Premiers discours 3 – L’objet suprême de la vie humaine

Atman, paratman, Nisargadatta

 

L’objet suprême de la vie humaine !

Le vrai fidèle désire seulement Dieu; rien de moins, rien de plus.

L’objet suprême de l’existence humaine est la libération totale de toute ignorance. Sa dévotion à Dieu est non duelle, et il ne tolère aucune séparation d’avec Dieu.

Ce qu’il mange et boit est d’abord une offrande à Dieu.

Un tel disciple dit: «J’en viens à connaître mon existence grâce à Dieu. Il est donc ma vie même. Je vis mon monde à la lumière de l’Atman. »

Ce qu’il faut, c’est une foi ferme et une conviction inébranlable.

L’Atman ne dort pas, ne mange pas, ne boit pas et il n’est pas question d’état de veille pour Lui. Il est toujours empli de félicité.( Il s’agit du Soi, immuable et sans forme.) Dieu aide toujours ses fidèles en prenant diverses formes, appelées incarnations.

Pour les gopi, Krishna était leur Conscience inséparable. Il ne s’agissait nullement d’un culte duel. Il était leur vie même. Il était à leur service sans interruption.( la Conscience est le fondement, le support de tout manifestation de tout être, en ce sens, a son service). Pour Radha, le Soi était Krishna ou Paramatman.

C’est Dieu qui œuvre dans divers corps et aide ses fidèles dans le besoin.

Leur dévotion Le guide.

Nisargadatta Maharaj

le 5 octobre 1954

Extrait de “Premiers discours” aux éd. des  2 Océans

Notes et commentaires:

Nisargadatta invite son auditoire  a une compréhension plus profonde des textes sacrés ( shruti), notamment ici la bagavadgita.

Il s’agit de passer d’une vision duelle avec un Dieu, ou une de ses manifestation (Avatar) séparée de sa création. A une vision non duelle, Ou toute manifestation et évocation divine, n’est que la mise en forme, la manifestation de notre Être : “Pour les gopi, Krishna était leur Conscience inséparable”.

 

 

Premiers discours 2 – Votre foi doit être sans faille

tukaram, premiers discours, Nisargadatta

 

Votre foi doit être sans faille !

Quand Uddhava réalisa la manifestation complète de Krishna, sa quête était déjà aboutie. Il dit alors à Krishna: «C’est très difficile de te connaître, même pour les grands yogi et les ascètes. Alors comment les gens ordinaires aux moyens limités pourront-ils le faire ? »

Krishna répondit: «Les êtres ordinaires devraient commencer humblement en ne blessant personne par l’action ou par la parole. Ils doivent faire preuve d’humilité, même envers les autres animaux. Celui qui Me voit dans tous les êtres vivants pareillement peut M’atteindre. »

La Conscience est présente dans toutes les formes de vie. Cela génère des troubles de toutes sortes. En plus de tous ces ennuis, les êtres ignorants de leur véritable nature, les jiva, ont aussi la joie d’exister. Mes vrais dévots, ceux qui répètent mon nom, ne devraient faire de mal à personne. Seuls les êtres humains peuvent m’adorer. faire preuve de dévotion envers moi est comme manier une épée aux tranchants effilés. Mes dévots doivent être très pru- dents. Vous ne devriez pas même blesser votre pire ennemi. Vous devriez avoir foi dans le fait que Dieu compensera tous dommages.

Tukaram lui-même pratiquait cela. Vous devez veiller à ce qu’aucune injustice ne soit commise. Vous devriez avoir un contrôle total sur vous tant sur le plan de l’intellect, de l’ego, de l’esprit que sur le plan des organes, des sens. Si les gens vous causent des ennuis, vous devriez considérer cela comme un test d’aptitude du Divin. Si vous croyez que Dieu est partout, vous Le verrez même en lisant ces lettres.

Le nom Tukaram a été choisi par l’intellect, mais en réalité il s’agissait  ( d’une manifestation ) du Seigneur Panduranga. C’est Dieu Lui-même qui agissait en tant que Tukaram.

Seuls ceux qui font preuve de persévérance peuvent éprouver la joie véritable.

Bhagavan (Krishna) déclare : « Je suis moi-même en train d’apparaître sous diverses formes, mais ils imaginent leur existence comme séparée de Moi. Mes fidèles devraient se débarrasser de tous leurs concepts pour M’atteindre tel que je suis. La Conscience de chaque être vivant est ma vraie forme. J’ai prévu suffisamment d’espace pour les activités de tous les êtres. Mais Je suis avant tout ça. Ma vraie nature n’a rien à voir avec “Je suis”. »

Votre capital pour l’existence est votre Conscience. Pour La connaître comme votre forme réelle, vous devez être empli de dévotion et vous devez pratiquer les bhajan, les cérémonies dévotionnelles, les récitations de mantra et la méditation. Une fois commencé, cela demande à être poursuivi assidûment. La joie véritable, celle qui est au-delà des cinq sens, sera expérimentée par le Soi. La joie d’Atman est un trésor inestimable. Vous savez déjà que votre sommeil profond est bien supérieur aux autres plaisirs que vous éprouvez. Dieu apparaît dans de nombreuses incarnations pour vous dire que Sa compagnie est plus heureuse que vos autres plaisirs, qui sont négligeables en comparaison.

Celui qui aime vraiment Dieu ne peut rien accepter d’autre comme substitut. Même dans la peur de la mort, il ne quittera pas Dieu. Votre véritable forme s’appelle Purna-Brahman. Plus simplement, nous l’appelons Brahman. Ce qui emplit l’existence dans son ensemble est dans votre cœur. Pourtant, vous ne Le reconnaissez pas. Parce que vous vous prenez pour quelqu’un d’autre que Lui, vous êtes malheureux.

Bhagavan dit: «Celui qui se fond en Moi, Me rencontre vraiment. »

Maintenant, nous devrions agir de telle sorte que l’étreinte du Soi ne devrait jamais se relâcher. Tel que le dit mon Guru, Dieu, l’Atman est dans mon cœur et Il m’aime. Cette étreinte d’amour devrait toujours être. Dans le cœur, Dieu devrait être étreint d’amour. Le vrai dévot ne veut que Dieu et sa dévotion n’exige pas d’autres plaisirs. Le cinquième objet principal de la vie humaine est l’amour véritable et la dévotion aux quatre types de libération ( voir notes). C’est une dévotion non duelle. Le dévot apprécie l’unité avec Dieu et n’aime pas s’imaginer séparé de Lui. Tout ce qu’il mange et boit est automatiquement transformé en offrande à Dieu. Un tel dévot dit: «Dieu est mon bien-aimé le plus proche et c’est grâce à Lui que j’ai appris à connaître mon existence. À la lumière d’Atman, j’expérimente ce monde. »

Votre foi doit être ferme! L’Atman est félicité car il n’a pas besoin de manger, boire, se réveiller ou dormir. C’est pour aider le fervent dévot que Dieu apparaît ou s’incarne sous diverses formes.

Pour les gopi (les gardiennes de troupeaux), leur méditation elle-même était Shri Krishna. Elles adoraient Dieu dans la non-dualité. Pour elles, Shri Krishna était leur vie. Par conséquent, il a dû s’empresser de les aider, quand le besoin s’est fait sentir. Il était obligé de répondre quand on l’appelait. Pour Radha, le Soi était le Paramatman de Shri Krishna.

C’est Dieu uniquement qui agit à travers tous les corps. Pour un fidèle et sa dévotion, Dieu fait tout ce qui est nécessaire.

Nisargadatta Maharaj

le 29 mai 1954

Extrait de “Premiers discours” aux éd. des 2 Océans

 

Notes et Commentaires :

Discours de Nisargadatta amenant son auditoire à évoluer d’une dévotion (Bhakti) duelle à son aboutissement non -duelle, par dissolution de toute séparation entre l’Amour, le dévot et l’ Objet de dévotion.

Uddhava : figure parmi les proches compagnons de Shri Krishna. Dans le récit de la Bhagavad Gita, il sera enseigné par Lui. Il symbolise le chercheur cultivé et fervent.

 Nisargadatta fait ici allusion aux quatre objets traditionnels d’une vie humaine dans la spiritualité traditionnelle et en rajoute un cinquième.

Il s’agit des Purusartha. Au nombre de quatre, ils sont considérés comme les objectifs poursuivis par l’être humain suivant son éveil de conscience. 1-Dharma: le respect des règles, l’action juste. 2-Artha: l’enrichissement. 3-Kama : les plaisirs. 4-Moksha : la libération.

Tous seront l’objet d’une libération ou transcendance pour atteindre le cinquième objet, ici évoqué, qui est le « non-objet », Atman ou Paramatman.

D’autres part, les quatre voies de libération sont traditionnellement: le Bakhti yoga (yoga de la dévotion, de la discipline de vie), le Karma yoga (yoga de l’action, du service), le Jnana yoga (yoga de la connaissance) et le Raja yoga (yoga des pratiques d’asana, pranayama, méditation).

 

Tukaram : Poète pèlerin marathi (1598-1650) né dans la caste des Choudra (Intouchables). Il n’avait reçu aucune éducation littéraire. Ne sachant ni lire ni écrire, ce sont ses disciples qui retransmirent ses poèmes. Nisargadatta Maharaj y fait fréquemment référence en raison du fait que le marathi est sa langue, et que Bhausaheb Maharaj, le Guru de son Guru, était considéré comme une réincarnation de Tukaram.

Premiers discours – Ce monde est la lumière du soleil du Soi

premiers discours Nisargadatta

26 septembre 1954

Nivruttinath est le Sadguru éternel !

Le sage Nivruttinath, le Guru ( et frère) du sage Jnaneshwar, demanda à ce dernier de traduire en langue marathi la Bhagavad Gita, le dialogue en sanskrit entre Shri Krishna et Arjuna. Par la grâce de son Guru, Jnaneshwar a achevé ce travail. C’est un commentaire profond sur la connaissance du Soi. Pour lui, Nivruttinath était Paramatma ( la Conscience universelle) Lui-même.

Une fois que s’est produite l’expérience d’un état de félicité totale, on obtient la conviction du Soi. Par la suite, l’Atman universel bénit la conscience présente dans le corps avec la satisfaction de cette connaissance spirituelle et permet de la transmettre pour le plus grand bien de tous.

Nivruttinath incarne l’état éternel du Sadguru. Quand vous Lui faites confiance, cela devient votre propre expérience. Cette abondante richesse du Soi est toujours emplie de nectar et dépourvue de toute notion de « moi et mien ».

Prenons, ici, l’exemple de la terre. Elle est toujours prête à donner toujours plus. De la terre vous obtenez des fleurs, des fruits et des variétés de céréales. Ce que la terre redonne après avoir semé les graines, cela devient votre nourriture. Une fois consommée, cette nourriture devient une partie de vous. C’est dans la nature de la terre de vous donner beaucoup plus que ce que vous semez. Le Mantra a cette même qualité que la graine. Quelle que soit la caste ou la religion de celui qui reçoit le Mantra, il s’opère une transformation en lui, et il devient lui-même, à son tour, le donneur de Mantra pour d’autres.

La graine est responsable de sa multiplication ; la terre n’en est pas la cause, mais elle lui donne la saveur. C’est le propre de la graine et il n’est question d’aucun désir. Un Sadguru n’est pas une entité séparée, Il est toujours un avec l’existence entière. Les sages disent que les actions se produisent en fonction de la nature de chacun. Les expériences d’une personne semblent être des faits en rapport avec sa croyance.

Tout comme c’est la nature de la terre de soutenir tous les êtres vivants, c’est dans la nature d’un jnani de réduire la souffrance et de montrer à tous la manière juste pour obtenir la pleine félicité. Vous pouvez en bénéficier en fonction de vos besoins ou de votre capacité à recevoir. Votre expérience directe vous unit à la vérité et votre compagnie influence les autres favorablement.

Quelle est la demande de Jnaneshwar à son Sadguru? Il souhaite que les différences avec les autres et le sentiment de haine disparaissent de notre nature. Tant que le Soi sera recouvert par le sentiment du ‘péché’, le chercheur ne sera pas libre de ces fautes.

Le Soi est ce que nous sommes en réalité, et Il n’a aucun désir de changement du non-manifesté au manifesté. C’est ce que l’on nomme Parabrahman. Quand bien même on aurait acquis un très grand mérite religieux, l’identification avec le corps éloignerait encore le Soi. Comme notre nature est universelle, nous voyons le monde, qui n’en est pas séparé. Le soleil du Soi s’est levé et sa lumière est là. L’apparition de la lumière est une indication du soleil levant. Le Soi est conscient en raison de la manifestation.

Les sages sont véritablement généreux parce qu’ils n’ont aucune fierté, aucun ego et aucune demande de reconnaissance. Par conséquent, ils sont toujours dans la félicité.

Ce monde est la lumière du soleil du Soi.

Nisargadatta Maharaj

Extrait de “Premiers discours “ aux éditions des 2 Océans

Notes et commentaires:

Voir ici un des tous premiers discours de Nisargadatta Maharaj. Dans ses premiers discours Nisargadatta évoque et développe le Jnana Yoga ou yoga de la connaissance et le Bakthi Yoga ou yoga de la dévotion. Cela l’amènera à développer  la relation de maître à disciple et  ce qui à travers cette relation permet  la reconnaissance de sa véritable nature. Cette relation nous est peut familière en occident, car il ne s’y trouve que peu de véritables maîtres ou enseignants et peu aussi de candidats à un engagement réel.

Nivruttinath (1273-1297): Saint mystique marathi, il fut le maître de son frère Dhyaneshwar ( Jnaneshvara) qu’il initia dans la lignée des Navnath.

Jnanadeva : (Jnaneshvara), originaire du Maharashtra (1275-1296). Philosophe, yogi, poète mystique. tout cela en 21 ans seulement!!! Son commentaire sur la Bhagavad Gita est connu et renommé sous le nom de Dnyaneshwara. Maître de la Navnath Sampradaya, lignée de transmission ininterrompue jusqu’à Nisargadatta Maharaj.

Paramatman: La réalité suprême, indicible, inconcevable, le Soi suprême, le sans-limite.

Ici la notion de péché est à dégager de toute coloration chrétienne tardive, et plus à prendre dans le sens que l’on retrouve dans les premiers textes grecques, dans le sens d’une erreur de visée. C’est à dire d’une méprise ou d’une erreur de jugement venant d’un point de vue erroné ou altéré.

 

Nirupana 140 – Nous ne sommes d’aucune utilité pour nous-même

Nisargadatta Maharaj Shri

De son vivant, un sage doit endurer la souffrance. Quand il meurt, des mémoriaux sont construits en son honneur. Les gens expriment alors une grande dévotion à son égard. Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que les gens vénèrent la renommée.

Après la réalisation du Soi, il ne reste plus d’individualité dans la conscience. Antérieurement à la naissance, tout comme après le décès, l’état véritable du Jnani reste toujours le même. La véritable nature reste toujours la même. Ce qui est apparu prendra fin, assurément. Celui qui a cette connaissance n’en a aucune utilité, bonne ou mauvaise. Quoi que ce soit qui arrive, que vous l’aimiez ou non, vous n’en ferez plus l’expérience. Ceci n’empêche pas à un être humain de désirer la joie éternelle.

Si une personne occupant une haute fonction est présentée à un homme ordinaire, ce dernier aura des attentes. Un Jnani n’a de désirs d’aucune sorte pour quelque avantage que pourrait lui procurer quelqu’un. Qu’est-ce qu’un Jnani ? Il n’est rien. Il n’a pas de nom, pas de forme, rien du tout.

La conscience est la caractéristique des cinq éléments. Aussi est-elle liée intimement à eux. La conscience est attachée à elle-même, mais le Jnani n’en a plus le besoin.

Quelqu’un gagne beaucoup d’argent à la ville. De retour à son village, il construit une maison. Il meurt après la cérémonie d’inauguration de la nouvelle maison. N’ayant pas d’héritier, la maison va au gouvernement.

Il en est de même pour Maya. Cela ne veut pas dire qu’il faut rester sans rien faire du tout. Mais quel est le futur de cette action, et quel est le futur d’une personne ? Ceci doit être compris précisément. Nous ne sommes d’aucune utilité pour nous-même. Le Jnani a connaissance de cela.

Ceci est notre état naturel – on vous parlera rarement de ceci. La plupart des enseignants vous diront de faire quelque chose. Ils ne vous diront pas que, quels que soient les efforts que quelqu’un fait, cela reste insignifiant. Au sein du monde physique, la compétition donne du sens à la vie. Avec un discours tel que le mien, il n’y aura plus ce charme à la vie. Un jnani parle rarement parce que ce qu’il dit chasse l’ambition des gens. Le détachement signifie la compréhension que toute chose est vaine. La compassion et l’amour sont naturellement présents. Il s’agit de la nature de la conscience. Ce n’est pas de votre fait.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 11 novembre 1979

Extrait de “méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 139 – ma mort est une illusion

mort illusion Nisargadatta Maharaj

Le corps est constitué de matière, d’où le fait que la conscience est aussi une chose créée. La conscience se prend pour le corps et expérimente différents concepts et expériences, douleurs et plaisirs. Aussi, comprenez que le corps n’est pas votre véritable nature, ce n’est pas ce que vous êtes. Gardez cela présent et méditez à ce sujet.

En réalité, personne n’est né. Pourquoi en est-il ainsi ? Pour saisir cela, vous devez méditer. Par méditation, il faut comprendre : s’en tenir à la connaissance « Je suis ». Penser que la naissance du corps est « ma » naissance ou que la mort du corps est « ma » mort est une illusion. Cela qui est présent dans le corps, est une réflexion et une preuve de l’Atman. À vrai dire, l’Atman et le Soi ne sont jamais nés. Seule la conscience sous l’aspect de la force vitale est créée. Un volume rempli d’essence de nourriture s’est transformé en une forme qui est le corps. La croyance que « le corps est moi » laisse place à tous les tourments au travers des espoirs, des désirs et des passions.

Personne n’a une expérience de naissance. Délibérez sur ce point : « Ma naissance ne s’est pas produite en ma présence. » Si vous vous identifiez au corps, vous vous voyez en tant qu’homme ou femme. Quand il n’y a pas de corps, il n’y a pas ce genre d’expérience. Quand il n’y a pas de corps, il n’y a pas Sattva (la force vitale) et sa caractéristique, la conscience n’est pas là. Lorsque quelqu’un commence à se mettre en recherche en suivant la parole du Guru, toutes les identités qu’il a prises se démontrent fausses. Plus tard, il deviendra clair pour lui qu’il n’est pas de la nature de la force vitale présente dans le corps (Sattva.) Une fois réalisé pleinement qu’il n’est pas même la conscience présente dans le corps, il se détachera du corps. Il sera libéré. Il comprendra soudainement qu’il n’est jamais né.

Par libération, il faut comprendre : être constamment présent au fait d’être la conscience et non pas le corps. Ceci est la sagesse des sages. C’est la libération des libérés. Les actions du mental ne sont pas les actions de celui qui connaît le mental. La naissance est la souffrance que vous ressentez en conséquence d’un rêve. Enseignez cela au mental. Toute votre compréhension se fait à travers le mental. Vous n’êtes pas pour autant le mental. Poursuivez la récitation du Matra. Cela purifie le mental. Alors le mental obéira à ce que vous lui direz. Devenez le Guru de votre mental. Et, en vous servant de ce que vous avez entendu, conduisez-le doucement à la nature du Soi.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 8 novembre 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 138 – la puissance de Maya

Maya Nisargadatta Maharaj

Le concept « Je suis le corps » doit s’en aller. Alors votre condition sera identique à la mienne. Dans l’intention de lâcher la conscience identifiée au corps, tenez avec détermination Cela par quoi vous avez connaissance d’être. Quand vous n’êtes pas là, le mental est absent. Quand la conscience est présente, tout est là. Si la conscience n’est pas là, il n’y a rien. Il n’y a rien qui soit antérieur à la conscience, et il n’y a rien qui perdure au-delà de la conscience. La conscience est éternelle et infinie. Mais elle est sans individualité, sans personnalité. Elle peut prendre la forme de Brahman, de Dieu, ou d’un insecte, ou d’une fourmi. Le monde brille dans la lumière de la conscience. Les créations de la force vitale sont en mouvement. Ne les prenez pas pour des entités individuelles. La connaissance et celui qui connaît apparaissent simultanément. L’un n’est pas créé sans l’autre. Personne n’a une forme personnelle qui soit sa propriété.

Même les déités les plus importantes n’ont pas d’existence par elles-mêmes. Aussi, avec quelle identité personnelle vous voyez-vous ? Toutes les identités se dissoudront.

Personne ne peut prétendre que c’est en faisant certaines choses qu’il a acquis cette forme. Tous les rituels sont faits pour ceux qui croient qu’ils sont le corps. Personne ne désire réaliser d’emblée sa véritable nature. C’est la puissance de Maya. Soudainement, une agitation apparut dans l’état originel. Il s’agit de la conscience des êtres vivants. Vous vous êtes pris pour le corps. C’est une illusion. Quand une telle croyance n’est pas là, il s’agit de l’état naturel. Quand nous sommes tout et toute chose, peut-il y avoir le moindre tourment ?

Nisargadatta Maharaj

jeudi 1er novembre 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 137 – Connaissance et ignorance

ignorance connaissance Nisargadatta

D’ordinaire, les êtres humains n’ont pas la compréhension de ce sujet. Certains s’aventurent tout de même ici et écoutent. Ils pensent que le monde est réel. Avec pour conséquence de penser qu’ils ont un devoir à accomplir. Ils souhaitent que l’expérience de la vie se poursuive. Pour moi le monde est irréel et il n’y a rien qui doit être fait. Je n’ai aucun désir de vivre plus longtemps. La conscience est infime, mais la manifestation, en elle, est si vaste ! Le corps humain est très précieux, rare et difficile à obtenir. Tirez-en le plus grand avantage. Ne commettez jamais le suicide.

L’intellect créé par la Maya est egocentré, mais il n’y a pas d’egocentrage dans le Divin. La conscience qui est arrivée sans qu’on la demande et ne peut être supprimée. Soyez-en juste le témoin.

Quand quelqu’un parle d’un grand sage, j’acquiesce parce qu’il n’est jamais né. Avant tout concept, quel est le premier concept ? C’est la sensation « Je suis ». À qui est apparu ce concept ? Étant donné que vous ne pouvez définir Cela, vous lui donnez le nom « Dieu ». C’est comme donner un nom à un enfant qui vient de naître. Concrètement, ces questions et réponses sont une conversation entre Dieu et Maya. La véritable position reste ce qu’elle est. En rêve, certains dévots ont des visions diverses, etc. Mais qui en a la compréhension ? Et à travers quoi ?

Comment l’expérience passagère pourrait-elle être l’Eternel ? Vous avez connaissance d’être, et c’est une expérience passagère. Celui qui en a connaissance est éternel. La conscience est supportable tant qu’elle reste occupée. C’est exact que le monde est une preuve visible de l’amour. C’est aussi l’association de trois sortes de tourments, à savoir : le corps, le mental et la conscience de soi. Quelle est l’utilité de l’amour ? N’est- ce pas pour faire disparaître tous les tourments ? Sa vraie signification est au-delà d’une compréhension basée sur les mots. La sensation « Je suis » en elle-même est fausse. Alors comment peut-on ensuite parler d’ego et de tout le reste ?

Ici, nous ne montrons aucune voie, ni ne proposons aucune discipline. Si vous appréciez cette parole, vous pouvez l’appeler une guidance. Qui connaît la Vérité ? Qui a assez de pouvoir pour se nommer lui-même ? En réalité, ce n’est qu’une fois la conscience venue que vous avez eu connaissance d’être. Avant que vos parents vous parlent de vous, qu’en connaissiez-vous ? Dites-nous d’où vous venez, sans mentionner vos parents. L’enfance signifie l’ignorance. Une même ignorance se montre comme connaissance dans la jeunesse et la vieillesse. Est-ce que cela ne veut pas dire que c’est cette même ignorance qui parade en tant que connaissance en ce moment ?

Nisargadatta Maharaj

jeudi 25 octobre 1979

Extrait de “Méditations avec sri Nisargadatta Maharaj” aux éd. Aluna

Nirupana 136 – le mieux à faire est de rester tranquille

 Si chacun souhaite la libération, c’’est parce que personne ne peut supporter la conscience. C’est sans identité.

Tout ce qui existe dans le monde n’est que traditions faites de mots. Toutes les religions sont de simples concepts. Les traditions de mots reposent sur ces concepts.

La connaissance présente dans le corps est unique. Elle est sans forme ou aspect. Il est impossible de dire quand la libération se produira en vous. Quelle que soit la gravité de la situation, le suicide ne devrait jamais être commis. L’expérience du corps humain est difficile à obtenir, même pour les dieux.

Le Jnani est posé dans sa véritable nature. Il n’a pas besoin de Dieu. Le Jnani ne souffre pas du contenu de sa mémoire, quelle qu’elle soit. L’ignorant en souffre par attachement. Si vous n’entretenez pas vos relations, vont- elles toutes mourir ? N’est-il pas vrai que le corps a pris son apparence spontanément ?

Si vous n’étiez pas venu à cet Ashram, vous seriez peut-être mort en espérant ou souhaitant encore quelque chose. En venant  ici, vos espoirs ont disparu. Si vous m’avez compris profondément et avez embrassé cette compréhension, vous pouvez maintenant aller où vous voulez. Si vous vous rappelez ma parole, cette parole fera tout ce que je pourrais faire pour vous. Alors, vous n’aurez plus rien à faire. Quand vous connaissez une personne, vous pouvez être un ami ou un ennemi pour elle. Mais si vous ne la connaissez pas du tout, alors tout est Brahman.

En premier lieu, l’aspirant doit être un chercheur. Il acquiert la nature divine. Ensuite, il doit abandonner sa nature divine. Cela se fait spontanément. Tout ce qui est vu sans effort, est le véritable Brahman. C’est l‘état naturel du Jnani. Il n’a aucun besoin des mots au niveau de son propre Soi.

L’autre jour, une femme occidentale est venue ici. Un Yogi de l’Himalaya, âgé de dix mille ans, lui est apparu en vision et lui a demandé de venir me voir. Il lui a dit qu’elle pourrait le rencontrer une fois qu’elle aurait rencontré Maharaj. Babaji Yogi est identique à l’espace. Je m’adresse à lui de la façon suivante : « Vous avez pris forme, mais pouvez-vous interférer dans les affaires du monde ? Alors pourquoi êtes-vous collé à votre conscience, comme l’est un enfant à une sucette ? N’avez-vous pas connaissance de comment le bail de la vie prend place ? Alors pourquoi devriez-vous vous en préoccuper ? »

Des incarnations renommées sont venues et parties. Pouvaient- elles agir sur la création, le maintien, et la dissolution de la manifestation ? Où étaient-elles quand de grandes tyrannies et calamités se sont produites ?

Celui qui s’est installé dans le Brahma-randhra (chakra coronal et état de conscience correspondant) peut dire : «Le monde est irréel. » Celui qui a mis fin à lui-même (en tant que conscience identifiée au corps) pourra le comprendre. Tout le monde est identifié à des concepts, des traditions de paroles, et des flots de sensations. Un être sur un million s’interrogera sur cela. Rarement, un être portera l’attention sur le Soi et ira à la Source.

Existe-t-il plus grande lumière que celle par laquelle vous avez connaissance d’être ? Vous vous identifiez aveuglément au corps, alors que vous vous éclairez de votre propre lumière. Qui connaît le mental, qu’il soit calme ou agité ? Recherchez celui qui connaît. Si vous croyez vos pensées vous serez déçu. Soyez le témoin des pensées. Ce « Principe » observe tout. Personne ne peut l’observer. Restez en tant que Celui qui voit. La sensation d’être l’acteur est fausse. Vous êtes témoin, aussi restez-le simplement. C’est la seule pénitence que vous devriez pratiquer.

La conscience est apparue sans le savoir. C’est ce que l’on appelle la naissance. Les expériences que vous avez maintenant proviennent d’un état de sommeil (l’ignorance, qui est la conscience identifiée au corps). Dans le sommeil profond, un roi rêve qu’il est un mendiant et alors il s’en va mendier. L’état de rêve le fait mendier bien qu’il soit un roi. Quand le faux état de veille disparaît, il est à nouveau le roi. Alors qu’est-ce qui est vrai dans tout ceci ? Vous n’avez pas de corps. Vous n’êtes pas la conscience. Vous êtes témoin. Tenez-vous à cela uniquement. Alors, il n’est même pas nécessaire de méditer.

Rappelez-vous que Cela par quoi vous avez connaissance d’être est la manifestation de Dieu. Alors, vous n’avez plus besoin d’aller au temple. Le chercheur spirituel ne devrait dévoiler ce secret de son cœur à personne. Soyez un ami fidèle de Dieu, avec la conviction qu’Il est Celui qui écoute, qu’Il est Celui qui parle. Ce n’est pas votre ego. Faites- en une habitude.

La lune, les étoiles, sont à des millions de kilomètres. Elles sont observées par la lumière de votre propre conscience. Cela montre comment s’est déployée la lumière de votre conscience. La lumière est celle du Soi qui est dans votre cœur. La conscience peut-elle appartenir à un individu (qui par ignorance se prend pour un corps) ? Elle appartient uniquement à Dieu qui est l’Infini. Aussi, le mieux à faire est de rester tranquille.

La félicité est de nature divine. Celui qui n’a pas confiance, n’obtiendra aucune joie de tout son bien-être. En tant que disciple du Guru, ne parlez à personne de ce secret dans votre cœur. C’est de l’intérieur que ce qui émane du Guru se fera entendre. En tant que disciple, ne croyez pas à ce que les gens racontent. Ils vous feront vous vautrer dans leurs propres concepts. Ce secret doit rester entre vous et le Guru.

Dieu dit au dévot : « Tu ne mourras pas, parce que ta mort signifierait ma mort. Je suis l’impérissable et immortel Atman. » Vos problèmes sont les problèmes de Dieu. S’il y a des problèmes, répétez « Jaï Guru ». Paramatman, l’Absolu, tient le drapeau de votre conscience. Qui peut l’arracher ? Souvenez-vous qu’Il est présent, et qu’ainsi vous êtes présent. La conscience est votre sentiment d’être, « Je suis ». C’est Dieu. C’est le Guru le plus pur possible. Cela devrait être la foi la plus simple et pure. Vous devriez en premier vous adresser au Divin intérieur. Si vous en parlez aux gens, ils vous mettront à mal avec leurs concepts. Votre conviction doit rester pure et claire. C’est l’essence secrète de tout cela.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 11 octobre 1979

Extrait de “Méditations avec sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 135 – Mort de la peur

mort de la peur Nisargadatta

Je ne parle pas sur la base des Ecritures. Je ne parle que de Celui qui écoute. Je ne parle pas de comment mener sa vie au quotidien. Regardez uniquement qui vous êtes. Si vous saisissez ceci, les souffrances et les plaisirs du quotidien ne vous affecteront pas.

Tout travail que vous pouvez entreprendre sera imparfait, parce que votre existence elle-même est imparfaite. Celui qui S’est réalisé sait que les joies et les peines de la vie sont le produit du mental. Elles apparaissent spontanément.

La naissance est un dérangement. Quand il n’y a pas de naissance, il n’y a aucun problème. La naissance signifie la manifestation de la Conscience – Sattva. C’est cela la nuisance. Même si le temps d’apparition de la Conscience était allongée, Elle devrait toujours être écartée un jour ou l’autre. Même Krishna a dû se séparer de la Conscience. Jnaneshwar a laissé de côté cette nuisance à l’âge de vingt-et-un ans (il a écrit un commentaire en versets de la Gîta. Il a aussi écrit L’expérience de l’immortalité. Il s’enferma dans une cave et demanda à son frère aîné et Guru de poser une dalle sur l’accès à la cave).

La Conscience est perçue et même chérie, mais elle ne peut être supportée. Pour pouvoir la supporter, des activités multiples et variées sont mises en place. Elle se manifeste en fonction de ce à quoi vous la comparez, ou de ce en tant que quoi vous la vénérez. Cependant Elle n’est pas infinie. Krishna disait : « En fait, tout ceci, Je le Suis. » Plus d’un sage se prosternait devant Lui. Cela n’a pas empêché le fait qu’il doive se séparer de la Conscience. La perception de soi qui est apparue sans en avoir connaissance, est-elle une joie ou une nuisance ? Un être humain vit dans l’anxiété toute sa vie, anxiété pour ses enfants, ses petits-enfants, ou anxiété pour que chacun se porte bien.

Le veau est la raison pour laquelle la vache produit du lait de son pis. De la même manière, le sage est inspiré de parler de la réalisation du Soi quand il rencontre le dévot. Vous pouvez être capable de reconnaître la qualité d’une pierre précieuse, mais vous n’êtes pas capable de reconnaître la Maya-racine. Cela ne se fait que par la précieuse présence d’un Guru.

Est-ce que la Conscience est sans souffrance, ne serait-ce que pour un jour ? Est-ce que la nuisance arrive de l’extérieur, ou est-ce la Conscience Elle-même qui est la nuisance ? Il y avait moins d’anxiété quand les individus étaient dans l’ignorance. L’anxiété est plus grande quand la connaissance s’accroît. La raison à cela est qu’ils n’ont pas saisi la racine de la souffrance. Vous ne pouvez avoir aucune connaissance de cela, jusqu’au moment où vous êtes amené à connaître le corps.

On vous a dit que la peur existait, que la mort existait, que le temps existait et que Dieu existait. Ils sont présents si vous croyez en eux. Et si vous n’y croyez pas ? Si vous reniez tout cela, il n’y a rien. L’Absolu possède-t-il la moindre forme ? Même les plus grands êtres sont restés ébahis devant Cela. Certains sont partis en disant : « Je reviendrai après tant d’années. » S’agit-il de réalisation de Soi ? Aussi longtemps que Maya est là sous la forme de la subtile Conscience , il ne peut il y avoir de réalisation du Soi. Du point de vue du soleil, l’obscurité n’existe pas. Tout comme du point de vue du Jnani, personne ne naît. Quoi qui apparaisse est une pièce dramatique orchestrée.

Trouvez la cause de la naissance. Est-ce que quelqu’un se penche sur la nature de la Conscience ? De quoi est-Elle faite ? Les gens font pénitence depuis des siècles. Contentez-vous de comprendre votre vraie nature. Vous ne possédez pas d’identité du genre « Je suis comme ceci », etc., Reconnaissez simplement ce fait. Cette discussion n’est pas faite pour tout le monde. La façon dont la conscience fait se comporter chacun est correcte. Il n’y a pas à se séparer de la Conscience, mais il faut en avoir une juste compréhension. Votre véritable nature est antérieure à la Conscience.

La Conscience va s’en aller. Le Jnani en a la compréhension. Aussi le Jnani n’a pas de peur. La sensation « Je suis » est appelée Brahman. Après avoir réalisé Brahman, on se trouve au-delà de la destinée. Le nom Brahman est donné pour des raisons pratiques. À partir de la pure connaissance, la Conscience, le mental, l’intellect, sont apparus. Quand la Conscience n’est pas là, le besoin de joie n’est pas ressenti. Pourquoi est-il ressenti quand la Conscience est là ? La raison est que la Conscience Elle-même est le problème. Si vous la nommez joie, elle est joie; si vous la nommez misère, elle est misère. Elle est telle que vous la nommez. Observez ce que vous êtes à cet instant précis. Vous êtes différent de tout ce qui est connu de vous. La Conscience est changeante par nature. Ses mouvements provoquent la peur. Dans l’intention d’apaiser cette Conscience, la foi dans le Guru est nécessaire.

Si votre dévotion envers le Guru est fermement établie, vous savourerez la libération de votre vivant. Ce qui est connu provoque la peur. Ce qui transcende la peur est éternel. Vous n’êtes pas attentif à votre perfection. C’est pour cette raison que vous êtes effrayé. Ayez une foi totale dans le Guru, et alors la peur sera complètement déracinée.

Nisargadatta Maharaj

Dimanche 7 octobre 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éd. Aluna

Nirupana 134 – Jnani

Jnani Nisargadatta Maharaj

Quand on devient libre de la conscience identifiée au corps, l’affectation générée par les relations s’étiole. Une fois que vous réalisez votre propre identité, vous pouvez aimer chacun.  Le monde entier est votre manifes- tation, votre forme. Tant que vous ne lâchez pas la conscience identifiée au corps, il ne pourra pas y avoir de progression. Il convient de méditer de la sorte : « Cela qui est invisible et peut être séparé du corps est ma véritable nature. Le corps n’est pas mon identité. »

Après avoir transcendé la conscience identifiée au corps, il convient de ne pas négliger de prendre soin du corps. Toutefois, il n’y a plus de passions et de désirs. Une sensation de détachement en même temps que de plénitude apparaît. Tout au long de la journée, un être humain va se distraire dans différents concepts. Les autres êtres (tels que les animaux) utilisent leurs capacités pour leur survie. Quand l’attention se détourne des autres objets, elle se reporte sur le Soi. Quand le mental se détache des objets, il se pose dans le Soi.
Existe-t-il réellement une dualité ? Vous y croyez, alors il y en a une. Est-ce que le soleil considère ses rayons comme séparés de lui ? Devenir un Jnani, c’est devenir pure présence. Alors Maya, Brahman, Dieu, montreront leur irréalité. Seul un Jnani peut reconnaître un Jnani. Où il y a conscience, il y a souffrance. Est-ce qu’il y a de la souffrance dans le corps ? La souffrance est là, tant que la conscience est présente. Il convient de réaliser que la conscience et la souffrance qui l’accompagne ne sont pas ma véritable nature. La naissance entraîne l’état de veille et de sommeil. Il s’agit de deux états. Le Jnani en a connaissance. La conscience ne peut être comprise objectivement. En état de Samadhi, la veille et le sommeil ne sont pas séparés. L’état de Samadhi n’existe pas au niveau du Soi. L’intellect est le jeu du concept « Je suis ». C’est la ficelle qui fait tournoyer le cerf-volant. Le Jnani observe comment la conscience s’éteint. Il n’en est pas affecté. Il a vu Dieu, dont tout ceci est l’expression. Il a aussi vu que Dieu était passager et disparaissait. Les autres êtres vénèrent Dieu dans le but que leur bien-être soit préservé. C’est la différence. Seul un Jnani peut observer que lorsque l’incarnation de Dieu se termine, ce n’est pas sa propre fin. Les autres entretiennent les concepts de paradis et d’enfer.

Ce que le Guru demande que l’on dépose à ses pieds, c’est le soi ; certains y mettent leur corps, mais pas le soi. Si vous voulez devenir un Jnani, vous devez offrir votre soi au Guru. Un Jnani n’est pas la conscience. Il n’est jamais né. Quoi que ce soit qui soit, est la conscience. Le Jnani, en tant qu’Absolu, n’est même pas le témoin. Vous viendrez à connaître, le moment voulu, comment la manifestation prend place. Pour l’instant, contentez-vous de présenter la conscience à la conscience. Il n’est pas nécessaire d’amener Paramatman dans le décor. Une fois que ce mariage sera consumé, vous pourrez faire ce qu’il vous plaît. Une fois que vous aurez transcendé la conscience, vous n’aurez plus aucune anxiété.

Portez votre intérêt uniquement sur comment, pourquoi et quand vous avez été amené à connaître que « vous êtes ». Laissez de côté tout le reste. Ce qui est agité s’apaisera. En tant qu’Absolu, vous êtes déjà tranquille.

 

Nisargadatta Maharaj

samedi 6 octobre 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éd. Aluna