Premiers discours 23 – Atman

Atman

Atman est le témoin de toutes nos activités, qu’il y ait succès ou échec – avec la confusion mentale qui en résulte. Atman est témoin de tout cela, là où l’intelligence échoue. Atman signifie la Conscience pure dans le corps. C’est être impie que d’appliquer à l’Atman n’importe quelle caste et n’importe quelle croyance concernant le corps. Seul un athée peut faire ça. Pour votre santé et votre bien-être, il devrait y avoir une dévotion sans attente, et un service désintéressé au Sadguru.

Quand vous vous levez le matin, vous devriez d’abord vous rappeler Dieu.(Présence pure, sans qualificatif). Ensuite, vous devriez prendre un bain et faire sandhya, qui sont des rites externes. Il s’agit là des concepts traditionnels. Mais le véritable rite est intérieur, il s’éclaire par lui-même. Il y a un certain nombre de fausses accusations à notre encontre. Le processus d’élimination est également appelé sandhya. Quand on prend un bain avec un savon, il reste forcément de la saleté. Les sages se nettoient eux-mêmes par la connaissance du Soi. Notre Soi est immuable ou au-delà de tous les états. Nous devrions être exempts de tous les ‘défauts’, y compris la naissance et la mort, et cela de façon permanente. Shankaracharya conseille l’exécution des rites pour éliminer tous les défauts.

L’être identifié ou jiva s’imagine mortel et s’inquiète de la mort. C’est ainsi qu’il est concerné par les concepts de faute et de mérite. Sans le concept de mort, il n’y a pas non plus de faute et de mérite. Les sages vous rappellent votre nature sans limites, infinie, d’une valeur sans égale. Cela n’empêche pas le jiva de s’imaginer être limité par une petite forme. Votre véritable nature est en vous. Si vous êtes sérieux pour réaliser le Soi, cela arrivera avec certitude. Ce sera la mort instantanée d’une vie limitée. Il n’y a pas de Dieu, pas d’Atman en dehors de Vous. Par conséquent, nous devons avoir une confiance totale en notre Dieu. Nous ne devrions pas Le contrarier en craignant faute ou mérite ainsi que naissance ou mort. Atmadeva est au plus près de vous avec toute Sa bienveillance. Si vous développez une foi totale en Vous-même, elle sera toujours avec vous, où que vous alliez. Par le Soi, vous rendez conscient les processus de fin et de dissolution.

Quel est le lieu commun de toutes les expériences? L’expérience vient à cause du corps et il prend place en elle. Cette façon de voir n’est qu’une observation grossière. En fait, la présence de la Conscience, qui est Bhagavan, est toujours présente dans tous les êtres vivants. Nous prenons conscience du corps grâce à la Conscience. Elle se nourrit de l’essence des aliments. Dans Sa lumière, l’univers est vu. La Conscience apparaît en tant que l’univers. La Conscience est notre état naturel, qui ne nécessite aucun effort. Nous ne devrions en faire le constat aisément. Avec l’apparition du prana, un flux fluide de mots coule. Ensuite, nous affirmons « Je suis » ou que nous existons. Il y a une possibilité de parole seulement après l’apparition de la formulation des mots (para-pashyanti). Nous parlons pour notre travail, notre joie ou notre divertissement.

Un sage n’est plus un individu, il a donc une tolérance infinie. La vie n’est qu’un jeu ou un plaisir pour Lui. Nous rencontrons beaucoup de dévots, mais quelle est leur première pensée au réveil ? « Quel est aujourd’hui le taux du coton à la bourse de New York ? » Cela signifie gagner de l’argent en spéculant.

Il est dit que Dieu aide les êtres selon leur inclination envers Lui. Tout comme un homme se comporte selon sa profession, les gens sans connaissance du Soi se comportent comme des ignorants. Un jnani considère que Rama est dans ce corps et que le prana n’est autre que Hanuman. Ici, Hanuman contrôle Rama, mais Il est très humble devant Rama. Ainsi, Hanuman reçoit Sa grâce.

Après la transformation du prana en langage, le mental prend naissance. La conscience individuelle est faite d’impressions. Mais tout cela a pour cause première le Soi. Il n’y a personne d’autre pour vous sauver que votre Soi. Brahman dépend entièrement d’Atman. Utilisez toutes vos qualités pour éveiller le Soi. La lumière de la connaissance du Soi est tout ce qu’il y a de plus naturel. Vous réaliserez le Soi tôt ou tard selon la pureté de la conscience individuelle. Le goût du Soi toujours lumineux devient celui de votre Conscience.

Là où il y a un jiva, Paramatman est forcément présent. Le jiva apparaît au premier plan avec Parameshwara à l’arrière-plan. Vous devriez réaliser la fusion de ces deux extrêmes. Celui qui le fait avec succès trouve tous ses désirs comblés.

Nous sommes accusés d’être des mortels. Par la lumière du Soi, cette accusation disparaît. être empli de réflexions sur la réalisation du Soi revient à porter une casquette pour aller se coucher. Même Bhagavan Vishnu doit enlever sa couronne pour se reposer. Pour se reposer totalement, Il doit tout oublier, y compris sa femme Laxmi et l’amour qu’Elle éprouve pour Lui. Un sage vit en tant que Soi sans même avoir à s’en souvenir. ( la présence à Soi, entant que Soi est est au delà de tous concepts ou identifications les plus élevées ou spirituels soient-elles.)

Nous ne pouvons pas nous permettre de tricher avec notre Soi.

Nous appelons notre propre Soi «Sadguru». Nous devrions faire preuve d’une grande et inconditionnelle dévotion pour notre Soi. En vénérant votre propre Atman, vous vénérez aussi notre Sadguru (ici Siddharameswhar Maharaj). Le concept d’impureté provenant de la naissance ou de la mort, appliquée à votre corps, ne devrait jamais être appliqué à l’Atman. Gardez le corps de côté avec ses dix sens et adorez l’Atman. Cela se fera par le chant des bhajan à la gloire du Sadguru. ( Nisargadatta ne fait pas de distinction entre le Guru extérieur qui vous a permis de reconnaître votre véritable nature et le Guru intérieur, notre véritable Nature , la présence du Soi. Tous deux, qui n’en sont qu’un dans le Bhakti yoga, sont nommé Sadguru.)

Nisargadatta Maharaj

28 août 1955

Extrait de “Premiers discours” aux éditions des deux Océans

Premiers discours 22 – Connaissance du Soi

Nisargadatta premiers discours

Shankaracharya expliqua aux chercheurs spirituels en quoi consistent les véritables ablutions. La Conscience est exempte de souillures et n’a pas besoin de bain. Le corps est inerte et la Conscience est dynamique. Qui doit être purifié ? Le chercheur. Et qui est-il alors ? Dans ce corps il y a Conscience pure, Ce que nous sommes. En l’absence de la Conscience, qu’est-ce que le corps, si ce n’est de la poussière ou de la terre? La véritable prise de conscience ne se fait qu’après être devenu intime avec Elle. D’abord vous prenez conscience de la Conscience, puis vous vous familiarisez avec Elle, et enfin avec Son fonctionnement. D’abord vous apprenez à connaître Dieu, puis vous Le rencontrez et faites connaissance. Quel est le but des neuf types de dévotion?*  C’est de connaître Dieu correctement. Il y a neuf façons d’affirmer cette connaissance et cette amitié. Le dévot possède la force nécessaire pour adorer Dieu. Ce qui lui est nécessaire est une confiance totale. Quelles que soient les qualités inhérentes au corps, il s’agit d’aller de l’avant avec la Conscience. Elle n’est pas visible et il faut s’en accommoder, c’est ainsi. Afin de s’y conformer, les sages ont conseillé neuf types de dévotion. La Conscience est Adinarayan. (L’être premier, ici dans le sens d’apparition du «Je suis».)

Il s’agit d’être conscient de son être. Sa valeur et sa puissance sont infinies et illimitées. La Conscience est subjuguée par la dévotion, Sa présence dans le corps le rend beau. En son absence, ce qui reste n’est qu’un cadavre. Ne considérez jamais le corps comme profane. L’Atman qui habite le corps ne ressemble ni à Krishna ni à Vishnu avec ses quatre bras. D’autre part, l’existence de Vishnu est due à l’Atman en Lui. La Conscience pure embellit tout. Elle s’invite quand Elle est appelée Dieu. Elle illumine l’esprit, l’intellect, et les cinq organes internes. Toutes les expériences ne sont dues qu’à la Conscience. Elle est dans l’eau, mais ce n’est pas l’eau.

Toutes les comparaisons sont aussi dues à la Conscience.
Vivre en tant que l’Atman, c’est acquérir Sa connaissance directe. C’est grâce à la Conscience que nous savons que Bhagavan Vishnu dort (   identité del’état de veille qui disparait pendant le sommeil ). Parce qu’alors l’Atman ne dort pas ( Conscience non tournée vers les objets de l’état de sommeil profond). C’est notre propre nature ultime. Il y a une différenciation à faire entre les cinq fonctions internes et le corps inerte. Des premiers naissent les trois états de veille, de rêve et de sommeil. La Conscience est responsable de leur existence. Elle est pure, sans souillure. Elle ne se décompose pas dans l’eau. Existe-t-Elle en dehors de vous ? Quand vous n’êtes pas, Elle n’est pas non plus. Elle existe avec vous. Vous considérez la mort de votre corps comme la mort de la Conscience, il y a donc une discontinuité dans la connaissance véritable. Avec une vraie compréhension de la Conscience ( non indentifiée) – c’est-à-dire avec la connaissance du Soi –, vous rayonnerez au-delà de toutes les limites. Tant que vous n’adorerez pas la Conscience comme Ishwara ( principe de manifestation), vous resterez en enfer. La réalisation du Soi est la seule libération possible.
Si un chercheur doit être conscient d’être la Conscience,( rappel à Soi) il n’en va pas de même pour un jnani, dont la vraie nature est spontanément l’Atman ( réalisation de sa véritable nature). Un jnani voit son propre Soi en toute chose et en tout être.( non-dualité véritable) La connaissance née des concepts est différente de la conviction d’un jnani. L’existence dans son ensemble est constituée de l’inerte et du mouvement dynamique. Elle est pleine d’ignorance, sans connaissance véritable. L’absence de connaissance du Soi fait du plus éminent personnage un ignorant.

Ne suivez aucun pseudo-Guru ( qui n’aurait pas réaliser sa véritable Nature). Votre propre Atman est tout à la fois complet et inqualifiable ( non temporel et non spacial). Quand vous considérez votre propre Atman  ( conscience individualisée) comme Dieu ( conscience universelle), vous pouvez ignorer les commentaires des autres. N’imaginez aucune apparence d’homme ou de femme pour le «Sans forme». Il est le Connaisseur et Celui qui expérimente toutes les formes. Comment peut-il revêtir une tenue caractéristique? Quel peut être l’uniforme du Connaisseur du sommeil profond? Ne Lui confectionnez pas d’uniforme. La présence d’ornements éloigne la connaissance du Soi. Pourquoi devrait-il y avoir une renaissance? Si après une grande pénitence les désirs subsistent encore, il n’y a aucun espoir de connaissance du Soi.

Il faut développer la conviction profonde que ce qui s’éveille le matin, c’est Brahman Lui-même ( il n’y a pas d’existence séparée de Bhraman). La vraie dévotion signifie l’unité avec Brahman. Pour une véritable réalisation, c’est là que doit être la conviction que notre véritable nature n’est pas perceptible par les sens. Pour cela, vous devez vous débarrasser de toutes les qualités néfastes. N’enviez personne. Celui qui fait pleinement confiance aux capacités du Sadguru devient complet à tous égards.

Les tièdes ne parviennent à rien.

Répéter le Mantra continuellement mène à la réalisation du Soi. Le Soi est grand, c’est le Dieu de tous. Ne tenez pas pour acquis que le principe ultime est dans le corps. En réalité, c’est le corps qui apparaît dans la présence du Soi. ( Et non pas la conscience qui serait un sous-produit de l’activitée cérébrale) Dans le corps, Il est comme la déesse Bhavani (Homonyme de Durga ou Parvati, parèdre de Shiva. Elle peut aussi être considérée comme la Maha Shakti, la Déesse suprême, Ici principe de manifestation de la Conscience) qui fait son apparition. Le corps n’est rien d’autre qu’un ensemble d’impuretés (soumis au temps et aux limitations de la forme) ; votre identification avec lui doit disparaître complètement.

Vous devez considérer que votre Conscience est le Dieu de tous les dieux. Alors votre travail sera accompli. Sans connaître la grandeur de votre Conscience, même si vous faites pénitence dans l’Himalaya, cela ne servira à rien. Soyez toujours conscient de l’importance de la Conscience, que vous chantiez les bhajan (s), que vous méditiez ou que vous vous adonniez à vos pratiques religieuses. Même si vous n’y arrivez pas, n’oubliez jamais ces mots.

Nisargadatta Maharaj

21 août 1955

Extrait de “Premiers Discours” aux éditions des 2 Océans

*  Il est fait référence ici aux neuf types de dévotion, tels qu’énoncés dans le Bhagavata Purana en tant que Nava-Vidha Bhakti – les 9 aspects que la dévotion peut prendre. Ils se présentent ainsi : 1. Shravanam – Écouter les gloires du Seigneur. 2. Kirtanam – Chanter ses gloires. 3. Smaranam – Chanter son nom et se souvenir de lui. 4. Padasevanam – être au service de «ses pieds de lotus». 5. Archanam – L’adorer. 6. Vandanam – Lui rendre hommage. 7. Dasyam – Se considérer comme son serviteur. 8. Sakhyam – Le considérer comme le meilleur ami. 9. Atmanivedenam – S’abandonner totalement à Lui.

Premiers discours 21 – Réaliser Brahman

tukaram nisargadatta

Réaliser Brahman est l’ultime, au-delà duquel il n’y a rien à réaliser. C’est là que reposent les sages. Dans le Soi, il n’y a pas de différences de religions, de castes, de moi, de toi, d’homme ou de femme. Voilà en quoi consiste la vie des sages. La vie éternelle des sages est plénitude à tous égards.

Nous ne sommes pas un corps, car notre vrai corps est Ishwara ( Dieu ,la Conscience dans son aspect de manifestation), qui finalement retourne à Parabrahman ( Dieu, la Conscience dans son aspect non manifestée). Ce corps sans corps est sans organes des sens, mais toute connaissance en découle. Le connu est appelé le monde.

Tout comme l’eau apparaissant dans les plus petites gouttes n’est que de l’eau, nous faisons l’expérience de particules d’Ishwara sous la forme de notre conscience( individualisée). Notre amour pour l’existence est Maya, qui ne peut arriver à cacher Ishwara, dont la présence est clairement visible. Notre existence en tant que conscience individuelle est erronée. C’est un concept qui fait naître la peur de la mort. Quand l’ignorance est exposée, il n’y a plus de peur. Nous devons embrasser la Conscience avec la conscience. La Conscience est Ishwara, qui peut apparaître sous n’importe quelle forme physique.

Grâce à la Conscience, nous apprenons à connaître notre existence. Les différents mots utilisés pour une bonne compréhension n’apportent aucun changement dans la Conscience. Les catégories telles qu’homme et femme ne s’appliquent qu’à la forme du corps, et il en va de même pour tous les êtres vivants. La Conscience est sans âge, ( non temporelle) avec une potentialité infinie( non limitée à l’espace)

La présence de Dieu est une nécessité avant notre propre existence. Comme Dieu est partout, y compris dans la profondeur des forêts, un sage se déplace sans crainte en tous lieux. Vous devriez dire que votre Conscience est Dieu et simplement observer son effet extraordinaire. Ceci est également affirmé par les Écritures. Le voleur Valya, tout comme Tukaram, a eu la chance de réaliser Dieu. ( la réalisation de Dieu, notre véritable nature, n’est pas lié au comportement dans le monde illusoire, mais au réveil de cette illusion).

Dans les temps anciens, il y avait des êtres spirituels qui vivaient dans un dénuement total, mais la Conscience en eux était toute-puissante. Se souvenir d’Atman (eessence Divine, Conscience) chasse le Seigneur de la mort. Avant de joindre vos paumes pour vous recueillir, le plus grand Dieu des dieux est déjà présent en vous. formez l’habitude de voir Dieu comme Conscience, comme lumière. Voyez le Seigneur et non pas un homme ou une femme. Le Seigneur Vitthala est présent dans chaque être vivant ( en tant que chaque être vivant). Ensuite, certains d’entre eux sont appelés Rishi ou Muni selon leurs qualités. Suivez les sages et identifiez-vous à la Présence de la nuit des temps sur laquelle reposent les propos des Écritures. C’est une façon de L’honorer.

Krishna nous dit: «Celui qui vit en Conscience ( en tant que Conscience) devient libre de tout doute. »

Même les mauvais moments ne peuvent altérer sa foi en l’Atman ( en sa nature intemporelle et non localisée). À l’heure actuelle, nombreux sont ceux qui ignorent qui ils sont. Quand l’ignorance disparaît, il y a la connaissance du Soi. ( la connaissance véritable n’est pas a acquérir, elle est déjà présente.)

Aucune nourriture ne peut éliminer la faim de façon permanente. (Aucun désir ou acquisition du monde ne pourra nous satisfaire.) La meilleure et la plus nourrissante des nourritures est l’Atman. Une fois prise, la faim ne revient jamais. Il n’y a pas de saveur égale à celle du Soi. Vous devriez y goûter, c’est indescriptible. Sandipani était le Guru de Shri Krishna, mais il était moins connu que son disciple. Krishna n’a fait qu’une seule chose : s’établir en tant que Soi. (en levant le voile de toutes fausses identifications)

Nisargadatta Maharaj

14 août 1955

Extrait de “Premiers discours” aux éditions des deux Océans

Premiers discours 20 – La première manifestation

première manifestation nisargadatta maharaj

Actuellement, ce dont nous avons connaissance, c’est la présence de notre Conscience. On devrait trouver qui était l’«ancêtre» de la Conscience, et à quoi il ressemblait. L’Unique, qui était avant tout, était le seul. Dans une non-dualité, il n’était même pas conscient de son propre être. De l’absence de manifestation est apparue la manifestation. Elle fut des plus auspicieuse. Elle avait trois yeux, le troisième étant l’œil de la connaissance. Par la suite sont nées les différentes divisions des arts et des sciences. Dans cet «ancêtre», le sens d’être ou du «Je suis» était absent. Avec son apparition, la dualité a commencé et, avec elle, est apparu le multiple.

Avant notre naissance, nous n’étions pas conscients d’être comme notre ancêtre. Maintenant, nous savons que nous le sommes et le compte à rebours a commencé. La première manifestation s’appelle Ganendra, qui indique le début du décompte. Le décompte est dû à la Conscience, qui est l’égale de Dieu. En l’absence de Ganendra, il n’y a pas de compte possible, pas même le un. Avant la Conscience, il n’y avait rien. Le commencement se fit avec l’apparition de la Conscience. Notre vraie nature est la Conscience sans forme. Ainsi, s’identifier au corps, c’est se prendre pour un cadavre.

Si vous désirez être toujours dans la présence de Dieu, avez- vous un moyen d’y rester ? Mais que pouvez-vous tenir pour Dieu ? C’est cette Conscience, grâce à laquelle vous connaissez votre

existence, qui est Elle-même Dieu. Bien que vous ne puissiez pas La saisir avec vos mains, avoir la conviction que la Conscience est l’équivalent de Dieu est aussi juste que de s’en tenir à Dieu. L’absorption dans la Conscience ou le Soi revient à se retrouver fasciné par le Dieu Vitthala. Cela signifie être un avec Lui. Vous devez abandonner votre identité corporelle à Ses pieds.

Pourquoi donne-t-on le nom de Sharada au Verbe ? C’est parce qu’Elle est sans peur. Elle a pris la forme de Ganendra. Il L’est devenu en un instant et c’était le début du Verbe. Le changement en Sharada était dû à l’utilisation du Verbe. Les premiers mots furent Soham – « Je suis cela » : ainsi apparut Sharada.

La lumière de Ganendra élimine toutes les difficultés et les malheurs des êtres. La nature de Ganendra est la même que la nôtre.

Notre nature est libre de tous liens et emprisonnements. Par conséquent, toutes les pratiques spirituelles ont pour objet d’occuper l’intellect. Regardez à l’intérieur, soyez introverti. Assurez-vous que vous n’êtes pas le connu mais Celui qui en a connaissance. Il fait sentir Sa présence en jouant de la flûte. Vous devez vous rappeler qui est ce voleur. Il n’est nul autre que vous. Il n’a pas de forme, Il est sans forme. Vous devriez adorer ce Ganendra.

Le résultat final est que Brahman a connaissance de Lui-même. Il n’y a rien au-delà. C’est le lieu de repos de tous les sages. Dans le Soi, il n’y a pas de différences dues aux castes, pas de différences dues au type de travail, aux religions, pas de différences entre hommes et femmes, pas de différences entre vous et moi ou bien toute affirmation de «Je suis Cela». C’est la vie au-delà de toute valeur des sages, leur accomplissement ultime. Elle n’a pas de fin. C’est la plénitude et la perfection de leur existence.

L’identité ne se limite plus au corps physique, mais elle ne cesse de se déployer au-delà des limites. Elle devient comme le corps d’Ishwara, et à son plein déploiement le Soi est appelé Parabrahman. Il n’a pas d’organes des sens, mais Il a spontanément connaissance de tout. Ce qui est connu est appelé le monde.

La conscience identifiée expérimente tout grâce à la présence d’Ishwara en elle. Dans la description donnée par Maya, la présence d’Ishwara dans le jiva ne reste pas cachée. La Conscience est le corps de manifestation d’Ishwara. Elle est responsable de notre connaissance de l’existence. Si nous pensons que nous sommes une conscience identifiée et limitée, jiva, la mort apparaît. Il s’agit là de la principale peur des ignorants. Avec la vraie connaissance, il n’y a aucune raison d’avoir peur. La Conscience dans le corps est ce que nous sommes et nous devons L’embrasser avec notre Conscience. La nature de la Conscience est identique à Ishwara, Elle peut appa- raître sous n’importe quelle forme ou n’importe quel objet désiré.

Comment avons-nous connaissance de notre existence? Grâce à notre Conscience. Nous avons connaissance de notre existence sans avoir à le demander à personne. Nos mots ont un sens qui peut changer ou disparaître, mais la Conscience ne disparaît pas. Selon la forme du corps, la Conscience devient celle d’un homme ou d’une femme. Tout être vivant a cette Conscience, mais nous nommons l’être selon la forme corporelle. La peur de la mort réu- nit les animaux d’une même espèce. Cette Conscience est très ancienne et ses capacités et qualités sont illimitées.

Le Divin a élu domicile en nous. Sans Dieu, nous n’existerions pas; de même, sans nous, Dieu n’aurait pas pu prendre forme. Comme les sages connaissent Sa présence en eux, ils voyagent et vivent sans crainte dans les forêts. Si vous expérimentez ou souhai- tez Sa puissance en vous, rappelez-vous simplement de la présence de Dieu en vous en tant que Conscience. Vous pourrez lire beau- coup d’exemples de ce genre dans nos Purana.

Autrefois, les chercheurs spirituels erraient sans le sou. Ils avaient pleinement confiance en Dieu à l’intérieur d’eux et c’était là toute leur force. Ceux qui sont absorbés dans l’Atman resteront indemnes, même à travers la mort. Quand vous joignez les paumes de vos mains en salutation, ce n’est pas votre action mais celle de Sarveshwara. Voyez-Le en tant que Conscience, ou comme la lumière autour de vous. Ne Le considérez jamais comme un homme ou une femme. De même, Vitthala est en tout, bien que des millions de personnes l’adorent en dehors d’eux, comme à Pandharpur par exemple. Ayez foi dans les sages et soyez assuré de votre origine. C’est la meilleure façon d’honorer la Conscience. Bhagavan Krishna dit qu’un tel dévot devient libre de tout doute. Il ne perd pas la foi, même dans les difficultés. Si aujourd’hui, nous sommes ignorants du Soi, avec la vraie connaissance, il y aura réalisation du Soi.

Aucune nourriture ne peut éliminer votre faim de façon permanente. La meilleure et la plus nourrissante des nourritures est l’Atman. Il suffit d’en manger une seule fois pour éliminer définitivement la faim. La saveur de l’Atman est incomparable. Vous devez y goûter par vous-même. Son goût ne peut être décrit. Krishna fut plus connu que son Guru Sandipan, par sa réalisation totale du Soi et l’influence universelle qui en découla.

Nisargadatta Maharaj

Extrait de “Premiers discours” aux éd. des 2 Océans

Premiers discours 19 – La méprise est cause de malheur

Nisargadatta Maharaj Méprise

La méprise est cause de malheur !

Les conversations se tiennent avec une intention précise. Quand cela est nécessaire, vous obtenez de l’aide des autres; parmi eux, les sages sont encore plus préoccupés par votre problème que vos parents. La conscience identifiée est elle-même responsable de son malheur. La méprise en est la cause principale. Vos parents et d’autres participent de ce problème, mais à la source se trouve votre identification au corps, qui est une profonde erreur.

 

Krishna affirme que notre Conscience est sa manifestation. Pour les sages, tous les êtres sont un, par conséquent, ils ressentent la souffrance des autres. Vos parents vous connaissent depuis peu de temps. Les sages, eux, ne font qu’un avec vous pour l’éternité. Tous les objets, qu’ils soient en mouvement ou immuables, font partie de la nature du sage. Si vous n’êtes pas séparés, votre idée imaginaire de mourir un jour relève d’une grande méprise.

Le véritable nom du sage est Brahman et son prénom Niranjan. Abandonnez toutes vos religions, castes et soyez seulement Conscience. Votre attention devrait pointer une unique direction. Sans la Conscience, il n’y a ni un ni multiple. Parce que vient l’im- pression d’exister dans ce monde, tous les objets deviennent de valeur et d’importance.

Vous croyez en l’existence de Dieu à cause de votre identité corporelle. En réalité, vous êtes si génial que le simple fait de vous souvenir de votre véritable nom suffit à sauver des êtres. Ils ont atteint la libération en méditant sur votre vraie nature. S’il suffit de prononcer votre nom, quoi de plus important que de le réaliser? Celui qui y parvient transcende toutes les émotions et tous les sentiments. Les sages soulignent que le Soi n’est pas seulement votre manifestation, mais votre essence. La méditation sur votre vraie nature peut mener aux plus hauts accomplissements spirituels. Votre présence physique témoigne de la présence du principe le plus élevé, qui prévaut dans les trois mondes.

La méditation sur la Conscience conduit à la réalisation du Soi. Bien que nous ne puissions pas décrire notre vraie nature, nous devons nous y établir. Se souvenir de soi-même signifie se souvenir de Dieu. C’est ce que le sage Narada enseigna au prince Prahlad. Ce dernier comprit que c’était le Seigneur Narayana qui était pré- sent en son Cœur. Prahlad dit alors : « Je connais ma présence grâce à Narayana qui est en moi. C’est aussi lui qui est présent dans le pilier, ainsi que dans le cœur du démon Hiranyakashyapu. Quand le voile fut déchiré et ôté, la vérité sur la présence de Narayana fut révélée. »

Vous savez méditer sur un objet particulier, mais il est difficile de rester sans agir. C’est formidable d’être libre de toute activité. C’est admirable. Le problème, c’est que l’action trouble la présence au Soi. La Conscience est « les pieds immortels de Sadguru ». Tenir ses pieds signifie être un avec le Sadguru en tant que Soi.

Nisargadatta Maharaj

31 juillet 1955

Extrait ” Premiers discours” aux éd. des 2 Océans

Premiers discours 18 – Siddharameshwar Maharaj

Siddharameshwar Maharaj

Ce jour-là – il y a de cela quelques dizaines d’années maintenant –, Shri Siddharameshwar Maharaj est apparu en ce monde. Cela fait de ce jour un jour béni. Se souvenir de Lui, c’est se souvenir de Soi-même. Dans ce monde, il y a beaucoup de choses à se remémorer, mais la plus grande d’entre toutes est le Sadguru.

L’origine de tous les êtres vivants est semblable à celle d’un insecte. Il y a l’apparence d’un corps de nourriture dans lequel il y a mouvement. Par la suite, l’être vivant en vient à connaître son existence grâce à la Conscience.

C’est un grand honneur que de pouvoir rencontrer le Sadguru. Il sera tout autant honoré que Brahma et Vishnu. Par l’éveil à sa pleine félicité, le Soi est atteint. Notre existence est atomique. Au commencement ou à la source, il n’y a que subtilité. Sa taille ne cesse d’augmenter et devient de plus en plus grande. Le sage Jnaneshwar dit que l’Infime ne se repose pas et qu’il continue de croître en taille ou en valeur. Ce qui était si atomique a finalement pris la forme de Shri Krishna. La grâce du sage Nivruttinath aida Jnaneshwar à réali- ser le Soi sans limites; la progression est plus rapide en s’attardant sur le subtil et en ignorant l’intellect grossier. Cependant, à mesure que se déploient les qualités, la paix se perd. C’est pourquoi le sage Tukaram conseille à tous de rester aussi petits (humbles) que possible. Cependant, devenir petit n’est pas une tâche facile. De grands yogi font pénitence pour devenir de plus en plus petits. La béatitude du Soi est différente de la joie des sens. L’essence du Sadguru est identique à celle de Paramatman. Sa nature est bénie et nous nous en souvenons encore et toujours. Se la remémorer, c’est l’être. Cela revient à supprimer la séparation entre les deux et devenir un. Les sages disent que nous sommes l’existence entière. Pour s’en rendre compte, il faut être libre de son ego et de son orgueil. Quand un jnani voit le Soi en tout, que devrait-il adorer et ne pas adorer ? Il vénère tout avec égalité. L’essence des aliments consommés devient sattva contenant la Conscience «Je suis». Grâce à Elle, l’Atman apprécie diverses choses. Cette Conscience est si subtile qu’il n’y a rien de plus subtil qu’Elle. Elle occupe tout l’univers.

Dans ce monde, il y a beaucoup de Guru, mais un seul est pleinement réalisé. Le libéré perd son identité en tant que personne et il n’est plus que le Soi. Celui qui identifie la présence de Shiva dans le corps comme étant seulement le corps est appelé un jiva. Celui qui est déterminé à voir sa propre vraie nature ne médite sur aucun autre Dieu que sa propre Conscience. Notre regard tourné sur nous-même est une méditation sur notre Sadguru, notre Soi. Alors, la béatitude du Soi est vécue naturellement. Les plaisirs du monde sont insignifiants, comparés à la béatitude d’être le Soi. Celui qui s’est avalé lui-même n’a pas peur dans ce monde. Nous étions si petit à la source de notre être. Devenant toujours plus infime, il nous faut honorer le Sadguru en tant que Soi.

Quand quelqu’un parle à quelqu’un d’autre, c’est toujours avec une intention. Les sages ont plus de compassion que vos parents.

La conscience individualisée est elle-même responsable de la création de la douleur qu’elle doit éprouver. Elle est malheureuse à cause de sa méprise. Les parents comme d’autres personnes y contribuent également. Votre croyance d’être votre corps est une grande erreur.

La Conscience en vous est la même qu’en moi. La douleur en vous me fait mal. Tel est le véritable amour d’un sage. Vos parents vous connaissent depuis peu de temps, mais un sage vous connaît totalement, sans aucune dualité. Un sage ne se limite pas à son corps, il occupe toute l’existence – l’animée comme l’inerte. Comme Il existe éternellement en vous, votre peur de la mort est une grande maladresse, une erreur. On pourrait dire que le prénom d’un sage est Niranjan et que son nom est Brahman. Vous devez rejeter vos castes et vos croyances et être convaincu que vous êtes la Conscience. Votre objectif doit être un et un seul, unique. Sans votre Conscience, il n’y a ni un ni multiple pour vous. Parce que nous existons, toutes les petites et grandes choses du monde deviennent précieuses pour nous.

Comme vous vous prenez pour le corps, Dieu est vu comme très grand. Sa véritable nature est si grande qu’en prononçant sim- plement son nom, d’innombrables chercheurs spirituels ont obtenu la libération finale. Ne serait-il pas surprenant qu’ils ne s’émancipent pas en cherchant le Soi? Celui qui atteint le Soi va au-delà de l’être. Les sages disent que ce que vous êtes n’est pas votre corps, mais que vous êtes le Soi. Votre nom et votre forme sont si grands qu’en méditant dessus, les dévots ont atteint les demeures paradisiaques de Vishnu et de Shiva. Votre existence même a apporté de l’importance à cela. Votre véritable nature est louée dans les trois grandes régions. En demeurant constamment dans l’Atman et en s’y absorbant, on peut atteindre le pur Soi. Bien que l’Atman soit indescriptible, il faut s’y établir. La Conscience elle-même est la manifestation de Dieu.

Cette connaissance a été donnée à Prahlada par le sage Narada. Il est devenu clair que Narayana ne se tenait pas à l’extérieur mais droit dans notre cœur en tant que notre Conscience. Prahlada a réalisé l’existence de Narayana en lui, en tant que responsable de son existence même. Celui-ci était également présent dans le pilier, tout comme dans le Cœur de Hiranyakashyapu. Après l’enlèvement de tous les voiles et de tous les désirs, il y a eu dissolution de Narayana en Lui-même. L’assassinat d’Hiranyakashyapu signifie l’enlèvement des voiles d’ignorance.

Vous pouvez méditer sur différentes formes, ce n’est pas difficile; cependant il est très difficile de rester tranquille sans agir. être sans agir est l’harmonie parfaite et c’est une grande réussite. Toute action perturbe le Soi. Non agir, c’est s’épanouir vraiment. Ces enseignements indiquent que votre Conscience est le corps du Sadguru en tant que Soi ou encore «ses pieds éternels». Porter toute son attention sur la Conscience, c’est tenir «les pieds du Sadguru». Tant que vous êtes en vie, méditez sur votre Conscience autant que possible. Cette méditation signifie tenir fermement « les pieds du Guru ». Ne les lâchez pas.

Premiers discours 17 – Réalisez-vous !

réalisez vous nisargadatta

Selon les Écritures, trois sortes d’afflictions affectent les êtres manifestés. Celles-ci se rapportent au monde physique, au monde des divinités ou à l’être – Atma. On dit que pour ses péchés, un être souffre en enfer après la mort. Ce n’est pas juste. En l’absence de corps, que peut-il se passer? Il doit y avoir un corps pour souffrir et cela ne peut arriver que lorsque l’on est vivant. Ici, il y a une différence dans la signification, selon le point de vue de l’âme individuelle ou celui de la connaissance véritable. Quand il n’y a pas de corps, il n’y a pas non plus de conscience pour souffrir. La vraie connaissance est totalement opposée à la croyance habituelle. Un jnani qui ne s’identifie pas à son corps sera-t-il affecté par la souffrance ? Les sages, qui ne sont pas identifiés à leurs corps, vivent dans la plénitude sans être dérangés. Les bonnes ou mauvaises actions qui se produisent dans la première partie de la vie voient leurs effets endurés dans la partie suivante. Habituellement, les afflictions se rapportent à des entités ou à des êtres. Alors qu’avec la conscience et la connaissance spirituelle, les afflictions se rapportent à la Conscience. La Conscience dynamique opère dans le monde avec rapidité. Chaque action est photographiée à très grande vitesse. Une action qui est considérée comme inadéquate est appelée péché.

Nous prenons conscience que nous sommes et que la même chose se produit chez tous les êtres vivants. Celui qui apprend à connaître « Je suis » ne peut être nommé.

C’est un péché de se considérer comme le corps. La seule vraie religion est d’être le Soi, toutes les autres religions sont fausses. La Conscience se manifeste sous diverses formes que les êtres vivants prennent pour leurs identités. Les croyances qu’ont les êtres humains dans leur appartenance à une caste, une coutume ou une religion particulière sont de grandes erreurs et de grands péchés. Il est incorrect de se considérer soi-même comme un être agissant et il convient d’avoir une foi totale en Dieu comme étant le seul agis- sant. Cela aiderait à améliorer sa compréhension de la réalité et à prendre de meilleures décisions. La croyance en des périodes propices et des périodes défavorables rendra une personne coupable de mauvaises actions.

Il y a trois types de croyances ou de compréhensions de notre vraie nature. Presque tous les êtres se considèrent comme leur corps.

Seul un très petit nombre d’entre eux se connaissent eux- mêmes en tant que Conscience.

Un sage, lui, est toujours le Connaisseur de la Conscience.

La connaissance de n’importe quel état est accessible au pouvoir de la Conscience. Si vous utilisez une mesure pour peser des milliers de tonnes de grains, la mesure reste la même sans consommer aucune partie des grains. Le même Soi apparaît comme autant de personnages éminents sans aucun changement en Lui.

Un religieux peut pratiquer de nombreux cultes dans les temples et visiter tous les lieux de pèlerinage, sans qu’il y ait le plus léger changement chez lui. Par ailleurs, si un vrai dévot se rend compte qu’il occupe lui-même l’univers entier, alors aucun péché ne peut le toucher.

Bhagavan (Krishna) nous dit: «La Conscience a connu d’in- nombrables incarnations comme Moi. Elle est de même en chaque être en tant qu’Atman. Mon Yoga-Maya a occupé tout cet univers. Je suis Moi-même présent en chacun de vous. Je suis en vous comme votre Conscience. Mon existence est due à Mon dévot. En l’absence de sages, Je n’existe pas non plus en tant que Bhagavan.

Dieu prend forme pour le bénéfice de Son dévot. L’existence d’un dévot est ce qu’il y a de mieux pour l’apparition de Dieu.» Bhagavan poursuit : « Si Mon dévot M’aime, Je l’adore Moi-même. Pour Mes dévots, Ma nature sans forme et sans attributs (Nirguna) est apparue sous une forme. »

Notre Conscience n’appartient à aucune caste ou religion. Toutes les formes sont fausses et sont là seulement pour le jeu. Notre Conscience Elle-même est Dieu et Elle n’apparaît de nulle part. Par le fait de déprécier l’Atman, il faut subir la souffrance liée aux entités ou aux divinités. En termes simples, il s’agit des souf- frances physiques, mentales ou spirituelles. La Parole qui est dans le corps est identique à Paramatman. Les yeux fermés, Il est vu comme bleu profond. Identique à l’espace. Invisible, Paramatman est l’ultime Mahapurusha. Ce que vous observez ici est l’effet pro- duit par la réalisation de l’Atman. Dans tous vos comportements, la Conscience prend place, Elle sera présente tout au long de votre vie, tant que vous existerez.

Nisargadatta Maharaj

24 juillet 1955

Extrait de “Premiers discours” aux éd. des 2 Océans

Premiers discours 16 – le réel et l’irréel

irréel et réel nisargadatta

Le corps, l’ego, le plus petit des objets tout comme l’univers entier ou encore cette existence mondaine sont irréels. Qu’entend-on par irréel ? Ce qui repose sur vos croyances est irréel. Votre compréhension est incorrecte. Le corps, tout comme l’individualité, est constitué des cinq éléments et forme l’état d’ignorance. Tant qu’il n’y a pas connaissance de Soi, tout ce qui est vu est considéré comme réel. Si nous avions su que le corps n’est pas ce que nous sommes mais que nous sommes la Conscience, alors cette calamité aurait pu être évitée. Cependant, le concept «Je suis le corps » s’est établi. En réalité, toute cette existence mondaine n’est qu’une création mentale.

Nous agissons dans le monde selon une directive intérieure. La clarté intérieure qui nous guide le fait selon les impressions que nous avons reçues dans le passé. Notre existence est mentale sans contenu. Nous croyons en l’illusion et gardons la connaissance à l’écart. Nous ne savons pas comment les directives intérieures se produisent. Chacun agit comme semble l’exiger la situation. En compagnie de la sagesse, nous en apprenons davantage sur nos impressions. Une bonne compagnie vous aide à agir plus clairement. La compagnie des sages nous aide à résoudre ce puzzle insoluble, ainsi nos actions et réactions n’appartiennent pas à un domaine mystérieux. Nous en venons à savoir comment les choses nous viennent à l’esprit.

La Conscience est sans limites, Elle s’adapte donc à n’importe quelle forme. Nous voyons les choses dans la même lumière que celle dans laquelle l’univers s’élève avec vivacité. Qu’est-ce que la Conscience? C’est grâce à Elle que nous apprenons à nous connaître. En l’absence de Conscience, il n’y a rien. La Conscience jouit de la beauté. Ainsi, la beauté de divers objets peut être appréciée. Nous sommes les amoureux de tout. Les sages expérimentent une grande joie, mais à partir de quand? Cela n’arrive qu’avec la connaissance du Soi. Cela rend toutes les activités plus plaisantes. C’est un monde très différent qui est perçu après la connaissance du Soi.

Toutes les pensées sont modelées par l’intellect et nos qualités propres. Les pensées d’une personne se produisent selon ses conditionnements. Même la nourriture ingérée est fonction de ses caractéristiques. Ce qu’une fourmi mange lui convient. Qu’est-ce qui caractérise les sages? Ils ne voient aucune différence et voient tout comme une unité. La plus grande qualité est de se réaliser sans corps. Nous devrions nous voir comme la Conscience Elle-même.

Vous devriez considérer que votre caste est la Conscience et que votre Atman est Dieu manifesté en tant que Ishwara, ainsi votre existence n’aura pas d’égal. Ces paroles «plairont» à Dieu. Il dit «préférer» Ses dévots. Vous devriez prêter serment et jurer que vous êtes l’Atman, et vous y tenir fermement. Alors, quelles que soient les pensées qui vous viennent, vous serez digne de cette stature. Ne torturez jamais votre corps et ne malmenez pas votre mental. Ce qu’il faut, c’est la confiance absolue d’être l’Atman.

La Conscience est Ishwara et c’est dans Sa nature de connaître Son existence. C’est ainsi qu’Elle a commencé à s’impliquer dans des expériences aux saveurs très différentes, qui sont par la suite devenues des traditions.

Heureux ceux qui peuvent entendre ces propos audacieux et qui ne craignent aucune critique. Alors notre véritable essence en tant que Conscience deviendra claire. Celui qui réalise sa nature en tant que Paramatman se déploie à l’univers entier. La Conscience est sans aucun artifice et sans aucun organe comme les oreilles, le nez ou les yeux. Elle s’exprime naturellement en tant que la connaissance «Je suis». La Conscience en vient à connaître Son existence; cela ne peut cependant Lui donner aucune satisfaction même si Elle perdure des milliers d’années. La seule satisfaction survient avec la réalisation d’être Paramatman dans Son unité.

La conscience individualisée doit être manipulée tout à la fois de manière ludique et libérée de l’attraction des plaisirs extérieurs. Elle s’apaisera alors. Ensuite, elle devra être progressivement amenée au Soi. Alors elle ne sera plus affectée par les dix sens. Quand le Guru et le disciple se rencontrent, la joie éprouvée est indescriptible. Si vous voulez réaliser votre vraie valeur, vous devrez accepter ce qui vous est destiné. Quand vous vous endormez, c’est Ishwara qui va s’endormir. Quand vous vous réveillez, c’est encore Ishwara qui se réveille. Il en sera ainsi de toutes vos activités. Les sages disent que votre Atman devient instantanément ce que vous formulez avec insistance et amour. Votre Conscience est comme le diamant Kohinoor, qui peut devenir n’importe quoi. L’Atman a un très grand pouvoir. Ne considérez jamais l’Atman comme le corps, ainsi Ce que vous êtes ne sera jamais amoindri.

Votre état naturel du Soi est universel ; votre expérience le sera aussi.

Nisargadatta Maharaj

17 juillet 1955

Extrait de ” Premiers discours” aux éd. des 2 Océans

Premiers discours 15 – un jeu de connaissance et d’ignorance

Bhagavan Shri Krishna Nisargadatta

La maturité mène à la connaissance et le non connu demeure dans l’ignorance. Il s’agit donc d’un jeu de connaissance et d’ignorance. Nos activités s’y déroulent. La connaissance mène à l’activité et a pour résultat notre expérience. Ce qui est connu maintenant peut être oublié plus tard. En réalité, connaissance et ignorance ne font qu’un, Ce qui reste à la fin et Ce qui était déjà avant le jeu de la connaissance et l’ignorance. Il s’agit là de notre vraie nature. Le jeu de la connaissance et de l’ignorance ne crée aucun des cinq éléments. La Conscience est très subtile et c’est grâce à Elle que nous apprenons à connaître notre existence.

Bhagavan Shri Krishna affirme que le pouvoir du Yoga Lui appartient. Ce pouvoir est celui de notre existence consciente. Nous apprenons beaucoup de choses grâce à notre existence. Ce que l’on sait maintenant peut redevenir inconnu. La différence entre la connaissance et l’ignorance doit devenir claire pour nous. Shankaracharya affirme que notre apparence est une illusion, comme une corde prise pour un serpent. C’est stupide de croire en ce serpent. Rappelez-vous qu’aucune expérience ne peut avoir d’existence véritable (sans début ni fin).

 

Nisargadatta Maharaj

10 juillet 1955

Extrait de “Premiers discours” aux éd. des 2 Océans.

 

Premiers discours 14 – Ce qui ne se voit pas est ce que vous êtes

méditations avec sri nisargadatta maharaj

Ce qui ne peut être touché par le temps ne peut être décrit par des mots. Qu’en est-il alors? Notre intellect se met en phase avec Cela, et il se produit une expérience de béatitude. Ce n’est rien d’autre que la conscience de nous-même. Nous avons pris conscience de notre être, du «Je suis». Comment s’en souvenir? Nous devons méditer sur la Conscience en tant que Paramatman intemporel. Notre journée commence au lever du soleil. Quand nous devenons conscients de notre être, c’est le lever du soleil. Notre rappel de Paramatman devrait commencer là.

Ce rappel amène la connaissance, sinon il y a ignorance. C’est donc un jeu de connaissance et d’ignorance. Toutes les activités s’y déroulent. En réalité, les activités se déroulent par la présence de notre Conscience. Ici, la Conscience est l’Expérimentateur. Au fil du temps, ce qui est connu devient à nouveau l’inconnu. Tout est interdépendant. Celui qui a la connaissance fait aussi des expériences. Qui reste à la fin? Seul demeure le «Connaisseur» de la connaissance et de l’ignorance. Ce qui ne peut être compris dans le jeu de la connaissance et de l’ignorance est nommé «le suprême élément». Quand la connaissance et l’ignorance prennent fin, ce qui reste est notre vraie nature. La Conscience est très subtile et nous en venons à connaître sa présence en tant que «Je suis». Grâce à la Conscience, nous apprenons à connaître notre existence et l’environnement. Bhagavan Shri Krishna l’appelle son pouvoir de Yoga. Ce qui peut être vu n’est qu’une apparence qui va disparaître. Il doit devenir clair que la connaissance est due à la Conscience, et en son absence, il y a ignorance. Shankaracharya affirme que prendre le corps pour ce que nous sommes revient à considérer la corde comme un serpent. C’est très stupide de prendre une corde pour un serpent. Notre expérience d’être est très subtile ; c’est l’expression de la suprême Réalité, qui est sans forme. Elle est invisible et Elle est votre propre Soi dans toute sa pureté. Vous aimez être conscient sans aucune limite. Tout comme un nourrisson suce le sein de sa mère, vous sucez le fil de la Conscience. Vous jouissez de votre propre existence. À quoi ressemble le fil de l’Atman ? Il est pareil à vous. Cependant, vous avez pris la corde pour un serpent. Par conséquent, vous croyez aussi en sa destruction un temps venu. Mais je vous dis que vous êtes indestructible. Si le serpent, surimposé à la corde, est brûlé, que perdez-vous? C’est à cause d’une mauvaise compréhension que vous êtes emporté dans ce vaste flux de savoir-ignorance. Le monde, lui, n’en est pas affecté. C’est criminel de ne pas croire en son propre Atman: ce n’est rien de moins que de Le tuer. Le monde est vu à grâce au Soi, mais le Soi vous est invisible. Ce qui ne se voit pas, c’est Ce que vous êtes. Une fois que vous tiendrez le fil de l’Atman, vous n’irez plus nulle part. Il est suicidaire d’imaginer une mort à l’Éternel et de considérer le monde manifesté comme permanent. L’Éternel est venu à connaître son existence, et il fut divisé en deux parties: la connaissance et l’ignorance. Par conséquent, c’est leur jeu que vous voyez maintenant. Comment vivent les sages? Ils s’identifient avec la Conscience et vivent en tant que Vérité.

Nous avons pris conscience de notre existence, dans laquelle il n’y a pas de différenciation entre connaissance et ignorance. Nous ne sommes même pas cette Conscience, même si nous le croyons. Nous sommes Ce que nous sommes vraiment. Nous ne sommes que le Soi, qui est omniscient. Il en est ainsi, même si vous n’en avez pas l’expérience. Il est insensé de prendre la lumière pour les ténèbres.

L’utérus est un lieu de repos pour l’ignorance. Les gens parlent au sujet de la connaissance de Brahman, que nous disons être notre propre droit de naissance. Nous ne pouvons pas nous considérer comme séparés de Brahman en tant que Conscience, car ils ne sont pas deux. Ce qui s’en va est la Conscience et ce qui reste est Parabrahman, qui est votre vraie nature. Celui qui développe cette conviction est libéré de tout lien et emprisonnement. La mémoire «je suis» contient la connaissance-ignorance. Oublier notre vraie nature, c’est oublier notre plénitude. L’apparence du Sadguru semble très petite, pourtant Il connaît l’univers entier. Même si vous ne vous rendez pas compte de la vérité, ayez une foi totale dans les paroles du Guru et ayez confiance en Lui. C’est une erreur que de donner du crédit aux prédictions. Quand vous avez connaissance d’être complet, tout votre travail réussira. Votre plénitude peut être évoquée sous les termes de Sadguru Paramatman. C’est votre relation à Lui. Votre vraie nature en tant qu’Atmarama n’a pas besoin de nourriture pour se nourrir et elle n’est pas tou- chée par les cinq sens. Qui est-ce? Qui est-ce? Ce qui est maintenant conscient de Lui-même.

L’oubli de votre plénitude conduit à la connaissance et à l’ignorance. Votre sensation d’exister est la cause de cet oubli. Si vous développez la conviction que vous n’avez rien à voir avec l’apparente manifestation de l’existence, vous êtes certain de réussir. En outre, vous n’êtes jamais le connu, seulement son Connaisseur. Vous devez être assez audacieux pour vivre avec une telle conviction. Pour cela, la confiance dans le Maître réalisé en tant que Soi est indispensable. La pureté de la conscience individuelle est, ainsi, nécessaire.

Le Sadguru est votre vraie nature et c’est toute votre légitimité de L’être. Quand vous exercerez votre droit, toutes vos difficultés prendront fin.

Nisargadatta Maharaj

10 Juillet 1955

Extrait de ” Premiers discours” aux éd. des 2 Océans