Nirupana 110 – Je me suis rôti sans feu, et me suis avalé

braman conscience je suis

Ce n’est pas par l’apparence physique que peut être reconnu un jnani. L’image créée par votre mental n’est absolument d’aucune utilité. La raison en est que le Soi est antérieur à l’intellect. Alors comment l’intellect pourrait-il y avoir accès ? Si vous ne vous connaissez pas vous-même, comment pouvez-vous prétendre connaître les autres ? Les mots n’ont pas d’impact sur le jnani. C’est le mental qui a les expériences. Pour cette raison les différents états d’être ne transcendent pas le mental.

Est-ce que quelqu’un d’autre peut faire le même rêve que le mien ? L’expérience de chacun est différente. Est-ce que le meilleur des êtres humains savoure sa connaissance ? Chaque être est estimé en fonction de son aspect physique et de son comportement. Les rêves de chacun peuvent-ils être identiques ? Pareillement, la connaissance de chacun est différente. L’expérience d’être est la même, mais le comportement du mental peut-il être le même en chacun ? Je préférerais un athée à un chercheur spirituel qui n’est pas tranquille. Vous pourriez remettre en cause Dieu en proclamant que vous n’avez pas de connaissance directe de Lui. Mais n’avez-vous pas la conscience d’être ? Qu’en est-il ?

Le Soi est la nature du Soi. Il ne peut être défini. Il n’est pas de la nature du corps. Vous endossez la responsabilité de toutes les actions à cause de la conscience identifiée au corps. En tout premier, enquêtez sur comment vous avez été amené à avoir connaissance que vous êtes.

Rien ne peut être lâché qui n’ait été compris. Si cela avait été abandonné totalement, personne n’aurait pris une apparence humaine. Quand un concept apparaît, comment ne pas le saisir ? Restez-en libre en disant : « Je ne suis pas ce concept. » Quand la nourriture n’est pas goûteuse, faut-il dire à quelqu’un de ne pas la manger ?

Celui qui connaît le Soi n’a qu’une position : la connaissance du Soi. Tout le reste n’est que concepts traditionnels. Quand et comment la pensée « Je suis » est-elle arrivée ? Pistez cette pensée avec assiduité. Dans l’objectif d’éradiquer le concept « Je suis le corps », servez-vous du concept « Je suis Brahman » . De la même manière qu’un diamant permet de tailler un autre diamant.

La conscience doit être réalisée. Chacun doit comprendre qui il est, ce qu’est le monde, et où se situe leur origine commune. Qu’est-ce que cela signifie quand nous avons la connaissance d’être ? Cela veut dire que nous nous aimons, et que nous sommes amenés à aimer les autres. Si vous n’avez pas d’intérêt pour vous, il n’y aura pas d’intérêt pour les autres. Le sens véritable de « Je suis Cela » est « Je suis tout » . Ne vous reposez pas sur la mémoire des autres. C’est la meilleure source d’emprisonnement. Vous êtes soucieux à l’évocation de vos enfants et des autres, mais quand ils n’étaient pas là, les évoquiez-vous ? Alors que les relations s’accroissent, les tourments font de même. C’est pourquoi vous êtes misérables par l’évocation des liens que vous entretenez avec les autres. Vous êtes un jiva par tous vos attachements.

Shiva se manifeste et imprègne toute chose. Il prend même les in- sectes pour demeure. Vous êtes harcelés par cette évocation de « moi et mien ». Si le prana vous quittait juste à l‘instant, quelle connexion pourriez-vous encore établir avec ces mémoires ? Pourquoi ne pourrions- nous pas être tout de suite, tels que nous serons quand le prana nous aura quittés ? Il existe une quantité infinie de mémoires. Auxquelles d’entre elles devrais-je m’accrocher et expérimenter le tourment ? Après la mort, toutes les relations prennent fin. Alors pourquoi ne pas expéri- menter la même chose directement, maintenant ?

Vous croyez que vous avez des parents, mais ils ne sont en rien séparés de vous. Ce qui est appelé chit-ananda – la félicité de la conscience – est juste un divertissement pour le plaisir du Soi.

Je n’ai aucun souvenir.

Je me suis rôti sans feu, et me suis avalé.

Nisargadatta Maharaj

Mercredi 30 mai 1979

Extrait de ” Méditations avec sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 108 – Shiva est la conscience

Shiva est la conscience

Tout comme l’eau est ce qui est l’origine de l’humidité, Shiva est l’origine du jiva – l’être individuel. Shiva est la conscience. Par le jeu de l’illusion, votre conscience s’est identifiée au corps. C’est pourquoi vous finissez par mourir. Je ne suis pas en train de parler au corps, je parle à la conscience qui entend à travers les oreilles. La conscience qui s’exprime en tant que corps, avec un nom, est appelée un aspirant : celui qui est désireux de libération. Tous les dévots de par le monde sont au moins aspirants (mumukshus). Le dévot qui a abandonné l’identification au corps est appelé un chercheur (sadhaka). Les aspirants peuvent être de très bons élèves, mais ils ne sont pas pour autant des chercheurs. Une fois convaincu de sa vraie nature, au-delà de tout doute, le chercheur devient un siddha – celui qui est libéré. Un aspirant est homme ou femme par identification au corps. Le chercheur n’est ni masculin ni féminin. Celui qui écoute est sans forme. Ce qui agit et s’occupe des affaires du monde a une forme. Mais la forme a-t-elle encore quelque valeur, si l’énergie qui ne possède pas de corps n’est pas présente ? La conscience qui écoute est Dieu. Ce fait doit être établi profondément en vous. Si vous ne saisissez pas votre qualité réelle, vous aurez peur de la mort. Vous avez infligé une peine de vie très laborieuse à Celui qui est libre par nature. La nature du Soi est conscience, et non pas personnelle. Le jiva se réfère à un sens de la dualité, de la séparation. Simplement par les concepts, les images arrivent sans aucune substance. Qu’il y ait forme ou pas, la conscience est illimitée et infinie. Elle est à la fois manifestée et non-manifestée. C’est uniquement pour amener une compréhension que tout ceci est exprimé ainsi par les mots. Sans savoir comment, vous êtes venu à connaître que vous êtes. Cette compréhension est sans forme. Les choses sont vues uniquement quand le mental leur donne une consistance. Il n’y a aucune différence entre celui qui parle et celui qui écoute. L’aspect du flot des pensées est en concordance avec la qualité de la forme. Pour celui qui se voit sans forme, le flot sera de même (libre de la forme des pensées). Mener à bien des actions est la caractéristique de Rajo guna (la qualité qui fait bouger quelqu’un et le force à agir). Tamo guna (la qualité de l’appropriation) tire à elle le bénéfice de l’action et fait dire : « J’ai fait une bonne ou une mauvaise chose. » La conscience se satisfait de sa propre qualité (Sattva guna.) Toutes les activités apparaissent dans la manifestation. Tout cela est éphémère. Il n’y a rien de tout cela dans le non manifesté. Par la vibration du prana, la conscience originelle est devenue vaste. C’est un phénomène passager, c’est pourquoi on dit qu’il est illusoire. Quand c’est au-delà de la conscience, cela devient non manifesté, même en présence du corps. Alors comment pourrait-il y avoir mort ? C’est comme la chaleur qui est à la fois manifestée et non manifestée. La chaleur disparaît de l’eau chaude quand celle-ci refroidit. De la même façon, celui qui a connaissance du Soi finit par disparaître. Quand le prana s’en va, la chaleur du feu fait de même. Le jnani ni ne vient, ni ne va. Il est non manifesté par nature. Les pensées liées aux activités coulent dans le mental de celui qui est investi dans les affaires du monde. De la même manière, le chercheur n’a de pensées que pour la réalisation du Soi. Liez-vous d’amitié avec votre conscience en la considérant comme Dieu. La vénérer vous rendra heureux.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 13 mai 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 107 – Soyez le dévot de l’amour

Soyez le dévot de l’amour

Krishna dit : « Ce qui, antérieur à toute expérience, se trouve dans le coeur d’un être humain, est Ma propre nature. » Le monde est connu à travers elle. La connaissance est apparue sans savoir comment, notre conscience s’est surimposée à nous de manière inattendue. Soyez le témoin de la conscience. Elle s’éclaire par elle-même. C’est la graine du monde – identique à Hiranaya Garbha – la matrice d’or mentionnée dans les écritures. Tout se tient caché en elle. Krishna dit : « L’état de jiva implique la conscience. La conscience dans son entier est Ma véritable nature. » Focalisez votre attention sur Cela qui vous permet de connaître le fait d’être. Tout ce qui est, est conscience. Sa véritable identité a été oubliée. Alors, elle se prend pour le petit corps. Ne malmenez pas le corps, mais observez la conscience qui est présente dans le corps. Krishna en parle ainsi : « C’est Ma sainte manifestation, le Soi suprême. » Ceci est Sa propre expérience. Il y a de nombreux Gurus de par le monde. Rare est celui qui vous dira de porter attention sur la conscience présente dans le corps humain. Méditez sur votre conscience. Ne portez pas l’attention sur ce qui est connu au travers de la conscience. L’amour pour vous-même est la plus grande dévotion. Soyez le dévot de l’amour (« Je suis ») qui écoute actuellement. Il vous apportera toutes les satisfactions. Le corps est juste un événement, une condition. Vivre l’immortalité signifie qu’il ne peut plus y avoir d’expérience de mort.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 3 mai 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 106 -Quand la conscience reconnaît la conscience, il s’agit de la réalisation du Soi

Tous les noms appartiennent à la conscience

Date anniversaire de naissance de Maharaj (Hanuman Jayanti – célébration d’Hanuman – pour le calendrier hindou)

Quand la conscience reconnaît la conscience, il s’agit de la réalisation du Soi. La conscience est sans forme, alors comment la reconnaître ? Comment se reconnaît la conscience ? La conscience s’identifie au corps qui n’a cessé de se modifier depuis l’enfance. La conscience est présente à elle-même, mais elle ne s’est pas reconnue. La conscience doit laisser le corps de côté et se mettre pour un moment à sa propre recherche, alors sa propre connaissance disparaît. La conscience s’oublie elle-même et s’ensuit un état de samâdhi. La conscience est par nature universelle. Le corps peut être celui d’une fourmi, mais sa conscience contient l’univers. Ceci est compris quand la conscience se réalise. Tous les noms appartiennent à la conscience. Les capacités d’expression de la conscience varient suivant les caractéristiques des corps. Vous expérimentez le temps. Ça signifie que vous êtes le témoin du corps. Ça signifie aussi que vous n’êtes pas le temps. La lumineuse et toute-puissante conscience s’est prise pour le corps. Elle est devenue faible. Le corps n’est que de la nourriture pour la conscience. La conscience est non agissante. Elle est juste témoin. Elle a pris des noms tels que Brahma, Vishnu et Shiva. Elle n’a ni naissance, ni mort. S’il y avait naissance et mort, vous auriez affaire aux récits de milliers de naissances. Mais y a-t-il le souvenir d’une seule ?

Vous ne pouvez pas saisir la conscience par le fait qu’elle est sans attache et imprègne toute chose. Soyez authentique vis-à-vis de la conscience. Au début, vous pourrez éprouver de l’inquiétude, mais cela ne durera pas. Abandonnez-vous à elle, comme à Dieu. Notre véritable nature ne sait pas qu’elle est. De Ceci, la sensation « Je suis » est apparue, suivie du monde. Quand l’état de Vérité intemporelle est expérimenté, c’est au-delà de toute expérience. Dans cet état, rien n’est connu. Pas même soi. Dans l’état d’ignorance, il y a investissement dans les affaires du monde. Elles ne dureront pas. Vous ne possédez rien que vous puissiez préserver. Quel est l’aboutissement de la spiritualité ? Nous concernant, il s’agit de discerner le vrai du faux. Seul le faux peut être trouvé. C’est grâce à la qualité de Sattva (la faculté de connaissance), que nous expérimentons le fait d’être. Comme le sucré se manifeste dans le sucre, de la même manière la faculté de connaître, Sattva, se manifeste en tant que mental. Or vous n’êtes pas le mental. La conscience peut se déployer de toutes les manières, mais elle redeviendra non manifestée à nouveau. C’est sa véritable nature. Vous voulez exister. Mais comment allez-vous satisfaire ce besoin ? Cela, qui est antérieur à la connaissance, sait que la qualité de Sattva ne durera pas. Alors qui héritera du fruit de la connaissance ?

Nisargadatta Maharaj

jeudi 12 avril 1979

Extrait de  » Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj » aux éditions Aluna

Nirupana 105 – tout est passager et disparaîtra

tout est passager et disparaîtra

Anniversaire de naissance du Seigneur Rama

 

Quand Rama est né, il n’avait aucune connaissance de Parabrahman. Son Guru Vashistha lui enseigna qu’il était Parabrahman, sans fin ni commencement, et qu’il n’était pas le corps. Vous devez reconnaître la naissance de Rama à travers une dévotion directe. Votre existence est l’incarnation de Rama. Tous les êtres vivants ont le sentiment d’être. Toutes les activités mondaines sont là pour passer le temps. Elles ne vous sont d’aucune utilité. Celui qui dit : « Je suis en train de mourir » se trompe grandement. Celui qui vous parle de Rama est votre propre conscience. Celui qui réalise la naissance de Rama n’est pas concerné par la mort. Cela qui est antérieur à toute mémoire, Cela qui est conscient de Lui-même, Cela est la véritable nature de Sri Rama. Votre sensation « Je suis » est la sainte vision de Rama. Cela, à travers quoi nous avons connaissance que nous sommes, est le yoga de Sri Rama. Parabrahman s’est oublié Lui-même, mais par la grâce du Guru, Il se reconnaît. Les pieds saints du Sadguru sont identiques à Sri Rama. Atman, le Soi, ne peut être comblé que par une contemplation et une dévotion envers le Guru. Rama, qui fut enseigné par Sri Vashistha, était le même Rama dont la présence physique mettait le monde en mouvement. Celui qui lui révéla qu’il était Parabrahman était son propre Soi. Votre conscience est identique aux pieds du Guru. S’il vous plaît, Souvenez-vous de ceci. Si vous êtes empli de peur, répétez : « Guru, Guru, Guru. »

Le prana fournit tout ce qui est nécessaire à la conscience et la nourrit. Le prana est tel Maruti (Hanuman, dévot de Rama), et la conscience telle Sri Rama. Si vous voulez voir Rama, prenez soin de votre prana. Dans ce sens, répétez le mantra constamment. La source du mental est le prana. La source du prana est la conscience. Le fait que vous ayez la connaissance « Je suis » est Rama, Lui-même. Le prana le satisfait en tout. Votre sentiment d’être est soudainement apparu à votre présence – c’est la naissance de Rama. Pour accéder à cette compréhension, faire preuve de discrimination est nécessaire. Il se peut qu’un individu soit « pollué » par un certain nombre de comportements erronés. Même dans ce cas, si sa foi dans le Guru est ferme et qu’il est initié par le Guru, ses travers seront dissous et réduits en cendres. Vous devez être soucieux de la vénération portée au Guru. Pour vous rappeler la naissance de Rama, considérez votre conscience comme le saint Rama. Il n’existe pas de métaphore pour parler du Guru parce que rien n’est comparable à lui. Reconnaître Rama, c’est reconnaître votre pure conscience. Elle est priée sous un nombre infini de noms. Tous sont le nom de votre propre Soi. Cette conviction est indispensable. Parabrahman est totalement ouvert et clair. Voyez cela avec toute votre détermination. Si vous avez pu accéder à l’état sans mort, vous serez toujours en paix, même quand les autres vous critiqueront. Sans rien en dire aux autres, répétez : « Ne suis-je pas Rama lui-même ? » Vous expérimenterez cela pour quelques jours et cela s’en ira. Que le corps soit présent ou s’en aille, ne quittez pas les pieds du Guru. Il n’y a pas besoin d’effort pour cela. Rare est celui qui donne à sa conscience le statut de Guru. Quand cela se fait, c’est une grande fortune. Soyez dans une totale présence mais pas en tant que corps ou en tant que mental. Celui qui reçoit la grâce du Guru, n’a plus besoin de méditer sur quoi que ce soit d’autre. Sont requis la foi et la certitude. Avec cela vous devenez immortel. Ça ne peut être compris que par la dévotion. Le Guru est antérieur aux mots. Celui qui prononce les mots est le prana. Sans aucun concept, regardez juste ce que vous êtes naturellement. Alors, tout ce à quoi vous avez cru jusqu’à maintenant s’en ira. Depuis la naissance, les désirs sont présents. Ils ne seront pacifiés que par la connaissance du Soi. Ceux qui bavardent au sujet de la réalisation du Soi, se dévalorisent. Rappelez-vous ceci : aller nu n’est pas le détachement. Le détachement, c’est d’être pleinement conscient du fait que tout est passager et disparaîtra.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 5 avril 1979

Extrait de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 104 – Le rêve prit fin et le monde disparut

Le rêve prit fin et le monde disparut

Une personne ordinaire ne peut pas réaliser le Soi. Elle se voit comme étant le corps. À moins que la conscience identifiée au corps soit supprimée, la réalisation du Soi ne peut pas advenir. En fait, les impuretés du corps grossier ne peuvent pas affecter la conscience présente dans le corps. Cependant la conscience s’exprime en tant que corps. Quelle que soit l’apparente joie expérimentée, elle sera aussi la source de tourment. Le Soi s’identifie au corps et perd ainsi sa perfection. Aussi longtemps que le concept de naissance sera présent, il y aura tourment. La conscience en elle-même est sans forme, pure et sainte, mais elle est alourdie par les concepts de naissance et d’ego. Celui qui en arrive à l’écoeurement des affaires du monde commence à se détacher. C’est par la conscience identifiée au corps que se fait l’imprégnation avec les cinq éléments. La connaissance dans le corps est la sainte vision de Dieu. C’est Lui qui fait comprendre que l’idée de naissance est erronée. Il anéantit le sens de l’individualité. La conscience est occupée par tant de pensées. Sous la guidance du Guru, vous allez la tourner sur elle-même. Celui qui saisit qu’il n’y a pas de différence entre lui et le Guru, s’illumine. Celui qui accepte qu’il n’est pas le corps, reçoit la grâce du Guru. La conscience est infinie et sans limite. Alors comment pourrait-elle mourir ? Par la grâce du Guru, la naissance du corps devient la naissance de Brahman. Alors le chercheur oublie qu’il se prenait pour un individu.

Même si le jnani imprègne toute chose, il a encore un désir : celui que la connaissance se poursuive. Il est à la recherche de quelqu’un ayant les qualités requises pour recevoir cette connaissance et la lui transmettre. Ainsi, tous sont des dévots de Dieu. La dévotion envers Dieu est dévotion envers le Soi. Tout est fait pour que le sens « Je suis » se perpétue. En accord avec la parole du Guru, si vous vénérez la conscience sans forme, vous deviendrez immortel et indestructible. Vous comprendrez que votre véritable nature est Parabrahman. Est-ce que le Soi a des besoins tels que de la nourriture, une femme, un mari, des enfants, ou cela concerne-t-il le dévot ? Le Soi ne se soucie pas de la forme corporelle. Ceux qui ont atteint la connaissance du Soi se sont déployés à l’entière manifestation et l’ont transcendée. Ils sont Parabrahman – au-delà de toutes formes et qualités. Si vous avez réalisé le Soi, les rituels, religions, magies blanches ou noires, malédictions et fantômes ne vous concernent pas. Au contraire, ils se retournent contre ceux qui en feraient mauvais usage à votre encontre. Quelqu’un qui veut se jouer d’un jnani apportera sur lui-même beaucoup de tourments. Si vous donnez du crédit aux diseurs de bonne aventure, c’est que vous n’avez pas atteint la réalisation du Soi. Dans le rêve, le monde était vu. Dans le rêve apparaissait aussi votre corps. Le rêve prit fin et le monde disparut. Qu’advient-il de celui qui regardait le rêve ? Est-ce qu’Il contemple son corps gisant là ? Il n’est jamais venu, ni parti. L’Atman n’est pas le prana. Reconnaissez ce fait. Ce n’est pas suffisant d’en faire juste un savoir. Qu’est-ce qui, présent dans le corps, nous permet d’avoir la connaissance que nous sommes ? Vous devez faire acte de dévotion envers le Guru (une dévotion non duelle). Soyez attentif. Préparez-vous pour la félicité du dernier moment. Pour les autres, ce sera un événement terrifiant.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 1er avril 1979

Extrait de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 103 – Nous ne sommes rien d’autre que la grâce du Sadguru

Nous ne sommes rien d’autre que la grâce du Sadguru

La nature du Sadguru est éternelle et infinie. Rama, Krishna, Hari, etc., sont tous Ses noms d’apparat (tous ces noms sont ceux de la conscience dans les apparences corporelles correspondantes). Quand le concept de la naissance est vu irréfutablement comme faux, tout ce qui lui est lié est aussi vu comme faux. Le Guru est Parabrahman. Celui qui a compris cela, s’y tient intérieurement et accède à la nature du Guru. Une fois que le corps subtil est dissous, il n’y a plus aucun concept de mort. Alors, ce qui subsiste est le principe non né. La conscience identifiée au corps et la sensation d’être l’auteur des actions disparaissent par la grâce du Guru. Une fois que cela est saisi et assimilé, vous ne l’oubliez plus. La grâce du Sadguru signifie la manifestation de Sa conscience. La conscience a un sens d’individualité de par le corps. Ce sens s’en va et ce qui reste est la totalité. La nature de Brahman est conscience. Aussi longtemps que le corps subtil est présent, il y a un ego. Quand celui-ci est extirpé, il n’y a plus de naissance. La conscience identifiée au corps laisse alors place à l’Infini universel. L’état de Parabrahman et la grâce du Sadguru sont un. Cela prend son sens en réalisant sa propre véritable nature. Vous devenez Cela, tel qu’on vous l’a décrit. Alors, la grâce du Sadguru se manifestera. Nous ne sommes rien d’autre que la grâce du Sadguru. La conscience dans le corps se manifeste dans le monde au travers de l’acceptation de divers concepts. Celui qui a porté toute son attention sur la parole du Sadguru obtiendra assurément Sa grâce. La nature du Sadguru se déploiera et deviendra limpide. Vous viendrez à connaître que vous et le Guru êtes le même. L’expérience du monde et le rêve viennent au travers du corps. Qu’y a-t-il dans le corps, après tout ? Avec cette connaissance, le corps subtil est déposé, reste alors la véritable nature. C’est alors que le chercheur n’a plus d’individualité, de concept de naissance. Celui qui n’a pas réalisé ceci est contraint de se comporter conformément à la nature du temps. Le terme de vie, de la naissance à la mort, est une saison qui passe ; c’est le temps. Toutes vos expériences dépendent du temps. Aussi, comprenez ceci une bonne fois pour toutes avant que votre vie arrive à son terme. Le Jnani vit une journée juste dans l’instant. Toutes les choses seront accomplies dans la présence à l’instant. Quel aspect de vous-même voulez-vous préserver ? Ce que vous êtes maintenant est simplement passager et donc temporaire. Si vous comprenez la nature du temps, vous transcenderez le temps. Tout ceci sera clarifié par la parole du Guru. Le mouvement perpétuel de la conscience se poursuit en vous. Observez-le juste. Dans la phase d’ignorance, la libération était nécessaire. Une fois la connaissance du Soi révélée, cette libération est à votre service. Il en est ainsi tant qu’il y a la plus infime trace d’individualité. L’individualité dépend du temps. Celui qui connaît le temps est le Sadguru. Celui qui dépend du temps ne sera jamais libre de préoccupations. Celui qui connaît le temps n’a pas besoin d’une durée de vie. La félicité signifie la réalisation de votre véritable nature intemporelle. Votre expérience du temps se situe entre le lever et le coucher de la conscience. Le Sadguru est notre véritable nature. Ce pourquoi nous nous prenons est de nature temporelle. Il s’agit du sens de « moi et mien », et de rien d’autre. Et encore, il n’y a rien de tout cela. Restez profondément tranquille. Ne laissez pas venir de perturbations par le renoncement ou l’acquisition de quoi que ce soit. Seul le mental est né, pas vous.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 29 mars 1979

Extrait de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 102 – la conscience est vierge de concepts

la conscience est vierge de concepts

Gudi Padva, jour de l’an de l’état du Maharastra

Nous sommes conscients aujourd’hui que « nous sommes », mais qu’adviendra-t-il de cette conscience dans le futur ? Ceux qui vivront la mort en s’identifiant au corps, renaîtront à nouveau (conformément aux écritures). Quel que soit le concept présent au moment de la mort, ce qui arrivera sera conforme à celui-ci. Ce n’est pas le cas par contre pour celui qui est illuminé. Ce n’est pas mon expérience, c’est pourquoi je ne parle pas de renaissance. Celui qui a réalisé la totalité n’a pas de naissance ou de mort individuelle. En tant que totalité, l’Atman n’a pas d’existence. Le sentiment d’être arrive avec le corps, qui est nourriture. La cause de l’existence du sentiment d’être est triviale. Et c’est aussi la raison de la renaissance. Le jnani en a connaissance. Un individu n’a pas l’expérience de sa propre naissance. S’il évoque l’expérience de naissance de quelqu’un d’autre, est-ce que cela peut être considéré comme vrai ? Cette approche a pour objectif de montrer comment la bulle est formée. Toute autre forme de connaissance acquise n’est pas fiable. Maya apparaît avec la conscience identifiée au corps. L’amour « Je suis » est maya. Certaines personnes éprouvent de la difficulté à écouter ce genre de connaissance. Cela requiert une grande force intérieure. La conscience pure est omniprésente. Quand elle n’est pas dans le corps, elle n’a pas conscience de son existence. L’espace fait-il l’expérience de la respiration ? Les mots et leurs significations créent une grande variété de désirs. Celui qui, plutôt que de regarder à l’extérieur se tourne vers l’intérieur, sera rapidement libéré. Ne questionnez pas les autres à ce sujet. Il vous faut faire appel à votre propre discernement. Quand il y a discernement, il y a détachement. Vous travaillez dur pour votre existence. Qu’est-ce qu’une existence ? N’est-ce pas l’espoir de faire perdurer le sentiment d’être ? Pourquoi l’être humain endure-t-il tant d’épreuves ? N’est-ce pas pour perpétuer son sentiment d’être ? La conscience est insupportable. Avec elle vient le sentiment de peur de la perdre. Alors, il y a à la fois peur et tourment. Tous les objets du monde sont créés pour rendre la conscience supportable. Il y a cette nécessité d’avoir un mari, une femme, un enfant, de la nourriture, etc. Par conséquent, l’amour pour notre sentiment d’être est impropre. L’amour de soi veut perdurer. C’est la grande illusion ; l’amour de soi est devenu la cause de création de tout l’univers. Quand la vie arrivera à sa fin, qui se souciera de ce que devient le monde ? Si vous ressentez l’urgence d’accéder à la compréhension de ceci, assurément vous y accéderez. La connaissance spirituelle de base est simple, mais les gens s’impliquent dans des rituels pénibles et inutiles. Quand il n’y a plus de sentiment d’être, le corps est une simple forme. Votre véritable nature est au-delà de toute description. Bien qu’elle soit, elle ne peut être connue. Elle est la Source de toute chose. La conscience est apparue et elle disparaîtra. C’est tout. Que voulez-vous savoir d’autre ? Si vous vous établissez dans votre vraie nature, les besoins vitaux vous seront spontanément fournis. Vous n’aurez pas à faire d’effort pour eux. Le Guru révèle au disciple sa propre dévotion. Il initie celui qui s’est confié. La signification du mantra est : « Je suis Atman, je ne suis pas le corps. » Ceci est comme le nom de baptême du nouveau-né. Les parents donnent naissance au corps. Le Sadguru donne naissance à la conscience. Il plante la Graine dans le coeur du disciple. Celui qui saisit la parole du Guru devient Dieu. Votre langue n’a pas de goût par elle-même. C’est pourquoi elle peut capter les autres saveurs. De la même manière, la conscience est vierge de concepts. C’est simplement une lumineuse clarté. La seule chose fiable dans le monde est la parole du Guru : « Je suis Brahman. »

Il y a une chose dans le corps par laquelle vous avez connaissance d’être. Ceci ne peut être saisi sans la grâce du Guru. Vous luttez pour préserver le corps. Quand vous orienterez ces efforts sur la réalisation du Soi, vous deviendrez immortel et éternel.

Nisargadatta Maharaj

mercredi 28 mars 1979

Extrait de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 101 – c’est par sa lumière que le monde devient visible

c’est par sa lumière que le monde devient visible

Nous nous réunissons ici par la grâce du Sadguru. Ceci ne peut pas être compris au niveau de la conscience identifiée au corps. Pour servir aux pieds du Guru (notre propre conscience), l’aspirant doit être béni et purifié. Celui qui vit en tant que conscience identifiée au corps, ne boira pas le nectar aux pieds du Guru (il ne réalisera pas sa véritable nature). L’aspirant est sans forme. Là encore, c’est par sa lumière que le monde devient visible. Quand vous regardez un rêve, par quelle lumière le voyez-vous ? La conscience du chercheur est identique aux pieds bénis du Guru. Votre conscience n’a pas de naissance. Votre existence en tant que pure conscience est l’état du Guru. Quand le disciple l’accepte, il naît au Divin. Avant cela, il ne s’agit que de la naissance du corps. Quand le Guru vous initie, et vous dit : « Vous n’êtes pas le corps », à ce moment précis vous abandonnez votre nature humaine. À partir de là, vous n’aurez plus de naissance. Tout est connu au travers de votre conscience. Elle est le centre de l’univers. Sans la présence du Guru, la conscience ne peut pas se réaliser. Si vous n’avez pas de temps à disposition, remémorez-vous au moins les paroles du Guru en allant vous coucher. Vous devez vénérer la conscience, comme s’il s’agissait des pieds du Guru. Toutes les choses du monde sont créées pour l’amour du Soi.

 

Nisargadatta Maharaj

dimanche 25 mars 1979

Extrait de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 100 – une seule flèche bien acérée

une seule flèche bien acérée

Celui qui a la conviction inébranlable que le Guru est Paramatman, réalise sa véritable nature sans aucun effort. Humilité et abandon vous font réaliser votre nature intérieure. Quand votre attention est totalement tournée vers votre véritable nature, le mental disparaît. Vous pouvez vous incliner, mais rappelez-vous que vous êtes Cela qui est avant toute action. Votre sensation « Je suis » est antérieure à toute action. Le sens de toute individualité se dissipera ; restera la pure sensation d’être. Vous pouvez faire preuve de dévotion, mais elle doit être dirigée vers Celui qui a connaissance de la conscience. Quand votre mental disparaît pendant l’état de veille, celui qui a connaissance de la conscience est révélé. Des milliers d’êtres ont une pratique dévotionnelle. Celui qui atteint la cible a une seule flèche bien acérée. Comment la connaissance peut-elle oeuvrer là où celui qui a connaissance est absent ? Vous êtes la conscience. Son support est le Sadguru. Il est antérieur à la conscience. Il imprègne toute chose. Sans Lui, qui connaîtrait la conscience ? Quand la conscience identifiée au corps se dissout, l’individualité s’en va. Sous la guidance du Guru, le dévot réalise qu’il n’est ni le corps, ni le mental. Il est celui qui a connaissance du corps-mental. Il atteint le Divin. Le Guru peut pratiquer la dévotion comme n’importe qui d’autre, mais il est libre de toute illusion. Il ne voit aucune différence entre lui-même et Dieu.

Il y a peur de la mort tant qu’il y a une connexion avec le corps mental. Pour vous, véritablement, il n’y a pas de mort. Alors, pourquoi devrait-il y avoir une peur ? La plus haute forme de dévotion est de se remémorer ce qui a été entendu du Guru. Celui qui perd sa nature de jiva, gagne sa nature de Shiva. Même s’il mène une vie mondaine, elle est dédiée à son Guru. C’est une maladie que de prendre le corps pour votre Soi. Votre vie mondaine dans son ensemble : enfants, bien-être, désirs, sont de simples divertissements dans lesquels il n’y a rien à gagner ou à perdre. Si vous êtes un véritable dévot, maya, sous différentes formes, vous servira. Par la dévotion, les doutes sont éliminés. Sans la conscience présente en lui, le corps n’est-il pas juste une forme inanimée ? Toutes les activités appartiennent à la conscience et non pas à Moi (Celui qui en est le témoin). La parole est là, parce qu’il y a la sensation « Je suis ». La langue a le pouvoir de goûter par la présence de la conscience. Soyez un dévot de l’essence de connaissance du Soi. Quelle méditation allez-vous pratiquer ? Le méditant et Celui qui médite sur lui sont le même. Écoutez correctement, gardez cela présent et restez avec. Comprenez le pourquoi et le comment de votre attachement aux choses du monde.

 

Nisargadatta Maharaj

jeudi 22 mars 1979

Extrait de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna