La véritable essence de la spiritualité est de comprendre la vie correctement. Au commencement, nous en sentions un besoin personnel. De cette façon, beaucoup d’autres besoins sont apparus. L’objectif est de trouver où exactement nous nous situons dans tout ceci, même s’il ne s’y trouve aucune Vérité éternelle.
Les étapes de la vie sont sujettes au changement. Elles n’étaient pas présentes avant la naissance. Même le fait d’être identifié à un homme ou une femme ne dure pas. La religion, Dieu, etc., sont des médicaments pour ces différentes étapes. Vous savez qu’aucun état d’être n’est permanent. Cependant, à cause de l’illusion, vous les prenez pour vrais. Rare est celui qui connaît ces étapes. L’état fondamental est que vous avez connaissance d’être. Ceci est l’état racine, et il est misérable.
Il est nécessaire de connaître par soi-même ce qui est non changeant dans ceci. Cela ne se trouve pas dans l’état de veille, dans le sommeil, ou en samâdhi . Notre conscience, elle-même, est non permanente. Quand elle prend fin, nous disons que la personne est morte. Celle-ci ne sait plus qu’elle est. Réalisez qu’aucune mémoire n’est éternelle, et soyez libre. La sensation « Je suis » ne sera pas indéfiniment là, quel que soit le nom ou la forme. Ce qui a été créé disparaîtra assurément.
La force vitale n’a pas de conscience par elle-même. Quand elle prend forme, la sensation d’être apparaît. La forme est la sensation d’être. Pour celui qui connaît sa véritable nature, le puzzle se résout. Les autres parleront par inférence.
Le plus grand attachement est votre sensation d’être.
N’avez-vous pas actuellement la sensation d’être ? Et n’est-il pas vrai que vous ne l’aviez pas auparavant ? Il est dit que le monde est une illusion. Pourquoi en est-il ainsi ? La raison est que votre sensation d’être ne dure pas.
La conscience est la graine du monde. Quand elle germe et se déploie, elle devient espace. La graine veut dire « Ce qui n’était pas visible auparavant, peut maintenant être vu ». La lumière de la conscience signifie la lumière du soleil et de la lune. C’est comme un rêve de jour au milieu de la nuit. L’état de veille est comme ce rêve. La graine veut dire aussi dualité. La graine porteuse de la qualité de conscience divine est présente en chaque être.
Celui qui se connaît parfaitement est appelé Sadguru. Il connaît le pour- quoi et le comment de la création de cette conscience imparfaite. Krishna dit : « Quoi que ce soit qui existe, est uniquement moi-même. Cependant, Je suis différent de tout cela. » Le propos de Krishna dans la Gîta est véritablement unique. C’est une grande bénédiction que de pouvoir l’écou- ter. C’est une plus grande fortune encore de pouvoir méditer à son sujet.
Le plus grand des secrets est la conscience. Mettez toute votre confiance dans cela. Celui qui comprendra ceci, n’aura plus de naissance. Les gens honorent des déités pour leurs satisfactions personnelles. Quoi qu’il en soit, la seule satisfaction durable est notre véritable nature. Vous seul pouvez atteindre cela. Celui qui se prend pour le corps ne sera jamais satisfait.
Restez disponible pour ce que vous avez entendu. C’est la pratique la plus importante. S’il n’y a personne pour écouter, quel est l’intérêt de Dieu ? Vénérez la conscience dans votre cœur. Quand vous obtiendrez du succès dans cette contemplation, cette réussite rayonnera de vous.
Pendant l’état de veille, rester sans pensées est la plus belle des adorations. Vous ne devriez pas ressentir « Je suis comme ceci, comme cela » pendant vos activités. Mettez de côté tout votre savoir, et vénérez votre véritable nature.
Le Gange s’écoulant du front du Seigneur Shiva symbolise la connaissance spirituelle. Tant que vous croirez que vous n’êtes pas sans fin,
l’éternel vous échappera. Vous ne pouvez jamais oublier l’éternel. Des rituels sans fin ne peuvent dévoiler la Vérité. Ils peuvent même vous enfermer encore plus. Quoi que vous voyiez ou ressentiez, cela ne durera pas. Quand vous êtes présent au fait de n’être ni un homme, ni une femme, vous êtes antérieur à la conscience. Une fois que le Soi est réalisé, tout devient sacré. Les bains dans les rivières sacrées, pas plus que les mantra, ou que les pénitences spirituelles ne feront disparaître votre ignorance. La fréquentation de celui qui est habité par la parole du Guru suffit. C’est la connaissance à travers laquelle le sommeil et la veille sont connus. C’est la lumière qui illumine le soleil et la lune. Cette lumière est uniquement la vôtre, mais pas en tant qu’être humain. Elle appartient à la conscience. Elle existe dans le cœur de chaque être. C’est la conscience de soi dans le corps. Il n’y a pas de plus grande connaissance que celle-ci. Pour être tel que le décrivent ces mots, une foi totale dans le Guru est nécessaire. Ses mots sont à prendre pour autorité. Celui qui demeure en cela acquiert la connaissance indépendante du corps. Krishna dit : « C’est ma véritable nature. » Elle se trouve derrière votre mémoire. Jamais le corps, ou les oreilles, n’ont eu le pouvoir d’entendre. C’est notre vraie nature qui écoute au travers des oreilles. Elle connaît le samâdhi, mais le samâdhi ne la connaît pas. Accomplir cela avec conviction, est tout ce qui est nécessaire.
Aucun rituel ne peut révéler à quelqu’un sa vraie nature. Toutes les méthodes sont du domaine du corps. Sans l’existence de cette conscience atomique, il n’y a aucun support pour tout être, le monde ou Brahman. L’essence de toute connaissance est le Soi. En vous endormant, reconnaissez : « Je suis uniquement conscience pure. » En suivant différentes méthodes, vous ne trouverez pas ce qui est naturellement et déjà présent.
Qui reconnaît la conscience ? N’est-ce pas celui qui connaît le temps ? Krishna dit que la conscience, qui connaît tout ceci, est Ma vraie nature. Quand il y a la conviction que cette naissance n’est pas vraie, les différents concepts ne peuvent plus s’élever. Celui qui connaît le passager est l’éternel et parfait Brahman. Un vrai dévot n’est prisonnier de personne. Il peut accomplir des rituels, mais il est au-delà d’eux. Adorer Dieu signifie être convaincu que Dieu n’est rien d’autre que nous-mêmes. S’il n’y a pas de manifesté (saguna), comment peut-il être fait mention du non manifesté (nirguna) ? En fait, des deux, aucun n’est.
Nisargadatta Maharaj
dimanche 16 juillet 1978
Extrait du Nirupana 44 de ” méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna