L’être ordinaire visite les temples et revient avec les bénédictions, un bien-être et la richesse de Dieu. Parmi ces visiteurs de Dieu, rare est celui qui n’est pas seul sur le chemin du retour, et qui porte en lui Dieu Lui-même. C’est une alliance rare du visiteur et du Visité.
Ce qui précède le monde de chitta (intellect, mental), c’est la nature de Dieu dans toute sa pureté, ce à quoi tout le monde a droit. C’est notre droit, parce qu’en rien différent de nous. Celui qui médite sur le Soi de cette façon jouit de la béatitude, qui est libre de tout intérêt pour les objets des sens. Le Dieu d’avant chitta est vraiment riche et libre de la faim (du manque). Tant que cela n’est pas atteint, il y aura recherche de nourriture.
« Je suis Cela » est ce qui est libéré de la faim.
Il existait un homme pauvre, dont la condition changea brusquement avec le temps. Il se retrouva parmi les millionnaires. Celui qui était petit devint grand. Ce changement en lui donna naissance à l’orgueil et à l’ego. De même, lorsqu’il y a identification avec le corps au lieu d’Atman, cela revient à tromper le Soi et à devenir déloyal envers Soi-même. En Samadhi ou dans le sommeil profond, il n’y a pas d’expérience de chitta, et le Témoin brille et s’élève dans le ciel de la manifestation tel un soleil. Quand ce Témoin est identifié au corps, c’est comme un éléphant attaché avec une chaîne. Abandonnez l’idée fausse de la mort et de la renaissance. Le Témoin de chitta est tout puissant et repose en Lui-même. Ayez une foi totale en Lui. L’avenir du jiva est à la hau- teur de son destin. Si vous vous reposez sur chitta et avez le sentiment d’être puissant, soyez assuré qu’il ne s’agit que de votre imagination.
Ce qui a connaissance de toutes les activités de chitta est votre vraie nature. Devez-vous payer quelque chose pour cela? Il est dit que Bhagavan s’incarne dans le corps humain, alors est-ce un fantôme qui s’est incarné dans votre corps? Celui qui médite honnêtement sur la Conscience sous la direction d’un Sadguru réalise Brahman. Suite à cela, il n’est plus affecté par ses activités mondaines. Alors, il est devenu Celui qui agit à travers toutes les actions. Bhagavan dit: «Brahmadeva n’est touché par aucune des fautes de ses actions, à condition qu’il ne soit que le témoin de celles-ci. »
Puis Sanaka demanda à Bhagavan: «Qu’est-ce que la connaissance en relation avec les objets des sens ? »
Celui-ci répondit : « Tout comme Je connais la mangue, celle-ci n’est pas Ma forme, de même Je connais Mon corps, mais ce n’est pas Ma forme. »
De la même manière, lorsque l’on utilise une pierre, elle n’est pas notre forme. Cette compréhension conduit à l’absence de passion mondaine. Nous sommes Celui qui connaît le corps, le mental, le réveil et le sommeil. Celui qui médite et se stabilise dans cet état distant n’est touché par les effets d’aucune action.
Bhagavan dit encore : « Voyez-moi dans votre Atman et chantez Mes bhajan- (s). Si vous Me considérez comme séparé de votre Atman, le bhajan amènera la dualité. Je n’ai pas d’existence en dehors de votre Atman. Vous apprenez à savoir que vous l’êtes à cause de votre Atman. Il n’y a pas d’autre Dieu que votre Atman. Par conséquent, Dieu n’a pas d’existence sans l’Atman. Votre vraie nature est identique à Moi. »
Dieu est dans votre corps, votre intellect ne peut l’accepter. C’est pourquoi Dieu doit faire semblant d’être différent de ce qu’Il est. Le corps que vous prétendez être le vôtre n’est pas authentique. Il n’a pas de soutien autre que le Soi.
Comment connaître notre Soi indépendamment des autres objets en nous? Nous, le Connaisseur, sommes avant le connu. Bien que cela semble la réalité, sans le Connaisseur, qui confirmerait l’existence des autres objets? Le Soi est dans le corps en tant que Conscience, qui ne peut être vue. Qui est le spectateur et celui qui savoure? Il est présent en chacun de nous. Il doit y avoir une absence de passion mondaine pour une bonne compréhension. Cela ne signifie pas qu’il faille renoncer à ses activités quotidiennes ou à son emploi. Il ne s’agit pas de quitter ses enfants ou sa vie de famille. La vraie sérénité est d’abandonner l’identification au corps et de se connaître soi-même en tant que Connaisseur, indépendant du connu. La vraie sagesse naît quand il y a stabilisation dans cette compréhension. Quand Dieu est adoré et connu, son intelligence et sa valeur sont transférées au dévot. Par l’absence d’ego, la sérénité s’affirme. Avec la répétition ininterrompue du Mantra, il devrait y avoir aussi la conviction que notre vraie nature est Celle qui rend la répétition possible. Cette détermination spirituelle, alliée à une compréhension claire, facilite la réalisation du Soi, après avoir fait du jiva un grand dévot à l’intellect des plus aiguisé.
Nisargadatta Maharaj
Extrait de » Premiers discours » aux éditions des deux Océans