Quand la qualité d’expression de Sattva (en tant que force vitale) commence à faiblir et que l’intellect s’amenuise, la mémoire s’estompe. C’est ainsi que l’on ne se rappelle plus les choses en vieillissant. Aussi longtemps que nous ne réalisons pas qui nous sommes, toutes les surimpositions devront être acceptées. Mais par contre, que se passera- t-il quand nous réaliserons que nous ne sommes ni Sattva, ni sa qualité de connaissance ? Le corps est un stock d’essence de nourriture. L’énergie vitale présente dans ce jus de fruit dit : « Je suis le corps. Je suis un homme ou je suis une femme. » Tout comme il y a un parfum qui émane d’une fleur, du corps émane la conscience. On la nomme Sattva. L’origine de cette qualité est la nourriture. Il n’y a pas de Prana sans nourriture.
Pouvez-vous saisir le prana ou la conscience ?
Le Nirvana se trouve là où, au final, il ne reste plus rien. Certaines de vos actions semblent laisser une trace dans l’espace, mais pas celle de celui qui est Nirguna (sans qualité). Le sens « Je suis » n’est plus présent. Le Guna est né ou apparu, s’est installé, puis est parti ou s’est dissous. Celui qui a connaissance de ceci reste sans parole.
Dans l’état de Nirvikalpa Samâdhi – sans construction mentale – la conscience disparaît. C’est le Samâdhi quand il n’y a pas de souffrance physique ou mentale. Les Guna sont en suspens.
Si le support du corps n’est pas là, qui peut avoir connaissance ? Alors, on Lui donne des noms comme Brahma, Vishnu, etc. Il s’agit de la Conscience.
Le corps n’est pas notre véritable nature. Au niveau de notre véritable nature, il n’y pas trace de la moindre caractéristique. Il n’y a pas de concepts. Celui qui réalise sa véritable nature devient identique à Dieu. Le Jnani est celui qui connaît le Soi. Il s’agit du Guru. Ceux qui s’installent dans des rituels n’ont pas connaissance de la nature du Soi. Réaliser sa véritable nature et vivre en tant que Soi est la religion du Soi. Notre Conscience est spontanément présente. Ce qui est connu, l’est au travers du mental. La Conscience est antérieure au mental. Celui qui vit directement à partir de la nature du Soi, n’endure pas les douleurs de la naissance et de la mort. Il n’a pas d’intérêt, parce qu’il est sans forme. Tant que la conscience identifiée au corps est présente, les désirs s’élèvent spontanément. Quoi que ce soit qui doit être entretenu, n’est pas de la nature du Jnani.
La véritable écoute ne se fait pas par les oreilles. Elle se fait à travers la Conscience. Quand il n’y a pas de corps, la Conscience ne peut pas être évoquée. Dire : « Je suis en train de mourir, maintenant je m’en vais », est un concept illusoire. Même le concept « il y aura réalisation du Soi » est illusoire. Si vous allez rencontrer le Soi, c’est qu’il est séparé de vous. Il fera votre connaissance, indépendamment de vos tentatives pour Le rencontrer.
La meilleure façon d’être au service du Guru, est d’être fidèle à la parole du Guru. Pour cela, vous devez porter une attention constante à votre véritable nature.
Nisargadatta Maharaj
jeudi 27 septembre 1979
Extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna