Un acte répréhensible peut se transformer en acte vertueux, et un acte vertueux devenir répréhensible. Par exemple, quelqu’un pourrait vouloir nourrir un millier de brahmines pour acquérir du mérite. La nourriture pourrait être empoisonnée accidentellement, et causer un préjudice à ces personnes. Il en est ainsi de la destinée.
Tous les noms ont une durée limitée. Quand ce qui est imaginaire est effacé, que reste-t-il ?
L’expérience de Dieu (la conscience) est là tant qu’il y a vie. Quoi qu’il en soit, Je suis intemporel. Cependant, mon état véritable doit encore être décrit par relation avec quelque chose. Le non manifesté devient manifesté avec la sensation « Je suis ». Dans la prison de ce concept, quatre-vingt- un ans se sont écoulés. Il n’y a rien de comparable à l’expérience « moi réalisant Dieu » ou « Dieu me connaissant ». Ce ne sont pourtant que des ouï-dire. Dieu n’est qu’un concept. Tous les concepts sont limités au temps. Mon état infini est sans désirs et sans pensées. Le concept « Je suis » est venu, sans attente, et avec lui le monde. Un roi rêve pendant cinq minutes. Dans ce rêve il est mendiant pendant cent ans ! Quand il se réveille, il est à nouveau le roi comme auparavant. Le rêve « Je suis » est momentané. Dans ce rêve, nombreux sont ceux qui m’encensent, nombreux aussi sont ceux qui me molestent. Cela ne m’affecte pas. Toujours, je suis parfait.
C’est un accident que vous soyez soudainement venu à la connais- sance d’exister. Je dis au gens de faire quelque chose pour qu’ils aient une raison de vivre. Quand un homme meurt, cela signifie que son corps est arrivé à sa fin. Prana l’a quitté. Celui qui est mort, était-il différent deprana ? Quand prana (sous une forme individuelle) s’immerge dans le prana universel, il s’oublie lui-même. Sans prana il n’y a pas d’existence.
Les gens ont toutes sortes de suggestions sur ce qui devrait être fait. Ils sont comme un bambou creux. Qui décide du comportement juste ? Tout ceci est une grande fraude. C’est l’illusion primordiale – maya. Ce qui n’empêchera pas quelqu’un de dire : « Dis la vérité, fais ceci, ne fais pas ça ! » C’est à cause de cette grande fraude que vous avez la sen- sation d’être et que vous vous prenez pour un homme ou une femme.
Votre conscience est de la nature de l’espace. La connaissance qui est venue à vous, sans savoir comment, est votre conscience. De quoi êtes-vous le témoin en premier ? De la conscience que vous êtes, et ensuite vient le monde. L’apparence d’un être humain est l’apparence de Brahman incarné. Saisissez Cela qui est connu avant toutes choses. C’est Celui qui écoute. Quelle est la différence entre vous et le monde ? Est-ce que votre lumière est différente de la lumière du soleil ou du ciel ?
C’est l’espace de conscience (chidakash) dans lequel « Je suis » apparaît. La conscience est la certitude de notre propre nature. Prenez bien soin de votre corps. Dans tous les cas, soyez certain de votre vraie nature. L’amour et la dévotion sont les noms de la connaissance « Je suis ». C’est la connaissance pure, non reçue de quelqu’un d’autre. Elle arrive sans avoir été demandée. Tenez fermement cette connaissance. Il s’agit de celui qui écoute. Il s’agit de votre vraie nature. L’enseignement offert à qui se vit en tant que conscience identifiée, part à la poubelle. Pendant ce temps, la fierté portée au corps continue de croître.
Un enfant qui n’est pas encore né, joue joyeusement dans la force vitale. Il n’y a pas de différence entre la force vitale d’un enfant qui n’est pas né et celle de celui qui est né. Vous ne pouvez pas dire que celui qui n’est pas né n’existe pas. Il joue joyeusement dans la totalité de la conscience (Maharaj considère la naissance comme le moment d’apparition du temps). Méditez sur la conscience. Elle est dans le corps. Elle n’est pas le corps. Tout est vu en vertu de cela. Tous les noms ap- partiennent à la conscience. Le monde est là pour la distraction de ce concept. Vous développerez la foi en Vous, si vous avez foi dans le Guru.
Quand la foi s’installe, la juste connaissance arrive. Il n’y a pas de différence entre nous. Si quelqu’un est sans forme, où se logerait la fierté d’une action ?
Du point de vue du jnani, le monde n’a jamais été créé. Tout ce qui est vu est faux. La couverture, qu’est votre corps, n’est pas ce que vous êtes. Vous êtes la conscience lumineuse en lui. Vous pouvez vous iden- tifier avec ceci ou cela qui est expérimenté dans la conscience. Celui qui connaît la conscience est parfait. Il est sans désir. Cette véritable situation ne peut pas pour autant être décrite, par le fait qu’elle est sans caractéristique, sans couleur. Par la foi dans la parole du Guru, la réalisation ne vacillera jamais.
Nisargadatta Maharaj
Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna