Nirupana 39 – Maya

Votre nature est celle du Soi, en chaque être

Il doit il y avoir une ferme compréhension de notre propre nature. Ce que vous dites doit reposer sur une ferme conviction. Un verset dit : « Dieu inspire ce que je dis. Ce n’est pas moi qui parle, mais Dieu qui parle à travers moi. »

Ce dont on parle est la conscience manifestée. Le non manifesté est, avant les mots, la dévotion et l’amour. Ce que le Guru enseigne doit être remémoré sans cesse, pendant les heures de veille, quelle que soit l’activité effectuée. Quand il y a samâdhi pendant les heures de veille, cela implique qu’il n’y a ni soucis, ni pensées.

Ne blessez personne. S’il y a dissension, n’y portez pas attention. Le corps va s’en aller un jour. Alors pourquoi devrions-nous sous-estimer la parole du Guru ? Il nous a donné une assurance absolue. Quel est le sens de la vie si vous n’y croyez pas ? Les comportements erratiques ne sont pas les bienvenus dans l’aspiration spirituelle. Il convient d’être stable. Toutes les activités son basées sur des opinions. La Vérité est une, mais les gens l’expriment à leur propre façon, en accord avec leurs opinions. Ils en ont les expériences concordantes. Avec la force de l’ascèse, tout ce qui est dit devient vrai. Le Principe est unique, mais sur sa base, des milliers d’opinions sont apparues. Cela est le pouvoir de maya. Krishna dit : « Sans maya, je ne peux même pas être mentionné. » Maya mène toutes les activités, mais Purusha (ici en tant que Soi, Paramatman) est toujours silencieux. Il est le non-acteur. Ceux qui ont la connaissance d’être Brahman sont les véritables brahmines. Les gens proclament connaître Brahman et restent accrochés à leur ego. Ils commencent alors à prêcher leurs opinions. Ceci encore est le jeu de maya. Il y a eu tant de sages et de saints, mais aucun ne se comportait comme un autre.

C’est seulement après l’apparition de « Je suis » que peut venir le concept « Je suis Vishnu  » ou « Je suis Brahman  ». Mais avant que cela ne survienne, qui étais-je ? Personne ne pense à cela. Maya  fait ce qu’elle veut en prenant les formes adéquates. Créer des apparences et les dissoudre est la caractéristique de maya . Purusha  est seulement le témoin. Si maya  n’était pas là, il n’y aurait même pas mention de Purusha (en tant qu’Absolu). Quand il n’y avait pas l’expérience de maya , quelle connaissance aviez-vous de vous-même ? Tout votre savoir est illusoire . Ce n’est pas stable. C’est visible, c’est perçu, mais ce n’est pas la Vérité.

Purusha  est dépourvu d’action. Tout ce qui est vu et ressenti, l’est par la coloration de maya . Purusha  est ce qui connaît maya . Parfois, des sages développent une certaine fierté de leur réalisation. Cette fierté devient un obstacle pour eux et les fait vivre pour des milliers d’années. Tout ce qui est connu ne sera jamais stable.

Pourquoi ?

Parce que maya  est illusoire. Vous ne pouvez pas parer à maya  même en faisant pénitence pendant des milliers d’années. Même au travers des différentes traditions religieuses, l’état de veille et de sommeil sont les mêmes pour tous. Par la surimposition de maya , certains accumuleront des mérites et d’autres davantage de mauvaises actions. Une fois que le corps sera parti, il n’y aura plus de trace de mémoire de ce que vous avez fait aujourd’hui. Alors, quel usage allez-vous faire de ce mérite ?

La renaissance est l’opinion de certains sages. La connaissance basée sur des opinions est un savoir intellectuel. C’est illusoire. Ce n’est pas la connaissance du Soi. C’est temporaire. Cela existe le temps que le corps est là. Peut-il y avoir conscience sans le corps ?Qu’est-ce qui vous est propre ? La conscience qui est dans le corps.

Elle dépend de l’essence de la nourriture. Aussi longtemps que le corps fonctionne bien, vous penserez que vos pensées sont vraies. Mais reconnaissez-le dès aujourd’hui. Cette dualité n’était pas là, et même maintenant, elle n’est pas là. C’est illusoire. Bien que tout ceci soit en mouvement, rien n’existe. Il n’y a pas de sage réalisé. Personne ne vit, personne ne meurt. Tout ceci est maya . Même les sages se laissent étourdir par le pouvoir de maya . Sinon, il n’y aurait pas tant d’opinions.

La chose la plus importante est notre conscience. Elle est arrivée en tant qu’invitée pour quelques jours. Finalement, elle s’en ira. Ce qui, à l’origine, n’était pas là, retournera à cet état. Comment et dans quel emballage allez-vous préserver la conscience ? Est-ce que quelqu’un peut dire : « J’étais là avant la conscience » ? C’est uniquement la conscience qui est créée.

Faute et vertu sont juste des mots. Quand quelqu’un entreprend la discrimination, les mots se sauvent. Seul le suprême Soi a la connaissance de comment le verbe fait l’expérience du verbe. Chacun est l’esclave du mental et de l’intellect. Votre vraie nature est antérieure à la conscience. Pouvez-vous préserver cette conscience ?

Dès maintenant, regardez cela avec discernement.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 25 juin 1978

Extrait  de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna.

Nirupana 38 – méditez sur votre Soi

soi nisargadatta maharaj

 

 Il n’y a pas d’autre Dieu que la conscience.

Méditez sur la sensation « Je suis ». Elle est le méditant lui-même. C’est si simple, et pourtant les gens pratiquent d’incroyables ascèses pour l’atteindre.

Comme Krishna, vous devriez aussi dire : « Tout ceci est Je. » Ce qui écoute est la conscience. N’êtes-vous pas conscient d’être ? Auparavant, vous n’existiez pas et n’étiez pas conscient de votre existence. Maintenant, vous savez que vous êtes et cette connaissance est conscience.

Méditez sur votre Soi, mais pas en tant qu’un corps limité.

Est-ce que la mémoire que vous êtes un homme ou une femme vous appartient ou appartient au corps ? Est-ce que cette mémoire est vous ?

À partir du moment où quelqu’un ressent « Je suis », les cinq éléments sont perçus dans la conscience. Poursuivre en qualifiant « Je suis » de « comme ceci » ou « comme cela » est ignorance. Le remède à cela est la recherche du Soi. Comme il est difficile de méditer directement sur la conscience, vénérez-la en tant que le Guru . Vous pouvez penser au Guru se tenant derrière vous, la lumière illuminant tout. Mais vous n’avez pas la capacité de vous imaginer vous-même, vous tenant derrière vous.

Les premières étapes de la méditation requièrent le support de la dualité.

Votre vraie identité n’a pas de forme corporelle. Tout deviendra clair quand vous réaliserez qu’il n’existe rien d’autre que vous. Là où se trouve Dieu, vous êtes ; là où vous êtes, Dieu est. Vous n’êtes pas dépendant du corps, ou de la connaissance dans le corps. Vous saisirez clairement sans aucun support que « Je suis éternel et le suis à jamais ».

Vénérez uniquement ce par quoi vous connaissez toute chose. La nature de Paramatman  est la vôtre, votre droit propre, votre propre existence.

Il n’y a pas de connaissance du Soi pour celui qui se considère comme un corps physique. Le Soi doit être réalisé avec une totale détermination.

C’est la raison de votre aspiration à venir ici.

Nisargadatta maharaj

jeudi 22 juin 1978

Extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 37 – Le Soi, notre véritable nature

nisargadatta maharaj soi

Dans les temps anciens, quoi que ce soit que le Guru avait à dire au disciple, il ne le disait qu’une seule fois. Quand ils se rencontraient à nouveau douze ans après, le disciple était prêt. La signification de cela est qu’il n’est pas nécessaire de revenir constamment auprès du Guru.

En tout premier, il y a le Soi, notre véritable nature. Puis la conscience apparaît. À travers elle, toutes les activités prennent place. Elles sont dé- pendantes de la mémoire. Mais rien ne reste pour toujours. Le fonctionnement dans son entier est tradition. Rare est celui qui s’y penche. La conscience, et tout ce qui est connu à travers elle, est par nature universel. Cela, qui en a la connaissance, est atomique et impénétrable. Tout ce qui est connu par la conscience est soumis au changement, et pour finir, la conscience elle-même disparaît. Alors qui est né et qui meurt ? Vous avez saisi toute chose dans la conscience. Mais la conscience a un début et une fin. C’est votre illusion de vous prendre pour ceci ou cela au sein de la conscience. Ce que vous connaissez par la conscience s’en ira. Alors, ultimement, quelle est l’utilité de ce que vous avez fait ?

Ce qui est créé est le lotus du cœur, ses pétales sont le monde. Depuis là, différents pollens sont créés. Mais leur source reste le lotus (la conscience la plus subtile est appelée le lotus du cœur.) Quoi que vous connaissiez fait partie de la conscience. Celui, qui sait que la conscience se lève et se couche, est libéré. Nous sommes prisonniers quand nous prenons ce que nous connaissons par la conscience pour vrai. Il lui a été donné le statut de Dieu. Si vous n’avez pas de conscience, où est Dieu ? Le Guru plante dans votre conscience la graine « Je suis Dieu ». Elle germe et grandit. Alors, le chercheur réalise que la forme (le corps, Dieu) n’a pas d’utilité. L’homme instruit, comme le simple croyant, est libéré. Seuls, ceux qui restent dans un entre-deux, continuent d’aller à tâtons.

Ne vous contentez pas de méditer, vivez en méditation. La parole du Guru est la seule Vérité. Accrochez-vous à cela. Le Guru vous dit : « Vous êtes pur Brahman », tenez-vous à cela. C’est la graine de conscience. N’oubliez pas que vous êtes conscience. Avec conviction, persistez fermement dans « Je suis Brahman ». Quelle est votre part dans le monde ? Alors, de quoi êtes-vous fier ?

Espoir et désir sont les huiles qui tiennent la lampe de la vie allumée. Quand les désirs et les espérances arrivent à leur fin, on s’éteint tout aussitôt. On ne meurt pas, mais on s’éteint comme une lampe (en tant que conscience identifiée.) D’après les Vedas, les pensées du dernier moment de la vie conditionnent la destination à venir. Par exemple, si un Hindou et un Musulman s’entretuent et ont l’attention fixée l’un sur l’autre, l’Hindou renaîtra en tant que Musulman et le Musulman en tant qu’Hindou, ainsi la bataille ne finit jamais.

Se remémorer le Guru veut dire se remémorer la conscience. Quand vous vous verrez en tant que conscience, vous viendrez à connaître comment tout est libre et ouvert. Vous et votre monde êtes vides. Les efforts que vous faites créent une interruption dans ceci. Votre conscience est comme une visiteuse (passagère). Le monde est vu à travers la conscience, mais la conscience ne restera pas. C’est un état passager. Alors, pourquoi être concerné par le monde ? Quand la conscience s’en va, est-ce que cela veut dire que vous mourez ? La conscience a reçu le statut de Dieu. Quand vous accédez à la nature de Dieu, vous comprenez que tout est irréel. Alors, vous êtes libéré de l’esclavage. Si tout effort est abandonné, il n’y aura plus d’interruption (les efforts entretiennent le mental, qui est une interruption.)

La conscience qui parle de Dieu et la conscience qui écoute ne sont pas différentes. Écouter les enseignements entraîne le détachement. La compagnie du corps ne dure pas. En outre, il change au fil des différentes étapes de la vie. La conscience n’a pas de forme, ainsi elle n’est ni homme, ni femme. Le sens « Je suis » dépend des cinq éléments. Vous souhaitez vous débarrasser de votre conscience identifiée ? Pour cela portez attention à la conscience qui écoute. Ce n’est pas important que vous soyez impliqué dans beaucoup d’activités ou non. Mais le concept « Je suis celui qui fait et je suis responsable de ces activités » doit dispa- raître. Votre conscience temporaire est plus subtile que l’espace. Vous êtes tout. L’identité que vous avez prise, quelle qu’elle soit, ne restera pas. Celui qui a la connaissance de cela est immortel.

Ce que vous connaissez existe uniquement au travers de la conscience. Elle expérimente la joie et la peine. Celui qui connaît la conscience est antérieur à l’expérience. La conscience est la naissance de Dieu. Souvenez- vous de cela (quand vous êtes amené à connaître « Je suis », Dieu naît).

La graine de Brahman est semée en vous à travers l’expression « Je suis ». Plus elle prendra racine, moins il y aura d’identification à un être humain. Dieu signifie la conscience, de même que votre sentiment d’être, de même que « Je suis ». Vos actions sont les actions de la conscience divine. Sans la réalisation du Soi, vous ne pouvez être un jnani.

La récitation du mantra est le rappel de notre véritable nature. C’est la méditation sur « Je suis ». Pratiquez cela. Cela ne requiert pas d’autre preuve. Les concepts mondains d’un individu déterminent son com- portement. Alors que votre conscience est naturelle et spontanée ; elle n’est pas le résultat de vos concepts et idées. Quand il n’y a plus de nécessité de « Je suis » ou de « Je devrais être », c’est la libération.

La mort est juste une peur projetée. Ce n’est pas matière à expérience. La mort du corps n’est pas votre mort.
Le concept précède l’action. Mais la conscience est sans concept antérieur. Ce qui n’était pas remarqué avant ça, est perçu en tant que « Je suis ». C’est encore lié au temps. Cela a une fin. Écouter l’histoire de Dieu, c’est écouter votre propre histoire. Quand vous êtes juste conscient de votre sentiment d’être, y a-t-il encore besoin de Dieu ou du monde ? Les mots ne peuvent pas décrire la réalisation du Soi.

Celui en qui Dieu s’incarne, est capable de discrimination. Cette connaissance ne peut venir par la récitation du mantra ou les ascèses (celles-ci ne sont pas utiles à la réalisation du Soi, mais le sont pour amener le mental au calme). Qui vous envoie ici ? N’est-ce pas votre propre Soi ? Où vous n’êtes pas, il n’y a pas de Dieu, pas de religion, et pas de monde. Là où vous êtes, tout est. Dieu est caractérisé par la connaissance. Vous êtes Cela en quoi toutes caractéristiques sont dissoutes.

Nisargadatta Maharaj

Dimanche 18 juin 1978

Extrait du Nirupana 37 de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj”

Nirupana 36 – Amour du Soi

Amour du Soi

  

La félicité qui arrive par la grâce du Sadguru ne peut venir de rien d’autre. La félicité que vous pouvez apprécier au moment de la mort est infiniment plus grande que la plus grande joie que vous pourriez expérimenter pendant votre vie. Le moment de mourir est le moment de la vie parfaite, le moment de l’immortalité. Tant que vous n’aurez pas embrassé cette connaissance, il n’y aura pas de paix. Vous pourrez parler de tout ceci à d’autres, mais vous ne serez pas empli de félicité. Contemplez le Soi, quel que soit le nom que vous lui donnez : Brahman, Guru, Dieu.

Partout dans le monde, les gens éprouvent de l’amour pour eux- mêmes. Parmi des millions d’êtres, rare est celui qui comprendra la signification de ceci. L’amour du Soi recherche le corps inlassablement, qu’il soit beau ou laid. Comment méditons-nous sur la conscience ? Cela se fait en ne gardant rien dans le mental. Rendez cela plus facile en l’appelant le Guru. Vous voulez toutes sortes de divertissements pour passer le temps. La Source de tout est l’amour du Soi. Toutes vos relations et possessions seront finalement dispersées. Accédez à la compréhension du Soi avant que cela n’arrive. Rechercher avec le mental n’est pas suffisant. Par contre, la discrimination vous l’apportera.

Ne blessez personne. Comportez-vous avec tolérance. Vous accéderez au pouvoir illimité de la tolérance. Endurez avec patience la critique et les harcèlements de l’un ou de l’autre. Ne censurez pas ces personnes par réaction. Toute la bêtise est due à l’égocentrisme. Les querelles sont dues à l’égocentrisme. Avec la réalisation, votre égocentrisme arrivera à sa fin.

Lui (Dieu), qui ne peut être trouvé dans le monde, se trouve dans le cœur du dévot. Le monde semble être à l’extérieur, mais il est vu depuis l’intérieur. La divinité dans le cœur, la divinité de la connaissance, est sans forme. Elle est comparable à la douceur du sucre. Krishna dit : « Je suis présent dans vos cœurs en tant que Bhagavan, le Lumineux. Il est conscience, Il est identique à vous. » Le soleil de la connaissance dans votre corps est ce par quoi vous avez la connaissance d’être. C’est la suprême dévotion. C’est non duel. On l’appelle l’amour. Tous les êtres vivants portent cette dévotion dans leur cœur, mais seuls les êtres humains peuvent en avoir la compréhension. Une personne occupée agit au travers de cette dévotion, mais ne le sait pas. La dévotion, c’est l’amour d’être. Elle est apparue sans le savoir. Elle protège le corps. Avez-vous réalisé que vous-même êtes cet amour ? Soyez présent à cette suprême dévotion et méditez sur elle. Dans un premier temps, cela peut sembler difficile. Pour cela, cette dévotion est appelée Dieu ou Guru.

Qui écoute maintenant ? N’est-ce pas l’amour dans le corps ? Celui qui a une connaissance directe de cet amour atteint l’état de Paramatman. Parce que vous vous prenez pour le corps, vous devez faire face à la misère jour après jour. Quelles que soient les expressions du corps, l’amour, la suprême dévotion, n’est jamais contrarié. L’amour du Soi dans le corps entretient la dévotion. Pour accéder à la connaissance de l’amour du Soi, méditez sur lui. Ce sont tous des noms donnés pour la compréhension des faits. Quoi de plus noble que la connaissance du Soi ?

Un être sur des millions méditera sur l’amour du Soi. Vous viendrez à connaître votre totalité au travers de l’amour du Soi ou à travers la dévotion. Pour qui endurez-vous ces épreuves et faites-vous ce travail laborieux ? N’est-ce pas pour cet amour ? Pour méditer sur l’amour du Soi, reconnaissez-le comme Dieu, Il a des milliers de noms. Cela, qui est vénéré et prié, est l’amour qui s’éclaire lui-même dans le corps. Rare est celui qui réalise qu’il est cet amour du Soi et que c’est ainsi que

Paramatman se manifeste Lui-même. L’amour du Soi est connaissance du Soi, qui est de la nature de Brahman. Pour combien de temps ? Aussi longtemps que la conscience est dans le corps.

On réalise l’amour du Soi en suivant la parole du Guru. Cela vous apportera l’éternité. L’univers, qui est infini, paraît alors comme une graine de sésame. C’est possible que vous ne connaissiez pas cet amour du Soi, mais sans lui vous n’existeriez pas. Krishna dit : « Je suis dans le cœur, mais je ne peux être trouvé sans dévotion. » Les gens vénèrent des représentations et sont en dévotion pour elles. Rare est celui qui fait preuve de dévotion pour la conscience directement. Cette dévotion est à l’œuvre en chacun ; l’amour de notre propre nature. L’amour qui vous réveille chaque matin est l’amour du Soi. Celui qui réalise cela atteint la perfection. Cet amour est naturellement dans le corps, il se ressent lui- même. Une fois que vous le réalisez, votre travail est terminé. Malgré toutes les tentatives, il ne peut ni être saisi, ni être lâché. Ainsi, il est de la même nature que le Guru.

Qu’est-ce qui fait que les êtres prennent soin d’eux ? N’est-ce pas l’amour du Soi ? De toute façon, cela reste passager. Il se produira une séparation d’avec ce que vous appelez vous-même. L’amour du Soi n’est concerné par rien d’autre. Il est sans attachement. Tout ce que vous avez connu s’en ira assurément. Vous êtes l’amour qui est sans forme, sans nom, et indestructible. Gardez cela présent. Une fois que vous en aurez la connaissance, les cinq éléments se mettront à votre service assurément.

Les gens sont incapables de saisir le profond secret de la vérité spirituelle. Chacun retire du plaisir de différentes activités. Quel plaisir avez-vous retiré de votre conscience ? Aimer un autre est commettre un adultère. N’aimez pas les autres avec votre amour du Soi. Aimez l’amour lui-même. Par une dévotion adultère, vous retirerez un bénéfice provisoire, mais vous ne serez pas heureux. Le monde dans son entier est débordant de votre amour et il est créé par votre amour. La foule dans la rue est l’amour sous formes humaines. C’est l’illusion primordiale ou mul-maya. Son action met en mouvement le monde entier. L’amour agit à travers tous les corps. De toute manière, il est puissamment identifié au corps.

Vous pouvez méditer sur une déité, mais le méditant est l’amour du Soi. L’expérience de cet amour est venue à vous sans être demandée ; tout dépend d’elle. Si vous répondez à cet amour, vous réaliserez que vous êtes perfection et éternité. Actuellement, vous pouvez uniquement le percevoir au travers des cinq éléments ; le sixième est Dieu. Pour atteindre l’amour, au travers de l’amour, des noms lui sont donnés. De multiples rituels sont célébrés pour reconnaître cet amour en tant que votre conscience – « Je suis ». Si avec détermination cet amour s’adore lui-même, cela revient au même que d’adorer tous les dieux et déités. Les noms des dieux et déités sont les noms de l’amour. Ils sont les formes de manifestation de l’amour.

N.M

jeudi 15 juin 1978

Extrait du Nirupana 36  de “Méditations avec sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 35 – pas d’activités

conscience Nisargadatta

Plus vous accédez à la compréhension de la spiritualité, plus vos besoins se réduisent. Quand un jiva meurt, cela veut dire que le sens « Je suis » prend fin. Pour saisir cela, il faut y être stabilisé. Quoi que soit à quoi vous vous identifiez, cela prendra fin. Le sentiment « Je suis », que vous avez pris pour si grand, ne durera pas.

L’état de veille émerge du sommeil profond. En même temps arrive la sensation « Je suis ». Quand le mental est occupé avec les activités quotidiennes, nous nous lions à ce que nous disons ou faisons. Autrement, le sentiment d’être, par lui-même, est détaché. À moins que nous nous donnions un nom, il n’y a pas d’activité. En réalité, personne ne fait, et aucune action n’est réellement vraie ; rien n’est fait.

Brahman est vrai puisqu’il n’a pas le sens d’être. Aussi longtemps que la conscience n’est pas comprise, on agit au travers du mental. Le vaste univers se déploie à partir du Brahma-randhra (chakra coronal). Toute connaissance provient du Brahma-atome et y retourne au final.

Celui qui considère sa conscience comme le Guru, n’a aucun rituel à suivre. Par le fait de prendre la parole du Guru pour autorité, on n’est plus prisonnier du cycle du karma. Ceci se produit spontanément. Toutes les affaires du monde sont le mouvement de Dieu. Le dévot ne fait pas de différence entre lui et le Guru. Considérez-vous en tant que pure conscience et comportez-vous en conséquence. Un simple dévot devient sans limite en se tenant à la parole du Guru. Par la récitation du mantra donné par le Guru, il devient un avec le Guru. Quand Dieu en soi est satisfait, Il offre le Guru en cadeau.

Par la dissolution de l’individualité, la peur de la mort s’en va. Toute identité que vous prendrez sera temporaire. L’identité donnée par le Guru, restera à jamais. Réaliser la conscience, dans un corps humain, est sans prix. Il n’y a personne de plus généreux que celui qui offre la connaissance du Soi. Si vous réalisez cela, il n’y aura plus de différence entre vous et le Guru. Vous deviendrez immortel.

Même sans mourir, vous avez peur de la mort. Il n’y aura jamais d’expérience de la mort en tant que telle. Pourtant la peur de la mort est là. Vous avez la connaissance de vous être éveillé. Est-ce que cela ne signifie pas que vous étiez là avant de vous éveiller ? Cette mémoire peut venir uniquement si un témoin est là antérieurement. Les cinq éléments sont la caractéristique de la mémoire « Je suis ». Ceci ne sera jamais capable de voir Celui qui est antérieur à la mémoire. Vous pouvez croire en Dieu, etc., mais cela n’a pas d’existence stable. Vous considérez votre mémoire « Je suis » comme vous-même. Il y a des milliers de mémoires ; sommes-nous ces mémoires ? Toute action est le résultat d’une mémoire, mais nous ne sommes pas la mémoire. La nature de la mémoire est d’oublier. Même la mémoire « Je suis Dieu » prend fin. Discriminez, délibérez sur ce point et soyez libre. Soyez libre de la mémoire « Je suis ». L’identification, en tant que femme ou homme, se fait uniquement sur cela. Qu’est-ce que cela signifie ? Comment cela s’est-il produit ? Si par la grâce du Guru quelqu’un comprend cela, il deviendra l’éternel Brahman. Est-ce que vos mots sont ceux d’un humain mortel ou ceux du Divin immortel ? Si vous faites vôtre juste une phrase de cet exposé, vous deviendrez immortel.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 11 juin 1978

extrait du Nirupana 35  de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 34 – ‘Je suis’ une expérience transitoire

je suis conscience

 Toutes les religions sont les religions de la tradition.

La vraie religion est de connaître la nature du Soi.

Soyez en Cela.

Celui qui est mort, a-t-il l’expérience d’être mort ? Quelqu’un d’autre dira qu’il est mort. C’est la tradition.

Ce qui voit, à travers celui qui connaît, est la conscience.

Dans cette vision se déroule toute cette performance.

Après la réalisation, il n’y a plus de place pour l’individualité.

Mais reste une mémoire, sous une forme ou une autre, d’être un individu.

La conscience qui s’est déployée dans tout l’univers n’appartient à personne en particulier.

Elle appartient à tous.

De toute manière, elle est passagère, temporaire, liée au temps.

Quand son temps est fini, ça s’en va.

N.M

jeudi 8 juin 1978

extrait du Nirupana 34 de ” méditations avec sri nisargadatta maharaja” éd. Aluna

Nirupana 33 – Naissance et connaissance

naissance connaissance nisargadattta maharaj

 Qu’est-ce qui est nécessaire pour reconnaître le Soi ? Est-ce le mental? Ce qui connaît le mental est la conscience.

Le Soi ne peut être connu qu’au travers de la conscience. Ici, l’intellect n’est d’aucune utilité. L’intellect est l’essence du mental collectif. La conscience doit être réalisée au travers de la conscience qui est antérieure au mental.

Vous dites que vous connaissez le flot du mental, et pourtant vous vous laissez emporter par lui. Cela est faux. Cela veut dire qu’il n’y a aucune conviction de ce que vous êtes, et tant que c’est le cas, la peur est là. Toute la grandeur du monde entier est dans le coeur d’un être humain. Malgré cela, il n’arrive pas à le comprendre. Il se considère comme le corps et souffre la misère. Tous les grands sages du monde le sont devenus en méditant sur leur propre conscience. Elle se déploie et révèle sa grandeur.

Cela qui était déjà là est venu à connaître « C’est ». Ceci est appelé la naissance. Le nom de maya  est donné à la naissance. Maya  est le comportement des gunas . Sa source est la conscience. C’est la connaissance créée à la naissance. La naissance implique être. Vous êtes antérieur à cette connaissance. Tout ceci est « l’activité sportive » de votre conscience. Quoi que ce soit qui est ressenti, imaginé ou connu n’est présentement pas vous. Celui qui connaît cela est le Soi. La création, le maintien, la dissolution de la conscience se passent sur la base du suprême Soi.

N.M

mardi 6 juin 1978

Extrait du Nirupana 33 de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 32- Conscience espace

conscience nisargadatta maharaj

 

 La forme de la conscience (« Je suis ») est espace. En tant que sans forme, avez-vous un quelconque besoin ?

Prenez l’espace pour votre identité. S’en tenir à cette identité en permanence est appelé une ascèse spirituelle. N’amenez pas d’humain dans cela. Une fois cela réalisé, est-ce qu’il y aurait encore un besoin de maison, de famille ?

De quel outil disposez-vous pour cette recherche ? N’est-ce pas la connaissance que vous êtes ? C’est le capital premier qui est déployé à travers le monde sous la forme des cinq éléments.

Krishna a aussi enseigné cette connaissance de différentes manières. Quel était Son capital ?

N’était-ce pas Sa conscience ? Pour la plupart des gens, le même capital est entaché par les concepts de péchés et de vertus. Que vous voyiez une déité ou un fantôme, il est vu dans la clarté de votre lumière. La plupart des enseignants recommandent des rites et rituels. Personne ne parle de telles évidences.

Si vous avez la conviction que l’espace est votre nature, y a-t-il encore gain ou perte ?

Celui qui connaît la conscience est antérieur à elle. Celui-ci, qui est antérieur à la conscience, ne peut être décrit en mots. Existence-conscience-félicité (sat-chit-ananda)  est la qualité de la connaissance.

C’est encore objectif. Celui qui connaît n’est pas un objet. Mon discours est ainsi parce que j’ai vu sat-chit-ananda  dans son essence.

La connaissance « Je suis » est félicité. Tant que vous n’aurez pas expérimenté ceci, vous ne serez pas à même d’appréhender le Soi. Dès lors que vous serez stabilisé dans le Soi, le commentaire permanent du mental s’arrêtera.

Nisargadatta maharaj

Dimanche 28 mai 1978

extrait du Nirupana 32 de ” Méditations avec sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 31 – connaissance et inconnaissable

conscience je suis Nisargadatta Maharaj connaissance et inconnaissable

20 avril 1978

 Ici, nous parlons uniquement de pourquoi nous avons besoin de notre sensation d’être et de quelle utilité elle est pour nous maintenant.

Ici, rien n’est évoqué au sujet du passé ou du futur.

Quoi que ce soit de connu arrivera à sa fin. Chacun a l’impression qu’il devrait « être », mais « être » ne reste pas indéfiniment.

« Nous sommes tels que nous apparaissons » – ce concept si profondément enraciné doit s’en aller. Nous devons réaliser le fait que nous ne sommes pas tels que nous apparaissons, mais que nous sommes comme nous nous voyons.

La croyance que nous allons mourir est fausse. Le connu deviendra inconnu.

Nous sommes par nature « inconnaissables ». Tout comme le fait que l’eau s’évapore, ou que le soleil se couche, ou que la lampe s’éteint, ne veut pas dire qu’il y a mort. Comprenez la mort comme ceci.

 Chacun devrait se considérer en tant que conscience et non pas en tant que corps. Tout ce qui dépend de la mémoire ne peut durer. Tout ce qui est connu sera oublié. Celui à qui la connaissance arrive est toujours en paix.

Nous n’allons pas mourir, mais ce qui est connu deviendra inconnaissable, cela ne sera plus perçu. L’inconnaissable est appelé Dieu, Brahman , etc. C’est tout un bazar de noms. Toute action est effectuée en vertu du nom. Considérez votre conscience en tant que Dieu, et vénérez-la comme vous l’a enseigné le Guru .

Toute action est simple divertissement. La nature du divertissement varie avec le temps.

La force vitale est une. À cause de la multitude des formes, chaque chose semble différente d’une autre. Chaque sage a une manière différente de se comporter. Il y a des milliers d’êtres humains, et chacun est différent. Il en est de même des Avatars  (incarnations). Par exemple, Rama est différent de Krishna. Les jours ont des noms différents, mais le soleil est le même.

Ce puzzle se solutionnera lentement, et finalement il ne restera plus trace d’ego.

N.M

Extrait du Nirupana 31 de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd.Aluna

Nirupana 30 – Action sans acteur

nisargadatta maharaja action sans acteur

 

dimanche 21 mai 1978

La canne à sucre est une plante. Quand sa forme change, elle de- vient du sucre. Qu’est ce qui se trouve au cœur de ce pur sucre ? N’est- ce pas la douceur ? Pareillement, il y a de la douceur dans le corps. C’est notre sensation d’être, sans forme mais avec une saveur. Dans le processus de la recherche, la conscience pure est dévoilée. Conscience pure signifie pur Sattva guna.

Ce qui est né, ce sont les gunas. Il ne s’agit pas de ma naissance. Même si Cela a des qualités, des formes multiples telles qu’homme ou femme, Cela reste antérieur à la naissance et à la mort. Comment Celui qui supporte tout l’univers pourrait-il mourir ? Tous nous avons un et même guna : la qualité d’être un jiva, la qualité de connaître, l’information « je suis ».

La qualité qui est comparable à l’espace est le Sattva guna. Quelle que soit la misère expérimentée, elle l’est uniquement par les gunas.

Gardez le silence et dites : « Je ne suis pas le corps. » Tout disparaîtra spontanément et votre vraie nature sera dévoilée. Je ne suis pas le Sattva guna (conscience) parce que je suis celui qui le connaît (Je suis antérieur à lui). J’étais déjà là avant que le corps me recouvre, mais je n’avais pas d’information.

Toute cette connaissance n’est pas honnête. La raison en est qu’elle est soumise au changement. La manifestation est appelée naissance. Mais la naissance de qui ? La manifestation est atomique, mais elle a engendré tout l’univers ! L’ignorance originelle est devenue une personne centenaire et dit : « Je suis devenu un mahatma (une grande âme). » Mais si cette ignorance (ou conscience) s’en va, alors quoi ?

Comment cela se passe-t-il quand vous faites l’expérience d’une bonne ou d’une mauvaise odeur ? Est-ce que cela se produit spontané- ment ? Qui fait cela ? Qui présente l’image que vous en avez ? Gardez- vous volontairement quelque chose en mémoire, ou est-ce que cela se fait de lui-même ? Toutes sortes de besoins arrivent avec le corps et font de nous des mendiants. Là où il n’y a pas conscience, il y a perfection. Là où il y a conscience du corps, Dieu (la conscience) est là, et là où se trouve Dieu il y a aussi un corps. (L’Absolu – Parabrahman est antérieur au deux.) Quand nous éprouvons de la peine, son origine est notre propre conscience. Là où il n’y a pas connaissance, il n’y a pas de formes, pas de gunas, pas d’actions. Concentrez-vous sur la conscience et rien d’autre. Quoi que vous fassiez sera une obstruction.

Chacun y a goûté (à la pure sensation « Je suis »), c’est une expérience transitoire. Ni le goût de Krishna, ni le goût de Shiva ne sont restés. Ils ont été des sages renommés, mais ils n’ont plus leur sentiment d’être.

La même force vitale est présente dans tous les corps. Cependant un corps n’en connaît pas un autre, bien que des millions de corps naissent à chaque instant. C’est l’aspect merveilleux de la force vitale (maya).

Quand Krishna évoquait sa propre nature de Soi, il ne faisait pas la description d’une personne. Krishna disait aussi : « Arjuna, tue tous les Kauravas ! Mais je dis qu’aucun d’eux ne mourra. »

Krishna transmit cette connaissance à Arjuna à l’occasion de cette situation de peur intense, mais est-ce que quelqu’un a pensé à comment Il l’a fait ? Bien que Krishna fût un enseignant véritable et renommé, Krishna, en tant qu’idole incarnée dans un corps, n’était qu’ignorance (la conscience de Krishna est la même connaissance, qui par nature est ignorance parce que changeante et éphémère. Par contre, Krishna ayant reconnu sa Vérité, était devenu un jnani).

Il n’existe rien dans le monde, excepté dans l’état d’ignorance qui est la plus grande fraude. Cette conscience elle-même est malhonnête. L’arbre du monde est venu à l’existence par la croissance de la racine de l’ignorance (la conscience-graine).

J’ai compris la raison du pourquoi de ce corps. C’est suffisant pour savoir que je ne suis pas cela. J’ai compris pourquoi l’accusation de naissance m’est tombée dessus. Restez en contemplation avec ceci : « Vous êtes pur Brahman, la mort ne vous concerne pas. Il n’y a rien ni personne à part vous. » Aussi, ne parlez pas en mal de quelqu’un, ne blâmez personne. Vous êtes la conscience subtile manifestée. Elle est la graine de l’univers, la graine de Brahman, la graine d’Atman.

Comment quelqu’un se comporte n’a aucune importance. Sachant qu’il n’est ni ceci, ni cela, celui-ci reste tranquille. Je ne suis même pas celui qui sait que « Je suis ». Il y a félicité quand « c’est comme ceci, ce n’est pas comme cela » s’en va. Une fois que le corps est oublié, on devient libre de la fierté de la conscience identifiée au corps. Quand la félicité devient impénétrable, compacte, alors elle n’est plus consciemment ressentie. Cette félicité n’est pas de celles que l’on peut oublier ou se rappeler. Le mental, l’intellect et la conscience ne peuvent pas évoquer le Soi suprême. Ils dictent des comportements, mais en sont- ils affectés ? Celui qui écoute, le fait par l’association du mental, de l’intellect et de la conscience. Mais, celui qui est félicité impénétrable est celui qui connaît le mental, l’intellect et la conscience. Il n’est pas affecté par eux.

Celui qui dit que sa forme est le corps devrait être honteux. Combien d’efforts pour préserver l’honneur et repousser la honte ? Les gunas appartiennent au mental, à l’intellect et à la conscience. Il ne peut y avoir d’action sans eux. Notre personnalité veut dire notre façon de nous comporter en fonction d’impressions antérieures. Vous vous situez dans l’ensemble du mental, de l’intellect et de la conscience. La félicité n’est pas là. Celui qui est dans un état de félicité impénétrable n’est soumis à aucune règle de conduite.

Connaissance directe veut dire votre propre Soi. Il n’y a alors plus d’enseignement ou d’enseignant. Ce qui se manifeste n’est d’aucune utilité, ni pour le bien, ni pour le mal. Jusqu’à ce que vous transcendiez la conscience, le sentiment d’être celui qui fait perdurera. Le corps ne se présente qu’à l’existence. L’existence et les rêves sont la même chose, et tout est perçu et imaginé dans cela. Tant que ce « Je suis » n’était pas connu, il n’y avait aucune interruption dans l’intense félicité. Le rêve paraît réel, mais il n’est pas vrai et il est malhonnête. « Je suis » n’a pas de limite ou de norme. Vous devez juste saisir cela une bonne fois et alors il n’y aura plus du tout d’intérêt pour le corps. Ce « Je suis » est un état passager. Il est emprunté. L’existence veut dire la sensation d’être. Cela ne durera pas. Rare est celui qui, avec l’aide du Guru, connaît l’existence. Il devient intemporel. Sans la grâce du Guru, cette conscience ne se stabiliserait pas. Même avec cette connaissance, rare est celui qui se libère de l’identification au corps telle que « Je suis un homme, je suis une femme ». Les autres meurent avec cette identification.

Au sein de cette vaste Conscience, il n’y a pas d’organisation religieuse, pas de karma, pas de temps. Elle est antérieure à la sensation « Je suis ». N’essayez pas de la connaître, mais tenez bon ce que vous avez entendu. C’est l’état naturel où il n’y a pas la mémoire « Je suis le corps ». Celui qui s’y trouve, reste dans son état d’être naturel. Celui qui tient la parole du Guru par-dessus tout, obtiendra une facilité et atteindra l’état de Brahman. Même quand il y a connaissance de Brahman, ce n’est pas pour autant infini ou vrai. En tant qu’expérience, cela ne peut durer. Tout est Brahman ; tout est empli de félicité et de paix. Dans tous les cas, le sentiment d’individualité est miséreux. Souvenez-vous de cela.

Nirupana 30 de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna