La lecture et l’écoute sont toutes deux nécessaires. La connaissance reçue du Guru concorde parfaitement avec ce qui est lu et entendu. La voie juste fait dire : « Je suis exactement tel que le Guru m’a décrit, et tel que je l’ai lu et entendu. » Ce qui reste, une fois rejetée notre propre conscience, est la Vérité. L’Union à Dieu est yoga. Dans l’Union, tous deux se dissolvent, le témoin de cela est le Soi suprême – l’état d’être non manifesté.
Le corps est prakiti, et ce qui réside dans le corps est purusha. Ce qui agit est prakiti, tandis que purusha est le témoin immobile. Autrement dit, le prana est le mouvement et ce qui en a connaissance est la conscience-témoin. Ces deux énergies sont sans forme. Prakriti et purusha ne sont pas séparées. Aussi, tant que vous vous prenez pour le corps il n’y a pas de paix. Gardez présent ce que vous avez entendu et restez dans un discernement constant. Celui qui a réalisé prakiti et purusha est libéré.
Dans le corps, Dieu fait l’expérience de Lui-même dans la sensation « Je suis ». La parole du Guru est votre propre présence ; vous devriez en être convaincu. Abandonnez-vous au prana ; laissez tomber l’identification au corps. Celui qui connaît le pouvoir du prana est le jnani. Fixé sur la source de l’énergie vitale (shakti), sa méditation est continue tout au long de la journée. Cette méditation est portée par cette énergie elle- même. La paix immuable est un grand accomplissement. Le véritable repos survient quand prakriti et purusha sont toutes deux oubliées. Par la méditation, la sensation « Je suis ceci ou cela » disparaît. Pour permettre à cette méditation d’aboutir avec succès, consacrez-vous à elle. Tournez l’attention sur le Soi avec l’énergie du prana. Quand cette énergie s’arrête, la conscience s’unit à elle et le samâdhi s’ensuit.
Le savoir livresque doit être confronté à notre propre expérience. Quand nous sortons du sommeil profond, ce qui apparaît en premier est la conscience microscopique. C’est la sensation « Je suis » avant tout mot. Cette graine de conscience est à la racine de toutes les expériences. Instantanément, elle prend la taille de l’univers. Mais vous devez voir l’irréalité de cette conscience. Le monde apparaît avec votre réveil. L’expérience se poursuit avec celui qui expérimente. Saisissez la Source de cette connaissance. Quand une opération est faite sous anesthésie, il n’y a pas de douleur. Si un être meurt dans cet état d’inconscience, y a-t-il une quelconque douleur de la mort ?
Alors que vous écoutez ces mots, vous vous oubliez et oubliez par là même le monde. Vous demeurez dans votre état d’être naturel. N’est- ce pas un grand profit ? La dévotion au Guru vous offre la réalisation du Soi.
Nisargadatta Maharaj
jeudi 19 janvier 1978
Extrait de « Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj » aux éditions des deux océans