Si vous ressentez que vous avez saisi ce qui a été dit, que pensez- vous alors de vous-même ? Ce corps est constitué des cinq éléments. Le verbe, associé au corps, est de la nature de l’espace. Si vous comprenez ceci, vos états miséreux et joyeux parviendront à leur fin. Mais toute habitude a la vie dure. L’habitude de la conscience identifiée au corps est ainsi. Une fois qu’elle n’est plus là, le travail est fait.
L’image apparaît et ensuite disparaît. Rien ne dure, c’est pourquoi on l’appelle maya. Votre conscience est une flamme qui dépend de la nourriture. Tout comme l’encens qui brûle dépend des ingrédients qui le composent. L’encens s’éteint quand tous ses ingrédients sont consumés. Le feu s’éteint. Va-t-il en enfer ou au paradis ? Votre condition présente est due à la conscience identifiée au corps. Ceci doit être compris. Quoi que ce soit qui se présente à vous, le fait au travers des cinq éléments, et se dissoudra à nouveau dans les cinq éléments.
Peut-il se présenter des questions quand on se situe au-delà du mental et du corps ? Est-ce que les pensées vous appartiennent ou appartiennent à votre mental ? Elles ne sont pas « vos » pensées. Quand vous argumentez avec quelqu’un, n’est-ce pas le mental qui argumente ? Si vous ne vous identifiez pas à l’argumentation du mental, cela signifie ultimement que l’argumentation n’a jamais eu lieu.
Brahman réalise Brahman. L’être humain ne peut réaliser Brahman. Quand vous ferez un avec Brahman, vous ne serez plus à même de parler.
Pour mener à bien cela, un minimum de dualité est requis. Cette sépa- ration est le mental et ses changements. Une personne prise dans un tourbillon suffoque et se noie. Celui qui plonge jusqu’à la base du vortex en ressort. Nous sommes pris dans le tourbillon du corps-mental. Plongez profondément dans le mental pour en sortir.
Toutes les métaphores et classifications sont faites pour convaincre le mental. Elles appartiennent au domaine des cinq éléments. La Vérité est au-delà des cinq éléments. En premier surgit maya ou l’amour de soi. De cela est créé le monde avec ses cinq éléments. Alors nous pouvons dire « nous sommes ». La Vérité est au-delà. La conscience apparaît spontanément. Ce n’est pas dans le but de s’identifier à une personne particulière. Le support du corps est nécessaire. La conscience est l’amour de soi. Elle est atomique, et cependant elle devient vaste comme l’univers. Le monde apparaît avec la conscience. Rare est celui qui se questionne sur le comment de l’apparition de la conscience. Le vrai dévot regarde au travers de son être.
Tant que vous ne vous serez pas apaisé, il n’y aura pas d’expérience d’état sans pensées. Par cet accomplissement, même un fou devient un grand sage, et sera vénéré. Vous vous attachez à la connaissance, et en faisant de la sorte, vous ne remarquez plus celui qui connaît. Il est au-delà de la conscience. Il se révèle par la récitation du Guru-mantra. Quand vous réalisez la conscience, vous réalisez que vous êtes antérieur à elle. Le mental est maya, le mental est les pensées. Le samsara (en tant qu’occupations et activités quotidiennes), qui pour la plupart des êtres est tellement empli de peurs, est au service du véritable dévot. Là où il y a conscience, il y a énergie. Elle est au service du chercheur. Le corps est nourriture pour la conscience. Comblez-la par une dévotion sans relâche et vous réaliserez votre véritable nature. Alors régnera une paix éternelle.
Vos préoccupations vous harassent. Si vous voulez y mettre fin, vénérez votre conscience. Elle se tient au même endroit que de là où elle émerge. Quand vous répétez : « Guru, Guru, Guru », le Guru intérieur sera satisfait et se révélera.
Nisargadatta Maharaj
dimanche 7 janvier 1979
Extrait de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna.