Visiteur: Quand je médite, mon activité mentale est insignifiante; il n’y a que conscience, un état de calme profond. Cet état présente-t-il un lien avec la progression versle “Je suis”, ou n’est-ce simplement qu’un autre état de conscience?
Nisargadatta Maharaj: Ce calme existe quand votre être est au repos. Tout comme vous êtes venu en Inde sans oublier que vous êtiez australien, ainsi vous ne devez pas oublier que vous êtes. Êtes-vous convaincu d’ëtre?
Visiteur: Intellectuellement , oui.
Nisargadatta Maharaj: Laissez de coté l’intellect. Je vous demande si vous en avez la conviction. Vous savez que vous n’êtes pas le corrps, pas l’esprit,et pas le nom qui vous a été donné. Vous êtes la conscience et elle est sans forme. Vous êtes un homme à cause de votre identification au corps. Lorsque vous ne vous identifiez pas au corps, à quel sexe appartenez-vous? Après avoir quitté le corps, le souffle vital et le “Je suis” se fondent l’un et l’autre dans le substrat sous -jacent. À ce moment là, où est l’homme, où est la femme?
Visiteur: Devrions-nous méditer là-dessus?
N.M : La méditation est indispensable. Pendant la méditation, entretenez sans cess ce concept : je ne suis pas le corps-mental, je ne suis que la connaissance rayonnant du Soi.
V: Qu’est-ce que le samadhi?
N.M : La satisfaction, quand vous atteignez un objectif, vous avez un sentiment de satisfaction. Vous cherchez un profit et quand vous l’obtenez vous êtes satisfait.
V: Le samadhi n’est d’aucune aide pour la compréhension du Soi?
N.M: L’état de satisfaction dans le samadhi et le Soi sont une et m^me chose. Quand vous étiez sans corps, il y avait pleine satisfaction.
V: La satisfaction éprouvée dans le samadhi est-elle une pleine et entière satisfaction?
N.M: Elle signifie que vous êtes objectivement content que la qualité de l’essence de nourriture existe. La connaissance qui est une des qualité de l’essence de nourriture, a cédé la place à la satisfaction.
Tous les sages vous disent d’adorer votre propre Soi, mais cela est souvent mal compris. les gens adorent Rama ou Khrisna, ou quelque autre dieu. Cependant, c’est l’adoration de ces dieux qui permet à votre Soi de germer.
Après avoir entendu les paroles des sages, le chercheur concentrera son attention sur le Soi. Il fera face à ses obligations courantes, mais son attention sera dirigée sur le Soi. Il ne sera prisonnier d’aucune d’elles. Grâce à ce processus, il s’approchera peu à peu du Suprême, de l’Absolu. Profitez pleinement de la présence du Jnãni, du Guru ou du Sage que vous rencontrez, mais comprenez aussi ce que vous êtes. Affermissez-vous dans le Soi.
Du fait de mon ignorance, j’ai dépendu du mental pendant longtemps. Le mental était mon Guru, il me dirigeait et me guidait. Aujourd’hui, je comprends que le mental n’est pas moi, qu’il est séparé de moi ; dans ce processus je suis différent du corps-mental. Si demain mon corps m quitte, il ne m’arrivera rien.
V: En écoutant parler le Guru, quel doit être notre attitude?`
N.M : Il convient d’être extrêmement réceptif, aimant, humble et s’abandonner entièrement à lui.
V: Combien de temps doit-on rester avec le Guru?
N.M :Vous devez restez avant tout avec votre Soi, le Soi est le Guru. La foi dans les paroles du Guru doit être une foi vivante; les pensées peuvent aller et venir, mais la foi doit rester intacte. Demeurez dans le “Je suis”; le faisant, vous serez un avec le Guru Manifesté. Le Sat Guru est celui qui est témoin de l’apparition et de la disparition du Guru qu’est le “Je suis”. Sat Guru veut dire qui a sa demeure dans l’Absolu. Au départ, vous avez besoin de quelqu’un qui soit un Sat Guru. Ceux à qui il tarde de découvrir la Vérité rencontrerons obligatoirement un Sat Guru sur leur chemin.
Dans mon état originel, je n’ai ni forme, ni pensée. Je ne sais pas que je suis, puis soudain apparaît en moi un autre état où j’ai la forme et la pensée ” je suis”. Comment cet état est-il apparu? Celui qui peut expliquer ces manifestations est le Sat Guru.
:Nisargadatta Maharaj
Le 9 octobre 1979
Extrait de ” Graines de Conscience” aux éditions des deux Océans.