Il doit il y avoir une ferme compréhension de notre propre nature. Ce que vous dites doit reposer sur une ferme conviction. Un verset dit : « Dieu inspire ce que je dis. Ce n’est pas moi qui parle, mais Dieu qui parle à travers moi. »
Ce dont on parle est la conscience manifestée. Le non manifesté est, avant les mots, la dévotion et l’amour. Ce que le Guru enseigne doit être remémoré sans cesse, pendant les heures de veille, quelle que soit l’activité effectuée. Quand il y a samâdhi pendant les heures de veille, cela implique qu’il n’y a ni soucis, ni pensées.
Ne blessez personne. S’il y a dissension, n’y portez pas attention. Le corps va s’en aller un jour. Alors pourquoi devrions-nous sous-estimer la parole du Guru ? Il nous a donné une assurance absolue. Quel est le sens de la vie si vous n’y croyez pas ? Les comportements erratiques ne sont pas les bienvenus dans l’aspiration spirituelle. Il convient d’être stable. Toutes les activités son basées sur des opinions. La Vérité est une, mais les gens l’expriment à leur propre façon, en accord avec leurs opinions. Ils en ont les expériences concordantes. Avec la force de l’ascèse, tout ce qui est dit devient vrai. Le Principe est unique, mais sur sa base, des milliers d’opinions sont apparues. Cela est le pouvoir de maya. Krishna dit : « Sans maya, je ne peux même pas être mentionné. » Maya mène toutes les activités, mais Purusha (ici en tant que Soi, Paramatman) est toujours silencieux. Il est le non-acteur. Ceux qui ont la connaissance d’être Brahman sont les véritables brahmines. Les gens proclament connaître Brahman et restent accrochés à leur ego. Ils commencent alors à prêcher leurs opinions. Ceci encore est le jeu de maya. Il y a eu tant de sages et de saints, mais aucun ne se comportait comme un autre.
C’est seulement après l’apparition de « Je suis » que peut venir le concept « Je suis Vishnu » ou « Je suis Brahman ». Mais avant que cela ne survienne, qui étais-je ? Personne ne pense à cela. Maya fait ce qu’elle veut en prenant les formes adéquates. Créer des apparences et les dissoudre est la caractéristique de maya . Purusha est seulement le témoin. Si maya n’était pas là, il n’y aurait même pas mention de Purusha (en tant qu’Absolu). Quand il n’y avait pas l’expérience de maya , quelle connaissance aviez-vous de vous-même ? Tout votre savoir est illusoire . Ce n’est pas stable. C’est visible, c’est perçu, mais ce n’est pas la Vérité.
Purusha est dépourvu d’action. Tout ce qui est vu et ressenti, l’est par la coloration de maya . Purusha est ce qui connaît maya . Parfois, des sages développent une certaine fierté de leur réalisation. Cette fierté devient un obstacle pour eux et les fait vivre pour des milliers d’années. Tout ce qui est connu ne sera jamais stable.
Pourquoi ?
Parce que maya est illusoire. Vous ne pouvez pas parer à maya même en faisant pénitence pendant des milliers d’années. Même au travers des différentes traditions religieuses, l’état de veille et de sommeil sont les mêmes pour tous. Par la surimposition de maya , certains accumuleront des mérites et d’autres davantage de mauvaises actions. Une fois que le corps sera parti, il n’y aura plus de trace de mémoire de ce que vous avez fait aujourd’hui. Alors, quel usage allez-vous faire de ce mérite ?
La renaissance est l’opinion de certains sages. La connaissance basée sur des opinions est un savoir intellectuel. C’est illusoire. Ce n’est pas la connaissance du Soi. C’est temporaire. Cela existe le temps que le corps est là. Peut-il y avoir conscience sans le corps ?Qu’est-ce qui vous est propre ? La conscience qui est dans le corps.
Elle dépend de l’essence de la nourriture. Aussi longtemps que le corps fonctionne bien, vous penserez que vos pensées sont vraies. Mais reconnaissez-le dès aujourd’hui. Cette dualité n’était pas là, et même maintenant, elle n’est pas là. C’est illusoire. Bien que tout ceci soit en mouvement, rien n’existe. Il n’y a pas de sage réalisé. Personne ne vit, personne ne meurt. Tout ceci est maya . Même les sages se laissent étourdir par le pouvoir de maya . Sinon, il n’y aurait pas tant d’opinions.
La chose la plus importante est notre conscience. Elle est arrivée en tant qu’invitée pour quelques jours. Finalement, elle s’en ira. Ce qui, à l’origine, n’était pas là, retournera à cet état. Comment et dans quel emballage allez-vous préserver la conscience ? Est-ce que quelqu’un peut dire : « J’étais là avant la conscience » ? C’est uniquement la conscience qui est créée.
Faute et vertu sont juste des mots. Quand quelqu’un entreprend la discrimination, les mots se sauvent. Seul le suprême Soi a la connaissance de comment le verbe fait l’expérience du verbe. Chacun est l’esclave du mental et de l’intellect. Votre vraie nature est antérieure à la conscience. Pouvez-vous préserver cette conscience ?
Dès maintenant, regardez cela avec discernement.
Nisargadatta Maharaj
dimanche 25 juin 1978
Extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna.