Nirupana 29 – le temps

nisargadatta Nirupana 29

 

dimanche 24 mai 1978

Le temps apparaît avec « Je suis » et alors tout arrive. Quand il dis- paraît, rien ne reste. Ce n’est pas possible d’être totalement sans préoccupation, parce que c’est inhérent à la nature du temps. Nous sommes juste des spectateurs impuissants. Les choses arrivent telles qu’il se doit. Toutes les affaires du monde se font spontanément. Rare est celui qui examinera et délibérera sur cette question. Nous évoluons dans notre vie quotidienne uniquement sur la base de ce que nous avons lu et entendu ( Maharaj dit que chacun d’entre nous est conscience pure, un témoin passif. Les impressions enregistrées dans la mémoire sont à l’origine de toutes les activités. Cela se fait automatiquement). Nous avons oublié notre vraie nature. Notre comportement est celui d’un roi se comportant comme un mendiant dans un rêve. À l’état de veille, nous avons la connaissance, mais il y a aussi l’enchevêtrement des trois gunas.

Menez à bien vos activités quotidiennes mais rappelez-vous qu’elles sont éphémères. Il est dit que Dieu créa le monde. C’est notre propre conscience. Elle est sans forme. Quand cela est réalisé, le travail est accompli. Évoquez-vous libre et sans corps. Contemplez le contemplateur.

Tout est dit par le verbe, au verbe, à travers le verbe. Toutefois, votre véritable nature est différente. Votre verbe pur vous purifiera-t- il, ou sera-t-il lui-même purifié ? Y a-t-il une seule part de vous qui ait besoin d’être purifiée ? Vous ne pourrez réaliser cela tant qu’il y a le désir suivant : « Mon bien-être doit être atteint » ou « Je dois en retirer quelque bénéfice ». La Vérité ne peut pas être un objet de connais- sance. Tout ce qui est passager ne peut être qu’un objet à connaître. Tant qu’il n’y a pas de silence dans la méditation, le niveau correct n’est pas atteint. (Par la méditation, il y a oubli de soi.) Le mental coule uniquement s’il y a des impressions. Peut-il penser à des choses dont il n’a pas connaissance ?

Paramatman évoque l’expérience de comment il s’est fait conscient Lui-même. Tant que vous allez en tant que conscience identifiée, en tant que forme corporelle, votre identification est celle d’un jiva. Jiva et Shiva sont deux noms donnés pour l’état où il y a action. Les capacités du jiva sont limitées au corps. Shiva (conscience pure) est sans forme et sans attachement. La compréhension atteinte par l’écoute est Parabrahman. La croyance que vous êtes le corps est l’illusion. Aucune action ne peut modifier le fait que vous êtes conscience pure. La racine de maya est la conscience par laquelle vous vous connaissez.

Notre vraie nature nous est inconnue. Comment pouvons-nous parler de ce qui nous est inconnu ? Alors, les Écritures se taisent. « Propre et sans tache » ne veut pas dire blanc. Même la blancheur est impure. Le lotus qui sort du nombril (la Source) symbolise notre conscience. À partir de la conscience, les cinq éléments (incluant l’espace) sont créés. Quand vous n’aviez pas la connaissance de votre conscience, y avait-il la moindre peur ? La conscience à travers laquelle le monde dans son entier a été créé, pouvez-vous la saisir avec vos sens ?

Si vous retenez ce que vous écoutez maintenant, il n’y a rien dans le monde qui puisse vous faire du mal. Pourquoi ? Parce que vous aurez saisi la signification du Soi. Le sans-naissance n’est jamais né. Cependant, la conscience est créée. L’impression du corps est très pro- fondément enracinée ; il est difficile de la rendre plus légère. C’est pourquoi il est difficile de se rappeler ceci (depuis l’enfance, nous sommes intimement identifiés au corps. Maintenant nous ne pouvons même pas imaginer que notre vraie nature est sans forme). Le remède à cela est le mantra donné par le Guru et la foi dans le Guru. Est-ce que le monde de rêve peut être créé par un effort personnel ? Il s’est créé seul et bouge de la sorte. La signification du silence sans mots est « Je suis éveillé ». Ceci est suivi par les activités mondaines avec des noms et des caractéristiques. Au réveil, quand nous sentons « Je suis », le monde est créé.

Votre grand inconfort est votre conscience. Elle est comme l’enfant d’une femme stérile (non existant). Ce qui n’est pas imaginé ne se matérialise pas. Si vous ne comprenez pas, au moins soyez respectueux envers la conscience qui écoute. Considérez-la comme les pieds bénis du Guru. Avez-vous saisi la signification de la naissance de Brahman au lotus du nombril ?

Toute l’intelligence du monde vient de l’imitation. Par exemple, ceux qui sont amateurs de films se comportent pareillement à ce qu’ils voient dans les films. De la même façon, regardez le film de la conscience attentivement, correctement. Alors, vous irez au-delà du film. Toute cette information provient de la connaissance qui écoute. Tout est le résultat du jeu de la conscience. La saveur de notre être à la Source est Lui, Sri Hari, qui ne peut pas être vu comme quelqu’un ou quelque chose. Vous êtes dans le corps mais vous êtes invisible par nature. Votre vraie nature est invisible pour les yeux. Si vous êtes ainsi, aucun esclavage ne vous concerne.

Qu’est-ce qu’un être libre ? La réponse est : « C’est celui qui écoute maintenant. » Quand vous entendez ceci, vous devez ressentir : « Oh ! En est-il ainsi ? » Aussi longtemps que vous vous considérerez comme le corps, tout sera vrai. Quand vous réalisez que vous n’êtes pas le corps, vous savez que tout est « mot » uniquement. (Il n’y a que les mots et rien d’autre). La signification du mot se révélera vraie, en accord avec ce que vous voulez, ou avec votre insistance. Insistez sur le mot, et alors il se manifestera. Quoi que vous direz se produira.

La vénération par le mental est la vénération de l’espace, par l’es- pace. La dévotion mentale est plus grande que la dévotion avec le corps. Avant que tout cela se produise, j’étais là. Si je suis la cause de toute chose, alors quelle est l’utilité de tout cela ? Ce qui se passe, c’est que cette manifestation imprègne tout et il ne reste plus d’individualité. ( Maharaj veut dire que la réalisation n’est d’aucune utilité pour celui qui la cherche. Quand elle arrive, il n’est plus là pour l’apprécier). Quand l’espace et « Je » ne sont plus différents, où que j’aille sera le lieu où je suis déjà présent. Si vous allez en tant que corps, ce n’est plus vrai.

Si vous percevez ceci, pouvez-vous encore mourir ? La forme de votre conscience est l’espace. Celui qui connaît, c’est vous. La manière dont « Je suis » évolue, est appelée « sport », maya. Ce n’est pas réel.

Sport veut dire amusement, là où il n’y a ni gain ni perte.

Extrait de Nirupana 29 “Méditations avec Sri Nisrgadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 28 – Paix

Nisargadatta paix

Nirupana 28

samedi 13 mai 1978

Les mots du Jnani sont tous empreints de l’essence des Vedas. Rien n’est à vous. Ce qui doit arriver, arrivera, quand cela doit se produire. L’identification en tant qu’homme ou femme est une ombre sur la conscience. Elle demande à être retirée. Rien d’autre ne doit être fait. Vous êtes déjà parfait. Les affaires du monde dépendent des noms et des formes. Quand il n’y a pas d’identification au corps, ni au genre masculin ou féminin, les causes et effets des relations n’ont plus de pouvoir sur vous. Alors qu’avez-vous à perdre ?

Quelle était la satisfaction des sages de l’Himalaya qui ont vécu des milliers d’années ? Est-ce qu’ils savouraient leur conscience, ou bien un doux sommeil ?

Mon samâdhi est sans fin. Je suis en samâdhi depuis des temps infinis. En ce moment il y a de la connaissance. Quand il n’y a pas de mots, qu’est-ce que vous pouvez nommer comme étant vous-même ? Toute chose dépend de pour quoi vous vous prenez. C’est la raison pour laquelle le verbe est tout puissant. Quand vous prenez votre bain à votre domicile, il est coutumier de dire : « Jaï Ganga, Jaï Ganga. » Est-ce que cette eau du robinet vient réellement du Gange ? Votre parole elle-même est le Gange ? Celui sur qui l’eau est déversée, est Celui qui rend le Gange sacré.

Il ne peut jamais être un objet pour lui-même. Il n’a pas la sensation qu’il est. Quand il y a la certitude de n’être ni homme, ni femme, alors le Soi est. Peut-il y avoir alors la moindre pensée de gain ou de perte ? Les incarnations passées, que vous adorez tant, ne sont pas conscientes de votre dévotion. Aujourd’hui, Krishna et Arjuna ne se connaissent pas. Patience, foi et détermination sont nécessaires. La fréquentation d’un sage revient à fréquenter la paix. C’est antérieur à la conscience. Chida- nanda (conscience-félicité) porte une sensation de dualité. Elle est plaisir. Elle est mouvement. Elle est là, avec la connaissance « je suis ». Dans la non-dualité (la non-manifestation), il n’y a pas de trace de gunas. C’est pourquoi, il ne s’y trouve pas de félicité non plus. Il n’y a pas de connaissance dans l’état suprême. Quand on ne sait pas que l’on est, il y a une paix infinie. Tout ce qui a été disparaîtra. Réalisez le Soi avant cette échéance. Il n’y a pas de paix dans la connaissance. Le mental lui-même est l’absence de paix. LUI (en tant qu’Absolu) sera toujours là quand des milliards de soleil seront apparus et disparus. Ô combien tout- puissant est-Il ? Sa puissance est la vôtre quand vous ne vous connaissez pas (avant l’apparition de la conscience).

L’apparition du verbe signifie l’apparition du ciel (espace). Le fait que vous soyez est l’apparition du temps.

Ne restez pas collé à ce qui vous a été enseigné, ou que vous avez appris. Vous pourriez même avoir à vous en débarrasser.

Extrait de “Méditations avec sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 27 – Une vie de rêve

Nisargadatta maharaja rêve

Un acte répréhensible peut se transformer en acte vertueux, et un acte vertueux devenir répréhensible. Par exemple, quelqu’un pourrait vouloir nourrir un millier de brahmines pour acquérir du mérite. La nourriture pourrait être empoisonnée accidentellement, et causer un préjudice à ces personnes. Il en est ainsi de la destinée.

Tous les noms ont une durée limitée. Quand ce qui est imaginaire est effacé, que reste-t-il ?

L’expérience de Dieu (la conscience) est là tant qu’il y a vie. Quoi qu’il en soit, Je suis intemporel. Cependant, mon état véritable doit encore être décrit par relation avec quelque chose. Le non manifesté devient manifesté avec la sensation « Je suis ». Dans la prison de ce concept, quatre-vingt- un ans se sont écoulés. Il n’y a rien de comparable à l’expérience « moi réalisant Dieu » ou « Dieu me connaissant ». Ce ne sont pourtant que des ouï-dire. Dieu n’est qu’un concept. Tous les concepts sont limités au temps. Mon état infini est sans désirs et sans pensées. Le concept « Je suis » est venu, sans attente, et avec lui le monde. Un roi rêve pendant cinq minutes. Dans ce rêve il est mendiant pendant cent ans ! Quand il se réveille, il est à nouveau le roi comme auparavant. Le rêve « Je suis » est momentané. Dans ce rêve, nombreux sont ceux qui m’encensent, nombreux aussi sont ceux qui me molestent. Cela ne m’affecte pas. Toujours, je suis parfait.

C’est un accident que vous soyez soudainement venu à la connais- sance d’exister. Je dis au gens de faire quelque chose pour qu’ils aient une raison de vivre. Quand un homme meurt, cela signifie que son corps est arrivé à sa fin. Prana l’a quitté. Celui qui est mort, était-il différent deprana ? Quand prana (sous une forme individuelle) s’immerge dans le prana universel, il s’oublie lui-même. Sans prana il n’y a pas d’existence.

Les gens ont toutes sortes de suggestions sur ce qui devrait être fait. Ils sont comme un bambou creux. Qui décide du comportement juste ? Tout ceci est une grande fraude. C’est l’illusion primordiale – maya. Ce qui n’empêchera pas quelqu’un de dire : « Dis la vérité, fais ceci, ne fais pas ça ! » C’est à cause de cette grande fraude que vous avez la sen- sation d’être et que vous vous prenez pour un homme ou une femme.

Votre conscience est de la nature de l’espace. La connaissance qui est venue à vous, sans savoir comment, est votre conscience. De quoi êtes-vous le témoin en premier ? De la conscience que vous êtes, et ensuite vient le monde. L’apparence d’un être humain est l’apparence de Brahman incarné. Saisissez Cela qui est connu avant toutes choses. C’est Celui qui écoute. Quelle est la différence entre vous et le monde ? Est-ce que votre lumière est différente de la lumière du soleil ou du ciel ?

C’est l’espace de conscience (chidakash) dans lequel « Je suis » apparaît. La conscience est la certitude de notre propre nature. Prenez bien soin de votre corps. Dans tous les cas, soyez certain de votre vraie nature. L’amour et la dévotion sont les noms de la connaissance « Je suis ». C’est la connaissance pure, non reçue de quelqu’un d’autre. Elle arrive sans avoir été demandée. Tenez fermement cette connaissance. Il s’agit de celui qui écoute. Il s’agit de votre vraie nature. L’enseignement offert à qui se vit en tant que conscience identifiée, part à la poubelle. Pendant ce temps, la fierté portée au corps continue de croître.

Un enfant qui n’est pas encore né, joue joyeusement dans la force vitale. Il n’y a pas de différence entre la force vitale d’un enfant qui n’est pas né et celle de celui qui est né. Vous ne pouvez pas dire que celui qui n’est pas né n’existe pas. Il joue joyeusement dans la totalité de la conscience (Maharaj considère la naissance comme le moment d’apparition du temps). Méditez sur la conscience. Elle est dans le corps. Elle n’est pas le corps. Tout est vu en vertu de cela. Tous les noms ap- partiennent à la conscience. Le monde est là pour la distraction de ce concept. Vous développerez la foi en Vous, si vous avez foi dans le Guru.

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Quand la foi s’installe, la juste connaissance arrive. Il n’y a pas de différence entre nous. Si quelqu’un est sans forme, où se logerait la fierté d’une action ?

Du point de vue du jnani, le monde n’a jamais été créé. Tout ce qui est vu est faux. La couverture, qu’est votre corps, n’est pas ce que vous êtes. Vous êtes la conscience lumineuse en lui. Vous pouvez vous iden- tifier avec ceci ou cela qui est expérimenté dans la conscience. Celui qui connaît la conscience est parfait. Il est sans désir. Cette véritable situation ne peut pas pour autant être décrite, par le fait qu’elle est sans caractéristique, sans couleur. Par la foi dans la parole du Guru, la réalisation ne vacillera jamais.

Nisargadatta Maharaj

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 26 – Lumière du Soi

Nisargadatta maharaj

L’univers entier se joue dans une unique cellule de votre corps subtil (la conscience-graine.) Ce qui est vu avec vos yeux clos est le bleu nuit de l’Absolu. C’est l’ombre du corps subtil. Celui qui a une conscience identifiée ne peut pas comprendre ceci. Avant tout, vous devez atteindre la conscience divine par la méditation. Vous devez être convaincu que « Je ne suis pas un individu, je suis Dieu ». Par la transformation de l’intellect, l’ego disparaît. Tout ce qui est recherché est déjà à la Source. À cause d’une mauvaise compréhension, Cela se médite. Qu’est-ce qui a plus d’intérêt à être vénéré ? N’est-ce pas la connaissance « Je suis », votre conscience ? Seul Paramatmam existe, rien d’autre.

Ce qui est appelé la naissance, est véritablement la naissance des trois gunas. Le cœur des gunas est sans dualité. Une lampe requiert de l’huile. De la même façon, la conscience présuppose l’existence de Paramatman. Tant que jiva a l’expérience de faire bien ou mal, il n’a pas atteint l’état de Paramatman. Votre conscience est l’essence de la douceur. Elle est la preuve de l’existence de Paramatman.

Que pouvez-vous faire par vous-même ? Pouvez-vous dormir ? Pouvez-vous vous réveiller ? Pouvez-vous déféquer ou uriner ? Alors, que vaut la fierté de se prendre pour l’acteur ? La force vitale avec ses trois gunas est elle-même l’indicatrice de Paramatman. À cause de maya, chaque jiva pense qu’il est responsable de ses actions dans le monde.

C’est faux. L’enfance et la jeunesse sont venues et sont parties. Qu’est- ce qui reste de cela en tant que vous ?

Est-ce que votre propre compagnie durera indéfiniment ? La raison de cette situation est maya. Quand, à travers votre propre expérience, vous aurez la preuve que le concept « Je suis le corps » est faux, vous connaîtrez la nature de Paramatman.

Je ne parle pas à votre corps. D’ailleurs, vous ne devriez pas non plus parler en tant que corps. Laissez le corps être. Veillez sur lui. Dès à présent, ayez connaissance de qui quittera le corps, maintenant que vous n’êtes plus le corps mais celui qui connaît le corps. Soyez totale- ment attentif. Soyez présent au fait que vous êtes la lumière, et ensuite agissez. La conscience est une lampe, la source de lumière. Voyez-vous le ciel grâce à cette lumière où êtes-vous vu à cause du ciel ?

Discernez ceci. Rendez-vous à la Source qui est antérieure à l’espace. Est-ce que votre vue est entachée ? Est-ce que l’espace à un quel- conque trou en lui ? Est-ce que la vision de vos yeux n’est pas la vision du Soi lui-même ? Est-ce que cette lumière est mâle ou femelle ? C’est parce que vous l’utilisez avec le concept du corps, que la peur de mourir apparaît. Vous souhaitez et espérez tant de choses ! Mais pourquoi ne pas vous rendre à la Source ? Est-ce que quelqu’un a vu la lumière du Soi mourir ?

Vous devez entendre tout ceci du Sadguru. La libération vient de l’écoute. Elle ne peut pas être connue par les japas et les austérités. Quand les mots du Sadguru sont compris et retenus, la perfection arrive sans effort. Par le mantra qui vous a été donné, il vous a été demandé de vous ouvrir au Divin en vous. Vous êtes le Soi ; il n’est pas question de l’atteindre. La lumière du Soi est immaculée. Il n’y a que lumière. Com- ment y trouver la mort ? Qui écoute maintenant ? Celui qui écoute est votre Soi. Quand la conscience s’oublie, il y a la paix. L’Absolu, bleu profond tel que vu les yeux fermés, est semblable à l’espace. Il n’y a pas d’interruption en Lui. Il imprègne tout. Suivez avec dévotion ce que dit le Guru et vous réaliserez que vous êtes conscience. Quand l’ombre bleutée disparaît, reste le vide. C’est l’état d’être totalement témoin. C’est le quatrième état – « Je suis tout ce que je vois » . Votre conscience est le parfum de l’Absolu. L’Absolu contient un nombre infini d’univers.

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Beaucoup de personnes peuvent avoir une conception intellectuelle de Brahman. Cependant, exceptionnellement, une sur des millions suit le Sadguru. Il n’y a pas de plus grande fortune que la connaissance du Soi.

Vous avez commis une grande faute en vous appelant le corps. Alors, cet Absolu devient pour vous la fameuse mort dans vos derniers instants. Qui d’autre est là que Lui au moment de la mort ? Prenez votre décision, faites votre choix. Ne dépendez pas de l’avis des autres. Vous devez vénérer cette connaissance, qui arrive par l’écoute de la parole du Guru. Vous verrez une multitude d’univers se jouant dans votre conscience. Il n’y a pas d’autre déité derrière la connaissance du Soi. Il n’y a pas de plus grand malheur que de ne pas le réaliser. La connaissance du Soi est, elle-même, l’état de Paramatman – la demeure de la libération.

Si quelqu’un pose par écrit mes mots, et prend le temps de les mâcher, Il atteindra l’état de Paramatman sans effort.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 27 avril 1978

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd.Aluna

Nirupana 25 – un océan de félicité

félicité Soi Nisargadatta

 Jetez loin tout concept tel que « J’ai acquis une grande valeur» ou « Je suis un grand pécheur ».

Quelle est l’entité qui ressent cela ? La conscience identifiée ne lâchera pas sa prise sur vous, tant que seront présentes des pensées qui suggèrent que votre bien-être est le résultat d’une pratique spirituelle.

La seule chose que vous ayez à faire est de constamment être présent au Soi. Ne créez pas d’amitiés avec quoi que ce soit qui vous soit perceptible (ne laissez pas les choses du monde vous attirer).

Si vous avez à agir, ne faites qu’une chose : satisfaire la conscience. Elle est très reconnaissante. Elle vous montrera directement tout ce qui EST. Vous réaliserez que l’immense manifestation n’a jamais existé. Vous êtes si microscopique que vous ne pouvez pas vous voir au travers de vos connaissances. Prenez les paroles du Guru  pour autorité. Vous n’avez pas de corps. Ce qui est antérieur à la conscience est une paix sans fond.

Rendez-vous à elle. Ne faites pas d’une félicité éternelle un objet. Vous êtes antérieur aux objets. Le moment de la mort est le plus empli de grâce. Il n’y a rien à gagner d’autre dans ce monde que la mort. L’ironie est que là où il y a la peur de la mort, juste à cet endroit, se trouve un océan de félicité.

N.M

dimanche 23 avril 1978

Nirupana 25 extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 24 – la parole du Guru

la parole du guru

 Nisargadatta Maharaj

jeudi 20 avril 1978

Est-ce une petite chose que de connaître votre existence ? N’est- ce pas vous seul qui connaissez cela ? Alors unissez-vous à votre conscience. Voyez quel miracle arrive ! La spiritualité est simple. Le reste est total divertissement. Les mots qui apparaissent dans votre mental auront un effet certain sur vous. Il est évident que tout est faux, alors qu’y a-t-il encore à nier ? Même s’il n’y a plus rien dans le monde, il reste encore l’illusion !
Il est difficile d’avoir l’opportunité d’écouter cette sorte de connaissance. L’apprécier est encore plus important. C’est celui qui vit sa der- nière naissance qui vient à moi.

Ce qui n’est pas stable est appelé une étape. Le samâdhi est aussi une étape. Ce qui est vénéré par tout le monde, et digne d’adoration, est pareil à vous. Ce serait vraiment malheureux que vous ne l’acceptiez pas. Dévotion signifie union. Soyez unifié dans votre sensation d’Être. Alors, le travail est fait. Toutes méthodes, philosophies, ou rituels, ne sont d’aucune utilité. L’acquisition de pouvoirs spéciaux à travers différentes pratiques yogiques est un obstacle. Cela crée une fierté sans valeur.

Aussi longtemps que la peur est présente, il ne peut y avoir de dévotion. Jnana signifie dévotion. Ceci est aussi la dévotion. Est-ce que quelqu’un sait ce qui a amené cette connaissance à la conscience ? Quand la conscience s’en va, tout arrive à sa fin. Krishna dit : « Ma dévotion ne peut se pratiquer à travers les japa-s ou les austérités, elle peut seulement se pratiquer par l’observation de la parole du Guru. C’est la plus grande dévotion qui soit. »

La parole du Guru dit : « Vous n’êtes pas le corps, vous êtes la conscience dans le corps. »

Qui prend soin de qui ? N’est-ce pas la conscience qui prend soin d’elle ? La conscience se dissout dans l’état de Paramatman. Le temps ne l’affecte pas. Après la réalisation du Soi, aucune trace d’ego ne sub- sistera en vous, telle que « Je suis comme ceci, je suis comme cela ». Accrochez-vous aux mots du Guru : « Je suis la pure conscience qui s’éclaire elle-même. » Ensuite, vous pouvez vous impliquer dans toutes les activités du monde.

Pendant le sommeil, rappelez-vous les mots du Guru. Pendant le sommeil profond, il n’y a pas de conscience identifiée ; ainsi l’identifi- cation est rompue. Recommencez de même quand vous vous réveillez. Dieu est présent là où vous êtes. Sans les dévots où est Dieu ? Restez en votre Soi. Ne vous impliquez pas avec les autres. Pratiquez une dévo- tion non duelle. Ceci n’est pas prisonnier du temps. Ceci est sans ego. Vous connaîtrez comment les cinq éléments sont créés au travers de la conscience, au travers de vous.

Silencieusement, répétez votre mantra. La méditation doit être une avec votre propre nature. Lentement, le mental va se purifier. La conscience sans forme se découvrira et votre vraie nature pourra être comprise. Avant d’en arriver là, les rituels peuvent être pratiqués. Vous en arriverez à connaître que vous êtes là spontanément. Dieu n’est pas plus grand que le Sadguru. Quand vous réalisez la conscience, vous réalisez l’état de Brahman.

Le mental a toujours besoin de comparer. Laissez la grandeur aux autres. Devenez si petit que personne ne puisse vous voir. La conviction qui vient d’une dévotion toujours plus grande à Paramatman est « Je suis sans forme, Brahman seul » . Ce que vous êtes en train d’écouter est la description de la connaissance pure.

Par la dévotion au Guru, vous viendrez à connaître que vous êtes Cela. Soyez sans faille dans votre détermination ; vous êtes conscience pure, sans forme.

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Nirupana 24 de “ méditations avec Sri nisargadatta maharaj” aux éd. Aluna

Nirupana 23 – mourir un temps de grande joie

mourir un temps de grande joie

À l’occasion de l’anniversaire de naissance de Sri Bhausaheb Maharaj, le Guru du Guru de Nisargadatta.

À la gloire de la dévotion portée à Bhausaheb Maharaj, que tant d’entre vous ont rencontré ici. Si vous ne pouvez pas apprécier toute la valeur des enseignements du Guru, tout le reste sera fait en vain. Ils vous sont transmis en raison de leur grande valeur. Une telle conviction effacera votre ignorance. La ferme confiance dans les paroles du Guru amène à la connaissance du Soi. Vous êtes Parabrahman en qui le verbe se dissout pour ne rien laisser. Lui seul est. Il n’est ni le Guru, ni le disciple, ni Dieu.

La dévotion que développe la plupart des gens a pour objet de satisfaire leurs besoins mondains. De tels dévots ne peuvent pas réaliser le Soi. Au minimum, avant de vous endormir, dites : « Je suis Paramatman. » Vous êtes Paramatman. Il a été appelé par tant de noms. Il a eu tant d’incarnations et il en aura encore plus dans le futur. Vous êtes l’Atman de toutes ces incarnations. Le mot Atman signifie « Je ». Quoi qu’il arrive dans le monde, c’est à cause de « Je ». Je dois être présent avant toute chose. Aussi, vous êtes le Soi universel. Vous êtes le Paramatman. Il est ni prisonnier, ni libre. Mais à la place, vous avez embrassé la conscience identifiée au corps. Vous êtes attaché à votre identité.

Ce que vous écoutez est simple et familier. Ayez une foi totale dans la parole du Guru. De cette façon vous deviendrez Brahman. Paramatman n’a même pas la connaissance qu’Il est. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il est endormi. Quand vous dites que vous avez bien dormi, qui en était le témoin ? Qui connaît « Je suis » ? Alors quel peut encore être le sens de « il s’est réveillé » ? Comment est-ce possible ? C’est le résultat de maya. Chacun d’entre nous connaît les réponses à ces questions, mais nous ne croyons pas qu’il en est ainsi. La conscience identifiée vous cajole.

C’est un voyage dans la conscience. Vous êtes celui qui la connaît. (Vous êtes antérieur à la conscience en tant que témoin passif). Le fait de savoir que vous êtes est le principal obstacle. Pour supprimer cet obstacle, dans un premier temps, voyez-le comme tel. Votre existence ou votre sensation « Je suis » est l’obstacle. C’est Dieu Lui-même. C’est de cette manière que vous devez le vénérer. Quand Il est satisfait, Il vous offre la vraie connaissance. Voyez que vous êtes Paramatman. Ne pensez pas être séparé de Lui. La séparation est uniquement le concept de la conscience identifiée. Si ma lumière est sans tache, comment pourrais-je être teinté ?

Le moment de mourir est un temps de grande joie. Pour la conscience individuelle identifiée, il s’agit de la mort. Quand vous mourrez en disant que vous êtes pure lumière, vous serez libre.

L’instant de la mort, si terrifiant, devient un moment joyeux par la dévotion au Guru. C’est toute la grandeur de la parole du Guru. Prenez en exemple le bonheur ressenti par celui qui plonge dans le sommeil. L’expérience de joie ou de peine survient par la présence de la conscience. Elle devient pure joie par la grâce du Guru. La joie procurée par le départ de la force vitale du corps ne peut être exprimée par des mots.

Les affaires du monde ne sont pas vraies. Alors à quoi faut-il renoncer ? Poursuivez vos activités quotidiennes comme vous aimez le faire. Souvenez-vous de la parole du Guru, pas intellectuellement, mais présentement. Une fois convaincu de votre vraie nature, vous ne serez plus concerné par la calomnie. Par votre lumière, vous pouvez observer toutes les autres lumières du monde. Comment cette lumière pourrait- elle se teinter ? Sans passer par les mots, réalisez qu’il n’y a pas de Dieu, ou autre Brahman, en dehors de vous. Gardez cela présent, sans mots. C’est la parole du Guru. Celui qui amenuise la lumière du Soi endurera de grandes souffrances. Tout ce que vous reconnaissez, l’est par ses couleurs et ses contours. Le Soi ne peut être reconnu parce qu’il n’a ni couleur, ni contour.

Nisargadatta Maharaj

Nirupana 23 de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 22 – l’ illusion de la naissance

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Vous avez beaucoup lu et entendu. Maintenant tournez-vous vers celui qui lit et entend. Le fait que vous ayez connaissance d’être, est source de misère autant que de joie. Dieu est source de joie, tandis que maya est la racine de la misère. Mais à l’origine, c’est uniquement la conscience.

Trouvez ce que vous avez par vous-même qui soit vraiment à vous. Méditez sur cela, et sachez que celui qui contemple Dieu est lui-même Dieu. Seul le Sadguru peut vous dire qu’il en est ainsi. Les autres enseignants vous diront de vivre comme des serviteurs de Dieu.

Dans votre enfance, votre mère vous a appris à reconnaître les sons. Si elle ne l’avait pas fait, quel serait votre langage aujourd’hui ? Je vous parle aujourd’hui dans le langage qui était le vôtre avant que vous fassiez l’expérience des sons. Cependant vous avez encore besoin de comprendre la signification de ce qui est dit dans le langage que vous avez appris.
Toutes les religions du monde sont de simples concepts. Possédez-vous d’autres savoirs en dehors de ce que vous avez lu ou entendu ? La voie du Soi implique la voie du prana et de la conscience, parce que nous sommes la conscience. La conscience manifestée n’est pas stable, tandis que le non manifesté est la Vérité immuable.

Quand on s’occupe de l’horoscope d’un enfant, la première chose prise en compte est son heure de naissance. Alors, qui est né ? Est-ce le temps, ou est-ce l’enfant ? Les occupations quotidiennes sont exécutées sous le dictat du temps. Le temps est la durée. La sensation d’être l’acteur peut être appelée le mental. Dans toutes ces interactions est présent Celui qui est sans naissance. Par la grâce du Sadguru, l’illusion de la naissance s’évanouira à jamais.

Le sentiment d’existence survient avec la combinaison du corps et du prana. Cette expérience n’a pas de forme par elle-même. Ainsi, le mental s’identifie au corps physique. La naissance fait apparaître le temps, alors que nous disons pratiquement que c’est l’enfant qui est né. Le témoin, qui croit qu’il est le corps, est la victime du temps. Est-ce que le temps à une forme ? Cela ne peut pas être compris par les rituels. La discrimination est nécessaire.

Ce qui est entendu depuis l’enfance est pris pour acquis. Observez tout cela maintenant avec un regard discriminatoire. Prenez soin de votre véritable nature. Quoi que ce soit qui est cru ou mémorisé, cela ne restera pas. Vous le saisirez quand vous connaîtrez le Soi. Toutes les affaires du monde se font sur la croyance que ce qui se fait est vrai. En fait, il s’agit d’une fraude. Du sommeil profond jaillit la sensation « Je suis », puis de là le corps et le monde, suivis de la joie et de la peine. Si vous ne réalisez pas ceci, vous souffrirez.

Votre conscience est lumineuse, sans forme et sans localisation. Le corps est impur, c’est pourquoi vous êtes sur le sol. S’il était purifié, vous pourriez voler dans l’espace. Les hatha yogis le font. Restez présent à la conscience (ce qui écoute), et méditez sur elle. Elle n’a pas d’attachement. Vous n’y trouverez pas de choses telles que vertus et péchés. Vous vous limitez en pensant être le corps, et donc vous expérimentez la limitation. Celui qui écoute est identique à Brahman, tout comme l’est le Guru. Restez en contemplation sur ceci. Respectez la conscience en tant que Guru, elle deviendra votre amie. Arrêtez de regarder vers l’extérieur et comportez- vous en tant que Soi. Vénérez la plus grande connaissance, en disant « Je suis Cela ». Pouvez-vous demeurer en tant que conscience simplement un moment ?

Celui qui désire vraiment connaître ceci, ne mourra pas sans en avoir la connaissance. Il n’existe rien du genre « Je mourrai avec le corps ». Est-ce que la lumière peut mourir ? Combien de temps votre conscience va vous accompagner ? Une saison. La contemplation du Guru équivaut à la contemplation de la conscience. La contemplation de la conscience par la conscience est une dévotion non duelle.

Nisaragdatta Maharaj

jeudi 13 avril 1978

  Nirupana 22 de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éd. Aluna

Nirupana 21 – connaissance

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La conscience est sans limite. Il ne peut pas être prédit quand la réalisation rayonnera en vous. Chez certains, c’est spontané ; chez d’autres, même avec beaucoup d’efforts cela ne se produit pas. Quand un état particulier est atteint, un changement correspondant se fait et un environnement favorable se met en place.

Dattatreya, un grand sage, avait atteint l’état de Brahman. Quel pouvait être pour lui le besoin d’un Guru ? Il est pourtant dit qu’il approcha vingt-quatre Guru. Dattatreya était pourtant le « connaisseur » de ceux-ci. Vous avez la sensation d’exister et cette auto perception suit la loi du temps. Le flot de changements, qui coule d’elle, crée le mental. La peur est créée par les effets du mental. La totalité n’a pas de peur.

La terre est la manifestation d’une énergie vitale stable. La graine qui sort de terre ne meurt pas même si elle est torturée, battue, cuisinée, cuite. Grâce à cette énergie, votre croissance est soutenue et renforcée. La terre supporte tout. C’est pourquoi elle est paisible. La conscience dans le corps est la pure conscience « Je Suis ». Elle porte une quantité infinie de noms. Sans savoir comment, vous avez été amené à connaître votre existence et sa nature divine. Le nom des déités se réfère uniquement à cela. Avant que la connaissance soit connue, il n’y avait pas l’expérience de l’absence de paix. Il s’agit là de la véritable paix. Jusqu’à ce que vous ayez connaissance que « vous êtes », votre vie est infinie. Si vous vous acharnez à vouloir accéder à cette connaissance, vous ne pourrez la connaître. Afin de surmonter l’absence de paix, la conscience doit être vénérée d’une dévotion non duelle. La signification de ces mots ne vous est pas familière.

Peut-on prendre pour appui ce qui est transitoire pour trouver la Vérité ? Votre conscience a un commencement, et donc une fin. Dans un premier temps, laissez de côté votre intellect, accueillez la parole du Guru. Méditez sur votre conscience la plus subtile. Connaissez ce qui est avant la réflexion. Liez-vous d’amitié avec cela, et cela fleurira en vous (vous réaliserez que c’est votre vraie nature). Confirmez que vous êtes cette connaissance, avant de connaître quoi que ce soit d’autre. Ce sont les mots du Guru. La conscience possède de nombreux noms, comme Dieu, Brahman, etc. Elle est connue et expérimentée sans faire aucun effort. Pour cela, ignorez votre mental et votre corps. « Le Mot » (mantra) signifie Brahman avec en prime ce qui Le précède. La signification du tout est « Je suis ». Entretenez l’assurance que vous avez reçue par l’initiation de votre Guru. (Le monde provient du son, qui provient de l’espace. La conscience est antérieure à l’espace. Elle est nommée Dieu ou Brahman – la réalité manifestée.)

Le mental ne connaît rien, à part les impressions recueillies depuis l’enfance. C’est pourquoi les sensations agréables sont recherchées. La bonne compagnie est stimulante. En présence de sages, c’est notre mental qui les stimule. Joie et peine sont là parce que l’on croit qu’elles sont ainsi. De par la nature du temps, elles n’ont de réalité qu’à un moment donné. Quand ce moment est passé, elles perdent leur signification.

N’oubliez jamais que nous sommes exactement tels que décrits par le Guru. À mesure que vous progresserez dans l’exploration de la conscience, sans le corps, vous prendrez la mesure de votre valeur. Comparez votre état d’être actuel à ce que vous écoutez ici. Alors que la conscience apparaît, elle devient notre monde. Réaliser cette conscience, c’est atteindre la paix.

Pouvez-vous arrêter le sommeil en étant éveillé, et vice-versa ? Gardez toute confiance dans la parole du Guru lors des activités quotidiennes. Réalisez que quand vous faites, ce n’est pas vous qui faites. Vous êtes le témoin de ce qui arrive. L’impression d’être l’auteur vient de la conscience identifiée. À moins de le réaliser, votre perception égotique

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ne prendra pas fin. Même avec l’initiation adéquate, si vous ne suivez pas ce qui est dit, ce n’est d’aucune utilité. Sans que soit prononcé le moindre mot sacré ou mondain, ce qui est là naturellement est votre conscience. Qui connaît la connaissance contenue dans le monde ? C’est votre propre conscience, aussi appelée le Soi. Sans couleur, sans forme, sans conception. C’est la conscience pure.

Votre comportement suit ce que vous avez entendu. Mais prêtez- vous attention à Ce qui écoute maintenant ? Ce qui écoute est votre conscience. Chacun interagit avec le monde avec la connaissance ac- quise par les cinq sens. Est-ce que cette connaissance a une couleur ou une forme ? Encore une fois, vous y surimposez des idées fausses et ainsi vous devenez malheureux. Votre conscience est amour et dévotion. La preuve de l’existence de Dieu est notre conscience. Tandis que vous méditerez sur cette connaissance, les cinq éléments viendront à vous pour vous servir. Vous croyez inutilement que vous êtes emplis de vices et de faiblesses. Faites sortir cette négativité par la contemplation de votre conscience et la reconnaissance de votre vraie nature.

La connaissance du Soi descendra sur vous au moment adéquat, alors vous serez sans limite.

Ainsi le mental, qui veut toujours obtenir quelque chose ou se débarrasser de quelque chose, disparaîtra. Les cinq éléments seront à votre service. La paix réelle ne peut se réaliser que si la fierté de toute connaissance est abandonnée. Le sage est véritablement en paix.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 9 avril 1978

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Extrait de  ” Méditations avec Sri Nisargadatta” aux éd. Aluna

Nirupana 20 – Aucune expérience ne dure

aucune expérience ne dure

 Aucune expérience ne dure.

À vrai dire, un individu n’a pas de forme. Ce que l’on appelle forme est constitué des cinq éléments. Dans le corps se trouvent les cinq sens. Auquel allez-vous continuer de vous identifier ?

La plupart des gens sont intéressés par ce qui concerne les perceptions sensorielles. Ils ne perçoivent pas le corps comme irréel. Tout le savoir du monde est basé sur les mots. Cherchez si celui qui possède ce savoir des mots a une forme. La contemplation de ce qui n’est pas le Soi n’est pas vraie. La méditation concerne uniquement le Soi. La connaissance dans le corps doit être trouvée. Elle n’est pas personnelle. Dans la bouche, le sucre fond mais sa douceur perdure.

Est-ce que la douceur possède une individualité ? Il y a juste la trace d’une manifestation. C’est tout.

Aucune expérience ne dure. Celui qui expérimente ne peut pas être décrit, nous sommes celui qui expérimente. Ce qui dépend de la force vitale et de la conscience ne dure pas. L’éternel est avant ça. Nous devons regarder le concept « Je suis quelqu’un, Je suis quelque chose ». Tout ce qui se manifeste, le fait en accord avec la nature du temps. Le désir d’atteindre la réalisation du Soi apparaît lui aussi conformément aux dictats du temps.

Quand la conscience apparaît, le monde devient visible. En grandissant, vous quittez l’enfance.

De la même manière, en acquérant la connaissance juste, vous quittez l’identification à la forme corporelle.

Comme vous ne pouvez pas faire autrement que d’utiliser les mots, vous dites que Dieu est le créateur. Est-ce que le Dieu si bienveillant créerait un tel chaos ? Sans nous, Dieu n’existe pas. Dieu n’est rien d’autre que la certitude que vous avez d’exister, rien d’autre que l’amour que vous éprouvez pour votre existence.

« Je suis » est Brahman. Ce qui se tient derrière est appelé Parabrahman.

Dans un premier temps, vous accédez à Brahman, ensuite vous et Brahman disparaissez (la conscience se déploie, se fond à l’univers tout entier, puis se dissout. Ceci se produit dans un état de profonde méditation). Ce qui fait dire au jnani qu’ultimement il n’y a rien. Alors pourquoi enseigne-t-il ? Voici une réponse : quand quelqu’un doit aller uriner, il y a urgence à le faire. Pendant que cela se fait, n’est-ce pas apprécié ? De la même manière, le corps du jnani est perçu temporairement, comme une envie pressante d’enseigner.

Le rêve premier est la sensation d’existence. Tant que vous vous référez à Dieu, vous n’avez pas atteint votre destination. Paramatman n’a ni naissance, ni mort. Alors pourquoi Krishna dit-il : « Je suis né tant de fois ? » Toutes ses naissances concernent les cinq éléments. De telles naissances se produisent par millions, chaque seconde, en Paramatman.

Les Écritures sont les concepts des poètes. Ils vous soudoient autant qu’ils vous menacent. Pendant le sommeil, il n’y a pas d’expérience de soi. Le sommeil ne peut pas être perçu une fois réveillé. Dans le même ordre d’idée, maya ne peut être imaginée. Tout comme le sommeil ne peut être connu, maya ne peut être connue, que ce soit des dieux ou des humains.

Maya apparaît lors de la manifestation de la conscience. Avant cela il n’y a pas de maya. La pensée « Je suis » est la perturbation. Même les plus grands dieux ne comprennent pas maya, car ils sont créés par elle. Ils ne sont pas auto créés. Leurs actes sont illusoires. Celui qui est détaché n’est pas concerné par maya. Le sommeil profond est synonyme de totale ignorance. C’est de là qu’émerge la sensation « Je suis ». C’est le commencement de maya. Alors, avec la sensation d’être réveillé, je m’en vais fièrement négocier mes affaires, dans un monde qui n’existe pas. La sensation « Je suis réveillé » crée le monde. Cela se produit par maya. Quand vous réalisez cela, la sensation « Je suis celui qui fait » s’évapore.

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Quand vous saisissez le Soi, il l’est en tant que « vide vide », plus vide que ne peut l’être un rêve. La représentation de « Je suis comme ceci ou je suis comme cela » vous a donné forme. Ce qui a été créé, sera pour sûr détruit. Qu’est-ce qui est créé ? Notre conscience. Quand la sensation « Je » émerge, elle devient l’ego.

Vous ne pourrez pas écouter cela tant que vous n’êtes pas prêt. Une fois entendu, cela devra être rappelé et rappelé encore. C’est le commen- cement d’un processus. Cette forme vous est apparue spontanément. Personne ne l’a créée. Vous ne seriez pas ici, si vous n’aviez pas eu l’ins- piration intérieure de chercher le sens profond de la vie. Ce n’est pas le genre de dévotion dont le propos est d’acquérir quelque chose. Le propos de cette dévotion est la libération par l’écoute. L’idée que vous êtes un homme ou une femme, avec les comportements qui vont avec, est fausse. Ce n’est qu’une apparence. Pour connaître cela, certaines qualités sont requises. La connaissance « Je suis » est votre Divinité. Comprenez cela. Différents noms Lui sont donnés. Le fait qu’un certain plaisir à écouter cela grandit en vous est, spirituellement parlant, un bon signe. Quand la connaissance de votre existence sera parfaitement claire, vous transcen- derez maya. La conscience révélera alors sa propre valeur. La manifesta- tion est une, mais ses noms sont multiples. Tous les noms sont ceux de maya. Une fois réellement connu « Je suis partout », le connaisseur ne sera plus différent de la connaissance. Aucune expérience ne dure. Quelle que soit la manière dont vous vous considérez, elle s’en ira. La sensation d’être réveillé est aussi un concept. Sommeil et veille sont des attributs de votre nature impermanente. Quand vous entrez dans le sommeil profond, vous vous débarrassez de vous chaque jour. Si ce sommeil ne s’arrête pas, qu’allez-vous faire ?

Que la mort arrive aujourd’hui ou dans un millier d’années, ce sera la fin de tout ; il n’y aura pas de problème. Le détachement est la sensa- tion que tout ceci n’est qu’une apparence. Quand la Vérité est saisie, les faux concepts s’en vont. Aucun effort particulier n’est nécessaire pour cela. On appelle cela : une offrande à Brahman.
Il est dit dans les Écritures : « Au juste moment, Bhagavan s’incarne et nourrit le dharma. » Il s’agit ici du dharma de notre vraie nature. Alors que quand les gens évoquent le dharma, il s’agit du dharma du corps.

Le Guru est une incarnation de Dieu. Par la dévotion au Guru, maya, qui apparaît démoniaque et immense, est réduite à une taille infime. Ne négligez pas la conscience qui est en train d’écouter. Elle est pure et immaculée. Gardez cela présent et vénérez-le. Ne perdez pas cette connaissance du Soi dans la connaissance de votre existence. À cause des impuretés du mental, vous vous enfoncez dans les bois et subissez toutes sortes d’épreuves. Si ces impuretés sont retirées ici et maintenant, alors que vous écoutez, vous n’aurez pas à vous enfoncer dans les bois ou à gravir les montagnes.

 Nisargadatta Maharaj

dimanche 2 avril 1978

“Méditations avec sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna