Nirupana 43 – la fièvre mental et la création du temps

temps illusion fièvre mental

 Le mental est comme une fièvre qui vous serait tombée dessus, sans savoir comment. Quoi que vous fassiez apporte de la souffrance. Vous menez à bien vos actions pour supporter votre mental. Quand la forme corporelle vient à l’existence, la sensation « Je suis » est perçue. Le mental est créé à partir de cette sensation d’être. Le repos se trouve dans le sommeil profond. Une fois réveillé, vous courez alentour faire des choses qui, vous pensez, vous seront bénéfiques. Pourquoi en est-il ainsi ? C’est une tentative de se débarrasser de cette fièvre appelée le mental. Il y a de nombreux noms donnés au mental : Brahman, Prana , etc. Tant qu’il n’y avait pas de mental, comment étiez-vous ? Avant que le mental apparaisse, à quoi ressemble quelqu’un ? Il était parfait Brahman, antérieur au concept, antérieur à la manifestation, antérieur aux trois gunas . Parabrahman  est connu de tous les êtres vivants. Tant que le mental n’était pas perçu, il n’y avait besoin de rien. Il n’y avait pas de connaissance « Je suis » ou « Je ne suis pas ». Quand vous accédez à cette compréhension, la dévotion envers Brahman,  etc., est vue comme une blague, alors la « fièvre-mental » s’en va.

Pour parler vrai, vous vous battez pour votre bien-être parce que vous êtes dans la confusion de l’illusion première.

Ce qui est vu n’est pas votre véritable nature. Cela, qui était immobile, s’est légèrement mis en mouvement et a créé ce monde rêvé. Ceci signifie que vous êtes réellement le créateur. La vision qui a créé le monde n’est elle-même pas vraie. Il semble que beaucoup de choses se font dans ce rêve, mais réellement, est-ce que quelque chose s’est fait ?

Peut-on porter le moindre crédit à la revendication d’actions de cette forme corporelle ?

Vous vivez en tant que corps, aussi vous comportez-vous comme quelqu’un qui obéit au temps. Vous n’avez pas la connaissance que le temps est votre création. La sensation « Je suis éveillé » est le temps. Qui soutient cet univers, avec ses soleil, lune et étoiles ? C’est Le même que Celui qui le voit. C’est ce qui fait dire à Krishna : « Je soutiens l’univers. »

Le temps est une saison. La sensation « Je suis éveillé » est le temps. Alors vient le mental avec la connaissance « Je suis ». Elle a envahi toute chose.

Mais, c’est une phase temporaire. Krishna dit : « J’ai observé cette phase, et c’est en cela que Je suis le créateur de l’univers. »

Le temps est lié par son essence aux trois guna-s : sattva, rajas et tamas. Le temps règne sur les gens à travers leurs désirs. Qui amène l’action ? Ce qui est Unique agit tout. Il devient multiple et se met en mouvement au travers du désir tant qu’il y a une expérience du temps. Qu’est-ce que le mental ? Le mental, c’est la sensation « Je suis éveillé ». Quand le mental se dissout, il n’y a plus de connaissance. Les noms des déités arrivent après tous les noms du mental.

C’est l’histoire de Para-atman, Celui que vous êtes. Vous n’êtes pas débarrassé de vos habitudes de conscience identifiée au corps. L’état de veille est le temps. Et dans le temps, il y a dualité. Aussi devez-vous devenir votre propre preuve (de l’état Absolu non duel.) Alors, vous ne rencontrerez plus d’autre. Vous connaissez le mental ; vous n’êtes pas le mental. Espoirs, désirs, passions, sont des aspects du temps. Et pourtant, encore, la personne dit : « Je fais » ou « J’agis. » Y a-t-il une différence entre une attente et une passion ? Par les rites et rituels, vous échangez une cage en fer contre une cage en or.
C’est seulement après l’arrivée du mental que vous demandez de la nourriture, une maison, une femme, un mari, etc. Vous appelez cela des désirs. Là encore, il s’agit de la nature du temps. Reconnaissez la fièvre du mental. Le mental est aussi appelé Brahman (la réalité manifestée), qui prend naissance des millions de fois par jour. Toutes les activités du monde résultent de la nature du temps. Dire de quelqu’un qu’il est célèbre, etc., est de la nature du temps. Le temps est la fondation de tout l’univers. Quoi qu’il en soit, vous êtes antérieur au temps. Et pourtant, la conscience identifiée au corps est toujours là. Vous n’avez rien à lâcher. Vous avez à le comprendre. Il y a un rayonnement de lumière incroyable dans le corps. La lumière qui provient de vos yeux imprègne le soleil et la lune. Cette lumière féroce et éblouissante est absorbée par l’Absolu. Il avale des millions de soleils. L’intense bleu profond de l’Absolu (tel que vu les yeux fermés) est si vaste que d’innombrables mondes dansent en lui comme de simples cailloux.

Quand quelqu’un entend cela, il devrait dire : « Oh ! En est-il vrai- ment ainsi ? » Allez-vous connaître ceci une fois mort ? Ce monde est si vaste, et pourtant celui qui le regarde est plus petit qu’un atome. Pour comprendre cela, vénérez Cela par quoi vous entendez tout ceci. Que connaissiez-vous avant que la conscience n’apparaisse en vous ? Plus vous réduirez vos espérances et désirs, plus vous serez heureux.

Guna signifie la conscience qui vous a envahi soudainement. Un nombre infini d’univers joue dans la conscience. Qui connaît cela ? Qui est antérieur à la conscience ? Est-ce ce qui est vu, ou ce qui voit ? Si ce qui voit n’est pas là, la scène peut-elle être là ? Par la grâce du Guru, l’idée « le temps est ma fameuse mort » est partie. Quand le prana quitte le corps, ne dites pas : « Je suis en train de mourir. » Autrement, vous aurez à reprendre à nouveau une nouvelle forme. Bhausaheb Maharaj (le Guru du Guru de Nisargadatta) applaudissait quand le prana quittait le corps. Ne voulait-il pas signifier ceci : « Je suis indestructible, Je suis Atman ? »

La libération est possible pendant que le corps est présent. Est-ce que les animaux peuvent l’atteindre ? Quand est-ce qu’une autre naissance survient ? Après un rêve, un second rêve peut survenir à la suite, si il doit se produire. Rappelez-vous que celui qui ne craint pas la mort vit pour très longtemps.

Nisargadatta Maharaj

 13 juillet 1978

extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd.Aluna

Nirupana 42 – Conscience

nisargadatta maharaj nirupana

Ne rentrez en compétition avec personne dans le monde. Mettez de côté de telles choses. Votre dévotion à la parole du Guru doit être infaillible. Une telle dévotion n’est pas duelle. Dans cette dévotion, il n’y a pas de peur ou de mendicité. Vous ne trouverez jamais la paix dans une association avec les objets du monde. Une fois le Soi réalisé, cela ne peut plus être perdu. Débarrassez-vous de votre conscience identifiée, de la sensation « Je suis un homme » ou « Je suis une femme ». Cela qui est sans couleur, sans apparence, n’a pas d’attentes. Si vous comprenez complètement vos points faibles, ils deviendront vos points forts. Jusqu’à la quarantaine, continuez d’apprendre quelque chose. À travers cela, vous recevrez des encouragements et quelques qualités pour vivre. Finalement, vous serez fier de dire : « Je ne sais rien. »

Le fait de pouvoir mentionner le mot nirguna (non manifesté) fait appel à la relativité. Nirguna ne peut être reconnu que par la présence de guna. Que se passe-t-il quand il n’y a pas de guna ? Guna veut dire la connaissance survenue à travers la sensation « Je suis », sans avoir été demandée. C’est la conscience qui est en train d’écouter. Quand il n’y a plus la sensation « Je suis », c’est appelé nirguna. Quand un être devient un avec sa conscience et s’oublie lui-même, il atteint la réalisation du Soi. La même conscience se trouve sous la forme des cinq éléments. Elle est sous la forme de notre être. Celui qui connaît la conscience est sans caractéristiques (gunas). Quand la conscience devient illuminée, vous sentez « Je suis ». Mais elle est identifiée au corps. Le seul moyen d’éliminer la conscience identifiée est de se tenir à la parole du Guru.

Celui qui s’est imprégné de mes mots sera sans complainte. Pour s’imprégner de mes mots, il convient de méditer sur la conscience dans la solitude. Quand la conscience est purifiée, elle se résorbe dans l’état non manifesté ; une paix sans fin prend place alors. Vous avez été charmé par la conscience, et vous vous êtes identifié à votre corps. Il est très difficile de rompre cette habitude. Après avoir entendu tout ceci, vous pouvez continuer de vivre votre vie comme bon vous semble. Il n’y a pas besoin de rituels. Il n’y a pas de séparation entre nous. Je vous vois sans forme, même si vous vous prenez pour un corps.

À partir du nirguna, de nombreuses caractéristiques (formes manifestées) sont créées. Ceci doit être saisi pendant que la conscience (sattva guna) est encore dans le corps. Sinon, ce sera encore le temps d’une naissance, puis d’une autre. Vénérez-la avec un amour dévotionnel. Elle sera purifiée. La compréhension claire des trois gunas se fera. Vous en viendrez à voir que vous n’êtes pas l’acteur et il y aura une paix infinie. La manifestation de votre conscience est appelée naissance. On l’appelle aussi le corps subtil.

En dépit d’intenses efforts, l’habitude de la conscience identifiée au corps ne s’arrête pas. C’est rendu possible à celui qui, sans faille, s’en re- met à la parole du Guru. En récitant le mantra « Je suis pur Brahman », vous deviendrez sans limite. Il doit il y avoir une foi inébranlable dans le Guru. Sa parole devient une avec votre souffle. Elle devient la joie de votre sensation « Je suis ». Elle modifiera le corps subtil.

Celui qui n’a pas de corps, n’a ni souvenirs, ni oublis. Restez avec cela intérieurement : « La parole du Guru est ma vraie nature », sur chaque respiration. Le fait que notre véritable nature soit nirguna n’a jamais été oublié, aussi n’y a-t-il pas à se le rappeler. Le dévot de la parole du Guru, est le dévot de sa véritable et propre nature. Le Soi est, il est sans changement. Ne vous efforcez pas de le modifier avec votre intellect. Avec la dévotion portée au Guru dans votre cœur, vous ne res- sentirez plus de sensation de dualité. L’état suprême, tel que décrit par le Guru est naturellement présent. Aucun remède n’est requis.

Pour amener la dévotion dans votre conscience, votre confiance dans le Guru doit être absolue. C’est le trésor précieux de la force vitale. Brahman est le Seigneur des mots, et il contient l’univers. Un grand miracle est caché dans la graine. Quel grand arbre en jaillit ! Le guna était latent dans le nirguna. Tout ce qui était caché dans la matrice d’or est sorti, et ainsi le monde est devenu visible.

Vous n’accéderez jamais à la réalisation du Soi, si vous surajoutez votre conscience identifiée sur celle du Guru. Quand vous vivrez avec la ferme conviction que votre conscience et le Guru sont la même chose, vous accéderez à la réalisation du Soi.

Un si grand monde est contenu dans la conscience microscopique ! Une telle conviction vient avec la parole du Guru. Lire un nombre incalculable de livres est inutile. Cela apportera de la fierté et le désir de supériorité sur les autres. Tous les soucis s’en iront, si vous devenez vous-même la parole du Guru. N’oubliez jamais ces mots du Guru : « Brahman est éternel. »

La conscience se déploiera et, à la fin, s’éteindra. « Je suis avant le corps » se manifestera sans mots. Il n’y aura plus à se mettre en recherche. C’est simple, direct et naturel. L’habitude de se prendre pour la conscience identifiée au corps est le seul obstacle.

Dans l’intention d’être convaincu que vous n’êtes jamais né, il convient de connaître ce qui est né et de quoi est-ce né ? Tout comme il y a un arbre dans une graine, la conscience (universelle) est latente en vous. Le Guru la fait sortir, et elle se déploie en tout. Quelqu’un a-t-il observé la fin de l’espace ? Pourquoi est-ce ainsi ? Parce que l’espace est constitué de l’expansion de votre propre lumière. Cela rend les efforts spirituels sans réelle et véritable nécessité. Sa Majesté, le Guru, tue votre individualité. L’arbre tout entier, avec ses fruits, ses fleurs et ses branches, retourne à la graine à nouveau.

Le Guru a dit que vous étiez partout. Vous devez y croire totalement. La réalisation du Soi est libération. Alors, il n’y a plus de nécessité d’aller au ciel. Vous êtes ce que le Guru a décrit. Ne vous perdez pas dans autre chose. La vérité spirituelle n’a rien à voir avec le corps. Cela n’a aucune importance que vous soyez un homme ou une femme. Souvenez- vous de ceci.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 9 juillet 1978

Extrait de Nirupana 42 de “Méditations avec sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 41 – Identification

identification Nisargadatta maharaj

La différence entre « Lui » (Dieu) et « Je » (Le Soi) est partie, et n’existe réellement pas. Le sens de l’individualité s’est éteint. Le sens de l’universalité se déploie. Ni la dualité « Lui » et « moi », ni leur unité ne sont là. S’il y a un, en relation, l’autre doit être là. Mais s’il n’y a pas de un, comment l’autre peut-il être ?

Plaisir et souffrance, tous deux s’en vont. Quand une chose est utile, elle apporte de la joie. Tant que l’individualité est là, il y a joie et peine. Vous êtes torturé par les misères et exalté par la joie. D’où proviennent de telles expériences ? Elles proviennent de votre conscience. Quelle est l’évidence qu’un être est réalisé ? L’individualité est complètement déracinée. Il y a absence de joie et de peine. Votre conscience réalise qu’elle est universelle. Quand cette connaissance vous vient réellement, il n’y a plus d’identité individuelle.

La source de joie et de peine est votre sens « Je suis ». Ce qui cause aussi la plus grande souffrance, ce sont les moyens mis en œuvre pour une joie éternelle. Une fois que vous connaissez votre conscience, l’individualité ne peut plus être là. Mais qui observe ceci ? Le Sadguru, Celui qui est sans changement. Ayez cette conviction. Il est Le même dans le sommeil profond, à l’état de veille et en samâdhi. Il n’y a rien d’autre que Cela.
La totalité de l’expérience qui vient à vous est-elle différente de la conscience ? Votre virement bancaire est arrivé, mais vous n’avez pas encore retiré la somme. La connaissance vous est arrivée, mais vous n’en avez pas encore pris livraison.

Aussi grande soit une chose du monde, cela reste une quantité d’in- formation. Si la conscience n’est pas là, quelle en sera l’utilité ? À part Dieu, qui peut avoir cette conviction ? Quand la conscience n’était pas là, est-ce que Dieu était vrai ou faux pour vous ? Cette connaissance est la vôtre. Ne perdez jamais de vue la sainte conscience qui écoute ceci. Il y a des millions de chercheurs ; combien ont réalisé le Soi ?

Les états miséreux abondent parce que nous nous identifions au corps.

C’est dans la nature du corps-mental d’expérimenter joies et peines. Si vous réalisez que vous n’êtes pas le corps, il n’y a pas de souffrance. Pendant le sommeil profond, il n’y a pas d’ identification au corps, masculin ou féminin. Aussi n’y a-t-il pas d’expérience de joie ou de peine. Et le mental continue son activité, se prenant pour le corps. C’est faux.

S’il n’y a pas de mental, rien ne peut être observé. Vous devez accepter que « les pieds bénis du Guru »  stoppent le mental.

Vous n’avez pas de connaissance de votre naissance, vous en avez seulement entendu parler. Le passé et le futur, tels que projetés par le mental, ne vous appartiennent pas. Le mental détermine le passé, le présent et le futur, et vous fait agir en fonction de cela. Le mental vous dit que vous avez eu des millions de naissances, mais vous n’avez pas la connaissance d’une seule. Avez-vous seulement la connaissance de votre naissance actuelle ? Toutes vos expériences sont fausses. Avec la conviction que vous n’êtes ni le corps, ni le mental, vous comprendrez cette fraude.

Les religions ont découlé des traditions. Existe-il une religion sans dogme ? Même un Jnani doit suivre les traditions jusqu’à ce qu’un certain stade soit franchi.

Discriminez. Il ne peut pas il y avoir de véritable compréhension sans discrimination. Jusque-là, il n’y a pas de paix. Celui qui connaît est avant le corps-mental. Quand vous réalisez que vous n’êtes pas ce que votre mental vous dit, vous comprenez pourquoi Atman est non né. Rare est celui qui se tourne intérieurement sans écouter ce qui vient des autres. Progressivement, apprenez à discriminer. La présence de la parole du Guru vous permettra de le faire.

Quand la connexion au mental sera sevrée, vous accéderez au vide. Pour purifier le mental, il faut se remémorer le mantra tout au long des heures de veille. Alors le mental sera sous votre contrôle. Quand vous portez l’attention sur votre vraie nature, le mental disparaît emportant tout avec lui.

Dans l’état parfait, il n’y a pas d’expérience de félicité. Il est impossible d’en témoigner. Pouvez-vous témoigner de quoi que ce soit avant votre naissance ? Il existe des êtres instruits de grande renommée, mais est-ce qu’un seul d’entre eux peut s’extraire du mental ? Où qu’il y ait mental, il y a prana (force vitale.) Où il y a prana, il y a conscience. Une fois réalisée la nature du mental, la force vitale est dissoute. Le délice et la félicité de ce moment sont uniques. Cela arrive à celui qui connaît le Soi. Tout comme le fait que quelqu’un soit né est un concept, la peur de la mort est aussi un concept. Le mental s’en remettra à vous si vous récitez le mantra continuellement. Je vous dis ce que vous avez besoin de connaître.

Quand le prana quitte le corps, y a-t-il la moindre douleur ? Le prana sous-tend toutes les activités du monde, mais vous dites que vous êtes l’acteur. Quand il n’y a pas de prana, y a-t-il un mental ? Quand il n’y a pas de mental, il n’y a pas de douleur. Ceci veut dire que le mental a pris la forme du corps. Quand le prana s’en va et que le corps tombe, où va l’Atman ? La réponse vient à celui qui est clair avec le Soi. Pour cela, en accord avec les sages, le mantra doit être récité.

Sans prana, quelle est votre identité ? Sans lui, qui est un homme ou une femme ? La conscience identifiée au corps apporte joies, misères et, par- dessus tout, la peur de la mort. Tout cela est le jeu des concepts. Quand vous écartez les concepts, il se produit une célébration de libération, ici dans ce corps. Ceux qui lâchent l’addiction au mental, et reconnaissent le Soi, recevront ce qui leur est nécessaire. Rappelez-vous sans cesse le Guru, vous lâcherez le mental et serez libre. Poursuivez la récitation continue du mantra : « Ma véritable nature est indestructible et éternelle. » Le mental disparaîtra ; restera Brahman manifesté lui- même. (Les pensées disparaissent, la conscience pure rayonne.)

Nisargadatta Maharaj

jeudi 6 juillet 1978

Extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd.Aluna

Nirupana 40 – Naissance du temps

Nisargadatta naissance du temps

 Seul Paramatman  a la connaissance du temps. Tout le reste, qui s’identifie au corps, devient victime du temps. Tous les noms appartiennent au temps. Quand vous venez à connaître « Je suis », c’est la naissance du temps. C’est le temps qui est né, pas l’enfant. Pour celui qui a réalisé le Soi, le mouvement de l’horloge et le temps sont une seule et même chose. Pour l’ignorant, l’expérience du temps est une montagne de chagrins. Pour le jnani , le temps a pris fin. L’ignorant vit en pensant qu’il est le corps. Il est prisonnier du temps.

Écoutez juste ceci. Il n’y a pas besoin de rituels. Quoi que vous entendiez ici, soyez-en conscient et ensuite votre méditation suivra son cours. Votre présence est antérieure à la méditation. Le corps repose sur le temps. La conscience dans l’embryon est latente. Elle émerge sous la forme de la conscience d’être. Lentement, la conscience latente commence à se déployer. Est-ce que l’embryon expérimente le temps ? Il ne connaît pas son corps. Après la naissance, il va commencer à s’identifier au corps. Il y a une expérience du temps. Il commence à connaître sa mère. Il reconnaît sa voix.

La croissance d’un corps est le produit du temps. Personne ne peut le vouloir. Force et faiblesse apparaissent en accord avec la nature du temps. Aussi, comprenez le déroulement du temps. Tout ce que vous dites résulte du temps.

Celui qui connaît le temps n’a ni naissance, ni mort. Sans la conscience, personne n’a la connaissance. Personne n’a la connaissance « Je suis » ou « Je ne suis pas ». Le temps est mouvement qui est aussi conscience. La mesure de la durée pendant laquelle le temps est expérimenté, est le temps de votre vie.

Vous êtes le support du temps. Celui, qui connaît le temps, n’est pas dans le temps. La Source de création du temps est sans nom. Vous pourriez l’appeler Paramatman ou Parabrahman .

Le temps vous montre son propre film ; votre naissance en fait partie. La conscience endormie sort de l’utérus. Elle est portée par le temps. Il y avait des personnes qui connaissaient les trois temps – passé, présent, futur. C’est encore le cas. Mais qui est celui qui connaît le temps ? Quand on leur dit que Celui qui connaît le temps est Paramatman, les mêmes disent : « Oui, nous comprenons. » Savez-vous que vous êtes vous-même Celui qui connaît le temps ? Celui qui est antérieur au temps n’a pas de naissance. Il n’est pas né de l’essence des cinq éléments. Il sait qu’il n’est pas cette essence présente dans l’embryon.

Vous êtes né sans votre connaissance. La connaissance arrive après la naissance du corps. C’est le résultat de la nature du temps. Pendant le sommeil profond, les activités du jour suivant sont programmées. Ce programme est enregistré et le comportement s’y conforme. Pour faire de ceci votre propre compréhension, soyez uni à votre « Je suis ». Vous devez réaliser cela par vous-même.

Le temps possède tous ces noms : le soleil du monde, le soleil du Soi, le soleil de l’univers, etc. Ce soleil est votre propre conscience. Quand vous êtes dans votre Soi, c’est le soleil de la connaissance. Le soleil signifie le temps. Tous ces noms sont donnés à votre conscience. C’est le soleil du Soi. Des noms variés comme conscience, force vitale, connaissance du Soi, amour, etc., sont donnés à l’être. Faites preuve de dévotion pour cette conscience. Donnez-lui le statut de Guru. Contemplez-la, soyez révérencieux. Toutes vos autres activités seront mangées par le temps. Reconnaissez le soleil qui a la connaissance du temps, et alors le temps vous servira.

Faites le vœu de pratiquer la dévotion. Celui qui pratique la dévotion acquiert avec certitude une extension de vie. Vous ne pouvez pas vous moquer du suprême Soi. Si de cette extension est fait un mauvais usage, il en résulte des désastres.

À cause de l’illusion de maya, le jiva ne peut accéder à cette connaissance avant que la mort ne survienne. Vous n’avez pas besoin de détermination ou de faire un vœu pour réaliser Paramatman. Il est le témoin de la détermination. Soyez-en conscient. Rappelez-vous à qui vous devez dévotion et pourquoi. Rappelez-vous que la connaissance « Je suis » est la parole du Guru.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 29 juin 1978

Extrait du Nirupana 40 de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj “ éd. 2 océans

 

Nirupana 39 – Maya

Votre nature est celle du Soi, en chaque être

Il doit il y avoir une ferme compréhension de notre propre nature. Ce que vous dites doit reposer sur une ferme conviction. Un verset dit : « Dieu inspire ce que je dis. Ce n’est pas moi qui parle, mais Dieu qui parle à travers moi. »

Ce dont on parle est la conscience manifestée. Le non manifesté est, avant les mots, la dévotion et l’amour. Ce que le Guru enseigne doit être remémoré sans cesse, pendant les heures de veille, quelle que soit l’activité effectuée. Quand il y a samâdhi pendant les heures de veille, cela implique qu’il n’y a ni soucis, ni pensées.

Ne blessez personne. S’il y a dissension, n’y portez pas attention. Le corps va s’en aller un jour. Alors pourquoi devrions-nous sous-estimer la parole du Guru ? Il nous a donné une assurance absolue. Quel est le sens de la vie si vous n’y croyez pas ? Les comportements erratiques ne sont pas les bienvenus dans l’aspiration spirituelle. Il convient d’être stable. Toutes les activités son basées sur des opinions. La Vérité est une, mais les gens l’expriment à leur propre façon, en accord avec leurs opinions. Ils en ont les expériences concordantes. Avec la force de l’ascèse, tout ce qui est dit devient vrai. Le Principe est unique, mais sur sa base, des milliers d’opinions sont apparues. Cela est le pouvoir de maya. Krishna dit : « Sans maya, je ne peux même pas être mentionné. » Maya mène toutes les activités, mais Purusha (ici en tant que Soi, Paramatman) est toujours silencieux. Il est le non-acteur. Ceux qui ont la connaissance d’être Brahman sont les véritables brahmines. Les gens proclament connaître Brahman et restent accrochés à leur ego. Ils commencent alors à prêcher leurs opinions. Ceci encore est le jeu de maya. Il y a eu tant de sages et de saints, mais aucun ne se comportait comme un autre.

C’est seulement après l’apparition de « Je suis » que peut venir le concept « Je suis Vishnu  » ou « Je suis Brahman  ». Mais avant que cela ne survienne, qui étais-je ? Personne ne pense à cela. Maya  fait ce qu’elle veut en prenant les formes adéquates. Créer des apparences et les dissoudre est la caractéristique de maya . Purusha  est seulement le témoin. Si maya  n’était pas là, il n’y aurait même pas mention de Purusha (en tant qu’Absolu). Quand il n’y avait pas l’expérience de maya , quelle connaissance aviez-vous de vous-même ? Tout votre savoir est illusoire . Ce n’est pas stable. C’est visible, c’est perçu, mais ce n’est pas la Vérité.

Purusha  est dépourvu d’action. Tout ce qui est vu et ressenti, l’est par la coloration de maya . Purusha  est ce qui connaît maya . Parfois, des sages développent une certaine fierté de leur réalisation. Cette fierté devient un obstacle pour eux et les fait vivre pour des milliers d’années. Tout ce qui est connu ne sera jamais stable.

Pourquoi ?

Parce que maya  est illusoire. Vous ne pouvez pas parer à maya  même en faisant pénitence pendant des milliers d’années. Même au travers des différentes traditions religieuses, l’état de veille et de sommeil sont les mêmes pour tous. Par la surimposition de maya , certains accumuleront des mérites et d’autres davantage de mauvaises actions. Une fois que le corps sera parti, il n’y aura plus de trace de mémoire de ce que vous avez fait aujourd’hui. Alors, quel usage allez-vous faire de ce mérite ?

La renaissance est l’opinion de certains sages. La connaissance basée sur des opinions est un savoir intellectuel. C’est illusoire. Ce n’est pas la connaissance du Soi. C’est temporaire. Cela existe le temps que le corps est là. Peut-il y avoir conscience sans le corps ?Qu’est-ce qui vous est propre ? La conscience qui est dans le corps.

Elle dépend de l’essence de la nourriture. Aussi longtemps que le corps fonctionne bien, vous penserez que vos pensées sont vraies. Mais reconnaissez-le dès aujourd’hui. Cette dualité n’était pas là, et même maintenant, elle n’est pas là. C’est illusoire. Bien que tout ceci soit en mouvement, rien n’existe. Il n’y a pas de sage réalisé. Personne ne vit, personne ne meurt. Tout ceci est maya . Même les sages se laissent étourdir par le pouvoir de maya . Sinon, il n’y aurait pas tant d’opinions.

La chose la plus importante est notre conscience. Elle est arrivée en tant qu’invitée pour quelques jours. Finalement, elle s’en ira. Ce qui, à l’origine, n’était pas là, retournera à cet état. Comment et dans quel emballage allez-vous préserver la conscience ? Est-ce que quelqu’un peut dire : « J’étais là avant la conscience » ? C’est uniquement la conscience qui est créée.

Faute et vertu sont juste des mots. Quand quelqu’un entreprend la discrimination, les mots se sauvent. Seul le suprême Soi a la connaissance de comment le verbe fait l’expérience du verbe. Chacun est l’esclave du mental et de l’intellect. Votre vraie nature est antérieure à la conscience. Pouvez-vous préserver cette conscience ?

Dès maintenant, regardez cela avec discernement.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 25 juin 1978

Extrait  de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna.

Nirupana 38 – méditez sur votre Soi

soi nisargadatta maharaj

 

 Il n’y a pas d’autre Dieu que la conscience.

Méditez sur la sensation « Je suis ». Elle est le méditant lui-même. C’est si simple, et pourtant les gens pratiquent d’incroyables ascèses pour l’atteindre.

Comme Krishna, vous devriez aussi dire : « Tout ceci est Je. » Ce qui écoute est la conscience. N’êtes-vous pas conscient d’être ? Auparavant, vous n’existiez pas et n’étiez pas conscient de votre existence. Maintenant, vous savez que vous êtes et cette connaissance est conscience.

Méditez sur votre Soi, mais pas en tant qu’un corps limité.

Est-ce que la mémoire que vous êtes un homme ou une femme vous appartient ou appartient au corps ? Est-ce que cette mémoire est vous ?

À partir du moment où quelqu’un ressent « Je suis », les cinq éléments sont perçus dans la conscience. Poursuivre en qualifiant « Je suis » de « comme ceci » ou « comme cela » est ignorance. Le remède à cela est la recherche du Soi. Comme il est difficile de méditer directement sur la conscience, vénérez-la en tant que le Guru . Vous pouvez penser au Guru se tenant derrière vous, la lumière illuminant tout. Mais vous n’avez pas la capacité de vous imaginer vous-même, vous tenant derrière vous.

Les premières étapes de la méditation requièrent le support de la dualité.

Votre vraie identité n’a pas de forme corporelle. Tout deviendra clair quand vous réaliserez qu’il n’existe rien d’autre que vous. Là où se trouve Dieu, vous êtes ; là où vous êtes, Dieu est. Vous n’êtes pas dépendant du corps, ou de la connaissance dans le corps. Vous saisirez clairement sans aucun support que « Je suis éternel et le suis à jamais ».

Vénérez uniquement ce par quoi vous connaissez toute chose. La nature de Paramatman  est la vôtre, votre droit propre, votre propre existence.

Il n’y a pas de connaissance du Soi pour celui qui se considère comme un corps physique. Le Soi doit être réalisé avec une totale détermination.

C’est la raison de votre aspiration à venir ici.

Nisargadatta maharaj

jeudi 22 juin 1978

Extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 37 – Le Soi, notre véritable nature

nisargadatta maharaj soi

Dans les temps anciens, quoi que ce soit que le Guru avait à dire au disciple, il ne le disait qu’une seule fois. Quand ils se rencontraient à nouveau douze ans après, le disciple était prêt. La signification de cela est qu’il n’est pas nécessaire de revenir constamment auprès du Guru.

En tout premier, il y a le Soi, notre véritable nature. Puis la conscience apparaît. À travers elle, toutes les activités prennent place. Elles sont dé- pendantes de la mémoire. Mais rien ne reste pour toujours. Le fonctionnement dans son entier est tradition. Rare est celui qui s’y penche. La conscience, et tout ce qui est connu à travers elle, est par nature universel. Cela, qui en a la connaissance, est atomique et impénétrable. Tout ce qui est connu par la conscience est soumis au changement, et pour finir, la conscience elle-même disparaît. Alors qui est né et qui meurt ? Vous avez saisi toute chose dans la conscience. Mais la conscience a un début et une fin. C’est votre illusion de vous prendre pour ceci ou cela au sein de la conscience. Ce que vous connaissez par la conscience s’en ira. Alors, ultimement, quelle est l’utilité de ce que vous avez fait ?

Ce qui est créé est le lotus du cœur, ses pétales sont le monde. Depuis là, différents pollens sont créés. Mais leur source reste le lotus (la conscience la plus subtile est appelée le lotus du cœur.) Quoi que vous connaissiez fait partie de la conscience. Celui, qui sait que la conscience se lève et se couche, est libéré. Nous sommes prisonniers quand nous prenons ce que nous connaissons par la conscience pour vrai. Il lui a été donné le statut de Dieu. Si vous n’avez pas de conscience, où est Dieu ? Le Guru plante dans votre conscience la graine « Je suis Dieu ». Elle germe et grandit. Alors, le chercheur réalise que la forme (le corps, Dieu) n’a pas d’utilité. L’homme instruit, comme le simple croyant, est libéré. Seuls, ceux qui restent dans un entre-deux, continuent d’aller à tâtons.

Ne vous contentez pas de méditer, vivez en méditation. La parole du Guru est la seule Vérité. Accrochez-vous à cela. Le Guru vous dit : « Vous êtes pur Brahman », tenez-vous à cela. C’est la graine de conscience. N’oubliez pas que vous êtes conscience. Avec conviction, persistez fermement dans « Je suis Brahman ». Quelle est votre part dans le monde ? Alors, de quoi êtes-vous fier ?

Espoir et désir sont les huiles qui tiennent la lampe de la vie allumée. Quand les désirs et les espérances arrivent à leur fin, on s’éteint tout aussitôt. On ne meurt pas, mais on s’éteint comme une lampe (en tant que conscience identifiée.) D’après les Vedas, les pensées du dernier moment de la vie conditionnent la destination à venir. Par exemple, si un Hindou et un Musulman s’entretuent et ont l’attention fixée l’un sur l’autre, l’Hindou renaîtra en tant que Musulman et le Musulman en tant qu’Hindou, ainsi la bataille ne finit jamais.

Se remémorer le Guru veut dire se remémorer la conscience. Quand vous vous verrez en tant que conscience, vous viendrez à connaître comment tout est libre et ouvert. Vous et votre monde êtes vides. Les efforts que vous faites créent une interruption dans ceci. Votre conscience est comme une visiteuse (passagère). Le monde est vu à travers la conscience, mais la conscience ne restera pas. C’est un état passager. Alors, pourquoi être concerné par le monde ? Quand la conscience s’en va, est-ce que cela veut dire que vous mourez ? La conscience a reçu le statut de Dieu. Quand vous accédez à la nature de Dieu, vous comprenez que tout est irréel. Alors, vous êtes libéré de l’esclavage. Si tout effort est abandonné, il n’y aura plus d’interruption (les efforts entretiennent le mental, qui est une interruption.)

La conscience qui parle de Dieu et la conscience qui écoute ne sont pas différentes. Écouter les enseignements entraîne le détachement. La compagnie du corps ne dure pas. En outre, il change au fil des différentes étapes de la vie. La conscience n’a pas de forme, ainsi elle n’est ni homme, ni femme. Le sens « Je suis » dépend des cinq éléments. Vous souhaitez vous débarrasser de votre conscience identifiée ? Pour cela portez attention à la conscience qui écoute. Ce n’est pas important que vous soyez impliqué dans beaucoup d’activités ou non. Mais le concept « Je suis celui qui fait et je suis responsable de ces activités » doit dispa- raître. Votre conscience temporaire est plus subtile que l’espace. Vous êtes tout. L’identité que vous avez prise, quelle qu’elle soit, ne restera pas. Celui qui a la connaissance de cela est immortel.

Ce que vous connaissez existe uniquement au travers de la conscience. Elle expérimente la joie et la peine. Celui qui connaît la conscience est antérieur à l’expérience. La conscience est la naissance de Dieu. Souvenez- vous de cela (quand vous êtes amené à connaître « Je suis », Dieu naît).

La graine de Brahman est semée en vous à travers l’expression « Je suis ». Plus elle prendra racine, moins il y aura d’identification à un être humain. Dieu signifie la conscience, de même que votre sentiment d’être, de même que « Je suis ». Vos actions sont les actions de la conscience divine. Sans la réalisation du Soi, vous ne pouvez être un jnani.

La récitation du mantra est le rappel de notre véritable nature. C’est la méditation sur « Je suis ». Pratiquez cela. Cela ne requiert pas d’autre preuve. Les concepts mondains d’un individu déterminent son com- portement. Alors que votre conscience est naturelle et spontanée ; elle n’est pas le résultat de vos concepts et idées. Quand il n’y a plus de nécessité de « Je suis » ou de « Je devrais être », c’est la libération.

La mort est juste une peur projetée. Ce n’est pas matière à expérience. La mort du corps n’est pas votre mort.
Le concept précède l’action. Mais la conscience est sans concept antérieur. Ce qui n’était pas remarqué avant ça, est perçu en tant que « Je suis ». C’est encore lié au temps. Cela a une fin. Écouter l’histoire de Dieu, c’est écouter votre propre histoire. Quand vous êtes juste conscient de votre sentiment d’être, y a-t-il encore besoin de Dieu ou du monde ? Les mots ne peuvent pas décrire la réalisation du Soi.

Celui en qui Dieu s’incarne, est capable de discrimination. Cette connaissance ne peut venir par la récitation du mantra ou les ascèses (celles-ci ne sont pas utiles à la réalisation du Soi, mais le sont pour amener le mental au calme). Qui vous envoie ici ? N’est-ce pas votre propre Soi ? Où vous n’êtes pas, il n’y a pas de Dieu, pas de religion, et pas de monde. Là où vous êtes, tout est. Dieu est caractérisé par la connaissance. Vous êtes Cela en quoi toutes caractéristiques sont dissoutes.

Nisargadatta Maharaj

Dimanche 18 juin 1978

Extrait du Nirupana 37 de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj”

Nirupana 36 – Amour du Soi

Amour du Soi

  

La félicité qui arrive par la grâce du Sadguru ne peut venir de rien d’autre. La félicité que vous pouvez apprécier au moment de la mort est infiniment plus grande que la plus grande joie que vous pourriez expérimenter pendant votre vie. Le moment de mourir est le moment de la vie parfaite, le moment de l’immortalité. Tant que vous n’aurez pas embrassé cette connaissance, il n’y aura pas de paix. Vous pourrez parler de tout ceci à d’autres, mais vous ne serez pas empli de félicité. Contemplez le Soi, quel que soit le nom que vous lui donnez : Brahman, Guru, Dieu.

Partout dans le monde, les gens éprouvent de l’amour pour eux- mêmes. Parmi des millions d’êtres, rare est celui qui comprendra la signification de ceci. L’amour du Soi recherche le corps inlassablement, qu’il soit beau ou laid. Comment méditons-nous sur la conscience ? Cela se fait en ne gardant rien dans le mental. Rendez cela plus facile en l’appelant le Guru. Vous voulez toutes sortes de divertissements pour passer le temps. La Source de tout est l’amour du Soi. Toutes vos relations et possessions seront finalement dispersées. Accédez à la compréhension du Soi avant que cela n’arrive. Rechercher avec le mental n’est pas suffisant. Par contre, la discrimination vous l’apportera.

Ne blessez personne. Comportez-vous avec tolérance. Vous accéderez au pouvoir illimité de la tolérance. Endurez avec patience la critique et les harcèlements de l’un ou de l’autre. Ne censurez pas ces personnes par réaction. Toute la bêtise est due à l’égocentrisme. Les querelles sont dues à l’égocentrisme. Avec la réalisation, votre égocentrisme arrivera à sa fin.

Lui (Dieu), qui ne peut être trouvé dans le monde, se trouve dans le cœur du dévot. Le monde semble être à l’extérieur, mais il est vu depuis l’intérieur. La divinité dans le cœur, la divinité de la connaissance, est sans forme. Elle est comparable à la douceur du sucre. Krishna dit : « Je suis présent dans vos cœurs en tant que Bhagavan, le Lumineux. Il est conscience, Il est identique à vous. » Le soleil de la connaissance dans votre corps est ce par quoi vous avez la connaissance d’être. C’est la suprême dévotion. C’est non duel. On l’appelle l’amour. Tous les êtres vivants portent cette dévotion dans leur cœur, mais seuls les êtres humains peuvent en avoir la compréhension. Une personne occupée agit au travers de cette dévotion, mais ne le sait pas. La dévotion, c’est l’amour d’être. Elle est apparue sans le savoir. Elle protège le corps. Avez-vous réalisé que vous-même êtes cet amour ? Soyez présent à cette suprême dévotion et méditez sur elle. Dans un premier temps, cela peut sembler difficile. Pour cela, cette dévotion est appelée Dieu ou Guru.

Qui écoute maintenant ? N’est-ce pas l’amour dans le corps ? Celui qui a une connaissance directe de cet amour atteint l’état de Paramatman. Parce que vous vous prenez pour le corps, vous devez faire face à la misère jour après jour. Quelles que soient les expressions du corps, l’amour, la suprême dévotion, n’est jamais contrarié. L’amour du Soi dans le corps entretient la dévotion. Pour accéder à la connaissance de l’amour du Soi, méditez sur lui. Ce sont tous des noms donnés pour la compréhension des faits. Quoi de plus noble que la connaissance du Soi ?

Un être sur des millions méditera sur l’amour du Soi. Vous viendrez à connaître votre totalité au travers de l’amour du Soi ou à travers la dévotion. Pour qui endurez-vous ces épreuves et faites-vous ce travail laborieux ? N’est-ce pas pour cet amour ? Pour méditer sur l’amour du Soi, reconnaissez-le comme Dieu, Il a des milliers de noms. Cela, qui est vénéré et prié, est l’amour qui s’éclaire lui-même dans le corps. Rare est celui qui réalise qu’il est cet amour du Soi et que c’est ainsi que

Paramatman se manifeste Lui-même. L’amour du Soi est connaissance du Soi, qui est de la nature de Brahman. Pour combien de temps ? Aussi longtemps que la conscience est dans le corps.

On réalise l’amour du Soi en suivant la parole du Guru. Cela vous apportera l’éternité. L’univers, qui est infini, paraît alors comme une graine de sésame. C’est possible que vous ne connaissiez pas cet amour du Soi, mais sans lui vous n’existeriez pas. Krishna dit : « Je suis dans le cœur, mais je ne peux être trouvé sans dévotion. » Les gens vénèrent des représentations et sont en dévotion pour elles. Rare est celui qui fait preuve de dévotion pour la conscience directement. Cette dévotion est à l’œuvre en chacun ; l’amour de notre propre nature. L’amour qui vous réveille chaque matin est l’amour du Soi. Celui qui réalise cela atteint la perfection. Cet amour est naturellement dans le corps, il se ressent lui- même. Une fois que vous le réalisez, votre travail est terminé. Malgré toutes les tentatives, il ne peut ni être saisi, ni être lâché. Ainsi, il est de la même nature que le Guru.

Qu’est-ce qui fait que les êtres prennent soin d’eux ? N’est-ce pas l’amour du Soi ? De toute façon, cela reste passager. Il se produira une séparation d’avec ce que vous appelez vous-même. L’amour du Soi n’est concerné par rien d’autre. Il est sans attachement. Tout ce que vous avez connu s’en ira assurément. Vous êtes l’amour qui est sans forme, sans nom, et indestructible. Gardez cela présent. Une fois que vous en aurez la connaissance, les cinq éléments se mettront à votre service assurément.

Les gens sont incapables de saisir le profond secret de la vérité spirituelle. Chacun retire du plaisir de différentes activités. Quel plaisir avez-vous retiré de votre conscience ? Aimer un autre est commettre un adultère. N’aimez pas les autres avec votre amour du Soi. Aimez l’amour lui-même. Par une dévotion adultère, vous retirerez un bénéfice provisoire, mais vous ne serez pas heureux. Le monde dans son entier est débordant de votre amour et il est créé par votre amour. La foule dans la rue est l’amour sous formes humaines. C’est l’illusion primordiale ou mul-maya. Son action met en mouvement le monde entier. L’amour agit à travers tous les corps. De toute manière, il est puissamment identifié au corps.

Vous pouvez méditer sur une déité, mais le méditant est l’amour du Soi. L’expérience de cet amour est venue à vous sans être demandée ; tout dépend d’elle. Si vous répondez à cet amour, vous réaliserez que vous êtes perfection et éternité. Actuellement, vous pouvez uniquement le percevoir au travers des cinq éléments ; le sixième est Dieu. Pour atteindre l’amour, au travers de l’amour, des noms lui sont donnés. De multiples rituels sont célébrés pour reconnaître cet amour en tant que votre conscience – « Je suis ». Si avec détermination cet amour s’adore lui-même, cela revient au même que d’adorer tous les dieux et déités. Les noms des dieux et déités sont les noms de l’amour. Ils sont les formes de manifestation de l’amour.

N.M

jeudi 15 juin 1978

Extrait du Nirupana 36  de “Méditations avec sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 35 – pas d’activités

conscience Nisargadatta

Plus vous accédez à la compréhension de la spiritualité, plus vos besoins se réduisent. Quand un jiva meurt, cela veut dire que le sens « Je suis » prend fin. Pour saisir cela, il faut y être stabilisé. Quoi que soit à quoi vous vous identifiez, cela prendra fin. Le sentiment « Je suis », que vous avez pris pour si grand, ne durera pas.

L’état de veille émerge du sommeil profond. En même temps arrive la sensation « Je suis ». Quand le mental est occupé avec les activités quotidiennes, nous nous lions à ce que nous disons ou faisons. Autrement, le sentiment d’être, par lui-même, est détaché. À moins que nous nous donnions un nom, il n’y a pas d’activité. En réalité, personne ne fait, et aucune action n’est réellement vraie ; rien n’est fait.

Brahman est vrai puisqu’il n’a pas le sens d’être. Aussi longtemps que la conscience n’est pas comprise, on agit au travers du mental. Le vaste univers se déploie à partir du Brahma-randhra (chakra coronal). Toute connaissance provient du Brahma-atome et y retourne au final.

Celui qui considère sa conscience comme le Guru, n’a aucun rituel à suivre. Par le fait de prendre la parole du Guru pour autorité, on n’est plus prisonnier du cycle du karma. Ceci se produit spontanément. Toutes les affaires du monde sont le mouvement de Dieu. Le dévot ne fait pas de différence entre lui et le Guru. Considérez-vous en tant que pure conscience et comportez-vous en conséquence. Un simple dévot devient sans limite en se tenant à la parole du Guru. Par la récitation du mantra donné par le Guru, il devient un avec le Guru. Quand Dieu en soi est satisfait, Il offre le Guru en cadeau.

Par la dissolution de l’individualité, la peur de la mort s’en va. Toute identité que vous prendrez sera temporaire. L’identité donnée par le Guru, restera à jamais. Réaliser la conscience, dans un corps humain, est sans prix. Il n’y a personne de plus généreux que celui qui offre la connaissance du Soi. Si vous réalisez cela, il n’y aura plus de différence entre vous et le Guru. Vous deviendrez immortel.

Même sans mourir, vous avez peur de la mort. Il n’y aura jamais d’expérience de la mort en tant que telle. Pourtant la peur de la mort est là. Vous avez la connaissance de vous être éveillé. Est-ce que cela ne signifie pas que vous étiez là avant de vous éveiller ? Cette mémoire peut venir uniquement si un témoin est là antérieurement. Les cinq éléments sont la caractéristique de la mémoire « Je suis ». Ceci ne sera jamais capable de voir Celui qui est antérieur à la mémoire. Vous pouvez croire en Dieu, etc., mais cela n’a pas d’existence stable. Vous considérez votre mémoire « Je suis » comme vous-même. Il y a des milliers de mémoires ; sommes-nous ces mémoires ? Toute action est le résultat d’une mémoire, mais nous ne sommes pas la mémoire. La nature de la mémoire est d’oublier. Même la mémoire « Je suis Dieu » prend fin. Discriminez, délibérez sur ce point et soyez libre. Soyez libre de la mémoire « Je suis ». L’identification, en tant que femme ou homme, se fait uniquement sur cela. Qu’est-ce que cela signifie ? Comment cela s’est-il produit ? Si par la grâce du Guru quelqu’un comprend cela, il deviendra l’éternel Brahman. Est-ce que vos mots sont ceux d’un humain mortel ou ceux du Divin immortel ? Si vous faites vôtre juste une phrase de cet exposé, vous deviendrez immortel.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 11 juin 1978

extrait du Nirupana 35  de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” éd. Aluna

Nirupana 34 – ‘Je suis’ une expérience transitoire

je suis conscience

 Toutes les religions sont les religions de la tradition.

La vraie religion est de connaître la nature du Soi.

Soyez en Cela.

Celui qui est mort, a-t-il l’expérience d’être mort ? Quelqu’un d’autre dira qu’il est mort. C’est la tradition.

Ce qui voit, à travers celui qui connaît, est la conscience.

Dans cette vision se déroule toute cette performance.

Après la réalisation, il n’y a plus de place pour l’individualité.

Mais reste une mémoire, sous une forme ou une autre, d’être un individu.

La conscience qui s’est déployée dans tout l’univers n’appartient à personne en particulier.

Elle appartient à tous.

De toute manière, elle est passagère, temporaire, liée au temps.

Quand son temps est fini, ça s’en va.

N.M

jeudi 8 juin 1978

extrait du Nirupana 34 de ” méditations avec sri nisargadatta maharaja” éd. Aluna