Le concept premier est le sens « Je suis ». C’est la Conscience. Restez avec le concept de base « Je suis vivant ». Votre sensation « Je suis » est Dieu. De toute votre vie, n’oubliez jamais ceci. Il s’agit de maya. Elle représente le pouvoir de Dieu. Chacun doit être convaincu qu’il n’est pas le corps, qu’il est la Conscience.
Le chercheur n’a pas de forme. Celui qui s’identifie encore au corps est un aspirant. La conviction « Je ne suis pas le corps » doit être présente. Il doit être fermement établi que « Je suis uniquement conscience ». Ceci est l’objectif de tout chercheur : « Je n’ai pas d’apparence. Je suis dans la maison, mais je ne suis pas la maison. » Vous dites : « Je suis » ; mais pouvez-vous me donner une information à votre sujet tout en mettant de côté le mot « Je » ? Celui qui est antérieur aux mots « Je suis », est-il un être humain ? A-t-il une forme ? Cette connaissance n’a pas de corps. Elle ne se pose pas la question d’être un homme ou une femme. Elle a cependant un parfum. La Conscience est antérieure à toute chose. C’est la Conscience qui se souvient du Guru. Un chercheur n’a pas de forme, tout comme la faim et la soif n’ont pas de formes. Ne vous ai-je jamais dit que vous n’étiez pas le corps ? (Même avant que le corps disparaisse).
(En réponse à quelqu’un qui posait une question concernant l’astrologie, Maharaj répondait que ses effets étaient réels, parce que nous les croyons réels et par conséquent souffrons de ces effets. Si nous nous identifions à la conscience pure et sans forme, comment le mouvement des planètes pourrait-il nous affecter ? L’univers avec son système planétaire se trouve dans notre Conscience).
Celui qui n’a aucune notion de dévotion ou de Dieu est véritablement prisonnier. Celui qui Le recherche désire la libération. Celui qui suit une discipline est un chercheur. Il deviendra un siddha, un libéré vivant.
Quand vous voyez la misère du monde, vous ressentez de la souffrance, parce que vous vous prenez pour un individu. L’individu est perturbé par les concepts de « je » et « mien ». La totalité n’a pas de telles perturbations. Si vous méditez sur le fait que « Je suis le monde dans son entier, avec ses plaisirs et ses souffrances », votre sens personnel de la misère s’en ira.
La Conscience, avec ses trois gunas, est la même pour tous les animaux. C’est l’existence. La subtile sensation d’être est l’identité manifestée de maya. Dans sa matrice se trouvent les trois gunas. Personne ne veut mourir. Parce que la conscience « Je suis » veut perdurer. C’est le pouvoir de maya. Voir la conscience subtile, c’est voir le monde avec ses innombrables êtres. Personne ne peut être nommé un acteur, un créateur, ou un destructeur. La sensation « Je suis » est la plus haute dévotion.
Aussi longtemps qu’il y a friction entre le prana et l’essence de nourriture, « Je suis » est ressenti. Quand le prana s’en va, la sensation d’être prend fin. Dans le corps, l’interaction entre pur Sattva (qualité de connaissance) et prana est permanente. Ceci produit la connaissance « Je suis ». Quand le prana se sépare, le sentiment d’être s’en va. Tant que ceci n’est pas saisi, personne ne peut échapper aux mâchoires de la mort.
Tamas et Rajas sont impliqués dans les activités quotidiennes. Rajas est le travailleur, et Tamas est celui qui retire de la fierté du travail. Sattva est le superviseur. La conscience est la caractéristique de l’essence du corps de nourriture. Une fois que le prana aura quitté le corps, vous ne vous souviendrez plus que vous êtes. Le monde et l’état de veille ne sont pas différents. Pour comprendre ceci, suivez la parole du Guru. Votre Conscience manifestée doit devenir à nouveau non manifestée.
Tenez-vous-en à la Conscience, au moins au moment de vous endormir. Quand vous vous éveillez, de la même façon, tenez-vous-en à la connaissance. Vous êtes Conscience pure pour quelques secondes au réveil, puis la personne se réveille. La chose la plus sacrée au monde est la Conscience. Sans rien faire d’autre, méditez sur la Conscience. Vous avez l’impression d’être le corps, mais vous êtes uniquement la Conscience.
jeudi 4 décembre 1978
Nisargadatta Maharaj
Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd.Aluna.