Bhagavan Shri Krishna soutient Uddhava dans la réalisation de sa vraie nature. La vie mondaine est illusoire et ce qui apparaît comme tel n’est pas la réalité. Notre nature provisoire est responsable de toute cette confusion. Quand vous voyez le faux comme faux, le vrai peut être connu. Le Soi est immuable, il reste le même. Avec l’accès à la vraie connaissance, il est possible de faire l’expérience de Dieu dans cette existence admirable. Ce monde repose sur une apparence mais n’a aucune existence réelle. Seul l’ignorant peut croire en sa réalité. Certaines « choses » ne peuvent jamais être oubliées, par contre, tout ce dont vous devez vous souvenir sera oublié.
Quand vous voyez un objet, son nom vous vient aussi à l’esprit. Mais quand l’objet disparaît, que deviennent son nom et sa forme? C’est pourquoi Dieu dit que ce monde est illusoire. Tout ce qui apparaît n’a pas d’existence réelle (immuable). Tant que nous ne saurons pas ce que nous sommes, le spectacle de Maya continuera. La maîtrise d’un art est limitée à cet art et y reste liée. Cette connaissance est possible pour tout ou partie des organes des sens. Quand un être est en état de stupeur – par exemple, en mangeant des graines de pomme épineuse (hallucinogènes) –, il ou elle voit diverses scènes qui n’ont pas d’existence. Ce qui est vu comme le produit de votre Conscience n’est pas très différent de ce genre de vision.
Qui en vient à connaître son existence ? Vous croyez avoir une identité, mais est-ce vrai? En réalité, vous n’avez ni caste, ni croyance, ni ami, ni ennemi. Vous n’êtes ni un père ni une mère. La connaissance des objets sera là, aussi longtemps que nous vivrons. Mais la source de toute connaissance est au-delà du vrai ou du faux. Elle est appelée Parabrahman ou Paramatman. Toutes nos caractéristiques naissent de notre Conscience et toutes les expériences s’ensuivent. C’est semblable à ce qui se passe dans l’exemple ci-dessus de la pomme épineuse. Rien n’a d’existence réelle. En raison de Maya, il n’y a que des apparences et divers pro- cessus donnent une impression de réalité. En raison de cette nature illusoire de la manifestation, il n’est pas question d’en tirer un profit ou une perte. Votre existence est juste un divertissement. Dans la Présence-Conscience-félicité (Sat Chit Ananda), la sensation d’existence est sans vous ni moi.
Avec la connaissance du Soi, c’est la fin du bien et du mal, et le bien-être de tous. Un regard égal est porté sur chacun et tout le monde mérite d’être aidé. Quand il y a attachement et confusion, il y a aussi peur. Celui qui a une grande renommée est critiqué par beaucoup. Mais un vrai disciple le suivra pour sa conviction intérieure d’être Paramatman. L’apparition de la Conscience engendre l’illusion, qui disparaît lorsque la Conscience disparaît. Nous utilisons tout notre pouvoir et nos organes des sens pour la préservation de la Conscience. La connaissance avec objets peut être appréhendée, contrairement à celle sans objet. La conscience individuelle essaie d’ignorer le Soi et tente d’affirmer sa propre existence et ses propres actions. Ce mensonge devient de moins en moins opérant avec la conviction d’être le Soi. Celui ou celle qui se connaît en tant que Paramatman devient libre de toute accusation mensongère. Il est incorrect d’accepter d’être un individu et de limiter ainsi Para- matman à un espace et un temps définis. Une forme limitée est une injustice à l’encontre de Paramatman. Votre individualité, qui essaie de Lui plaire, en réalité Le désespère. Essayez assidûment d’atteindre la flamme de l’Atman, elle est d’une valeur spirituelle inestimable.
Soyez tel que vous êtes, mais n’oubliez pas votre Sadguru. Il est votre propre Soi et la lumière de la connaissance. Ce n’est pas un signe de sagesse que de l’oublier et d’espérer par ailleurs la vision de divers dieux. Ne vous faites pas de mal, n’entretenez pas toutes sortes de concepts.
Nisargadatta maharaj
2 octobre 1955