Quand vous regardez la lune, que voyez-vous entre elle et vos yeux ? L’espace entre n’est pas vu. De la même façon, votre propre lumière, par laquelle vous regardez, n’est pas vue. L’espace et la conscience sont une seule et même chose. Votre conscience est espace.
Dans un énoncé logique, la création se déroule ainsi : en premier apparaît la graine de conscience, avec la sensation « Je suis » ; ensuite l’espace, suivi par les quatre autres éléments. Il en est ainsi. Celui qui a réalisé sa propre conscience, l’origine et la cause de celle-ci, en est le témoin. Il n’agit pas. Quand le roi est assis sur le trône, les affaires suivent leur cours, juste par sa présence. De la même façon, le témoin n’agit pas. Avec la naissance, la sensation « Je suis » apparaît. Avant la naissance, cette sensation n’existait pas. L’énergie vitale effectue toutes les actions. Le connaisseur est antérieur au connu. (Le connaisseur si- gnifie le Soi ou Paramatman qui est antérieur à la conscience). Il s’agit de l’état non manifesté. C’est la véritable nature de tout être. Celui qui réalise cet état est appelé jnani. L’ignorant associe la sensation « Je suis » au corps, le chercheur l’associe à la conscience pure, alors que le jnani ne s’identifie à rien. Une fois cela écouté, voyez ce qu’il en est de votre état présent. Il n’y avait pas de concepts avant la naissance, mais une paix infinie. Le concept « Je suis » émerge à travers l’énergie de sattva guna. La conscience identifiée est appréciée uniquement par ignorance. Le chercheur l’apprécie en tant que connaissance. L’être réalisé n’est plus concerné par cette satisfaction. Celui qui connaît est antérieur à la connaissance. Il est dit que parfois un remède peut être aussi l’obstacle. Il reste encore un remède de valable pour vous, la récitation de votre mantra ; votre conscience se renforcera. Votre détermination en sera renforcée. Plus la confiance dans le Guru est grande, plus l’aboutissement est rapide. Si vous identifiez le Guru à un être humain, votre conscience vous harcellera. Celui qui suit ses recommandations en toute confiance, aura la satisfaction de la réalisation dans ce corps. Se rendre signifie abandonner la conscience identifiée au corps. Tout offrir à Brah- man veut dire rester sans qualités personnelles. Agissez avec la conviction que la conscience, qui soutient l’univers dans son entier, agit à travers vous. Par vous-même, vous êtes incapable de quoi que ce soit. Toutes les actions sont supportées par la force vitale.
Le Guru vous amène à la conscience. C’est par votre présence en tant que conscience pure que les endroits visités lors d’un pèlerinage prennent leur dimension de lieux saints. Il n’y a rien de plus sacré que la conscience. Quand vous réalisez le Soi, il n’y a rien de plus saint que vous.
Quand vous aurez saisi cela, il n’y aura plus le besoin de chercher la compagnie d’autrui. Celui qui éprouve de la fierté pour « son » éveil est un ignorant. Qui pourrait éprouver de la fierté, quand il réalise que rien ne s’est passé ?
L’amour implique votre besoin d’exister. L’amour est infini et illimité. La conscience a émergé en nous sans que nous en ayons connaissance. Elle est sans forme, sans caste, sans conviction. Elle est l’expression la plus pure de l’énergie vitale, ou encore la puissance de cet amour qui fait ressentir « Je suis ».
Un jnani ne rentre pas en compétition. Il se tient en dehors des critiques. Ceux qui n’apprécient pas un jnani, le font par l’immaturité due à leur identification au corps. Ils ne comprennent pas ce que le jnani exprime. Par la grâce du Guru, la compréhension peut venir en un instant. Ne prêtez pas au Guru, sans qualité et sans forme, une conscience identifiée. Ce que vous entendez maintenant est le fruit de l’expérience du Soi. Ce ne sont pas des paroles rapportées. À qui appartient cette voix ? Quand a-t-elle était créée et pourquoi ? C’est la voix du prana. Ce n’est pas votre voix. Méditez à partir de votre conscience, pas en étant identifié à votre corps. Seul l’amour se déploie à travers les trois gunas et les cinq éléments. C’est l’amour de soi.
La dévotion au Guru vous ouvre les yeux. Ce qui est vu sans les yeux est supérieur. Avant que les yeux s’ouvrent, la lumière est d’un bleu profond. Aussitôt que les yeux s’ouvrent, elle devient transparente. Soyez fidèle au Sadguru. Ne Lui surimposez pas votre conscience identifiée. Une fois reconnue la conscience-graine, tout prend la forme d’une offrande à Brahman. (Un non-attachement aux activités quotidiennes s’ensuit).
Qui parle ? Est-ce vous ? Le verbe appartient à l’espace. Vous êtes avant l’espace. Mon Guru avait l’habitude de dire : « Peu importe l’âge que vous avez, vous êtes un enfant. » (Le corps vieillit. La conscience est toujours dans le présent, tel un nouveau-né). Toutes sortes de pratiques existent dans le monde. Faire des actions miraculeuses à partir de pouvoirs spirituels s’apprend aussi. Je ne suis pas allé dans cette voie. J’ai uniquement étudié la nature du Soi comme enseignée par mon Guru. Comparé à la réalisation du Soi, tout le reste est insignifiant. Sans la confiance dans le Guru, vous n’aurez de cesse d’aller d’enseignants en lieux saints indéfiniment. Si vous suivez les mots de votre Guru, plus besoin d’aller chercher ailleurs.
Nisargadatta Maharaj
dimanche 29 janvier 1978
Extrait de ” Méditations avec Sri Nisargadatta” Ed. Aluna
Si je me considère comme le corps , ma naissance , c’est à dire le début de mon existence, sera celui de la séparation d’avec la matrice de chaire.
Si je me considère comme conscience individuelle . ma naissance sera le moment de séparation d’avec la Conscience Une, c’est à dire de m’expérimenter comme un être séparé.
Si mon identité repose sur le “Je suis” unifié, ma naissance repose sur l’apparition de la conscience impersonnelle. Si l’apparition et la disparition est saisie dans ce qui ne naît pas (le Soi) . Alors suis- je né? Et si je ne suis pas né, est ce que je peux mourir?