Atman est le témoin de toutes nos activités, qu’il y ait succès ou échec – avec la confusion mentale qui en résulte. Atman est témoin de tout cela, là où l’intelligence échoue. Atman signifie la Conscience pure dans le corps. C’est être impie que d’appliquer à l’Atman n’importe quelle caste et n’importe quelle croyance concernant le corps. Seul un athée peut faire ça. Pour votre santé et votre bien-être, il devrait y avoir une dévotion sans attente, et un service désintéressé au Sadguru.
Quand vous vous levez le matin, vous devriez d’abord vous rappeler Dieu.(Présence pure, sans qualificatif). Ensuite, vous devriez prendre un bain et faire sandhya, qui sont des rites externes. Il s’agit là des concepts traditionnels. Mais le véritable rite est intérieur, il s’éclaire par lui-même. Il y a un certain nombre de fausses accusations à notre encontre. Le processus d’élimination est également appelé sandhya. Quand on prend un bain avec un savon, il reste forcément de la saleté. Les sages se nettoient eux-mêmes par la connaissance du Soi. Notre Soi est immuable ou au-delà de tous les états. Nous devrions être exempts de tous les ‘défauts’, y compris la naissance et la mort, et cela de façon permanente. Shankaracharya conseille l’exécution des rites pour éliminer tous les défauts.
L’être identifié ou jiva s’imagine mortel et s’inquiète de la mort. C’est ainsi qu’il est concerné par les concepts de faute et de mérite. Sans le concept de mort, il n’y a pas non plus de faute et de mérite. Les sages vous rappellent votre nature sans limites, infinie, d’une valeur sans égale. Cela n’empêche pas le jiva de s’imaginer être limité par une petite forme. Votre véritable nature est en vous. Si vous êtes sérieux pour réaliser le Soi, cela arrivera avec certitude. Ce sera la mort instantanée d’une vie limitée. Il n’y a pas de Dieu, pas d’Atman en dehors de Vous. Par conséquent, nous devons avoir une confiance totale en notre Dieu. Nous ne devrions pas Le contrarier en craignant faute ou mérite ainsi que naissance ou mort. Atmadeva est au plus près de vous avec toute Sa bienveillance. Si vous développez une foi totale en Vous-même, elle sera toujours avec vous, où que vous alliez. Par le Soi, vous rendez conscient les processus de fin et de dissolution.
Quel est le lieu commun de toutes les expériences? L’expérience vient à cause du corps et il prend place en elle. Cette façon de voir n’est qu’une observation grossière. En fait, la présence de la Conscience, qui est Bhagavan, est toujours présente dans tous les êtres vivants. Nous prenons conscience du corps grâce à la Conscience. Elle se nourrit de l’essence des aliments. Dans Sa lumière, l’univers est vu. La Conscience apparaît en tant que l’univers. La Conscience est notre état naturel, qui ne nécessite aucun effort. Nous ne devrions en faire le constat aisément. Avec l’apparition du prana, un flux fluide de mots coule. Ensuite, nous affirmons « Je suis » ou que nous existons. Il y a une possibilité de parole seulement après l’apparition de la formulation des mots (para-pashyanti). Nous parlons pour notre travail, notre joie ou notre divertissement.
Un sage n’est plus un individu, il a donc une tolérance infinie. La vie n’est qu’un jeu ou un plaisir pour Lui. Nous rencontrons beaucoup de dévots, mais quelle est leur première pensée au réveil ? « Quel est aujourd’hui le taux du coton à la bourse de New York ? » Cela signifie gagner de l’argent en spéculant.
Il est dit que Dieu aide les êtres selon leur inclination envers Lui. Tout comme un homme se comporte selon sa profession, les gens sans connaissance du Soi se comportent comme des ignorants. Un jnani considère que Rama est dans ce corps et que le prana n’est autre que Hanuman. Ici, Hanuman contrôle Rama, mais Il est très humble devant Rama. Ainsi, Hanuman reçoit Sa grâce.
Après la transformation du prana en langage, le mental prend naissance. La conscience individuelle est faite d’impressions. Mais tout cela a pour cause première le Soi. Il n’y a personne d’autre pour vous sauver que votre Soi. Brahman dépend entièrement d’Atman. Utilisez toutes vos qualités pour éveiller le Soi. La lumière de la connaissance du Soi est tout ce qu’il y a de plus naturel. Vous réaliserez le Soi tôt ou tard selon la pureté de la conscience individuelle. Le goût du Soi toujours lumineux devient celui de votre Conscience.
Là où il y a un jiva, Paramatman est forcément présent. Le jiva apparaît au premier plan avec Parameshwara à l’arrière-plan. Vous devriez réaliser la fusion de ces deux extrêmes. Celui qui le fait avec succès trouve tous ses désirs comblés.
Nous sommes accusés d’être des mortels. Par la lumière du Soi, cette accusation disparaît. être empli de réflexions sur la réalisation du Soi revient à porter une casquette pour aller se coucher. Même Bhagavan Vishnu doit enlever sa couronne pour se reposer. Pour se reposer totalement, Il doit tout oublier, y compris sa femme Laxmi et l’amour qu’Elle éprouve pour Lui. Un sage vit en tant que Soi sans même avoir à s’en souvenir. ( la présence à Soi, entant que Soi est est au delà de tous concepts ou identifications les plus élevées ou spirituels soient-elles.)
Nous ne pouvons pas nous permettre de tricher avec notre Soi.
Nous appelons notre propre Soi «Sadguru». Nous devrions faire preuve d’une grande et inconditionnelle dévotion pour notre Soi. En vénérant votre propre Atman, vous vénérez aussi notre Sadguru (ici Siddharameswhar Maharaj). Le concept d’impureté provenant de la naissance ou de la mort, appliquée à votre corps, ne devrait jamais être appliqué à l’Atman. Gardez le corps de côté avec ses dix sens et adorez l’Atman. Cela se fera par le chant des bhajan à la gloire du Sadguru. ( Nisargadatta ne fait pas de distinction entre le Guru extérieur qui vous a permis de reconnaître votre véritable nature et le Guru intérieur, notre véritable Nature , la présence du Soi. Tous deux, qui n’en sont qu’un dans le Bhakti yoga, sont nommé Sadguru.)
Nisargadatta Maharaj
28 août 1955
Extrait de “Premiers discours” aux éditions des deux Océans