Je suis Cela 5 – Ce qui est né doit mourir

monde réel, nisargadatta

Visiteur : La conscience-témoin est-elle permanente ou non ?


Nisargadatta Maharaj : Elle n’est pas permanente. Le connaisseur se lève et se couche avec le connu. Ce dans quoi le connaisseur et le connu se lèvent et se fixent, est au-delà du temps. Les mots permanent ou éternel ne s’y appliquent même pas.


V : Dans le sommeil, il n’y a ni le connu, ni le connaisseur. Qu’est-ce qui maintient le corps sensible et réceptif ?


N.M : Vous ne pouvez certainement pas dire que le connaisseur était absent. L’expérience des choses et des pensées n’était pas là, c’est tout. Mais l’absence d’expérience est aussi une expérience. C’est comme entrer dans une pièce sombre et dire : ” Je ne vois rien “. Un homme aveugle de naissance ne sait pas ce que signifie l’obscurité. De même, seul celui qui sait sait qu’il ne sait pas. Le sommeil n’est qu’un trou de mémoire. La vie continue.


V : Et qu’est-ce que la mort ?


N.M : C’est le changement dans le processus de vie d’un corps particulier. L’intégration se termine et la désintégration s’installe.


V : Mais qu’en est-il du connaisseur. Avec la disparition du corps, le connaisseur disparaît-il ?


N.M : Tout comme le connaisseur du corps apparaît à la naissance, il disparaît à la mort.


V : Et rien ne reste ?


N.M : La vie demeure. La conscience a besoin d’un véhicule et d’un instrument pour sa manifestation. Lorsque la vie produit un autre corps, un autre processus de connaissance apparaît.


V : Y a-t-il un lien de causalité entre les corps-connaisseurs successifs, ou corps-esprits ?


N.M : Oui, il y a quelque chose que l’on peut appeler le corps-mémoire, ou corps causal, un enregistrement de tout ce qui a été pensé, voulu, et vécu.  C’est comme un nuage d’images maintenues dans un album.


V : D’où vient ce sentiment d’existence séparée ?


N.M : C’est une réflexion dans un corps séparé de l’unique réalité. Dans cette réflexion, l’illimité et le limité sont confondus et pris pour la même chose. Le but du yoga est de dissiper cette confusion.
V : La mort ne supprime-t-elle pas cette confusion ?


N.M : Dans la mort, seul le corps meurt. La vie ne meurt pas, la conscience une ne meurt pas, la réalité ne meurt pas.
Et la vie n’est jamais aussi vivante qu’après la mort.


V : Mais est-ce que l’on renaît ?


N.M : Ce qui est né doit mourir. Seul le non-né est sans mort. Trouvez ce qui ne dort jamais et ne se réveille jamais, et dont le pâle reflet est notre sens du “je”.


V : Comment dois-je m’y prendre pour le découvrir ?


N.M : Comment s’y prendre pour trouver quoi que ce soit ? En gardant tout votre esprit et votre cœur sur la question. Il doit y avoir un intérêt et un rappel constant. Un rappel constant de ce dont il faut se souvenir est le secret de la réussite. On y arrive par le sérieux.


V : Voulez-vous dire que le simple fait de vouloir découvrir quelque chose est suffisant ? Il est certain qu’il faut à la fois des qualifications et des opportunités.


N.M : Celles-ci viendront avec la détermination. Ce qui est suprêmement important, c’est d’être libre de toute contradiction : le but et le chemin ne doivent pas être sur des niveaux différents ; la vie et la lumière ne doivent pas se disputer ; le comportement ne doit pas trahir la foi. Appelez cela honnêteté, intégrité, cohérence ; vous ne devez pas revenir en arrière, défaire, déraciner, abandonner le terrain conquis. De la détermination dans l’objectif et de l’honnêteté dans la poursuite vous mèneront à votre but.


V : La ténacité et l’honnêteté sont des dons, assurément ! Je n’en ai pas la moindre trace.


N.M : Tout viendra au fur et à mesure que vous avancerez. Faites d’abord le premier pas. Toutes les bénédictions viennent de l’intérieur. Tournez-vous vers l’intérieur. “Je suis” vous est intime. Soyez avec lui tout le temps que vous pouvez y consacrer, jusqu’à ce que vous y reveniez spontanément. Il n’y a pas de moyen plus simple et plus facile.

Nisargadatta Maharaj
Extrait traduit pour https://meditations-avec-sri-nisargadatta-maharaj.com/ .  Version originale éditée par Maurice Frydman à partir des enregistrements en Marathi de Nisargadatta Maharaj et  publiée dans – “I am That” Acorn Press

Vidéo de lecture du texte :

Vidéo d’investigation à partir du texte:

Je suis Cela 4 – Le monde réel est au-delà du mental

Nisargadatta , je suis, vivance du présent

Visiteur : À plusieurs reprises, la question a été posée de savoir si l’univers est soumis à la loi de la causalité, ou s’il existe et fonctionne en dehors de cette loi. Vous semblez penser qu’il est sans  cause; que tout; aussi petit soit-il, n’a pas de cause, apparaissant et disparaissant sans aucune raison connue.


Nisargadatta Maharaj : La causalité signifie la succession dans le temps d’événements dans l’espace, l’espace étant physique ou mental. Le temps, l’espace et la causalité sont des catégories mentales, qui apparaissent et disparaissent avec le mental.


V : Tant que l’esprit fonctionne, la causalité est une loi valide.


N.M : Comme tout ce qui est mental, la soi-disant loi de la causalité se contredit elle-même. Aucune chose dans l’existence n’a de cause particulière ; l’univers entier contribue à l’existence de la plus petite chose ; rien ne pourrait être tel qu’il est sans que l’univers soit ce qu’il est. Lorsque la source et le fondement de toute chose sont la seule cause de toute chose, il est faux de parler de la causalité comme d’une loi universelle. L’univers n’est pas lié par son contenu, car ses potentialités sont infinies ; il est d’ailleurs une manifestation, ou l’expression d’un principe fondamentalement et totalement libre.


V : Oui, on peut voir qu’en fin de compte, il est tout à fait faux de dire qu’une chose est la seule cause d’une autre chose. Pourtant, dans la vie réelle, nous entreprenons invariablement une action en vue d’un résultat.


N.M : Oui, il y a beaucoup d’activités de ce genre, à cause de l’ignorance. Si les gens savaient que rien ne peut se produire à moins que l’univers entier ne le fasse, ils  laisseraient se réaliser beaucoup plus de choses en dépensant moins d’énergie.


V : Si tout est une expression de la totalité des causes, comment pouvons-nous parler d’une action intentionnelle vers une réalisation ?


N.M : L’envie même de réaliser est aussi une expression de l’univers total. Elle montre simplement que le potentiel énergétique a augmenté en un point particulier. C’est l’illusion du temps qui vous fait parler de causalité. Lorsque le passé et le futur sont vus dans le maintenant intemporel, comme des parties d’un modèle commun, l’idée de cause-effet perd sa validité et la liberté créative prend sa place.


V : Pourtant, je ne vois pas comment une chose peut venir à l’existence sans cause.


N.M : Quand je dis qu’une chose est sans cause, je veux dire qu’elle peut être sans cause particulière. Votre propre mère n’était pas nécessaire pour vous donner naissance ; vous auriez pu naître d’une autre femme. Mais vous n’auriez pas pu naître sans le soleil et la terre. Même ceux-ci n’auraient pu causer votre naissance sans le facteur le plus important : votre propre désir de naître. C’est le désir qui donne naissance, qui donne un nom et une forme. Le désirable est imaginé et voulu et se manifeste comme quelque chose de tangible ou de concevable. Ainsi est créé le monde dans lequel nous vivons, notre monde personnel. Le monde réel est hors de portée du mental ; nous le voyons à travers le filet de nos désirs, divisés en plaisir et douleur, bien et mal, intérieur et extérieur. Pour voir l’univers tel qu’il est, il faut aller au-delà du filet. Ce n’est pas difficile à faire, car le filet est plein de trous.


V : Qu’entendez-vous par “trous” ? Et comment les trouver ?


N.M : Regardez le filet et ses nombreuses contradictions. Vous faites et défaites à chaque étape. Vous voulez la paix, l’amour, le bonheur et vous travaillez dur pour créer la douleur, la haine et la guerre. Vous voulez la longévité et vous mangez trop, vous voulez l’amitié et vous exploitez. Voyez votre filet comme étant fait de telles contradictions et supprimez-les – le fait même de les mettre en lumière les fera disparaître.


V : Puisque ma vision de la contradiction la fait disparaître, n’y a-t-il pas de lien de causalité entre ma vision et sa disparition ?


N.M : La causalité, même en tant que concept, ne s’applique pas au chaos.


V : Dans quelle mesure le désir est-il un facteur causal ?


N.M : Un parmi d’autres. Pour tout, il existe d’innombrables facteurs de causalité. Mais la source de tout ce qui est, c’est l’Infinie Possibilité, la Réalité Suprême, qui est en vous et qui projette sa puissance, sa lumière et son amour sur chaque expérience. Mais, cette source n’est pas une cause et aucune cause n’est une source. Pour cette raison, je dis que tout est sans cause. Vous pouvez essayer de retracer comment une chose se produit, mais vous ne pouvez pas découvrir pourquoi une chose est comme elle est. Une chose est telle qu’elle est, parce que l’univers est tel qu’il est.

Nisargadatta Maharaj
Extrait traduit pour https://meditations-avec-sri-nisargadatta-maharaj.com/ .  Version originale éditée par Maurice Frydman à partir des enregistrements en Marathi de Nisargadatta Maharaj et  publiée dans – “I am That” Acorn Press

Vidéo de lecture du texte :

Vidéo d’investigation à partir du texte :

Je suis Cela 3 – La vivance du présent

vivance présent

La vivance du Présent
Visiteur : Comme je peux le voir, il n’y a rien d’anormal avec mon corps ni avec mon être réel. Les deux ne sont pas de mon fait et n’ont pas besoin d’être améliorés. Ce qui ne va pas, c’est le ” corps intérieur “, appelez-le psychisme, conscience individuelle, antahkarana, peu importe le nom.


Nisargadatta Maharaj : Que considérez-vous comme un problème en ce qui concerne votre esprit ?


V : Il est agité, avide de l’agréable et effrayé par le désagréable.


N. M : Qu’y a-t-il de mal à ce qu’il recherche l’agréable et évite le désagréable ? Le fleuve de la vie coule entre les rives de la douleur et du plaisir. Ce n’est que lorsque l’esprit refuse de s’écouler avec la vie, et reste bloqué sur les rives, que cela devient un problème. Par couler avec la vie, j’entends l’acceptation – laisser venir ce qui vient et partir ce qui va. Ne désirez pas, ne craignez pas, observez ce qui est, comme et quand cela arrive, car vous n’êtes pas ce qui arrive, vous êtes celui à qui cela se présente. En fin de compte, vous n’êtes même pas l’observateur. Vous êtes l’ultime potentialité dont la conscience qui embrasse tout est la manifestation et l’expression.


V : Pourtant, entre le corps et le Soi, il y a un nuage de pensées et de sentiments qui ne servent ni le corps ni le Soi. Ces pensées et ces sentiments sont légers, transitoires et sans signification, une simple poussière mentale qui aveugle et étouffe, et pourtant ils sont là, obscurcissant et détruisant.


N.M : Assurément, le souvenir d’un événement ne peut pas passer pour l’événement lui-même. Pas plus que l’anticipation. Il y a quelque chose d’exceptionnel, d’unique, dans l’événement présent, que l’évocation du précédent ou le futur n’ont pas. Il y a une vivacité, une actualité, il se détache comme s’il était éclairé. Le présent est marqué du sceau de la réalité, ce que le passé et le futur n’ont pas.


V : Qu’est-ce qui donne au présent ce “cachet de réalité” ?


N.M : Il n’y a rien de particulier dans l’événement présent qui le rende différent du passé et du futur. Pendant un moment, le passé a été réel et le futur le deviendra. Qu’est-ce qui rend le présent si différent ? Évidemment, ma présence. Je suis réel car je suis toujours maintenant, dans le présent, et ce qui est avec moi maintenant participe à ma réalité. Le passé est dans la mémoire, le futur – dans l’imagination. Il n’y a rien dans l’événement présent lui-même qui le fasse ressortir comme réel. Il peut s’agir d’un simple événement périodique, comme la sonnerie de l’horloge. Bien que nous sachions que les coups successifs sont identiques, le coup actuel est tout à fait différent du précédent et du suivant – tel qu’il est mémorisé ou attendu. Une chose focalisée dans le maintenant est avec moi, car je suis toujours présent ; c’est ma propre réalité que je confère à l’événement présent.


V : Mais nous traitons les choses dont nous nous souvenons comme si elles étaient réelles.


N.M : Nous prenons en considération les souvenirs, uniquement lorsqu’ils entrent dans le présent. L’oublié n’est pas pris en considération jusqu’à ce qu’on se le rappelle – ce qui implique de l’amener dans le présent.


V : Oui, je vois qu’il y a dans le maintenant un facteur inconnu qui donne une réalité momentanée à l’actualité transitoire.


N.M : Vous n’avez pas besoin de dire qu’il est inconnu, car vous le voyez fonctionner en permanence. Depuis que vous êtes né, a-t-il jamais changé ? Les choses et les pensées ont changé tout le temps. Mais le sentiment que ce qui est maintenant est réel n’a jamais changé, même en rêve.


V : Dans le sommeil profond, il n’y a aucune expérience de la réalité présente.


N.M : La transparence du sommeil profond est entièrement due à l’absence de souvenirs spécifiques. Mais un souvenir non-différencié de bien-être est présent. Il y a une différence de sentiment lorsque nous disons “j’étais profondément endormi” ou “j’étais absent”.


V : Revenons à  la question par laquelle nous avons commencé : entre la source de la vie et l’expression de la vie (qui est le corps), il y a le mental ( l’esprit) et ses états toujours changeants. Le flux des états mentaux est sans fin, sans signification et douloureux. La souffrance en est le facteur constant. Ce que nous appelons plaisir n’est qu’un vide, un intervalle entre deux états souffrants. Le désir et la peur sont la trame et la chaîne de la vie, et tous deux sont faits de souffrance. Notre question est : peut-il y avoir un esprit heureux ?


N.M : Le désir est le souvenir du plaisir et la peur est le souvenir de la douleur. Les deux rendent l’esprit agité. Les moments de plaisir ne sont que des trous dans ce flot de souffrance Comment l’esprit peut-il être heureux ?


V : C’est vrai lorsque nous désirons le plaisir ou que nous nous attendons à la douleur. Mais il y a des moments de joie inattendue, non anticipée. Une joie pure, non contaminée par le désir – non recherchée, non méritée, donnée par Dieu.


N.M : Pourtant, la joie n’est de la joie que dans un contexte de souffrance.


V : La souffrance est-elle un fait cosmique, ou purement mentale ?


N.M : L’univers est complet et là où il est complet, où rien ne manque, qu’est-ce qui pourrait occasionner de la souffrance ?


V : L’univers peut être complet dans son ensemble, mais incomplet dans ses détails.


N.M : Une partie du tout vue en relation avec le tout est également complète. Ce n’est que lorsqu’elle est vue isolée, qu’elle devient déficiente et donc le siège de la souffrance. Qu’est-ce qui rend l’isolement possible ?


V : Les limites de l’esprit, bien sûr. L’esprit ne peut pas voir le tout pour la partie.


N.M : Très bien. Le mental, par sa nature même, divise et oppose. Peut-il y avoir un autre esprit, qui unit et harmonise, qui voit le tout dans la partie et la partie comme totalement liée au tout ?


V : Cet autre fonctionnement- où le chercher ?


N.M : En allant au-delà de l’esprit qui limite, divise et oppose. En mettant fin au processus mental tel que nous le connaissons. Lorsque cela prend fin, cet esprit différent naît.


V : Dans ce fonctionnement mental, le problème de la joie et de la tristesse n’existe plus ?


N.M : Pas comme nous les connaissons, comme désirables ou répugnants. Cela devient plutôt une question d’amour cherchant à s’exprimer et rencontrant des obstacles. L’esprit inclusif est l’amour en action, luttant contre les circonstances, initialement frustré, finalement victorieux.


V : Entre l’esprit et le corps, serait-ce l’amour qui fait le pont ?


N.M : Quoi d’autre ? Le mental crée l’abîme, le cœur le franchit.

Nisargadatta Maharaj
Extrait traduit pour https://meditations-avec-sri-nisargadatta-maharaj.com/ .  Version originale éditée par Maurice Frydman à partir des enregistrements en Marathi de Nisargadatta Maharaj et  publiée dans – “I am That” Acorn Press

Lecture de l’échange :

Développement et investigation :

Je suis Cela 2 – La différence

Nisargadatta Différence

Visiteur : Maharaj, vous êtes assis en face de moi et je suis ici à vos pieds. Quelle est la différence fondamentale entre nous ?


Nisargadatta Maharaj : Il n’y a pas de différence fondamentale.


V : Il doit pourtant y avoir une différence réelle, je viens à vous, ce n’est pas vous qui me visitez.


N.M : Parce que vous imaginez des différences, vous allez ici et là à la recherche de personnes que vous considérez comme “supérieures”.
V : Vous aussi, vous êtes une personne supérieure. Vous prétendez connaître le Réel, alors que je ne le connais pas.


N.M : Vous ai-je déjà dit que de ce fait, vous seriez inférieur ? Que ceux qui ont inventé de telles distinctions les prouvent. Je ne prétends pas savoir ce que vous ne savez pas. En fait, j’en sais beaucoup moins que vous.


V : Vos paroles sont sages, votre comportement noble, votre grâce toute-puissante.


N.M : Je ne sais rien de tout cela et ne vois aucune différence entre vous et moi. Ma vie est une succession d’événements, tout comme la vôtre. Seulement, je suis détaché et je vois le spectacle qui passe comme un spectacle qui passe, alors que vous vous attachez aux choses et avancez avec elles.


V : Qu’est-ce qui vous a rendu si dépassionné ?


N.M : Rien en particulier. Il se trouve que j’ai fait confiance à mon guru. Il m’a dit que je ne suis rien d’autre que le Soi et je l’ai cru. En lui faisant confiance, je me suis comporté en conséquence et j’ai cessé de me préoccuper de ce qui n’était ni moi, ni à moi.


V : Pourquoi avez-vous eu la chance de faire pleinement confiance à votre maître, alors que notre confiance est nominale et verbale ?


N.M : Qui peut le dire ? C’est arrivé ainsi. Les choses arrivent sans cause ni raison et, après tout, qu’importe, qui est qui ? La haute opinion que vous avez de moi n’est que votre opinion. Vous pouvez en changer à tout moment. Pourquoi attacher de l’importance aux opinions, même aux vôtres ?


V : Pourtant, vous êtes différent. Votre esprit semble être toujours calme et heureux. Et des miracles se produisent autour de vous.


N.M : Je ne sais rien des miracles, et je me demande si la nature admet des exceptions à ses lois, à moins que nous ne soyons d’accord pour dire que tout est un miracle. Quant à mon esprit, il n’existe pas. Il y a une Conscience dans laquelle tout se passe. C’est tout à fait évident et cela fait partie de l’expérience de chacun. Vous ne regardez simplement pas assez attentivement. Regardez bien, et voyez ce que je vois.


V : Que voyez-vous ?


N.M : Je vois ce que vous aussi pourriez voir, ici et maintenant, si ce n’est que votre attention est mal focalisée. Vous n’accordez aucune attention au Soi. Votre esprit est tout entier tourné vers les choses, les gens et les idées, jamais vers le Soi. Concentrez-vous sur vous- même, prenez conscience de votre propre existence. Voyez comment vous fonctionnez, observez les motifs et les résultats de vos actions. Étudiez la prison que vous avez construite autour de vous, sans y prêter garde. En prenant conscience de ce que vous n’êtes pas, vous apprenez à vous connaître. Le retour à Soi passe par le refus et le rejet. Une chose est certaine : le Réel n’est pas imaginaire, il n’est pas un produit de l’esprit. Même l’expérience “je suis” n’est pas continue, bien qu’elle soit un pointeur utile ; elle montre où chercher, mais pas ce qu’il faut chercher. Il suffit d’y regarder de près. Une fois que vous êtes convaincu que vous ne pouvez rien dire de vrai à propos du Soi, sauf “je suis”, et que rien de ce qui peut être pointé du doigt ne peut être le Soi, le besoin du “je suis” est terminé – vous n’avez plus le besoin de verbaliser ce que vous êtes. Tout ce dont vous avez besoin, c’est de vous débarrasser de la tendance à définir ce Soi. Toutes les définitions s’appliquent uniquement à votre corps et à ses expressions. Une fois cette obsession du corps disparue, vous reviendrez à votre état naturel, spontanément et sans effort. La seule différence entre nous est que je suis conscient de mon état naturel, alors que vous êtes perplexe. Tout comme l’or transformé en ornement ne présente rien de plus par rapport à la poussière d’or, sauf lorsque l’esprit le détermine ainsi, nous sommes unis dans l’être – nous ne différons qu’en apparence. Nous le découvrons en étant concerné, en cherchant, en enquêtant, en remettant en question chaque jour et chaque heure, en donnant sa vie à cette investigation.

Nisargadatta Maharaj
Extrait traduit pour www.meditations-avec-sri-Nisargadatta-Maharaj.com .  Version originale éditée par Maurice Frydman à partir des enregistrements en Marathi de Nisargadatta Maharaj et  publiée dans – “I am That” Acorn Press

Lecture de l’enseignement :

Développement et investigation :

Je suis Cela 1 – le sens de “Je suis”

Je suis livre nisargadatta

Visiteur:  L’expérience quotidienne est qu’au réveil, le monde apparaît soudainement.
Nisargadatta Maharaj : Pour qu’une chose puisse venir à être, il faut qu’il y ait ‘un quelqu’un’ qui l’ accueille . Toute apparition et disparition présuppose un changement sur un fond immuable.
V: Avant de m’éveiller j’étais inconscient.
N.M: Dans quel sens ? Vous aviez oublié ou vous n’aviez pas fait d’expérience ? N’avez-vous pas d’expérience même lorsque vous êtes inconscient ? Peut-on exister sans savoir ? Un trou de mémoire : est-ce une preuve de non existence ? Et pouvez-vous valablement parler de votre propre non-existence comme d’une expérience réelle ? Vous ne pouvez même pas dire que votre esprit n’a pas existé. Ne vous êtes-vous pas réveillé lorsque l’on vous a appelé ? Et en vous réveillant, n’est-ce pas le sentiment “je suis” qui est venu en premier ? Une conscience en germe doit exister même pendant le sommeil ou l’évanouissement. Au réveil, l’expérience est la suivante : “Je suis – le corps – dans le monde. Cela peut sembler se produire successivement, mais en fait tout est simultané, c’est une seule idée : avoir un corps dans un monde. Peut-il y avoir le sens de “je suis” sans être quelqu’un ou un autre ?
V: Je suis toujours quelqu’un avec ses souvenirs et ses habitudes. Je ne connais aucun autre « je suis ».
N.M: Peut-être quelque chose vous empêche-t-il d’y accéder. Quand vous ne connaissez pas une chose que d’autres connaissent, que faites-vous ?
V: Je cherche la source de leur connaissance en suivant leurs indications.
N.M: N’est-il pas important pour vous de savoir si vous êtes un simple corps, ou quelque chose d’autre ? Ou peut-être rien du tout ? Ne voyez-vous pas que tous vos problèmes sont ceux de votre corps – la nourriture, les vêtements, le logement, la famille, les amis, le nom, la renommée, la sécurité, la survie – tout cela perd son sens dès que vous réalisez que vous n’êtes peut-être pas un simple corps.
V: Quel bénéfice tirerai-je de savoir que je ne suis pas ce corps ?
N.M: Même dire que vous n’êtes pas le corps n’est pas tout à fait vrai. D’une certaine manière, vous êtes tous les corps, les cœurs et les esprits et bien plus encore. Allez profondément dans l’expérience de “je suis” et vous découvrirez. Comment retrouve-t-on une chose que l’on a égarée ou oubliée ? Vous la gardez à l’esprit jusqu’à ce que vous la retrouviez. La sensation d’être, du “je suis” est la première à émerger. Demandez-vous d’où elle vient, ou observez-la simplement tranquillement. Lorsque l’esprit reste dans le “je suis”, sans bouger, vous entrez dans un état qui ne peut être verbalisé mais qui peut être expérimenté. Tout ce que vous avez à faire est d’essayer et d’essayer encore. Après tout, le sentiment “je suis” est toujours avec vous, seulement vous y avez attaché toutes sortes de choses…
corps, sentiments, pensées, idées, possessions, etc. Toutes ces identifications de soi sont trompeuses. A cause d’elles, vous vous prenez pour ce que vous n’êtes pas.
V: Mais alors que suis-je ?
N.M: Il suffit de savoir ce que vous n’êtes pas. Vous n’avez pas besoin de savoir ce que vous êtes. Car tant que la connaissance signifie une description en termes de ce qui est déjà connu, perceptuel ou conceptuel, il ne peut y avoir de connaissance de Soi, car ce que vous êtes ne peut être décrit, sauf comme une négation totale. Tout ce que vous pouvez dire est : “Je ne suis pas ceci, je ne suis pas cela”. Vous ne pouvez pas dire de manière significative “voilà ce que je suis”. Cela n’a tout simplement aucun sens. Ce que vous pouvez désigner comme “ceci” ou “cela” ne peut être vous-même. Vous ne pouvez certainement pas être “quelque chose” d’autre. Vous n’êtes rien de perceptible ou d’imaginable. Pourtant, sans vous, il ne peut y avoir ni perception ni imagination. Vous observez le cœur qui ressent, l’esprit qui pense, le corps qui agit ; l’acte même de percevoir montre que vous n’êtes pas ce que vous percevez. Peut-il y avoir une perception, une expérience sans vous ? Une expérience doit “appartenir à”. Quelqu’un doit venir et la déclarer comme sienne. Sans un expérimentateur, l’expérience n’est pas réelle. C’est l’expérimentateur qui confère une réalité à l’expérience. Une expérience que vous ne pouvez pas avoir, peut-elle avoir une valeur pour vous ?
V: La sensation d’être expérimentateur, la sensation du je suis n’est-ce pas aussi une expérience ?
N.M: De toute évidence, toute chose expérimentée est une expérience. Et dans chaque expérience, il y a celui qui l’expérimente. La mémoire crée l’illusion de la continuité. En réalité, chaque expérience a son propre expérimentateur et le sentiment d’identité est dû au facteur commun qui est à la base de toutes les relations expérimentateur-expérience. Identité et continuité ne sont pas synonymes. De même que chaque fleur a sa propre couleur, mais que toutes les couleurs sont causées par la même lumière, de même de nombreuses expériences apparaissent dans la conscience indivise et indivisible, chacune séparée en mémoire, identique en essence. Cette essence est la racine, le fondement, la “possibilité” intemporelle et sans espace de toute expérience.
V: Comment puis-je l’atteindre ?
N.M: Vous n’avez pas besoin de l’atteindre, car vous l’ êtes. Cela vous atteindra, si vous lui en donnez l’occasion. Laissez tomber votre attachement à l’irréel et le réel s’imposera rapidement et en douceur. Cessez de vous imaginer être ou faire ceci ou cela et la réalisation que vous êtes la source et le cœur de tout vous apparaîtra. Avec cela viendra l’Amour véritable qui n’est pas un choix ou une prédilection, ni un attachement, mais un pouvoir qui rend toute chose digne d’être aimée et aimable.

Nisargadatta Maharaj
Extrait traduit pour www.meditations-avec-sri-Nisargadatta-Maharaj.com .  Version originale éditée par Maurice Frydman à partir des enregistrements en Marathi de Nisargadatta Maharaj et  publiée dans – “I am That” Acorn Press

Lecture de l’enseignement :

Développement et investigation: