Je suis Cela 6 – La méditation

nisaargadatta je suis 5

Visiteur : Tous les enseignants conseillent de méditer. Quel est le but de la méditation ?


Nisargadatta Maharaj : Nous connaissons le monde extérieur des sensations et des actions, mais nous savons très peu de choses de notre monde intérieur des pensées et des sentiments. Le but premier de la méditation est de devenir conscient et de se familiariser avec notre vie intérieure. Le but ultime est d’atteindre la source de la vie et de la conscience.
Par ailleurs, la pratique de la méditation affecte profondément notre caractère. Nous sommes esclaves de ce que nous ne connaissons pas ; de ce que nous connaissons, nous sommes maîtres. Quel que soit le vice ou la faiblesse en nous, nous découvrons et comprenons ses causes et ses rouages, nous le surmontons par le simple fait de le mettre en lumière ; l’inconscient se dissout lorsqu’il est amené au conscient. La dissolution de l’inconscient libère de l’énergie ; l’esprit se sent adéquat et s’apaise.


V : A quoi sert un esprit calme ?


N.M : Lorsque l’esprit est calme, nous arrivons à nous connaître en tant que pur témoin. Nous nous retirons de l’expérience et de celui qui l’expérimente et nous nous tenons à l’écart dans la pure conscience, qui se situe entre les deux et au-delà. La personnalité, basée sur l’auto-identification, sur le fait de s’imaginer être quelque chose : ” Je suis ceci, je suis cela “, continue, mais seulement comme une partie du monde objectif. Son identification avec le témoin se rompt.


V : Comme je peux le constater, je vis sur plusieurs niveaux et la vie sur chaque niveau requiert de l’énergie. Le Soi, par sa nature même, se délecte de tout et ses énergies s’écoulent vers l’extérieur. Le but de la méditation n’est-il pas de maintenir les énergies aux niveaux supérieurs, ou de les pousser vers le haut, afin de permettre aux niveaux supérieurs de prospérer également ?


N.M : Ce n’est pas tant une question de niveaux que de gunas (qualités). La méditation est une activité sattvique et vise à l’élimination complète de tamas (inertie) et de rajas (activité). Sattva (harmonie) pur est l’absence parfaite de paresse et d’agitation.


V : Comment renforcer et purifier Sattva ?


N.M : Sattva est toujours pur et fort. Il est comme le soleil. Il peut sembler obscurci par les nuages et la poussière, mais seulement du point de vue de celui qui le perçoit. Occupez-vous des causes de l’obscurcissement, pas du soleil.


V : A quoi sert sattva ?


N.M : A quoi servent la vérité, la bonté, l’harmonie, la beauté ? Elles sont leur propre but. Elles se manifestent spontanément et sans effort, lorsque les choses sont laissées à elles-mêmes, sans interférences, ne sont pas évitées, ou voulues, ou conceptualisées, mais simplement expérimentées en pleine conscience, cette conscience elle-même est sattva. Elle ne se sert pas les choses et les gens – elle les accomplit.


V : Puisque je ne peux pas améliorer sattva, dois-je m’occuper uniquement de tamas et rajas ? Comment dois-je m’occuper d’eux alors?


N.M : En observant leur influence en vous et sur vous. Soyez conscient de leur fonctionnement, observez leurs expressions dans vos pensées, vos paroles et vos actes, et progressivement leur emprise sur vous diminuera et la claire lumière  de sattva émergera. Ce n’est ni un processus difficile, ni  interminable ; la sincérité est la seule condition du succès.

Nisargadatta Maharaj
Extrait traduit pour https://meditations-avec-sri-nisargadatta-maharaj.com/ .  Version originale éditée par Maurice Frydman à partir des enregistrements en Marathi de Nisargadatta Maharaj et  publiée dans – “I am That” Acorn Press

Je suis Cela 5 – Ce qui est né doit mourir

monde réel, nisargadatta

Visiteur : La conscience-témoin est-elle permanente ou non ?


Nisargadatta Maharaj : Elle n’est pas permanente. Le connaisseur se lève et se couche avec le connu. Ce dans quoi le connaisseur et le connu se lèvent et se fixent, est au-delà du temps. Les mots permanent ou éternel ne s’y appliquent même pas.


V : Dans le sommeil, il n’y a ni le connu, ni le connaisseur. Qu’est-ce qui maintient le corps sensible et réceptif ?


N.M : Vous ne pouvez certainement pas dire que le connaisseur était absent. L’expérience des choses et des pensées n’était pas là, c’est tout. Mais l’absence d’expérience est aussi une expérience. C’est comme entrer dans une pièce sombre et dire : ” Je ne vois rien “. Un homme aveugle de naissance ne sait pas ce que signifie l’obscurité. De même, seul celui qui sait sait qu’il ne sait pas. Le sommeil n’est qu’un trou de mémoire. La vie continue.


V : Et qu’est-ce que la mort ?


N.M : C’est le changement dans le processus de vie d’un corps particulier. L’intégration se termine et la désintégration s’installe.


V : Mais qu’en est-il du connaisseur. Avec la disparition du corps, le connaisseur disparaît-il ?


N.M : Tout comme le connaisseur du corps apparaît à la naissance, il disparaît à la mort.


V : Et rien ne reste ?


N.M : La vie demeure. La conscience a besoin d’un véhicule et d’un instrument pour sa manifestation. Lorsque la vie produit un autre corps, un autre processus de connaissance apparaît.


V : Y a-t-il un lien de causalité entre les corps-connaisseurs successifs, ou corps-esprits ?


N.M : Oui, il y a quelque chose que l’on peut appeler le corps-mémoire, ou corps causal, un enregistrement de tout ce qui a été pensé, voulu, et vécu.  C’est comme un nuage d’images maintenues dans un album.


V : D’où vient ce sentiment d’existence séparée ?


N.M : C’est une réflexion dans un corps séparé de l’unique réalité. Dans cette réflexion, l’illimité et le limité sont confondus et pris pour la même chose. Le but du yoga est de dissiper cette confusion.
V : La mort ne supprime-t-elle pas cette confusion ?


N.M : Dans la mort, seul le corps meurt. La vie ne meurt pas, la conscience une ne meurt pas, la réalité ne meurt pas.
Et la vie n’est jamais aussi vivante qu’après la mort.


V : Mais est-ce que l’on renaît ?


N.M : Ce qui est né doit mourir. Seul le non-né est sans mort. Trouvez ce qui ne dort jamais et ne se réveille jamais, et dont le pâle reflet est notre sens du “je”.


V : Comment dois-je m’y prendre pour le découvrir ?


N.M : Comment s’y prendre pour trouver quoi que ce soit ? En gardant tout votre esprit et votre cœur sur la question. Il doit y avoir un intérêt et un rappel constant. Un rappel constant de ce dont il faut se souvenir est le secret de la réussite. On y arrive par le sérieux.


V : Voulez-vous dire que le simple fait de vouloir découvrir quelque chose est suffisant ? Il est certain qu’il faut à la fois des qualifications et des opportunités.


N.M : Celles-ci viendront avec la détermination. Ce qui est suprêmement important, c’est d’être libre de toute contradiction : le but et le chemin ne doivent pas être sur des niveaux différents ; la vie et la lumière ne doivent pas se disputer ; le comportement ne doit pas trahir la foi. Appelez cela honnêteté, intégrité, cohérence ; vous ne devez pas revenir en arrière, défaire, déraciner, abandonner le terrain conquis. De la détermination dans l’objectif et de l’honnêteté dans la poursuite vous mèneront à votre but.


V : La ténacité et l’honnêteté sont des dons, assurément ! Je n’en ai pas la moindre trace.


N.M : Tout viendra au fur et à mesure que vous avancerez. Faites d’abord le premier pas. Toutes les bénédictions viennent de l’intérieur. Tournez-vous vers l’intérieur. “Je suis” vous est intime. Soyez avec lui tout le temps que vous pouvez y consacrer, jusqu’à ce que vous y reveniez spontanément. Il n’y a pas de moyen plus simple et plus facile.

Nisargadatta Maharaj
Extrait traduit pour https://meditations-avec-sri-nisargadatta-maharaj.com/ .  Version originale éditée par Maurice Frydman à partir des enregistrements en Marathi de Nisargadatta Maharaj et  publiée dans – “I am That” Acorn Press

Vidéo de lecture du texte :

Vidéo d’investigation à partir du texte:

Je suis Cela 4 – Le monde réel est au-delà du mental

Nisargadatta , je suis, vivance du présent

Visiteur : À plusieurs reprises, la question a été posée de savoir si l’univers est soumis à la loi de la causalité, ou s’il existe et fonctionne en dehors de cette loi. Vous semblez penser qu’il est sans  cause; que tout; aussi petit soit-il, n’a pas de cause, apparaissant et disparaissant sans aucune raison connue.


Nisargadatta Maharaj : La causalité signifie la succession dans le temps d’événements dans l’espace, l’espace étant physique ou mental. Le temps, l’espace et la causalité sont des catégories mentales, qui apparaissent et disparaissent avec le mental.


V : Tant que l’esprit fonctionne, la causalité est une loi valide.


N.M : Comme tout ce qui est mental, la soi-disant loi de la causalité se contredit elle-même. Aucune chose dans l’existence n’a de cause particulière ; l’univers entier contribue à l’existence de la plus petite chose ; rien ne pourrait être tel qu’il est sans que l’univers soit ce qu’il est. Lorsque la source et le fondement de toute chose sont la seule cause de toute chose, il est faux de parler de la causalité comme d’une loi universelle. L’univers n’est pas lié par son contenu, car ses potentialités sont infinies ; il est d’ailleurs une manifestation, ou l’expression d’un principe fondamentalement et totalement libre.


V : Oui, on peut voir qu’en fin de compte, il est tout à fait faux de dire qu’une chose est la seule cause d’une autre chose. Pourtant, dans la vie réelle, nous entreprenons invariablement une action en vue d’un résultat.


N.M : Oui, il y a beaucoup d’activités de ce genre, à cause de l’ignorance. Si les gens savaient que rien ne peut se produire à moins que l’univers entier ne le fasse, ils  laisseraient se réaliser beaucoup plus de choses en dépensant moins d’énergie.


V : Si tout est une expression de la totalité des causes, comment pouvons-nous parler d’une action intentionnelle vers une réalisation ?


N.M : L’envie même de réaliser est aussi une expression de l’univers total. Elle montre simplement que le potentiel énergétique a augmenté en un point particulier. C’est l’illusion du temps qui vous fait parler de causalité. Lorsque le passé et le futur sont vus dans le maintenant intemporel, comme des parties d’un modèle commun, l’idée de cause-effet perd sa validité et la liberté créative prend sa place.


V : Pourtant, je ne vois pas comment une chose peut venir à l’existence sans cause.


N.M : Quand je dis qu’une chose est sans cause, je veux dire qu’elle peut être sans cause particulière. Votre propre mère n’était pas nécessaire pour vous donner naissance ; vous auriez pu naître d’une autre femme. Mais vous n’auriez pas pu naître sans le soleil et la terre. Même ceux-ci n’auraient pu causer votre naissance sans le facteur le plus important : votre propre désir de naître. C’est le désir qui donne naissance, qui donne un nom et une forme. Le désirable est imaginé et voulu et se manifeste comme quelque chose de tangible ou de concevable. Ainsi est créé le monde dans lequel nous vivons, notre monde personnel. Le monde réel est hors de portée du mental ; nous le voyons à travers le filet de nos désirs, divisés en plaisir et douleur, bien et mal, intérieur et extérieur. Pour voir l’univers tel qu’il est, il faut aller au-delà du filet. Ce n’est pas difficile à faire, car le filet est plein de trous.


V : Qu’entendez-vous par “trous” ? Et comment les trouver ?


N.M : Regardez le filet et ses nombreuses contradictions. Vous faites et défaites à chaque étape. Vous voulez la paix, l’amour, le bonheur et vous travaillez dur pour créer la douleur, la haine et la guerre. Vous voulez la longévité et vous mangez trop, vous voulez l’amitié et vous exploitez. Voyez votre filet comme étant fait de telles contradictions et supprimez-les – le fait même de les mettre en lumière les fera disparaître.


V : Puisque ma vision de la contradiction la fait disparaître, n’y a-t-il pas de lien de causalité entre ma vision et sa disparition ?


N.M : La causalité, même en tant que concept, ne s’applique pas au chaos.


V : Dans quelle mesure le désir est-il un facteur causal ?


N.M : Un parmi d’autres. Pour tout, il existe d’innombrables facteurs de causalité. Mais la source de tout ce qui est, c’est l’Infinie Possibilité, la Réalité Suprême, qui est en vous et qui projette sa puissance, sa lumière et son amour sur chaque expérience. Mais, cette source n’est pas une cause et aucune cause n’est une source. Pour cette raison, je dis que tout est sans cause. Vous pouvez essayer de retracer comment une chose se produit, mais vous ne pouvez pas découvrir pourquoi une chose est comme elle est. Une chose est telle qu’elle est, parce que l’univers est tel qu’il est.

Nisargadatta Maharaj
Extrait traduit pour https://meditations-avec-sri-nisargadatta-maharaj.com/ .  Version originale éditée par Maurice Frydman à partir des enregistrements en Marathi de Nisargadatta Maharaj et  publiée dans – “I am That” Acorn Press

Vidéo de lecture du texte :

Je suis Cela 3 – La vivance du présent

vivance présent

La vivance du Présent
Visiteur : Comme je peux le voir, il n’y a rien d’anormal avec mon corps ni avec mon être réel. Les deux ne sont pas de mon fait et n’ont pas besoin d’être améliorés. Ce qui ne va pas, c’est le ” corps intérieur “, appelez-le psychisme, conscience individuelle, antahkarana, peu importe le nom.


Nisargadatta Maharaj : Que considérez-vous comme un problème en ce qui concerne votre esprit ?


V : Il est agité, avide de l’agréable et effrayé par le désagréable.


N. M : Qu’y a-t-il de mal à ce qu’il recherche l’agréable et évite le désagréable ? Le fleuve de la vie coule entre les rives de la douleur et du plaisir. Ce n’est que lorsque l’esprit refuse de s’écouler avec la vie, et reste bloqué sur les rives, que cela devient un problème. Par couler avec la vie, j’entends l’acceptation – laisser venir ce qui vient et partir ce qui va. Ne désirez pas, ne craignez pas, observez ce qui est, comme et quand cela arrive, car vous n’êtes pas ce qui arrive, vous êtes celui à qui cela se présente. En fin de compte, vous n’êtes même pas l’observateur. Vous êtes l’ultime potentialité dont la conscience qui embrasse tout est la manifestation et l’expression.


V : Pourtant, entre le corps et le Soi, il y a un nuage de pensées et de sentiments qui ne servent ni le corps ni le Soi. Ces pensées et ces sentiments sont légers, transitoires et sans signification, une simple poussière mentale qui aveugle et étouffe, et pourtant ils sont là, obscurcissant et détruisant.


N.M : Assurément, le souvenir d’un événement ne peut pas passer pour l’événement lui-même. Pas plus que l’anticipation. Il y a quelque chose d’exceptionnel, d’unique, dans l’événement présent, que l’évocation du précédent ou le futur n’ont pas. Il y a une vivacité, une actualité, il se détache comme s’il était éclairé. Le présent est marqué du sceau de la réalité, ce que le passé et le futur n’ont pas.


V : Qu’est-ce qui donne au présent ce “cachet de réalité” ?


N.M : Il n’y a rien de particulier dans l’événement présent qui le rende différent du passé et du futur. Pendant un moment, le passé a été réel et le futur le deviendra. Qu’est-ce qui rend le présent si différent ? Évidemment, ma présence. Je suis réel car je suis toujours maintenant, dans le présent, et ce qui est avec moi maintenant participe à ma réalité. Le passé est dans la mémoire, le futur – dans l’imagination. Il n’y a rien dans l’événement présent lui-même qui le fasse ressortir comme réel. Il peut s’agir d’un simple événement périodique, comme la sonnerie de l’horloge. Bien que nous sachions que les coups successifs sont identiques, le coup actuel est tout à fait différent du précédent et du suivant – tel qu’il est mémorisé ou attendu. Une chose focalisée dans le maintenant est avec moi, car je suis toujours présent ; c’est ma propre réalité que je confère à l’événement présent.


V : Mais nous traitons les choses dont nous nous souvenons comme si elles étaient réelles.


N.M : Nous prenons en considération les souvenirs, uniquement lorsqu’ils entrent dans le présent. L’oublié n’est pas pris en considération jusqu’à ce qu’on se le rappelle – ce qui implique de l’amener dans le présent.


V : Oui, je vois qu’il y a dans le maintenant un facteur inconnu qui donne une réalité momentanée à l’actualité transitoire.


N.M : Vous n’avez pas besoin de dire qu’il est inconnu, car vous le voyez fonctionner en permanence. Depuis que vous êtes né, a-t-il jamais changé ? Les choses et les pensées ont changé tout le temps. Mais le sentiment que ce qui est maintenant est réel n’a jamais changé, même en rêve.


V : Dans le sommeil profond, il n’y a aucune expérience de la réalité présente.


N.M : La transparence du sommeil profond est entièrement due à l’absence de souvenirs spécifiques. Mais un souvenir non-différencié de bien-être est présent. Il y a une différence de sentiment lorsque nous disons “j’étais profondément endormi” ou “j’étais absent”.


V : Revenons à  la question par laquelle nous avons commencé : entre la source de la vie et l’expression de la vie (qui est le corps), il y a le mental ( l’esprit) et ses états toujours changeants. Le flux des états mentaux est sans fin, sans signification et douloureux. La souffrance en est le facteur constant. Ce que nous appelons plaisir n’est qu’un vide, un intervalle entre deux états souffrants. Le désir et la peur sont la trame et la chaîne de la vie, et tous deux sont faits de souffrance. Notre question est : peut-il y avoir un esprit heureux ?


N.M : Le désir est le souvenir du plaisir et la peur est le souvenir de la douleur. Les deux rendent l’esprit agité. Les moments de plaisir ne sont que des trous dans ce flot de souffrance Comment l’esprit peut-il être heureux ?


V : C’est vrai lorsque nous désirons le plaisir ou que nous nous attendons à la douleur. Mais il y a des moments de joie inattendue, non anticipée. Une joie pure, non contaminée par le désir – non recherchée, non méritée, donnée par Dieu.


N.M : Pourtant, la joie n’est de la joie que dans un contexte de souffrance.


V : La souffrance est-elle un fait cosmique, ou purement mentale ?


N.M : L’univers est complet et là où il est complet, où rien ne manque, qu’est-ce qui pourrait occasionner de la souffrance ?


V : L’univers peut être complet dans son ensemble, mais incomplet dans ses détails.


N.M : Une partie du tout vue en relation avec le tout est également complète. Ce n’est que lorsqu’elle est vue isolée, qu’elle devient déficiente et donc le siège de la souffrance. Qu’est-ce qui rend l’isolement possible ?


V : Les limites de l’esprit, bien sûr. L’esprit ne peut pas voir le tout pour la partie.


N.M : Très bien. Le mental, par sa nature même, divise et oppose. Peut-il y avoir un autre esprit, qui unit et harmonise, qui voit le tout dans la partie et la partie comme totalement liée au tout ?


V : Cet autre fonctionnement- où le chercher ?


N.M : En allant au-delà de l’esprit qui limite, divise et oppose. En mettant fin au processus mental tel que nous le connaissons. Lorsque cela prend fin, cet esprit différent naît.


V : Dans ce fonctionnement mental, le problème de la joie et de la tristesse n’existe plus ?


N.M : Pas comme nous les connaissons, comme désirables ou répugnants. Cela devient plutôt une question d’amour cherchant à s’exprimer et rencontrant des obstacles. L’esprit inclusif est l’amour en action, luttant contre les circonstances, initialement frustré, finalement victorieux.


V : Entre l’esprit et le corps, serait-ce l’amour qui fait le pont ?


N.M : Quoi d’autre ? Le mental crée l’abîme, le cœur le franchit.

Nisargadatta Maharaj
Extrait traduit pour https://meditations-avec-sri-nisargadatta-maharaj.com/ .  Version originale éditée par Maurice Frydman à partir des enregistrements en Marathi de Nisargadatta Maharaj et  publiée dans – “I am That” Acorn Press

Lecture de l’échange :

Développement et investigation :

Je suis Cela 2 – La différence

Nisargadatta Différence

Visiteur : Maharaj, vous êtes assis en face de moi et je suis ici à vos pieds. Quelle est la différence fondamentale entre nous ?


Nisargadatta Maharaj : Il n’y a pas de différence fondamentale.


V : Il doit pourtant y avoir une différence réelle, je viens à vous, ce n’est pas vous qui me visitez.


N.M : Parce que vous imaginez des différences, vous allez ici et là à la recherche de personnes que vous considérez comme “supérieures”.
V : Vous aussi, vous êtes une personne supérieure. Vous prétendez connaître le Réel, alors que je ne le connais pas.


N.M : Vous ai-je déjà dit que de ce fait, vous seriez inférieur ? Que ceux qui ont inventé de telles distinctions les prouvent. Je ne prétends pas savoir ce que vous ne savez pas. En fait, j’en sais beaucoup moins que vous.


V : Vos paroles sont sages, votre comportement noble, votre grâce toute-puissante.


N.M : Je ne sais rien de tout cela et ne vois aucune différence entre vous et moi. Ma vie est une succession d’événements, tout comme la vôtre. Seulement, je suis détaché et je vois le spectacle qui passe comme un spectacle qui passe, alors que vous vous attachez aux choses et avancez avec elles.


V : Qu’est-ce qui vous a rendu si dépassionné ?


N.M : Rien en particulier. Il se trouve que j’ai fait confiance à mon guru. Il m’a dit que je ne suis rien d’autre que le Soi et je l’ai cru. En lui faisant confiance, je me suis comporté en conséquence et j’ai cessé de me préoccuper de ce qui n’était ni moi, ni à moi.


V : Pourquoi avez-vous eu la chance de faire pleinement confiance à votre maître, alors que notre confiance est nominale et verbale ?


N.M : Qui peut le dire ? C’est arrivé ainsi. Les choses arrivent sans cause ni raison et, après tout, qu’importe, qui est qui ? La haute opinion que vous avez de moi n’est que votre opinion. Vous pouvez en changer à tout moment. Pourquoi attacher de l’importance aux opinions, même aux vôtres ?


V : Pourtant, vous êtes différent. Votre esprit semble être toujours calme et heureux. Et des miracles se produisent autour de vous.


N.M : Je ne sais rien des miracles, et je me demande si la nature admet des exceptions à ses lois, à moins que nous ne soyons d’accord pour dire que tout est un miracle. Quant à mon esprit, il n’existe pas. Il y a une Conscience dans laquelle tout se passe. C’est tout à fait évident et cela fait partie de l’expérience de chacun. Vous ne regardez simplement pas assez attentivement. Regardez bien, et voyez ce que je vois.


V : Que voyez-vous ?


N.M : Je vois ce que vous aussi pourriez voir, ici et maintenant, si ce n’est que votre attention est mal focalisée. Vous n’accordez aucune attention au Soi. Votre esprit est tout entier tourné vers les choses, les gens et les idées, jamais vers le Soi. Concentrez-vous sur vous- même, prenez conscience de votre propre existence. Voyez comment vous fonctionnez, observez les motifs et les résultats de vos actions. Étudiez la prison que vous avez construite autour de vous, sans y prêter garde. En prenant conscience de ce que vous n’êtes pas, vous apprenez à vous connaître. Le retour à Soi passe par le refus et le rejet. Une chose est certaine : le Réel n’est pas imaginaire, il n’est pas un produit de l’esprit. Même l’expérience “je suis” n’est pas continue, bien qu’elle soit un pointeur utile ; elle montre où chercher, mais pas ce qu’il faut chercher. Il suffit d’y regarder de près. Une fois que vous êtes convaincu que vous ne pouvez rien dire de vrai à propos du Soi, sauf “je suis”, et que rien de ce qui peut être pointé du doigt ne peut être le Soi, le besoin du “je suis” est terminé – vous n’avez plus le besoin de verbaliser ce que vous êtes. Tout ce dont vous avez besoin, c’est de vous débarrasser de la tendance à définir ce Soi. Toutes les définitions s’appliquent uniquement à votre corps et à ses expressions. Une fois cette obsession du corps disparue, vous reviendrez à votre état naturel, spontanément et sans effort. La seule différence entre nous est que je suis conscient de mon état naturel, alors que vous êtes perplexe. Tout comme l’or transformé en ornement ne présente rien de plus par rapport à la poussière d’or, sauf lorsque l’esprit le détermine ainsi, nous sommes unis dans l’être – nous ne différons qu’en apparence. Nous le découvrons en étant concerné, en cherchant, en enquêtant, en remettant en question chaque jour et chaque heure, en donnant sa vie à cette investigation.

Nisargadatta Maharaj
Extrait traduit pour www.meditations-avec-sri-Nisargadatta-Maharaj.com .  Version originale éditée par Maurice Frydman à partir des enregistrements en Marathi de Nisargadatta Maharaj et  publiée dans – “I am That” Acorn Press

Lecture de l’enseignement :

Développement et investigation :

Je suis Cela 1 – le sens de “Je suis”

Je suis livre nisargadatta

Visiteur:  L’expérience quotidienne est qu’au réveil, le monde apparaît soudainement.
Nisargadatta Maharaj : Pour qu’une chose puisse venir à être, il faut qu’il y ait ‘un quelqu’un’ qui l’ accueille . Toute apparition et disparition présuppose un changement sur un fond immuable.
V: Avant de m’éveiller j’étais inconscient.
N.M: Dans quel sens ? Vous aviez oublié ou vous n’aviez pas fait d’expérience ? N’avez-vous pas d’expérience même lorsque vous êtes inconscient ? Peut-on exister sans savoir ? Un trou de mémoire : est-ce une preuve de non existence ? Et pouvez-vous valablement parler de votre propre non-existence comme d’une expérience réelle ? Vous ne pouvez même pas dire que votre esprit n’a pas existé. Ne vous êtes-vous pas réveillé lorsque l’on vous a appelé ? Et en vous réveillant, n’est-ce pas le sentiment “je suis” qui est venu en premier ? Une conscience en germe doit exister même pendant le sommeil ou l’évanouissement. Au réveil, l’expérience est la suivante : “Je suis – le corps – dans le monde. Cela peut sembler se produire successivement, mais en fait tout est simultané, c’est une seule idée : avoir un corps dans un monde. Peut-il y avoir le sens de “je suis” sans être quelqu’un ou un autre ?
V: Je suis toujours quelqu’un avec ses souvenirs et ses habitudes. Je ne connais aucun autre « je suis ».
N.M: Peut-être quelque chose vous empêche-t-il d’y accéder. Quand vous ne connaissez pas une chose que d’autres connaissent, que faites-vous ?
V: Je cherche la source de leur connaissance en suivant leurs indications.
N.M: N’est-il pas important pour vous de savoir si vous êtes un simple corps, ou quelque chose d’autre ? Ou peut-être rien du tout ? Ne voyez-vous pas que tous vos problèmes sont ceux de votre corps – la nourriture, les vêtements, le logement, la famille, les amis, le nom, la renommée, la sécurité, la survie – tout cela perd son sens dès que vous réalisez que vous n’êtes peut-être pas un simple corps.
V: Quel bénéfice tirerai-je de savoir que je ne suis pas ce corps ?
N.M: Même dire que vous n’êtes pas le corps n’est pas tout à fait vrai. D’une certaine manière, vous êtes tous les corps, les cœurs et les esprits et bien plus encore. Allez profondément dans l’expérience de “je suis” et vous découvrirez. Comment retrouve-t-on une chose que l’on a égarée ou oubliée ? Vous la gardez à l’esprit jusqu’à ce que vous la retrouviez. La sensation d’être, du “je suis” est la première à émerger. Demandez-vous d’où elle vient, ou observez-la simplement tranquillement. Lorsque l’esprit reste dans le “je suis”, sans bouger, vous entrez dans un état qui ne peut être verbalisé mais qui peut être expérimenté. Tout ce que vous avez à faire est d’essayer et d’essayer encore. Après tout, le sentiment “je suis” est toujours avec vous, seulement vous y avez attaché toutes sortes de choses…
corps, sentiments, pensées, idées, possessions, etc. Toutes ces identifications de soi sont trompeuses. A cause d’elles, vous vous prenez pour ce que vous n’êtes pas.
V: Mais alors que suis-je ?
N.M: Il suffit de savoir ce que vous n’êtes pas. Vous n’avez pas besoin de savoir ce que vous êtes. Car tant que la connaissance signifie une description en termes de ce qui est déjà connu, perceptuel ou conceptuel, il ne peut y avoir de connaissance de Soi, car ce que vous êtes ne peut être décrit, sauf comme une négation totale. Tout ce que vous pouvez dire est : “Je ne suis pas ceci, je ne suis pas cela”. Vous ne pouvez pas dire de manière significative “voilà ce que je suis”. Cela n’a tout simplement aucun sens. Ce que vous pouvez désigner comme “ceci” ou “cela” ne peut être vous-même. Vous ne pouvez certainement pas être “quelque chose” d’autre. Vous n’êtes rien de perceptible ou d’imaginable. Pourtant, sans vous, il ne peut y avoir ni perception ni imagination. Vous observez le cœur qui ressent, l’esprit qui pense, le corps qui agit ; l’acte même de percevoir montre que vous n’êtes pas ce que vous percevez. Peut-il y avoir une perception, une expérience sans vous ? Une expérience doit “appartenir à”. Quelqu’un doit venir et la déclarer comme sienne. Sans un expérimentateur, l’expérience n’est pas réelle. C’est l’expérimentateur qui confère une réalité à l’expérience. Une expérience que vous ne pouvez pas avoir, peut-elle avoir une valeur pour vous ?
V: La sensation d’être expérimentateur, la sensation du je suis n’est-ce pas aussi une expérience ?
N.M: De toute évidence, toute chose expérimentée est une expérience. Et dans chaque expérience, il y a celui qui l’expérimente. La mémoire crée l’illusion de la continuité. En réalité, chaque expérience a son propre expérimentateur et le sentiment d’identité est dû au facteur commun qui est à la base de toutes les relations expérimentateur-expérience. Identité et continuité ne sont pas synonymes. De même que chaque fleur a sa propre couleur, mais que toutes les couleurs sont causées par la même lumière, de même de nombreuses expériences apparaissent dans la conscience indivise et indivisible, chacune séparée en mémoire, identique en essence. Cette essence est la racine, le fondement, la “possibilité” intemporelle et sans espace de toute expérience.
V: Comment puis-je l’atteindre ?
N.M: Vous n’avez pas besoin de l’atteindre, car vous l’ êtes. Cela vous atteindra, si vous lui en donnez l’occasion. Laissez tomber votre attachement à l’irréel et le réel s’imposera rapidement et en douceur. Cessez de vous imaginer être ou faire ceci ou cela et la réalisation que vous êtes la source et le cœur de tout vous apparaîtra. Avec cela viendra l’Amour véritable qui n’est pas un choix ou une prédilection, ni un attachement, mais un pouvoir qui rend toute chose digne d’être aimée et aimable.

Nisargadatta Maharaj
Extrait traduit pour www.meditations-avec-sri-Nisargadatta-Maharaj.com .  Version originale éditée par Maurice Frydman à partir des enregistrements en Marathi de Nisargadatta Maharaj et  publiée dans – “I am That” Acorn Press

Lecture de l’enseignement :

Développement et investigation:

Je suis Cela 0

Présentation d’un nouveau cycle de publication conjointement sur ce site internet et sur la chaîne You tube.

Pour celles et ceux qui été déjà abonné de puis quelques mois ,vous aurez pu recevoir et lire en ‘avant première’. Les enseignements de Nisargadatta sous le titre Je suis Cela, constitués des enseignements rassemblés par Maurice Frydman. Ces enseignements sont ceux qui ont fait connaître Nisargadatta à un auditoire occidental.

Il s’agit ici d’une nouvelle traduction à partir des textes originaux de la deuxième édition en anglais publiée chez Acorn Press aux états-Unis.

Ces textes recorrigés vous seront donc présentés au rythme d’un par semaine ,conjointement à leur lecture enregistrée et à des explications ou développement proposée sur You tube.

Merci à toutes celles et ceux d’entre Vous qui contribuez d’une manière ou d’une autre à rendre cela possible.

Bien à Vous,

en unité

À la Source de la Conscience – Nisargadatta Maharaj

source de la Conscience Nisarrgadatta

Nisargadatta Maharaj : Toutes vos activités, qu’elles soient spirituelles ou matérielles, sont basées sur l’identification à l’individu. C’est vous en tant que personne, qui souhaitez la libération et donc vous demeurez une personne un individu, c’est là que se trouve le problème.

 Quelle que soit votre certitude d’avoir compris, tant que vous croirez la posséder vous, en tant qu’individu, cette fausse identité se maintiendra. Celui qui a fait un certain progrès démontré par des résultats tangibles est un Yogi. Mais comme son identification à un ‘je’ est toujours là. Il demeure satisfait de ce qu’il a accompli et n’évolue plus. 

Il faut comprendre les deux aspects de cet être : voir cette nature physique intérieure qui a surgi de lui et en même temps constater qu’il n’existe pas de limites à ce que la conscience peut accomplir bien que cet état soit par nature limité. Comment celui qui est averti de sa véritable nature et de son potentiel global peut-il se satisfaire de quelque chose relevant d’un état si limité?

En fait le potentiel de la stabilisation de la conscience dans l’Absolu est si grand qu’il vous est impossible même d’imaginer à quoi cela peut correspondre. vous ne pouvez donc vous le représenter que sous son aspect de pure conscience.

Visiteur: Comment est-il possible de comprendre réellement que nous habitons cette conscience?

N.M : En cet instant vous êtes dans cette conscience, vous êtes dans cet état, mais vous ne pouvez pas vous empêcher de juger d’après le corps intellect. Vous demeurez lié au corps intellect et vous aimez ce lien. Même si vous viviez cent ans vous demanderiez encore une prolongation! Dans l’Absolu il ne peut exister aucun besoin, pas même de se connaître.

V: Cet état temporaire surgissant de l’Absolu doit bien avoir une cause?

N.M: C’est à cause e la friction qu’il apparaît, de l’interaction des cinq éléments entre eux. C’est semblable à de très bons amis, leur amitiés s’est maintenue pendant des années mais il se produit soudain un désaccord, une friction, et immédiatement  ils se battent !

V: Le moment de la mort doit être une expérience traumatisante physiquement et psychiquement, n’est-ce pas?

N.M : Non , pas toujours. Pour celui qui s’est purifié de tout concept, la mort ne sera que béatitude.

 Vous avez une grande culture, beaucoup de connaissances spirituelles, de la sagesse. Malgré cela au moment de  votre mort vous feuilletterez le carnet où sont notés les membres de votre famille ….!

V: Si j’ai votre bénédiction j’aurai une mort paisible, je ne me souviendrai plus de personne.

N.M : Restez fidèle à l’état le plus haut. Vous n’avez rien à faire, simplement écouter. Si vous écoutez correctement tout se produira de soi-même. Maintenant je viens de vous dire ce qu’est cet être, il est le produit du jeu des cinq éléments. Cette faculté de connaître est le résultat du corps de nourriture et c’est ce que vous n’êtes pas, donc pourquoi vous inquiéter du départ de cette faculté de connaître?

 Avez-vous bien compris que vous êtes uniquement le témoin de cette conscience qui s’est manifesté? Vous n’êtes pas la conscience, vous n’êtes pas la connaissance, Sat-Guru est votre véritable nature.

 La conscience ne peut pas être séparée du monde ou de l’univers parce qu’ils sont la même chose.Il s’agit de ma Maya, elle a surgi du fond de moi or je sais que je ne suis pas la Maya. J’en suis témoin, c’est simplement mon jeu, mon théâtre mais je ne suis pas ce théâtre!

 La  signification dernière de tout cette sadhana est vous. Quelle que soit votre existence, vous êtes. Personne jusqu’ici n’a écrit cela dans un livre, maintenant certains l’écriront. Celui qui souhaite étudier cela, écrire là-dessus, devra avoir un point de vue lucide, comme un homme de science.

j’ai choyé excessivement cette connaissance apparue en moi et quel est le résultat final? Cette connaissance a été marqué au fer à présent, sa marque est «  Vous avez une maladie et vous allez disparaître ». Je connais donc bien la nature de cette connaissance qui est apparu en moi, faites de même, découvrez là! J’ai dansé avec cette connaissance, je l’ai appelé Dieu et à présent elle est étiquetée, tamponnée, ‘malade’. Et alors! Je sais ce que je suis et je suis avant cela. Je me plains à ma véritable nature et ma véritable nature me réponds que «  tout cela n’est que lilã , jeu, passe-temps; cela ne te concerne pas! ».

 Cette conscience même est malhonnête, parce qu’enfin… je n’ai rien à voir avec tout cela! Je suis le support. Les gens croient que je suis la cause mais je ne suis pas la cause, je suis la base, le point d’appui, je supporte tout cela!

V: Dans le Jñani, l’être a atteint l’état de non-être et malgré tout, le monde des apparences se déroule devant lui et il continue à agir. Comment est-ce possible?

N.M : C’est un peu comme agir en rêve. Dans le monde du rêve les choses arrivent, elles se produisent d’elle-même, vous ne faites rien. De cet état élevé il n’existe que l’observation de l’être et ces activités.

Nisargadatta Maharaj

Entretien du 8 août 1980, 

Extrait du recueil « À la source de la conscience » aux éditions des 2 Océans 

Ni Ceci Ni Cela – vous êtes au-delà de toutes connaissances

jnana-yoga Nisargadatta

Visiteur: la connaissance est présente dans chaque forme animée par la vie mais elle n’apparaît dans la matière que reflétée par un principe conscient limité. Cela devrait être le contraire!

Nisargadatta Maharaj: Tout ce que vous pourrez dire sera certainement très logique au niveau corps-intellect, pourtant ce n’est que lorsque votre notion d’être se sera nettoyée, complètement débarrassée de cet état corps-intellect, qu’elle deviendra universelle. L’Être est la source d’où ont surgit les cinq éléments, les trois Gunas, suivis de la végétation et du royaume animal.

Visiteur: Le prana, la force vitale, est présente dans les végétaux. Y a-t-il également une conscience dans la plante?

Nisargadatta Maharaj: Tout ce qui est visible et perceptible dans l’espace est créé par la conscience et imprégné par elle. Cette création  toute entière finira par se fondre dans l’espace. Du point de vue du corps chaque forme constitue une entité séparée, mais au niveau de la conscience, elles ne sont que manifestation de conscience et non séparées.

Au fur et à mesure de vos progrès spirituels vous découvrirez que l’unique  source de l’univers est votre  conscience. Il vous est actuellement impossible de percevoir cela parce que vous demeurez prisonnier des griffes de l’intelligence rationnelle. Tout ce qu’il vous est possible d’amasser aujourd’hui relève de votre identité au corps et il s’agit d’un savoir erroné. Lorsque vous posséderez le savoir concernant ” ce que vous êtes”, vous verrez clairement que le monde et l’univers résident dans cette miette de conscience qui est vôtre. A ce stade vous aurez transcendé le sentiment d’être un corps pensant, tandis qu’aujourd’hui tout ce que vous êtes capables de comprendre se trouve limité, parce que prenant appui sur une conviction fausse.

Lorsque vous percevez le monde intérieur à l’extérieur, vous le baptisez “rêve”. Mais ce monde est-il différent perçu à l’intérieur? Ce qui est perçu à l’intérieur est contenu dans le sentiment “Je suis” au sein de la conscience. Le m^me processus se reproduit exactement dan l’état de veille.

Votre conscience, le sentiment d’être “présent”, est la gousse, la coque à l’intérieur de laquelle se déploie le monde de la veille et du sommeil. Voilà l’état des choses, mais cela aussi vous l’acceptez au travers du corps! Tout ce que vous enregistrez zqt mesuré au mètre faussé de votre intelligence et vous ne pouvez rien distinguer au -delà.. Le visible est un produit de l’espace et quand tout le visible a disparu, l’espace demeure. Quand votre monde surgit de cet espace et se concrétise, pour votre commodité vous lui attribuez des noms variés vous permettant de poursuivre vos activités quotidiennes, mais en fait aucun de ces noms n’a de réalité. Cette création est permanente, éternelle et ne possède aucune forme ou individualité valide. Tout ce qui est, est simplement manifestation au delà de toute connaissance. Percevoir, savoir, n’est possible qu’au moyen des sens limités. Le manifesté qui transcende les sens humains ne peut pas être connu. Parvenir à comprendre cela exige la pratique du “Jnana-yoga”, c’est-à-dire le “je ” se laissant absorber par lui-même. le Jnana- yoga” signifie chercher, interroger. Comment cette prèsence à “je suis” se produit-elle?”

Découvrir que ce sentiment ” Je suis” et ‘l’univers” ne font qu’un est l’aboutissement du Jnana -Yoga, la connaissance”je suis” s’enfonce, sombre en elle-même. Seulement voilà. Comme vous voulez conserver intacte cette personnalité pensante, ça ne marche jamais!

Quand le sentiment d’être apparaît il n’a aucunement l’impression d’être un corps! C’est de ce sentiment d’être qu’est créé le cosmos tout entier. Au sein de cette création vous disposez également d’une forme, mais vous n’avez nu l besoin de vous identifier à elle entant qu’entité fonctionnant et se déplaçant indépendamment dans le monde. Le principe qui anime et propulse le corps et uniquement cet être, cela ne provient pas du corps. Ce grand spectacle cosmique se déroule dans la conscience et à la fin tout se dissoudra dans cette seule conscience. Méditez là-dessus sans vous identifier au corps et vous, conscience découvrirez que vous soumettre à cette identité de forme humaine est l’action de Maya, l’illusion.

Cette conscience est donc la graine, le principe germinatif du cosmos tout entier comprenant force vitale dynamique, Gunas, qualité d’être, et prana. La conscience possède la faculté de ressentir que “vous êtes”. À son apparition, la conscience est libre de toute identification. Mais bien qu’il s’agisse simplement du principe universel de manifestation, son identification au corps lui fait éprouver plaisir et souffrance? La conscience se connaît seulement au travers d’elle-même. Bien rare est celui qui découvre que cette manifestation toute entière jaillit de ce qui est “lui-même”.

Le “je” s’absorbant en lui-même est un état sans nom et sans forme, c’est le plus haut niveau de la spiritualité. la sensation d’avoir une personnalité et des besoins est ressentie comme primordiale, antérieure à tous les yogas, mais après avoir pratiqué le Jnana yoga vous vous découvrirez au delà de tous besoins, au delà de toute individualité. Les experts du Kundalini- yoga se complaisent dans les visions et les pouvoirs obtenus par leur ascèse, mais il ne leur est pas possible d’expliquer la source de l’énergie Kundalini!

Visiteur: Je suis bien d’accord, il faut atteindre le niveau le plus haut, mais vous avez précisé que cette êtreté jaillit spontanément du niveau élevé. À notre niveau corps-intellect nous sommes donc au seuil d’un mystère total!

NIsargadatta Maharaj : Qu’est-ce qui vous incite à parler de niveaux … à vouloir atteindre le plus haut niveau? Le niveau n’est qu’un concept. c’est à la suite de la séparation avec le haut qu’apparaît le principe premier “je suis” et après lui tous les autres concepts. La séparation veut dire dualité, altérité.

Visiteur: Je croyais vous avoir entendu dire qu’au niveau ultime il régnait une indifférentiation totale. Existe-t-il en core un sentiment ” Je suis”?

Nisargadatta Maharaj: De la non-connaissance apparait la connaissance, cette connaissance doit être découverte. Lorsque nous parlons il nous faut rechercher d’où naît ce langage. Il jaillit à partir du sentiment ” je suis”, mais quelle est la source de ” Je suis”? Ici en fait je ne  parle pas. Quand la parole se prononce intuitivement on peut dire qu’elle s’exprime toute seule. L’événement initial est de se rappeler ” Je suis”, de ce rappel coule le langage. Donc, quel est ce “Je suis”…?

Dans ce rappel intital ” je suis”, ne l’oubliez pas, existe votre corps et le cosmos tout entier. Toutes les formes sont créées et nourries e  par l’essence de la matière, mais l’évidence de son être est la quintessence Sattva-Guna du corps. Qui éprouve cet être et d’où vient-il? il faut patiemment chercher au fond de soi jusqu’à ce qu’on trouve. Quand c’est fait, lorsque vous vous êtes nécessairement fixé sur le constat “je suis”, se produit une surprenante révélation. Vous découvrirez que du sein de ce grain d’être initial s projette la totalité de l’univers, votre corps inclus.

Ce principe suprême et omnipotent, sans corps et sans forme, s’accroche à ce corps qui lui fait éprouver “je suis” et instantanément il adopte cette fausse identité corporelle. il se cramponne à cette forme avec une telle rapidité qu’il se différencie, et l’existence indépendante et libre devient alors difficilement perceptible.

l’essence de l’être, qui est ce bourdonnement intérieur ” je suis”, est la condition préliminaire indispensable à tout fonctionnement du corps. Ce sentiment devient confus lorsque a personne est malade et elle ne réagit plus lorsqu’on lui fait signe ou qu’on l’appelle.

Visiteur: Devrait-on dormir le plus souvent possible afin de faire l’expérience du “je suis”, au moment du réveil?

Nisargadatta Maharaj : Ce contact avec “je suis”  n’est pas une expérience ou une découverte  effectuée avec le corps pensant. C’est ce “je suis” qui permet au corps et aux sens de fonctionner et de faire l’expérience de ce qui l’entoure.

Nisargadatta Maharaj

Extrait de l’entretien du 10 février 1980 du recueil “Ni Ceci Ni Cela” aux éditions des 2 Océans.

Sois – Gurupurmina

gurupurmina Nisargadatta

Nisargadatta Maharaj: Depuis combien de temps suivez-vous cette recherche spirituelle?

Visiteur : De nombreuses années.

Nisargadatta Maharaj : Avez-vous était associé à un sage? Avez vous un Guru en France?

Visiteur: Qu’est-ce qu’un Guru?

(Maharaj demande à une personne présente à ses côtés de dire  ce que pour elle est un Guru).

Disciple:  Le Guru est un reflet de vous-même, il prend la forme d’un guide.il est le témoin, quoi que cela puisse être.

Maharaj: L’observateur, celui qui est le spectateur de la personne, est le Gurur mais il n’a ni aspect, ni forme. Il  vous faut accéder à cette conviction.

Visiteur: Il s’appelle lui-même l’observateur, oui.

Nisargadatta Maharaj : L’observateur de qui?

Visiteur: L’observateur du mental.

Nisargadatta Maharaj: Cet observateur a-t-il un corps?

Visiteur: Non.

Nisargadatta Maharaj : Quand vous évoquez l’observateur cela signifie simplement vous, n’est-ce pas?

Visiteur: Je ne suis pas sûr qu’il s’agisse de moi en tant que moi.

N.M: L’observateur de l’intellect ne peut-être que vous-même , non ?

V: Moi-Même… et c’est cela le Guru?

N.M: C’est votre compréhension qui est le Guru, cette compréhension qui est complète, totale connaissance. C’est cela que l’on vénère, aux pieds de cela que l’on se prosterne. Vous êtes à Bombay mais vous souvenez vous de la ville ou du village d’où vous venez?

V: Oui.

N.M: Similairement, vous devriez connaître cet état de connaissance sans corps que vous êtes.

V: M’en souvenir?

N.M: Savoir comment il est venu, comment il est apparu.

Visiteur: Comment sont apparus la connaissance ou l’observateur?

N.M: L’observateur en elle-même est connaissance. Comment est-elle apparue?

V: Je ne me le rappelle pas.

N.M: Cela doit être exactement su.

V: Comment elle est apparue? Je sais comment elle apparaît mais je ne sais pas comment elle est apparue pour la première fois. Je comprends comment la connaissance se révèle : je veux dire quand elle apparaît maintenant, en chaque instant. Je sais aussi que lorsque je veux demeurer tranquille, je n’observe plus. Voilà comment cela apparaît et disparaît en moi.

N.M : Cette connaissance n’apparaît aps et ne disparaît pas à chaque instant. Ce dont vous parlez est simplement l’observation de vos émotions et de vos pensées, mais ce qui connaît cette observation ou cette absence d’observation demeure en place, c’est là immuablement.

V: À moins que ce soit là sans que j’en aie conscience…? Puis-je en être conscient quand c’est présent et, et en même temps conscient quand c’est absent?

N.M: À quoi vous référez-vous quand vous dites que vous en avez conscience ? Le témoin est là que vous n ayez conscience ou non, il est toujours là. Alors à quelle conscience vous référez-vous?

V: À l’observateur des émotions, des pensées et des sensations.

N.M: Vous avez connaissance de votre enfance, vous souvenez -vous de vous -même enfant?

V: Oui, du moins de certains aspects. Je ne me souviens pas de tout.

N.M: Cet état “Je suis” de votre enfance se poursuit jusqu’à la vieillesse, jusqu’au dernier jour. Le même processus d’être, de conscience, le m^me état ” Je suis” se poursuit, vous êtes d’accord? Vous êtes un enfant, un adolescent, un adulte plein de force, puis un vieillard de plus en plus faible et courbé, mais votre connaissance d’être demeure la même?

V: Enfin, quelque fois elle est et quelque fois elle ne l’est pas.

N.M: Absurde. Si comme vous le dites la connaissance n’était pas immuable, sur quoi vous appuieriez-vous pour dire qu’elle ne l’est pas? Quelqu’un doit bien le savoir?

V: Il n’y a que moi qui puisse savoir sil a connaissance n’est pas la m^me à présent ou , du moins, je le crois … mais en fait je suppose que personne ne peut le savoir.

N.M: Il vous faut méditer souvent et mûrir afin de parvenir  à comprendre le langage utilisé ici .

un vieillard dit ” je suis un vieille homme”, la connaissance de ce vieille homme comprend  également” j’ai été un enfant”. Ce “je” n’est-il pas le même “je” qui perdure de puis l’enfance?

V: Oui, le m^me.

N.M: Méditez sur ce “je”. Qu’a-til de commun avec l’enfant et le vieillard? Qu’est-ce qui est constant?

 

Nisargadatta Maharaj

Extrait du chp 6 de la 1ère partie de “Sois” aux éditions des deux océans