Selon les Écritures, trois sortes d’afflictions affectent les êtres manifestés. Celles-ci se rapportent au monde physique, au monde des divinités ou à l’être – Atma. On dit que pour ses péchés, un être souffre en enfer après la mort. Ce n’est pas juste. En l’absence de corps, que peut-il se passer? Il doit y avoir un corps pour souffrir et cela ne peut arriver que lorsque l’on est vivant. Ici, il y a une différence dans la signification, selon le point de vue de l’âme individuelle ou celui de la connaissance véritable. Quand il n’y a pas de corps, il n’y a pas non plus de conscience pour souffrir. La vraie connaissance est totalement opposée à la croyance habituelle. Un jnani qui ne s’identifie pas à son corps sera-t-il affecté par la souffrance ? Les sages, qui ne sont pas identifiés à leurs corps, vivent dans la plénitude sans être dérangés. Les bonnes ou mauvaises actions qui se produisent dans la première partie de la vie voient leurs effets endurés dans la partie suivante. Habituellement, les afflictions se rapportent à des entités ou à des êtres. Alors qu’avec la conscience et la connaissance spirituelle, les afflictions se rapportent à la Conscience. La Conscience dynamique opère dans le monde avec rapidité. Chaque action est photographiée à très grande vitesse. Une action qui est considérée comme inadéquate est appelée péché.
Nous prenons conscience que nous sommes et que la même chose se produit chez tous les êtres vivants. Celui qui apprend à connaître « Je suis » ne peut être nommé.
C’est un péché de se considérer comme le corps. La seule vraie religion est d’être le Soi, toutes les autres religions sont fausses. La Conscience se manifeste sous diverses formes que les êtres vivants prennent pour leurs identités. Les croyances qu’ont les êtres humains dans leur appartenance à une caste, une coutume ou une religion particulière sont de grandes erreurs et de grands péchés. Il est incorrect de se considérer soi-même comme un être agissant et il convient d’avoir une foi totale en Dieu comme étant le seul agis- sant. Cela aiderait à améliorer sa compréhension de la réalité et à prendre de meilleures décisions. La croyance en des périodes propices et des périodes défavorables rendra une personne coupable de mauvaises actions.
Il y a trois types de croyances ou de compréhensions de notre vraie nature. Presque tous les êtres se considèrent comme leur corps.
Seul un très petit nombre d’entre eux se connaissent eux- mêmes en tant que Conscience.
Un sage, lui, est toujours le Connaisseur de la Conscience.
La connaissance de n’importe quel état est accessible au pouvoir de la Conscience. Si vous utilisez une mesure pour peser des milliers de tonnes de grains, la mesure reste la même sans consommer aucune partie des grains. Le même Soi apparaît comme autant de personnages éminents sans aucun changement en Lui.
Un religieux peut pratiquer de nombreux cultes dans les temples et visiter tous les lieux de pèlerinage, sans qu’il y ait le plus léger changement chez lui. Par ailleurs, si un vrai dévot se rend compte qu’il occupe lui-même l’univers entier, alors aucun péché ne peut le toucher.
Bhagavan (Krishna) nous dit: «La Conscience a connu d’in- nombrables incarnations comme Moi. Elle est de même en chaque être en tant qu’Atman. Mon Yoga-Maya a occupé tout cet univers. Je suis Moi-même présent en chacun de vous. Je suis en vous comme votre Conscience. Mon existence est due à Mon dévot. En l’absence de sages, Je n’existe pas non plus en tant que Bhagavan.
Dieu prend forme pour le bénéfice de Son dévot. L’existence d’un dévot est ce qu’il y a de mieux pour l’apparition de Dieu.» Bhagavan poursuit : « Si Mon dévot M’aime, Je l’adore Moi-même. Pour Mes dévots, Ma nature sans forme et sans attributs (Nirguna) est apparue sous une forme. »
Notre Conscience n’appartient à aucune caste ou religion. Toutes les formes sont fausses et sont là seulement pour le jeu. Notre Conscience Elle-même est Dieu et Elle n’apparaît de nulle part. Par le fait de déprécier l’Atman, il faut subir la souffrance liée aux entités ou aux divinités. En termes simples, il s’agit des souf- frances physiques, mentales ou spirituelles. La Parole qui est dans le corps est identique à Paramatman. Les yeux fermés, Il est vu comme bleu profond. Identique à l’espace. Invisible, Paramatman est l’ultime Mahapurusha. Ce que vous observez ici est l’effet pro- duit par la réalisation de l’Atman. Dans tous vos comportements, la Conscience prend place, Elle sera présente tout au long de votre vie, tant que vous existerez.
Nisargadatta Maharaj
24 juillet 1955
Extrait de “Premiers discours” aux éd. des 2 Océans