Nirupana 9 – Le feu suprême

Votre vraie nature n’est pas différente de Parabrahman. Votre identité est basée sur votre corps et vous vous considérez comme un homme ou une femme. C’est une erreur de vous appeler vous-même un être humain. Cela qui écoute maintenant est votre vraie nature ; elle est pure conscience. C’est une erreur que de l’appeler un corps. Votre véritable identité est là avant votre connaissance. Quelle que soit la forme à laquelle vous vous identifiez, elle ne durera pas. En réalité, vous n’avez ni naissance, ni mort. Elles appartiennent au corps.

Votre conscience ( identifiée) est un produit de l’activité des trois gunas. Votre sensation de joie ou de peine dépend de la conscience. Mais cette conscience disparaîtra comme une flamme s’éteint. Le feu suprême est la réalisation du Soi.

Est-ce que le soleil sait que sa luminosité varie ? Vous en faites l’expérience par la qualité de votre propre lumière. La plus importante des trois qualités est la qualité de conscience – Sattva. Vous connaissez toute chose par celle-ci. Qui crée les maisons, machines, routes, etc. ? N’est-ce pas le fruit de la conscience de quelqu’un ?

Vous vous rendez esclave de vos besoins. Vous serez libre de cet esclavage quand vous réaliserez que ce qui est en train d’écouter est libre et sans forme. C’est votre véritable nature. Reconnaissez la nature de Cela par quoi vous vous sentez être.

Vous parler de votre vraie nature, à travers ce qu’elle est et comment elle se manifeste, est la signification du mot Nirupana. Tout ce que vous concevez par le mental ne durera pas. Le sens de « moi » et « mien » est une caractéristique naturelle de la conscience( identifiée). Saisissez le principal guna – sattva – en tant que jnana. Vivez une vie sans attente. Alors, automatiquement, les attachements s’en iront. Reconnaissez que vous êtes sans exigence. Votre véritable nature est là spontanément. Ne la dérangez pas avec le mental. Vous avez toujours pris Dieu pour soutien. Cela ne veut pas dire que vous connaissez Dieu. Rama, Krishna et Vishnu, sont des noms donnés à des corps. Ils sont à l’origine d’une vénération pour avoir réalisé la Vérité. S’il médite sur elles, un dévot peut avoir des visions de déités conformes à ce qu’il en aura entendu. D’où provient une telle vision ? Lui, lui-même, en est l’origine. Quoi que vous ayez pris pour acquis, cela n’a pas de valeur. Vous n’avez aucun contrôle sur les activités quotidiennes. Elles se poursuivent d’elles-mêmes. Une fois installé réellement dans le Soi, vous ne désirez plus rien.

Brahman, Vishnu et Shiva (Dieu dans ses dimensions de créateur, soutien et destructeur du monde), sont les noms de votre Soi. Jiva est né comme un questionnement du temps. Les désirs sont associés à la nature de Jiva. Votre connaissance du monde dépend de votre conscience. Quand quelqu’un dit : « J’explore le subtil », qu’est-ce que ça signifie ? Cela, évidemment, concerne la conscience, la sensation « Je suis », qui n’a pas de forme, pas de couleur ; qui a une saveur, celle de la conscience d’être. Quelle relation entretenez-vous avec cette connaissance ? Est-ce qu’elle meurt quand le corps, fait des cinq élé- ments, cesse d’exister ? Imaginez quelle serait votre apparence sans le corps ?
Garder à l’esprit ce que vous venez d’entendre et le prendre comme sujet de méditation sera le meilleur des remèdes. À travers la pratique d’une telle méditation, vous assisterez à une transformation constante, jusqu’à ce que vous atteigniez un état où il n’y a plus de changement.

La Vérité n’a pas de connaissance d’Elle-même (puisque sans mani- festation). Pointez constamment vers cela. Faites sortir la conscience identifiée de votre mode de pensée. Quelle que soit votre obstination à le croire, vous ne pouvez pas être un homme ou une femme pour toujours. Les cinq éléments retourneront aux cinq éléments. Même si vous ne pouvez pas comprendre tout ceci, saisissez au moins Cela par quoi vous avez la connaissance « Je suis ». Encore une fois, je vous le redis : « Méditez en permanence sur votre objectif. Il vous illuminera. »

Votre mental a besoin de quelque chose à quoi penser. Vous ne pouvez supporter votre conscience sans la recouvrir de pensées. Méditer sur le Soi est possible uniquement par la grâce du Guru. Une telle méditation est unique et rarement proposée. De par sa nature, le temps ne permet pas aux choses de rester stables. Si vous ne pouvez pas foca- liser l’attention sur l’objectif (la conscience), alors appelez-la « Guru » et dites : « Je médite sur mon Guru. »
Tout cela est simple. Le monde est une création de votre propre conscience.

Purusha en est le témoin immobile, l’observateur, et prakiti (la puis- sance du prana) agit à travers le corps. Le mental, l’intellect ou l’intuition sont tous des noms du prana. Il n’y a pas de séparation entre jnana (la conscience) et prana (la force vitale). Elles sont les deux faces d’une même pièce. Alors si prana est satisfait, la conscience l’est aussi. Quand vous méditez sur la force vitale, la méditation sur la conscience se développera indirectement. Les deux sont sans forme. Toutes les activités se déploient grâce à elles. Comment quelqu’un pourrait-il soutenir que jnana et prana meurent quand le corps disparaît ?

Vos pensées « moi, mien » vous empêchent de connaître le Soi, ce qui vous fait vivre d’une manière indigne. Rappelez-vous au moins ce que sont purusha et prakiti. Allez jusqu’au bout de votre union à Prana. Prana est Dieu. Il implique le mouvement. Au dénouement, le témoin du mouvement et le mouvement se dissolvent dans cet état sans qualité aucune. Pour le sage, le moment où le prana quitte le corps, à l’occasion du « grand départ », est une célébration.

« Attendez un moment à la porte de Dieu. Les quatre sortes de libération sont là. » La signification de cette citation est que si vous restez présent au Soi un certain temps, vous serez libéré. Le Guru vous libère. Il vous initie en disant : « Votre véritable nature est identique à la mienne. » Il vous transmet le mantra, en ne vous considérant pas comme un homme ou une femme, mais comme la conscience qui écoute. Le jiva est parfait, et pourtant il gémit encore sur la peur de mourir. Le sage ressent de la compassion pour le jiva, pour sa condition. C’est pour cela aussi qu’il peut paraître en colère et impatient.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 22 janvier 1978

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions des deux Océans

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *