Nirupana 103 – Nous ne sommes rien d’autre que la grâce du Sadguru

Nous ne sommes rien d’autre que la grâce du Sadguru

La nature du Sadguru est éternelle et infinie. Rama, Krishna, Hari, etc., sont tous Ses noms d’apparat (tous ces noms sont ceux de la conscience dans les apparences corporelles correspondantes). Quand le concept de la naissance est vu irréfutablement comme faux, tout ce qui lui est lié est aussi vu comme faux. Le Guru est Parabrahman. Celui qui a compris cela, s’y tient intérieurement et accède à la nature du Guru. Une fois que le corps subtil est dissous, il n’y a plus aucun concept de mort. Alors, ce qui subsiste est le principe non né. La conscience identifiée au corps et la sensation d’être l’auteur des actions disparaissent par la grâce du Guru. Une fois que cela est saisi et assimilé, vous ne l’oubliez plus. La grâce du Sadguru signifie la manifestation de Sa conscience. La conscience a un sens d’individualité de par le corps. Ce sens s’en va et ce qui reste est la totalité. La nature de Brahman est conscience. Aussi longtemps que le corps subtil est présent, il y a un ego. Quand celui-ci est extirpé, il n’y a plus de naissance. La conscience identifiée au corps laisse alors place à l’Infini universel. L’état de Parabrahman et la grâce du Sadguru sont un. Cela prend son sens en réalisant sa propre véritable nature. Vous devenez Cela, tel qu’on vous l’a décrit. Alors, la grâce du Sadguru se manifestera. Nous ne sommes rien d’autre que la grâce du Sadguru. La conscience dans le corps se manifeste dans le monde au travers de l’acceptation de divers concepts. Celui qui a porté toute son attention sur la parole du Sadguru obtiendra assurément Sa grâce. La nature du Sadguru se déploiera et deviendra limpide. Vous viendrez à connaître que vous et le Guru êtes le même. L’expérience du monde et le rêve viennent au travers du corps. Qu’y a-t-il dans le corps, après tout ? Avec cette connaissance, le corps subtil est déposé, reste alors la véritable nature. C’est alors que le chercheur n’a plus d’individualité, de concept de naissance. Celui qui n’a pas réalisé ceci est contraint de se comporter conformément à la nature du temps. Le terme de vie, de la naissance à la mort, est une saison qui passe ; c’est le temps. Toutes vos expériences dépendent du temps. Aussi, comprenez ceci une bonne fois pour toutes avant que votre vie arrive à son terme. Le Jnani vit une journée juste dans l’instant. Toutes les choses seront accomplies dans la présence à l’instant. Quel aspect de vous-même voulez-vous préserver ? Ce que vous êtes maintenant est simplement passager et donc temporaire. Si vous comprenez la nature du temps, vous transcenderez le temps. Tout ceci sera clarifié par la parole du Guru. Le mouvement perpétuel de la conscience se poursuit en vous. Observez-le juste. Dans la phase d’ignorance, la libération était nécessaire. Une fois la connaissance du Soi révélée, cette libération est à votre service. Il en est ainsi tant qu’il y a la plus infime trace d’individualité. L’individualité dépend du temps. Celui qui connaît le temps est le Sadguru. Celui qui dépend du temps ne sera jamais libre de préoccupations. Celui qui connaît le temps n’a pas besoin d’une durée de vie. La félicité signifie la réalisation de votre véritable nature intemporelle. Votre expérience du temps se situe entre le lever et le coucher de la conscience. Le Sadguru est notre véritable nature. Ce pourquoi nous nous prenons est de nature temporelle. Il s’agit du sens de « moi et mien », et de rien d’autre. Et encore, il n’y a rien de tout cela. Restez profondément tranquille. Ne laissez pas venir de perturbations par le renoncement ou l’acquisition de quoi que ce soit. Seul le mental est né, pas vous.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 29 mars 1979

Extrait de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 102 – la conscience est vierge de concepts

la conscience est vierge de concepts

Gudi Padva, jour de l’an de l’état du Maharastra

Nous sommes conscients aujourd’hui que « nous sommes », mais qu’adviendra-t-il de cette conscience dans le futur ? Ceux qui vivront la mort en s’identifiant au corps, renaîtront à nouveau (conformément aux écritures). Quel que soit le concept présent au moment de la mort, ce qui arrivera sera conforme à celui-ci. Ce n’est pas le cas par contre pour celui qui est illuminé. Ce n’est pas mon expérience, c’est pourquoi je ne parle pas de renaissance. Celui qui a réalisé la totalité n’a pas de naissance ou de mort individuelle. En tant que totalité, l’Atman n’a pas d’existence. Le sentiment d’être arrive avec le corps, qui est nourriture. La cause de l’existence du sentiment d’être est triviale. Et c’est aussi la raison de la renaissance. Le jnani en a connaissance. Un individu n’a pas l’expérience de sa propre naissance. S’il évoque l’expérience de naissance de quelqu’un d’autre, est-ce que cela peut être considéré comme vrai ? Cette approche a pour objectif de montrer comment la bulle est formée. Toute autre forme de connaissance acquise n’est pas fiable. Maya apparaît avec la conscience identifiée au corps. L’amour « Je suis » est maya. Certaines personnes éprouvent de la difficulté à écouter ce genre de connaissance. Cela requiert une grande force intérieure. La conscience pure est omniprésente. Quand elle n’est pas dans le corps, elle n’a pas conscience de son existence. L’espace fait-il l’expérience de la respiration ? Les mots et leurs significations créent une grande variété de désirs. Celui qui, plutôt que de regarder à l’extérieur se tourne vers l’intérieur, sera rapidement libéré. Ne questionnez pas les autres à ce sujet. Il vous faut faire appel à votre propre discernement. Quand il y a discernement, il y a détachement. Vous travaillez dur pour votre existence. Qu’est-ce qu’une existence ? N’est-ce pas l’espoir de faire perdurer le sentiment d’être ? Pourquoi l’être humain endure-t-il tant d’épreuves ? N’est-ce pas pour perpétuer son sentiment d’être ? La conscience est insupportable. Avec elle vient le sentiment de peur de la perdre. Alors, il y a à la fois peur et tourment. Tous les objets du monde sont créés pour rendre la conscience supportable. Il y a cette nécessité d’avoir un mari, une femme, un enfant, de la nourriture, etc. Par conséquent, l’amour pour notre sentiment d’être est impropre. L’amour de soi veut perdurer. C’est la grande illusion ; l’amour de soi est devenu la cause de création de tout l’univers. Quand la vie arrivera à sa fin, qui se souciera de ce que devient le monde ? Si vous ressentez l’urgence d’accéder à la compréhension de ceci, assurément vous y accéderez. La connaissance spirituelle de base est simple, mais les gens s’impliquent dans des rituels pénibles et inutiles. Quand il n’y a plus de sentiment d’être, le corps est une simple forme. Votre véritable nature est au-delà de toute description. Bien qu’elle soit, elle ne peut être connue. Elle est la Source de toute chose. La conscience est apparue et elle disparaîtra. C’est tout. Que voulez-vous savoir d’autre ? Si vous vous établissez dans votre vraie nature, les besoins vitaux vous seront spontanément fournis. Vous n’aurez pas à faire d’effort pour eux. Le Guru révèle au disciple sa propre dévotion. Il initie celui qui s’est confié. La signification du mantra est : « Je suis Atman, je ne suis pas le corps. » Ceci est comme le nom de baptême du nouveau-né. Les parents donnent naissance au corps. Le Sadguru donne naissance à la conscience. Il plante la Graine dans le coeur du disciple. Celui qui saisit la parole du Guru devient Dieu. Votre langue n’a pas de goût par elle-même. C’est pourquoi elle peut capter les autres saveurs. De la même manière, la conscience est vierge de concepts. C’est simplement une lumineuse clarté. La seule chose fiable dans le monde est la parole du Guru : « Je suis Brahman. »

Il y a une chose dans le corps par laquelle vous avez connaissance d’être. Ceci ne peut être saisi sans la grâce du Guru. Vous luttez pour préserver le corps. Quand vous orienterez ces efforts sur la réalisation du Soi, vous deviendrez immortel et éternel.

Nisargadatta Maharaj

mercredi 28 mars 1979

Extrait de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 101 – c’est par sa lumière que le monde devient visible

c’est par sa lumière que le monde devient visible

Nous nous réunissons ici par la grâce du Sadguru. Ceci ne peut pas être compris au niveau de la conscience identifiée au corps. Pour servir aux pieds du Guru (notre propre conscience), l’aspirant doit être béni et purifié. Celui qui vit en tant que conscience identifiée au corps, ne boira pas le nectar aux pieds du Guru (il ne réalisera pas sa véritable nature). L’aspirant est sans forme. Là encore, c’est par sa lumière que le monde devient visible. Quand vous regardez un rêve, par quelle lumière le voyez-vous ? La conscience du chercheur est identique aux pieds bénis du Guru. Votre conscience n’a pas de naissance. Votre existence en tant que pure conscience est l’état du Guru. Quand le disciple l’accepte, il naît au Divin. Avant cela, il ne s’agit que de la naissance du corps. Quand le Guru vous initie, et vous dit : « Vous n’êtes pas le corps », à ce moment précis vous abandonnez votre nature humaine. À partir de là, vous n’aurez plus de naissance. Tout est connu au travers de votre conscience. Elle est le centre de l’univers. Sans la présence du Guru, la conscience ne peut pas se réaliser. Si vous n’avez pas de temps à disposition, remémorez-vous au moins les paroles du Guru en allant vous coucher. Vous devez vénérer la conscience, comme s’il s’agissait des pieds du Guru. Toutes les choses du monde sont créées pour l’amour du Soi.

 

Nisargadatta Maharaj

dimanche 25 mars 1979

Extrait de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 100 – une seule flèche bien acérée

une seule flèche bien acérée

Celui qui a la conviction inébranlable que le Guru est Paramatman, réalise sa véritable nature sans aucun effort. Humilité et abandon vous font réaliser votre nature intérieure. Quand votre attention est totalement tournée vers votre véritable nature, le mental disparaît. Vous pouvez vous incliner, mais rappelez-vous que vous êtes Cela qui est avant toute action. Votre sensation « Je suis » est antérieure à toute action. Le sens de toute individualité se dissipera ; restera la pure sensation d’être. Vous pouvez faire preuve de dévotion, mais elle doit être dirigée vers Celui qui a connaissance de la conscience. Quand votre mental disparaît pendant l’état de veille, celui qui a connaissance de la conscience est révélé. Des milliers d’êtres ont une pratique dévotionnelle. Celui qui atteint la cible a une seule flèche bien acérée. Comment la connaissance peut-elle oeuvrer là où celui qui a connaissance est absent ? Vous êtes la conscience. Son support est le Sadguru. Il est antérieur à la conscience. Il imprègne toute chose. Sans Lui, qui connaîtrait la conscience ? Quand la conscience identifiée au corps se dissout, l’individualité s’en va. Sous la guidance du Guru, le dévot réalise qu’il n’est ni le corps, ni le mental. Il est celui qui a connaissance du corps-mental. Il atteint le Divin. Le Guru peut pratiquer la dévotion comme n’importe qui d’autre, mais il est libre de toute illusion. Il ne voit aucune différence entre lui-même et Dieu.

Il y a peur de la mort tant qu’il y a une connexion avec le corps mental. Pour vous, véritablement, il n’y a pas de mort. Alors, pourquoi devrait-il y avoir une peur ? La plus haute forme de dévotion est de se remémorer ce qui a été entendu du Guru. Celui qui perd sa nature de jiva, gagne sa nature de Shiva. Même s’il mène une vie mondaine, elle est dédiée à son Guru. C’est une maladie que de prendre le corps pour votre Soi. Votre vie mondaine dans son ensemble : enfants, bien-être, désirs, sont de simples divertissements dans lesquels il n’y a rien à gagner ou à perdre. Si vous êtes un véritable dévot, maya, sous différentes formes, vous servira. Par la dévotion, les doutes sont éliminés. Sans la conscience présente en lui, le corps n’est-il pas juste une forme inanimée ? Toutes les activités appartiennent à la conscience et non pas à Moi (Celui qui en est le témoin). La parole est là, parce qu’il y a la sensation « Je suis ». La langue a le pouvoir de goûter par la présence de la conscience. Soyez un dévot de l’essence de connaissance du Soi. Quelle méditation allez-vous pratiquer ? Le méditant et Celui qui médite sur lui sont le même. Écoutez correctement, gardez cela présent et restez avec. Comprenez le pourquoi et le comment de votre attachement aux choses du monde.

 

Nisargadatta Maharaj

jeudi 22 mars 1979

Extrait de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 99 – ni connaissance, ni inconnaissance

ni connaissance, ni inconnaissance

Vous avez accepté la limitation du corps, et ainsi vous êtes prisonnier de ses actions. Paramatman est sans limite. Depuis la naissance du corps, vous avez accepté les concepts. Vous vous accrochez à ces concepts. Le concept premier est « Je suis » ou « Je suis conscient ». De ce concept découle la sensation de temps. Une fois que ce concept premier sera vu comme faux, vous réaliserez que vous êtes sans naissance et sans mort. À chaque instant, il y a des millions d’incarnations de la conscience (ce que nous voyons, visualisons, et imaginons est l’incarnation de notre conscience). Il est dit que les pensées du dernier moment d’une personne décident de ce qu’elle deviendra. Ceci est vrai pour une personne ignorante qui se prend pour le corps. Qu’est-ce qu’un jiva ? Qu’est-ce qu’une personne ? C’est l’existence. C’est sans forme. La conscience est née ; elle possède les caractéristiques de l’essence de nourriture. En tant que telle, elle est pure. Par la présence du corps, elle semble polluée. La plus simple définition de Parabrahman est : Cela qui est au-delà de tout ce qui peut être vu ou expérimenté. Il est éternel et vrai. A-t-il une quelconque expérience d’implication ? Il est au-delà de l’espace. Il est immuable. Expérimentet-on l’espace pendant le sommeil profond ? Celui qui évolue est celui qui est consumé par le temps. Quoi que ce soit qui se produise est dû à l’expression de la conscience. Paramatman ne peut faire bien ou mal. Au sein de ma véritable nature, rien ne peut être changé. Paramatman n’est ni connaissance, ni inconnaissance. Il ne possède pas un iota d’information. Ce qui fait preuve de dévotion est de la nature de l’éternel Parabrahman. Si la lumière du soleil est présente, il n’y a pas besoin de chercher après le soleil. La lumière du soleil n’est pas indépendante du soleil. De la même manière, tout vient à l’existence à travers ma conscience. Je suis, moi-même, Parabrahman, Celui qui est parfait. Tout se produit au sein de l’espace de conscience. L’attente, le désir, la peur, la naissance, la mort existent au travers du mental. Ils s’élèvent avec le sens « Je suis ». Celui-ci veut perdurer. La conscience produit le cosmos que nous voyons. L’espace de la conscience est apparu de lui-même. Avec certitude, Je suis Parabrahman. Je suis plénitude. Vous vous préoccupez de votre corps. Vénérez votre conscience. Les imperfections s’accumulent quand vous vénérez le corps. Celui qui devient un avec sa conscience fait obligatoirement l’expérience d’être le témoin absolu (le quatrième état). Le monde et votre conscience ne sont pas deux choses séparées. Votre état de pleine conscience et le monde sont de même nature. Rappelez-vous bien que Atman, la connaissance, et le monde sont un et un seul. Attardez- vous sur le fait que votre conscience soit visible en tant que le monde. Une grande importance est donnée à la naissance du corps que vous appelez vôtre. Quelqu’un, ici, a-t-il le courage d’affirmer : « Le monde entier est ma propre forme, ma propre nature ? » Par l’expression de Sattva (conscience), l’état de veille surgit en tant que « Je suis ». Par le fait que cela se reproduit sur un long temps (la durée de vie du corps), il se produit une intoxication, jusqu’à en arriver au fait que l’état de conscience puisse être difficile à supporter. Pour connaître le secret de la conscience, il faut devenir très intime avec elle. La conscience dans le rêve ou l’état de veille est la même. C’est un processus physique. Après avoir acquis une connaissance fine des trois états que sont la veille, le sommeil, le rêve, celui qui vit à partir du quatrième état est pur Brahman. Cela demande d’y être dédié totalement pour se réaliser.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 18 mars 1979

Extrait de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 98 – le Soi ne va pas de place en place

le Soi ne va pas de place en place

Le jnani possède la connaissance de ce qui est éternel et de ce qui ne l’est pas. Ceci est acquis par la discrimination. Ce qui est compris par le mental doit encore être discriminé plus profondément. À travers ce processus s’acquiert la compréhension du corps grossier et du corps subtil. Le jnani évoque avec discrimination Sattva, le « Je suis », la conscience. Alors, il s’établit dans sa véritable nature. Le corps grossier est fait de nourriture. La conscience émerge de l’essence de nourriture et, de la conscience, la sensation « Je suis » s’élève. C’est l’instrument pour une juste discrimination. Le jnani a connaissance qu’il est lui aussi éphémère. Celui qui peut voir clairement ce qu’est le temps, n’est plus prisonnier du temps. Il est celui qui connaît le temps. Il est antérieur à ce qu’il connaît ou ressent. Tant que vous prenez la mort pour réelle, c’est que vous n’êtes pas sorti du cocon de la conscience. Le chercheur doit en premier lieu s’établir dans la conviction qu’il n’est pas le corps. Avant cela, il ne peut pas faire preuve de discrimination. Comment celui qui n’a pas de corps peut-il être marqué par les événements ? En tant que conscience identifiée, même dans une joie apparente, un être est tourmenté. Sans conscience identifiée, un être est dans la joie, même au milieu des tourments. Il est libéré. L’ego signifie identification au corps. Tout comme l’espace ne va pas d’ici à là, le Soi ne va pas de place en place. Il est partout. En l’absence de discrimination, la mort est réelle. Elle ne l’est pas pour un jnani. C’est l’ego qui est à l’origine des actions en se prenant pour le corps. Si l’on dit à un homme qu’il accouchera d’un enfant dans deux jours, il n’en sera pas affecté (parce qu’il sait que c’est impossible). De la même manière, celui qui sait qu’il n’est pas le corps, ne peut jamais être effrayé par la mort. Parabrahman ni ne va, ni ne vient. Il est infini. Brahman (manifesté) va et vient au travers de toutes choses. Le jnani fait preuve de discrimination au sujet de tout ceci. Son existence dans le corps est secondaire. En tant que Soi, il est aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur et qu’en toute chose. Un récipient peut être grand ou petit, mais l’espace qu’il délimite est de même nature. Réfléchissez à tout ceci pendant que le prana est encore dans ce corps. Aussi longtemps que le corps et le prana sont unis, il y a expérience. Un jnani sait qu’il n’est pas ce qui peut être connu. Il est celui qui connaît. Un jnani a connaissance de cela. Vous n’êtes pas la conscience, ni ce qui est expérimenté au travers de la conscience. Faites preuve d’un juste discernement pour comprendre ceci. Celui qui s’identifie à ce que dit le mental est dans l’erreur. Il est emprisonné. Parabrahman n’a pas d’identité. Il est antérieur à toutes choses. La compagnie de la conscience cessera, tout comme le soleil se couche, tout comme l’enfance passe. Observez la conscience. Adorez-la avec amour et donnez-lui le statut de Dieu. Vous finirez par être convaincu que vous êtes le Soi. Ceci est la voie spirituelle, la Vérité ultime.

Nisargadatta Maharaj

dimanche 11 mars 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 97 – Ce qui voit n’a ni forme, ni couleur

Ce qui voit n’a ni forme, ni couleur

Jiva est synonyme de conscience. Une personne est agitée parce qu’elle croit qu’elle est le corps. Le corps est une poupée faite de nourriture. Le mental a adhéré à la conviction qu’un être est de nature physique. Il en résulte que toutes sortes de tourments doivent être endurés. À vrai dire, le mental n’a pas d’existence individuelle. En vous prenant pour le corps, vous vous amenuisez chaque jour un peu plus. Mais, même cet affaiblissement n’est pas réel. Tout ceci est appelé maya. Le fait que vous expérimentiez la peur devrait vous faire rechercher qui vous êtes dans tout ceci. Il n’y a personne dans le corps en tant que tel. Il s’y trouve le prana, il s’y trouve la conscience. Votre véritable nature est le Soi, pas le corps. Le Guru n’est pas un individu, il est la conscience imprégnant toute manifestation. Prenez pour identité la conscience sans forme, et poursuivez vos activités. La raison pour laquelle la dévotion portée au Guru amène la libération est qu’elle vous révèle que vous êtes libre. Le mental ne peut jamais connaître le Soi. Quand le mental tente avec constance d’atteindre le Soi, il est dissous dans le processus. Maya a élaboré le corps à partir de la conscience. Ce qui est visible possède une forme et une couleur, mais Ce qui voit n’a ni forme, ni couleur. Pourquoi la mémoire faiblit-elle avec l’âge ? C’est parce que la conscience, une qualité propre à Sattva, commence à se dissoudre. Nous devons accéder à la connaissance de ce que nous étions avant d’avoir entendu parler de ce que nous sommes maintenant. Notre façon de nous comporter résulte des caractéristiques de l’essence de nourriture. S’il vous plaît ! Souvenez-vous que le mental s’écoule en fonction de la qualité de la nourriture. Vous êtes très attaché à votre conscience. Les activités quotidiennes sont menées dans le but de rendre supportable notre existence. Celui qui est convaincu d’être l’Atman ne sera pas affecté même si un millier de tourments fondent sur lui.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 8 mars 1979

Extrait de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 96 – cette illusion est appelée Dieu

cette illusion est appelée Dieu

Le mental relève du domaine des pensées. La conscience est antérieure à la pensée. La conscience s’élève de l’ignorance (l’état primordial – l’Absolu). L’ignorance devient connaissance. Quand le corps est quitté, la connaissance retourne à l’ignorance. Celui qui reconnaît ceci est un siddha (ici le mot « connaissance » signifie conscience et le mot « ignorance » signifie l’Absolu, antérieur à toute manifestation). Par la présence de maya, cette illusion est appelée Dieu. Lui aussi est maya. Il n’y a pas un iota de vérité dans ce monde. Beaucoup de personnes étudient le yoga, qui est l’union de la connaissance et de l’ignorance. À la fin tout est ignorance. Il doit être réalisé que la connaissance elle-même est ignorance. Quand il n’y a pas de conscience, il n’y a pas de temps, et vice versa. Quel est la signification du temps ? S’il n’y a pas la conscience, qui peut appréhender le temps ? Vous êtes la puissance qui photographie en permanence les cinq éléments. Vous ne faites aucun effort pour cela. En fait, personne ne fait. Vous pouvez dire que vous ne possédez rien, mais vous possédez vous vous-même ? La connaissance est la source de l’ignorance, et vice versa. La bande enregistrée se répète. Est-elle douée d’une intelligence ? Exactement de la même manière, les impressions enregistrées dans la conscience depuis l’enfance parlent. Est-ce que ceci est compris ? L’enregistrement et votre conscience sont du même ordre. Le fait de nous rappeler à nous-même est notre principale affection. Cela se traduit en pensées et supporte toutes les activités mondaines. Le temps, maya, et Brahman sont le même. (La manifestation). Paramatman ne relève pas de la conscience. Il est parfait, pur vijnana, antérieur à la conscience. Il n’est apparu d’aucune matrice. L’expérience de l’état imparfait se fait par la faim, la soif, etc. C’est à cela qu’on le reconnaît. Les festivités sont là, tant que maya est présente sous la forme de la conscience.

 

Nisargadatta Maharaj

dimanche 4 mars 1979

Extrait de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

Nirupana 95 – La lumière de cette flamme est notre conscience

La lumière de cette flamme est notre conscience.

En fait, le prana est ce qui soutient l’expression de Sattva. La nourriture est nécessaire à notre existence pour voir sa flamme perdurer. La lumière de cette flamme est notre conscience. En méditation, une pointe de Sattva devient visible. Une fois que cela est vu, tous les comportements erronés prennent fin. C’est le signe de la réalisation du Soi. Quand cela est vu, toutes les impuretés sont ôtées. Aussi longtemps que dure l’union de la nourriture, de l’eau, et du souffle vital, vous ressentez « Je suis ». Cela ne se fera plus si l’un d’eux vient à manquer. Pour accéder à la véritable compréhension de tout cela, avoir pour Guru un simple philosophe n’est d’aucune utilité, il est nécessaire d’avoir un Guru qui a réalisé la nature du Soi. Le mental ne peut pas accéder à Atman. Le mental est limité au corps. L’expérience du corps et celle du mental apparaissent en même temps. Atman se révèle quand le corps est oublié. L’être humain devient libre en se défaisant de la conscience identifiée au corps. C’est dans une expression de Sattva impure que doit se trouver la conscience limitée au corps. La conscience identifiée au corps disparaît lorsque l’expression de Sattva est purifiée.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 1er mars 1979

Extrait de ” Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna

 

Nirupana 94 – dites-moi qui est né

dites-moi qui est né Nisargadatta

La conscience est limitée tant qu’elle est identifiée au corps-mental et au prana. À partir du moment où elle se réalise, elle n’est plus limitée. Celui qui dit : « Je ne suis pas le corps, je ne suis pas le mental, je ne suis pas le prana », n’est pas limité non plus. Celui qui a connaissance de la nature du prana ressent beaucoup de joie au moment de la mort. Quoi que ce soit qui ait pu être connu s’en va. Celui qui en a connaissance, ni ne vient, ni ne va. Celui qui saisit ceci, sait ce que « naissance » veut dire. Celui qui a examiné avec un discernement adéquat le concept de la naissance, n’a plus à en souffrir. Maintenant, dites-moi qui est né, est-ce vous ou bien les désirs ? Un jnani connaît la réponse. Le jiva pris dans ses limites sait cela aussi, cependant il est prisonnier du concept qu’il doit encore endurer plus de souffrances. Le jnani ne peut être défini par les mots. Il n’est ni un homme, ni une femme. Il n’a pas de forme. Celui qui connaît ceci ne peut être compris. Les concepts de naissance et de renaissance concernent les personnes ignorantes. Le désir est de la nature de l’espace. Alors qui est né ? Le prana provient de l’espace, le mental provient du prana » et vous vous identifiez au mental. Celui pour qui il est clair que « Je »n’est pas un objet, sait que tout ce qui est vu n’est pas « Je ». Tout est contenu dans l’espace. Il prendra l’aspect des concepts que vous lui présentez.

La maya primordiale est de la nature de l’espace. Aussi, tout ce que je vous dis est totale ignorance. Vous pourriez aussi dire que c’est la véritable connaissance (ceci veut dire que c’est au-delà des mots). Pendant le sommeil, il n’y a pas de mental. Il y a uniquement le prana. Quand le mental apparaît et devient perceptible, vous appelez cela un rêve. Le mental ne peut rien exprimer de nouveau ou d’original. Il ne peut que répéter ce qu’il a entendu. Vous avez mis le noeud coulant du mental autour de votre cou. Un jnani ne fait pas une telle chose. Nous devons découvrir qui crée les concepts. Laissez de côté les discussions qui partent en tout sens et célébrez : « Jaï Guru, Jaï Guru. » Il n’y a pas une connaissance dont il ne vous gratifiera.

Nisargadatta Maharaj

jeudi 22 février 1979

Extrait de “Méditations avec Sri Nisargadatta Maharaj” aux éditions Aluna