Il existe des yogi -s de plusieurs disciplines : par exemples les Japis qui récitent les noms sacrés, les Tapis qui se consacrent à d’austères pénitences, etc. En apparence, ils sont engagés sur la voie spirituelle mais ils se complaisent à faire des miracles. ces Yogi -s ne peuvent plus progresser et atteindre une connaissance spirituelle réelle. De plus, ils sont fiers des pouvoirs qu’ils ont acquis, de leur système particulier, de leur personnalité. Tout ceci n’a rien à voir avec la spiritualité. Un employé doit, soit se satisfaire de son maigre salaire, soit changer de travail. de même un Jnani doit se satisfaire des trois états : veille, sommeil profond et conscience ou bien les quitter.
En tant que Jnani je vous raconte ‘mon’ histoire. A quoi peut bien servir cette alternance de sommeil profond et de réveil? Je n’en ai pas besoin. Cet univers perceptible est sans limite et sans fin, mais que puis-je gagner en le préservant? A partir du moment où un sage atteint la réalisation et s’immerge dans la perfection, il n’a plus de besoins d’aucune sorte. Mais un chercheur obtiendra un bénéfice immense en demeurant fixé ou simplement en se remémorant la vie d’un sage, tant est grand le potentiel d’éveil de celui qui n’a plus de besoin. Une personne ordinaire ne peut avoir la moindre idée, le moindre soupçon de l’état d’Absolu d’un Jnani. Elle doit se contenter du comportement et des modes d’expression du Jnani. au niveau du comportement physique, observés en tant que prolongement de son être. De toute façon un tel sage n’est ni l’expression physique, ni l’être.
Un officier porte un uniforme indiquant le régiment auquel il appartient et son grade. L’ensemble constitue l’officier, mais l’uniforme et le grade ne sont pas l’officier. Il en est de même pour ce ‘colis de nourriture’ qu’est le corps. Il n’est pas vous, vous n’êtes que ce principe” Je suis” habitant le corps.
Vous n’êtes pas capable de renoncer à cette identification au corps. Cela est du à l’action de la grande Maya, l’illusion, c’est pour cela que vous ne vous imprégnez pas de ce que je dis.
Visiteur: Comment un Jnani sait-il qu’il a réalisé sa véritable nature?
Nisargadatta Maharaj : Il le sait en découvrant qu’il l’a toujours connue dan ce sentiment “je suis”. Ici, en cet instant, vous êtes dans cet état réalisé, mais vous vous obstinez à le constater au travers de vos désirs et de vos concepts mentaux, ce qui explique votre incapacité à le voir et à vous abîmer en lui.
Dans l’état de Jnani – et ceci n’est qu’une façon de l’exprimer avec des mots car ce n’est pas un état – il n’existe aucun besoin de quoi que ce soit, pas même de se connaître soi-même, tandis que vous, vous demeurez attachés aux cinq sens physiques et même devenus centenaires vous imploreriez de vivre quelques années de plus !
Visiteur : N’éprouvez-vous pas de la pitié pour nous, chercheurs ignorants qui venons vous visiter?
Nisargadatta Maharaj: pourquoi le devrais-je? je suis le soleil de la connaissance ultime rayonnat depuis sa propre évidence et je vous considère tous comme tels.
Nisargadatta Maharaj
9 janvier 1980
Extrait de “Ni Ceci Ni Cela” aux éditions des 2 Océans