Premiers discours 31 – Illusion du monde

Nisargadatta maharaj

Bhagavan Shri Krishna soutient Uddhava dans la réalisation de sa vraie nature. La vie mondaine est illusoire et ce qui apparaît comme tel n’est pas la réalité. Notre nature provisoire est responsable de toute cette confusion. Quand vous voyez le faux comme faux, le vrai peut être connu. Le Soi est immuable, il reste le même. Avec l’accès à la vraie connaissance, il est possible de faire l’expérience de Dieu dans cette existence admirable. Ce monde repose sur une apparence mais n’a aucune existence réelle. Seul l’ignorant peut croire en sa réalité. Certaines « choses » ne peuvent jamais être oubliées, par contre, tout ce dont vous devez vous souvenir sera oublié.

Quand vous voyez un objet, son nom vous vient aussi à l’esprit. Mais quand l’objet disparaît, que deviennent son nom et sa forme? C’est pourquoi Dieu dit que ce monde est illusoire. Tout ce qui apparaît n’a pas d’existence réelle (immuable). Tant que nous ne saurons pas ce que nous sommes, le spectacle de Maya continuera. La maîtrise d’un art est limitée à cet art et y reste liée. Cette connaissance est possible pour tout ou partie des organes des sens. Quand un être est en état de stupeur – par exemple, en mangeant des graines de pomme épineuse (hallucinogènes) –, il ou elle voit diverses scènes qui n’ont pas d’existence. Ce qui est vu comme le produit de votre Conscience n’est pas très différent de ce genre de vision.

Qui en vient à connaître son existence ? Vous croyez avoir une identité, mais est-ce vrai? En réalité, vous n’avez ni caste, ni croyance, ni ami, ni ennemi. Vous n’êtes ni un père ni une mère. La connaissance des objets sera là, aussi longtemps que nous vivrons. Mais la source de toute connaissance est au-delà du vrai ou du faux. Elle est appelée Parabrahman ou Paramatman. Toutes nos caractéristiques naissent de notre Conscience et toutes les expériences s’ensuivent. C’est semblable à ce qui se passe dans l’exemple ci-dessus de la pomme épineuse. Rien n’a d’existence réelle. En raison de Maya, il n’y a que des apparences et divers pro- cessus donnent une impression de réalité. En raison de cette nature illusoire de la manifestation, il n’est pas question d’en tirer un profit ou une perte. Votre existence est juste un divertissement. Dans la Présence-Conscience-félicité (Sat Chit Ananda), la sensation d’existence est sans vous ni moi.

Avec la connaissance du Soi, c’est la fin du bien et du mal, et le bien-être de tous. Un regard égal est porté sur chacun et tout le monde mérite d’être aidé. Quand il y a attachement et confusion, il y a aussi peur. Celui qui a une grande renommée est critiqué par beaucoup. Mais un vrai disciple le suivra pour sa conviction intérieure d’être Paramatman. L’apparition de la Conscience engendre l’illusion, qui disparaît lorsque la Conscience disparaît. Nous utilisons tout notre pouvoir et nos organes des sens pour la préservation de la Conscience. La connaissance avec objets peut être appréhendée, contrairement à celle sans objet. La conscience individuelle essaie d’ignorer le Soi et tente d’affirmer sa propre existence et ses propres actions. Ce mensonge devient de moins en moins opérant avec la conviction d’être le Soi. Celui ou celle qui se connaît en tant que Paramatman devient libre de toute accusation mensongère. Il est incorrect d’accepter d’être un individu et de limiter ainsi Para- matman à un espace et un temps définis. Une forme limitée est une injustice à l’encontre de Paramatman. Votre individualité, qui essaie de Lui plaire, en réalité Le désespère. Essayez assidûment d’atteindre la flamme de l’Atman, elle est d’une valeur spirituelle inestimable.

Soyez tel que vous êtes, mais n’oubliez pas votre Sadguru. Il est votre propre Soi et la lumière de la connaissance. Ce n’est pas un signe de sagesse que de l’oublier et d’espérer par ailleurs la vision de divers dieux. Ne vous faites pas de mal, n’entretenez pas toutes sortes de concepts.

Nisargadatta maharaj

Premiers discours 30 – Maya , ou comment s’oublier

purusha

Ce qui est connu comme Purusha ou esprit cosmique est véritablement Purushottam, le Soi. C’est ainsi qu’apparaît la vie animée et inanimée. Quand ce phénomène se produit, c’est le début de toute existence. Quand toutes les couleurs et toutes les formes sont ôtées, ce qui reste, c’est le Soi pur. Alors il n’y a aucune considération de haut ou de bas. Le Soi est libéré de tous les défauts présents chez les êtres vivants. Ce qui fait cette expérience s’appelle Purushottam.

Tout ce qui est vu ou apparaît est Maya, aussi bien sous l’aspect d’un pois chiche que sous celui d’un village. L’observateur est la Conscience. C’est ainsi que le voyant, le vu et la vision se connectent. Qu’entend-on par dépendance ? Elle s’élève à partir de la Source, grandit et finit par se fondre dans la Source. C’est ainsi qu’il y a dépendance. Tout ce que vous voyez ou ce qui vous apparaît dépend de vous. Vous en avez le contrôle. Ce qui est antérieur à tout, c’est ce qui contrôle tout. En réalité, vous êtes avant tout. Toutes les expériences arrivent à Purushottam et la façon dont cela se produit est une chose étonnante. Il n’y a personne qui fait l’expérience d’être un, mais Purushottam est toujours un. Chacun devrait réaliser sa méprise, il ne serait alors plus question de rédemption. C’est une bonne chose que chacun considère son excellence, mais sa justification ne doit pas importuner les autres. Votre amour pour les sages est la véritable dévotion. Se souvenir d’eux et chanter le Mantra peut vous aider à réaliser tous vos désirs. Quand nous devenons vraiment purs, la réalisation de Dieu est facile.

Toute confusion provient du jeu de Maya. De grands efforts, sans relâche, sont produits pour gagner et accumuler des richesses incommensurables, pourtant en un instant la personne riche peut disparaître et la richesse est transférée à une autre personne. C’est ainsi que Maya œuvre. Vous ne pourrez pas la trouver, même après toutes vos tentatives. Elle est insignifiante mais ses effets se déploient dans un vaste espace. Le mot «nourriture» n’est composé que de dix lettres, mais elle occupe un vaste espace. Elle vient de la terre ou de la poussière et elle est poussière elle-même. Si nous ne le voyons pas ainsi, cela prend forme devant nous. Si l’on voit la réalité, ça devient de la poussière. Même alors, tous mangent, boivent et dorment. C’est Maya. Nous apprenons d’abord à connaître notre existence, puis nous remarquons le monde extérieur. Nous agissons dans le monde en oubliant le Soi. C’est Maya. C’est pure ignorance que de s’inquiéter de la descendance familiale en l’absence d’enfants.

Un jnani porte un regard différent sur les choses. Il dit que si la mort survient, c’est une bonne chose, car la douleur et les problèmes du corps disparaissent. Par contre, celui qui s’accroche fermement à son identité corporelle a peur de la mort. Les chercheurs donnent toute leur confiance à celui qui a la conviction de n’être jamais né et qui n’est donc pas concerné par la mort.

Les sages affirment que nous ne sommes jamais nés. Purushottam est indépendant du corps et de la Conscience. Notre expérience de l’existence n’est qu’imagination. Il n’y a là rien de vrai ni de faux. Pour qu’un être jiva prenne forme, le Shiva doit l’animer. Il s’éclaire de sa propre lumière, Il est empli de lumière. C’est grâce à Paramatman que Shiva brille. Le reflet de la lune dans un étang n’est pas la lune. De même, dans l’étang appelé corps, se reflète une image de Paramatman. Cependant, ce n’est pas Paramatman, seulement une image. L’affirmation selon laquelle Paramatman est né dans un corps est fausse. Bien qu’il y ait l’expérience d’un corps et qu’Il soit en lui comme une image. Il reste inchangé  au contact du corps. Mais en raison de l’identification avec l’image, il semble que la perception du corps soit réelle.

Le sage Nanak dit que votre image est dans le miroir, mais pas vous. Par la présence de la Conscience, le nom de Nanak a été donné. Celui qui tournera son regard vers l’intérieur atteindra la plénitude du Soi. Ainsi, Nanak nous dit : « Pourquoi cherchez-vous Hari dans la forêt? Il est dans votre Cœur. Vous sentez votre être dans le Cœur. Dieu essaie de dire que, bien que Je sois présent dans tous les êtres, Je ne suis vraiment nulle part. De quoi dépend la fierté de tout être vivant?» Kabîr dit que si une maison est vacante, toutes sont vacantes, mais si l’une est occupée, toutes les autres le sont aussi. Pour faire court, tout est illusoire, tout est méprise.

Nisargadatta Maharaj

25 septembre 1955

Extrait de « Premiers discours » aux éd. des 2 Océans

Premiers discours 29 – le jeu de maya

jeu de maya

Toute confusion est le jeu de Maya !

Ceux qui se sont réalisés ont acquis une véritable richesse et cela revient à exécuter un Mahayajna ( rituel, cérémonie traditionnelle de purification par le feu). D’un côté, les ignorants dépensent des millions de roupies pour faire un Yajna, sans pouvoir éviter les cycles de la naissance et de la mort. De l’autre, les sages font le meilleur usage du seul capital qu’ils ont, qui est leur Conscience, et, par le Yajna de la méditation, ils deviennent un avec Paramatman. Alors, l’expérience de la naissance et de la mort disparaît. Le comportement d’une personne est toujours conforme à sa compréhension. C’est pourquoi certains font le Yajna. Pour le Yajna traditionnel, un récipient métallique à bouche carrée est nécessaire pour recevoir le feu consacré. Les sages, eux, créent cet espace dans le Cœur en se débarrassant de tous les doutes et hésitations. C’est le substitut du récipient servant au rituel de Yajna. L’une de nos plus grandes obstructions est notre identité corporelle, qui doit être enlevée en mettant en pratique les paroles du Guru. Dans notre Cœur, il n’y a rien, pas même notre sens d’être. Pour la matérialisation de la Vérité, nous devons nous débarrasser de tous les doutes et indécisions.

Ceux qui ont accès à la véritable connaissance vous disent en toute sincérité qu’il n’y a pas de gain réel dans quoi que ce soit en dehors de la connaissance du Soi. Pour l’obtenir, il faut développer une véritable conviction de la Vérité.

Il est nécessaire de jurer sous serment de se conformer aux paroles du Guru. Vous devez surpasser tous les conseils et suggestions contraires.

La répétition du Mantra est un réel soutien. Le bon endroit pour nous purifier, c’est de nous tenir là où nous sommes libres de doutes et d’indécisions. Nous devons abandonner ce que nous ne sommes pas. Si vous êtes destiné à être un grand sadhu, vous serez le témoin de la matérialisation en vous des sugges- tions du sage. Les grands hommes comme Shankaracharya et Jnanadeva ont eu la connexion avec la Réalité, et cette réalisation s’est produite à un âge précoce. En procédant à l’auto-investigation, nous atteignons notre vraie nature en temps voulu. La cause originelle est celle qui est responsable de la création et de la dissolution du monde. Il convient de s’interroger sur la façon dont cela se produit. Il faut avoir une foi totale dans les paroles des sages. Avec cette foi, il n’y a pas de limite à ce qui peut être accompli. Le souvenir constant des paroles des sages enlève toute dualité entre eux et vous. Avant cela, tous les péchés humains seront brûlés. La connaissance de votre être véritable vous a été donnée par les sages, c’est elle qui prend place dans votre Cœur. Cela doit devenir de la plus haute importance pour vous.

J’entends le son incréé Om. Un jour, je ne serai peut-être plus là pour l’entendre, mais ce son est impérissable et va se poursuivre. La friction entre le périssable et l’impérissable crée le son. Avez- vous déjà perçu de la fumée en vous ? Il n’y a que la lumière, pas de fumée. La lumière est dans le Cœur et elle s’exprime en tant que Conscience.

À l’origine, il n’y a que la qualité Sattva, mais elle se manifeste sous forme de trois Guna : Sattva, Rajas et Tamas. La Conscience, qui est une qualité de sattva, donne naissance aux cinq éléments. Les paroles du Guru sont comme de l’argent comptant disponible pour un usage immédiat. Nous devrions faire bon usage de ses paroles pour ne pas L’oublier.

Nisargadatta Maharaj

Extrait de « Premiers discours » aux éd. des 2 Océans

Premiers discours 28 – Toutes les manifestations sont celles de Paramatman

nisargadatta maharaj

Atman est omniprésent, c’est Lui qui nous confère notre sens d’être. C’est Paramatman qui s’incarne dans diverses formes de vie. Une fois que nous existons, nous pouvons découvrir les autres et les dénombrer. C’est le début d’une grande énumération, due au Seigneur Ganapati. Son nom indique le début du grand recensement. Ganapati est présent en chaque être vivant, mais seuls les êtres humains ont la capacité de Le connaître. La Conscience est la manifestation de Ganapati, Il est capable d’éliminer toute illusion. Il est la source ou le parent de toute existence. Une fois que cela est révélé, il n’y a plus de retour en arrière possible.

Abandonnez l’identification au corps et n’ayez plus peur de la vacuité intérieure. Alors Ganapati sera ressenti dans votre Cœur. C’est la fin de sentiments comme la timidité, la culpabilité, et la fin de l’emprise de l’illusion. Nous devons le faire nôtre, ce qui est très facile. Cela doit se produire sans aide extérieure. Ce qui est à connaître et à accepter est déjà là. La grâce de Ganapati enlève toute illusion prétendant que vous êtes séparé de Dieu.

C’est un grand secret, qui ne peut être connu que sur les recommandations du Guru. J’accepte l’aide du Guru pour réaliser que Celui qui est vénéré est l’Atman, ensuite viendra la conviction qu’il n’est autre que Paramatman. Le plus important est de connaître son être, et celui qui a stabilisé cette reconnaissance est le Sadguru, manifestation du Soi. La Conscience est l’expression de Paramatman, qui donne naissance à toutes les activités.

Ce qui est nécessaire, c’est une conviction ferme, rien de plus. Celui qui s’établit en tant que Soi est sauvé, il peut aussi sauver les autres. Développez cette conviction, et vous ferez l’expérience de ce que les autres ne peuvent expérimenter.

Nisargadatta Maharaj

20 septembre 1955

Extrait de « Premiers discours » aux éd. des deux Océans

Premiers discours 27 – Ganapati

Ganapati

 

Chaque fois qu’il y a un décompte, celui qui compte doit être présent en premier.

Pour compter les personnalités, aussi célèbres soient-elles, il faut d’abord compter la présence d’Atman.

Si nous sommes absents, qui comptera? Le Soi doit être présent pour commencer à compter. Qui prononce le son Aum ou Om ? Celui qui est là avant le décompte et qui va compter.

Au tout début de la manifestation à partir du non-manifesté, il y a l’apparition de Ganapati. On l’appelle aussi Heramba, c’est un amoureux des vaches! Le premier son est un son profond caractéristique, qui rappelle le meuglement de la vache : le Om. Ce son est spontané, insaisissable, produit sans aucun instrument. Le premier à être adoré est Ganapati, qui représente le Om.

Il s’agit d’un son spontané, qui n’est pas produit par un instrument ou par la voix humaine. Sans son évocation, il ne peut y avoir de commencement. Dans ce corps, votre existence est due à Atman, Dieu ou Ganapati. Avec sa vision et après avoir développé une intimité avec Lui, un bien-être total s’installe. Il donne vie à toute existence et est présent en tout en tant que l’Atman.

Atman est avant tout. Toute l’existence et la nature prennent place par la suite. Notre existence initiale était sans attributs. Celui qui a connaissance de ces faits reçoit des pouvoirs surnaturels de Ganapati. Gananayaka est vraiment le soutien du monde entier. C’est aussi votre vraie nature, prenez-en soin afin que cette unité ne soit pas rompue. Quand vous réalisez le Soi, tout votre travail et vos devoirs sont terminés.

L’Atman est omniprésent. Notre Conscience dans le corps est vraiment une incarnation, et Celui qui en est conscient est Paramatman. Toute forme vivante est spontanément consciente de son existence. D’après notre propre expérience, la question la plus mys- térieuse est de savoir comment nous sommes amenés à connaître notre existence. Notre Conscience est l’incarnation de Gananayaka. Bien que la même Conscience soit présente également dans tous les êtres vivants, son secret et son origine ne peuvent être connus que sous la forme humaine. Bienheureux sont les parents dont la progéniture réalise le Soi. Une fois le Soi connu, il n’y a plus d’ignorance. La transmission de la connaissance du Soi est due à Ganapati. Gananayaka va enlever toute illusion.

Éliminez l’ignorance que le corps est votre identité et faites de la place pour que Ganapati occupe votre Cœur. Le Soi est libre de timidité, de honte et d’illusion. Ce qui n’est pas est difficile à atteindre. Il faut L’être lui-même, par soi-même. Il peut être atteint, si vous développez la conviction qu’Il n’est rien d’autre que vous. C’est notre propre grâce qui y travaille. Il s’agit d’une illusion que de nous considérer comme séparés et hors de la présence de Dieu. Sa grâce enlève les voiles de l’illusion.

Je suis en train de vous évoquer quelque chose de très profond.

Il est difficile de réaliser le Soi, voici des paroles du Guru qui nous sont utiles: «Je prends cette aide (celle de Ganapati) pour vénérer mon propre Atman et avec cette conviction renforcée, Celui-ci sera réalisé comme étant Paramatman. » Nous découvrons notre présence et c’est Paramatman Sadguru qui vient à l’apprendre. La Conscience opère en tout, Elle est une expression du Soi.

Ce qu’il faut, c’est de la conviction et rien de plus. La conviction en sauvera un et celui-là même en sauvera d’autres. Développez une ferme conviction sur ce que vous avez entendu maintenant. Cela deviendra votre expérience directe et votre félicité n’aura pas à être connue des autres.

Nisargadatta Maharaj

Extrait de « Premiers discours » aux éd. des 2 Océans

Premiers discours 26 – fermer les yeux n’est pas méditer

méditer avec nisargadatta

Celui qui n’a pas de mémoire du passé n’aura aucune pensée à ce sujet ou même à propos de l’avenir. Qu’est-ce qu’un jnani ? C’est celui qui a connaissance de la Conscience. En raison de la Conscience, nous voulons vivre toujours plus d’expériences de plaisir. Mais pour un jnani,( celui qui a réalisé sa nature intemporelle et non -identifiée), l’expérience d’être se suffit à elle- même.

Quelle perception la Conscience a-t-elle d’Elle-même? En contemplant la forme du corps, Elle se prend pour un être humain. Puis, comme cela n’est pas suffisant, vient l’invention du paradis et tout ce qui s’ensuit. Celui qui a réalisé la connaissance du Soi n’appelle pas le faux «vérité».( le faux est le terme utilisé pour désigner ce qui est perçu, ce qui est transitoire).

Il a la véritable connaissance de sa Conscience. Par conséquent, il différencie aussi ce qui est inerte et ce qui est en mouvement. Notre ignorance de l’Atman nous rend faible avec un corps faible. L’ignorant croit en son arrivée avec un corps, et par son ignorance, il est sûr de mourir. Tout cela est communément admis dans ce monde en raison de l’acceptation générale du faux. Par conséquent, la fausse vérité est prise pour la Vérité.

L’Atman reste dans le corps en raison de l’approvisionnement alimentaire régulier. Le corps lui-même est la nourriture. Le jiva (celui qui en tant que cobnscience s’identifie  à ce qui est transitoire ( faux), le corps, les sensations, les pensées, les émotions) au ignorant ne le sait pas et il essaie de se priver ou de choisir sa nourriture pour acquérir quelque mérite religieux et éviter tout péché possible. Son jeûne n’a pas de sens puisque le corps est lentement consommé vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Le processus se poursuit même dans le sommeil profond. La nourriture consommée est comme une offrande au feu. Tout cela se transforme en sang et en chair. Le feu qui brûle à l’intérieur fait s’élever la lumière de l’Atman. C’est la lumière du monde. Indépendamment de la taille et de la forme d’un corps vivant, le sens de l’être y est clairement ressenti.

À partir des cinq éléments surgissent beaucoup d’autres éléments. De tout cela, notre sens d’être est apparu.( sens d’exister, qui induit la séparation,moi, l’autre, moi le monde).

Le sage Tukaram dit que nous devrions mener une vie empreinte de spiritualité jour et nuit. Notre mental s’intéresse au mondain et c’est une obstruction à notre progrès spirituel. Il rend l’Ultime hors de vue.

Un jnani sait que l’Atman est libre de tout lien. Mais un jiva vit dans le doute, il vit les hauts et les bas de l’existence. La déception du jiva est proportionnelle à ses concepts. En l’absence d’une véritable connaissance du contenu de l’utérus, il ne peut y avoir de véritable adoration. Les sages n’ont aucune intention néfaste et sont là pour le bien de tous. Quand la Conscience n’est plus, toute la connaissance de l’existence disparaît. C’est la nature de la Conscience d’apparaître et de disparaître. Shankaracharya explique comment le Soi se réalise.

Parabrahman n’a pas de sens d’être. Par conséquent, Sa félicité n’a pas de limites. Sans la réalisation du Soi, le corps ne porte pas de fruits. Le corps est vénéré s’il est celui d’un jnani. Un jnani est témoin du corps et de la Conscience. Par la connaissance du Soi, toute l’existence est vue comme manifestation de Brahman. Après la connaissance du Soi, votre vie de famille deviendra également pleine de joie. Tout comme le soleil ne peut voir que la lumière, un jnani ne voit que la Conscience en tout un chacun.

Quand la Conscience est allumée, il y a le souvenir, et quand Elle n’est pas allumée, il y a l’oubli. Le Connaisseur de ces deux aspects est Paramatman. Si Atman est présent partout, qui est res- ponsable de ce qui se passe? Nous faisons l’expérience de notre existence sans aucun effort et cette expérience est très petite. Sans le savoir, votre alimentation se produit vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il est dit qu’il y a en tout seize mille cent huit nadi ou organes tubulaires dans le corps. On dit qu’ils sont les bien-aimés de Bhagavan Shri Krishna. Krishna est Celui qui en a connaissance et tout ceci est connu par Paramatman. Le Connaisseur de votre existence est Shri Vitthal.

Tukaram nous dit: «Ne vous limitez pas au corps mais soyez universel, c’est ce qui correspond à l’état naturel de votre Conscience. »

C’est très enthousiasmant d’accéder à la connaissance du Soi. Il n’y a pas de haine pour qui que ce soit ni de peur de la naissance et de la mort. Mais il n’y a que quelques rares êtres qui l’atteignent. Ici, la libération est obtenue simplement par l’écoute, sans sacrifier la vie de famille. Les jiva ignorent le Soi. Un jnani est au-delà de l’individualité du corps et son être est universel. Il ne se remémore jamais sa richesse passée ou sa pauvreté après sa réalisation. Il n’a ni chagrin ni découragement. À travers la Conscience, Il expérimente l’univers entier. Toutes les apparences sont vouées à disparaître. Méditer ne signifie pas seulement fermer les yeux. Cela se produit naturellement après avoir écouté un sage. Il dit : vous accusez à tort votre Soi d’être le corps et vous êtes plein d’ego. Débarrassez-vous de tout ça. Votre Soi est empli de béatitude. L’existence mondaine peut se poursuivre, mais seulement après avoir coupé ses racines. Cela signifie que vous devez avoir la conviction de la non-existence de ce monde. Quitter sa femme et ses enfants est une illusion.

Après la réalisation, votre travail n’aura plus de sens. Personne ne bénéficie de votre bénédiction. Même quand les sages donnent leur bénédiction, cela fait partie de l’illusion. ( le sage, la bénédiction et celui qui la reçoit, sont UN).

Nisargadatta Maharaj

18 septembre 1955

Extrait de « premiers discours » aux éd. des 2 Océans

Premiers discours 25 – la saveur de notre être

 

Nous en venons à savoir que nous sommes tout en goûtant la saveur de notre être. Sans rien avoir à demander à personne, nous sommes à même de connaître notre être véritable. Notre conscience d’être est le fondement de toute notre vie ou existence, il est nécessaire de l’étudier précisément. Nous devons en connaître le pourquoi et le comment. Notre Conscience est la manifestation de Dieu et c’est une grande erreur que de ne pas méditer sur Elle. Se prendre pour le corps, c’est inviter la culpabilité et la mort. Nous apprenons à connaître notre existence; par l’entremise de celle-ci, nous nous sommes rendus coupables de beaucoup de choses. Pour notre bien-être, nous devons entreprendre un certain nombre d’actions.

Quel est notre accomplissement ultime?

Le silence.

Pour cela, la méditation est nécessaire. La Conscience (son contenu) est alors silencieuse. Ce corps est d’une grande valeur, mais sans ( reconnaissan de de la nature de la Conscience), ce n’est qu’un enfer. C’est cette Conscience, qui nous fait l’égal de n’importe quel Dieu, qu’il faut apaiser maintenant ( dans son aspect d’identification).

De façon à mieux nous connaître nous-même, l’Atman est silencieux, pour permettre l’observation. Ce silence est le plus profond. Ce silence ne signifie pas qu’il faille arrêter tous les mouvements et les activités des cinq organes des sens.( c’est le Silence dans lequel tout apparaît est disparaît). C’est comme l’extinction de l’interrupteur principal, qui arrête tout. Notre existence physique n’étant pas la plus fiable, nous devrions toujours rester exempts du sens du «moi» et du «toi». Ce qui demeure en chacun est seulement Parameshwara ( le Principe Premier, Divin). Les révélations de Paramatman sont dans chaque cœur. L’auto-investigation nous permet de comprendre que Parameshwara est le fondement de chaque être.

Celui qui voit clairement l’irréalité des effets des sentiments et des émotions est libéré de toutes les affections et passions du monde. La Conscience, grâce à laquelle nous savons que nous sommes, est le fondement de tout. Il en est de même pour Brahma, Atmarama et Shankaracharya. Avec cette connaissance, tout sera réduit au silence. Le silence de la Conscience est aussi appelé méditation sur Brahman. Dans quelle mesure pouvez-vous vous taire? Cela se fait quand il n’y a plus d’étreinte de « Je suis ». C’est avec la grâce du Guru que l’on réussit à rester sans conscience personnelle. Tout cela n’est possible qu’en ayant une confiance totale dans le Guru et une pratique constante de ses paroles. Je vous ai dit l’importance de votre Conscience, vous ne devez jamais la perdre de vue. C’est une grande chance de pouvoir entendre cette description de notre vraie nature. Le véritable auditeur l’aime plus que tout au monde. Ainsi, il la réalisera vraiment.

Être silencieux, c’est être sans « Je suis »*. Ce retournement, c’est une méditation sur Dieu. Comment méditer? Cela se fait en gardant la Conscience vide de mental et de parole. La Conscience peut rester sans parole, car elle ne dépend pas du mental et des pensées. Il n’est pas du tout facile de faire taire les organes des sens et les organes d’action. Nous devons reprendre en main ce qui en avait pris le contrôle, c’est-à-dire la conscience identifiée. Elle devrait être sous notre contrôle. À cet égard, la compagnie d’un sage, ou même une unique rencontre de celui-ci est utile.

Beaucoup n’aiment pas entendre des déclarations justes mais inacceptables à leur sujet, cependant ils apprécient les fausses décla- rations qui leur sont agréables à entendre. Vous devez être prêt à agir dans votre véritable intérêt. Vous devez faire face à cette calamité, parce que vous n’avez pas de véritable connaissance de vous-même. En réalité, vous êtes la Vérité, que vous connaissez déjà, mais que vous préférez garder à l’écart. Par conséquent, vous êtes voué à mourir dans les problèmes. Toutes vos associations sont illusoires, et la Vérité est au-delà des apparences. Vous n’avez jamais pensé à ce qui est la cause de toutes vos connaissances et associations. Ce que vous croyez être la mort n’est rien d’autre que l’élimination de la poussière sur le Soi. Mais en réalité, rien ne peut arriver à Ce qui est sans changement, pas même le plus infime mouvement.

Certains disent des choses curieuses. Il est dit par exemple qu’il y a un océan de lait dans lequel le Seigneur Vishnu se prélasse. La vraie connaissance ne repose pas sur de tels propos, mais sur l’élimination effective de l’écran de dualité ; ce qui révèle l’unité. Vous devriez questionner les faits, ne pas les prendre tels qu’ils paraissent. Shankaracharya blâme les Veda sur de nombreux points. Seul celui qui s’est réalisé lui-même connaît réellement le précieux contenu du Cœur. Les sages n’ont révélé la vraie connaissance qu’aux êtres honnêtes et aux fidèles. Les disciples qui sont venus à Shankara- charya étaient prêts à donner leur vie pour la Vérité. C’est ainsi que leur fut offerte la Vérité ultime. Qui écoute ces connaissances ? Ne le considérez jamais comme un homme ou une femme. C’est la Conscience elle-même qui écoute. C’est Elle la grande puissance appelée Brahma shakti, Adi shakti, Jnanashakti, qui a le pouvoir d’apparaître en une infinité de corps. Soyez toujours conscient que c’est cette puissance qui est à l’écoute et non un individu. Vous n’avez reçu qu’une particule de cette Conscience infinie. Cette particule vous donne le goût du «Je suis». Brahman tout entier est avec vous en tant que Conscience. Il n’y a pas d’autre Dieu.

Les paroles d’un sage sont toujours vraies, car c’est Dieu qui parle à travers lui.

Le sage est le Dieu d’Amour. Nous en venons à prendre connaissance que nous sommes par Adinarayana ( le Principe premier, Divin). C’est par la méditation que nous réalisons Cela. Vous vous stabiliserez ainsi dans votre Soi. Vous devez vous éveiller à votre vraie nature. En méditant sur le Soi, vous resterez indifférent à tout événement mondain. En étant absorbé dans Adinarayana, Ses qualités se déve- lopperont en vous. Notre respiration Lui est due. Toutes les activités se déroulent grâce à la manifestation de la Conscience en tant que Prakriti. Même notre sensation d’être Lui est due. C’est la manière dont Elle s’exprime. Il n’y a ni profit ni perte dans cette existence physique et le reconnaître est source de joie. Jour après jour, encouragez les autres et, sans les déranger dans l’idée d’être important, soyez dans la conscience constante du Soi.

Nisargadatta Maharaj

11 septembre 1955

Extrait de « Premiers Discours » aux éditions des deux Océans

*Je Suis, considéré tantôt par Nisargadatta comme le principal allié et à d’autre moment comme la cause de toute illusion. Il n’est pas toujours aisée pour celui qui découvre ces enseignements de s’y retrouver. Tant qu’il s’adresse à une conscience assoupie dans l’identification aux multiples concepts et appropriations matériels, le conseil sera de revenir le plus souvent possible à une conscience de soi la plus dépouillée qui soit et non conditionnée par les multiples costumes qui la recouvrent. Quand cela est bien ancré et réalisé. Il invite alors à aller plus loin et  à voir l’attachement et la fascination qu’il y a pour la manifestation et dans le fait d’exister ( non -personnel). Tout en pointant en même tant le fait qu’il n’y a qu’un Seul ( Principe, Conscience,..) à l’origine et dans ce « Je suis ».

Premiers discours 24 – Discerner le vrai du faux

le vrai du faux Nisargadatta

Notre premier travail est d’abandonner toute fierté. Nous attachons de l’importance à beaucoup de choses; la première d’entre elles est notre corps. Cette identification ou cette fierté personnelle est à abandonner. Quand nous ne sommes plus attachés au corps, nous nous stabilisons dans la Conscience. Toute fierté est due à l’identification corporelle. Cela ne nous concerne pas seulement : tous les êtres vivants se considèrent comme leur corps. Vous devez renoncer à votre fierté sans blesser aucun de vos amis ou parents. Au final, nous devons cesser de nous préoccuper des affaires de la vie. Pour cela, les conseils d’un Sadguru sont indispensables. Un Sadguru est libre de toute passion mondaine. C’est une grande fortune que de Le rencontrer.

Que faut-il comprendre quand l’initiation de ce Maître est évoquée? La véritable initiation consiste à enlever la compréhension erronée que vous avez de vous-même. Le Sadguru dit: «Débarrassez-vous de la croyance selon laquelle vous êtes le corps, car votre nature est Conscience pure. Le faux doit être connu comme faux. » Toute l’ignorance accumulée doit être abandonnée. Comment mettre en pratique cela ? faites cette observation : votre Soi est présent en tout, Il est le support de toutes vos expériences. Krishna nous dit : « Je suis le Connaisseur de votre Conscience. Là où Je ne suis pas, il n’y a rien. »

Ainsi, le véritable dévot a la ferme conviction que Bhagavan est en lui, et qu’il est libre de tout lien et de tout esclavage.

Qui dit qu’il y a l’espace, l’eau, la terre, etc.? C’est Celui qui donne la lumière à votre Conscience. Dans toute cette existence, nos petites ou grandes affaires de la vie sont vraiment négligeables. Quelle est la signification du mot «Datta»? «Celui qui vit en tant que Soi ». Son existence se manifeste avec la veille et le sommeil. Sa non-existence est sans questionnement. Bhagavan dit: «Quand un dévot Me prend à tort pour Mon corps, cette mauvaise compréhension se met au travers de sa voie vers le vrai renoncement». Toutes nos activités et connaissances se déroulent en présence du Soi. Bhagavan dit à Son dévot Uddhava qu’il est Sa manifestation. Uddhava appartenait aux peuples des Yadava, appartenance qui devait aussi être oubliée. Lui fut donné le conseil de s’identifier à Shri Krishna. Sa forme véritable était l’Atman. Jusqu’à sa rencontre avec Krishna, il avait adoré un Dieu modelé par ses concepts et perdu ainsi son temps précieux. On lui conseilla d’adorer l’Atman comme sa véritable nature : cela produisit une grande purification. La plupart des gens n’ont pas conscience  de cette possible purification et de son fonctionnement.

Tout comme un homme donne à son enfant quelque chose en main pour l’occuper, Maya trompe le monde entier par l’abondance d’objets. Celui qui est éveillé au Soi n’est pas affecté par les tours de Maya. Chacun fait cette expérience d’être, mais rares sont ceux qui vont à la racine ou à la cause de leur existence. Il n’y a alors plus de limite à ce qu’ils peuvent réaliser. Le sage Tukaram nous dit que pour celui qui chante les bhajan(-s) en l’honneur du Dieu Vitthala, tout le travail se fait spontanément. Parabrahman visite sa maison sans aucune invitation. La réalisation du Soi se fait par la méditation. Notre méditation devrait être stable et notre Conscience devrait être correctement connue sous le nom deBhagavan. Il convient de ne tirer aucune fierté du fait de méditer sur Dieu, cela doit se faire spontanément. Vivez selon les paroles du Guru et aucune pensée imaginaire ne pourra vous faire chuter. Quand on est libéré de tout, là se trouve Parabrahman, sans effort. Tout passe spontanément par Sa simple présence, sans même prononcer un mot.

Il faut prêter serment pour disposer d’une pleine détermination. Ceux qui tiennent leur serment sont vraiment puissants. S’en tenir au serment est des plus auspicieux. Notre propre expérience, sans consultation extérieure, est alors parfaitement juste. Ne suivez jamais votre mental, il est toujours en train de courir après des désirs personnels. Ici, ne vous servez pas de votre intellect. Il doit y avoir une confiance totale dans le Sadguru, dans le fait qu’Il est infini, illimité et qu’Il pourvoira à tous vos besoins.

Bhagavan Shri Krishna a atteint l’état le plus élevé en ayant le plein contrôle de sa Conscience. Ce contrôle seul permet d’avoir une assurance totale dans les paroles du Sadguru. Vous êtes le témoin de votre Conscience, alors à quelle distance du Soi un tel témoin se tient-il ? Dieu agit à travers les organes des sens du dévot. C’est Lui qui faisait le ménage de la sage Janabai. Elle était consciente que les mains de Dieu l’aidaient à travers sa Conscience. Sans elles, pouvez-vous faire quelque chose? Dieu est partout et tout prend place là où vous êtes. Vous n’avez nulle part où aller.

Nisargadatta Maharaj

4 septembre 1955

Extrait de « Premiers discours » aux éditions des deux Océans

Premiers discours 23 – Atman

Atman

Atman est le témoin de toutes nos activités, qu’il y ait succès ou échec – avec la confusion mentale qui en résulte. Atman est témoin de tout cela, là où l’intelligence échoue. Atman signifie la Conscience pure dans le corps. C’est être impie que d’appliquer à l’Atman n’importe quelle caste et n’importe quelle croyance concernant le corps. Seul un athée peut faire ça. Pour votre santé et votre bien-être, il devrait y avoir une dévotion sans attente, et un service désintéressé au Sadguru.

Quand vous vous levez le matin, vous devriez d’abord vous rappeler Dieu.(Présence pure, sans qualificatif). Ensuite, vous devriez prendre un bain et faire sandhya, qui sont des rites externes. Il s’agit là des concepts traditionnels. Mais le véritable rite est intérieur, il s’éclaire par lui-même. Il y a un certain nombre de fausses accusations à notre encontre. Le processus d’élimination est également appelé sandhya. Quand on prend un bain avec un savon, il reste forcément de la saleté. Les sages se nettoient eux-mêmes par la connaissance du Soi. Notre Soi est immuable ou au-delà de tous les états. Nous devrions être exempts de tous les ‘défauts’, y compris la naissance et la mort, et cela de façon permanente. Shankaracharya conseille l’exécution des rites pour éliminer tous les défauts.

L’être identifié ou jiva s’imagine mortel et s’inquiète de la mort. C’est ainsi qu’il est concerné par les concepts de faute et de mérite. Sans le concept de mort, il n’y a pas non plus de faute et de mérite. Les sages vous rappellent votre nature sans limites, infinie, d’une valeur sans égale. Cela n’empêche pas le jiva de s’imaginer être limité par une petite forme. Votre véritable nature est en vous. Si vous êtes sérieux pour réaliser le Soi, cela arrivera avec certitude. Ce sera la mort instantanée d’une vie limitée. Il n’y a pas de Dieu, pas d’Atman en dehors de Vous. Par conséquent, nous devons avoir une confiance totale en notre Dieu. Nous ne devrions pas Le contrarier en craignant faute ou mérite ainsi que naissance ou mort. Atmadeva est au plus près de vous avec toute Sa bienveillance. Si vous développez une foi totale en Vous-même, elle sera toujours avec vous, où que vous alliez. Par le Soi, vous rendez conscient les processus de fin et de dissolution.

Quel est le lieu commun de toutes les expériences? L’expérience vient à cause du corps et il prend place en elle. Cette façon de voir n’est qu’une observation grossière. En fait, la présence de la Conscience, qui est Bhagavan, est toujours présente dans tous les êtres vivants. Nous prenons conscience du corps grâce à la Conscience. Elle se nourrit de l’essence des aliments. Dans Sa lumière, l’univers est vu. La Conscience apparaît en tant que l’univers. La Conscience est notre état naturel, qui ne nécessite aucun effort. Nous ne devrions en faire le constat aisément. Avec l’apparition du prana, un flux fluide de mots coule. Ensuite, nous affirmons « Je suis » ou que nous existons. Il y a une possibilité de parole seulement après l’apparition de la formulation des mots (para-pashyanti). Nous parlons pour notre travail, notre joie ou notre divertissement.

Un sage n’est plus un individu, il a donc une tolérance infinie. La vie n’est qu’un jeu ou un plaisir pour Lui. Nous rencontrons beaucoup de dévots, mais quelle est leur première pensée au réveil ? « Quel est aujourd’hui le taux du coton à la bourse de New York ? » Cela signifie gagner de l’argent en spéculant.

Il est dit que Dieu aide les êtres selon leur inclination envers Lui. Tout comme un homme se comporte selon sa profession, les gens sans connaissance du Soi se comportent comme des ignorants. Un jnani considère que Rama est dans ce corps et que le prana n’est autre que Hanuman. Ici, Hanuman contrôle Rama, mais Il est très humble devant Rama. Ainsi, Hanuman reçoit Sa grâce.

Après la transformation du prana en langage, le mental prend naissance. La conscience individuelle est faite d’impressions. Mais tout cela a pour cause première le Soi. Il n’y a personne d’autre pour vous sauver que votre Soi. Brahman dépend entièrement d’Atman. Utilisez toutes vos qualités pour éveiller le Soi. La lumière de la connaissance du Soi est tout ce qu’il y a de plus naturel. Vous réaliserez le Soi tôt ou tard selon la pureté de la conscience individuelle. Le goût du Soi toujours lumineux devient celui de votre Conscience.

Là où il y a un jiva, Paramatman est forcément présent. Le jiva apparaît au premier plan avec Parameshwara à l’arrière-plan. Vous devriez réaliser la fusion de ces deux extrêmes. Celui qui le fait avec succès trouve tous ses désirs comblés.

Nous sommes accusés d’être des mortels. Par la lumière du Soi, cette accusation disparaît. être empli de réflexions sur la réalisation du Soi revient à porter une casquette pour aller se coucher. Même Bhagavan Vishnu doit enlever sa couronne pour se reposer. Pour se reposer totalement, Il doit tout oublier, y compris sa femme Laxmi et l’amour qu’Elle éprouve pour Lui. Un sage vit en tant que Soi sans même avoir à s’en souvenir. ( la présence à Soi, entant que Soi est est au delà de tous concepts ou identifications les plus élevées ou spirituels soient-elles.)

Nous ne pouvons pas nous permettre de tricher avec notre Soi.

Nous appelons notre propre Soi «Sadguru». Nous devrions faire preuve d’une grande et inconditionnelle dévotion pour notre Soi. En vénérant votre propre Atman, vous vénérez aussi notre Sadguru (ici Siddharameswhar Maharaj). Le concept d’impureté provenant de la naissance ou de la mort, appliquée à votre corps, ne devrait jamais être appliqué à l’Atman. Gardez le corps de côté avec ses dix sens et adorez l’Atman. Cela se fera par le chant des bhajan à la gloire du Sadguru. ( Nisargadatta ne fait pas de distinction entre le Guru extérieur qui vous a permis de reconnaître votre véritable nature et le Guru intérieur, notre véritable Nature , la présence du Soi. Tous deux, qui n’en sont qu’un dans le Bhakti yoga, sont nommé Sadguru.)

Nisargadatta Maharaj

28 août 1955

Extrait de « Premiers discours » aux éditions des deux Océans

Premiers discours 22 – Connaissance du Soi

Nisargadatta premiers discours

Shankaracharya expliqua aux chercheurs spirituels en quoi consistent les véritables ablutions. La Conscience est exempte de souillures et n’a pas besoin de bain. Le corps est inerte et la Conscience est dynamique. Qui doit être purifié ? Le chercheur. Et qui est-il alors ? Dans ce corps il y a Conscience pure, Ce que nous sommes. En l’absence de la Conscience, qu’est-ce que le corps, si ce n’est de la poussière ou de la terre? La véritable prise de conscience ne se fait qu’après être devenu intime avec Elle. D’abord vous prenez conscience de la Conscience, puis vous vous familiarisez avec Elle, et enfin avec Son fonctionnement. D’abord vous apprenez à connaître Dieu, puis vous Le rencontrez et faites connaissance. Quel est le but des neuf types de dévotion?*  C’est de connaître Dieu correctement. Il y a neuf façons d’affirmer cette connaissance et cette amitié. Le dévot possède la force nécessaire pour adorer Dieu. Ce qui lui est nécessaire est une confiance totale. Quelles que soient les qualités inhérentes au corps, il s’agit d’aller de l’avant avec la Conscience. Elle n’est pas visible et il faut s’en accommoder, c’est ainsi. Afin de s’y conformer, les sages ont conseillé neuf types de dévotion. La Conscience est Adinarayan. (L’être premier, ici dans le sens d’apparition du «Je suis».)

Il s’agit d’être conscient de son être. Sa valeur et sa puissance sont infinies et illimitées. La Conscience est subjuguée par la dévotion, Sa présence dans le corps le rend beau. En son absence, ce qui reste n’est qu’un cadavre. Ne considérez jamais le corps comme profane. L’Atman qui habite le corps ne ressemble ni à Krishna ni à Vishnu avec ses quatre bras. D’autre part, l’existence de Vishnu est due à l’Atman en Lui. La Conscience pure embellit tout. Elle s’invite quand Elle est appelée Dieu. Elle illumine l’esprit, l’intellect, et les cinq organes internes. Toutes les expériences ne sont dues qu’à la Conscience. Elle est dans l’eau, mais ce n’est pas l’eau.

Toutes les comparaisons sont aussi dues à la Conscience.
Vivre en tant que l’Atman, c’est acquérir Sa connaissance directe. C’est grâce à la Conscience que nous savons que Bhagavan Vishnu dort (   identité del’état de veille qui disparait pendant le sommeil ). Parce qu’alors l’Atman ne dort pas ( Conscience non tournée vers les objets de l’état de sommeil profond). C’est notre propre nature ultime. Il y a une différenciation à faire entre les cinq fonctions internes et le corps inerte. Des premiers naissent les trois états de veille, de rêve et de sommeil. La Conscience est responsable de leur existence. Elle est pure, sans souillure. Elle ne se décompose pas dans l’eau. Existe-t-Elle en dehors de vous ? Quand vous n’êtes pas, Elle n’est pas non plus. Elle existe avec vous. Vous considérez la mort de votre corps comme la mort de la Conscience, il y a donc une discontinuité dans la connaissance véritable. Avec une vraie compréhension de la Conscience ( non indentifiée) – c’est-à-dire avec la connaissance du Soi –, vous rayonnerez au-delà de toutes les limites. Tant que vous n’adorerez pas la Conscience comme Ishwara ( principe de manifestation), vous resterez en enfer. La réalisation du Soi est la seule libération possible.
Si un chercheur doit être conscient d’être la Conscience,( rappel à Soi) il n’en va pas de même pour un jnani, dont la vraie nature est spontanément l’Atman ( réalisation de sa véritable nature). Un jnani voit son propre Soi en toute chose et en tout être.( non-dualité véritable) La connaissance née des concepts est différente de la conviction d’un jnani. L’existence dans son ensemble est constituée de l’inerte et du mouvement dynamique. Elle est pleine d’ignorance, sans connaissance véritable. L’absence de connaissance du Soi fait du plus éminent personnage un ignorant.

Ne suivez aucun pseudo-Guru ( qui n’aurait pas réaliser sa véritable Nature). Votre propre Atman est tout à la fois complet et inqualifiable ( non temporel et non spacial). Quand vous considérez votre propre Atman  ( conscience individualisée) comme Dieu ( conscience universelle), vous pouvez ignorer les commentaires des autres. N’imaginez aucune apparence d’homme ou de femme pour le «Sans forme». Il est le Connaisseur et Celui qui expérimente toutes les formes. Comment peut-il revêtir une tenue caractéristique? Quel peut être l’uniforme du Connaisseur du sommeil profond? Ne Lui confectionnez pas d’uniforme. La présence d’ornements éloigne la connaissance du Soi. Pourquoi devrait-il y avoir une renaissance? Si après une grande pénitence les désirs subsistent encore, il n’y a aucun espoir de connaissance du Soi.

Il faut développer la conviction profonde que ce qui s’éveille le matin, c’est Brahman Lui-même ( il n’y a pas d’existence séparée de Bhraman). La vraie dévotion signifie l’unité avec Brahman. Pour une véritable réalisation, c’est là que doit être la conviction que notre véritable nature n’est pas perceptible par les sens. Pour cela, vous devez vous débarrasser de toutes les qualités néfastes. N’enviez personne. Celui qui fait pleinement confiance aux capacités du Sadguru devient complet à tous égards.

Les tièdes ne parviennent à rien.

Répéter le Mantra continuellement mène à la réalisation du Soi. Le Soi est grand, c’est le Dieu de tous. Ne tenez pas pour acquis que le principe ultime est dans le corps. En réalité, c’est le corps qui apparaît dans la présence du Soi. ( Et non pas la conscience qui serait un sous-produit de l’activitée cérébrale) Dans le corps, Il est comme la déesse Bhavani (Homonyme de Durga ou Parvati, parèdre de Shiva. Elle peut aussi être considérée comme la Maha Shakti, la Déesse suprême, Ici principe de manifestation de la Conscience) qui fait son apparition. Le corps n’est rien d’autre qu’un ensemble d’impuretés (soumis au temps et aux limitations de la forme) ; votre identification avec lui doit disparaître complètement.

Vous devez considérer que votre Conscience est le Dieu de tous les dieux. Alors votre travail sera accompli. Sans connaître la grandeur de votre Conscience, même si vous faites pénitence dans l’Himalaya, cela ne servira à rien. Soyez toujours conscient de l’importance de la Conscience, que vous chantiez les bhajan (s), que vous méditiez ou que vous vous adonniez à vos pratiques religieuses. Même si vous n’y arrivez pas, n’oubliez jamais ces mots.

Nisargadatta Maharaj

21 août 1955

Extrait de « Premiers Discours » aux éditions des 2 Océans

*  Il est fait référence ici aux neuf types de dévotion, tels qu’énoncés dans le Bhagavata Purana en tant que Nava-Vidha Bhakti – les 9 aspects que la dévotion peut prendre. Ils se présentent ainsi : 1. Shravanam – Écouter les gloires du Seigneur. 2. Kirtanam – Chanter ses gloires. 3. Smaranam – Chanter son nom et se souvenir de lui. 4. Padasevanam – être au service de «ses pieds de lotus». 5. Archanam – L’adorer. 6. Vandanam – Lui rendre hommage. 7. Dasyam – Se considérer comme son serviteur. 8. Sakhyam – Le considérer comme le meilleur ami. 9. Atmanivedenam – S’abandonner totalement à Lui.