Derniers jours – sans effort

Nisargadatta maharaj sans effort

Visiteur : La méditation n’est pas encore quelque chose de confortable pour moi. Elle est souvent chaotique.

Nisargadatta Maharaj : L’idée que vous n’êtes pas stable et que c’est chaotique est juste le point de vue de votre mental, et ne concerne que le mental.

Visiteur : Oui, c’est pourquoi je me tiens fermement au té­ moin.

Nisargadatta Maharaj : Pourquoi fermement ? Détendez-­vous et posez­-vous la question du pourquoi de cet effort.

Visiteur : Chaque instant a des saveurs de nectar d’immorta­ lité (amrit). C’est très important pour moi et cela amène un sens de l’effort plutôt que de me relaxer.

Nisargadatta Maharaj : Qu’est­ce que c’est que cet effort que vous faites qui aurait à voir avec amrit ?

Visiteur : Je fais tous les efforts possibles pour ne pas être dans l’ego, ou l’identification au corps physique et mental.

Nisargadatta Maharaj : D’où vient le besoin d’être impliqué avec le corps ?

Visiteur : Juste une habitude de conditionnement passé.

Nisargadatta Maharaj : Qu’est­ce qu’un moment peut avoir avec amrit ? Un moment est un morceau de temps, alors qu’amrit est éternel.

Visiteur : Si le « Je suis » est juste dans l’instant, n’est­ce pas l’éternité ?

Nisargadatta Maharaj : Ces moments sont comme un jet d’étincelles, alors que le Soi est continu.

Visiteur : J’expérimente souvent le Soi ces jours­ ci.

Nisargadatta Maharaj : Qui en fait l’expérience ? Vous êtes la Conscience. Il n’est aucunement question d’expérimenter quoique ce soit. Quoique ce soit, c’est ce que ‘Vous’ êtes. Tandis que vous créez une identité séparée.

Extrait de « Derniers jours de Nisargadatta Maharaj » aux éditions Aluna

Derniers jours – La Conscience perçoit qu’Elle est toute chose

La Conscience perçoit qu’Elle est toute chose

Nisargadatta Maharaj : Brahman (ou Ishwara) et toute cette mani­festation sont auto­créés, et c’est au sein de cette manifestation que vous tentez de modifier les choses.

Visiteur : La Conscience perçoit qu’Elle est toute chose, qu’Elle est Ishwara. Alors des désirs peuvent s’élever spontanément pour modifier ou ajuster les choses, et à ce moment­là toute autre chose arrive et vous réalisez que vous ne pouvez pas l’ajuster – « C’est. »

Nisargadatta Maharaj : Ceci se produira constamment, et vous n’y êtes pas impliqué. Vous êtes en dehors de cela.

Visiteur : C’est pour cela que c’est si aidant pour moi d’être ici.

Nisargadatta Maharaj : Malgré cela, les lumières de Delhi et du monde sont encore visibles ! Ce processus chimique, cette réaction, est votre « Êtreté », et elle se maintient sur ce corps de nourriture. L’Absolu est témoin de cette « Êtreté » qui est ali­ mentée par le corps de nourriture. Est­ce clair ? Après un certain temps d’état de veille, un repos est nécessaire, c’est ainsi que cette expérience du « Je suis » disparaît. C’est comme si elle pre­ nait du repos et s’oubliait. Vous ne pouvez pas comprendre ac­tuellement de quoi il en retourne exactement, mais quand vous serez établi dans votre « Je suis », vous saisirez que ‘Vous’ êtes antérieur à l’état de rêve ou à l’état de veille, et qu’ils sont des émanations provisoires de votre « Êtreté. » Les états de veille et de sommeil appartiennent au « Je suis ». ‘Nous’ sommes doués de cette qualité de témoin ou d’observation par la présence du « Je suis. » Quand le « Je suis » n’est plus là, l’outil nécessaire à l’observation n’est plus disponible.

Ce qui se passe, c’est que pendant que vous êtes en train d’écouter ce que je dis, vous vous référez aux concepts que vous avez au sujet de la Conscience. Si mes mots vont dans le sens de ceux­ci, vous êtes satisfait. Mais je veux faire table rase de tous les concepts et vous permettre d’être établi dans un ‘état sans concept’.

Notre premier ministre, Morarji Desai, a certaines concep­tions bien enracinées du Divin qu’il ne souhaite pas remettre en question. Une femme qui est venue ici et qui connaît le premier ministre, lui a offert ainsi qu’à son frère deux livres de mes en­ tretiens. Morarji les a juste parcourus et en a conclu « Je ne suis pas en accord avec cela. » ‘Je ne suis pas d’accord’ signifie : « Cela n’abonde pas dans le sens de mes concepts, aussi je ne peux pas l’approuver. » Il ne pouvait pas concevoir que ses concepts soient mis à plat, tandis que son frère fut enthousiaste et dit : « Tout ceci me parle. »

Visiteur : Si je comprends bien, si je me tiens profondément dans le Cœur, tout disparaît et il n’y a plus de « Je Suis. »

Nisargadatta Maharaj : Ce « Je suis » se dissout dans l’Absolu.

Extrait de « Derniers jours de Nisargadatta Maharaj » aux éditions Aluna

Derniers jours – La cause première

nisargadatta maharaj première cause

Nisargadatta Maharaj : La cause première est la connaissance du « Je suis ».

Visiteur : Qu’est­ ce que vous entendez par « connaissance » ?

Nisargadatta Maharaj : Cette connaissance « Je suis » apparaît spontanément. Cette connaissance « Je suis » est antérieure à la formation des cinq éléments. L’Absolu (Paramatma Parmeshwar) n’est conscient de rien. L’état de conscience apparaît plus tard, avec la connaissance du « Je suis ». Un être peut être bien por­ tant quand il va se coucher et le matin au réveil, avoir la tête qui tourne et tomber. Il découvre que tout son corps est enflé et ne connaît pas la cause de ce trouble. C’est seulement quand tous les examens sont faits qu’il connaît la cause de cette maladie. De la même manière, l’Absolu n’a aucune idée qu’Il était (ou qu’Il est). C’est seulement quand la connaissance « Je suis » apparaît spon­ tanément qu’il peut en être conclut que l’Absolu ‘était’ ou ‘est’. C’est uniquement quand la conscience du corps­mental vient à l’existence, par le pouvoir des cinq éléments, que la Conscience d’Être apparaît. J’ai appris de mon Guru que ce subtil principe qui ne sait pas qu’« Il est », est mon propre Soi. Ceci est ce qui m’a été transmis. C’est depuis Cela que je vous parle.

Extrait de « Derniers jours » aux éditions Aluna

Derniers jours – Présence consciente

Nisargadatta Je suis

Nisargadatta Maharaj : La pratique méditative qui consiste à se focaliser sur la respiration est appelée pranayama. La pratique du pranayama vous apporte un état de paix. Avant tout, le Té­moin, n’est pas l’énergie vitale (prana) mais ce qui observe sans participer. Cela vient de nulle part. C’est toujours là. Ce n’est ni clair, ni sombre, ni carré ni rond ou de toute autre forme. Vous pouvez appeler Cela qui regarde Krishna, Christ ou Rama. C’est pur Amour. Le témoin est la preuve en chacun de son Être ; c’est le « Connaissant ». Qu’est que le souffle vital ? Quand il est présent en vous, dans le corps, il est appelé prana. Quand vous méditez sur le souffle et qu’il est libéré, il se fond dans l’espace et devient un avec l’univers. Dans ce genre de dévotion, vous n’avez besoin d’aucun autre support, tel que des fleurs ou de la nourriture.

Quand vous contrôlez votre souffle par le pranayama, un état de félicité (samadhi) peut être atteint où il n’y a ni pensées et ainsi aucun désir. Cependant, cet état de félicité et de joie ne per­dure que tant que vous maintenez ce contrôle de la respiration. Vous ne tarderez pas ensuite à retrouver un état plus grossier. Ce n’est que quand cette joie est contactée au­delà des sens qu’il y a union avec l’univers. C’est aussi pur et vaste que le ciel. Mais qui l’éclaire ? Cet Amour, cette connaissance qui l’éclaire est la connaissance « Je suis ». Portez toute votre attention sur votre « Êtreté » jusqu’à ce que vous soyez établi consciemment en Elle.

Alors, seulement vous pourrez la transcender. Votre attention du moment est seulement sur l’air ou sur la respiration. Soyez votre « Êtreté », même si cela n’est pas l’étape finale.

Question : L’expérience de ce qui est importe peu, si vous êtes conscient du Témoin, est-­ce juste ?

N.M : Qui est le Témoin de cette joie ? Qui est conscient de cette joie ? Soyez ce « Je suis » ?

Une fois que vous avez connaissance de qui vous êtes, restez stabilisé dans cette expérience du Soi. Soyez, tel Arjuna, présent à son « Êtreté » en permanence, même au plus fort des combats sur le champ de bataille. Parce qu’il ne faisait qu’un avec Krishna, il pouvait combattre en sachant que personne ne tuait et per­sonne ne pouvait être tué.

Extrait de « Derniers jours de Sri Nisargadatta Maharaj » aux éditions Aluna

Derniers jours – Qui est malade ?

Nisargadatta derniers jours

En 1978, le docteur Rjgopal de l’Hôpital Jaslok vint rendre vi­site à Maharaj. Pendant la discussion, le docteur détecta dans la voix de Maharaj, un problème au niveau de sa gorge et exprima son désir d’ausculter la gorge de Maharaj. Il emmena Maharaj à l’Hôpital de Jaslok et après l’examen lui annonça qu’il suspectait un cancer de la gorge. Il souhaitait donc procéder à des examens plus poussés, mais Maharaj exprima son désaccord. C’est ainsi que Maharaj poursuivit ses entretiens comme à l’accoutumée sans interruption jusqu’en 1980. À nouveau en avril 1980, sa voix devint plus rocailleuse. Un physicien, le Docteur Kale, de la fa­mille de Maharaj, en l’examinant décela des zones de resserre­ment dans la gorge et fit part de son inquiétude. Aussi, il insista pour que Maharaj soit examiné de manière plus approfondie. Sous les efforts de persuasions insistants de Monsieur S. V. Sapre, Maharaj accepta de faire les examens nécessaires. Les résultats indiquèrent que le cancer s’était considérablement développé.

Quoi qu’il en soit cette annonce eut peu d’effet sur Maharaj. Il fit remarquer nonchalamment : « Qu’est­ce qu’un cancer tout compte fait ! Je ne suis pas effrayé par la mort. Ce « Je suis », la naissance elle-­même, est le commencement de ce cancer – le commencement de la souffrance, et je ne suis rien de tout cela. Aussi, si même un médecin me soignait, cela concernerait mon corps et non ‘moi’ – l’Absolu. »

Plus tard, bien que Maharaj ne soit pas prêt à se faire soigner, Monsieur Ghia Seth – un industriel – insista pour que Maharaj soit vu par le docteur Paymaster, qui était le cancérologue le plus renommé de Mumbai. Aussi, fut-­il amené en consultation chez le docteur Paymaster qui décrivit à Maharaj la gravité du mal, ainsi que les détails de la souffrance insupportable d’un patient can­céreux quand un traitement n’était pas donné en temps voulu. Mais cela n’eut pas pour effet de convaincre Maharaj et il décli­na tout traitement de chimiothérapie et radiothérapie, et ne fut même pas d’accord d’être hospitalisé.

Dans le même temps, un proche disciple de Maharaj, Mon­sieur Shrikant Gogate, suggéra un traitement homéopathique et recommanda un homéopathe de Malvan – la ville native de Maharaj. Il s’agissait du Docteur Suvarna, qui était spécialisé dans le traitement des cancers. Le traitement du Docteur Suvar­na, selon nos constatations, produit de bons résultats par le fait que la gorge ne sembla plus subir les mêmes effets ravageurs de la maladie. Il pouvait manger une nourriture habituelle. Ces en­tretiens reprirent sans interruptions, et avec autant d’énergie, et tout allait bien.

Un certain nombre d’experts en médecine ayurvédique, en nadi vaidya et en acupuncture lui rendaient visite plus ou moins régulièrement. Un acupuncteur le soigna pendant quatre jours, mais Maharaj n’était pas enclin à continuer avec ce traitement. Un thérapeute en vadi vaidya donna quelques huiles à utiliser en gouttes nasales. Ces traitements donnèrent quelques soulagements temporaires. Mais aucun d’eux ne donna d’espoir quant à une guérison. Ils donnaient tous à prévoir une fin dans les deux à trois mois à venir. Mais, contrairement à leurs craintes, le pire n’arriva pas avant huit mois. Ils mirent cela sur le compte de la réalisation spirituelle de Maharaj.

D’une manière qui ne présageait rien de bon, à partir de juillet 1981, le terrible mal reprit la main. Cela eu pour conséquence de faire diminuer la longueur des entretiens ainsi que leur fréquence. De deux heures, ils passèrent à une heure trente, puis même plus tard à une demi-­heure. Il arriva même quelques fois, au plus fort de la maladie, qu’il ne soit physiquement pas capable de mon­ter à la mezzanine où les entretiens étaient donnés. Dans ces moments là, nous écoutions des enregistrements de précédents entretiens.

Le 18 août 1981, Maharaj eu une attaque de pneumonie. Il fut pris de toux et congestion des poumons. Le docteur Kale pres­crit un traitement d’antibiotique qui fit baisser la température. Tout semblait revenu sous contrôle, mais, très faible, Maharaj ne pouvait poursuivre ses entretiens.

C’est le 6 septembre 1981 que Maharaj donna le signal du départ. Depuis son lit, il exprima dans un murmure : « Dans trois jours, je serai parti. » Nous étions horrifiés, la fin était proche ! Mais nous n’étions pas prêts à prendre ses mots au sérieux. Pré­cédemment, alors que nous nous enquérions de sa santé, il avait répondu : « Quelle santé – dans l’instant suivant je pourrai ne plus être là. » Aussi, de la même manière, nous n’avons tenu plus compte de ces « trois jours. »

Extrait de « Derniers jours de Sri Nisargadatta Maharaj » aux éditions Aluna

Premiers discours 45 – l’ Invisible qui voit tout

invisible nisargadatta

Celui qui connaît la vérité est un yogi !

Un yogi est celui qui voit son unité avec tous. Par la grâce du Sadguru est réalisée la connaissance ultime du yoga. Un jnani est celui qui a Connaissance du Soi. La connaissance de son propre Soi revient à connaître le Soi en tout. De la fourmi à l’être humain, tous se prennent pour autre chose que ce qu’ils sont en réalité. La fausse vérité ne peut pas durer indéfiniment. Les façons de voir coutumières seront vues comme fausses. Avec le temps, on se rend compte de son erreur. Bien que rare, la sagesse existe, elle nécessite la connaissance de la Vérité. Toutes nos relations commencent par la connaissance de notre existence dans le Cœur.

Quand sont vus « les pieds du Sadguru », le sens implicite de ces enseignements devient pleinement clair. En raison de la proximité que nous entretenons avec notre corps depuis l’enfance, nous y sommes attachés et il a été accepté comme notre identité. Mais, par la vraie connaissance, cette fausse identité est rejetée. Une fois la connaissance du Soi révélée, les anciennes pièces rapportées ne peuvent plus être invitées, même si le souhait peut se manifester.

Celui qui a la conviction d’être le Soi est un yogi. Pour un jnani, toutes les apparences sont illusoires. Avec la connaissance du Soi, la fausse identité n’a ni sens ni utilité. Celui qui fait l’expérience du réel se connaît lui-même. L’expérience d’être est soudaine et inattendue. C’est l’expérience de tous et elle est chérie par tous les êtres vivants. Notre Conscience nous donne le sentiment d’exister, et toutes nos expériences en sont le résultat. L’expérience d’être apparaît et s’installe chaque jour, puis se fond dans le Soi.

Êtes-vous capable de reconnaître l’expérimentateur en vous? Sans l’expérimentateur, comment auriez-vous pu avoir cette reconnaissance? Votre expérience est-elle limitée dans le temps ou au-delà? La plupart des gens reconnaissent les autres ou les aiment sur la base de leur propre existence avec une apparence limitée.

Celui qui ne sait pas ce qu’est et en quoi consiste cette Conscience est comme un pêcheur qui récolte du poisson. Tout comme un pêcheur ramasse le poisson de son filet, la Conscience est utilisée pour satisfaire de nombreux désirs et pour prendre des résolutions. En l’absence de Ce qui connaît la Conscience, qui est là pour imaginer sa nature comme ceci ou cela ? L’ignorant tombe amoureux de tout ce qui apparaît et lui plaît. Avant l’apparition de votre Conscience, où était cet amour? la Conscience est-Elle toujours présente en vous ?

Nous apprenons à connaître notre existence, n’est-ce pas, ainsi que l’univers qui nous apparaît comme sacré ? Tout cela est faux. Il ne s’agit que du jeu de la Conscience. Là où il y a la Conscience, il doit y avoir quelque chose pour L’occuper. Il convient d’examiner de quoi il en retourne. Pour cela, nous devons mettre de côté le voile posé sur l’Atman à cause du mental et de l’intellect. Cela demande le contrôle du mental, sans lequel on se perd, comme si on tombait dans les flots d’une rivière. Celui qui veut devenir un yogi devrait donner le contrôle de sa conscience et de son intellect au Sadguru. Notre Conscience est «les pieds du Sadguru». Celui qui écoute un Sadguru a la Conscience emplie de la vraie connaissance. Notre Conscience est indescriptible et, grâce à Elle, nous faisons l’expérience du monde. Son Connaisseur est plein et entier. Le jour et la nuit, le lever et le coucher du soleil sont tous dus à cette Conscience. Elle prend du repos chez celui qu’on appelle un jnani. Vous pouvez appeler votre Conscience la déesse Amba ou Bhagavati ou Krishna ou Rama, mais c’est dans le jnani que tout cela se déploie. Celui qui connaît la Conscience présente dans le corps est un jnani. La méditation constante fait de nous un candidat à l’Ultime. À l’occasion des cérémonies de purification, ce sont la connaissance et la dévotion que nous devrions saupoudrer sur notre Soi. Ceux qui adorent Dieu deviennent Sa vie même. Votre Conscience est la vie de Dieu. C’est la manifestation de Dieu.

Les paroles et la méditation du Sadguru à ce sujet sont de la plus haute importance. Leur importance vous apparaîtra clairement à l’avenir, si ce n’est pas déjà le cas maintenant. C’est un miracle que la Conscience dans le corps supporte si facilement la lourdeur du poids du corps dans les diverses activités. Ce même corps demandera quatre personnes pour être porté quand la Conscience ne sera plus là. Ce n’est pas un jeu d’enfant de connaître véritablement la Conscience et de devenir sans identification au corps dans cette vie même. Connaître la Conscience, c’est connaître la source de l’être ou «nos propres pieds». Alors vous devenez un jnani ou un yogi. Bien que notre Soi se manifeste dans le corps, Il est sans corps par nature.

Tous les parfums, qualités et arts qui se manifestent par votre corps sont tous sans corps. Ce qui leur permet d’être à l’origine de réalisations aussi au dehors du corps. Ceci n’est connu que d’un yogi. Ce qui était à l’intérieur du corps a maintenant occupé tout l’espace. Notre Conscience est tout aussi active qu’invisible. Elle rend la vue possible, et toute tentative de La voir rend le sage dépourvu de corps. Alors, tout le contenu de la Conscience se dis- sout. La Conscience que vous utilisez maintenant est la même que Celle qui a été utilisée par toutes les incarnations passées. Voyez votre Conscience comme étant Celle qui est la toute première à se manifester dans cette existence.

Nisargadatta Maharaj

1er janvier 1956

Extrait de  » Premiers discours » aux éditions des deux Océans

Premiers discours 44 – le Soi naturel

Soi naturel Nisargadatta Maharaj

Celui qui vénère la Conscience devient Celle-ci !

La Conscience est utilisée pour la connaissance. Une fois la connaissance du Soi réalisée, la Conscience est abandonnée. Quel est le summum de la connaissance selon les Veda ? C’est notre vraie nature spontanée et naturelle, présente en chaque être. Ceux qui sont libres de tout concept au sujet d’eux-mêmes sont plus proches de leur Soi naturel. Quel est le principal problème de tout être humain? C’est la mémoire de sa propre existence. Par la connaissance du Soi, le problème humain de l’existence se trans- forme en contenant de sa propre félicité. Les quatre Veda sont destinés à réaliser le Soi. L’essence des Veda est de connaître notre propre Soi. Les idées que vous avez de vous-même sont toutes empruntées aux autres. Que savez-vous de vous-même? Avant d’assumer ce que vous êtes, qu’est-ce qui est déjà là avec vous ? Le Soi. Qu’est-ce que l’on entend par yoga et yogi ? Yoga signifie « obtenir» ou «acquérir». On acquiert en se rappelant ce qui est déjà là. Nous mangeons et buvons, car les jus alimentaires aident à entrete- nir notre être, qui est l’expression du Soi. Le yogi est celui qui connaît son unité avec Atman. Alors, que faisons-nous dans ce pro- cessus? Nous apprenons seulement à comprendre que nous le sommes. Je donne des conseils pour accéder à cette connaissance, mais en réalité, cela ne dépend d’aucun conseil.

Quelle est l’origine de tous les Veda, des différentes branches des arts et de la connaissance ? Ils sont nés de la Conscience, qui est à l’origine de tout, et tous finissent par s’y fondre. Elle est donc antérieure à tout.

Tous les sages vous disent que la dévotion pour Hari est plus grande que Hari. La dévotion existe par elle-même et elle se nomme Hari. La foi et l’amour digne de Hari s’appellent dévotion. L’ignorance du Soi limite l’existence, et un être ignorant craint la mort. Mais la connaissance du Soi est au-delà de tout plaisir et elle proclame avoir mis fin à la mort. L’événement de la mort est lié au mot jiva et l’immortalité accompagne le mot Shiva. Celui qui est en tout et toujours entier s’appelle Paramatman. Le jiva indique notre ignorance et Shiva, la connaissance du Soi. Celui qui avale à la fois jiva et Shiva et reste jusqu’à la fin, survivant à tout, est complet et unifie aussi les autres. C’est l’essence même de tout miracle ou accomplissement.

Le Soi est en tout, et sa réalisation est l’essence de l’existence de tous. La dévotion à Hari ou au Guru est la voie à suivre. Votre dévotion au Guru dissipe les fausses accusations à votre encontre. Quand notre être n’a pas de désirs, il s’autosuffit. L’exigence de quoi que ce soit est synonyme de faim. Le Soi est complet par nature et, pour le connaître, la dévotion est la voie à suivre. Cela signifie que nous devons faire grandir en nous la conviction de ce qui est notre vraie nature. Ainsi votre compréhension sera correcte. Alors Hari, Brahman et le Guru ne seront pas que des mots mais votre propre nature. Par votre dévotion au Sadguru, vous connaissez votre propre Conscience en tant que Hari. Sans Lui, vous ne pouvez faire d’expérience d’aucune sorte. À quoi ressemble ce Hari? Il est tel qu’il est. Pour le connaître, il faut nourrir de la dévotion pour le Guru. Ce qui est sans âge ne peut être connu qu’en devenant sans âge soi-même. Le «Toujours Existant» est auto-existant, sans même avoir besoin d’une goutte d’eau. Si la Conscience est, c’est grâce à Lui. Grâce à Lui, nous connaissons notre existence que nous chérissons tant. La dévotion à Hari est la voie royale pour connaître ce qu’est la Conscience. Hari peut se réaliser par la dévotion.

Afin de faire le meilleur usage de notre existence, nous devons toujours être conscients de notre véritable être en tant que Brahman, Ishwara, Dieu ou Guru. Quand votre identification corporelle disparaît, vous devenez un ancêtre (l’origine), même pour votre propre père. Comme un perroquet qui se fait attraper en s’accrochant à une canne, vous êtes captif en vous accrochant à votre identité corporelle.

Notre Conscience Elle-même est Dieu. Votre dévotion pour Hari doit être profonde. C’est l’ultime résultat de l’étude de tous les Veda. Vos plaisirs mondains sont tous de courte durée, contrairement à la béatitude dans laquelle sont les sages, par la dévotion qu’ils portent à Hari. Quand le jiva est fatigué de tous les problèmes de la vie à cause de sa quête des plaisirs, il essaie alors d’obtenir la joie procurée par la vraie dévotion. Un vrai dévot s’éloigne des relations mondaines et des objets des sens pour rester seul. Dans ce processus, il oublie tout, y compris son propre être. Qu’est-ce qui donne le pouvoir de détachement aux rois pour rejeter des trônes parsemés de pierres précieuses ? Qu’est-ce qui donne la force aux sages de tout sacrifier, y compris leur corps ? C’est leur Conscience qui le fait. Les idées selon lesquelles nous allons à Vaikuntha, Kailas ou au ciel n’indiquent pas la vraie connaissance du Sadguru et du Soi. Le véritable amour n’est pas l’amour de l’existence, mais l’amour de notre vraie nature. Ce qui était détes- table a été purifié par la dévotion à Hari et est devenu Hari lui-même. Votre dévotion fait de vous l’objet de votre dévotion. Celui qui vénère l’eau devient eau. Vous devenez Conscience en méditant sur Elle. Ce que l’on disait détestable ne l’était pas vrai- ment, il s’agissait d’une fausse accusation. Par la dévotion, cette accusation a été retirée et elle est devenue pure. Se faire traiter d’homme ou de femme est aussi une fausse accusation, dont il faut se débarrasser.

Nous connaissons notre existence, ce qui signifie que nous avons foi en notre existence. Tant qu’il y aura du prana, cette foi restera sans pouvoir aller nulle part. Ce que nous pensons de nous- même change avec le temps, ce qui signifie que notre foi en nous-même change. Notre corps est comme un sac contenant de la nourriture de Conscience. D’abord, nous avons cru être un enfant, puis un jeune, et finalement notre croyance est que nous sommes vieux. Par la connaissance du Soi, notre foi devient immuable, stable et pleine. Cette plénitude vient avec la dévotion, puis naît la tranquillité. Quand la foi s’arrête, c’est là que se trouve le Soi. Dans le Soi, il n’y a pas de mouvement et il ne peut être vu. Le connaisseur de cette foi devient un avec Paramatman. Il a vraiment servi son Sadguru. Au début, l’esprit est avide de dévotion et le dévot est même prêt à sacrifier sa vie pour la dévotion. finalement, le mental se dissout complètement.

Ceux qui consacrent entièrement leur vie à Dieu deviennent aptes à recevoir sa lumière et son obédience. Qui d’autre peut être digne de cela? C’est indescriptible, il faut s’en rendre compte par soi-même. Dieu est concilié par la dévotion. Il purifie la Conscience et apporte la lumière de toutes les lumières. La dévotion à l’identité corporelle demeure au niveau mondain de la dévotion à l’action. La vraie dévotion à Hari libère de toutes les culpabilités et fautes. La Conscience est purifiée; ainsi est atteinte l’essence ultime de la spiritualité.

Nisargadatta Maharaj

25 Décembre 1955

Extrait de « Premiers discours » aux éditions des deux Océans

Derniers jours de Nisargadatta Maharaj

derniers jours Nisargadatta Maharaj

Parution début octobre 2021,

D’un nouveau recueil d’enseignements, non publiés en français à ce jour, avec en première partie un discours d’hommage à Nisargadatta, prononcé par un de ses proches disciples et traducteur S.K. Mullarpattan quelques jours après son départ physique en septembre 1981, il y a quarante ans.

Le titre du livre est donc « derniers jours de sri Nisargadatta, suivi de au -delà de la liberté » aux éditions Aluna.

Ci- dessous une vidéo de présentation du livre ,avec une lecture d’extraits.

 

Nisargadatta Maharaj: Qu’est­-ce que vous désirez le plus ? Après quoi courez-­vous ? Vous aimez votre corps, et vous implorez pour tout ce qui peut lui donner du plaisir. Vous éprouvez une fierté égoïste pour vos actions. Mais une fois que vous aurez trouvé votre véritable iden­tité, ce que ‘Vous êtes’, vous serez établi dans cette Présence. Vous serez libre d’avidité, d’attachement et de fierté. La chose qui vous attire le plus est votre « Êtreté ». Vous voulez faire perdu­rer cette « Êtreté ». Vous voulez « Être ». Ce « Je suis » est ce que vous aimez le plus. Vous voulez exister. 

Visiteur : Alors, la véritable liberté résiderait-­elle dans le fait de dé­couvrir qui nous sommes ? 

N.M : Quand vous découvrez ce Soi qui n’a ni couleur, image ou contour, vous n’aurez plus besoin de liberté ou d’être condi­tionné par le concept de liberté. Vous serez au-­delà de la liberté. 

Nisaergadatta Maharaj

Extrait de « Derniers jours de Nisargadatta Maharaj » aux éditions Aluna

Premiers discours 43 – la véritable adoration

adoration Nisargadatta

Qui devrions-nous adorer ?

La joie que procure la dévotion peut être décrite de différentes manières. Qui devrions-nous adorer? Paramatman. De Quoi s’agit-il? Il est à l’origine de la vie de tous les êtres vivants, de la fourmi à Brahma, dernier de cette longue liste. Il est unique mais apparaît sous d’innombrables formes, de la plus petite à la plus grande. En réalité, aucune n’a d’existence séparée et chaque être est Paramatman Lui-même. Tout le monde, y compris vous, fait l’expérience de l’existence de Paramatman en soi en tant que la saveur « Je suis ». Par la connaissance de soi en tant qu’Atman apparaît une grande félicité. C’est le résultat ultime de la dévotion, qui est indescriptible. Votre dévotion à Paramatman Lui est plus agréable que tout autre chose, et Sa satisfaction due à votre dévotion est indescriptible. Notre propre joie d’exister est à la mesure du don que Dieu nous a fait. En tant que Soi, nous sommes déjà emplis de qualités telles que la générosité infinie, la plénitude intemporelle. En fait, ce qui nous manque, c’est la connaissance de nos propres qualités et de leur mise en pratique. Celui qui se connaît totalement connaît tous les autres. Cela signifie que l’on connaît parfaitement tout ce qui est mobile et immobile. Ce qui déborde encore après avoir rempli notre propre être est plus que suffisant pour satisfaire l’existence entière.

Ce qui reste, après avoir tout empli, est notre propre être, que nous expérimentons déjà. C’est ce qu’on appelle la spiritualité non duelle. Tant que l’on ne se connaît pas, il ne peut y avoir de félicité liée à la plénitude. Comment serait-il alors possible de transmettre cette félicité de la plénitude aux autres ?

Bhagavan transmet à Uddhava la connaissance du Soi qui est habituellement au-delà de la capacité de compréhension de tout jiva. Dieu dit: «Si la dévotion à Mon égard s’imprime sur votre Conscience, toutes les forces miraculeuses seront à votre service. Il faut apprécier la dévotion et avoir la conviction que c’est la seule voie. La dévotion signifie l’affection, l’amitié ou encore l’unité. Par l’écoute des paroles du Guru, se développe la conviction du Soi. La question est de savoir si vous faites un bon usage de votre Conscience, qui vous est présente sans effort. Devez-vous vous rappeler que vous existez ? Non. Oubliez tous les dieux, et voyez votre Guru présent au sein de votre Conscience. Qu’il n’y ait pas de différence entre le Guru et la Conscience.

Sans que vous fassiez quoi que ce soit, la lumière de votre être a spontanément occupé tout l’espace. Cette lumière est celle de Bhagavan, par laquelle vous savez que vous êtes et goûtez et aimez votre être. Débarrassez-vous du concept envisageant d’autres Dieux que Vasudeva, la Conscience. Ressentez votre propre être, qui s’appelle Vasudeva. En d’autres termes, mon Atman est Paramatman, et Il occupe toute l’existence mobile et inerte. Par conséquent, toute l’existence est liée à ma Conscience. L’Atman est plénitude et sans Lui, il n’y a rien. Ayez la ferme conviction de ce qu’est votre Conscience, afin que tous ses pouvoirs miraculeux soient les vôtres.

Notre Atman contient tous nos besoins d’intelligence, de compétence et de connaissance – qu’ils soient mondains ou spirituels – nécessaires à notre véritable satisfaction. Tout être vivant vient à connaître son existence et c’est la chose la plus précieuse pour tous. Là, maintenant, cet air est dans l’espace, l’espace est dans la Conscience et la Conscience est en Paramatman. Paramatman contient donc tout et rien ne Lui manque. La connaissance obtenue spontanément est juste. C’est par le fait de la Conscience et de la forme corporelle que l’on se dit homme ou femme. Il n’y a rien d’autre d’aussi important que cette Conscience. Elle s’ajuste au gré de chacun. S’il le faut, Elle est emplie de dévotion. Il n’y a rien de comparable à la Conscience, Elle est indescriptible et Elle est la signature de l’existence de Paramatman. N’imaginez rien à son sujet, la spontanéité est la meilleure attitude. Qui peut faire l’éloge du Soi ? Celui qui Lui est totalement dévoué et qui en a l’intime conviction. Alors, les choses sont vues telles qu’elles sont. Ensuite, votre manifestation infinie inclut tout ce qui est mobile et immobile. Un tel Dieu n’a pas d’autre Dieu. Les Écritures confirment qu’un vrai dévot devient libre de tout devoir et n’a pas de renaissance. Toute l’existence devient sa manifestation, qu’il chérit.

Ce qui n’est pas perceptible pour les autres êtres est perceptible pour les sages, ainsi ils voient Dieu en tout. Tant qu’il y a une identité corporelle, il convient de laisser toutes les actions à Dieu. Tant que c’est le cas, il n’y a aucun contrôle sur le corps et l’esprit, et il ne peut pas y avoir de reconnaissance de sa vraie nature en tant que Soi. C’est pourquoi alors, la béatitude du Soi nous manque. Ceux qui jouissent de cette béatitude sont au-delà de tous les besoins, par conséquent ils n’envient pas ou ne haïssent pas les autres. Ils voient leur propre Soi en tout. Comme ils ont le plein contrôle sur eux-mêmes, leur existence même influe sur les autres. Celui qui a la connaissance du Soi, ne serait-ce qu’une seule fois, devient débordant de dévotion. Un tel être est très à l’aise avec la Conscience, facilement, naturellement. Celui qui est empli de dévotion voit son unité avec Ishwara. Alors, il devient une compagnie bénéfique pour les autres. Celui qui a la conviction de ce qu’est cet amour du Soi a son visage qui s’illumine de la Joie Divine. Dieu lui manifeste tout son amour. Alors, même si vous vous cachez pour rester inconnu, Dieu prendra une forme physique pour vous faire connaître. Le dévot se sent intimidé de voir Dieu travailler pour lui, et voudrait qu’Il prenne du repos. Mais Dieu ne veut pas que Son dévot travaille. Dieu veut faire connaître à tous le nom et la manifestation du véritable dévot. Telle est la relation d’amitié entre Dieu et le dévot. Le dévot contribue à répandre le bonheur et l’amour Divin parmi tous les êtres. Quand il devient évident que Dieu est à l’intérieur et non à l’extérieur, tous les besoins prennent fin.

La béatitude du Soi ne reste pas limitée aux sages, elle déborde et sa lumière rend tous les êtres heureux. Si la béatitude d’Atman ne s’illuminait pas dans tous les êtres, ne manquerait-elle pas de bonté? Le prana dans l’espace, par un mouvement rapide, génère de la chaleur. La chaleur fait transpirer et de l’eau se forme. Quand elle se minéralise, il y a de la terre. Mais quelle est la cause première? C’est le prana, qui est contenu dans l’amour du Soi. La Conscience se repose en Paramatman. Cette connaissance supprime toutes les différences, il y a unité.

La dévotion signifie l’amour et l’amour est joie. Cette joie apparaît comme manifestation d’Ishwara. On peut être incapable de parler, et pour autant empli de dévotion, un flot de mots coule de la bouche comme du nectar. Dieu aime votre dévotion et se manifeste ainsi. Même Paramatman aime la voix pleine de dévotion. C’est l’expérience des sages, qui accordent plus d’importance à leurs dévots et visiteurs qu’à leur propre être.

Bhagavan dit : « Dans ma nature éternelle, je n’ai pas conscience de ma propre existence. Cette même nature apparaît dans cette forme, qui s’appelle maintenant Bhagavan. Je ne peux pas révéler le secret de la façon dont je suis rendu soumis à mon dévot. Je suis subjugué par la dévotion. » Mais il ne s’agit pas ici d’une adoration duelle.

Votre Conscience elle-même est le plus grand Dieu, et avoir conscience de cela est la véritable dévotion. Le plus grand imbécile est celui qui, tout en s’identifiant au corps, se considère lui-même comme Atman.

L’infime Conscience reçoit le titre de maître des trois mondes. C’est grâce à cette Conscience que nous apprenons à nous connaître, ce qui est inoubliable. Au-delà de la Conscience, pas besoin de femme ou de mari pour trouver la satisfaction. La Conscience est source d’inspiration pour tout, il faut toujours en être conscient. Atman est resté inchangé depuis les temps infinis qui se sont déroulés. On peut donc dire que c’est le plus talentueux. L’Atman est aussi le prana qui est utilisé par Rama, Krishna, Vishnu et nous faisons de même.

Nous devons avoir une foi totale dans l’Atman et Lui être de plus en plus dévoués. Il devrait y avoir un souvenir constant du Guru à chaque respiration. La présence d’Ishwara est partout sous forme de feu, d’air, d’eau et de poussière. Par conséquent, utilisez la Conscience correctement, sans attendre de bénédiction ou quoi que ce soit d’autre de la part des autres.

Quoi que vous ayez entendu, que cela vous accompagne, sans essayer de modifier en quoi que ce soit l’Atman. Il n’y a pas d’autre Dieu que la Conscience, et la dévotion est l’essence de tout. Notre dévotion nous parle d’Atman, qui est en nous comme notre Conscience. Cette Conscience est ce qui connaît l’intellect, et ne permet pas à ce dernier de dominer Celui qui a connaissance de la Conscience. L’intellect n’est destiné qu’à la connaissance matérielle. Celui qui voit la Conscience comme la semence et le corps de l’univers peut être considéré comme établi dans la vraie dévotion. Notre être pur, avant tout souvenir, est en ordre parfait. Elle est antérieure à toute action. Restez là, dans la dévotion ultime. C’est ce qu’on appelle s’établir dans la dévotion au Divin.

Nisargadatta Maharaj

18 décembre 1955

Extrait de « Premiers discours » aux éditions des deux Océans

 

Premiers discours 42 – Votre attention est sans forme

sans forme Nisargadatta

Votre attention est sans forme !

Quand notre Conscience est là, tout le reste suit en tant que dévot, jiva, monde, Brahman, Rajas, Tamas, Sattva, réveil, sommeil, rêve. Ces nombreux aspects sont tous évoqués grâce à la Conscience. Par une dévotion à Dieu, il est possible de connaître l’origine de cette Conscience responsable de tout. Nous aimons notre Conscience, mais il est difficile d’être à l’aise avec Elle. Nous essayons de L’oublier dans l’activité. Nous éprouvons de la douleur ou du plaisir à cause de cela. Tant que nous nous identifions au corps, nous ne pouvons trouver de satisfaction réelle. La véritable dévotion à Hari est pleine de joie. Votre vraie nature est Hari, Dieu nous a dit comment L’adorer. Quand cela est mené correctement, toutes nos difficultés prennent fin.

Nous devons avoir une foi implicite en notre vraie nature. Méditer signifie être un avec la Conscience, sans aucune autre pensée. Quand la méditation ou la dévotion est pure, c’est comme si Hari le faisait pour Lui-même ou que le Guru le faisait pour lui- même. Quand nous évoquons le Sadguru, nous le considérons comme Paramatman Lui-même avec toutes Ses qualités remar- quables, appelées aussi les huit qualités principales.

En tant que Conscience, nous occupons l’univers entier.

En tant que corps, nous avons des parents et une apparence imparfaite. Quand nous avons connaissance que nous ne sommes pas le corps, ce qui reste est le Sadguru. La méditation sur Hari efface tous nos péchés capitaux. Chanter le Guru-Mantra guérit les maladies ou autres maux causés par les présences néfastes. Le grand Mantra que nous partageons ici est si puissant qu’il n’est pas affecté par les effets d’une quelconque puissance maléfique. Là où il y a mouvement, il y a Hari. Ceux qui ont atteint la connaissance de Hari sont devenus Hari. Notre méditation indique la présence de Hari dans le corps. Quand ce qui n’est pas Hari est ôté, ce qui reste est le Soi.

Quand la Conscience dans le corps est consacrée à Dieu, il y a purification et élimination de tous les péchés. Notre Conscience indique « le mouvement des pieds du Sadguru ». Dans Paramatman il n’y a pas de conscience de soi, donc pas de mouvement. La méditation, c’est être avec la Conscience seule, avec une foi, une dévotion et un amour totaux. Quel est le travail du Sadguru ? Il porte à votre attention votre propre Soi. Stabilisez-vous ici. C’est Hari Lui-même qui vous est plus cher que votre mari ou votre femme. La vraie dévotion à Hari est d’avoir la conviction qu’il est en vous en tant que Conscience. Votre Conscience est l’amour lui-même, qui ne peut pas se changer en non-amour. Vous devriez L’adorer avec une foi totale. En faisant une méditation ardente sur la Conscience, la trinité disparaît par l’agrégation du sujet, de l’objet et de l’action. Votre attention n’a pas de forme. Elle peut reconnaître les ténèbres et la lumière, mais elle n’est pas comme eux. Notre Soi est le contentement lui-même, les deux sont inséparables. Quand la triputi ou l’agrégation de l’agent, de l’objet et de l’action disparaît, ce que vous gagnez est le véritable contentement qui indique l’accomplissement d’une vraie dévotion à Hari. Qu’est-ce qu’être véritablement immobile? Cela se passe lorsque nous avons connaissance qu’il n’y a aucun mouvement. Nous n’avons pas d’existence sans la Conscience de cet univers. Votre véritable réussite, où que vous soyez, a lieu seulement quand la triputi ou l’ensemble de l’agent, de l’objet et de l’action disparaît.

L’essence de la dévotion est facile d’accès. Cependant, une personne peut avoir l’ambition de devenir un Sadhu ou un Guru; alors, plus rien n’est possible en présence de l’ego et de l’orgueil. Ce n’est que lorsque l’orgueil sera enlevé par le pouvoir de Hari que la triputi disparaîtra. Tout comme la terre est faite de nombreuses particules de poussière, il ne peut y avoir de trinité sans Brahman.

Tant que vous vous sentez séparé du monde ou d’un sadhu, la réalisation du Soi n’est pas possible. Vous devez développer la conscience de l’être, sans la trinité (triputi). Alors vous expérimenterez ce qu’est le vrai contentement. Tous vos besoins et votre lutte pour le plaisir prendront fin. Tant que ces besoins existent, il y a des efforts pour les satisfaire. La Conscience, par laquelle nous apprenons à connaître notre existence, est le Seigneur Hari. La méditation sur Hari est la seule solution à tous vos problèmes.

L’élimination de toutes les envies mène à une véritable pureté. Celui qui aime passer son temps en dévotion à Hari jouit de la béatitude du Samadhi. En lui brille une lumière paisible comme celle de la lune. Notre Conscience est identique «aux pieds du Guru», que vous pouvez appeler Paramatman ou Parabrahman. C’est la pureté même, libre de tout besoin, de tout plaisir. Dans l’état de Samadhi, même notre sens d’être est absent.

Nous devrions toujours tenter le plus difficile, de sorte que le plus facile devienne un jeu d’enfant. La méditation doit être longue et profonde. Les sages appellent cela une méditation intense et vive. Le dévot qui a une foi inébranlable dans les paroles du Guru et se tient avec le plus grand respect à Ses pieds est capable d’entendre le son insaisissable Om, qui est une combinaison de A, U et M.

La Conscience existe avec le corps, mais ce n’est pas le corps. Elle se trouve aussi dans les aliments, mais Elle n’est pas les aliments. La Conscience sans nom et sans forme est Hari; cela, en l’absence de tout miracle. Rappelez-vous maintenant que vous n’expérimentez le monde qu’à cause de la triputi. Notre Conscience s’appelle aussi Rama, Krishna et Hari. Vous devriez méditer sur Elle. Elle occupe tout l’espace et a pour corps l’univers. Même alors, Elle est aussi petite qu’une graine de sésame. En réalité, Elle est sans forme, et méditer sur Elle est le moyen de se libérer de la triputi.

Bhagavan promet de se manifester devant son dévot. Nous ne sommes pas le corps de nourriture ni son nom, ils doivent être rendus à Dieu. Cet abandon signe la conviction que notre Conscience elle-même est Dieu. Ce que vous êtes maintenant, c’est le Soi, et avant l’apparition de la Conscience aussi, vous étiez le même. Vous devez en être sûr. Vous êtes naturellement le Soi et votre dévotion doit être spontanée. Celui qui s’endort avec cette connaissance devrait se fondre dans le Soi. On ne peut pas atteindre le Soi, même en offrant un millier de vaches. Vous appelez votre méditation la méditation du Guru, ou l’évocation du Guru. Évoquer le Guru en tant que Hari est une grande dévotion à Hari. Cette méditation est la meilleure utilisation de nos qualités et habiletés intérieures.

Nisargadatta Maharaj

11 décembre 1955

Extrait de « Premiers discours » aux éditions des deux Océans