acquérir la connaissance, mais un jour il comprendra qu’elle est parfaitement inutile pour parvenir au but ultime.

Nisargadatta Maharaj

31 aout 1979

Extrait de “Graines de Conscience “ aux éditions des deux Océans

Commentaires : La connaissance dont il s’agit ici , n’est pas la connaissance de Soi, non duelle sans sujet, ni objet, mais la connaissance d’accumulation de savoirs, d’idées , de concepts fussent-ils spirituels. Nisargadatta tirait toujours ‘ la carpette sous les pieds de ses visiteurs”, pour leur faire lâcher leur savoir, leur  concepts qui leur donnaient l’impression rassurante d’ être dans le vrai, le juste. Nisargadatta souhaite nous libérer de  l’emprisonnement et la limitation générés par cette appropriation et identification à nos idées ( connaissances). La Vérité n’est pas du domaine des idées, mais toute entière offerte pour celui qui les a abandonnées. Elle est antérieure au mental.

Inédits – méditation

méditation Nisargadatta

Nisargadatta Maharaj : C’est au-delà de la portée de vos pensées. Vous ne pouvez pas penser à votre Soi. Gardez vos pensées de côté.

Visiteur : Avec quoi est-ce que je fais l’expérience ?

Mullarpattan ( le traducteur): C’est un ressenti.

Visiteur : Où se trouve ce ressenti ?

Mullarpattan : Les mots ne vont pas vous transmettre ce que vous êtes. Vous êtes assis ici, vous savez que vous l’êtes, c’est très subtil – vous devez vous tenir avant le mental.

Visiteur : Rien ne peut être appréhender de tout ceci si le corps n’est pas là. C’est l’enseignement le plus élevé ici. D’où provient cet enseignement ?

Nisargadatta Maharaj : Il est partout. Je ne suis qu’un porte-parole… comme les ondes radio sont partout, mais seulement quand vous avez une radio, elle se transforme en son. C’est latent partout, même dans les matériaux inertes, mais en imprégnant progressivement le corps, cela devient mature, et se manifeste soudainement. Ce n’est pas quelqu’un qui parle. C’est la nature, dans sa spontanéité.

Visiteur : Pour rester centré sur ‘cela’, y a-t-il une méthode ?

Nisargadatta Maharaj : Il existe une multitude de méthodes, mais je n’en donne qu’une seule. Je vous le dis – ayez connaissance de votre existence – à l’exclusion de tout. Soyez juste. C’est la seule méthode. Pourquoi voulez-vous commencer telle ou telle pratique ?

Visiteur : Je sais que “je suis”. Mais cela fluctue.

Nisargadatta Maharraj : Qui a connaissance de ces changements ?

Visiteur : ‘Quelque chose’ qui reste tranquille. Des fois, je suis plus tranquille qu’à d’autres moments.

Mullarpattan : Cela signifie qu’il y a un principe qui est témoin de toutes ces variations de quiétude.

Reculez, reculez encore, allez derrière. C’est là aussi très silencieux. Vous êtes en dehors de cette quiétude . Vous  êtes alors le témoin cette tranquillité.

Visiteur : Je suis silencieux…

Mullarpattan : Vous dites “je” suis silencieux – qui dit “je suis calme ?”

Visiteur : Cela est calme.

Mullarpattan : Qui dit que Cela est calme ? Qui vous a parlé de Cela ?

Visiteur : J’avance encore vers cette tranquillité.

Nisargadatta Maharaj : vous observez la quiétude. Vous êtes toujours là. Soyez juste ce ‘vous’.

Visiteur : je ne fais plus attention au corps. Il me semble que je prends conscience que j’évolue vers la quiétude.

Nisargadatta Maharaj : Très bien.

Visiteur : Ce que je recherche, c’est la quiétude. Y a-t-il une approche nécessaire pour y arriver ?

Mullarpattan : Viendra un état où il n’y aura plus vous d’un coté, et une tranquillité de l’autre.

Visiteur : En attendant, j’observe ce mouvement vers la tranquillité.

Mullarpattan : Oh, oui, cela doit être pratiquer longtemps.

Alors la connaissance véritable va germer en vous. Tout ce qui est nécessaire sortira de vous.

Visiteur : La connaissance est alors silencieuse. Je suis juste témoin du silence ?

Mullarpattan : Oui.

Nisargadatta Maharaj : Vous pouvez y aller. Vous avez reçu votre diplôme.

Mullarpattan : Restez dans cet état.

Visiteur : Si je le suis et que je sais que je le suis, alors pourquoi dois-je me lancer dans une méditation formelle. Je sais que je le suis tout le temps, alors à quoi sert la méditation ?

 

Nisargadatta Maharaj : L’avez-vous pleinement réalisé ? Cet enseignement est destiné aux personnes mûres. Pour le moment, vous le comprenez grâce à votre intellect. Ce n’est pas encore vous.

Décembre 1980

Retranscription par Jean Dunn, d’un entretien entre un visiteur, Nisargadatta Maharaj et K.S Mullarpattan, un de ses fidèles traducteurs.

Inédits – Conscience et Absolu

Nisargadatta Maharaj Jean Dunn

Nisargadatta Maharaj : Les gens s’intéressent habituellement à l’apparence du corps, ils oublient que ce qui apparaît n’est que l’enveloppe extérieure et que ce qui est important, c’est ce qui donne la capacité de sentir à cette enveloppe extérieure. Lorsqu’on comprend que le corps n’est pas soi-même, on perd alors le sentiment d’individualité et on se fond dans la manifestation totale. Il n’y a pas de soi et d’autre.

Lorsque l’on comprend cela et que l’individualité est perdue, alors tout ce qui se passe dans le monde est réalisé comme étant simplement un fonctionnement qui est vu. Il n’y a pas d’implication. En ce qui me concerne, il y a beaucoup de souffrance. Ce qui se passe, c’est que l’on est témoin de cette souffrance et je suis pleinement conscient que ce qui souffre n’est pas mon Soi.

Ce qui est apparent et présent disparaîtra et ce qui est absent (absent parce qu’il n’est pas phénoménalement présent) restera pour toujours. Sachant cela, je suis également conscient que seul ce qui est apparent peut souffrir et que la souffrance est telle que même les pleurs n’aideront pas. Mais il n’y a que le témoignage qui a lieu. Toute expérience, tout savoir généralement acceptés comme connaissance, ne dure que du moment où la Conscience est apparue jusqu’au moment où la Conscience disparaît. Ce que je considère comme la véritable connaissance existe avant l’arrivée de la Conscience et perdure après la disparition de la Conscience.

Comprenez ce dont je parle. Ce qui prend place pendant la période de la Conscience n’est pas seulement limité à l’expérience du monde, mais aussi les expériences spirituelles qui surgissent dans la Conscience. Celles-ci ne se poursuivent que pendant la période d’actualisation de la Conscience. Mais certaines personnes considèrent que les expériences spirituelles qu’elles ont vécues sont la permanence, ce qui n’est pas le cas.

En ce qui concerne cette expérience de l’Être, cette Conscience, beaucoup de ceux qui se considèrent comme des Jnani et que d’autres considèrent comme des Jnani, restent à ce niveau. La Conscience est limitée dans au temps – très, très peu de gens considèrent et acceptent cela.

La souffrance est vraiment insupportable, mais il y a une conviction totale que ce qui est souffrance est lié à l’essence ou à la nature de l’essence de nourriture. Par conséquent, elle est temporaire. Imaginez la fantastique différence. Auparavant, cette essence de nourriture et la nature de cette essence, c’était moi. C’était une ferme conviction précédemment. Et maintenant, la ferme conviction est que ce n’est pas le cas. L’expérience concerne l’essence des 5 éléments, c’est ce qui souffre. Ce principe que je veux que vous appréhendiez peut-il souffrir ?

Bien que je semble parler d’une manière parfaitement confortable, ce n’est pas le cas, je parle d’un état de malaise et de souffrance aussi important que tout le monde peut l’imaginer.

Je suis vraiment en paix quand ce que je suis reste sans activité. Si je m’allie à quelque chose et tant que j’en suis conscient, il y a toujours ce sentiment de dualité. Ce n’est que lorsqu’il y a une séparation complète d’avec cette dualité et que je suis dans ma propre nature, qu’il y a une paix totale. Tant que la conscience est là et que je veux la conscience, il n’en reste pas moins que même si je ne fais qu’un avec la conscience, il y a un sentiment de dualité. Ce n’est que lorsque la conscience est absente qu’il peut y avoir une paix totale et cela ne peut être que lorsque la conscience n’est pas là.

 

Imaginons que Vishnu, la divinité qui représente le déployement et l’entretien  de la manifestation) apparaisse avec tout son attirail et se tient devant moi pendant un certain temps. C’est bien, très bien, mais je ne tarde pas à dire : “Une fois pour toutes, tu t’en vas. Tu es une nuisance à rester devant moi pendant si longtemps. Un jour, deux jours, il y a une limite. Tu ferais mieux de t’en aller !”

Dans mon état originel, quand j’étais inconscient de ma Conscience, cet état de Conscience est venu et me donne un sentiment d’existence. C’est cette existence qui est insupportable et irrespirable. Le sens même de l’existence me maintient dans un état d’esclavage et je veux donc que cette expérience d’existence s’en aille pour que je puisse être dans mon état originel.

Question : Nous forçons Maharaj à rester dans cette Conscience, pour notre bien.

N.M : Même cela se situe au niveau de la Conscience. Ce que vous voulez en tant que Maharaj est dans votre Conscience. Comprenez quelle est cette condition. Est-ce que ce qui veut Maharaj est réel ? Cette entité n’est-elle pas fausse ?

Quelles que soient les expériences qui se présentent, je ne suis pas du tout impliqué. Mon état est celui où la connaissance n’est pas là. Cette présence consciente était disponible hier et aujourd’hui, et à travers cette expérience, qu’est-ce que je pourrais gagner ? Au niveau de l’Absolu, il n’est ici aucunement question de gain ou de perte.

Extrait de l’entretien du matin du 4 décembre 1980, mis par écrit par Jean Dunn

Inédits – Entretien Clé

Ramesh Balsekar Nisargadatta

Visiteur : Maharaj a dit hier quelque chose à propos de l’être et de l’essence de nourriture. Sans nourriture, il n’y a pas d’être, mais (dans mon idée) je pensais que l’être et la conscience étaient toujours là. C’est l’Absolu, donc ce n’est pas la même chose que la nourriture, ou les choses matérielles.

Nisargadatta Maharaj : Tout est cette Conscience, mais on n’est pas conscient de cette conscience. Cette conscience n’a pas connaissance d’elle-même  à moins qu’il n’y ait un corps. La connaissance de l’être n’apparaît pas à moins qu’il y ait une forme et cette forme ne peut pas se maintenir à moins qu’il y ait de la nourriture.

V : La conscience dépend donc de la forme ?

N.M : La Conscience est présente partout, mais la connaissance de cette Conscience dépend de la forme.

V : La Conscience pure sans forme est donc impossible ?

N.M : La Conscience est là, mais la connaissance de celle-ci n’est pas là. Qui aurait la connaissance ?

V : Mais hier, vous avez dit de s’en tenir à la connaissance “Je Suis” et ce serait alors s’en tenir à la forme matérielle.

N.M : Il n’est pas question de s’accrocher à la Conscience. Elle est là, vous ne pouvez pas vous en échapper.

V : Sur quoi dois-je méditer alors – “J’ai connaissance que je suis” ou le “je suis” ?

N.M : Restez tranquille dans la Conscience. Celui qui appréhende la qualité de cet être, la transcende et n’est plus affectée par la naissance ou la mort. La Conscience se connaît elle-même grâce à l’aide du corps.

V : Sans lui, que reste-t-il ?

N.M : L’état Absolu. L’état Absolu stable en dehors de toutes formes que les 5 éléments prennent. Où le mouvement est figé mais le potentiel est là, c’est Parabrahman ; il n’y a pas de mouvement. Quand, à partir de là, le mouvement commence, c’est Saguna Brahman… la manifestation. Les 5 éléments en jaillissent !

V : Mais il n’y a rien de conscient là-dedans ?

N.M : L’Absolu ne se connaît pas lui-même. Sans le corps d’essence de nourriture, la conscience ne se connaît pas. Personne ne se connaît sans le corps de nourriture.

V : Eh bien, disons que Maharaj est à l’état Absolu. Alors il n’est pas conscient de lui-même ?

N.M : Je connais cet état pour toujours.

V : Mais, vous avez dit qu’il ne se connaissait pas lui-même.

N.M : Si cet état prévaut seul, il ne se connaîtra pas lui-même. Mais lorsque ce corps et cet être  sont disponibles, on les connaît à travers eux.

V : Mais quand le corps disparaît ?

N.M : Plus de connaissance.

V : Alors quand Maharaj est mort, il ne connaît plus l’état Absolu ?

N.M : Tout ce jeu se déroule dans le domaine des 5 éléments. La mort signifie quoi ? Ce corps et cet être vont se fondre dans les 5 éléments.

V : Il est préférable d’être vivant parce qu’alors vous en êtes conscient. Mais quand vous êtes mort, vous n’en êtes pas conscient, donc quand vous mourez, il manque quelque chose, il y a quelque chose de moins.

N.M : L’Absolu a l’aide de ces 5 éléments et du corps dont il dispose pour s’exprimer. En l’absence de cela, il ne se connaît pas lui-même. Mais l’être est composé des 5 éléments. L’Absolu n’a rien à voir avec lui, si ce n’est de s’exprimer à l’aide de ces éléments. Lorsque l’essence de nourriture/l’être s’éteint, la connaissance disparaît et l’Absolu demeure. Lorsque l’être est disponible, alors seulement il peut s’exprimer.

Dans vos affaires mondaines, vous avez recours à la spiritualité pour comprendre à quel point cela est irréel. Une fois que vous avez compris l’objet de la spiritualité, vous comprenez également que la spiritualité est également irréelle et, ce faisant, vous écartez tout ce monde. Le monde a disparu. Ce qui reste ne se connaît pas lui-même.

Je vous le dis dans un langage simple et clair : Voici la nourriture qui est servie. Dans cette nourriture, ce “JE SUIS” est dans un état de dormance. Il est déjà dans cette nourriture, mais il s’exprime véritablement lorsqu’il a un corps. Donc, lorsque le corps de nourriture est éteint, est-ce la mort ? Malheureusement, vous essayez de vous identifier à ce produit alimentaire et c’est là que les ennuis commencent.

V : Maharaj a-t-il dit que la spiritualité est irréelle ?

N.M : Pour comprendre ce que c’est, dans cette vie mondaine, vous devez vous aider de la spiritualité. Une fois qu’à travers la spiritualité vous comprenez de quoi il s’agit, la spiritualité ne sert plus. Le but de la spiritualité est de comprendre ce qu’est cet être et de s’en débarrasser. Ce principe de base ne vous sera pas exposé normalement. “Ils” essaieront de vous enrôler dans leurs concepts. Si vous comprenez ces entretiens, vous serez libéré.

Le point que vous devez comprendre est qu’il n’y a pas de personnalité individuelle. Cette forme et cet être proviennent de l’essence des 5 éléments. Oubliez Maharaj – il n’y a pas de différence.

N.M : Considérez que le fœtus dans l’utérus grandit. Qui dit au fœtus de faire pousser des os, de la moelle et du sang ? Après la naissance du bébé, il commence à téter – qui lui dit de commencer à téter ? Tout cela se fait par le biais de ce petit bout de conscience qui était latent. Dès que la conception a eu lieu, cette même chose s’est développée, en utilisant les Guna. Donc, quel que soit le corps, il fonctionnera de la même manière : c’est ce qu’on appelle une réaction chimique. C’est le produit de cette chimie qui s’empare de tout ce qui se passe, des sentiments ou de la connaissance du monde. Il est toujours là, tout vient de cette conscience.

V : Comment Mozart a-t-il pu composer une symphonie à l’âge de quatre ans sans renaître ?

N.M : Cette chimie de l’être a une qualité omnisciente qui est déjà là, mais sous quelle forme elle se manifestera, c’est une autre histoire. Dans le monde du rêve, votre produit chimique manifeste le monde du rêve. Allez-vous vous référer à votre naissance précédente comme étant la cause de ce rêve ? Cette Conscience a ressenti “Je me suis réveillé” et a créé son monde de rêve, et le monde de rêve est également très ancien. Vous voyez dans votre rêve des monuments vieux de plusieurs milliers d’années, mais ce rêve n’a été formé qu’à cet instant. Comment cela a-t-il été possible : toutes les qualités pour créer ce monde de rêve résident dans ce potentiel chimique.

Maintenant que vous avez compris que vous n’êtes pas le corps-esprit, continuez votre vie quotidienne normale comme avant. Vous pouvez faire ce que vous voulez.

En ce qui vous concerne, que ce corps vive mille ans ou disparaisse à ce moment ne vous concerne pas.

Traduction des paroles de Nisargadatta Maharaj par Ramesh Balsekar.

Derniers jours – La félicité originelle

sat chit ananda Nisargadatta

Visiteur : Pouvez-­vous nous parlez de l’état de grâce le plus élevé, est­-ce ce « Je suis » ?

Nisargadatta Maharaj : La félicité (Sat Chid Ananda) est le plus haut état de bonheur. Mais quoi qu’il en soit, cette félicité ne peut être permanente ; c’est une expérience. La réalisation se produit quand cet état, cette félicité se dissout et disparaît dans un état neutre sans aucune caractéristique (nirguna). Ceci est la véritable réalisation. C’est un état sans pensées et conceptualisation, où vous êtes zéro, le Rien.

Quel est votre âge ?

Visiteur : Trente-­huit ans.

Nisargadatta Maharaj : Quelle était votre conception de la fé­licité deux ans avant votre naissance ?

Visiteur : Je n’avais aucune connaissance de tout cela !

Nisargadatta Maharaj : À ce moment-­là, deux ans avant votre naissance, vous n’aviez aucune expérience de l’état de rêve et de l’état de veille, ou bien encore de ce que peut être l’expérience du plaisir ou de la douleur. Cela pour dire en fait que vous n’aviez absolument aucune expérience de quoique ce soit. Êtes­-vous d’accord avec cela ?

Visiteur : l’expérience demande un corps.

Nisargadatta Maharaj : Répondez uniquement à ce que je vous demande par«Oui»ou«Non».

Visiteur : Non.

Nisargadatta Maharaj : Est-­ce que cela signifie que Vous n’étiez-­pas ? Qui peut dire, je n’avais aucune expérience ? S’il vous plaît allons plus loin !

Visiteur : Merci à vous de bien vouloir m’amener plus encore au cœur de moi-­même.

Nisargadatta Maharaj : Si vous étiez au centre, vous ne pour­riez plus en ressortir. Qui se sent poussé à l‘intérieur ? La félicité ne peut venir à exister que par l’union du féminin et du masculin. Autrement, il n’y aurait pas de félicité. Vous êtes le produit de cette félicité. Vous avez émergé il y a trente­huit ans de cette félicité, mais ce n’est que maintenant que vous en avez connais­sance ! Au moment où cela s’est produit, vous ne le saviez pas. Jusqu’à l’âge de trois ans, vous n’aviez aucune idée de cette fé­licité. Ensuite, vous en avez eu des expériences fugaces, mais ce n’est que maintenant que vous en avez une connaissance. Tout ceci n’est que la mémoire ou les vestiges de cette Félicité origi­nelle.

 

 

Extrait de “Derniers jours de Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Derniers jours – Ce qui est déjà vous

méditations avec sri nisargadatta maharaj

Nisargadatta Maharaj : Vous êtes comme une personne qui cherche après elle dans chaque coin et recoin de la pièce. Vous êtes en quête de ce qui est déjà Vous. Vous ne pouvez pas trou­ver la Vérité ultime en regardant au­dehors.

Visiteur : C’est comme si vous me marteliez la tête pour m’ai­der à ne pas oublier.

Nisargadatta Maharaj : Cette idée de « votre » n’est pas non plus juste. Lâchez vos perceptions sensorielles. Votre corps est constitué des cinq éléments, mais ce n’est pas Vous. Ce corps que vous prenez comme tout ce que vous avez n’est pas permanent. Tant que vous vous prenez pour votre corps, vous êtes un être malade et qui n’est pas apte à la réalisation du Soi. Quand vous aurez totalement réalisé ce « Je suis », sans les conditionnements liés au corps physique et mental, vous ne ferez alors plus qu’Un avec le monde dans son entier. L’univers ne doit son existence qu’à cette connaissance, « Je suis ».

Visiteur : Je ne suis pas capable d’avaler le remède que vous me donnez !

Nisargadatta Maharaj : Vous aurez encore à vous exercer à la méditation et à réciter un mantra, ainsi l’obstacle que représente votre identification au corps sera éliminé.

Visiteur : Me donnerez-­vous un mantra ?

Nisargadatta Maharaj : Pour le moment ce n’est pas néces­saire. Contentez­vous de tourner toute votre attention sur le Soi et restez à l’écoute du son qui l’accompagne. Il semble que vous n’expérimentez pas de moment de tranquillité et de calme. Pour le moment, vous êtes très attaché aux perceptions qui vous viennent du monde extérieur à travers le corps physique et men­tal. Détournez-­vous de cette attraction est intériorisez-­vous. Vous trouverez ainsi votre véritable Soi. Vous semblez avoir déjà oublié ce que vous avez entendu ce matin, et vous évoquez d’autres sujets.

Visiteur : Pourquoi devrais-­je rester coller à la mémoire ?

Nisargadatta Maharaj : Qui reste collé à la mémoire ? la connaissance « Je suis » est plus subtile que le ciel, comment la mémoire pourrait y adhérer ?

Extrait de “Derniers jours de Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna