Nirupana 37 – Le Soi, notre véritable nature

Dans les temps anciens, quoi que ce soit que le Guru avait à dire au disciple, il ne le disait qu’une seule fois. Quand ils se rencontraient à nouveau douze ans après, le disciple était prêt. La signification de cela est qu’il n’est pas nécessaire de revenir constamment auprès du Guru.

En tout premier, il y a le Soi, notre véritable nature. Puis la conscience apparaît. À travers elle, toutes les activités prennent place. Elles sont dé- pendantes de la mémoire. Mais rien ne reste pour toujours. Le fonctionnement dans son entier est tradition. Rare est celui qui s’y penche. La conscience, et tout ce qui est connu à travers elle, est par nature universel. Cela, qui en a la connaissance, est atomique et impénétrable. Tout ce qui est connu par la conscience est soumis au changement, et pour finir, la conscience elle-même disparaît. Alors qui est né et qui meurt ? Vous avez saisi toute chose dans la conscience. Mais la conscience a un début et une fin. C’est votre illusion de vous prendre pour ceci ou cela au sein de la conscience. Ce que vous connaissez par la conscience s’en ira. Alors, ultimement, quelle est l’utilité de ce que vous avez fait ?

Ce qui est créé est le lotus du cœur, ses pétales sont le monde. Depuis là, différents pollens sont créés. Mais leur source reste le lotus (la conscience la plus subtile est appelée le lotus du cœur.) Quoi que vous connaissiez fait partie de la conscience. Celui, qui sait que la conscience se lève et se couche, est libéré. Nous sommes prisonniers quand nous prenons ce que nous connaissons par la conscience pour vrai. Il lui a été donné le statut de Dieu. Si vous n’avez pas de conscience, où est Dieu ? Le Guru plante dans votre conscience la graine « Je suis Dieu ». Elle germe et grandit. Alors, le chercheur réalise que la forme (le corps, Dieu) n’a pas d’utilité. L’homme instruit, comme le simple croyant, est libéré. Seuls, ceux qui restent dans un entre-deux, continuent d’aller à tâtons.

Ne vous contentez pas de méditer, vivez en méditation. La parole du Guru est la seule Vérité. Accrochez-vous à cela. Le Guru vous dit : « Vous êtes pur Brahman », tenez-vous à cela. C’est la graine de conscience. N’oubliez pas que vous êtes conscience. Avec conviction, persistez fermement dans « Je suis Brahman ». Quelle est votre part dans le monde ? Alors, de quoi êtes-vous fier ?

Espoir et désir sont les huiles qui tiennent la lampe de la vie allumée. Quand les désirs et les espérances arrivent à leur fin, on s’éteint tout aussitôt. On ne meurt pas, mais on s’éteint comme une lampe (en tant que conscience identifiée.) D’après les Vedas, les pensées du dernier moment de la vie conditionnent la destination à venir. Par exemple, si un Hindou et un Musulman s’entretuent et ont l’attention fixée l’un sur l’autre, l’Hindou renaîtra en tant que Musulman et le Musulman en tant qu’Hindou, ainsi la bataille ne finit jamais.

Se remémorer le Guru veut dire se remémorer la conscience. Quand vous vous verrez en tant que conscience, vous viendrez à connaître comment tout est libre et ouvert. Vous et votre monde êtes vides. Les efforts que vous faites créent une interruption dans ceci. Votre conscience est comme une visiteuse (passagère). Le monde est vu à travers la conscience, mais la conscience ne restera pas. C’est un état passager. Alors, pourquoi être concerné par le monde ? Quand la conscience s’en va, est-ce que cela veut dire que vous mourez ? La conscience a reçu le statut de Dieu. Quand vous accédez à la nature de Dieu, vous comprenez que tout est irréel. Alors, vous êtes libéré de l’esclavage. Si tout effort est abandonné, il n’y aura plus d’interruption (les efforts entretiennent le mental, qui est une interruption.)

La conscience qui parle de Dieu et la conscience qui écoute ne sont pas différentes. Écouter les enseignements entraîne le détachement. La compagnie du corps ne dure pas. En outre, il change au fil des différentes étapes de la vie. La conscience n’a pas de forme, ainsi elle n’est ni homme, ni femme. Le sens « Je suis » dépend des cinq éléments. Vous souhaitez vous débarrasser de votre conscience identifiée ? Pour cela portez attention à la conscience qui écoute. Ce n’est pas important que vous soyez impliqué dans beaucoup d’activités ou non. Mais le concept « Je suis celui qui fait et je suis responsable de ces activités » doit dispa- raître. Votre conscience temporaire est plus subtile que l’espace. Vous êtes tout. L’identité que vous avez prise, quelle qu’elle soit, ne restera pas. Celui qui a la connaissance de cela est immortel.

Ce que vous connaissez existe uniquement au travers de la conscience. Elle expérimente la joie et la peine. Celui qui connaît la conscience est antérieur à l’expérience. La conscience est la naissance de Dieu. Souvenez- vous de cela (quand vous êtes amené à connaître « Je suis », Dieu naît).

La graine de Brahman est semée en vous à travers l’expression « Je suis ». Plus elle prendra racine, moins il y aura d’identification à un être humain. Dieu signifie la conscience, de même que votre sentiment d’être, de même que « Je suis ». Vos actions sont les actions de la conscience divine. Sans la réalisation du Soi, vous ne pouvez être un jnani.

La récitation du mantra est le rappel de notre véritable nature. C’est la méditation sur « Je suis ». Pratiquez cela. Cela ne requiert pas d’autre preuve. Les concepts mondains d’un individu déterminent son com- portement. Alors que votre conscience est naturelle et spontanée ; elle n’est pas le résultat de vos concepts et idées. Quand il n’y a plus de nécessité de « Je suis » ou de « Je devrais être », c’est la libération.

La mort est juste une peur projetée. Ce n’est pas matière à expérience. La mort du corps n’est pas votre mort.
Le concept précède l’action. Mais la conscience est sans concept antérieur. Ce qui n’était pas remarqué avant ça, est perçu en tant que « Je suis ». C’est encore lié au temps. Cela a une fin. Écouter l’histoire de Dieu, c’est écouter votre propre histoire. Quand vous êtes juste conscient de votre sentiment d’être, y a-t-il encore besoin de Dieu ou du monde ? Les mots ne peuvent pas décrire la réalisation du Soi.

Celui en qui Dieu s’incarne, est capable de discrimination. Cette connaissance ne peut venir par la récitation du mantra ou les ascèses (celles-ci ne sont pas utiles à la réalisation du Soi, mais le sont pour amener le mental au calme). Qui vous envoie ici ? N’est-ce pas votre propre Soi ? Où vous n’êtes pas, il n’y a pas de Dieu, pas de religion, et pas de monde. Là où vous êtes, tout est. Dieu est caractérisé par la connaissance. Vous êtes Cela en quoi toutes caractéristiques sont dissoutes.

Nisargadatta Maharaj

Dimanche 18 juin 1978

Extrait du Nirupana 37 de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *