Nirupana 140 – Nous ne sommes d’aucune utilité pour nous-même

Nisargadatta Maharaj Shri

De son vivant, un sage doit endurer la souffrance. Quand il meurt, des mémoriaux sont construits en son honneur. Les gens expriment alors une grande dévotion à son égard. Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que les gens vénèrent la renommée.

Après la réalisation du Soi, il ne reste plus d’individualité dans la conscience. Antérieurement à la naissance, tout comme après le décès, l’état véritable du Jnani reste toujours le même. La véritable nature reste toujours la même. Ce qui est apparu prendra fin, assurément. Celui qui a cette connaissance n’en a aucune utilité, bonne ou mauvaise. Quoi que ce soit qui arrive, que vous l’aimiez ou non, vous n’en ferez plus l’expérience. Ceci n’empêche pas à un être humain de désirer la joie éternelle.

Si une personne occupant une haute fonction est présentée à un homme ordinaire, ce dernier aura des attentes. Un Jnani n’a de désirs d’aucune sorte pour quelque avantage que pourrait lui procurer quelqu’un. Qu’est-ce qu’un Jnani ? Il n’est rien. Il n’a pas de nom, pas de forme, rien du tout.

La conscience est la caractéristique des cinq éléments. Aussi est-elle liée intimement à eux. La conscience est attachée à elle-même, mais le Jnani n’en a plus le besoin.

Quelqu’un gagne beaucoup d’argent à la ville. De retour à son village, il construit une maison. Il meurt après la cérémonie d’inauguration de la nouvelle maison. N’ayant pas d’héritier, la maison va au gouvernement.

Il en est de même pour Maya. Cela ne veut pas dire qu’il faut rester sans rien faire du tout. Mais quel est le futur de cette action, et quel est le futur d’une personne ? Ceci doit être compris précisément. Nous ne sommes d’aucune utilité pour nous-même. Le Jnani a connaissance de cela.

Ceci est notre état naturel – on vous parlera rarement de ceci. La plupart des enseignants vous diront de faire quelque chose. Ils ne vous diront pas que, quels que soient les efforts que quelqu’un fait, cela reste insignifiant. Au sein du monde physique, la compétition donne du sens à la vie. Avec un discours tel que le mien, il n’y aura plus ce charme à la vie. Un jnani parle rarement parce que ce qu’il dit chasse l’ambition des gens. Le détachement signifie la compréhension que toute chose est vaine. La compassion et l’amour sont naturellement présents. Il s’agit de la nature de la conscience. Ce n’est pas de votre fait.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 11 novembre 1979

Extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 139 – ma mort est une illusion

mort illusion Nisargadatta Maharaj

Le corps est constitué de matière, d’où le fait que la conscience est aussi une chose créée. La conscience se prend pour le corps et expérimente différents concepts et expériences, douleurs et plaisirs. Aussi, comprenez que le corps n’est pas votre véritable nature, ce n’est pas ce que vous êtes. Gardez cela présent et méditez à ce sujet.

En réalité, personne n’est né. Pourquoi en est-il ainsi ? Pour saisir cela, vous devez méditer. Par méditation, il faut comprendre : s’en tenir à la connaissance « Je suis ». Penser que la naissance du corps est « ma » naissance ou que la mort du corps est « ma » mort est une illusion. Cela qui est présent dans le corps, est une réflexion et une preuve de l’Atman. À vrai dire, l’Atman et le Soi ne sont jamais nés. Seule la conscience sous l’aspect de la force vitale est créée. Un volume rempli d’essence de nourriture s’est transformé en une forme qui est le corps. La croyance que « le corps est moi » laisse place à tous les tourments au travers des espoirs, des désirs et des passions.

Personne n’a une expérience de naissance. Délibérez sur ce point : « Ma naissance ne s’est pas produite en ma présence. » Si vous vous identifiez au corps, vous vous voyez en tant qu’homme ou femme. Quand il n’y a pas de corps, il n’y a pas ce genre d’expérience. Quand il n’y a pas de corps, il n’y a pas Sattva (la force vitale) et sa caractéristique, la conscience n’est pas là. Lorsque quelqu’un commence à se mettre en recherche en suivant la parole du Guru, toutes les identités qu’il a prises se démontrent fausses. Plus tard, il deviendra clair pour lui qu’il n’est pas de la nature de la force vitale présente dans le corps (Sattva.) Une fois réalisé pleinement qu’il n’est pas même la conscience présente dans le corps, il se détachera du corps. Il sera libéré. Il comprendra soudainement qu’il n’est jamais né.

Par libération, il faut comprendre : être constamment présent au fait d’être la conscience et non pas le corps. Ceci est la sagesse des sages. C’est la libération des libérés. Les actions du mental ne sont pas les actions de celui qui connaît le mental. La naissance est la souffrance que vous ressentez en conséquence d’un rêve. Enseignez cela au mental. Toute votre compréhension se fait à travers le mental. Vous n’êtes pas pour autant le mental. Poursuivez la récitation du Matra. Cela purifie le mental. Alors le mental obéira à ce que vous lui direz. Devenez le Guru de votre mental. Et, en vous servant de ce que vous avez entendu, conduisez-le doucement à la nature du Soi.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 8 novembre 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 138 – la puissance de Maya

Maya Nisargadatta Maharaj

Le concept « Je suis le corps » doit s’en aller. Alors votre condition sera identique à la mienne. Dans l’intention de lâcher la conscience identifiée au corps, tenez avec détermination Cela par quoi vous avez connaissance d’être. Quand vous n’êtes pas là, le mental est absent. Quand la conscience est présente, tout est là. Si la conscience n’est pas là, il n’y a rien. Il n’y a rien qui soit antérieur à la conscience, et il n’y a rien qui perdure au-delà de la conscience. La conscience est éternelle et infinie. Mais elle est sans individualité, sans personnalité. Elle peut prendre la forme de Brahman, de Dieu, ou d’un insecte, ou d’une fourmi. Le monde brille dans la lumière de la conscience. Les créations de la force vitale sont en mouvement. Ne les prenez pas pour des entités individuelles. La connaissance et celui qui connaît apparaissent simultanément. L’un n’est pas créé sans l’autre. Personne n’a une forme personnelle qui soit sa propriété.

Même les déités les plus importantes n’ont pas d’existence par elles-mêmes. Aussi, avec quelle identité personnelle vous voyez-vous ? Toutes les identités se dissoudront.

Personne ne peut prétendre que c’est en faisant certaines choses qu’il a acquis cette forme. Tous les rituels sont faits pour ceux qui croient qu’ils sont le corps. Personne ne désire réaliser d’emblée sa véritable nature. C’est la puissance de Maya. Soudainement, une agitation apparut dans l’état originel. Il s’agit de la conscience des êtres vivants. Vous vous êtes pris pour le corps. C’est une illusion. Quand une telle croyance n’est pas là, il s’agit de l’état naturel. Quand nous sommes tout et toute chose, peut-il y avoir le moindre tourment ?

Nisargadatta Maharaj

jeudi 1er novembre 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 137 – Connaissance et ignorance

ignorance connaissance Nisargadatta

D’ordinaire, les êtres humains n’ont pas la compréhension de ce sujet. Certains s’aventurent tout de même ici et écoutent. Ils pensent que le monde est réel. Avec pour conséquence de penser qu’ils ont un devoir à accomplir. Ils souhaitent que l’expérience de la vie se poursuive. Pour moi le monde est irréel et il n’y a rien qui doit être fait. Je n’ai aucun désir de vivre plus longtemps. La conscience est infime, mais la manifestation, en elle, est si vaste ! Le corps humain est très précieux, rare et difficile à obtenir. Tirez-en le plus grand avantage. Ne commettez jamais le suicide.

L’intellect créé par la Maya est egocentré, mais il n’y a pas d’egocentrage dans le Divin. La conscience qui est arrivée sans qu’on la demande et ne peut être supprimée. Soyez-en juste le témoin.

Quand quelqu’un parle d’un grand sage, j’acquiesce parce qu’il n’est jamais né. Avant tout concept, quel est le premier concept ? C’est la sensation « Je suis ». À qui est apparu ce concept ? Étant donné que vous ne pouvez définir Cela, vous lui donnez le nom « Dieu ». C’est comme donner un nom à un enfant qui vient de naître. Concrètement, ces questions et réponses sont une conversation entre Dieu et Maya. La véritable position reste ce qu’elle est. En rêve, certains dévots ont des visions diverses, etc. Mais qui en a la compréhension ? Et à travers quoi ?

Comment l’expérience passagère pourrait-elle être l’Eternel ? Vous avez connaissance d’être, et c’est une expérience passagère. Celui qui en a connaissance est éternel. La conscience est supportable tant qu’elle reste occupée. C’est exact que le monde est une preuve visible de l’amour. C’est aussi l’association de trois sortes de tourments, à savoir : le corps, le mental et la conscience de soi. Quelle est l’utilité de l’amour ? N’est- ce pas pour faire disparaître tous les tourments ? Sa vraie signification est au-delà d’une compréhension basée sur les mots. La sensation « Je suis » en elle-même est fausse. Alors comment peut-on ensuite parler d’ego et de tout le reste ?

Ici, nous ne montrons aucune voie, ni ne proposons aucune discipline. Si vous appréciez cette parole, vous pouvez l’appeler une guidance. Qui connaît la Vérité ? Qui a assez de pouvoir pour se nommer lui-même ? En réalité, ce n’est qu’une fois la conscience venue que vous avez eu connaissance d’être. Avant que vos parents vous parlent de vous, qu’en connaissiez-vous ? Dites-nous d’où vous venez, sans mentionner vos parents. L’enfance signifie l’ignorance. Une même ignorance se montre comme connaissance dans la jeunesse et la vieillesse. Est-ce que cela ne veut pas dire que c’est cette même ignorance qui parade en tant que connaissance en ce moment ?

Nisargadatta Maharaj

jeudi 25 octobre 1979

Extrait de “Méditations avec sri Nisargadatta Maharaj” aux éd. Aluna

Nirupana 136 – le mieux à faire est de rester tranquille

 Si chacun souhaite la libération, c’’est parce que personne ne peut supporter la conscience. C’est sans identité.

Tout ce qui existe dans le monde n’est que traditions faites de mots. Toutes les religions sont de simples concepts. Les traditions de mots reposent sur ces concepts.

La connaissance présente dans le corps est unique. Elle est sans forme ou aspect. Il est impossible de dire quand la libération se produira en vous. Quelle que soit la gravité de la situation, le suicide ne devrait jamais être commis. L’expérience du corps humain est difficile à obtenir, même pour les dieux.

Le Jnani est posé dans sa véritable nature. Il n’a pas besoin de Dieu. Le Jnani ne souffre pas du contenu de sa mémoire, quelle qu’elle soit. L’ignorant en souffre par attachement. Si vous n’entretenez pas vos relations, vont- elles toutes mourir ? N’est-il pas vrai que le corps a pris son apparence spontanément ?

Si vous n’étiez pas venu à cet Ashram, vous seriez peut-être mort en espérant ou souhaitant encore quelque chose. En venant  ici, vos espoirs ont disparu. Si vous m’avez compris profondément et avez embrassé cette compréhension, vous pouvez maintenant aller où vous voulez. Si vous vous rappelez ma parole, cette parole fera tout ce que je pourrais faire pour vous. Alors, vous n’aurez plus rien à faire. Quand vous connaissez une personne, vous pouvez être un ami ou un ennemi pour elle. Mais si vous ne la connaissez pas du tout, alors tout est Brahman.

En premier lieu, l’aspirant doit être un chercheur. Il acquiert la nature divine. Ensuite, il doit abandonner sa nature divine. Cela se fait spontanément. Tout ce qui est vu sans effort, est le véritable Brahman. C’est l‘état naturel du Jnani. Il n’a aucun besoin des mots au niveau de son propre Soi.

L’autre jour, une femme occidentale est venue ici. Un Yogi de l’Himalaya, âgé de dix mille ans, lui est apparu en vision et lui a demandé de venir me voir. Il lui a dit qu’elle pourrait le rencontrer une fois qu’elle aurait rencontré Maharaj. Babaji Yogi est identique à l’espace. Je m’adresse à lui de la façon suivante : « Vous avez pris forme, mais pouvez-vous interférer dans les affaires du monde ? Alors pourquoi êtes-vous collé à votre conscience, comme l’est un enfant à une sucette ? N’avez-vous pas connaissance de comment le bail de la vie prend place ? Alors pourquoi devriez-vous vous en préoccuper ? »

Des incarnations renommées sont venues et parties. Pouvaient- elles agir sur la création, le maintien, et la dissolution de la manifestation ? Où étaient-elles quand de grandes tyrannies et calamités se sont produites ?

Celui qui s’est installé dans le Brahma-randhra (chakra coronal et état de conscience correspondant) peut dire : «Le monde est irréel. » Celui qui a mis fin à lui-même (en tant que conscience identifiée au corps) pourra le comprendre. Tout le monde est identifié à des concepts, des traditions de paroles, et des flots de sensations. Un être sur un million s’interrogera sur cela. Rarement, un être portera l’attention sur le Soi et ira à la Source.

Existe-t-il plus grande lumière que celle par laquelle vous avez connaissance d’être ? Vous vous identifiez aveuglément au corps, alors que vous vous éclairez de votre propre lumière. Qui connaît le mental, qu’il soit calme ou agité ? Recherchez celui qui connaît. Si vous croyez vos pensées vous serez déçu. Soyez le témoin des pensées. Ce « Principe » observe tout. Personne ne peut l’observer. Restez en tant que Celui qui voit. La sensation d’être l’acteur est fausse. Vous êtes témoin, aussi restez-le simplement. C’est la seule pénitence que vous devriez pratiquer.

La conscience est apparue sans le savoir. C’est ce que l’on appelle la naissance. Les expériences que vous avez maintenant proviennent d’un état de sommeil (l’ignorance, qui est la conscience identifiée au corps). Dans le sommeil profond, un roi rêve qu’il est un mendiant et alors il s’en va mendier. L’état de rêve le fait mendier bien qu’il soit un roi. Quand le faux état de veille disparaît, il est à nouveau le roi. Alors qu’est-ce qui est vrai dans tout ceci ? Vous n’avez pas de corps. Vous n’êtes pas la conscience. Vous êtes témoin. Tenez-vous à cela uniquement. Alors, il n’est même pas nécessaire de méditer.

Rappelez-vous que Cela par quoi vous avez connaissance d’être est la manifestation de Dieu. Alors, vous n’avez plus besoin d’aller au temple. Le chercheur spirituel ne devrait dévoiler ce secret de son cœur à personne. Soyez un ami fidèle de Dieu, avec la conviction qu’Il est Celui qui écoute, qu’Il est Celui qui parle. Ce n’est pas votre ego. Faites- en une habitude.

La lune, les étoiles, sont à des millions de kilomètres. Elles sont observées par la lumière de votre propre conscience. Cela montre comment s’est déployée la lumière de votre conscience. La lumière est celle du Soi qui est dans votre cœur. La conscience peut-elle appartenir à un individu (qui par ignorance se prend pour un corps) ? Elle appartient uniquement à Dieu qui est l’Infini. Aussi, le mieux à faire est de rester tranquille.

La félicité est de nature divine. Celui qui n’a pas confiance, n’obtiendra aucune joie de tout son bien-être. En tant que disciple du Guru, ne parlez à personne de ce secret dans votre cœur. C’est de l’intérieur que ce qui émane du Guru se fera entendre. En tant que disciple, ne croyez pas à ce que les gens racontent. Ils vous feront vous vautrer dans leurs propres concepts. Ce secret doit rester entre vous et le Guru.

Dieu dit au dévot : « Tu ne mourras pas, parce que ta mort signifierait ma mort. Je suis l’impérissable et immortel Atman. » Vos problèmes sont les problèmes de Dieu. S’il y a des problèmes, répétez « Jaï Guru ». Paramatman, l’Absolu, tient le drapeau de votre conscience. Qui peut l’arracher ? Souvenez-vous qu’Il est présent, et qu’ainsi vous êtes présent. La conscience est votre sentiment d’être, « Je suis ». C’est Dieu. C’est le Guru le plus pur possible. Cela devrait être la foi la plus simple et pure. Vous devriez en premier vous adresser au Divin intérieur. Si vous en parlez aux gens, ils vous mettront à mal avec leurs concepts. Votre conviction doit rester pure et claire. C’est l’essence secrète de tout cela.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 11 octobre 1979

Extrait de “Méditations avec sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 135 – Mort de la peur

mort de la peur Nisargadatta

Je ne parle pas sur la base des Ecritures. Je ne parle que de Celui qui écoute. Je ne parle pas de comment mener sa vie au quotidien. Regardez uniquement qui vous êtes. Si vous saisissez ceci, les souffrances et les plaisirs du quotidien ne vous affecteront pas.

Tout travail que vous pouvez entreprendre sera imparfait, parce que votre existence elle-même est imparfaite. Celui qui S’est réalisé sait que les joies et les peines de la vie sont le produit du mental. Elles apparaissent spontanément.

La naissance est un dérangement. Quand il n’y a pas de naissance, il n’y a aucun problème. La naissance signifie la manifestation de la Conscience – Sattva. C’est cela la nuisance. Même si le temps d’apparition de la Conscience était allongée, Elle devrait toujours être écartée un jour ou l’autre. Même Krishna a dû se séparer de la Conscience. Jnaneshwar a laissé de côté cette nuisance à l’âge de vingt-et-un ans (il a écrit un commentaire en versets de la Gîta. Il a aussi écrit L’expérience de l’immortalité. Il s’enferma dans une cave et demanda à son frère aîné et Guru de poser une dalle sur l’accès à la cave).

La Conscience est perçue et même chérie, mais elle ne peut être supportée. Pour pouvoir la supporter, des activités multiples et variées sont mises en place. Elle se manifeste en fonction de ce à quoi vous la comparez, ou de ce en tant que quoi vous la vénérez. Cependant Elle n’est pas infinie. Krishna disait : « En fait, tout ceci, Je le Suis. » Plus d’un sage se prosternait devant Lui. Cela n’a pas empêché le fait qu’il doive se séparer de la Conscience. La perception de soi qui est apparue sans en avoir connaissance, est-elle une joie ou une nuisance ? Un être humain vit dans l’anxiété toute sa vie, anxiété pour ses enfants, ses petits-enfants, ou anxiété pour que chacun se porte bien.

Le veau est la raison pour laquelle la vache produit du lait de son pis. De la même manière, le sage est inspiré de parler de la réalisation du Soi quand il rencontre le dévot. Vous pouvez être capable de reconnaître la qualité d’une pierre précieuse, mais vous n’êtes pas capable de reconnaître la Maya-racine. Cela ne se fait que par la précieuse présence d’un Guru.

Est-ce que la Conscience est sans souffrance, ne serait-ce que pour un jour ? Est-ce que la nuisance arrive de l’extérieur, ou est-ce la Conscience Elle-même qui est la nuisance ? Il y avait moins d’anxiété quand les individus étaient dans l’ignorance. L’anxiété est plus grande quand la connaissance s’accroît. La raison à cela est qu’ils n’ont pas saisi la racine de la souffrance. Vous ne pouvez avoir aucune connaissance de cela, jusqu’au moment où vous êtes amené à connaître le corps.

On vous a dit que la peur existait, que la mort existait, que le temps existait et que Dieu existait. Ils sont présents si vous croyez en eux. Et si vous n’y croyez pas ? Si vous reniez tout cela, il n’y a rien. L’Absolu possède-t-il la moindre forme ? Même les plus grands êtres sont restés ébahis devant Cela. Certains sont partis en disant : « Je reviendrai après tant d’années. » S’agit-il de réalisation de Soi ? Aussi longtemps que Maya est là sous la forme de la subtile Conscience , il ne peut il y avoir de réalisation du Soi. Du point de vue du soleil, l’obscurité n’existe pas. Tout comme du point de vue du Jnani, personne ne naît. Quoi qui apparaisse est une pièce dramatique orchestrée.

Trouvez la cause de la naissance. Est-ce que quelqu’un se penche sur la nature de la Conscience ? De quoi est-Elle faite ? Les gens font pénitence depuis des siècles. Contentez-vous de comprendre votre vraie nature. Vous ne possédez pas d’identité du genre « Je suis comme ceci », etc., Reconnaissez simplement ce fait. Cette discussion n’est pas faite pour tout le monde. La façon dont la conscience fait se comporter chacun est correcte. Il n’y a pas à se séparer de la Conscience, mais il faut en avoir une juste compréhension. Votre véritable nature est antérieure à la Conscience.

La Conscience va s’en aller. Le Jnani en a la compréhension. Aussi le Jnani n’a pas de peur. La sensation « Je suis » est appelée Brahman. Après avoir réalisé Brahman, on se trouve au-delà de la destinée. Le nom Brahman est donné pour des raisons pratiques. À partir de la pure connaissance, la Conscience, le mental, l’intellect, sont apparus. Quand la Conscience n’est pas là, le besoin de joie n’est pas ressenti. Pourquoi est-il ressenti quand la Conscience est là ? La raison est que la Conscience Elle-même est le problème. Si vous la nommez joie, elle est joie; si vous la nommez misère, elle est misère. Elle est telle que vous la nommez. Observez ce que vous êtes à cet instant précis. Vous êtes différent de tout ce qui est connu de vous. La Conscience est changeante par nature. Ses mouvements provoquent la peur. Dans l’intention d’apaiser cette Conscience, la foi dans le Guru est nécessaire.

Si votre dévotion envers le Guru est fermement établie, vous savourerez la libération de votre vivant. Ce qui est connu provoque la peur. Ce qui transcende la peur est éternel. Vous n’êtes pas attentif à votre perfection. C’est pour cette raison que vous êtes effrayé. Ayez une foi totale dans le Guru, et alors la peur sera complètement déracinée.

Nisargadatta Maharaj

Dimanche 7 octobre 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éd. Aluna

Nirupana 134 – Jnani

Jnani Nisargadatta Maharaj

Quand on devient libre de la conscience identifiée au corps, l’affectation générée par les relations s’étiole. Une fois que vous réalisez votre propre identité, vous pouvez aimer chacun.  Le monde entier est votre manifes- tation, votre forme. Tant que vous ne lâchez pas la conscience identifiée au corps, il ne pourra pas y avoir de progression. Il convient de méditer de la sorte : « Cela qui est invisible et peut être séparé du corps est ma véritable nature. Le corps n’est pas mon identité. »

Après avoir transcendé la conscience identifiée au corps, il convient de ne pas négliger de prendre soin du corps. Toutefois, il n’y a plus de passions et de désirs. Une sensation de détachement en même temps que de plénitude apparaît. Tout au long de la journée, un être humain va se distraire dans différents concepts. Les autres êtres (tels que les animaux) utilisent leurs capacités pour leur survie. Quand l’attention se détourne des autres objets, elle se reporte sur le Soi. Quand le mental se détache des objets, il se pose dans le Soi.
Existe-t-il réellement une dualité ? Vous y croyez, alors il y en a une. Est-ce que le soleil considère ses rayons comme séparés de lui ? Devenir un Jnani, c’est devenir pure présence. Alors Maya, Brahman, Dieu, montreront leur irréalité. Seul un Jnani peut reconnaître un Jnani. Où il y a conscience, il y a souffrance. Est-ce qu’il y a de la souffrance dans le corps ? La souffrance est là, tant que la conscience est présente. Il convient de réaliser que la conscience et la souffrance qui l’accompagne ne sont pas ma véritable nature. La naissance entraîne l’état de veille et de sommeil. Il s’agit de deux états. Le Jnani en a connaissance. La conscience ne peut être comprise objectivement. En état de Samadhi, la veille et le sommeil ne sont pas séparés. L’état de Samadhi n’existe pas au niveau du Soi. L’intellect est le jeu du concept « Je suis ». C’est la ficelle qui fait tournoyer le cerf-volant. Le Jnani observe comment la conscience s’éteint. Il n’en est pas affecté. Il a vu Dieu, dont tout ceci est l’expression. Il a aussi vu que Dieu était passager et disparaissait. Les autres êtres vénèrent Dieu dans le but que leur bien-être soit préservé. C’est la différence. Seul un Jnani peut observer que lorsque l’incarnation de Dieu se termine, ce n’est pas sa propre fin. Les autres entretiennent les concepts de paradis et d’enfer.

Ce que le Guru demande que l’on dépose à ses pieds, c’est le soi ; certains y mettent leur corps, mais pas le soi. Si vous voulez devenir un Jnani, vous devez offrir votre soi au Guru. Un Jnani n’est pas la conscience. Il n’est jamais né. Quoi que ce soit qui soit, est la conscience. Le Jnani, en tant qu’Absolu, n’est même pas le témoin. Vous viendrez à connaître, le moment voulu, comment la manifestation prend place. Pour l’instant, contentez-vous de présenter la conscience à la conscience. Il n’est pas nécessaire d’amener Paramatman dans le décor. Une fois que ce mariage sera consumé, vous pourrez faire ce qu’il vous plaît. Une fois que vous aurez transcendé la conscience, vous n’aurez plus aucune anxiété.

Portez votre intérêt uniquement sur comment, pourquoi et quand vous avez été amené à connaître que « vous êtes ». Laissez de côté tout le reste. Ce qui est agité s’apaisera. En tant qu’Absolu, vous êtes déjà tranquille.

 

Nisargadatta Maharaj

samedi 6 octobre 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éd. Aluna

Nirupana 133 – Silence

Silence Nisargadatta

Est-ce que quelque chose peut être connu sans le mental ? Où il y a la conscience, le mental doit aussi être là. Il est le langage de la conscience. Cependant, la compréhension que « Je ne suis pas le corps » est inhérente à la Conscience. Elle est antérieure au mental. La sensation « Je suis » est appelée la Conscience. Fixez-vous à cela. Le mental ne s’en ira pas. Conten- tez-vous d’observer ce que vous êtes. Ne vous référez pas au mental. Le mental continue, laissez-le. Vous avez à vous convaincre que vous n’êtes pas le mental. Vous dites que vous êtes emmené par le courant du mental, mais avez-vous déjà vu la Conscience être emportée par quoi que ce soit ?

Lors d’une épreuve, si la récitation du mantra du Guru est répétée, la difficulté s’en ira. Pour cela, la conviction que le Soi est mon meilleur ami, mon Guru, doit être présente. Engagez votre mental dans la dévotion au Soi. Invitez-le à entrer en amitié avec le Soi. Le mental court d’un endroit à l’autre. Pour le diriger vers le Soi, la récitation du mantra est conseillée. C’est seulement quand le mental et le Soi ne font plus qu’un, que l’état de Samâdhi se déploie.

Le mental est le langage des affaires du monde. Le mental est action. Plus nous sommes en recherche du Soi, plus le mental se purifie. Il convient d’oublier la conscience identifiée au corps et d’occuper le mental avec la récitation du mantra. Portez toute l’attention sur votre véritable nature. Tant que le mental vous considère comme le corps, il ne sera pas contrôlé.

Votre sensation « Je suis » est votre propre Soi. Qui dit au mental ce qu’il doit faire ? Est-ce le Soi ? Progressivement vous réaliserez que vous n’avez ni forme, ni aspect. Alors seulement là, le mental sera sous contrôle. Pendant la méditation, une lumière blanche étincelante comme un diamant peut être vue. Dans les écritures, elle est appelée le corps subtil. Seuls les plus fortunés peuvent la voir. C’est un signe de réalisation du Soi. C’est par la puissance de cette lumière que le corps fonctionne. La plus grande fortune est de rester sans conscience identifiée au corps. Si vous ne dormez pas, tant que vous n’avez pas de pensées, vous bénéficierez du même repos que si vous dormiez. La contemplation du Soi exclut toute autre activité. Vous ne pouvez pas être absorbé dans la contemplation du Soi alors que vous menez vos affaires. Quand vous travaillez, soyez attentif à votre travail. Dès que vous avez un moment disponible, embrassez le Soi. Quand vous êtes paisible, ne portez pas l’attention sur les pensées, uniquement sur le Soi. La conscience doit se focaliser sur la conscience. Alors que vous méditez, si vous venez à avoir des informations sur le passé, le présent ou le futur d’une personne, n’en parlez pas. Quand la connaissance du Soi est établie, la manière de Se conduire dans le monde est connue de Lui.

On doit prendre soin de la réalisation du Soi comme on peut le faire de sa femme, de ses enfants, de ses occupations. Le chercheur du Soi ne connaît pas de règles ou de lois. Les règles sont faites pour ceux qui ont pour préoccupation les plaisirs mondains. Le mental est difficile à contrôler. Pour cela, ne portez pas votre attention sur le mental. Portez l’attention sur votre véritable nature.

Laissez de côté le nom que vous ont donné vos parents. Et maintenant, dites-moi votre nom ! Pouvez-vous dire quelque chose main- tenant au sujet de votre propre Soi ? Il n’y a pas de réponse à cette question. Il n’y a que Silence. Cet état est antérieur à la conscience. Pendant la méditation, ne projetez aucune forme ou aucune idole. Ne prenez aucune image pour support.

Si vous observez votre corps, vous verrez qu’il s’agit d’une machine à produire des déchets. Cependant les sages disent : « Le corps humain est le meilleur de tous. Sans un corps humain, personne n’a atteint l’état de Parabrahman, mais il peut aussi ne pas l’être. » Par l’oubli du Dieu qui s’éclaire de sa propre lumière, vous dites « Je suis tel le corps ». Ainsi vous êtes marqué du sceau de la mort. Menez à bien vos différentes activités, mais n’oubliez pas votre véritable nature. La conscience identifiée au corps ne libère aucun temps pour la récitation du mantra ou la méditation. Alors que vous oubliez le bien-aimé Paramatman, vous êtes totalement occupé à vous divertir. Mais quoi que vous fassiez cela s’en va. Lâchez l’identification au corps. Alors, assurément, vous verrez que vous êtes Paramatman. Parmi des millions d’êtres, combien ont l’ardeur de trouver la Vérité ?

Être présent au Soi sans les mots, s’est unir le soi au Soi. Seule suffit la conviction que vous n’êtes pas le corps. La conscience identifiée au corps (l’ego) s’en ira. Le Soi, qui opère au travers de la force vitale des cinq éléments, peut-il être détruit ? La puissance de la réalisation du Soi est telle que des millions d’êtres se prosternent aux pieds d’un Jnani.

Autant que possible, n’envisagez pas le suicide. La pleine Conscience dans le corps humain est difficile à obtenir ; en fait, extrêmement rare. Il n’y a plus de connaissance dans l’état du Soi non manifesté. Celui qui atteint cela, est pour toujours présent au fait que « Je ne suis pas le corps, J’ai l’apparence de la lumière ». Si cela est reconnu, votre conscience identifiée au corps se transforme en celle de Brahman. Votre conviction doit être celle d’atteindre votre véritable nature. Il n’y a que le Soi. Parce qu’Il est, nous sommes lumière rayonnante. Une fois le Soi réalisé, il ne restera même pas la moindre idée de la mort. Soyez conscient de ceci avant que le corps ne s’en aille.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 30 septembre 1979

Extrait de ” Méditation avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 132 – Nirvana

Nirvana Nisargadatta

Quand la qualité d’expression de Sattva (en tant que force vitale) commence à faiblir et que l’intellect s’amenuise, la mémoire s’estompe. C’est ainsi que l’on ne se rappelle plus les choses en vieillissant. Aussi longtemps que nous ne réalisons pas qui nous sommes, toutes les surimpositions devront être acceptées. Mais par contre, que se passera- t-il quand nous réaliserons que nous ne sommes ni Sattva, ni sa qualité de connaissance ? Le corps est un stock d’essence de nourriture. L’énergie vitale présente dans ce jus de fruit dit : « Je suis le corps. Je suis un homme ou je suis une femme. » Tout comme il y a un parfum qui émane d’une fleur, du corps émane la conscience. On la nomme Sattva. L’origine de cette qualité est la nourriture. Il n’y a pas de Prana sans nourriture.

Pouvez-vous saisir le prana ou la conscience ?
Le Nirvana se trouve là où, au final, il ne reste plus rien. Certaines de vos actions semblent laisser une trace dans l’espace, mais pas celle de celui qui est Nirguna (sans qualité). Le sens « Je suis » n’est plus présent. Le Guna est né ou apparu, s’est installé, puis est parti ou s’est dissous. Celui qui a connaissance de ceci reste sans parole.

Dans l’état de Nirvikalpa Samâdhi – sans construction mentale – la conscience disparaît. C’est le Samâdhi quand il n’y a pas de souffrance physique ou mentale. Les Guna sont en suspens.
Si le support du corps n’est pas là, qui peut avoir connaissance ? Alors, on Lui donne des noms comme Brahma, Vishnu, etc. Il s’agit de la Conscience.

Le corps n’est pas notre véritable nature. Au niveau de notre véritable nature, il n’y pas trace de la moindre caractéristique. Il n’y a pas de concepts. Celui qui réalise sa véritable nature devient identique à Dieu. Le Jnani est celui qui connaît le Soi. Il s’agit du Guru. Ceux qui s’installent dans des rituels n’ont pas connaissance de la nature du Soi. Réaliser sa véritable nature et vivre en tant que Soi est la religion du Soi. Notre Conscience est spontanément présente. Ce qui est connu, l’est au travers du mental. La Conscience est antérieure au mental. Celui qui vit directement à partir de la nature du Soi, n’endure pas les douleurs de la naissance et de la mort. Il n’a pas d’intérêt, parce qu’il est sans forme. Tant que la conscience identifiée au corps est présente, les désirs s’élèvent spontanément. Quoi que ce soit qui doit être entretenu, n’est pas de la nature du Jnani.

La véritable écoute ne se fait pas par les oreilles. Elle se fait à travers la Conscience. Quand il n’y a pas de corps, la Conscience ne peut pas être évoquée. Dire : « Je suis en train de mourir, maintenant je m’en vais », est un concept illusoire. Même le concept « il y aura réalisation du Soi » est illusoire. Si vous allez rencontrer le Soi, c’est qu’il est séparé de vous. Il fera votre connaissance, indépendamment de vos tentatives pour Le rencontrer.

La meilleure façon d’être au service du Guru, est d’être fidèle à la parole du Guru. Pour cela, vous devez porter une attention constante à votre véritable nature.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 27 septembre 1979

Extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 131 – le miroir est limpide

Vous êtes présent et le fait d’en être témoin surgit en vous. Les cinq éléments sont contenus dans la Conscience. Ne vous êtes-vous pas pris pour quelque chose ou quelqu’un ? Qu’est-ce que vous avez à vous prendre exclusivement pour votre corps ? La joie et le tourment, Brahman et Maya ne sont rien d’autre que votre Conscience. Vos problèmes prendront fin quand la conscience identifiée au corps ne sera plus là. Au final, rien ne persistera, y compris le « Je ». Quand vous comprendrez ceci, je m’inclinerai devant vous. Mais cette compréhension se doit d’être inébranlable. Vos interactions quotidiennes reposent sur les mots. Là où le mot n’apporte plus de sens, qu’est-ce que vous allez comprendre ? Quelle est alors votre identité ? Vous vous croyez très instruit par les connaissances verbales, c’est pourquoi vous utilisez les mots. Quand vous ne possédez pas de représentation verbale de votre propre image, vous devenez identique à Dieu.

Antérieurement à chaque problème, une réponse est déjà présente. S’il n’y a pas de réponse, le problème n’apparaîtra pas. Il n’y a pas d’attention portée au véritable état. Êtes-vous venu au monde en connaissance de cause ? Alors comment allez-vous assister à votre départ ? C’est une illusion. Il n’y a eu aucune mesure de prise pour venir. Alors quelles mesures seraient les vôtres au moment de partir ? (La conscience est survenue spontanément, et s’en ira de la même manière). Par la suite, cela deviendra clair pour vous que ce que vous écoutez aujourd’hui ne vous sera d’aucune utilité. Est-ce que la conscience que vous expérimentez est véritablement fiable ? Comme un bâton est une aide pour un aveugle, Dieu sous ses multiples noms a été donné comme une aide. Si vous avez réalisé le Soi, tous les noms sont ceux de votre Soi.

Aussi longtemps que vous pensez que vous allez mourir et que vous croyez que vous subirez des tourments après la mort, on parlera de moralité. Est-ce que le soleil voit l’obscurité ? Un jnani ne voit aucune différence entre un chercheur et un pécheur. Les religions du monde sont les jeux des ignorants. Vous avez une perception de votre propre identité qui vous rend anxieux. Vous créez de la souffrance en cherchant le plaisir. Ne rajoutez aucun sens.

Vous devez réaliser que votre présence et le monde sont une seule et même « chose ». Alors vous comprendrez que le monde ne vous est d’aucune utilité, tout comme vous n’êtes d’aucune utilité pour le monde.

De quel ordre est la dualité entre celui qui a connaissance et la connaissance ? C’est du même ordre que la dualité qu’il peut y avoir entre le soleil et ses rayons. La manifestation de la conscience est dualité. S’il n’y a pas de connaissance, il n’y a pas de dualité. L’état de conscience est la dualité et inversement. Si le soleil se mettait à explorer sa propre lumière, en verrait-il la fin un jour ? De la même manière, si vous voulez cerner le monde avec votre propre conscience, le pourrez- vous ? Votre connaissance n’est pas quelque chose d’insignifiant. C’est l’univers dans son entier. Mais vous n’êtes pas cela. Vous êtes Ce qui a connaissance de cela.

La dévotion, la conscience, Brahman sont un et unique. Certains pratiquent une dévotion directe, d’autres, indirecte. Krishna dit : « Je vois ma propre forme, cette forme est le monde. Ainsi, tout ce qui constitue le monde est mon propre Soi. Celui qui voit et ressent n’est pas séparé de ce qui est vu et ressenti. Les véritables chercheurs sont ceux qui ont connaissance de ceci et qui me vénèrent. »

Vous en avez suffisamment entendu, mais qu’allez-vous emporter avec vous (au moment de la mort) ? Le corps vous a recouvert, mais ce que vous êtes est la conscience. Cette connaissance est infinie. Ceci veut dire que l’on ne peut pas la définir.

Qui a la compréhension que le corps est féminin ou masculin ? C’est la Conscience. De grands aspirants tels que Krishna, Rama, etc., vénéraient la Conscience en la considérant pour « Je suis Cela ». Les autres, utilisant la même connaissance, fabriquent leurs dieux, les vénèrent et s’abandonnent à eux en méditant. Vous pouvez poursuivre vos activités mondaines, mais soyez fidèle à la parole de votre Guru, comme à un vœu. C’est la même chose que de dire : « Je suis Brahman. »

La Conscience est le divertissement. Elle n’a pas besoin d’autre utilité que de se divertir elle-même. Avant de mourir, chacun devrait réaliser qu’il n’y a aucun allée et venue. Si le miroir est limpide, il reflète toutes choses. De la même manière, quand la Conscience se purifie, il est clairement vu que le monde se joue en elle. Celui qui pratique la dévotion ne risque jamais de s’écarter de cette pure vision.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 20 septembre 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. des deux océans