La dévotion est votre principal atout !
Uddhava s’exprima ainsi: «En Ta présence, j’ai disparu et Tu occupes le monde entier. C’est ce que je vois assurément. » Krishna garda Uddhava dans cet état de liberté (Samadhi) pendant douze jours, sans nom ni forme. C’est ainsi que Uddhava comprit que Paramatman était le soutien de toute la vie mondaine. Uddhava dit: «Tu es présent en chacun de nous. Par conséquent, j’aime chacun. Maintenant, permets-moi d’aimer et d’adorer la libération. Je sais que je ne suis rien d’autre que Paramatman, donc je dois nourrir et prendre soin du monde entier. Ma dévotion pour Toi m’aidera à le faire. Tu ne dépends de rien d’autre que de la dévotion de Ton disciple. Tu t’incarnes en tant que Ton disciple. »
Vous vous prenez pour une conscience individuelle, bien que vous soyez comme la lumière et la Conscience elle-même, grâce à laquelle tout est connu. Même notre existence est connue à cause de cela. Vous êtes Brahman qui rayonne de sa propre lumière, mais vous vous identifiez à tort avec le corps. Seul un être parmi des millions réalise le Soi.
L’Atman s’éclaire de sa propre lumière. Tous les sages sont des expressions de Paramatman. Comment voient-ils les autres ? Ils les voient comme eux-mêmes. Tout comme un enfant grandit pour devenir un homme, les ignorants doivent s’élever jusqu’à leur plein potentiel de réalisation du Soi. Après cela, le faux ego est lâché.
Si la connaissance du Soi libère, pourquoi alors poursuivre la dévotion après la libération ? La dévotion et la pratique de cérémonies conduisent à la libération, ce qui leur donne toute leur importance et les rend dignes de toute cette reconnaissance. Paramatman «est en affinité» avec ceux qui sont reconnaissants de la bienveillance et des faveurs reçues. Il «n’aime pas» les ingrats. Par conséquent, la dévotion doit continuer après la libération.
Nous devons être au service de tous et ne faire qu’un avec eux. Certains, dans leur dévotion totale à Dieu, en ont même oublié femme et enfants. Rama et Krishna sont de bons exemples de dévouement. Dieu signifie la Conscience dynamique grâce à laquelle nous avons connaissance de notre existence. Grâce à Dieu, il y a Conscience et notre dévotion Lui revient. En raison de votre identité corporelle, vous croyez en votre fausse imagination. Quand vous méditez sur la Conscience, oubliant le corps, la vraie connaissance apparaît. Vous avez reçu la Conscience pour un temps limité et non pour une durée indéterminée. C’est par la dévotion que Ce qui vous a été prêté deviendra vôtre. Alors, vous réaliserez votre nature permanente.
La dévotion est la puissance de Dieu ; toutes les activités se produisent à la suite des diverses manifestations prises par celle-ci. C’est pourquoi Uddhava demande que la dévotion lui soit encore accordée après la libération. Le pouvoir de la dévotion crée des univers infinis. La dévotion peut être sans fin et n’a pas d’attributs de nom et de forme. C’est le pouvoir de Paramatman qui donne naissance à diverses incarnations. C’est la volonté de Dieu. Des sages qui semblent fous en viennent à être connus par la dévotion. À quoi d’autre qu’à la réalisation du Soi la dévotion pourrait-elle mener? Votre Conscience est tels «les pieds du Divin» ou «les pieds du Maître». Rappelez-vous qu’Elle n’est qu’un point, un germe de dévotion.
Votre ego est un concept. Il ne devrait pas avoir sa place en vous. Quand vous comprenez que vous êtes Dieu par nature, tous vos problèmes de subsistance prendront fin.
16 janvier 1955
Nisargadatta Maharaj
Extrait de “Premiers discours” aux éditions des 2 Océans
Note et commentaire :
Est abordé ici , la place de la dévotion, après la réalisation de notre nature véritable, c’est un point fondamental de la véritable réalisation. Celui qui a réalisé sa véritable nature, ne peut qu’être remerciant er reconnaissant, même s’il a la connaissance au plus profond de lui, qu’il n’y a pas d’autre à aimer à adorer.
Contrairement à ce que pourrait faire penser la description d’une dévotion si intense qu’elle en ferait oublier femme, mari et enfants, dans la tradition de la Navnath Sampradaya, l’implication dans la vie quotidienne et vivement encouragée. Bien évidemment l’attitude et la nature du lien sera modifiée par la reconnaissance de notre véritable nature, ici évoquée sous le terme de Paramatman, ( Au delà de l’Atman). Nisargadatta fut lui-même pris par ce besoin profond de tout abandonner et de partir en moine errant ( Saddhu), sur les routes de l’Inde. C’est la rencontre, avec un de ces co-disciples ( Guru bandhu), qui le fera revenir à son domicile, enrichi de cette détermination et de ce dépouillement.
Les termes spécifiques sont définis à la page Lexique Sanskrit de ce site