Les noms sont de simples lettres, c’est aussi votre nom ou le nom de Dieu. Comme Dieu a donné des noms, vous-même vous avez des noms pour la vie quotidienne. C’est comme un village qui a un nom. Dieu est de la nature du verbe. Il est de nature spatiale, parce que le verbe est la qualité de l’espace. Vous pourriez appeler votre concept Dieu. Le concept de base est votre conscience, « je suis », mais vous l’avez prise comme étant de la nature du corps.
Vous dites que vous avez une pratique spirituelle, mais avez-vous pensé à ce dont il s’agit ? Qu’est-ce que l’évidence « Je suis » ? L’amour pour votre existence est la seule évidence. Elle apparaît spontanément comme l’herbe sort de terre. Elle est antérieure au cœur, au mental, à l’intellect.
La Source est antérieure à la sensation « Je suis ».
Elle n’a pas de forme. Elle est comme l’espace. Rien ne peut être dit au sujet du Soi. Celui qui connaît la conscience est seulement un témoin. Il est non acteur. Il n’est pas demandé, à celui qui a réalisé la Vérité, de faire quoi que se soit au profit du monde.
Le mental est le langage du prana . Il parle en fonction des impressions qu’il a collectées. Le mental signifie les impressions enregistrées dans le prana . Votre comportement en est le résultat. Le mental est créé si vous acceptez la signification des mots. Votre silence doit être mené à son extrême.
Une fois atteint l’état de jnani , vous saurez que les pensées qui sont dans votre mental ne valent pas deux centimes. Vous êtes « possédé » signifie simplement que le mental est possédé par le mental.
Qui, ou quoi est capable de « vous » posséder ? Êtes-vous d’une quelconque manière concerné par cela ? Qui est concerné par votre vie familiale et vos enfants ? Est-ce vous ou votre mental ? Est-ce le mental qui vous reconnaît ou est-ce vous qui reconnaissez le mental ? Pourquoi acceptez-vous ce que votre mental vous dit être votre passé ou votre futur ? Quelle est votre véritable identité dans le corps ?
Vous êtes vide comme l’espace. Vous êtes, tout comme l’espace, inséparable. Vous n’êtes ni petit, ni grand. Vous emplissez tout et êtes toujours vide, et toujours et encore vous êtes. (Vous imprégnez toute chose). L’espace antérieur au monde est appelé la conscience. Son essence est l’amour du Soi. Il est antérieur au monde, aussi n’a-t-il pas de signification. Peut-il être expérimenté ?
Qui est à l’origine de cette fraude ? N’est-ce pas la conscience, par laquelle nous avons la sensation d’être ? Pourquoi cette conscience n’est- elle pas vraie ? Parce qu’il s’agit d’une expérience qui vous est arrivée accidentellement. Elle est venue sans être demandée.
Chacun d’entre vous est un maître du doute. Est-ce que votre com- portement est toujours exempt de doutes ? L’intellect, universellement acclamé, vous a possédé. C’est votre combat. Est-ce l’intellect qui est antérieur à vous, où est-ce vous qui êtes antérieur à l’intellect ? Sans intellect, seriez-vous heureux ou malheureux ? Vous souffrez de la fièvre-conscience. Vous pouvez vous sentir bien pour un moment, mais le reste du temps sera sans joie. Y a-t-il de la souffrance pendant le som- meil profond ? C’est un état d’ignorance. Qu’est-ce qui vous rendrait totalement bienheureux ?
Un enseignant peut transmettre tout le savoir pratique du monde. Mais seul le Sadguru donne la connaissance de l’être. Tout être vivant est conscient. Celui qui peut évoquer ceci est le Sadguru. Vous avez entendu dire qu’il y avait quelqu’un qui soutenait le monde. Qui est ce quelqu’un ? N’est-ce pas la conscience présente dans le corps ? Le Sadguru vous introduit à la conscience. Il est le Témoin de la conscience. Il est antérieur à la conscience. Cette conscience n’a aucune information de comment et d’où elle a été créée. Si vous voulez réaliser cela, continuez de psalmodier « Guru, Guru, Guru »sans prononcer de mots. Si vous avez foi dans le
Guru, sa parole doit être prise pour autorité. Vous avez un fort désir d’exister. Il prendra fin quand vous connaîtrez votre vraie nature (ce désir s’en va après la réalisation.)
Quand la conscience est satisfaite, Dieu est satisfait. Méditez sur la conscience. C’est aussi facile que difficile. Si votre foi dans le Guru est inébranlable, c’est facile. La conscience, à travers laquelle vous faites l’expérience des bonnes et mauvaises choses, est complète par elle- même. Dans le sommeil profond, vous vous reposez en vous-même, sans besoin extérieur. Le sens de la dualité est la cause de souffrance. Si vous prenez la parole du Guru pour autorité, vous n’expérimenterez plus la souffrance. Vous saurez que vous êtes vous-même félicité.
Votre conscience est plus vaste que l’espace. Bien que vide, elle est dense et impénétrable. Ayez une foi totale dans votre conscience. Le cœur, le mental, l’intellect, sont des fréquences d’action de la conscience. Tant qu’il y a conscience, il n’y a pas de repos. Vous réaliserez que tout est créé au travers de la conscience. Aussi n’est-il pas nécessaire de demander quoi que ce soit. Tout est en mouvement uniquement au sein de la conscience. Malgré cela, sa faim n’est jamais satisfaite. Abandon- nez-vous à la conscience sans aucune dualité. Alors, elle s’abandonnera aussi à vous. Vous serez comme la rivière, qui devient l’océan quand elle le rencontre.
Méditer sur la conscience avec la conscience est maha-yoga (la grande union). Alors, il y a félicité. Sur l’océan de félicité, les vagues sont aussi félicité. Si quelqu’un veut vénérer Dieu, il doit vénérer le Guru. Cela veut dire qu’il doit s’abandonner à la conscience qui écoute la pa- role du Guru. Suivre ce que vous avez entendu est l’ultime dévotion.
Nisargadatta Maharaj
mardi 15 août 1978
Extrait du Nirupana 51 de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj”