Derniers jours – Qui est malade ?

En 1978, le docteur Rjgopal de l’Hôpital Jaslok vint rendre vi­site à Maharaj. Pendant la discussion, le docteur détecta dans la voix de Maharaj, un problème au niveau de sa gorge et exprima son désir d’ausculter la gorge de Maharaj. Il emmena Maharaj à l’Hôpital de Jaslok et après l’examen lui annonça qu’il suspectait un cancer de la gorge. Il souhaitait donc procéder à des examens plus poussés, mais Maharaj exprima son désaccord. C’est ainsi que Maharaj poursuivit ses entretiens comme à l’accoutumée sans interruption jusqu’en 1980. À nouveau en avril 1980, sa voix devint plus rocailleuse. Un physicien, le Docteur Kale, de la fa­mille de Maharaj, en l’examinant décela des zones de resserre­ment dans la gorge et fit part de son inquiétude. Aussi, il insista pour que Maharaj soit examiné de manière plus approfondie. Sous les efforts de persuasions insistants de Monsieur S. V. Sapre, Maharaj accepta de faire les examens nécessaires. Les résultats indiquèrent que le cancer s’était considérablement développé.

Quoi qu’il en soit cette annonce eut peu d’effet sur Maharaj. Il fit remarquer nonchalamment : « Qu’est­ce qu’un cancer tout compte fait ! Je ne suis pas effrayé par la mort. Ce « Je suis », la naissance elle-­même, est le commencement de ce cancer – le commencement de la souffrance, et je ne suis rien de tout cela. Aussi, si même un médecin me soignait, cela concernerait mon corps et non ‘moi’ – l’Absolu. »

Plus tard, bien que Maharaj ne soit pas prêt à se faire soigner, Monsieur Ghia Seth – un industriel – insista pour que Maharaj soit vu par le docteur Paymaster, qui était le cancérologue le plus renommé de Mumbai. Aussi, fut-­il amené en consultation chez le docteur Paymaster qui décrivit à Maharaj la gravité du mal, ainsi que les détails de la souffrance insupportable d’un patient can­céreux quand un traitement n’était pas donné en temps voulu. Mais cela n’eut pas pour effet de convaincre Maharaj et il décli­na tout traitement de chimiothérapie et radiothérapie, et ne fut même pas d’accord d’être hospitalisé.

Dans le même temps, un proche disciple de Maharaj, Mon­sieur Shrikant Gogate, suggéra un traitement homéopathique et recommanda un homéopathe de Malvan – la ville native de Maharaj. Il s’agissait du Docteur Suvarna, qui était spécialisé dans le traitement des cancers. Le traitement du Docteur Suvar­na, selon nos constatations, produit de bons résultats par le fait que la gorge ne sembla plus subir les mêmes effets ravageurs de la maladie. Il pouvait manger une nourriture habituelle. Ces en­tretiens reprirent sans interruptions, et avec autant d’énergie, et tout allait bien.

Un certain nombre d’experts en médecine ayurvédique, en nadi vaidya et en acupuncture lui rendaient visite plus ou moins régulièrement. Un acupuncteur le soigna pendant quatre jours, mais Maharaj n’était pas enclin à continuer avec ce traitement. Un thérapeute en vadi vaidya donna quelques huiles à utiliser en gouttes nasales. Ces traitements donnèrent quelques soulagements temporaires. Mais aucun d’eux ne donna d’espoir quant à une guérison. Ils donnaient tous à prévoir une fin dans les deux à trois mois à venir. Mais, contrairement à leurs craintes, le pire n’arriva pas avant huit mois. Ils mirent cela sur le compte de la réalisation spirituelle de Maharaj.

D’une manière qui ne présageait rien de bon, à partir de juillet 1981, le terrible mal reprit la main. Cela eu pour conséquence de faire diminuer la longueur des entretiens ainsi que leur fréquence. De deux heures, ils passèrent à une heure trente, puis même plus tard à une demi-­heure. Il arriva même quelques fois, au plus fort de la maladie, qu’il ne soit physiquement pas capable de mon­ter à la mezzanine où les entretiens étaient donnés. Dans ces moments là, nous écoutions des enregistrements de précédents entretiens.

Le 18 août 1981, Maharaj eu une attaque de pneumonie. Il fut pris de toux et congestion des poumons. Le docteur Kale pres­crit un traitement d’antibiotique qui fit baisser la température. Tout semblait revenu sous contrôle, mais, très faible, Maharaj ne pouvait poursuivre ses entretiens.

C’est le 6 septembre 1981 que Maharaj donna le signal du départ. Depuis son lit, il exprima dans un murmure : « Dans trois jours, je serai parti. » Nous étions horrifiés, la fin était proche ! Mais nous n’étions pas prêts à prendre ses mots au sérieux. Pré­cédemment, alors que nous nous enquérions de sa santé, il avait répondu : « Quelle santé – dans l’instant suivant je pourrai ne plus être là. » Aussi, de la même manière, nous n’avons tenu plus compte de ces « trois jours. »

Extrait de “Derniers jours de Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

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