Nisargadatta Maharaj : De la perspective d’où je vous regarde vous n’êtes rien, vous n’avez pas d’identité. Maintenant, si vous pensez avoir une identité, vous pouvez repartir dans le monde, emportant avec vous la connaissance que je vous ai donnée jusqu’ici.
L’illusion originelle, qui est avant l e verbe, ne s’arrêtera pas d’agir. Vous ne pouvez pas la faire disparaître – elle doit se perpétuer. Ce que vous pouvez faire disparaître sont les illusions qui en découlent, non pas l’illusion originelle.
L’illusion originelle se maintiendra. Vous verrez l’herbe pousser, l’eau couler dans les rivières, les vagues agiter l’océan et ainsi de suite. C’est la Māyā originelle, et vous ne pouvez pas l’arrêter, elle continue la nature même de l’illusion. La Māyā originelle n’a ni couleur, ni forme, ni quoi que ce soit. Vous ne pouvez pas l’imaginer.
Cette connaissance vous est-elle de quelque utilité? Grâce à. elle vous pourriez devenir considérablement riche, mais qui en bénéficierait? Après votre mort, votre fortune se partager entre vos enfants et le percepteur. Toute chose est d’ordre public, non personnelle. Votre connaissance ne restera pas personnelle, elle est destinée aux autres. Si à votre mort vous comprenez ce que vous êtes, que vous n’avez jamais été un individu, c’est suffisant. N’ayez pas le sentiment d’être un individu, et ne croyez pas que vous pouvez faire quoi que ce soit par vous-même. Il n’y a pas d’individualité.
Quoi que vous acquériez, vous voudrez le préserver, mais cela ne vous sera d’aucun réconfort. Vous n’allez plus jamais revoir le monde, ainsi vos acquisitions seront utilisées par d’autres, non par vous. Essayez en cet instant même, de saisir ce qu’est la conscience.
Votre survie dépend de la force que retire votre corps de la nourriture qu’il absorbe, et l’essence de cette nourriture et du corps de nourriture (physique) lui-même est la conscience “Je suis”.
Nisargadatta Maharaj
11 janvier 1980
Extrait de “Graines de Conscience” aux éditions Aluna