Visiteur : Je souhaiterais que Maharaj parle à nouveau de cet état où l’on est un avec la formule” Je suis Cela” mais où il faut malgré tout aller au -delà.
Nisargadatta Maharaj: Oh non, il n’y a aucun besoin d’aller au-delà. C’est comme un avion qui atterrit: il est parti de là et il arrive ici. Dans cet état vous êtes arrivée ici et il n’y a aucun au-delà, vous n’allez plus nulle part.
Visiteur: Alors il n’y a plus que la conscience?
N.M: La conscience demeure partout, mais il n’y a plus d’allées et venues, seul le prana va et vient. Il est comme l’éther, il est là, c’est tout.
V: Dans l’état de Nirvikalpa samadhi…
N.M: Quand vous n’avez plus aucun doute, que tout est clair, il s’agit de l’état de Nirvikalpa samadhi. Autrefois certains yogis ont vécu des milliers d’années dans cet état. Présentement après deux ou trois jours plongé dans cet état il faut en revenir.
A présent, je suis dans l’état où ce qui peut arriver à mon corps n’a plus aucune importance. Je serais heureux au moment de la mort lorsque le prana me quittera. Je n’ai plus aucun concept concernant ce que je suis, aucune idée, rien. Je suis non-idée.
Je suis continuellement en Sahaja samadhi. Je suis spontanément dans cet état immuable, cela se produit à présent nuit et jour, c’est permanent. Lorsque Krishna a décrit sa véritable nature à Arjuna, il était également en Sahaja Samadhi, établi dans sa vérité et au-delà. Il avait compris que sa nature est sans concept et c’est du sein de cet état qu’il a mené le combat. Se battre! Qui se battait? Sa conscience, spontanément, agissait dans la bataille.
Cet être est une qualité de ‘essence de nourriture. Lorsque cette essence est présente associée au prana, ” je suis” est également là. Ce “Je suis”, la conscience, est une sorte de témoin. Elle ne participe à aucune activité, c’est uniquement le prana qui agit. Lorsque le prana abandonne le corps, lorsqu’il cesse de couler à travers lui, alors il disparaît. Il ne va nulle part, il ne monte ni ne descend, il n’est plus là, c’est tout.
le corps est comme le champ de bataille de la Gita, il est ” sens du je suis” et j’en demeure l’observateur. Je ne puis éprouver aucun orgueil en tant que possesseur de connaissance.
V: Mais ne quitez-vous pas cet état pour manger, dormir et parler?
N.M: Ce sont des manifestations de la conscience, de l’être, je suis au dlà de tout cela. Ces entretiens “ont lieu” simplement. Vous avez peut-être l’impression que je vous parle, mais non,” cela arrrive”! Je me tiens en fait en dehors de cette conscience corporellle. Qui donc est responsable de cette activité? C’est la qualité de Sat, l’être. L’être et le prana prennnet en charge cette activité et je ne suis pas cela.
V: Et vous demeurez continuelllement dans cet état?
N.M: Je ne posséde aucun concept, pas plus celui d’être libéré que d’être prisonnier. Si vous voulez vraiment comprendre tout cela il vous faut d’avantage de Satsanga, demeurer auprès d’un sage pour une prériode plus longue. Pratiquer la méditation, répéter des rituels sans progresser ne sert à rien.
Nisargadatta Maharaj
le 24 décembre 1978
Extrait de “Ni Ceci Ni Cela” aux éditions des deux Océans.