Nirupana 46 – Brahman

nirupana nisargadatta

Tant que le corps et le prana sont unis, il y a la conscience. Quand le prana quitte le corps, la conscience disparaît. Qu’est-ce que quelqu’un a à perdre (en mourant) ? En premier il y a la conscience, puis le corps est ressenti. Celui qui connaît la conscience est appelé un jnani. Votre conscience est la graine de l’univers.

Être sans mots, c’est être en samâdhi. Vous ne rencontrerez pas Para- brahman par l’intellect. Qu’est-ce que vous possédiez avant d’apprendre quoi que ce soit ? Seulement l’état de veille et de sommeil. Le reste (tous les concepts) est basé sur ce que vous avez entendu. Même la fierté de « Je suis un chercheur de Vérité, je suis dans le renoncement », etc., doit s’en aller. Celui qui gère les affaires du monde est de nature universelle.

Le seul propos d’un corps humain est la réalisation de Brahman. C’est pour cette raison que toutes les idoles que nous adorons ont une apparence humaine. Le verbe et l’existence du verbe ne peuvent être perçus qu’au travers du corps humain. Le verbe signifie Brahman (le principe de manifestation), l’existence signifie la conscience, alors Brahman est ressenti au travers du corps humain. Mais par la conscience identifiée au corps, un homme reste un homme. Si « Je »est retiré du corps, il ne contient plus que pur Brahman. Brahman est pure conscience et vice- versa. L’ironie est que l’ego qui se prend pour le corps, essaie de Le connaître. La conscience identifiée au corps doit être démasquée. Rien d’autre ne doit être réalisé.

 

Est-ce que le corps connaît votre conscience ? Le corps est un objet matériel. Sans le prana , c’est un corps matériel. La conscience, par le Brahma-randra,  expérimente joie et souffrance. Qui est présent à la conscience ? Quand ceci deviendra parfaitement clair, plaisir et souffrance s’en iront. Restera la paix. Dans le corps, il n’y a rien d’autre que pur Brahman . Celui qui connaît la conscience, la sensation « Je suis », est celui qui connaît réellement. Celui-ci ne peut être décrit. La conscience dans le corps est Dieu lui-même. Elle connaît naturellement Brahman . Elle prend l’aspect de l’espace, de l’eau, du feu, de l’air, de la terre; tout ceci n’est que la conscience. C’est notre conscience qui agit à travers les cinq éléments. Elle n’a aucune identification en tant qu’homme ou femme.

Le propos du corps est de connaître Brahman . L’erreur est que le même Brahman  s’identifie lui-même au corps. Il ne peut pas se connaître lui-même sans le corps humain. Or, Il s’est reconnu en tant que conscience identifiée au corps. Les cinq caractéristiques du corps reposent sur les mots (l’écoute), la forme (la vue), le toucher, le goût, et l’odorat.

La vibration de Brahman  dans votre corps les ressent. Aussi, le corps humain a une grande importance. Ne perdez pas un seul instant, portez toute votre attention sur votre vraie nature.

La conscience éveillée est la représentation de Paramatman . C’est chose facile pour celui qui se reconnaît en tant que Dieu et devient un avec Lui. Saisissez et tenez-vous à cette Vérité. Rappelez- vous sans cesse que la conscience est votre vraie nature (Brahman  manifesté.) Elle a été priée sous des millions de noms.

Quand la conscience germe, elle prend la forme d’un enfant. Que possédez-vous en dehors de la conscience ? La lumière. Rappelez-vous constamment que c’est votre vraie nature. Celui qui a cette connaissance est Paramatman . Il est l’évidence qu’Il est. Si vous avez la compréhension de ceci, il n’y a pas besoin d’ascèses.

L’identification au corps est la cause des tourments. Quand il n’y a pas l’expérience  d’un simple mot, alors que vous êtes éveillé, il s’agit de votre vraie nature. Votre conscience est la matrice d’or (Hiranya Garbha ) à travers laquelle le monde a été créé. À travers la conception, le non manifesté est devenu manifesté.

Vos activités quotidiennes, femme, enfants, ne sont rien d’autres que divertissements. Toutes les diffé- rentes techniques spirituelles ne sont aussi que divertissements. Est-ce que chacun peut sentir que son corps est sacré ? Si vous ne le sentez pas vous-même, alors comment les autres pourraient-ils le sentir ? Quand vous avez la réelle conviction que vous êtes pur « Je suis », les gens viennent recevoir votre darshan. Quand, par la parole du Guru, vous serez convaincu d’être pur Brahman, pure conscience, vous ressentirez que votre corps est devenu sacré. Quand vous atteindrez la réalisation, les gens souhaiteront naturellement recevoir votre darshan. Comment Celui qui est « l’esprit de la mort » lui-même, peut-il mourir ?

La plus grande négation de la religion, la plus grande faute, est de croire que le corps est votre vraie nature. Votre religion est d’être en tant que le Soi. Vous devez être convaincu de votre véritable identité. Vous devez reconnaître votre relation avec votre propre Soi. Le mental se modifie et les comportements changent par la répétition du mantra. Le corps est comme une nourriture pour la conscience. Le mental s’écoule du prana, la force vitale. Quand vous réalisez tout ceci, au moment dernier vous observerez que vous ne mourez pas mais que le prana quitte le corps. La « personne » illuminée n’a pas de désirs, pas d’espoirs, ni de passions. C’est ainsi qu’elle n’a pas de mort. Le plus in- descriptible moment est celui où le manifesté devient non manifesté (le moment de ce qui est appelé la mort.) Mais l’ignorant dit : « Je meurs », avant même que le prana ne quitte le corps. Ceci parce qu’il n’a pas connu sa vraie nature.

Le temps de la mort d’un sage est véritablement sacré ; plus sacré que le coucher du soleil. C’est la raison pour laquelle l’anniversaire de sa mort est célébré. Décidez maintenant en tant que quoi vous allez mourir. La pensée du moment de la mort décidera du futur. Il ne devrait pas il y avoir d’autres pensées que « Je suis parfaite félicité ». Votre état sera en correspondance avec ce pour quoi vous vous prenez. Ceci est vrai maintenant et le sera à ce moment-là.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 23 juillet 1978

Extrait de ” méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd.Aluna

Nirupana 45 – Méditez avec Amour et dévotion

méditez avec amour et dévotion

Quand vous prenez refuge dans la parole du Guru, naissance et mort prennent fin. Votre conscience est le Guru. Si vous vous voyez tel le Guru, il sera vu qu’il n’y a pas de maya, mais Brahman manifesté émanant de partout. Les mots du Guru sont : « Vous êtes sans forme corporelle, sans karma, sans naissance ni mort. » Vous vous rendrez compte que maya n’apporte pas de misères, mais qu’elle sert la quête spirituelle. Quand vous vous identifiez à la parole du Guru, vous réalisez spontanément ce que sont maya et le Soi. Il s’agit de la représentation du Guru. Cette identification apportera la connaissance du Soi et la compréhension de maya. Restez avec cela, constamment. Le sommeil profond sera le seul arrêt.

 L’amour du Soi dans le corps s’éclaire de lui-même. Tous les noms sont ceux de l’amour du Soi. Vous devez méditer. De toute manière, la conscience est le méditant et aussi celui qui écoute. Méditez avec amour et dévotion. Alors vous accéderez à la compréhension de tout ceci au travers de la conscience.

Elle est l’essence du corps avec son doux parfum; elle est de la plus grande importance. Qui n’apprécie pas sa sensation d’être : la perception « Je suis » ? Sans la conscience, qui pratiquerait la dévotion ? Par nature, nous sommes conscience, amour, joie. Abandonnez-vous à la conscience sans aucune dualité. La conscience, toujours lumineuse, rayonne comme le soleil de votre vraie nature. Quand ceci est correctement compris, le mirage de la conscience identifiée au corps disparaît.

 La dévotion non duelle est la dévotion de notre propre Soi. Portez une attention continuelle à ce qui est constamment là. Vous devez ressentir cette nécessité. Votre conscience est passée dans des millions d’incarnations. Elle connaît sa grandeur, telle que décrite par le Guru . Elle est ce qui connaît le temps. C’est votre véritable nature. Les plus grands sages le sont devenus en vénérant leur conscience.

La parole du Guru  dit ceci : « Vous êtes la conscience subtile qui est devenue le monde. » Le monde ne peut être connu que si la conscience est là. Elle est aussi nommée Brahman . Le Soi est immortel. C’est la Paix éternelle, un océan de félicité. Sans cette connaissance, il n’y a pas de jours et de nuits. Cette connaissance ne vous oubliera pas même si vous retournez à la conscience du corps.

Sa Parole élève l’humanité.

Votre conscience est la représentation du Guru. C’est l’Amour de votre amour (en tant que « Je suis ».) Vous avez aimé tant de choses ! Avez-vous aimé celui qui vous a fait aimer ? Emplissez-vous de cette foi en la conscience. Elle vous comblera en tout.

Celui qui connaît le prana ne peut être vu. Prana est toujours éveillé, même dans le sommeil profond. Celui qui a la connaissance que toutes les affaires du monde sont fausses, est indestructible. Rappelez-vous ceci.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 20 juillet 1978

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj”  éd.Aluna

Nirupana 44 – Un rêve de jour au milieu de la nuit

rêve de jour nisargadatta maharaj

La véritable essence de la spiritualité est de comprendre la vie correctement. Au commencement, nous en sentions un besoin personnel. De cette façon, beaucoup d’autres besoins sont apparus. L’objectif est de trouver où exactement nous nous situons dans tout ceci, même s’il ne s’y trouve aucune Vérité éternelle.

Les étapes de la vie sont sujettes au changement. Elles n’étaient pas présentes avant la naissance. Même le fait d’être identifié à un homme ou une femme ne dure pas. La religion, Dieu, etc., sont des médicaments pour ces différentes étapes. Vous savez qu’aucun état d’être n’est permanent. Cependant, à cause de l’illusion, vous les prenez pour vrais. Rare est celui qui connaît ces étapes. L’état fondamental est que vous avez connaissance d’être. Ceci est l’état racine, et il est misérable.

Il est nécessaire de connaître par soi-même ce qui est non changeant dans ceci. Cela ne se trouve pas dans l’état de veille, dans le sommeil, ou en samâdhi . Notre conscience, elle-même, est non permanente. Quand elle prend fin, nous disons que la personne est morte. Celle-ci ne sait plus qu’elle est. Réalisez qu’aucune mémoire n’est éternelle, et soyez libre. La sensation « Je suis » ne sera pas indéfiniment là, quel que soit le nom ou la forme. Ce qui a été créé disparaîtra assurément.

La force vitale n’a pas de conscience par elle-même. Quand elle prend forme, la sensation d’être apparaît. La forme est la sensation d’être. Pour celui qui connaît sa véritable nature, le puzzle se résout. Les autres parleront par inférence.

Le plus grand attachement est votre sensation d’être.

N’avez-vous pas actuellement la sensation d’être ? Et n’est-il pas vrai que vous ne l’aviez pas auparavant ? Il est dit que le monde est une illusion. Pourquoi en est-il ainsi ? La raison est que votre sensation d’être ne dure pas.

La conscience est la graine du monde. Quand elle germe et se déploie, elle devient espace. La graine veut dire « Ce qui n’était pas visible auparavant, peut maintenant être vu ». La lumière de la conscience signifie la lumière du soleil et de la lune. C’est comme un rêve de jour au milieu de la nuit. L’état de veille est comme ce rêve. La graine veut dire aussi dualité. La graine porteuse de la qualité de conscience divine est présente en chaque être.

Celui qui se connaît parfaitement est appelé Sadguru. Il connaît le pour- quoi et le comment de la création de cette conscience imparfaite. Krishna dit : « Quoi que ce soit qui existe, est uniquement moi-même. Cependant, Je suis différent de tout cela. » Le propos de Krishna dans la Gîta est véritablement unique. C’est une grande bénédiction que de pouvoir l’écou- ter. C’est une plus grande fortune encore de pouvoir méditer à son sujet.

Le plus grand des secrets est la conscience. Mettez toute votre confiance dans cela. Celui qui comprendra ceci, n’aura plus de naissance. Les gens honorent des déités pour leurs satisfactions personnelles. Quoi qu’il en soit, la seule satisfaction durable est notre véritable nature. Vous seul pouvez atteindre cela. Celui qui se prend pour le corps ne sera jamais satisfait.

Restez disponible pour ce que vous avez entendu. C’est la pratique la plus importante. S’il n’y a personne pour écouter, quel est l’intérêt de Dieu ? Vénérez la conscience dans votre cœur. Quand vous obtiendrez du succès dans cette contemplation, cette réussite rayonnera de vous.

Pendant l’état de veille, rester sans pensées est la plus belle des adorations. Vous ne devriez pas ressentir « Je suis comme ceci, comme cela » pendant vos activités. Mettez de côté tout votre savoir, et vénérez votre véritable nature.

Le Gange s’écoulant du front du Seigneur Shiva symbolise la connaissance spirituelle. Tant que vous croirez que vous n’êtes pas sans fin,

l’éternel vous échappera. Vous ne pouvez jamais oublier l’éternel. Des rituels sans fin ne peuvent dévoiler la Vérité. Ils peuvent même vous enfermer encore plus. Quoi que vous voyiez ou ressentiez, cela ne durera pas. Quand vous êtes présent au fait de n’être ni un homme, ni une femme, vous êtes antérieur à la conscience. Une fois que le Soi est réalisé, tout devient sacré. Les bains dans les rivières sacrées, pas plus que les mantra, ou que les pénitences spirituelles ne feront disparaître votre ignorance. La fréquentation de celui qui est habité par la parole du Guru suffit. C’est la connaissance à travers laquelle le sommeil et la veille sont connus. C’est la lumière qui illumine le soleil et la lune. Cette lumière est uniquement la vôtre, mais pas en tant qu’être humain. Elle appartient à la conscience. Elle existe dans le cœur de chaque être. C’est la conscience de soi dans le corps. Il n’y a pas de plus grande connaissance que celle-ci. Pour être tel que le décrivent ces mots, une foi totale dans le Guru est nécessaire. Ses mots sont à prendre pour autorité. Celui qui demeure en cela acquiert la connaissance indépendante du corps. Krishna dit : « C’est ma véritable nature. » Elle se trouve derrière votre mémoire. Jamais le corps, ou les oreilles, n’ont eu le pouvoir d’entendre. C’est notre vraie nature qui écoute au travers des oreilles. Elle connaît le samâdhi, mais le samâdhi ne la connaît pas. Accomplir cela avec conviction, est tout ce qui est nécessaire.

Aucun rituel ne peut révéler à quelqu’un sa vraie nature. Toutes les méthodes sont du domaine du corps. Sans l’existence de cette conscience atomique, il n’y a aucun support pour tout être, le monde ou Brahman. L’essence de toute connaissance est le Soi. En vous endormant, reconnaissez : « Je suis uniquement conscience pure. » En suivant différentes méthodes, vous ne trouverez pas ce qui est naturellement et déjà présent.

Qui reconnaît la conscience ? N’est-ce pas celui qui connaît le temps ? Krishna dit que la conscience, qui connaît tout ceci, est Ma vraie nature. Quand il y a la conviction que cette naissance n’est pas vraie, les différents concepts ne peuvent plus s’élever. Celui qui connaît le passager est l’éternel et parfait Brahman. Un vrai dévot n’est prisonnier de personne. Il peut accomplir des rituels, mais il est au-delà d’eux. Adorer Dieu signifie être convaincu que Dieu n’est rien d’autre que nous-mêmes. S’il n’y a pas de manifesté (saguna), comment peut-il être fait mention du non manifesté (nirguna) ? En fait, des deux, aucun n’est.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 16 juillet 1978

Extrait du Nirupana 44  de ” méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 43 – la fièvre mental et la création du temps

temps illusion fièvre mental

 Le mental est comme une fièvre qui vous serait tombée dessus, sans savoir comment. Quoi que vous fassiez apporte de la souffrance. Vous menez à bien vos actions pour supporter votre mental. Quand la forme corporelle vient à l’existence, la sensation « Je suis » est perçue. Le mental est créé à partir de cette sensation d’être. Le repos se trouve dans le sommeil profond. Une fois réveillé, vous courez alentour faire des choses qui, vous pensez, vous seront bénéfiques. Pourquoi en est-il ainsi ? C’est une tentative de se débarrasser de cette fièvre appelée le mental. Il y a de nombreux noms donnés au mental : Brahman, Prana , etc. Tant qu’il n’y avait pas de mental, comment étiez-vous ? Avant que le mental apparaisse, à quoi ressemble quelqu’un ? Il était parfait Brahman, antérieur au concept, antérieur à la manifestation, antérieur aux trois gunas . Parabrahman  est connu de tous les êtres vivants. Tant que le mental n’était pas perçu, il n’y avait besoin de rien. Il n’y avait pas de connaissance « Je suis » ou « Je ne suis pas ». Quand vous accédez à cette compréhension, la dévotion envers Brahman,  etc., est vue comme une blague, alors la « fièvre-mental » s’en va.

Pour parler vrai, vous vous battez pour votre bien-être parce que vous êtes dans la confusion de l’illusion première.

Ce qui est vu n’est pas votre véritable nature. Cela, qui était immobile, s’est légèrement mis en mouvement et a créé ce monde rêvé. Ceci signifie que vous êtes réellement le créateur. La vision qui a créé le monde n’est elle-même pas vraie. Il semble que beaucoup de choses se font dans ce rêve, mais réellement, est-ce que quelque chose s’est fait ?

Peut-on porter le moindre crédit à la revendication d’actions de cette forme corporelle ?

Vous vivez en tant que corps, aussi vous comportez-vous comme quelqu’un qui obéit au temps. Vous n’avez pas la connaissance que le temps est votre création. La sensation « Je suis éveillé » est le temps. Qui soutient cet univers, avec ses soleil, lune et étoiles ? C’est Le même que Celui qui le voit. C’est ce qui fait dire à Krishna : « Je soutiens l’univers. »

Le temps est une saison. La sensation « Je suis éveillé » est le temps. Alors vient le mental avec la connaissance « Je suis ». Elle a envahi toute chose.

Mais, c’est une phase temporaire. Krishna dit : « J’ai observé cette phase, et c’est en cela que Je suis le créateur de l’univers. »

Le temps est lié par son essence aux trois guna-s : sattva, rajas et tamas. Le temps règne sur les gens à travers leurs désirs. Qui amène l’action ? Ce qui est Unique agit tout. Il devient multiple et se met en mouvement au travers du désir tant qu’il y a une expérience du temps. Qu’est-ce que le mental ? Le mental, c’est la sensation « Je suis éveillé ». Quand le mental se dissout, il n’y a plus de connaissance. Les noms des déités arrivent après tous les noms du mental.

C’est l’histoire de Para-atman, Celui que vous êtes. Vous n’êtes pas débarrassé de vos habitudes de conscience identifiée au corps. L’état de veille est le temps. Et dans le temps, il y a dualité. Aussi devez-vous devenir votre propre preuve (de l’état Absolu non duel.) Alors, vous ne rencontrerez plus d’autre. Vous connaissez le mental ; vous n’êtes pas le mental. Espoirs, désirs, passions, sont des aspects du temps. Et pourtant, encore, la personne dit : « Je fais » ou « J’agis. » Y a-t-il une différence entre une attente et une passion ? Par les rites et rituels, vous échangez une cage en fer contre une cage en or.
C’est seulement après l’arrivée du mental que vous demandez de la nourriture, une maison, une femme, un mari, etc. Vous appelez cela des désirs. Là encore, il s’agit de la nature du temps. Reconnaissez la fièvre du mental. Le mental est aussi appelé Brahman (la réalité manifestée), qui prend naissance des millions de fois par jour. Toutes les activités du monde résultent de la nature du temps. Dire de quelqu’un qu’il est célèbre, etc., est de la nature du temps. Le temps est la fondation de tout l’univers. Quoi qu’il en soit, vous êtes antérieur au temps. Et pourtant, la conscience identifiée au corps est toujours là. Vous n’avez rien à lâcher. Vous avez à le comprendre. Il y a un rayonnement de lumière incroyable dans le corps. La lumière qui provient de vos yeux imprègne le soleil et la lune. Cette lumière féroce et éblouissante est absorbée par l’Absolu. Il avale des millions de soleils. L’intense bleu profond de l’Absolu (tel que vu les yeux fermés) est si vaste que d’innombrables mondes dansent en lui comme de simples cailloux.

Quand quelqu’un entend cela, il devrait dire : « Oh ! En est-il vrai- ment ainsi ? » Allez-vous connaître ceci une fois mort ? Ce monde est si vaste, et pourtant celui qui le regarde est plus petit qu’un atome. Pour comprendre cela, vénérez Cela par quoi vous entendez tout ceci. Que connaissiez-vous avant que la conscience n’apparaisse en vous ? Plus vous réduirez vos espérances et désirs, plus vous serez heureux.

Guna signifie la conscience qui vous a envahi soudainement. Un nombre infini d’univers joue dans la conscience. Qui connaît cela ? Qui est antérieur à la conscience ? Est-ce ce qui est vu, ou ce qui voit ? Si ce qui voit n’est pas là, la scène peut-elle être là ? Par la grâce du Guru, l’idée « le temps est ma fameuse mort » est partie. Quand le prana quitte le corps, ne dites pas : « Je suis en train de mourir. » Autrement, vous aurez à reprendre à nouveau une nouvelle forme. Bhausaheb Maharaj (le Guru du Guru de Nisargadatta) applaudissait quand le prana quittait le corps. Ne voulait-il pas signifier ceci : « Je suis indestructible, Je suis Atman ? »

La libération est possible pendant que le corps est présent. Est-ce que les animaux peuvent l’atteindre ? Quand est-ce qu’une autre naissance survient ? Après un rêve, un second rêve peut survenir à la suite, si il doit se produire. Rappelez-vous que celui qui ne craint pas la mort vit pour très longtemps.

Nisargadatta Maharaj

 13 juillet 1978

extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd.Aluna

Nirupana 42 – Conscience

nisargadatta maharaj nirupana

Ne rentrez en compétition avec personne dans le monde. Mettez de côté de telles choses. Votre dévotion à la parole du Guru doit être infaillible. Une telle dévotion n’est pas duelle. Dans cette dévotion, il n’y a pas de peur ou de mendicité. Vous ne trouverez jamais la paix dans une association avec les objets du monde. Une fois le Soi réalisé, cela ne peut plus être perdu. Débarrassez-vous de votre conscience identifiée, de la sensation « Je suis un homme » ou « Je suis une femme ». Cela qui est sans couleur, sans apparence, n’a pas d’attentes. Si vous comprenez complètement vos points faibles, ils deviendront vos points forts. Jusqu’à la quarantaine, continuez d’apprendre quelque chose. À travers cela, vous recevrez des encouragements et quelques qualités pour vivre. Finalement, vous serez fier de dire : « Je ne sais rien. »

Le fait de pouvoir mentionner le mot nirguna (non manifesté) fait appel à la relativité. Nirguna ne peut être reconnu que par la présence de guna. Que se passe-t-il quand il n’y a pas de guna ? Guna veut dire la connaissance survenue à travers la sensation « Je suis », sans avoir été demandée. C’est la conscience qui est en train d’écouter. Quand il n’y a plus la sensation « Je suis », c’est appelé nirguna. Quand un être devient un avec sa conscience et s’oublie lui-même, il atteint la réalisation du Soi. La même conscience se trouve sous la forme des cinq éléments. Elle est sous la forme de notre être. Celui qui connaît la conscience est sans caractéristiques (gunas). Quand la conscience devient illuminée, vous sentez « Je suis ». Mais elle est identifiée au corps. Le seul moyen d’éliminer la conscience identifiée est de se tenir à la parole du Guru.

Celui qui s’est imprégné de mes mots sera sans complainte. Pour s’imprégner de mes mots, il convient de méditer sur la conscience dans la solitude. Quand la conscience est purifiée, elle se résorbe dans l’état non manifesté ; une paix sans fin prend place alors. Vous avez été charmé par la conscience, et vous vous êtes identifié à votre corps. Il est très difficile de rompre cette habitude. Après avoir entendu tout ceci, vous pouvez continuer de vivre votre vie comme bon vous semble. Il n’y a pas besoin de rituels. Il n’y a pas de séparation entre nous. Je vous vois sans forme, même si vous vous prenez pour un corps.

À partir du nirguna, de nombreuses caractéristiques (formes manifestées) sont créées. Ceci doit être saisi pendant que la conscience (sattva guna) est encore dans le corps. Sinon, ce sera encore le temps d’une naissance, puis d’une autre. Vénérez-la avec un amour dévotionnel. Elle sera purifiée. La compréhension claire des trois gunas se fera. Vous en viendrez à voir que vous n’êtes pas l’acteur et il y aura une paix infinie. La manifestation de votre conscience est appelée naissance. On l’appelle aussi le corps subtil.

En dépit d’intenses efforts, l’habitude de la conscience identifiée au corps ne s’arrête pas. C’est rendu possible à celui qui, sans faille, s’en re- met à la parole du Guru. En récitant le mantra « Je suis pur Brahman », vous deviendrez sans limite. Il doit il y avoir une foi inébranlable dans le Guru. Sa parole devient une avec votre souffle. Elle devient la joie de votre sensation « Je suis ». Elle modifiera le corps subtil.

Celui qui n’a pas de corps, n’a ni souvenirs, ni oublis. Restez avec cela intérieurement : « La parole du Guru est ma vraie nature », sur chaque respiration. Le fait que notre véritable nature soit nirguna n’a jamais été oublié, aussi n’y a-t-il pas à se le rappeler. Le dévot de la parole du Guru, est le dévot de sa véritable et propre nature. Le Soi est, il est sans changement. Ne vous efforcez pas de le modifier avec votre intellect. Avec la dévotion portée au Guru dans votre cœur, vous ne res- sentirez plus de sensation de dualité. L’état suprême, tel que décrit par le Guru est naturellement présent. Aucun remède n’est requis.

Pour amener la dévotion dans votre conscience, votre confiance dans le Guru doit être absolue. C’est le trésor précieux de la force vitale. Brahman est le Seigneur des mots, et il contient l’univers. Un grand miracle est caché dans la graine. Quel grand arbre en jaillit ! Le guna était latent dans le nirguna. Tout ce qui était caché dans la matrice d’or est sorti, et ainsi le monde est devenu visible.

Vous n’accéderez jamais à la réalisation du Soi, si vous surajoutez votre conscience identifiée sur celle du Guru. Quand vous vivrez avec la ferme conviction que votre conscience et le Guru sont la même chose, vous accéderez à la réalisation du Soi.

Un si grand monde est contenu dans la conscience microscopique ! Une telle conviction vient avec la parole du Guru. Lire un nombre incalculable de livres est inutile. Cela apportera de la fierté et le désir de supériorité sur les autres. Tous les soucis s’en iront, si vous devenez vous-même la parole du Guru. N’oubliez jamais ces mots du Guru : « Brahman est éternel. »

La conscience se déploiera et, à la fin, s’éteindra. « Je suis avant le corps » se manifestera sans mots. Il n’y aura plus à se mettre en recherche. C’est simple, direct et naturel. L’habitude de se prendre pour la conscience identifiée au corps est le seul obstacle.

Dans l’intention d’être convaincu que vous n’êtes jamais né, il convient de connaître ce qui est né et de quoi est-ce né ? Tout comme il y a un arbre dans une graine, la conscience (universelle) est latente en vous. Le Guru la fait sortir, et elle se déploie en tout. Quelqu’un a-t-il observé la fin de l’espace ? Pourquoi est-ce ainsi ? Parce que l’espace est constitué de l’expansion de votre propre lumière. Cela rend les efforts spirituels sans réelle et véritable nécessité. Sa Majesté, le Guru, tue votre individualité. L’arbre tout entier, avec ses fruits, ses fleurs et ses branches, retourne à la graine à nouveau.

Le Guru a dit que vous étiez partout. Vous devez y croire totalement. La réalisation du Soi est libération. Alors, il n’y a plus de nécessité d’aller au ciel. Vous êtes ce que le Guru a décrit. Ne vous perdez pas dans autre chose. La vérité spirituelle n’a rien à voir avec le corps. Cela n’a aucune importance que vous soyez un homme ou une femme. Souvenez- vous de ceci.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 9 juillet 1978

Extrait de Nirupana 42 de “Méditations avec sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 41 – Identification

identification Nisargadatta maharaj

La différence entre « Lui » (Dieu) et « Je » (Le Soi) est partie, et n’existe réellement pas. Le sens de l’individualité s’est éteint. Le sens de l’universalité se déploie. Ni la dualité « Lui » et « moi », ni leur unité ne sont là. S’il y a un, en relation, l’autre doit être là. Mais s’il n’y a pas de un, comment l’autre peut-il être ?

Plaisir et souffrance, tous deux s’en vont. Quand une chose est utile, elle apporte de la joie. Tant que l’individualité est là, il y a joie et peine. Vous êtes torturé par les misères et exalté par la joie. D’où proviennent de telles expériences ? Elles proviennent de votre conscience. Quelle est l’évidence qu’un être est réalisé ? L’individualité est complètement déracinée. Il y a absence de joie et de peine. Votre conscience réalise qu’elle est universelle. Quand cette connaissance vous vient réellement, il n’y a plus d’identité individuelle.

La source de joie et de peine est votre sens « Je suis ». Ce qui cause aussi la plus grande souffrance, ce sont les moyens mis en œuvre pour une joie éternelle. Une fois que vous connaissez votre conscience, l’individualité ne peut plus être là. Mais qui observe ceci ? Le Sadguru, Celui qui est sans changement. Ayez cette conviction. Il est Le même dans le sommeil profond, à l’état de veille et en samâdhi. Il n’y a rien d’autre que Cela.
La totalité de l’expérience qui vient à vous est-elle différente de la conscience ? Votre virement bancaire est arrivé, mais vous n’avez pas encore retiré la somme. La connaissance vous est arrivée, mais vous n’en avez pas encore pris livraison.

Aussi grande soit une chose du monde, cela reste une quantité d’in- formation. Si la conscience n’est pas là, quelle en sera l’utilité ? À part Dieu, qui peut avoir cette conviction ? Quand la conscience n’était pas là, est-ce que Dieu était vrai ou faux pour vous ? Cette connaissance est la vôtre. Ne perdez jamais de vue la sainte conscience qui écoute ceci. Il y a des millions de chercheurs ; combien ont réalisé le Soi ?

Les états miséreux abondent parce que nous nous identifions au corps.

C’est dans la nature du corps-mental d’expérimenter joies et peines. Si vous réalisez que vous n’êtes pas le corps, il n’y a pas de souffrance. Pendant le sommeil profond, il n’y a pas d’ identification au corps, masculin ou féminin. Aussi n’y a-t-il pas d’expérience de joie ou de peine. Et le mental continue son activité, se prenant pour le corps. C’est faux.

S’il n’y a pas de mental, rien ne peut être observé. Vous devez accepter que « les pieds bénis du Guru »  stoppent le mental.

Vous n’avez pas de connaissance de votre naissance, vous en avez seulement entendu parler. Le passé et le futur, tels que projetés par le mental, ne vous appartiennent pas. Le mental détermine le passé, le présent et le futur, et vous fait agir en fonction de cela. Le mental vous dit que vous avez eu des millions de naissances, mais vous n’avez pas la connaissance d’une seule. Avez-vous seulement la connaissance de votre naissance actuelle ? Toutes vos expériences sont fausses. Avec la conviction que vous n’êtes ni le corps, ni le mental, vous comprendrez cette fraude.

Les religions ont découlé des traditions. Existe-il une religion sans dogme ? Même un Jnani doit suivre les traditions jusqu’à ce qu’un certain stade soit franchi.

Discriminez. Il ne peut pas il y avoir de véritable compréhension sans discrimination. Jusque-là, il n’y a pas de paix. Celui qui connaît est avant le corps-mental. Quand vous réalisez que vous n’êtes pas ce que votre mental vous dit, vous comprenez pourquoi Atman est non né. Rare est celui qui se tourne intérieurement sans écouter ce qui vient des autres. Progressivement, apprenez à discriminer. La présence de la parole du Guru vous permettra de le faire.

Quand la connexion au mental sera sevrée, vous accéderez au vide. Pour purifier le mental, il faut se remémorer le mantra tout au long des heures de veille. Alors le mental sera sous votre contrôle. Quand vous portez l’attention sur votre vraie nature, le mental disparaît emportant tout avec lui.

Dans l’état parfait, il n’y a pas d’expérience de félicité. Il est impossible d’en témoigner. Pouvez-vous témoigner de quoi que ce soit avant votre naissance ? Il existe des êtres instruits de grande renommée, mais est-ce qu’un seul d’entre eux peut s’extraire du mental ? Où qu’il y ait mental, il y a prana (force vitale.) Où il y a prana, il y a conscience. Une fois réalisée la nature du mental, la force vitale est dissoute. Le délice et la félicité de ce moment sont uniques. Cela arrive à celui qui connaît le Soi. Tout comme le fait que quelqu’un soit né est un concept, la peur de la mort est aussi un concept. Le mental s’en remettra à vous si vous récitez le mantra continuellement. Je vous dis ce que vous avez besoin de connaître.

Quand le prana quitte le corps, y a-t-il la moindre douleur ? Le prana sous-tend toutes les activités du monde, mais vous dites que vous êtes l’acteur. Quand il n’y a pas de prana, y a-t-il un mental ? Quand il n’y a pas de mental, il n’y a pas de douleur. Ceci veut dire que le mental a pris la forme du corps. Quand le prana s’en va et que le corps tombe, où va l’Atman ? La réponse vient à celui qui est clair avec le Soi. Pour cela, en accord avec les sages, le mantra doit être récité.

Sans prana, quelle est votre identité ? Sans lui, qui est un homme ou une femme ? La conscience identifiée au corps apporte joies, misères et, par- dessus tout, la peur de la mort. Tout cela est le jeu des concepts. Quand vous écartez les concepts, il se produit une célébration de libération, ici dans ce corps. Ceux qui lâchent l’addiction au mental, et reconnaissent le Soi, recevront ce qui leur est nécessaire. Rappelez-vous sans cesse le Guru, vous lâcherez le mental et serez libre. Poursuivez la récitation continue du mantra : « Ma véritable nature est indestructible et éternelle. » Le mental disparaîtra ; restera Brahman manifesté lui- même. (Les pensées disparaissent, la conscience pure rayonne.)

Nisargadatta Maharaj

jeudi 6 juillet 1978

Extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd.Aluna

Nirupana 40 – Naissance du temps

Nisargadatta naissance du temps

 Seul Paramatman  a la connaissance du temps. Tout le reste, qui s’identifie au corps, devient victime du temps. Tous les noms appartiennent au temps. Quand vous venez à connaître « Je suis », c’est la naissance du temps. C’est le temps qui est né, pas l’enfant. Pour celui qui a réalisé le Soi, le mouvement de l’horloge et le temps sont une seule et même chose. Pour l’ignorant, l’expérience du temps est une montagne de chagrins. Pour le jnani , le temps a pris fin. L’ignorant vit en pensant qu’il est le corps. Il est prisonnier du temps.

Écoutez juste ceci. Il n’y a pas besoin de rituels. Quoi que vous entendiez ici, soyez-en conscient et ensuite votre méditation suivra son cours. Votre présence est antérieure à la méditation. Le corps repose sur le temps. La conscience dans l’embryon est latente. Elle émerge sous la forme de la conscience d’être. Lentement, la conscience latente commence à se déployer. Est-ce que l’embryon expérimente le temps ? Il ne connaît pas son corps. Après la naissance, il va commencer à s’identifier au corps. Il y a une expérience du temps. Il commence à connaître sa mère. Il reconnaît sa voix.

La croissance d’un corps est le produit du temps. Personne ne peut le vouloir. Force et faiblesse apparaissent en accord avec la nature du temps. Aussi, comprenez le déroulement du temps. Tout ce que vous dites résulte du temps.

Celui qui connaît le temps n’a ni naissance, ni mort. Sans la conscience, personne n’a la connaissance. Personne n’a la connaissance « Je suis » ou « Je ne suis pas ». Le temps est mouvement qui est aussi conscience. La mesure de la durée pendant laquelle le temps est expérimenté, est le temps de votre vie.

Vous êtes le support du temps. Celui, qui connaît le temps, n’est pas dans le temps. La Source de création du temps est sans nom. Vous pourriez l’appeler Paramatman ou Parabrahman .

Le temps vous montre son propre film ; votre naissance en fait partie. La conscience endormie sort de l’utérus. Elle est portée par le temps. Il y avait des personnes qui connaissaient les trois temps – passé, présent, futur. C’est encore le cas. Mais qui est celui qui connaît le temps ? Quand on leur dit que Celui qui connaît le temps est Paramatman, les mêmes disent : « Oui, nous comprenons. » Savez-vous que vous êtes vous-même Celui qui connaît le temps ? Celui qui est antérieur au temps n’a pas de naissance. Il n’est pas né de l’essence des cinq éléments. Il sait qu’il n’est pas cette essence présente dans l’embryon.

Vous êtes né sans votre connaissance. La connaissance arrive après la naissance du corps. C’est le résultat de la nature du temps. Pendant le sommeil profond, les activités du jour suivant sont programmées. Ce programme est enregistré et le comportement s’y conforme. Pour faire de ceci votre propre compréhension, soyez uni à votre « Je suis ». Vous devez réaliser cela par vous-même.

Le temps possède tous ces noms : le soleil du monde, le soleil du Soi, le soleil de l’univers, etc. Ce soleil est votre propre conscience. Quand vous êtes dans votre Soi, c’est le soleil de la connaissance. Le soleil signifie le temps. Tous ces noms sont donnés à votre conscience. C’est le soleil du Soi. Des noms variés comme conscience, force vitale, connaissance du Soi, amour, etc., sont donnés à l’être. Faites preuve de dévotion pour cette conscience. Donnez-lui le statut de Guru. Contemplez-la, soyez révérencieux. Toutes vos autres activités seront mangées par le temps. Reconnaissez le soleil qui a la connaissance du temps, et alors le temps vous servira.

Faites le vœu de pratiquer la dévotion. Celui qui pratique la dévotion acquiert avec certitude une extension de vie. Vous ne pouvez pas vous moquer du suprême Soi. Si de cette extension est fait un mauvais usage, il en résulte des désastres.

À cause de l’illusion de maya, le jiva ne peut accéder à cette connaissance avant que la mort ne survienne. Vous n’avez pas besoin de détermination ou de faire un vœu pour réaliser Paramatman. Il est le témoin de la détermination. Soyez-en conscient. Rappelez-vous à qui vous devez dévotion et pourquoi. Rappelez-vous que la connaissance « Je suis » est la parole du Guru.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 29 juin 1978

Extrait du Nirupana 40 de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj “ éd. 2 océans

 

Nirupana 39 – Maya

Votre nature est celle du Soi, en chaque être

Il doit il y avoir une ferme compréhension de notre propre nature. Ce que vous dites doit reposer sur une ferme conviction. Un verset dit : « Dieu inspire ce que je dis. Ce n’est pas moi qui parle, mais Dieu qui parle à travers moi. »

Ce dont on parle est la conscience manifestée. Le non manifesté est, avant les mots, la dévotion et l’amour. Ce que le Guru enseigne doit être remémoré sans cesse, pendant les heures de veille, quelle que soit l’activité effectuée. Quand il y a samâdhi pendant les heures de veille, cela implique qu’il n’y a ni soucis, ni pensées.

Ne blessez personne. S’il y a dissension, n’y portez pas attention. Le corps va s’en aller un jour. Alors pourquoi devrions-nous sous-estimer la parole du Guru ? Il nous a donné une assurance absolue. Quel est le sens de la vie si vous n’y croyez pas ? Les comportements erratiques ne sont pas les bienvenus dans l’aspiration spirituelle. Il convient d’être stable. Toutes les activités son basées sur des opinions. La Vérité est une, mais les gens l’expriment à leur propre façon, en accord avec leurs opinions. Ils en ont les expériences concordantes. Avec la force de l’ascèse, tout ce qui est dit devient vrai. Le Principe est unique, mais sur sa base, des milliers d’opinions sont apparues. Cela est le pouvoir de maya. Krishna dit : « Sans maya, je ne peux même pas être mentionné. » Maya mène toutes les activités, mais Purusha (ici en tant que Soi, Paramatman) est toujours silencieux. Il est le non-acteur. Ceux qui ont la connaissance d’être Brahman sont les véritables brahmines. Les gens proclament connaître Brahman et restent accrochés à leur ego. Ils commencent alors à prêcher leurs opinions. Ceci encore est le jeu de maya. Il y a eu tant de sages et de saints, mais aucun ne se comportait comme un autre.

C’est seulement après l’apparition de « Je suis » que peut venir le concept « Je suis Vishnu  » ou « Je suis Brahman  ». Mais avant que cela ne survienne, qui étais-je ? Personne ne pense à cela. Maya  fait ce qu’elle veut en prenant les formes adéquates. Créer des apparences et les dissoudre est la caractéristique de maya . Purusha  est seulement le témoin. Si maya  n’était pas là, il n’y aurait même pas mention de Purusha (en tant qu’Absolu). Quand il n’y avait pas l’expérience de maya , quelle connaissance aviez-vous de vous-même ? Tout votre savoir est illusoire . Ce n’est pas stable. C’est visible, c’est perçu, mais ce n’est pas la Vérité.

Purusha  est dépourvu d’action. Tout ce qui est vu et ressenti, l’est par la coloration de maya . Purusha  est ce qui connaît maya . Parfois, des sages développent une certaine fierté de leur réalisation. Cette fierté devient un obstacle pour eux et les fait vivre pour des milliers d’années. Tout ce qui est connu ne sera jamais stable.

Pourquoi ?

Parce que maya  est illusoire. Vous ne pouvez pas parer à maya  même en faisant pénitence pendant des milliers d’années. Même au travers des différentes traditions religieuses, l’état de veille et de sommeil sont les mêmes pour tous. Par la surimposition de maya , certains accumuleront des mérites et d’autres davantage de mauvaises actions. Une fois que le corps sera parti, il n’y aura plus de trace de mémoire de ce que vous avez fait aujourd’hui. Alors, quel usage allez-vous faire de ce mérite ?

La renaissance est l’opinion de certains sages. La connaissance basée sur des opinions est un savoir intellectuel. C’est illusoire. Ce n’est pas la connaissance du Soi. C’est temporaire. Cela existe le temps que le corps est là. Peut-il y avoir conscience sans le corps ?Qu’est-ce qui vous est propre ? La conscience qui est dans le corps.

Elle dépend de l’essence de la nourriture. Aussi longtemps que le corps fonctionne bien, vous penserez que vos pensées sont vraies. Mais reconnaissez-le dès aujourd’hui. Cette dualité n’était pas là, et même maintenant, elle n’est pas là. C’est illusoire. Bien que tout ceci soit en mouvement, rien n’existe. Il n’y a pas de sage réalisé. Personne ne vit, personne ne meurt. Tout ceci est maya . Même les sages se laissent étourdir par le pouvoir de maya . Sinon, il n’y aurait pas tant d’opinions.

La chose la plus importante est notre conscience. Elle est arrivée en tant qu’invitée pour quelques jours. Finalement, elle s’en ira. Ce qui, à l’origine, n’était pas là, retournera à cet état. Comment et dans quel emballage allez-vous préserver la conscience ? Est-ce que quelqu’un peut dire : « J’étais là avant la conscience » ? C’est uniquement la conscience qui est créée.

Faute et vertu sont juste des mots. Quand quelqu’un entreprend la discrimination, les mots se sauvent. Seul le suprême Soi a la connaissance de comment le verbe fait l’expérience du verbe. Chacun est l’esclave du mental et de l’intellect. Votre vraie nature est antérieure à la conscience. Pouvez-vous préserver cette conscience ?

Dès maintenant, regardez cela avec discernement.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 25 juin 1978

Extrait  de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna.

Nirupana 38 – méditez sur votre Soi

soi nisargadatta maharaj

 

 Il n’y a pas d’autre Dieu que la conscience.

Méditez sur la sensation « Je suis ». Elle est le méditant lui-même. C’est si simple, et pourtant les gens pratiquent d’incroyables ascèses pour l’atteindre.

Comme Krishna, vous devriez aussi dire : « Tout ceci est Je. » Ce qui écoute est la conscience. N’êtes-vous pas conscient d’être ? Auparavant, vous n’existiez pas et n’étiez pas conscient de votre existence. Maintenant, vous savez que vous êtes et cette connaissance est conscience.

Méditez sur votre Soi, mais pas en tant qu’un corps limité.

Est-ce que la mémoire que vous êtes un homme ou une femme vous appartient ou appartient au corps ? Est-ce que cette mémoire est vous ?

À partir du moment où quelqu’un ressent « Je suis », les cinq éléments sont perçus dans la conscience. Poursuivre en qualifiant « Je suis » de « comme ceci » ou « comme cela » est ignorance. Le remède à cela est la recherche du Soi. Comme il est difficile de méditer directement sur la conscience, vénérez-la en tant que le Guru . Vous pouvez penser au Guru se tenant derrière vous, la lumière illuminant tout. Mais vous n’avez pas la capacité de vous imaginer vous-même, vous tenant derrière vous.

Les premières étapes de la méditation requièrent le support de la dualité.

Votre vraie identité n’a pas de forme corporelle. Tout deviendra clair quand vous réaliserez qu’il n’existe rien d’autre que vous. Là où se trouve Dieu, vous êtes ; là où vous êtes, Dieu est. Vous n’êtes pas dépendant du corps, ou de la connaissance dans le corps. Vous saisirez clairement sans aucun support que « Je suis éternel et le suis à jamais ».

Vénérez uniquement ce par quoi vous connaissez toute chose. La nature de Paramatman  est la vôtre, votre droit propre, votre propre existence.

Il n’y a pas de connaissance du Soi pour celui qui se considère comme un corps physique. Le Soi doit être réalisé avec une totale détermination.

C’est la raison de votre aspiration à venir ici.

Nisargadatta maharaj

jeudi 22 juin 1978

Extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 37 – Le Soi, notre véritable nature

nisargadatta maharaj soi

Dans les temps anciens, quoi que ce soit que le Guru avait à dire au disciple, il ne le disait qu’une seule fois. Quand ils se rencontraient à nouveau douze ans après, le disciple était prêt. La signification de cela est qu’il n’est pas nécessaire de revenir constamment auprès du Guru.

En tout premier, il y a le Soi, notre véritable nature. Puis la conscience apparaît. À travers elle, toutes les activités prennent place. Elles sont dé- pendantes de la mémoire. Mais rien ne reste pour toujours. Le fonctionnement dans son entier est tradition. Rare est celui qui s’y penche. La conscience, et tout ce qui est connu à travers elle, est par nature universel. Cela, qui en a la connaissance, est atomique et impénétrable. Tout ce qui est connu par la conscience est soumis au changement, et pour finir, la conscience elle-même disparaît. Alors qui est né et qui meurt ? Vous avez saisi toute chose dans la conscience. Mais la conscience a un début et une fin. C’est votre illusion de vous prendre pour ceci ou cela au sein de la conscience. Ce que vous connaissez par la conscience s’en ira. Alors, ultimement, quelle est l’utilité de ce que vous avez fait ?

Ce qui est créé est le lotus du cœur, ses pétales sont le monde. Depuis là, différents pollens sont créés. Mais leur source reste le lotus (la conscience la plus subtile est appelée le lotus du cœur.) Quoi que vous connaissiez fait partie de la conscience. Celui, qui sait que la conscience se lève et se couche, est libéré. Nous sommes prisonniers quand nous prenons ce que nous connaissons par la conscience pour vrai. Il lui a été donné le statut de Dieu. Si vous n’avez pas de conscience, où est Dieu ? Le Guru plante dans votre conscience la graine « Je suis Dieu ». Elle germe et grandit. Alors, le chercheur réalise que la forme (le corps, Dieu) n’a pas d’utilité. L’homme instruit, comme le simple croyant, est libéré. Seuls, ceux qui restent dans un entre-deux, continuent d’aller à tâtons.

Ne vous contentez pas de méditer, vivez en méditation. La parole du Guru est la seule Vérité. Accrochez-vous à cela. Le Guru vous dit : « Vous êtes pur Brahman », tenez-vous à cela. C’est la graine de conscience. N’oubliez pas que vous êtes conscience. Avec conviction, persistez fermement dans « Je suis Brahman ». Quelle est votre part dans le monde ? Alors, de quoi êtes-vous fier ?

Espoir et désir sont les huiles qui tiennent la lampe de la vie allumée. Quand les désirs et les espérances arrivent à leur fin, on s’éteint tout aussitôt. On ne meurt pas, mais on s’éteint comme une lampe (en tant que conscience identifiée.) D’après les Vedas, les pensées du dernier moment de la vie conditionnent la destination à venir. Par exemple, si un Hindou et un Musulman s’entretuent et ont l’attention fixée l’un sur l’autre, l’Hindou renaîtra en tant que Musulman et le Musulman en tant qu’Hindou, ainsi la bataille ne finit jamais.

Se remémorer le Guru veut dire se remémorer la conscience. Quand vous vous verrez en tant que conscience, vous viendrez à connaître comment tout est libre et ouvert. Vous et votre monde êtes vides. Les efforts que vous faites créent une interruption dans ceci. Votre conscience est comme une visiteuse (passagère). Le monde est vu à travers la conscience, mais la conscience ne restera pas. C’est un état passager. Alors, pourquoi être concerné par le monde ? Quand la conscience s’en va, est-ce que cela veut dire que vous mourez ? La conscience a reçu le statut de Dieu. Quand vous accédez à la nature de Dieu, vous comprenez que tout est irréel. Alors, vous êtes libéré de l’esclavage. Si tout effort est abandonné, il n’y aura plus d’interruption (les efforts entretiennent le mental, qui est une interruption.)

La conscience qui parle de Dieu et la conscience qui écoute ne sont pas différentes. Écouter les enseignements entraîne le détachement. La compagnie du corps ne dure pas. En outre, il change au fil des différentes étapes de la vie. La conscience n’a pas de forme, ainsi elle n’est ni homme, ni femme. Le sens « Je suis » dépend des cinq éléments. Vous souhaitez vous débarrasser de votre conscience identifiée ? Pour cela portez attention à la conscience qui écoute. Ce n’est pas important que vous soyez impliqué dans beaucoup d’activités ou non. Mais le concept « Je suis celui qui fait et je suis responsable de ces activités » doit dispa- raître. Votre conscience temporaire est plus subtile que l’espace. Vous êtes tout. L’identité que vous avez prise, quelle qu’elle soit, ne restera pas. Celui qui a la connaissance de cela est immortel.

Ce que vous connaissez existe uniquement au travers de la conscience. Elle expérimente la joie et la peine. Celui qui connaît la conscience est antérieur à l’expérience. La conscience est la naissance de Dieu. Souvenez- vous de cela (quand vous êtes amené à connaître « Je suis », Dieu naît).

La graine de Brahman est semée en vous à travers l’expression « Je suis ». Plus elle prendra racine, moins il y aura d’identification à un être humain. Dieu signifie la conscience, de même que votre sentiment d’être, de même que « Je suis ». Vos actions sont les actions de la conscience divine. Sans la réalisation du Soi, vous ne pouvez être un jnani.

La récitation du mantra est le rappel de notre véritable nature. C’est la méditation sur « Je suis ». Pratiquez cela. Cela ne requiert pas d’autre preuve. Les concepts mondains d’un individu déterminent son com- portement. Alors que votre conscience est naturelle et spontanée ; elle n’est pas le résultat de vos concepts et idées. Quand il n’y a plus de nécessité de « Je suis » ou de « Je devrais être », c’est la libération.

La mort est juste une peur projetée. Ce n’est pas matière à expérience. La mort du corps n’est pas votre mort.
Le concept précède l’action. Mais la conscience est sans concept antérieur. Ce qui n’était pas remarqué avant ça, est perçu en tant que « Je suis ». C’est encore lié au temps. Cela a une fin. Écouter l’histoire de Dieu, c’est écouter votre propre histoire. Quand vous êtes juste conscient de votre sentiment d’être, y a-t-il encore besoin de Dieu ou du monde ? Les mots ne peuvent pas décrire la réalisation du Soi.

Celui en qui Dieu s’incarne, est capable de discrimination. Cette connaissance ne peut venir par la récitation du mantra ou les ascèses (celles-ci ne sont pas utiles à la réalisation du Soi, mais le sont pour amener le mental au calme). Qui vous envoie ici ? N’est-ce pas votre propre Soi ? Où vous n’êtes pas, il n’y a pas de Dieu, pas de religion, et pas de monde. Là où vous êtes, tout est. Dieu est caractérisé par la connaissance. Vous êtes Cela en quoi toutes caractéristiques sont dissoutes.

Nisargadatta Maharaj

Dimanche 18 juin 1978

Extrait du Nirupana 37 de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj”