Observez comment la conscience fonctionne d’elle-même. N’interférez pas dans son fonctionnement avec votre intellect. Restez à observer. Vous pensez savoir, mais vous n’êtes pas ce que vous savez. Vous êtes Cela à qui arrive la connaissance. Cela, uniquement, EST. C’est l’Être. Quoi que ce soit qui arrive, arrive à l’Être uniquement. Premièrement, il doit il y avoir la conviction que vous n’êtes pas un être humain.
Il n’y a pas de temps, en tant que tel. Il s’agit de votre concept du temps. Si ceci est compris, la conscience identifiée au corps ne vous affectera plus.
La conscience est la graine. Elle a germé et grandi. Elle est devenue le monde. Pour commencer, le dévot vénère Dieu. Ensuite, il Le laisse s’en aller. La conscience ne peut être quittée, tout comme elle ne peut être retenue. C’est « vous ». Si tout est votre Soi, que rejetez-vous, que retenez-vous ? Aussi, qui repose sur qui ? Parabrahman est avant l’illusion. C’est le secret des secrets. IL est connu dans un état libre des pensées. Si quelqu’un réfléchit à Son sujet, il sera ligoté dans des concepts. Chacun souhaite une conscience heureuse et satisfaite. Cependant, notre vraie nature est masquée par la conscience identifiée au corps. La perfection arrive seulement avec la réalisation du Soi. La conscience identifiée au corps mène à la mort toujours plus proche de jour en jour. Les êtres humains souffrent du concept erroné de naissance et renaissance. Une fois que la Vérité est comprise, il n’y a plus besoin de concepts.
Atman réside dans le corps. Il est au-delà des concepts (Paramatman n’a pas connaissance qu’Il est ou qu’Il n’est pas.) Chacun a uniquement à saisir qu’il n’est pas un être humain. Il est uniquement la conscience qui habite le corps. Le tableau de l’univers est peint avec la lumière de la conscience. Il s’agit de notre véritable nature. Cela ne nécessite aucune pratique de rituels. Une fois reconnu notre valeur, nous devons nous comporter avec dignité. Toutes les actions, même exécutées avec le plus grand soin, seront imparfaites tant qu’elles reposeront sur la conscience identifiée au corps. Elles seront basées sur le désir d’une vie meilleure. Tout ce qui est, est de la nature de l’Atman présent dans le corps. C’est antérieur à la mémoire, antérieur aux mots. Oubliez l’idée que vous êtes un être humain. Si vous vous considérez comme un être humain, toutes les lois de l’humanité s’appliqueront à vous. Ayez la conviction que vous êtes parfait Atman.
La dévotion est naturellement présente. Elle est par elle-même lumi- neuse et unique. Il s’agit de la conscience. C’est l’amour d’être. Ne vous identifiez pas au corps. Ne dites pas : « Je suis comme ceci, etc. » Cela ne peut se comparer à aucun savoir objectif. Tenez-vous à la parole du Guru. Il n’y a pas besoin de la lumière et de l’obscurité, de la veille et du sommeil, accompagnés de la soif et de la faim. Ceci doit être parfaitement clair. Vous êtes devenu dépendant de ces choses depuis que s’est élevé dans votre mental le concept « Je suis une personne ».
Quand il n’y avait rien, celui qui avait « connaissance » du rien était Paramatman. Il n’a jamais eu de désir. Pourquoi alors y a-t-il le besoin de quelque chose ? N’est-ce pas pour préserver le corps ? Tout signifie pro- tection du corps. Mais c’est une grande erreur que de vous prendre pour le corps. Cette faute sera effacée uniquement si vous croyez au fait que vous n’êtes pas le corps. Celui qui en a connaissance n’a pas été créé. La conviction que vous n’avez pas de mort, est l’expérience de l’immortalité. Celui qui, dans le corps, n’a pas reconnu le Guru aura une mort misérable. La conviction doit se faire sans prononcer un mot. Le moment de la mort est le moment de l’immortalité pour celui qui suit la parole du Guru. Cette opportunité ne pourra jamais être décrite en mots.
Poursuivez les rituels qui réjouissent le mental des gens communs. Sinon, ils pourraient vous « excommunier ». Cependant, ne permettez pas à l’empreinte du cœur d’être estompée. Soyez présent à cette unicité sans faire usage d’aucun mot. L’idée maîtresse de la conscience identifiée au corps est que « quelqu’un qui est né, mourra ». Même sur le champ de bataille, Arjuna ne quittait pas l’état de samâdhi.
Se remémorer le mantra est nécessaire pour détruire les pensées erronées du mental. Une fois débarrassée des impuretés, la conscience brillera comme un bijou dans le creux de la main. Une fois que tous les mots auront été démasqués, la véritable nature, qui est sans forme et sans nom, sera silencieuse. Quand le mental est purifié, la conscience est perçue clairement. La conscience signifie Sattva guna, qui est consciente d’elle-même.
Les qualités qui se jouent au travers des cinq éléments, se manifestent en tant que mental au travers de la conscience pure. Toutes les actions humaines se font au travers des cinq éléments. La Terre est le magasin de stockage des cinq éléments, et c’est pourquoi la vie jaillit d’elle. L’essence de la Terre est le corps subtil, qui est notre sens « Je suis ». Sans nourriture, il n’y a ni prana, ni conscience. Observez votre corps pour trouver votre véritable identité. Celui qui a connaissance des cinq éléments est Parabrahman. Il est au-delà des cinq éléments. Il est au-delà des pensées. Il n’a aucun besoin.
Quand vous vous voyez en tant que Soi suprême, la colossale création des cinq éléments se réduit à la taille d’un atome. Méditez sur ce que vous étiez avant le corps. Tant que ce que vous voyez ou ressentez vous affecte, vous n’avez pas parachevé la connaissance du Soi suprême. Être parfaitement libre signifie n’avoir aucun désir ou aucune attente pour une amélioration. Le Soi suprême n’est pas la conscience, mais ce qui a connaissance de la conscience. Celui qui comprend ce secret devient le Soi suprême. Le corps s’en ira. Alors, pourquoi perdre notre perfection en s’identifiant à lui. Le bail de la vie est à durée limitée. Cette saison passera avec la vie. Cette expérience s’en ira. Ce qui est connu doit s’en aller. Celui qui connaît ne peut être connu. « Je ne suis pas cela » doit être la conviction. Soyez fermement présent au fait que ce qui s’oublie n’est pas vous.
jeudi 4 janvier 1979
Nisargadatta Maharaj
Extrait de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj “ éd. Aluna