(Ce mémoire est constitué de citations relevées sur plusieurs entretiens. Elles représentent le témoignage unique d’un être éveillé. Maharaj ne parlant que rarement à son sujet).
« Mon identité est avant toute description. Je n’ai que faire de moi. Les autres peuvent me trouver utile au regard de leur foi. La vérité éternelle, Parabrahman, est toujours avec moi. J’ai rencontré comme seul obstacle l’accumulation de mémoire de ces quatre-vingt-une années. Quand je me tiens au-delà du sens ‘Je suis’, comment est-ce que je peux commettre une action mauvaise ou vertueuse ? »
« J’ai vu la présence-conscience-félicité (sat-chit-ananda) dans sa nudité, c’est pourquoi je parle comme cela. Parabrahman – le non- manifesté – guide Brahman – le manifesté. Je ne parle pas en tant qu’une personne qui parle à une autre personne. Je parle à la conscience pure, pas au corps. Comme vous êtes identifiés au corps physique pendant que vous m’écoutez, vous ne comprenez pas ce qui est dit. »
« J’ai accepté ce que mon Guru m’a enseigné, rien d’autre. À cause de maya, j’avais le sentiment que « Je suis » était antérieur à maya. Quand j’ai réalisé cette erreur, j’ai réalisé que j’étais toujours là, mais sans aucune connaissance. »
« J’ai pleinement conscience que le dévot n’est pas différent de moi. Je ne parle pas à un individu mais à la conscience et à l’amour en lui. C’est une amitié éternelle, seulement si nous l’entretenons. La différence entre vous et moi est partie. La sensation d’individualité est remplacée par une sensation de totalité. Maintenant, la mort s’est fondue dans l’Absolu. »
« Mes réponses à vos questions viennent spontanément, je n’y réfléchis pas. »
« Ma naissance est la naissance du monde. La source de mon discours est la matrice d’or (Hiranya Garbha) à travers laquelle le monde est créé. » « Ici, le verbe répond au verbe. Je suis en dehors du verbe. Là où je me tiens, il n’y a ni lumière, ni obscurité, ni je, ni vous. Qui me reconnaîtra dans mon état non manifesté ? Je ne peux être connu que lorsque celui qui connaît se dissout lui-même. Quand les passions se taisent, il n’y a plus d’empressement à se tourner vers l’extérieur. Je suis le témoin de l’existence et de la non-existence. »
« Je vous donne la connaissance de ma véritable nature. Écoutez comme s’il s’agissait de vous. Par la grâce du Guru, j’ai assisté à la réalisation du Soi. Parce que j’ai la connaissance de ma vraie nature, les érudits ne peuvent pas argumenter avec moi. Les gens riches, les notables et les personnes cultivées viennent me voir. Je les rencontre de la même manière que n’importe qui d’autre. Je sais pourquoi et comment quelqu’un ressent qu’il est. Aussi je ne vois aucune différence entre petit et grand. Je ne vois aucune différence entre Dieu et le dévot. Vous ne comprendrez cela qu’en développant le discernement. »
« J’étais convaincu d’avoir atteint une grande connaissance, en même temps que de ne rien connaître. Tout est concept passager. J’ai vécu toutes les expériences yogiques. Je m’en suis débarrassé, sans considération pour les pouvoirs spirituels. Vous devez savoir que j’honore la conscience tout autant que je la condamne. Les gens sont encombrés de leurs mémoires. Je me suis pétri et me suis mangé. »
« La sensation d’existence est matière à expérience. Mais je suis au- delà de cela. Certaines personnes prétendent avoir la mémoire de vies passées. Je n’ai même pas l’expérience d’un moi à chaque instant. »
« Aucun exemplaire de mon individualité ne peut être trouvé de par le monde, je suis uniquement la totalité. Une vie de plus de cent ans ne serait d’aucune utilité pour quelqu’un comme moi. J’ai disparu par négation. Je n’ai pas l’utilité de mon existence. Je suis Parabrahman sans désir. Vous m’écoutez alors que vous êtes identifiés à votre corps, aussi cela ne vous touche pas. Mes paroles et votre compréhension doivent se réconcilier. »
« Il se peut que vous ne supportiez pas ce que je vais dire. Dans ce cas, je vous demande de partir. Je n’ai aucune utilité de moi-même. Mais pour vous, je serai utile en fonction de votre foi. Mon apparence dépendra de vos concepts. Vous me rencontrerez en fonction de vos concepts. »
Le passage suivant est constitué des dernières paroles de Maharaj avant qu’il perde l’usage de la parole :
« Je ressens la douleur du corps, mais aucune de mourir. Ce qui s’est manifesté n’est pas ‘Je’. Je suis ce qui est toujours là et qui est avant toute manifestation. Je ne suis pas la conscience ; au contraire, la conscience est une nuisance pour moi. »
Extraits de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions des 2 océans