Le mental est comme une fièvre qui vous serait tombée dessus, sans savoir comment. Quoi que vous fassiez apporte de la souffrance. Vous menez à bien vos actions pour supporter votre mental. Quand la forme corporelle vient à l’existence, la sensation « Je suis » est perçue. Le mental est créé à partir de cette sensation d’être. Le repos se trouve dans le sommeil profond. Une fois réveillé, vous courez alentour faire des choses qui, vous pensez, vous seront bénéfiques. Pourquoi en est-il ainsi ? C’est une tentative de se débarrasser de cette fièvre appelée le mental. Il y a de nombreux noms donnés au mental : Brahman, Prana , etc. Tant qu’il n’y avait pas de mental, comment étiez-vous ? Avant que le mental apparaisse, à quoi ressemble quelqu’un ? Il était parfait Brahman, antérieur au concept, antérieur à la manifestation, antérieur aux trois gunas . Parabrahman est connu de tous les êtres vivants. Tant que le mental n’était pas perçu, il n’y avait besoin de rien. Il n’y avait pas de connaissance « Je suis » ou « Je ne suis pas ». Quand vous accédez à cette compréhension, la dévotion envers Brahman, etc., est vue comme une blague, alors la « fièvre-mental » s’en va.
Pour parler vrai, vous vous battez pour votre bien-être parce que vous êtes dans la confusion de l’illusion première.
Ce qui est vu n’est pas votre véritable nature. Cela, qui était immobile, s’est légèrement mis en mouvement et a créé ce monde rêvé. Ceci signifie que vous êtes réellement le créateur. La vision qui a créé le monde n’est elle-même pas vraie. Il semble que beaucoup de choses se font dans ce rêve, mais réellement, est-ce que quelque chose s’est fait ?
Peut-on porter le moindre crédit à la revendication d’actions de cette forme corporelle ?
Vous vivez en tant que corps, aussi vous comportez-vous comme quelqu’un qui obéit au temps. Vous n’avez pas la connaissance que le temps est votre création. La sensation « Je suis éveillé » est le temps. Qui soutient cet univers, avec ses soleil, lune et étoiles ? C’est Le même que Celui qui le voit. C’est ce qui fait dire à Krishna : « Je soutiens l’univers. »
Le temps est une saison. La sensation « Je suis éveillé » est le temps. Alors vient le mental avec la connaissance « Je suis ». Elle a envahi toute chose.
Mais, c’est une phase temporaire. Krishna dit : « J’ai observé cette phase, et c’est en cela que Je suis le créateur de l’univers. »
Le temps est lié par son essence aux trois guna-s : sattva, rajas et tamas. Le temps règne sur les gens à travers leurs désirs. Qui amène l’action ? Ce qui est Unique agit tout. Il devient multiple et se met en mouvement au travers du désir tant qu’il y a une expérience du temps. Qu’est-ce que le mental ? Le mental, c’est la sensation « Je suis éveillé ». Quand le mental se dissout, il n’y a plus de connaissance. Les noms des déités arrivent après tous les noms du mental.
C’est l’histoire de Para-atman, Celui que vous êtes. Vous n’êtes pas débarrassé de vos habitudes de conscience identifiée au corps. L’état de veille est le temps. Et dans le temps, il y a dualité. Aussi devez-vous devenir votre propre preuve (de l’état Absolu non duel.) Alors, vous ne rencontrerez plus d’autre. Vous connaissez le mental ; vous n’êtes pas le mental. Espoirs, désirs, passions, sont des aspects du temps. Et pourtant, encore, la personne dit : « Je fais » ou « J’agis. » Y a-t-il une différence entre une attente et une passion ? Par les rites et rituels, vous échangez une cage en fer contre une cage en or.
C’est seulement après l’arrivée du mental que vous demandez de la nourriture, une maison, une femme, un mari, etc. Vous appelez cela des désirs. Là encore, il s’agit de la nature du temps. Reconnaissez la fièvre du mental. Le mental est aussi appelé Brahman (la réalité manifestée), qui prend naissance des millions de fois par jour. Toutes les activités du monde résultent de la nature du temps. Dire de quelqu’un qu’il est célèbre, etc., est de la nature du temps. Le temps est la fondation de tout l’univers. Quoi qu’il en soit, vous êtes antérieur au temps. Et pourtant, la conscience identifiée au corps est toujours là. Vous n’avez rien à lâcher. Vous avez à le comprendre. Il y a un rayonnement de lumière incroyable dans le corps. La lumière qui provient de vos yeux imprègne le soleil et la lune. Cette lumière féroce et éblouissante est absorbée par l’Absolu. Il avale des millions de soleils. L’intense bleu profond de l’Absolu (tel que vu les yeux fermés) est si vaste que d’innombrables mondes dansent en lui comme de simples cailloux.
Quand quelqu’un entend cela, il devrait dire : « Oh ! En est-il vrai- ment ainsi ? » Allez-vous connaître ceci une fois mort ? Ce monde est si vaste, et pourtant celui qui le regarde est plus petit qu’un atome. Pour comprendre cela, vénérez Cela par quoi vous entendez tout ceci. Que connaissiez-vous avant que la conscience n’apparaisse en vous ? Plus vous réduirez vos espérances et désirs, plus vous serez heureux.
Guna signifie la conscience qui vous a envahi soudainement. Un nombre infini d’univers joue dans la conscience. Qui connaît cela ? Qui est antérieur à la conscience ? Est-ce ce qui est vu, ou ce qui voit ? Si ce qui voit n’est pas là, la scène peut-elle être là ? Par la grâce du Guru, l’idée « le temps est ma fameuse mort » est partie. Quand le prana quitte le corps, ne dites pas : « Je suis en train de mourir. » Autrement, vous aurez à reprendre à nouveau une nouvelle forme. Bhausaheb Maharaj (le Guru du Guru de Nisargadatta) applaudissait quand le prana quittait le corps. Ne voulait-il pas signifier ceci : « Je suis indestructible, Je suis Atman ? »
La libération est possible pendant que le corps est présent. Est-ce que les animaux peuvent l’atteindre ? Quand est-ce qu’une autre naissance survient ? Après un rêve, un second rêve peut survenir à la suite, si il doit se produire. Rappelez-vous que celui qui ne craint pas la mort vit pour très longtemps.
Nisargadatta Maharaj
13 juillet 1978
extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd.Aluna