Premiers discours 25 – la saveur de notre être

 

Nous en venons à savoir que nous sommes tout en goûtant la saveur de notre être. Sans rien avoir à demander à personne, nous sommes à même de connaître notre être véritable. Notre conscience d’être est le fondement de toute notre vie ou existence, il est nécessaire de l’étudier précisément. Nous devons en connaître le pourquoi et le comment. Notre Conscience est la manifestation de Dieu et c’est une grande erreur que de ne pas méditer sur Elle. Se prendre pour le corps, c’est inviter la culpabilité et la mort. Nous apprenons à connaître notre existence; par l’entremise de celle-ci, nous nous sommes rendus coupables de beaucoup de choses. Pour notre bien-être, nous devons entreprendre un certain nombre d’actions.

Quel est notre accomplissement ultime?

Le silence.

Pour cela, la méditation est nécessaire. La Conscience (son contenu) est alors silencieuse. Ce corps est d’une grande valeur, mais sans ( reconnaissan de de la nature de la Conscience), ce n’est qu’un enfer. C’est cette Conscience, qui nous fait l’égal de n’importe quel Dieu, qu’il faut apaiser maintenant ( dans son aspect d’identification).

De façon à mieux nous connaître nous-même, l’Atman est silencieux, pour permettre l’observation. Ce silence est le plus profond. Ce silence ne signifie pas qu’il faille arrêter tous les mouvements et les activités des cinq organes des sens.( c’est le Silence dans lequel tout apparaît est disparaît). C’est comme l’extinction de l’interrupteur principal, qui arrête tout. Notre existence physique n’étant pas la plus fiable, nous devrions toujours rester exempts du sens du «moi» et du «toi». Ce qui demeure en chacun est seulement Parameshwara ( le Principe Premier, Divin). Les révélations de Paramatman sont dans chaque cœur. L’auto-investigation nous permet de comprendre que Parameshwara est le fondement de chaque être.

Celui qui voit clairement l’irréalité des effets des sentiments et des émotions est libéré de toutes les affections et passions du monde. La Conscience, grâce à laquelle nous savons que nous sommes, est le fondement de tout. Il en est de même pour Brahma, Atmarama et Shankaracharya. Avec cette connaissance, tout sera réduit au silence. Le silence de la Conscience est aussi appelé méditation sur Brahman. Dans quelle mesure pouvez-vous vous taire? Cela se fait quand il n’y a plus d’étreinte de « Je suis ». C’est avec la grâce du Guru que l’on réussit à rester sans conscience personnelle. Tout cela n’est possible qu’en ayant une confiance totale dans le Guru et une pratique constante de ses paroles. Je vous ai dit l’importance de votre Conscience, vous ne devez jamais la perdre de vue. C’est une grande chance de pouvoir entendre cette description de notre vraie nature. Le véritable auditeur l’aime plus que tout au monde. Ainsi, il la réalisera vraiment.

Être silencieux, c’est être sans « Je suis »*. Ce retournement, c’est une méditation sur Dieu. Comment méditer? Cela se fait en gardant la Conscience vide de mental et de parole. La Conscience peut rester sans parole, car elle ne dépend pas du mental et des pensées. Il n’est pas du tout facile de faire taire les organes des sens et les organes d’action. Nous devons reprendre en main ce qui en avait pris le contrôle, c’est-à-dire la conscience identifiée. Elle devrait être sous notre contrôle. À cet égard, la compagnie d’un sage, ou même une unique rencontre de celui-ci est utile.

Beaucoup n’aiment pas entendre des déclarations justes mais inacceptables à leur sujet, cependant ils apprécient les fausses décla- rations qui leur sont agréables à entendre. Vous devez être prêt à agir dans votre véritable intérêt. Vous devez faire face à cette calamité, parce que vous n’avez pas de véritable connaissance de vous-même. En réalité, vous êtes la Vérité, que vous connaissez déjà, mais que vous préférez garder à l’écart. Par conséquent, vous êtes voué à mourir dans les problèmes. Toutes vos associations sont illusoires, et la Vérité est au-delà des apparences. Vous n’avez jamais pensé à ce qui est la cause de toutes vos connaissances et associations. Ce que vous croyez être la mort n’est rien d’autre que l’élimination de la poussière sur le Soi. Mais en réalité, rien ne peut arriver à Ce qui est sans changement, pas même le plus infime mouvement.

Certains disent des choses curieuses. Il est dit par exemple qu’il y a un océan de lait dans lequel le Seigneur Vishnu se prélasse. La vraie connaissance ne repose pas sur de tels propos, mais sur l’élimination effective de l’écran de dualité ; ce qui révèle l’unité. Vous devriez questionner les faits, ne pas les prendre tels qu’ils paraissent. Shankaracharya blâme les Veda sur de nombreux points. Seul celui qui s’est réalisé lui-même connaît réellement le précieux contenu du Cœur. Les sages n’ont révélé la vraie connaissance qu’aux êtres honnêtes et aux fidèles. Les disciples qui sont venus à Shankara- charya étaient prêts à donner leur vie pour la Vérité. C’est ainsi que leur fut offerte la Vérité ultime. Qui écoute ces connaissances ? Ne le considérez jamais comme un homme ou une femme. C’est la Conscience elle-même qui écoute. C’est Elle la grande puissance appelée Brahma shakti, Adi shakti, Jnanashakti, qui a le pouvoir d’apparaître en une infinité de corps. Soyez toujours conscient que c’est cette puissance qui est à l’écoute et non un individu. Vous n’avez reçu qu’une particule de cette Conscience infinie. Cette particule vous donne le goût du «Je suis». Brahman tout entier est avec vous en tant que Conscience. Il n’y a pas d’autre Dieu.

Les paroles d’un sage sont toujours vraies, car c’est Dieu qui parle à travers lui.

Le sage est le Dieu d’Amour. Nous en venons à prendre connaissance que nous sommes par Adinarayana ( le Principe premier, Divin). C’est par la méditation que nous réalisons Cela. Vous vous stabiliserez ainsi dans votre Soi. Vous devez vous éveiller à votre vraie nature. En méditant sur le Soi, vous resterez indifférent à tout événement mondain. En étant absorbé dans Adinarayana, Ses qualités se déve- lopperont en vous. Notre respiration Lui est due. Toutes les activités se déroulent grâce à la manifestation de la Conscience en tant que Prakriti. Même notre sensation d’être Lui est due. C’est la manière dont Elle s’exprime. Il n’y a ni profit ni perte dans cette existence physique et le reconnaître est source de joie. Jour après jour, encouragez les autres et, sans les déranger dans l’idée d’être important, soyez dans la conscience constante du Soi.

Nisargadatta Maharaj

11 septembre 1955

Extrait de “Premiers Discours” aux éditions des deux Océans

*Je Suis, considéré tantôt par Nisargadatta comme le principal allié et à d’autre moment comme la cause de toute illusion. Il n’est pas toujours aisée pour celui qui découvre ces enseignements de s’y retrouver. Tant qu’il s’adresse à une conscience assoupie dans l’identification aux multiples concepts et appropriations matériels, le conseil sera de revenir le plus souvent possible à une conscience de soi la plus dépouillée qui soit et non conditionnée par les multiples costumes qui la recouvrent. Quand cela est bien ancré et réalisé. Il invite alors à aller plus loin et  à voir l’attachement et la fascination qu’il y a pour la manifestation et dans le fait d’exister ( non -personnel). Tout en pointant en même tant le fait qu’il n’y a qu’un Seul ( Principe, Conscience,..) à l’origine et dans ce “Je suis”.

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