Visiteur : Pouvez-vous nous parlez de l’état de grâce le plus élevé, est-ce ce « Je suis » ?
Nisargadatta Maharaj : La félicité (Sat Chid Ananda) est le plus haut état de bonheur. Mais quoi qu’il en soit, cette félicité ne peut être permanente ; c’est une expérience. La réalisation se produit quand cet état, cette félicité se dissout et disparaît dans un état neutre sans aucune caractéristique (nirguna). Ceci est la véritable réalisation. C’est un état sans pensées et conceptualisation, où vous êtes zéro, le Rien.
Quel est votre âge ?
Visiteur : Trente-huit ans.
Nisargadatta Maharaj : Quelle était votre conception de la félicité deux ans avant votre naissance ?
Visiteur : Je n’avais aucune connaissance de tout cela !
Nisargadatta Maharaj : À ce moment-là, deux ans avant votre naissance, vous n’aviez aucune expérience de l’état de rêve et de l’état de veille, ou bien encore de ce que peut être l’expérience du plaisir ou de la douleur. Cela pour dire en fait que vous n’aviez absolument aucune expérience de quoique ce soit. Êtes-vous d’accord avec cela ?
Visiteur : l’expérience demande un corps.
Nisargadatta Maharaj : Répondez uniquement à ce que je vous demande par«Oui»ou«Non».
Visiteur : Non.
Nisargadatta Maharaj : Est-ce que cela signifie que Vous n’étiez-pas ? Qui peut dire, je n’avais aucune expérience ? S’il vous plaît allons plus loin !
Visiteur : Merci à vous de bien vouloir m’amener plus encore au cœur de moi-même.
Nisargadatta Maharaj : Si vous étiez au centre, vous ne pourriez plus en ressortir. Qui se sent poussé à l‘intérieur ? La félicité ne peut venir à exister que par l’union du féminin et du masculin. Autrement, il n’y aurait pas de félicité. Vous êtes le produit de cette félicité. Vous avez émergé il y a trentehuit ans de cette félicité, mais ce n’est que maintenant que vous en avez connaissance ! Au moment où cela s’est produit, vous ne le saviez pas. Jusqu’à l’âge de trois ans, vous n’aviez aucune idée de cette félicité. Ensuite, vous en avez eu des expériences fugaces, mais ce n’est que maintenant que vous en avez une connaissance. Tout ceci n’est que la mémoire ou les vestiges de cette Félicité originelle.
Extrait de “Derniers jours de Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna