Premiers discours 45 – l’ Invisible qui voit tout

invisible nisargadatta

Celui qui connaît la vérité est un yogi !

Un yogi est celui qui voit son unité avec tous. Par la grâce du Sadguru est réalisée la connaissance ultime du yoga. Un jnani est celui qui a Connaissance du Soi. La connaissance de son propre Soi revient à connaître le Soi en tout. De la fourmi à l’être humain, tous se prennent pour autre chose que ce qu’ils sont en réalité. La fausse vérité ne peut pas durer indéfiniment. Les façons de voir coutumières seront vues comme fausses. Avec le temps, on se rend compte de son erreur. Bien que rare, la sagesse existe, elle nécessite la connaissance de la Vérité. Toutes nos relations commencent par la connaissance de notre existence dans le Cœur.

Quand sont vus « les pieds du Sadguru », le sens implicite de ces enseignements devient pleinement clair. En raison de la proximité que nous entretenons avec notre corps depuis l’enfance, nous y sommes attachés et il a été accepté comme notre identité. Mais, par la vraie connaissance, cette fausse identité est rejetée. Une fois la connaissance du Soi révélée, les anciennes pièces rapportées ne peuvent plus être invitées, même si le souhait peut se manifester.

Celui qui a la conviction d’être le Soi est un yogi. Pour un jnani, toutes les apparences sont illusoires. Avec la connaissance du Soi, la fausse identité n’a ni sens ni utilité. Celui qui fait l’expérience du réel se connaît lui-même. L’expérience d’être est soudaine et inattendue. C’est l’expérience de tous et elle est chérie par tous les êtres vivants. Notre Conscience nous donne le sentiment d’exister, et toutes nos expériences en sont le résultat. L’expérience d’être apparaît et s’installe chaque jour, puis se fond dans le Soi.

Êtes-vous capable de reconnaître l’expérimentateur en vous? Sans l’expérimentateur, comment auriez-vous pu avoir cette reconnaissance? Votre expérience est-elle limitée dans le temps ou au-delà? La plupart des gens reconnaissent les autres ou les aiment sur la base de leur propre existence avec une apparence limitée.

Celui qui ne sait pas ce qu’est et en quoi consiste cette Conscience est comme un pêcheur qui récolte du poisson. Tout comme un pêcheur ramasse le poisson de son filet, la Conscience est utilisée pour satisfaire de nombreux désirs et pour prendre des résolutions. En l’absence de Ce qui connaît la Conscience, qui est là pour imaginer sa nature comme ceci ou cela ? L’ignorant tombe amoureux de tout ce qui apparaît et lui plaît. Avant l’apparition de votre Conscience, où était cet amour? la Conscience est-Elle toujours présente en vous ?

Nous apprenons à connaître notre existence, n’est-ce pas, ainsi que l’univers qui nous apparaît comme sacré ? Tout cela est faux. Il ne s’agit que du jeu de la Conscience. Là où il y a la Conscience, il doit y avoir quelque chose pour L’occuper. Il convient d’examiner de quoi il en retourne. Pour cela, nous devons mettre de côté le voile posé sur l’Atman à cause du mental et de l’intellect. Cela demande le contrôle du mental, sans lequel on se perd, comme si on tombait dans les flots d’une rivière. Celui qui veut devenir un yogi devrait donner le contrôle de sa conscience et de son intellect au Sadguru. Notre Conscience est «les pieds du Sadguru». Celui qui écoute un Sadguru a la Conscience emplie de la vraie connaissance. Notre Conscience est indescriptible et, grâce à Elle, nous faisons l’expérience du monde. Son Connaisseur est plein et entier. Le jour et la nuit, le lever et le coucher du soleil sont tous dus à cette Conscience. Elle prend du repos chez celui qu’on appelle un jnani. Vous pouvez appeler votre Conscience la déesse Amba ou Bhagavati ou Krishna ou Rama, mais c’est dans le jnani que tout cela se déploie. Celui qui connaît la Conscience présente dans le corps est un jnani. La méditation constante fait de nous un candidat à l’Ultime. À l’occasion des cérémonies de purification, ce sont la connaissance et la dévotion que nous devrions saupoudrer sur notre Soi. Ceux qui adorent Dieu deviennent Sa vie même. Votre Conscience est la vie de Dieu. C’est la manifestation de Dieu.

Les paroles et la méditation du Sadguru à ce sujet sont de la plus haute importance. Leur importance vous apparaîtra clairement à l’avenir, si ce n’est pas déjà le cas maintenant. C’est un miracle que la Conscience dans le corps supporte si facilement la lourdeur du poids du corps dans les diverses activités. Ce même corps demandera quatre personnes pour être porté quand la Conscience ne sera plus là. Ce n’est pas un jeu d’enfant de connaître véritablement la Conscience et de devenir sans identification au corps dans cette vie même. Connaître la Conscience, c’est connaître la source de l’être ou «nos propres pieds». Alors vous devenez un jnani ou un yogi. Bien que notre Soi se manifeste dans le corps, Il est sans corps par nature.

Tous les parfums, qualités et arts qui se manifestent par votre corps sont tous sans corps. Ce qui leur permet d’être à l’origine de réalisations aussi au dehors du corps. Ceci n’est connu que d’un yogi. Ce qui était à l’intérieur du corps a maintenant occupé tout l’espace. Notre Conscience est tout aussi active qu’invisible. Elle rend la vue possible, et toute tentative de La voir rend le sage dépourvu de corps. Alors, tout le contenu de la Conscience se dis- sout. La Conscience que vous utilisez maintenant est la même que Celle qui a été utilisée par toutes les incarnations passées. Voyez votre Conscience comme étant Celle qui est la toute première à se manifester dans cette existence.

Nisargadatta Maharaj

1er janvier 1956

Extrait de ” Premiers discours” aux éditions des deux Océans

Premiers discours 44 – le Soi naturel

Soi naturel Nisargadatta Maharaj

Celui qui vénère la Conscience devient Celle-ci !

La Conscience est utilisée pour la connaissance. Une fois la connaissance du Soi réalisée, la Conscience est abandonnée. Quel est le summum de la connaissance selon les Veda ? C’est notre vraie nature spontanée et naturelle, présente en chaque être. Ceux qui sont libres de tout concept au sujet d’eux-mêmes sont plus proches de leur Soi naturel. Quel est le principal problème de tout être humain? C’est la mémoire de sa propre existence. Par la connaissance du Soi, le problème humain de l’existence se trans- forme en contenant de sa propre félicité. Les quatre Veda sont destinés à réaliser le Soi. L’essence des Veda est de connaître notre propre Soi. Les idées que vous avez de vous-même sont toutes empruntées aux autres. Que savez-vous de vous-même? Avant d’assumer ce que vous êtes, qu’est-ce qui est déjà là avec vous ? Le Soi. Qu’est-ce que l’on entend par yoga et yogi ? Yoga signifie « obtenir» ou «acquérir». On acquiert en se rappelant ce qui est déjà là. Nous mangeons et buvons, car les jus alimentaires aident à entrete- nir notre être, qui est l’expression du Soi. Le yogi est celui qui connaît son unité avec Atman. Alors, que faisons-nous dans ce pro- cessus? Nous apprenons seulement à comprendre que nous le sommes. Je donne des conseils pour accéder à cette connaissance, mais en réalité, cela ne dépend d’aucun conseil.

Quelle est l’origine de tous les Veda, des différentes branches des arts et de la connaissance ? Ils sont nés de la Conscience, qui est à l’origine de tout, et tous finissent par s’y fondre. Elle est donc antérieure à tout.

Tous les sages vous disent que la dévotion pour Hari est plus grande que Hari. La dévotion existe par elle-même et elle se nomme Hari. La foi et l’amour digne de Hari s’appellent dévotion. L’ignorance du Soi limite l’existence, et un être ignorant craint la mort. Mais la connaissance du Soi est au-delà de tout plaisir et elle proclame avoir mis fin à la mort. L’événement de la mort est lié au mot jiva et l’immortalité accompagne le mot Shiva. Celui qui est en tout et toujours entier s’appelle Paramatman. Le jiva indique notre ignorance et Shiva, la connaissance du Soi. Celui qui avale à la fois jiva et Shiva et reste jusqu’à la fin, survivant à tout, est complet et unifie aussi les autres. C’est l’essence même de tout miracle ou accomplissement.

Le Soi est en tout, et sa réalisation est l’essence de l’existence de tous. La dévotion à Hari ou au Guru est la voie à suivre. Votre dévotion au Guru dissipe les fausses accusations à votre encontre. Quand notre être n’a pas de désirs, il s’autosuffit. L’exigence de quoi que ce soit est synonyme de faim. Le Soi est complet par nature et, pour le connaître, la dévotion est la voie à suivre. Cela signifie que nous devons faire grandir en nous la conviction de ce qui est notre vraie nature. Ainsi votre compréhension sera correcte. Alors Hari, Brahman et le Guru ne seront pas que des mots mais votre propre nature. Par votre dévotion au Sadguru, vous connaissez votre propre Conscience en tant que Hari. Sans Lui, vous ne pouvez faire d’expérience d’aucune sorte. À quoi ressemble ce Hari? Il est tel qu’il est. Pour le connaître, il faut nourrir de la dévotion pour le Guru. Ce qui est sans âge ne peut être connu qu’en devenant sans âge soi-même. Le «Toujours Existant» est auto-existant, sans même avoir besoin d’une goutte d’eau. Si la Conscience est, c’est grâce à Lui. Grâce à Lui, nous connaissons notre existence que nous chérissons tant. La dévotion à Hari est la voie royale pour connaître ce qu’est la Conscience. Hari peut se réaliser par la dévotion.

Afin de faire le meilleur usage de notre existence, nous devons toujours être conscients de notre véritable être en tant que Brahman, Ishwara, Dieu ou Guru. Quand votre identification corporelle disparaît, vous devenez un ancêtre (l’origine), même pour votre propre père. Comme un perroquet qui se fait attraper en s’accrochant à une canne, vous êtes captif en vous accrochant à votre identité corporelle.

Notre Conscience Elle-même est Dieu. Votre dévotion pour Hari doit être profonde. C’est l’ultime résultat de l’étude de tous les Veda. Vos plaisirs mondains sont tous de courte durée, contrairement à la béatitude dans laquelle sont les sages, par la dévotion qu’ils portent à Hari. Quand le jiva est fatigué de tous les problèmes de la vie à cause de sa quête des plaisirs, il essaie alors d’obtenir la joie procurée par la vraie dévotion. Un vrai dévot s’éloigne des relations mondaines et des objets des sens pour rester seul. Dans ce processus, il oublie tout, y compris son propre être. Qu’est-ce qui donne le pouvoir de détachement aux rois pour rejeter des trônes parsemés de pierres précieuses ? Qu’est-ce qui donne la force aux sages de tout sacrifier, y compris leur corps ? C’est leur Conscience qui le fait. Les idées selon lesquelles nous allons à Vaikuntha, Kailas ou au ciel n’indiquent pas la vraie connaissance du Sadguru et du Soi. Le véritable amour n’est pas l’amour de l’existence, mais l’amour de notre vraie nature. Ce qui était détes- table a été purifié par la dévotion à Hari et est devenu Hari lui-même. Votre dévotion fait de vous l’objet de votre dévotion. Celui qui vénère l’eau devient eau. Vous devenez Conscience en méditant sur Elle. Ce que l’on disait détestable ne l’était pas vrai- ment, il s’agissait d’une fausse accusation. Par la dévotion, cette accusation a été retirée et elle est devenue pure. Se faire traiter d’homme ou de femme est aussi une fausse accusation, dont il faut se débarrasser.

Nous connaissons notre existence, ce qui signifie que nous avons foi en notre existence. Tant qu’il y aura du prana, cette foi restera sans pouvoir aller nulle part. Ce que nous pensons de nous- même change avec le temps, ce qui signifie que notre foi en nous-même change. Notre corps est comme un sac contenant de la nourriture de Conscience. D’abord, nous avons cru être un enfant, puis un jeune, et finalement notre croyance est que nous sommes vieux. Par la connaissance du Soi, notre foi devient immuable, stable et pleine. Cette plénitude vient avec la dévotion, puis naît la tranquillité. Quand la foi s’arrête, c’est là que se trouve le Soi. Dans le Soi, il n’y a pas de mouvement et il ne peut être vu. Le connaisseur de cette foi devient un avec Paramatman. Il a vraiment servi son Sadguru. Au début, l’esprit est avide de dévotion et le dévot est même prêt à sacrifier sa vie pour la dévotion. finalement, le mental se dissout complètement.

Ceux qui consacrent entièrement leur vie à Dieu deviennent aptes à recevoir sa lumière et son obédience. Qui d’autre peut être digne de cela? C’est indescriptible, il faut s’en rendre compte par soi-même. Dieu est concilié par la dévotion. Il purifie la Conscience et apporte la lumière de toutes les lumières. La dévotion à l’identité corporelle demeure au niveau mondain de la dévotion à l’action. La vraie dévotion à Hari libère de toutes les culpabilités et fautes. La Conscience est purifiée; ainsi est atteinte l’essence ultime de la spiritualité.

Nisargadatta Maharaj

25 Décembre 1955

Extrait de “Premiers discours” aux éditions des deux Océans

Derniers jours de Nisargadatta Maharaj

derniers jours Nisargadatta Maharaj

Parution début octobre 2021,

D’un nouveau recueil d’enseignements, non publiés en français à ce jour, avec en première partie un discours d’hommage à Nisargadatta, prononcé par un de ses proches disciples et traducteur S.K. Mullarpattan quelques jours après son départ physique en septembre 1981, il y a quarante ans.

Le titre du livre est donc “derniers jours de sri Nisargadatta, suivi de au -delà de la liberté” aux éditions Aluna.

Ci- dessous une vidéo de présentation du livre ,avec une lecture d’extraits.

 

Nisargadatta Maharaj: Qu’est­-ce que vous désirez le plus ? Après quoi courez-­vous ? Vous aimez votre corps, et vous implorez pour tout ce qui peut lui donner du plaisir. Vous éprouvez une fierté égoïste pour vos actions. Mais une fois que vous aurez trouvé votre véritable iden­tité, ce que ‘Vous êtes’, vous serez établi dans cette Présence. Vous serez libre d’avidité, d’attachement et de fierté. La chose qui vous attire le plus est votre « Êtreté ». Vous voulez faire perdu­rer cette « Êtreté ». Vous voulez « Être ». Ce « Je suis » est ce que vous aimez le plus. Vous voulez exister. 

Visiteur : Alors, la véritable liberté résiderait-­elle dans le fait de dé­couvrir qui nous sommes ? 

N.M : Quand vous découvrez ce Soi qui n’a ni couleur, image ou contour, vous n’aurez plus besoin de liberté ou d’être condi­tionné par le concept de liberté. Vous serez au-­delà de la liberté. 

Nisaergadatta Maharaj

Extrait de “Derniers jours de Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Premiers discours 43 – la véritable adoration

adoration Nisargadatta

Qui devrions-nous adorer ?

La joie que procure la dévotion peut être décrite de différentes manières. Qui devrions-nous adorer? Paramatman. De Quoi s’agit-il? Il est à l’origine de la vie de tous les êtres vivants, de la fourmi à Brahma, dernier de cette longue liste. Il est unique mais apparaît sous d’innombrables formes, de la plus petite à la plus grande. En réalité, aucune n’a d’existence séparée et chaque être est Paramatman Lui-même. Tout le monde, y compris vous, fait l’expérience de l’existence de Paramatman en soi en tant que la saveur « Je suis ». Par la connaissance de soi en tant qu’Atman apparaît une grande félicité. C’est le résultat ultime de la dévotion, qui est indescriptible. Votre dévotion à Paramatman Lui est plus agréable que tout autre chose, et Sa satisfaction due à votre dévotion est indescriptible. Notre propre joie d’exister est à la mesure du don que Dieu nous a fait. En tant que Soi, nous sommes déjà emplis de qualités telles que la générosité infinie, la plénitude intemporelle. En fait, ce qui nous manque, c’est la connaissance de nos propres qualités et de leur mise en pratique. Celui qui se connaît totalement connaît tous les autres. Cela signifie que l’on connaît parfaitement tout ce qui est mobile et immobile. Ce qui déborde encore après avoir rempli notre propre être est plus que suffisant pour satisfaire l’existence entière.

Ce qui reste, après avoir tout empli, est notre propre être, que nous expérimentons déjà. C’est ce qu’on appelle la spiritualité non duelle. Tant que l’on ne se connaît pas, il ne peut y avoir de félicité liée à la plénitude. Comment serait-il alors possible de transmettre cette félicité de la plénitude aux autres ?

Bhagavan transmet à Uddhava la connaissance du Soi qui est habituellement au-delà de la capacité de compréhension de tout jiva. Dieu dit: «Si la dévotion à Mon égard s’imprime sur votre Conscience, toutes les forces miraculeuses seront à votre service. Il faut apprécier la dévotion et avoir la conviction que c’est la seule voie. La dévotion signifie l’affection, l’amitié ou encore l’unité. Par l’écoute des paroles du Guru, se développe la conviction du Soi. La question est de savoir si vous faites un bon usage de votre Conscience, qui vous est présente sans effort. Devez-vous vous rappeler que vous existez ? Non. Oubliez tous les dieux, et voyez votre Guru présent au sein de votre Conscience. Qu’il n’y ait pas de différence entre le Guru et la Conscience.

Sans que vous fassiez quoi que ce soit, la lumière de votre être a spontanément occupé tout l’espace. Cette lumière est celle de Bhagavan, par laquelle vous savez que vous êtes et goûtez et aimez votre être. Débarrassez-vous du concept envisageant d’autres Dieux que Vasudeva, la Conscience. Ressentez votre propre être, qui s’appelle Vasudeva. En d’autres termes, mon Atman est Paramatman, et Il occupe toute l’existence mobile et inerte. Par conséquent, toute l’existence est liée à ma Conscience. L’Atman est plénitude et sans Lui, il n’y a rien. Ayez la ferme conviction de ce qu’est votre Conscience, afin que tous ses pouvoirs miraculeux soient les vôtres.

Notre Atman contient tous nos besoins d’intelligence, de compétence et de connaissance – qu’ils soient mondains ou spirituels – nécessaires à notre véritable satisfaction. Tout être vivant vient à connaître son existence et c’est la chose la plus précieuse pour tous. Là, maintenant, cet air est dans l’espace, l’espace est dans la Conscience et la Conscience est en Paramatman. Paramatman contient donc tout et rien ne Lui manque. La connaissance obtenue spontanément est juste. C’est par le fait de la Conscience et de la forme corporelle que l’on se dit homme ou femme. Il n’y a rien d’autre d’aussi important que cette Conscience. Elle s’ajuste au gré de chacun. S’il le faut, Elle est emplie de dévotion. Il n’y a rien de comparable à la Conscience, Elle est indescriptible et Elle est la signature de l’existence de Paramatman. N’imaginez rien à son sujet, la spontanéité est la meilleure attitude. Qui peut faire l’éloge du Soi ? Celui qui Lui est totalement dévoué et qui en a l’intime conviction. Alors, les choses sont vues telles qu’elles sont. Ensuite, votre manifestation infinie inclut tout ce qui est mobile et immobile. Un tel Dieu n’a pas d’autre Dieu. Les Écritures confirment qu’un vrai dévot devient libre de tout devoir et n’a pas de renaissance. Toute l’existence devient sa manifestation, qu’il chérit.

Ce qui n’est pas perceptible pour les autres êtres est perceptible pour les sages, ainsi ils voient Dieu en tout. Tant qu’il y a une identité corporelle, il convient de laisser toutes les actions à Dieu. Tant que c’est le cas, il n’y a aucun contrôle sur le corps et l’esprit, et il ne peut pas y avoir de reconnaissance de sa vraie nature en tant que Soi. C’est pourquoi alors, la béatitude du Soi nous manque. Ceux qui jouissent de cette béatitude sont au-delà de tous les besoins, par conséquent ils n’envient pas ou ne haïssent pas les autres. Ils voient leur propre Soi en tout. Comme ils ont le plein contrôle sur eux-mêmes, leur existence même influe sur les autres. Celui qui a la connaissance du Soi, ne serait-ce qu’une seule fois, devient débordant de dévotion. Un tel être est très à l’aise avec la Conscience, facilement, naturellement. Celui qui est empli de dévotion voit son unité avec Ishwara. Alors, il devient une compagnie bénéfique pour les autres. Celui qui a la conviction de ce qu’est cet amour du Soi a son visage qui s’illumine de la Joie Divine. Dieu lui manifeste tout son amour. Alors, même si vous vous cachez pour rester inconnu, Dieu prendra une forme physique pour vous faire connaître. Le dévot se sent intimidé de voir Dieu travailler pour lui, et voudrait qu’Il prenne du repos. Mais Dieu ne veut pas que Son dévot travaille. Dieu veut faire connaître à tous le nom et la manifestation du véritable dévot. Telle est la relation d’amitié entre Dieu et le dévot. Le dévot contribue à répandre le bonheur et l’amour Divin parmi tous les êtres. Quand il devient évident que Dieu est à l’intérieur et non à l’extérieur, tous les besoins prennent fin.

La béatitude du Soi ne reste pas limitée aux sages, elle déborde et sa lumière rend tous les êtres heureux. Si la béatitude d’Atman ne s’illuminait pas dans tous les êtres, ne manquerait-elle pas de bonté? Le prana dans l’espace, par un mouvement rapide, génère de la chaleur. La chaleur fait transpirer et de l’eau se forme. Quand elle se minéralise, il y a de la terre. Mais quelle est la cause première? C’est le prana, qui est contenu dans l’amour du Soi. La Conscience se repose en Paramatman. Cette connaissance supprime toutes les différences, il y a unité.

La dévotion signifie l’amour et l’amour est joie. Cette joie apparaît comme manifestation d’Ishwara. On peut être incapable de parler, et pour autant empli de dévotion, un flot de mots coule de la bouche comme du nectar. Dieu aime votre dévotion et se manifeste ainsi. Même Paramatman aime la voix pleine de dévotion. C’est l’expérience des sages, qui accordent plus d’importance à leurs dévots et visiteurs qu’à leur propre être.

Bhagavan dit : « Dans ma nature éternelle, je n’ai pas conscience de ma propre existence. Cette même nature apparaît dans cette forme, qui s’appelle maintenant Bhagavan. Je ne peux pas révéler le secret de la façon dont je suis rendu soumis à mon dévot. Je suis subjugué par la dévotion. » Mais il ne s’agit pas ici d’une adoration duelle.

Votre Conscience elle-même est le plus grand Dieu, et avoir conscience de cela est la véritable dévotion. Le plus grand imbécile est celui qui, tout en s’identifiant au corps, se considère lui-même comme Atman.

L’infime Conscience reçoit le titre de maître des trois mondes. C’est grâce à cette Conscience que nous apprenons à nous connaître, ce qui est inoubliable. Au-delà de la Conscience, pas besoin de femme ou de mari pour trouver la satisfaction. La Conscience est source d’inspiration pour tout, il faut toujours en être conscient. Atman est resté inchangé depuis les temps infinis qui se sont déroulés. On peut donc dire que c’est le plus talentueux. L’Atman est aussi le prana qui est utilisé par Rama, Krishna, Vishnu et nous faisons de même.

Nous devons avoir une foi totale dans l’Atman et Lui être de plus en plus dévoués. Il devrait y avoir un souvenir constant du Guru à chaque respiration. La présence d’Ishwara est partout sous forme de feu, d’air, d’eau et de poussière. Par conséquent, utilisez la Conscience correctement, sans attendre de bénédiction ou quoi que ce soit d’autre de la part des autres.

Quoi que vous ayez entendu, que cela vous accompagne, sans essayer de modifier en quoi que ce soit l’Atman. Il n’y a pas d’autre Dieu que la Conscience, et la dévotion est l’essence de tout. Notre dévotion nous parle d’Atman, qui est en nous comme notre Conscience. Cette Conscience est ce qui connaît l’intellect, et ne permet pas à ce dernier de dominer Celui qui a connaissance de la Conscience. L’intellect n’est destiné qu’à la connaissance matérielle. Celui qui voit la Conscience comme la semence et le corps de l’univers peut être considéré comme établi dans la vraie dévotion. Notre être pur, avant tout souvenir, est en ordre parfait. Elle est antérieure à toute action. Restez là, dans la dévotion ultime. C’est ce qu’on appelle s’établir dans la dévotion au Divin.

Nisargadatta Maharaj

18 décembre 1955

Extrait de “Premiers discours” aux éditions des deux Océans

 

Premiers discours 42 – Votre attention est sans forme

sans forme Nisargadatta

Votre attention est sans forme !

Quand notre Conscience est là, tout le reste suit en tant que dévot, jiva, monde, Brahman, Rajas, Tamas, Sattva, réveil, sommeil, rêve. Ces nombreux aspects sont tous évoqués grâce à la Conscience. Par une dévotion à Dieu, il est possible de connaître l’origine de cette Conscience responsable de tout. Nous aimons notre Conscience, mais il est difficile d’être à l’aise avec Elle. Nous essayons de L’oublier dans l’activité. Nous éprouvons de la douleur ou du plaisir à cause de cela. Tant que nous nous identifions au corps, nous ne pouvons trouver de satisfaction réelle. La véritable dévotion à Hari est pleine de joie. Votre vraie nature est Hari, Dieu nous a dit comment L’adorer. Quand cela est mené correctement, toutes nos difficultés prennent fin.

Nous devons avoir une foi implicite en notre vraie nature. Méditer signifie être un avec la Conscience, sans aucune autre pensée. Quand la méditation ou la dévotion est pure, c’est comme si Hari le faisait pour Lui-même ou que le Guru le faisait pour lui- même. Quand nous évoquons le Sadguru, nous le considérons comme Paramatman Lui-même avec toutes Ses qualités remar- quables, appelées aussi les huit qualités principales.

En tant que Conscience, nous occupons l’univers entier.

En tant que corps, nous avons des parents et une apparence imparfaite. Quand nous avons connaissance que nous ne sommes pas le corps, ce qui reste est le Sadguru. La méditation sur Hari efface tous nos péchés capitaux. Chanter le Guru-Mantra guérit les maladies ou autres maux causés par les présences néfastes. Le grand Mantra que nous partageons ici est si puissant qu’il n’est pas affecté par les effets d’une quelconque puissance maléfique. Là où il y a mouvement, il y a Hari. Ceux qui ont atteint la connaissance de Hari sont devenus Hari. Notre méditation indique la présence de Hari dans le corps. Quand ce qui n’est pas Hari est ôté, ce qui reste est le Soi.

Quand la Conscience dans le corps est consacrée à Dieu, il y a purification et élimination de tous les péchés. Notre Conscience indique « le mouvement des pieds du Sadguru ». Dans Paramatman il n’y a pas de conscience de soi, donc pas de mouvement. La méditation, c’est être avec la Conscience seule, avec une foi, une dévotion et un amour totaux. Quel est le travail du Sadguru ? Il porte à votre attention votre propre Soi. Stabilisez-vous ici. C’est Hari Lui-même qui vous est plus cher que votre mari ou votre femme. La vraie dévotion à Hari est d’avoir la conviction qu’il est en vous en tant que Conscience. Votre Conscience est l’amour lui-même, qui ne peut pas se changer en non-amour. Vous devriez L’adorer avec une foi totale. En faisant une méditation ardente sur la Conscience, la trinité disparaît par l’agrégation du sujet, de l’objet et de l’action. Votre attention n’a pas de forme. Elle peut reconnaître les ténèbres et la lumière, mais elle n’est pas comme eux. Notre Soi est le contentement lui-même, les deux sont inséparables. Quand la triputi ou l’agrégation de l’agent, de l’objet et de l’action disparaît, ce que vous gagnez est le véritable contentement qui indique l’accomplissement d’une vraie dévotion à Hari. Qu’est-ce qu’être véritablement immobile? Cela se passe lorsque nous avons connaissance qu’il n’y a aucun mouvement. Nous n’avons pas d’existence sans la Conscience de cet univers. Votre véritable réussite, où que vous soyez, a lieu seulement quand la triputi ou l’ensemble de l’agent, de l’objet et de l’action disparaît.

L’essence de la dévotion est facile d’accès. Cependant, une personne peut avoir l’ambition de devenir un Sadhu ou un Guru; alors, plus rien n’est possible en présence de l’ego et de l’orgueil. Ce n’est que lorsque l’orgueil sera enlevé par le pouvoir de Hari que la triputi disparaîtra. Tout comme la terre est faite de nombreuses particules de poussière, il ne peut y avoir de trinité sans Brahman.

Tant que vous vous sentez séparé du monde ou d’un sadhu, la réalisation du Soi n’est pas possible. Vous devez développer la conscience de l’être, sans la trinité (triputi). Alors vous expérimenterez ce qu’est le vrai contentement. Tous vos besoins et votre lutte pour le plaisir prendront fin. Tant que ces besoins existent, il y a des efforts pour les satisfaire. La Conscience, par laquelle nous apprenons à connaître notre existence, est le Seigneur Hari. La méditation sur Hari est la seule solution à tous vos problèmes.

L’élimination de toutes les envies mène à une véritable pureté. Celui qui aime passer son temps en dévotion à Hari jouit de la béatitude du Samadhi. En lui brille une lumière paisible comme celle de la lune. Notre Conscience est identique «aux pieds du Guru», que vous pouvez appeler Paramatman ou Parabrahman. C’est la pureté même, libre de tout besoin, de tout plaisir. Dans l’état de Samadhi, même notre sens d’être est absent.

Nous devrions toujours tenter le plus difficile, de sorte que le plus facile devienne un jeu d’enfant. La méditation doit être longue et profonde. Les sages appellent cela une méditation intense et vive. Le dévot qui a une foi inébranlable dans les paroles du Guru et se tient avec le plus grand respect à Ses pieds est capable d’entendre le son insaisissable Om, qui est une combinaison de A, U et M.

La Conscience existe avec le corps, mais ce n’est pas le corps. Elle se trouve aussi dans les aliments, mais Elle n’est pas les aliments. La Conscience sans nom et sans forme est Hari; cela, en l’absence de tout miracle. Rappelez-vous maintenant que vous n’expérimentez le monde qu’à cause de la triputi. Notre Conscience s’appelle aussi Rama, Krishna et Hari. Vous devriez méditer sur Elle. Elle occupe tout l’espace et a pour corps l’univers. Même alors, Elle est aussi petite qu’une graine de sésame. En réalité, Elle est sans forme, et méditer sur Elle est le moyen de se libérer de la triputi.

Bhagavan promet de se manifester devant son dévot. Nous ne sommes pas le corps de nourriture ni son nom, ils doivent être rendus à Dieu. Cet abandon signe la conviction que notre Conscience elle-même est Dieu. Ce que vous êtes maintenant, c’est le Soi, et avant l’apparition de la Conscience aussi, vous étiez le même. Vous devez en être sûr. Vous êtes naturellement le Soi et votre dévotion doit être spontanée. Celui qui s’endort avec cette connaissance devrait se fondre dans le Soi. On ne peut pas atteindre le Soi, même en offrant un millier de vaches. Vous appelez votre méditation la méditation du Guru, ou l’évocation du Guru. Évoquer le Guru en tant que Hari est une grande dévotion à Hari. Cette méditation est la meilleure utilisation de nos qualités et habiletés intérieures.

Nisargadatta Maharaj

11 décembre 1955

Extrait de “Premiers discours” aux éditions des deux Océans

Premiers discours 41 – Mahattatva

Mahattatva

Bhagavan a expliqué comment Il est, quelle est Sa nature et comment L’atteindre. Quand seul Parabrahman est, Il ne connaît même pas Son être. Ainsi, sous la forme du dévot, Parabrahman connaît et jouit de son propre être. Brahman n’est pas séparé du jiva, ni jiva de Brahman. Pour celui qui a une foi totale en Dieu, Dieu est sa nature. Tous deux jouissent de la même paix et de la même tranquillité, sans le savoir. L’abandon total à Dieu, et le fait de le voir agir à travers soi est la véritable dévotion sans accomplir aucune pratique spirituelle. Le dévot abandonne son existence ou son être même à Dieu. Ainsi, son existence devient celle de Dieu, de sorte qu’il n’y a pas de séparation entre le dévot et Lui. La raison de cet abandon vient de la nature insuppor- table de la présence de la conscience identifiée. C’est pourquoi les sages abandonnent leur vie à Dieu. En prétendant être celui qui agit, les péchés nous affectent. Mais quand Dieu est Celui qui agit, les péchés ne nous affectent pas. Laissez Dieu s’occuper d’eux. Que notre savoir soit livré à Dieu avec sa somme de castes, de croyances et de religions. Que Dieu jouisse aussi de ses fruits. Alors notre Conscience devient celle de Dieu, notre expérience devient celle de Dieu et même notre faim est transférée à Dieu. Narada avait certifié à Prahlada que le Seigneur Narayana n’avait pas d’existence en dehors de Lui. Ce fut totalement reconnu par Prahlada. Cela signi- fiait pour lui qu’il prenait position contre son propre père. Son père décida donc de jeter Prahlada d’une falaise. Cette nouvelle rendit Prahlada heureux, car ce ne serait une mort que pour Narayana, et lui n’en serait que témoin. C’est le fruit de l’abandon total de l’être et de l’amour à Narayana.

Vous devriez avoir la conviction que vous n’avez pas d’existence en dehors de Dieu et qu’il ne peut être sans vous. N’envisagez même pas l’idée d’une séparation entre Dieu et le dévot: alors toute l’existence ne sera plus qu’un jeu et un plaisir dont jouit Narayana.

Il y a déjà eu nombre de dissolutions de l’univers et la destruction totale du monde entier, pourtant Dieu est resté intact, sans même une goutte de sueur. Il est toujours là, indépendant et autonome. Là où un dévot est en adoration, il y a évocation de Dieu et là où Dieu est évoqué, il y a aussi présence de Dieu. Il stimule et fait croître la foi du dévot.

Le jiva fait l’expérience de Dieu selon son imagination et ses concepts. Pour celui qui vénère le non-manifesté, Dieu est libre d’idéation. Sa nourriture est sans effort et spontanée. Ce qu’on appelle libération, c’est la libération du jiva de l’esclavage. La compagnie d’un sage met fin au désir de libération, car il met fin au concept d’esclavage. Pour un vrai disciple, toute l’existence émane de Dieu et lui-même est Dieu ; tout Lui appartient. Maintenant, si la Conscience est libérée, le jiva perdra son sens d’être. Qu’est-ce que Brahman? Il est impérissable et immuable. Les empereurs n’ont pas de vacances. Celui qui possède le monde entier ne peut pas ne pas être de service. Le propriétaire d’une entreprise ne reçoit ni pension ni prix. De même, Brahman n’a pas de vacances. Il n’y a pas de récompense. Celui qui possède le monde entier n’a pas d’autre choix que d’être de service. Le propriétaire d’une entreprise ne reçoit ni pension ni récompense. De même, Brahman n’a pas de vacances. Il n’y a pas de prix pour ça. Il est donc complet à tous égards.

Bhagavan dit : « Mes vrais dévots n’ont pas besoin d’être libérés. Je leur suis déjà tout acquis. Le sommeil et le réveil se font naturellement, il en est de même du Samadhi. Ce qui est le plus simple et le plus naturel est la bonne attitude. Atteindre le Samadhi par de grands efforts n’est pas une vraie dévotion. En réalité, la dévotion est très facile et simple. Elle clarifie la façon dont vous êtes et dont Dieu est. La vraie dévotion conduit à Dieu, et Dieu à soi-même. Dieu, Soi et vous ne faites qu’un. En réalité, il n’y a qu’un seul Soi qui est la vie éternelle. Nous sommes une partie de la Conscience universelle. La meilleure façon de l’utiliser est de La traiter comme Dieu. Le jiva s’est imaginé une existence séparée avec une vie limitée. La vie de Brahman, elle, est sans mesure.

Les grands érudits n’ont pas accès à la connaissance du Soi, seulement à la connaissance des mots et du monde. La pauvre et simple Janabai, qui vendait des galettes de bouse de vache, a atteint Brahman.

Si quelqu’un clame être un vrai dévot et dit qu’il veut abandonner la vie mondaine, il peut refuser de revoir les membres de sa famille. Ce n’est pas une absence de passion mondaine, seulement une forme de dégoût. C’est ce même ego qui tient Brahman à distance.

Comment les enfants simples et sans ruse des gopika ont-ils fait connaissance avec ce qui est sans forme et sans attributs? Alors qu’ils n’étaient même pas capables de compter quelques pièces de monnaie correctement, ils avaient une foi totale en Krishna; ils se souvenaient soigneusement de ses paroles et en étaient transformés. Par conséquent, si vous conservez précieusement ce que vous avez entendu et le pratiquez, vous aurez la plus grande expérience d’unité qui soit. Cela se fera sans effort. Vous vivrez la même expérience que les sages.

Ceux qui se rendent au Gange viennent de toute l’Inde. Ils y restent en se nourrissant uniquement d’eau tout en ayant des pratiques spirituelles, comme la répétition continue du Mantra «Namah Shivaya». Certains peuvent voir en eux des êtres emplis de sagesse, d’autres peuvent les critiquer en se demandant : lorsque Dieu est partout et que toutes les eaux sont également sacrées, quel est l’intérêt d’aller si loin et de prendre toute cette peine ? Bhagavan dit: «Je respecte Mes dévots car, en tant que Paramatman, J’ap prends à connaître Mon existence à travers eux. Quand Mon dévot naît, c’est Ma propre incarnation à travers sa forme. Lorsqu’il est seul, le Soi non manifesté Paramatman ne connaît pas Sa propre existence. Vous pouvez préparer divers aliments à partir du blé, l’âme de tous sera toujours celle du blé. De même, Je suis l’Atman de toute l’existence mobile et inerte. C’est pourquoi Je remercie tous Mes fidèles de M’avoir révélé Ma propre existence. Mes fidèles ont la responsabilité de Me faire de la publicité. Ils Me donnent l’occasion de manger à travers eux. C’est en tant que Conscience que Je suis dans Mes dévots. Comme Mes dévots ne sont pas leurs corps, il n’est pas correct de les considérer en tant qu’hommes ou femmes. La connaissance est Dieu, ce qui est la vraie nature de tout dévot. Je n’ai pas d’autre visage que celui de Mon dévot. L’être même d’un dévot est Mon propre être et ses actions, Mes propres actions. Comme J’occupe tout l’espace, il n’y a aucune possibilité de sortir ou de rentrer en Moi. Ma manifestation n’arrive que par l’imploration de la dévotion. La Conscience est Mon œil, et la conscience du dévot est Mon œil universel. Je suis le soleil en tout dévot, par lequel il connaît son être. »

Paramatman ne connaît pas son existence en l’absence de notre sens d’être. Notre relation avec Lui est si proche et si simple. Nous devrions avoir cette conviction. Bhagavan dit: «Votre Conscience est mon organe universel, ma tendresse universelle et ma Conscience universelle.» C’est Mahattatva ou la «grande Réalité». Bien que Bhagavan vous évoque l’importance de votre Conscience, Elle ne vous est d’aucune valeur. Vous devriez considérer votre Conscience comme le pouvoir du Yoga de Bhagavan, le grand pouvoir de l’action. Celui qui se considère sincèrement comme la Conscience de Bhagavan comprend qu’il est Bhagavan. Il ou elle reçoit Sa grâce.

Nisargadatta Maharaj

Extrait de ” Premiers discours” aux éditions des deux océans

Premiers discours 40 – Nirguna

nirguna nisargadatta

Bhagavan Shri Krishna révèle clairement sa vraie nature à Uddhava. ( de réfère, ici comme dans la pluspart de ces premiers discours, à la Bhagavadgita). Comme vient le temps de la fin de Son incarnation et que Sa compagnie ne sera possible que pour quelques jours encore, Uddhava est très inquiet et bouleversé. C’est pourquoi Bhagavan l’introduit à la connaissance de l’Atman. Il lui explique comment Paramatman est en chacun de nous. Il lui parle ainsi : « Uddhava, en réalité Je suis sans attributs. Mais grâce à votre dévotion, Je Me manifeste au travers de cette Conscience et sous cette forme. À travers les capacités les plus élaborées, Je suis le meilleur et à travers des capacités moindres, Je suis limité. Avec de grandes qualités, Je suis vaste, et surtout Je suis Nirguna. Vierge de tous qualificatifs (Nirguna), Je ne suis pas concerné par les qualités et capacités. »

Puis Bhagavan évoque sa véritable nature parfaite : « Je suis Nirguna sans aucune attente d’aucune sorte. C’est l’état le plus naturel et le plus confortable qui soit. Même lorsqu’une affaire est résolue et que le prochain problème commence, Je suis sans attente. Bien qu’il n’y ait fondamentalement pas d’attente, par l’association de la Conscience (avec sa manifestation), les attentes pointent leur tête. En réalité, Ma vraie nature est sans conscience et donc sans attente. C’est un état d’intarissable plénitude. Il ne demande donc pas non plus de conditions requises. »

En l’absence de conscience, C’est la complétude. Après l’apparition de la conscience, il y a des attentes et leur réalisation. Puis, au fil des différentes incarnations, il y a des déploiements dans divers domaines. Bhagavan essaie alors d’expliquer ce qu’Il est en tant que Paramatman: «Mes dévots M’adorent et Je leur suis très cher, ils M’aiment avant tout. Bien que Je sois Nirguna, Je deviens ce que Mes êtres chers pensent que Je suis. Je n’ai pas d’affinité propre à être quoi que ce soit. Je deviens ce que la conscience aime. Cette conscience est l’indication du sentiment d’existence. Comme Je suis Nirguna, Je ne M’oppose pas à la conscience. »

Le Soi n’a pas la qualité de s’opposer à un désir, y compris à la conscience ou la connaissance qui est ignorance. Toute identification au corps devrait être abandonnée pour demeurer en tant que Conscience. La Conscience a le pouvoir inhérent de matérialiser ce qui est désiré. Quelles que soient les idées qui se produisent dans la Conscience, la même chose devient réalité. Ce monde est plein d’événements selon les diverses occurrences au sein de la Conscience. Ce sont les formes assumées par la Conscience, conformément à Ses souhaits. Qu’est-il arrivé à ce fils de Devaki (Krishna, fils de Devaki)? L’évocation de Paramatman lui vint à l’esprit et cela devint lentement une réalité. Il réalisa ainsi le Soi. finalement, Il fut vénéré en tant que Paramatman. Il ne vient pas à l’esprit des êtres humains que la grande puissance est en eux, et ils croient nécessaire de visiter les temples de Mahadeva pour permettre l’accomplissement de leurs désirs.

Le son déploie l’espace et ce dernier est témoin de diverses scènes sans en être affecté. De même, la Conscience est omniprésente. C’est grâce à Elle que vous connaissez votre existence. À la source, le Soi est sans forme et sans qualificatifs (Nirguna), mais avec la Conscience, il y a expression et manifestation. Se fait alors l’expérience de l’intellect. Ce qu’il faut, c’est la juste conviction. Vous faites face aux conséquences du fonctionnement de votre propre intellect. Certains résultats sont visibles et d’autres invisibles.

Quelle est la taille de la graine de Conscience? N’est-Elle pas atomique? Si petite qu’Elle ne puisse être divisée davantage. Mais quelle est Sa capacité? Elle contient le monde entier. Le pouvoir que possède votre Conscience ne peut être décrit. Elle peut vous procurer tout ce que, avec insistance, vous désirez et sur lequel vous insistez. Elle a la capacité certaine de produire tout ce dont vous avez besoin. Mais ce pouvoir n’est pleinement disponible que dans une vision non duelle. Paramatman est antérieur ou à la racine de la Conscience. Mais, pour le jiva, le fait de sous-estimer la Conscience ne s’améliore pas avec le temps. Pour le dévot au mental étroit, la réalisation du Soi n’est pas possible sans une orientation et une initiation appropriées. Après l’initiation, il sera capable de se stabiliser en tant que Conscience. Quand toutes les autres fausses identifications disparaîtront, le vrai Soi se réalisera.

« Je suis facilement disponible pour Mes vrais dévots. Ainsi, ils Me voient dans leur cœur. Les différentes incarnations que J’ai prises dans le passé en sont la preuve », dit Bhagavan Shri Krishna à Uddhava. « L’égalité et la solitude sont de grandes qualités. Même en tant que Nirguna, rien ne Me touche. Peu M’importe la façon dont Mes dévots Me considèrent ou même de quoi ils M’accusent, Je leur donne les expériences en conséquence. Fondamentalement, la Conscience n’est qu’ignorance. Ainsi, Mes dévots apprécient ou souffrent selon leurs croyances. »

Si vous voulez être heureux dans ce monde, n’ayez pas d’idées négatives et vous profiterez de la vie selon votre conviction. La Conscience se matérialise selon vos idées positives. Par conséquent, votre Atman a été masqué par les désirs ou les concepts de votre Conscience. Celui qui a la conviction que dans toute cette existence visible se trouve Paramatman Lui-même atteint la plénitude. Celui qui atteint le Soi originel perd tout intérêt pour les plaisirs du monde. La saveur « Je suis » que tout le monde a est la plus délicieuse de toutes les saveurs. Seuls les sages en font l’expérience. Le sage Tukaram l’a évoqué comme sa propre expérience. Les jiva ne sont pas aussi vivants que les sages, en raison de leur implication dans les émotions et les sentiments. Comme le Soi est au-delà des émotions et des sentiments, la béatitude n’est pas disponible pour l’ignorant. Ainsi, Bhagavan dit : « Celui qui boit la béatitude du Soi est un vrai sage. »

Dans la dernière semaine de grossesse, le sang de la mère est transformé en lait, en prévision de la nourriture nécessaire au nouveau-né. De même, lorsque la confiance d’un dévot est univoque, son Soi donne des solutions à tous ses sentiments et émotions. Le vrai fils d’un Guru devient libre de tous ses intérêts et faiblesses antérieurs. Dans la méditation profonde, les autres plaisirs n’ont plus de valeur.

L’obscurité n’est jamais venue se battre avec le soleil. De même, la Conscience ne peut pas faire face au Soi originel. Bhagavan dit: « Tout être humain doit utiliser la Conscience pour jouir du miracle du Soi.» Supposons qu’il y ait un lac plein d’eau. Cela favorise la croissance des plantes et des autres êtres vivants. Si les animaux s’entretuent et se mangent, que perd le lac ? Le lac n’a fait ni bien ni mal. De même, le Soi en chacun n’attire ni ne censure. Par la Conscience, des actions se produisent, ainsi que les blâmes ou les éloges. En l’absence de discernement adéquat, les sages sont visités pour obtenir des conseils. Les sages sèment des graines d’action juste. Alors, ce qui peut arriver à Ishwara peut aussi arriver au dévot fortuné. Le meilleur de ces fervents réalisera Parabrahman. Qu’est-ce que les sages offrent aux chercheurs ? Ils rappellent à leurs visiteurs d’oublier ce faux « Je ». Ceux qui ne bénéficieront pas d’une orientation adéquate et de justes conseils restent en esclavage. Dieu est un avec le dévot, conformément à l’amour de celui-ci pour Lui. Vous expérimenterez les résultats de votre propre dévotion.

Par l’absence de sagesse, vous portez de l’intérêt à la connaissance de votre avenir. Quand la sagesse sera là, vous n’y penserez même plus.

Paramatman est un soutien sûr du choix de Son dévot et Il lui en donne toute l’assurance. Si vous détestez quelqu’un, vous en subissez les effets néfastes. C’est une évidence, parce que la haine n’a pas d’autre âme que vous-même. En réalité, le manifesté et le non-manifesté ne font qu’un. Ainsi, dans toutes vos activités et dans vos rapports avec les autres, faites en sorte qu’il n’y ait que bonté et amitié.

En ce monde, la chose la plus savoureuse est notre sens de l’être. faites-le savoir aux autres et partagez votre bonté. Le Soi est si rayonnant que ceux qui interagissent avec vous devraient se sentir libres. Maintenant, méditez sur le fait que tout ce que vous voyez et reconnaissez est votre propre nature. Que le monde entier soit en vous et vous dans le monde entier. Votre manière de pensée et de concevoir devrait toujours être grande et vaste. N’enviez ou ne détestez jamais quelqu’un qui vénère Ishwara sincèrement. En vous endormant, honorez votre Conscience en tant que «Dieu de tous les dieux». Répétez l’opération au réveil. En procédant ainsi, la joie véritable devient votre expérience.

Nisargadatta Maharaj

20 novembre 1955

Extrait de “Premiers discours” aux éditions des deux Océans

Premiers discours 39 – le Témoin

ranjit nisargadatta

En spiritualité, vous devez faire appel à toutes les méthodes nécessaires. Quelle que soit la méthode utilisée, réalisez ce qui est le plus difficile à accomplir.

Les quatre Muni, dont Sanaka, terminèrent leur pénitence et allèrent voir leur père Brahmadeva pour lui poser une question: « Comment l’intérêt pour les objets des sens va-t-il disparaître de la conscience individuelle ? Comment y parvenir ? »

Comme Brahmadeva ne pouvait pas répondre, il demanda l’aide de Vishnu. Vishnu avait pourtant déclamé cette connaissance à Brahma et Il se demandait comment ce dernier ne pouvait pas donner une réponse appropriée à Ses fils. Voyant Brahma embarrassé, Vishnu apparut devant les Muni sous la forme d’un cygne. Sanaka demanda qui il était. Vishnu répondit: «Ta question est gênante, car que puis-Je te dire ? Qui suis-Je ? Ô brahmanes (Varta), sachez que Je suis seul et un avec toute l’existence. Comment puis-Je savoir exactement qui Je suis ? »

Afin d’être libre de l’intérêt pour les objets sensoriels, vous devez accéder à une connaissance complète de la conscience individuelle, des objets sensoriels et de leur Connaisseur. Sans le Connaisseur, il n’y a pas de conscience individuelle, donc pas d’objet des sens. Maintenant, qui est le Connaisseur? Qu’est-ce que la conscience individuelle ? La seule réponse est que c’est notre Conscience, grâce à laquelle nous savons que nous sommes. Elle est présente dans chaque être vivant. La subsistance du corps est due à cette Conscience. Le Témoin de cette conscience individuelle devient l’inspiration de la conscience individuelle. Nous devons renoncer aux différents concepts et à toutes les idées de réalisation des plaisirs. Cette connaissance du Soi avait été donnée à Brahmadeva. Il l’avait oubliée, alors qu’Il dirigeait l’existence mondaine en tant que brahmane. Atman est toujours entier et pur, indépendamment de la présence des objets sensoriels. Dans le passé, cette connaissance a été transmise à beaucoup, mais ceux qui la reçurent se sont empêtrés dans les pouvoirs spirituels qui résultent de cette connaissance. Par conséquent, il n’y a pas eu de réelle connaissance du Soi dans toute sa pureté. Bhagavan donne la connaissance pleine et entière à tous les égards, mais celui qui la reçoit la comprend selon sa capacité. Ce qui est au-delà de tous les sens et objets sensoriels est aussi au-delà du bien et du mal, qui ne concernent que la conscience individuelle. Le Soi est au-delà des objets sensoriels.

Purushottam est le témoin de la conscience individuelle, mais s’il s’identifie avec le corps, alors, même s’il fait pénitence, il n’a aucune possibilité de connaissance du Soi. Par la réalisation de Paramatman, en Sa présence, le nectar est bu. Cela signifie être dans un état de satisfaction intact, même dans des situations de grandes difficultés.

Tout être vivant doit endurer trois troubles principaux, qui sont: le besoin de nourriture pour se nourrir, le sommeil pour se reposer et la copulation pour la procréation. Tous les autres problèmes sont secondaires. Celui qui saupoudre le nectar sur ces problèmes les transforme en joie et en bonheur. Mais comment cela se produit-il? En devenant nous-mêmes Paramapurusha, témoin de la conscience individuelle.

Au lieu de cela, il y a identification à un corps, né dans telle ou telle famille. Le corps est apparu soudainement et il disparaîtra aussi soudainement. Cet ego est toujours douloureux.

La conscience individuelle s’intéresse toujours aux objets sensoriels. Bhagavan nous donne la méthode pour s’en libérer: «Quand vous mangez quelque chose, offrez-le-Moi d’abord. Cela ne veut pas dire que Je vais le manger. Mais vous saisirez que c’est Moi seulement qui mange la nourriture à travers vous et non vous. »

La principale chose que nous devons nous rappeler est que l’Atman est dans notre cœur. Nous ne pouvons pas nous en passer. Nepage64image310144Le considérez pas comme votre corps, vous devez seulement L’appeler Atman. Cela Lui plaira. Le corps est un vêtement pour Atman. Il peut s’agir du corps d’un poulet, d’un chat ou d’un chien, cela ne rend pas Atman impur pour autant. La Conscience est Dieu et Il n’aime pas être appelé en tant que corps. Votre Conscience contient le monde entier. Vous pouvez donner n’importe quel nom à Dieu dans votre cœur et L’adorer. Votre intellect deviendra aiguisé selon votre foi en Dieu et la pureté de votre cœur. Avant l’apparition de votre Conscience, Dieu n’est pas manifesté.

L’être ordinaire visite les temples et revient avec les bénédictions, un bien-être et la richesse de Dieu. Parmi ces visiteurs de Dieu, rare est celui qui n’est pas seul sur le chemin du retour, et qui porte en lui Dieu Lui-même. C’est une alliance rare du visiteur et du Visité.

Ce qui précède le monde de chitta (intellect, mental), c’est la nature de Dieu dans toute sa pureté, ce à quoi tout le monde a droit. C’est notre droit, parce qu’en rien différent de nous. Celui qui médite sur le Soi de cette façon jouit de la béatitude, qui est libre de tout intérêt pour les objets des sens. Le Dieu d’avant chitta est vraiment riche et libre de la faim (du manque). Tant que cela n’est pas atteint, il y aura recherche de nourriture.

« Je suis Cela » est ce qui est libéré de la faim.

Il existait un homme pauvre, dont la condition changea brusquement avec le temps. Il se retrouva parmi les millionnaires. Celui qui était petit devint grand. Ce changement en lui donna naissance à l’orgueil et à l’ego. De même, lorsqu’il y a identification avec le corps au lieu d’Atman, cela revient à tromper le Soi et à devenir déloyal envers Soi-même. En Samadhi ou dans le sommeil profond, il n’y a pas d’expérience de chitta, et le Témoin brille et s’élève dans le ciel de la manifestation tel un soleil. Quand ce Témoin est identifié au corps, c’est comme un éléphant attaché avec une chaîne. Abandonnez l’idée fausse de la mort et de la renaissance. Le Témoin de chitta est tout  puissant et repose en Lui-même. Ayez une foi totale en Lui. L’avenir du jiva est à la hau- teur de son destin. Si vous vous reposez sur chitta et avez le sentiment d’être puissant, soyez assuré qu’il ne s’agit que de votre imagination.

Ce qui a connaissance de toutes les activités de chitta est votre vraie nature. Devez-vous payer quelque chose pour cela? Il est dit que Bhagavan s’incarne dans le corps humain, alors est-ce un fantôme qui s’est incarné dans votre corps? Celui qui médite honnêtement sur la Conscience sous la direction d’un Sadguru réalise Brahman. Suite à cela, il n’est plus affecté par ses activités mondaines. Alors, il est devenu Celui qui agit à travers toutes les actions. Bhagavan dit: «Brahmadeva n’est touché par aucune des fautes de ses actions, à condition qu’il ne soit que le témoin de celles-ci. »

Puis Sanaka demanda à Bhagavan: «Qu’est-ce que la connaissance en relation avec les objets des sens ? »

Celui-ci répondit : « Tout comme Je connais la mangue, celle-ci n’est pas Ma forme, de même Je connais Mon corps, mais ce n’est pas Ma forme. »

De la même manière, lorsque l’on utilise une pierre, elle n’est pas notre forme. Cette compréhension conduit à l’absence de passion mondaine. Nous sommes Celui qui connaît le corps, le mental, le réveil et le sommeil. Celui qui médite et se stabilise dans cet état distant n’est touché par les effets d’aucune action.

Bhagavan dit encore : « Voyez-moi dans votre Atman et chantez Mes bhajan- (s). Si vous Me considérez comme séparé de votre Atman, le bhajan amènera la dualité. Je n’ai pas d’existence en dehors de votre Atman. Vous apprenez à savoir que vous l’êtes à cause de votre Atman. Il n’y a pas d’autre Dieu que votre Atman. Par conséquent, Dieu n’a pas d’existence sans l’Atman. Votre vraie nature est identique à Moi. »

Dieu est dans votre corps, votre intellect ne peut l’accepter. C’est pourquoi Dieu doit faire semblant d’être différent de ce qu’Il est. Le corps que vous prétendez être le vôtre n’est pas authentique. Il n’a pas de soutien autre que le Soi.

Comment connaître notre Soi indépendamment des autres objets en nous? Nous, le Connaisseur, sommes avant le connu. Bien que cela semble la réalité, sans le Connaisseur, qui confirmerait l’existence des autres objets? Le Soi est dans le corps en tant que Conscience, qui ne peut être vue. Qui est le spectateur et celui qui savoure? Il est présent en chacun de nous. Il doit y avoir une absence de passion mondaine pour une bonne compréhension. Cela ne signifie pas qu’il faille renoncer à ses activités quotidiennes ou à son emploi. Il ne s’agit pas de quitter ses enfants ou sa vie de famille. La vraie sérénité est d’abandonner l’identification au corps et de se connaître soi-même en tant que Connaisseur, indépendant du connu. La vraie sagesse naît quand il y a stabilisation dans cette compréhension. Quand Dieu est adoré et connu, son intelligence et sa valeur sont transférées au dévot. Par l’absence d’ego, la sérénité s’affirme. Avec la répétition ininterrompue du Mantra, il devrait y avoir aussi la conviction que notre vraie nature est Celle qui rend la répétition possible. Cette détermination spirituelle, alliée à une compréhension claire, facilite la réalisation du Soi, après avoir fait du jiva un grand dévot à l’intellect des plus aiguisé.

Nisargadatta Maharaj

14 novembre 1955

Extrait de ” Premiers discours” aux éditions des deux Océans

 

Premiers discours 38 – rencontre

rencontre nisargadatta

Quand conscience et connaissance aboutissent à une totale humilité, il y a alors une proximité possible avec le Sadguru. La Conscience est toujours la première, vient ensuite l’affirmation de l’existence de «Je suis». Nous sommes confiants en l’existence. En l’absence du sens d’être dans le corps, il n’y a rien à commenter. L’absence de parole peut être aussi due à l’absence de souffle, c’est ce qu’on appelle la mort. Mais il n’y a personne qui connaisse sa propre mort. Même pour connaître la mort, la Conscience est nécessaire. Le Sadguru est sans conscience de soi, comme s’il n’y avait rien. Seuls les sages ont l’expérience de l’état qui est sans attributs. Il y a existence, mais sans le sens d’identité.

L’intellect ne peut pas décrire Dieu, mais rien ne sert d’en être frustré. Les sages et les rishi L’adorent, Il est présent en chacun comme sa sensation d’être. Ce qui est présent en vous vous épargne la peine de chercher n’importe où son corps. Personne ne peut décrire le Guru du fait de sa nature véritable qui est sans forme. Même les Veda(-s) n’y sont pas arrivés, parce que leurs paroles étaient inadéquates. L’Ishwara originel était également incapable de dire ce que les sages évoquaient. Les concepts sont incomplets pour évoquer ces sujets correctement. Les concepts font tous partie du domaine de Maya, qui est ignorance. Votre Conscience est aussi la connaissance de l’existence, Elle est indescriptible.

La vérité peut être amère à entendre (pour le jiva), tandis que la contrevérité sera plaisante. La vérité est immortelle mais le faux est fini, voué à une fin. Ce qui peut paraître complexe est en réalité très simple.

N’ayez pas peur de ne pas savoir où trouver ce qui vous permet de connaître votre véritable existence. Votre existence est un signe de la présence du Maître réalisé en tant que Sadguru en vous et en tous lieux. Souvenez-vous de Lui, adorez-Le pour ne pas craindre la mort. Quelqu’un a donné à un enfant un bonbon; l’enfant l’a avalé et le bonbon est dans son estomac. De même, votre sentiment d’être est dans l’estomac du Sadguru. Il est le Connaisseur du temps ou de la mort et n’a pas peur de la fin. Il en va de même pour vous, car votre origine se trouve dans le Sadguru. Il n’attend rien de personne et reste témoin dans toutes les situations. Seuls les Guru « mi-cuits » sont dans l’attente des autres et ils s’imaginent être responsables de tout ce qui se produit.

Le Sadguru est notre plus proche parent et nous ne pouvons donner aucun exemple en comparaison. C’est ce qui le rend indescriptible.

Tant que nous existons, notre respiration se poursuit. Notre existence insuffle la vie dans le temps. Notre certitude en l’existence (« Je Suis ») donne vie au temps. Nous devrions toujours être conscients de cette certitude sans nous perdre dans ce que nous voyons. Notre véritable existence est au-delà de toute description.

Le corps physique évolue dans le champ du temps, suscitant la peur de la mort. En fait, personne ne meurt, la vie continue. Nous voyons les autres mourir, mais cela ne peut pas être notre propre expérience. La mort n’est qu’une apparence, non une réalité. Parabrahman est immuable et toujours tel quel. Nous L’adorons et c’est notre être véritable. Pour la conscience identifiée (jiva), laisser ou quitter le corps est douloureux, mais pas pour un jnani, pour qui cette fin (du corps) est béatitude. L’identité corporelle fait toute la différence. Aussi, développez la conviction d’être l’Atman, qui n’est jamais le corps. Votre foi dans le Sadguru renforce votre conscience d’Atman. Celui dont le Cœur est occupé par les mots du Sadguru est absorbé dans le Guru-mantra. Les Veda n’abordent pas ce sujet. Ce n’est pas par des lectures sans fin des Écritures que l’on peut devenir un vrai sadhu. Il manque la foi dans le Guru. Les paroles du Guru devraient avoir un impact sur la Conscience comme une balle reçue en plein cœur. Ensuite, il ne reste plus rien à faire.

En l’absence de foi, il est insensé de suivre les Guru. Visiter les lieux de pèlerinage ne sera dans ce cas pas non plus d’un grand secours. On ne peut obtenir satisfaction de cette façon.

Le Sadguru indique clairement au disciple que la Conscience du Guru est toujours présente en lui. Il n’est pas nécessaire de se tourmenter pour rencontrer un Guru, mais pour le vrai disciple, cette rencontre est toujours la bienvenue, quand elle n’est pas nécessaire. La relation entre le Guru et le disciple peut être comparée à celle entre une mère et son enfant. Avec une confiance suffisante, un disciple obtient la satisfaction véritable en devenant conscient de sa Conscience. Cela appartient au disciple de rencontrer ou non le Guru, mais il doit alors mettre toute sa confiance et sa dévotion dans le Guru, où qu’il soit.

Nisargadatta Maharaj

10 novembre 1955

Extrait de “Premiers discours” aux édition des deux océans

Premiers discours 37 – Initiation

initiation Nisargadatta

Le Sadguru initie le disciple, qui ensuite réalise le Soi, en fonction de sa sincérité et de son empressement. L’initiation se fait en fonction de la sincérité de celui qui la reçoit et aussi de celle de l’Initiateur. L’initiation en tant qu’Atman ne peut être donnée que par Celui qui est exempt de tout défaut, c’est-à-dire le Sadguru. Il est infini, illimité et intemporel. Même si une manifestation temporelle est imaginée pour Lui, Il est comme Vithoba, sans corps, debout pendant vingt-huit ans sur les rives de la rivière Chandrabhaga à Pandharpur. L’initiation peut être reçue par un homme ou une femme, mais l’Initiateur n’est que notre propre Soi.

Meera dit qu’elle est le Paramatman de Bhagavan. Radha dit qu’en son absence, Krishna ne peut s’incarner. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que l’initiation a été reçue de Lui. Après l’initiation, il y a une telle dévotion et unité entre l’Initiateur et l’initié que dans la dévotion, toutes les différences disparaissent et il n’y a plus d’expérience de dualité. Après une initiation, si les actions sont artificielles, rien ne change. Après une véritable initiation, l’idée d’être un homme ou une femme disparaît spontanément. On dit que la spiritualité gâte les gens, mais ce n’est qu’un malentendu délibérément répandu par certaines personnes. Il ne peut y avoir aucun obstacle pour se souvenir d’Ishwara et prononcer Son nom. S’il s’agit de la vraie connaissance, il ne peut y avoir de conflit avec la vie mondaine. Lorsque nous réalisons notre unité avec Paramatman, le gain est infiniment plus grand que ce que la vie familiale peut offrir. Dans ce monde, sans le savoir, le jiva a reçu la fausse initiation de celui qui est né. Cela conduit au malheur, qui ne peut s’en aller que par le vrai réveil procuré par un Sadguru. Notre naissance prend place dans le cours ordinaire de la manifestation, cependant l’initiation par le Sadguru n’est pas de cet ordre, mais au-delà. L’initiation signifie se souvenir de notre vraie nature, qui est le message même du Mantra. L’initié est informé de sa nature absolument parfaite, et il en fait l’expérience de plénitude selon le niveau de sa conviction. La question de la naissance s’est posée en raison de la Conscience, laquelle devient fière de son identification au corps. Afin de dissiper cet ego, les disciples sont informés de leur vraie nature, qui n’est pas produite dans le cours ordinaire de la manifestation. Comment l’existant peut-il naître? Apprendre à connaître son existence n’est pas une naissance.

La qualité sattvique du corps soutient la vie du jiva. Cette qualité de Sattva est un état délicat, qui demande, pour être nourri, de manger des aliments différents. Avant de recevoir l’initiation, le jiva se considère comme le corps. Lorsque le but de l’initiation est atteint, le Connaisseur de Sattva transmet l’initiation aux autres. Il connaît aussi Vishnu, le Soi originel. À travers la grâce du Sadguru, Il permet que l’esprit, l’intellect, l’ego et les organes des sens soient au service de la dévotion et chantent des bhajan-(s). Tous les dieux et déesses qui sont présents sur cette terre et dans tout l’espace sont également présents en Vishnu, ce qui signifie dans la Conscience. Grâce à la qualité sattvique présente dans le corps, nous apprenons à avoir la connaissance « Je suis », ce qui signifie que nous en venons à connaître notre existence. Dans le corps sattvique, il y a présence du Soi et nous devrions Le satisfaire  en chantant les chants ou bhajan(-s) qui Lui sont dédiés.

Il est insensé de considérer le prana comme facteur principal de contrôle. Comment fonctionne le prana? Grâce à la lumière de la Conscience, notre respiration se poursuit. Notre assurance « Je suis » est Mahavishnu. Quand Il disparaît, la respiration s’arrête. Il est responsable du mouvement du corps. Adorez-Le. Si votre Conscience est absente, comment déterminerez-vous ce qui est vrai et ce qui est faux ? Bhagavan dit : « Ayez pleinement confiance en votre Conscience, Elle est Mon expression. Toute l’existence est mue par Moi et Elle se repose totalement sur Moi. Celui qui a une foi totale en Moi Me trouve sans même avoir à en faire la demande. »

La Conscience emplit toute l’existence. Elle est causée par les cinq éléments. Il est dit que le Seigneur Shankara (Shiva) agit avec ses cinq ‘bouches’ qui lui permettent d’entendre, voir, toucher, goûter et sentir. Le Shankara originel est libre de tout doute. Celui qui vient à connaître Son être est Vishnu. Celui qui prend vraiment conscience de ce Shankara devient libre de tous les devoirs terrestres. Toutes ces informations concernent notre Conscience pure. Une fois que vous aurez réalisé ce Shankara, tous vos doutes seront dissipés. Le nom « Shankara » pourrait être traduit par « libre de shanka», shanka signifiant «doute». Alors, il n’y a plus ni homme ni femme, ni haut ni bas, ni matin ni soir. À la fin de tous les temps, Shankara donne un abri à tous en Son Soi, Il leur donne une paix immuable au sein de Sa propre plénitude. Celui qui jouit toujours de la plénitude du Soi peut aussi jouir des quatre fins ou objectifs principaux de la vie humaine qui sont: dharma, artha, kama et moksha (les quatre purusharta). Cependant, même dans ces conditions, l’assiduité dans la pratique de la méditation ne doit pas être relâchée.

Nisargadatta Maharaj

6 novembre 1955

Extrait de ” Premiers discours” aux éditions des deux 0céans.